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L'ouverture des marchés le dimanche

De nos jours, on imaginerait mal ne pas pouvoir faire son marché le dimanche – ou le soir, après avoir, par exemple, amené les enfants à leur pratique sportive. Essentielles pour offrir l’accessibilité et la flexibilité attendues par la clientèle, les longues heures d’ouverture demandent aux propriétaires de supermarché de trouver l’équilibre entre bien des facteurs.

Michel Dépatie, patron du Metro Plus Dépatie de Laval et président de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, est bien placé pour comprendre ces enjeux, dont on discute souvent dans son entourage professionnel. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour le secteur de l’alimentation. Aujourd’hui, les défis liés à la main-d’œuvre jouent un rôle important, mais ils sont loin d’être les seuls dans un environnement fort compétitif : « F ermer durant une journée complète, c’est plus difficile, aujourd’hui, explique-t-il. On a beaucoup de produits frais, par exemple, et ça aurait de grandes répercussions sur nos opérations. »

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Au-delà du jour du Seigneur

L’ouverture le dimanche – et en soirée –est fortement liée à l’évolution d’une société qui ne fonctionne plus selon le « 9 à 5 ». Jusqu’au milieu des années 1980, dans un contexte marqué par la chrétienté, le dimanche est un jour de repos où bureaux et commerces ont l’obligation légale de fermer leurs portes.

Une décision de la Cour suprême du Canada, en 1985, vient invalider cette obligation en tant que discriminatoire contre les non-chrétiens.

Alors que la société se libéralise et que le consumérisme se renforce, cet absolu va tomber et transformer le commerce de détail, en particulier dans le domaine de l’alimentation.

En 1990, le gouvernement du Québec adopte une loi limitant à cinq le nombre d’employés pouvant travailler dans un commerce le dimanche. La loi est ensuite assouplie en 1992, l’ouverture complète étant autorisée jusqu’à 17 h , pour ensuite limiter le nombre d’employés à quatre en soirée. « À c ause de la taille du commerce, c’était difficile de servir à quatre employés » , se remémore toutefois Michel Dépatie.

En 2006 et 2007, après de longues négociations entre syndicats et propriétaires, des changements prolongent les heures normales d’ouverture jusqu’à 20 h , puis renforcent les obligations liées aux jours fériés. L’ouverture des supermarchés en soirée, souvent jusqu’à 23 h , voire minuit, est alors bien passée dans les mœurs, pour accommoder les heures de travail de plus en plus variables et les nouvelles obligations familiales.

Des questions d’équilibre

Les dernières années, en particulier à cause des épreuves liées à la COVID-19 et aux mesures sanitaires, ont toutefois fait surgir de nouvelles questions liées à cette offre de service. Comment satisfaire la clientèle tout en ménageant sa main-d’œuvre ? « Je pourrais ouvrir 24 heures, où je suis situé, mais personnellement, je crois qu’on avait trop augmenté les heures avant la pandémie, constate Michel Dépatie, en pensant particulièrement aux équipes qui offrent les services. Quand il y avait des heures d’ouverture plus normales, disons, jusque dans les années 1 970-80, il y avait beaucoup de gens qui faisaient carrière dans le commerce de détail. » L a conciliation travail-famille, pour les employés, fait partie d’une recherche d’équilibre pour des commerçants qui doivent répondre aux besoins des consommateurs et assurer la qualité de l’offre, dans un secteur dont le caractère essentiel est plus évident que jamais.

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