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ENGAGEMENT SOCIAL FONDATION DES JEUNES DE LA DPJ Entrevue avec Nancy Audet

ENTREVUE

Nancy Audet, journaliste, animatrice et marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ

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Comme l’UMQ est engagée depuis déjà plusieurs années auprès des jeunes de la DPJ, l’Union des municipalités du Québec a voulu mettre de l’avant le livre de Nancy Audet, qui dépeint la réalité de ces jeunes.

L’équipe du URBA s’est entretenue avec la journaliste et animatrice Nancy Audet à l’occasion de la parution récente chez Les Éditions de l’Homme de son essai Ils s’appellent tous Courage – Cri du cœur pour les enfants de la DPJ. Celle qui s’engage également depuis quelques années comme marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ y dépeint le quotidien de ces jeunes, dans ses aspects sombres comme dans ses moments plus lumineux, et lance un appel à l’action pour que toute la société se préoccupe dès maintenant de leur avenir. Q En 2021, vous avez publié Plus jamais la honte – Le parcours improbable d’une petite poquée, un ouvrage émouvant dans lequel vous racontez avec ouverture et sans pudeur votre propre histoire en tant qu’enfant de la DPJ et la maltraitance que vous avez subie. Pourquoi était-ce important pour vous de traiter à nouveau de la question des jeunes sous la protection de la jeunesse dans ce second livre?

RParce que mon histoire n’est pas unique. Des milliers d’enfants ont subi de la maltraitance et je me suis rendu compte que nous ne parlions presque jamais de ce sujet. Il est difficile d’être confronté à la souffrance des enfants. Par contre, je crois qu’il est primordial de parler de ce sujet sensible et de conscientiser la population. Nous ne pourrons pas nous attaquer à ce problème sans obtenir l’aide de tout le monde. Les élues et élus, les organismes communautaires, les écoles, les fondations et aussi tous les papas et toutes les mamans du Québec peuvent tendre la main. Je suis convaincue que c’est en unissant nos forces que nous pourrons nous attaquer à la maltraitance qui continue d’afiger trop d’enfants québécois.

À travers tous les témoignages que vous avez recueillis dans la préparation de votre livre, y en a-t-il qui vous ont particulièrement touchés? Lesquels vous ont le plus attristée ou, au contraire, lesquels vous ont donné le plus d’espoir pour les jeunes de la DPJ?

sable si nous voulons comprendre la maltraitance et les séquelles liées à celle-ci. Je pense notamment à l’histoire d’Olivier, victime d’un cas grave de maltraitance. J’ai voulu parler de lui, car il démontre que cela n’est pas une fatalité. Mais il démontre aussi l’importance de tendre la main à un enfant, qui peut changer le cours de sa vie. Il y a de la lumière dans ce livre. C’était important pour moi. Il y a aussi de nombreuses pistes de solution. Nous pouvons agir.

Les travaux de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse ont mis en lumière plusieurs enjeux et problématiques liés au régime de protection de la jeunesse au Québec. Le rapport Laurent comprend d’ailleurs une soixantaine de recommandations spécifiques pour mieux prendre soin des jeunes de la DPJ. Alors qu’un nouveau gouvernement vient d’être élu, qu’est-ce qui, selon vous, devrait être fait en priorité à ce chapitre?

Je pense qu’il est urgent de nommer un commissaire à l’enfant qui sera totalement indépendant. Un commissaire qui pourra enquêter et surtout, se rendre sur le terrain. Le réseau est très fragilisé et il faut une personne capable d’aller à la rencontre des enfants et des adolescents. Nous devons aller sur les lieux et vérifier si l’on s’occupe d’eux adéquatement. Je vois beaucoup de souffrance chez ces enfants et il est primordial de leur offrir une voix.

Plusieurs municipalités sont engagées envers les jeunes de la DPJ au Québec, entre autres pour favoriser leur transition vers la vie adulte et faciliter leur intégration à l’emploi par le biais du Plan municipal d’emplois de l’UMQ. Comment, à votre avis, les élues et élus et les équipes municipales peuvent concrètement faire une différence dans la vie des jeunes de leur région?

Les élues et élus municipaux jouent un rôle capital. Selon moi, ils sont de grands alliés des familles et des enfants. Ils sont sur le terrain. Ils connaissent les familles et les enfants. Ils sont donc au courant des besoins et ils peuvent mettre des choses en place pour leur venir en aide. Je pense sincèrement que les élues et élus municipaux peuvent permettre d’aider en amont pour diminuer le nombre de signalements qui est alarmant. Je rappelle que la DPJ a reçu plus de 132 000 signalements en 2021-2022. Un triste record. On parle de 360 enfants par jour. Nous ne pouvons plus fermer les yeux et nous devons surtout nous mettre en action. Pour ce qui est du Plan municipal d’emplois de l’UMQ, c’est honnêtement mon programme préféré. Il permet d’offrir des emplois à des jeunes qui en ont grandement besoin. On leur donne une structure et une équipe qui peuvent les aider à développer leur potentiel. Surtout, on leur donne la chance de rebâtir leur confiance et leur estime de soi. J’invite toutes les villes à y participer. Vous êtes depuis un an marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ. Parleznous un peu du travail de la Fondation et de ce qu’elle réalise comme actions au quotidien pour aider ces jeunes?

La Fondation des jeunes de la DPJ a mis en place une soixantaine de programmes. Tutorats, activités sportives, zoothérapie et bourses d’études. Nous tentons de venir en aide aux enfants et aux adolescents qui ont simplement besoin d’une main sur l’épaule. La Fondation prépare sa campagne de Noël. Elle va distribuer plus de 4 000 cadeaux en plus de s’assurer que les jeunes puissent vivre de beaux moments durant cette période de l’année qui n’est pas toujours facile pour eux. Mais pour nous, le plus beau cadeau c’est de pouvoir leur offrir un soutien tout au long de l’année. Ils ont des rêves, comme tous les autres enfants, et nous souhaitons les aider et les accompagner et les encourager à croire en eux.

PLAN MUNICIPAL D’EMPLOIS DE L’UMQ POUR LES JEUNES SOUS LA PROTECTION DE LA JEUNESSE

Le Plan municipal vise à intégrer des jeunes dans leur communauté lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, en leur permettant de développer leur employabilité grâce à un emploi temporaire au sein d’une municipalité de leur région. Ils peuvent ainsi acquérir des aptitudes au travail, en plus de découvrir les multiples compétences et services offerts par une municipalité. Surveillez le lancement prévu en début d’année 2023. umq.qc.ca/plan-municipal-demploi

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