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Pierre James : le choix au repêchage
Pierre James fait partie de ces dirigeants qui doivent leur ascension à leur force de travail. Ses valeurs, son talent et ses manières de faire allaient le mener au firmament des étoiles de Metro. Histoire d’un repêchage à succès.
Pierre James s’en souvient comme si c’était hier. « C ’était à la veille de Noël. Un dirigeant de Metro m’avait approché et en moins d’une heure, après m’avoir posé les traditionnelles questions d’embauche, il avait bousculé mes certitudes… » E n ce 24 d écembre 1999, à quelques heures du grand bogue qui n’aurait finalement jamais lieu, Pierre James sentait qu’il jouait gros, même si au fond, il l’admet aujourd’hui, il avait bien peu à perdre.
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Il était alors le bras droit d’un autre épicier, dans l’attente d’une offre de partenariat qui tardait à se présenter. Toute sa vie, Pierre James s’était dévoué au monde de l’alimentation, en fait depuis l’époque où, à 16 a ns, il était emballeur chez Steinberg, et il n’avait jamais ménagé son engagement auprès de la communauté. Il avait réglé des problèmes de gestion des stocks, concilié des différends, satisfait des clients, relevé des marges de profit, augmenté des ventes, amélioré des chiffres d’affaires, géré des comptes bancaires et, surtout, il avait appris le métier auprès des meilleurs experts de chacun des services des épiceries où il avait travaillé. Dans l’industrie, de Montréal à Québec en passant par l’Estrie, les compétences de Pierre James étaient reconnues, et son talent ne laissait personne indifférent.
Tout ce qu’il avait fait jusqu’à la fin de 1999, il l’avait accompli au profit d’autres propriétaires de bannières que lui-même ; i l avait travaillé pour le rêve d’un autre, comme son père l’avait fait. Et, petit-fils d’immigrant, Pierre James avait beau être porté par des valeurs de transparence, de respect d’autrui et de fierté du travail accompli, ses avoirs ne lui permettraient jamais l’accès à la propriété d’un magasin. Toutes missions confondues, qu’elles eurent été confiées par Steinberg, Super C ou IGA, Pierre James avait été un fidèle soldat, mais ne serait jamais un vrai capitaine, croyait-il. Il avait 40 ans et était à la croisée des chemins.
Quelques jours après le passage à l’an 2000, Metro a de nouveau frappé à sa porte. « N ous étions chez Cora, cette fois avec un haut dirigeant. Je venais de lui expliquer que mes priorités étaient le service à la clientèle et le prêt aux affaires, et qu’entre les ventes et les profits, ma priorité était claire, puisque que sans ventes, les profits ne pourraient jamais exploser. Il m’a dit, en quittant la table : « C ’est bon. Prends le temps d’y penser… Je reviens dans cinq minutes ! Q uand je vais revenir, tu me donneras ta réponse… »
On ne saura jamais à quel point le v.-p. Jean Quenneville était sérieux. Mais Pierre James l’était. « Mon père avait été repêché par une ligue professionnelle américaine AAA, et ma grand-mère avait refusé de signer, de peur de perdre son fils de 18 a ns. C’est ainsi que mon père est devenu épicier. »
Sur la banquette du restaurant, Pierre James, père de trois filles, ne pouvait consulter qui que ce soit. Il a alors pensé aux enseignements de son propre père. « Mon fils, ne laisse jamais passer une opportunité. »
Aujourd’hui, à 63 a ns, le propriétaire franchisé du Metro Plus de Victoriaville se sent encore reconnaissant de cette main tendue de la part de Metro. Il est devenu capitaine. « C ’est une grande décision que j’ai prise en quelques minutes. Mais, quand on y pense, nos désirs ont souvent été mûrement réfléchis. Il faut simplement savoir dire oui, quand s’ouvre enfin une porte devant soi. »