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Ralentir les symptômes de déficit cognitif grâce à une combinaison d’activités
from L'Adresse - Printemps 2024
by RQRA
PAR MARIE-HÉLÈNE DUFAYS, JOURNALISTE INDÉPENDANTE
UN PROGRAMME COMBINANT ACTIVITÉ PHYSIQUE ET ENTRAÎNEMENT COGNITIF PERMET D’AMÉLIORER LES CAPACITÉS COGNITIVES DES PERSONNES PRÉSENTANT UN DÉFICIT COGNITIF LÉGER. C’EST CE QUE MONTRENT LES RÉSULTATS DE TRAVAUX MENÉS PAR CINQ CHERCHEURS ET CHERCHEUSES DE PLUSIEURS UNIVERSITÉS CANADIENNES, SOUS LA DIRECTION DU DR LOUIS BHERER.
Une équipe de chercheurs de diverses universités canadiennes a mis au point un programme améliorant les capacités cognitives de personnes avec un déficit cognitif léger. Combinant activité physique et entraînement cognitif, le programme développé par un groupe de cinq chercheurs, sous la direction de Louis Bherer, neuropsychologue à l’Institut de cardiologie de Montréal et professeur au Département de Médecine à l’Université de Montréal, s’est révélé efficace non seulement pour ralentir, mais dans certains cas, inverser les symptômes de déclin cognitif.
Alors que de précédentes études avaient déjà établi le lien entre exercice physique et santé cognitive, le programme développé par l’équipe du Dr Bherer est innovant en raison de la synergie entre ces différents éléments. Leur travail a démontré une amélioration significative de la cognition chez les participants, avec des effets maintenus jusqu’à six mois après l’entraînement. Le programme expérimental a impliqué 175 personnes âgées de 65 à 80 ans, pendant vingt semaines.
L’initiative s’appuie sur une solide base de recherche. En effet, le style de vie d’une personne compte pour 30 à 40 % dans les risques de démence, même chez les individus présentant un bagage génétique défavorable, rappelle Louis Bherer. Il souligne également l’importance d’une bonne santé cardiorespiratoire et d’un entraînement en force musculaire. Lorsque les muscles majeurs sont sollicités, précise le neuropsychologue, ils produisent des protéines favorisant la plasticité neuronale. Une approche active, voire combative, est nécessaire pour lutter contre la maladie, selon le Dr Bherer, qui préconise également un minimum de 10 minutes de marche par jour et une interaction sociale régulière pour les personnes aînées.
Son approche vise à comprendre la personne dans son ensemble, en intégrant des exercices physiques et des activités cognitives, telles que des jeux de vitesse, des tâches sur ordinateur et des stratégies mnésiques.
Les troubles cognitifs peuvent résulter de divers facteurs, tels que la sédentarité, le manque de stimulation, la dépression, l’anxiété ou encore des perturbations dans les maladies métaboliques. Pour contrer ces risques, le Dr Bherer recommande non seulement l’exercice physique, mais aussi une interaction sociale fréquente et des jeux stimulants pour le cerveau.
Cette stratégie multidimensionnelle est cruciale, notamment pour maintenir la mobilité et réduire le risque de chutes chez les personnes aînées, avec des recommandations de nombre de pas quotidiens et de nombre de minutes d’activité adaptées à leurs besoins.
Fort d’une expérience de deux décennies en gériatrie, Louis Bherer rappelle qu’une personne aînée qui conserve une activité physique quotidienne réduit de moitié son risque de chute. Une fois qu’un aîné chute, le risque de devenir un chuteur récurrent s’accroît, avec 60 % de probabilité de chuter à nouveau dans l’année. Ainsi, il est crucial de garder les aînés en mouvement. Au-delà de ces pratiques, le programme soulève l’intérêt pour des approches multidomaines incluant la nutrition, qui pourraient offrir des avancées notables dans la prévention et le traitement des déficits cognitifs légers. L’intégration de plusieurs approches, couvrant l’activité physique, la stimulation cognitive, la nutrition et l’interaction sociale, promet une stratégie plus complète et efficace pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Le travail de Louis Bherer et de son équipe illustre l’importance de la recherche interdisciplinaire dans la lutte contre le déclin cognitif. En reconnaissant et en exploitant le potentiel de combinaison d’activité physique et cognitive, ces découvertes ouvrent de nouvelles voies pour le développement de programmes préventifs.