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La famille Bellemare : une histoire de complicité

Mylène Bellemare s’apprêtait à faire sa rentrée à l’université en enseignement du primaire. Elle était fébrile, mais cette fébrilité venait plutôt du sentiment profond de ne pas faire tout à fait le bon choix, de ne pas être vraiment à la bonne place. Sa chaise allait rester vacante à la faculté. Son instinct lui a dit qu’un bonheur bien plus grand l’attendait. Mylène aimait le travail en soi, et l’aspect familial, aussi. Elle était chef-caissière dès ses 19 a ns et appréciait autant le service à la clientèle que la gestion des équipes. Adolescente, elle accompagnait son père aux réunions de dirigeants. « Je pense que je ne m’étais jamais permis d’imaginer que Metro puisse devenir ma vraie carrière, note-t-elle. Ce travail avait d’abord constitué un jeu, puis un job d’étudiante. Il m’a fallu m’apprêter à quitter l’entreprise familiale pour comprendre que, en fait, je ne la quitterais jamais. »

Aujourd’hui, Mylène est VP aux opérations et sa sœur Manon, VP aux affaires immobilières. Pour Metro, c’est Mylène, assistée de Manon, qui prendra les rênes des mains de Robert, leur père. Mais rien ne presse. À les écouter raconter leur histoire, on sent toute la complicité et tout le respect qu’il y a dans la famille. La future présidente ne cesse de souligner tout ce que son père lui a appris. Lui ne tarit pas d’éloges sur le talent naturel de ses dirigeantes. « M anon fait preuve de beaucoup de rigueur, elle ne s’en laisse jamais imposer. Du côté de Mylène, j’admire son grand sens de la justice : tout ce qu’elle demande aux employés, elle le donne en retour. Elle gère sans conflit, c’est admirable », note l’homme de 73 ans.

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Tout a commencé à Verdun en 1949 avec Roland et Claire, et leurs deux fils, Claude et Robert. Ce dernier a pris les rênes des mains de son père, et rebelote avec ses deux filles, épaulé par son épouse, Ginette.

Lorsque Roland est décédé à l’été 2016, le patriarche de 94 a ns a cédé à la famille un important parc immobilier et quatre magasins. Aujourd’hui, les Bellemare fêtent 65 a ns sous la bannière Metro, et suivant le leitmotive du fondateur, Robert et ses filles s’assurent de toujours posséder l’immeuble qui abrite le Metro qu’ils gèrent. Leurs magasins se trouvent à Saint-Hubert, à Verdun et deux fois à Brossard, où, avec la venue du REM, leur position est des plus stratégiques.

Parallèlement à la gestion des Marchés Bellemare, Robert a également mené quelques projets personnels, dont la gestion du Metro de Marieville dans les années 1990. Situé en pleine zone rouge pendant la crise du verglas, la famille avait alors reçu de l’armée canadienne l’ordre de demeurer opérationnelle. « Sans chauffage, notre personnel travaillait en habit de neige, se rappelle Robert. Sans électricité, nous sommes revenus à la méthode du bon vieux temps : marquer les achats dans un calepin car nous n’avions ni caisses ni guichets fonctionnels! Ça a duré 26 jours et 26 nuits! Toutes les routes étaient fermées. Heureusement, on pouvait compter sur le support du bureau chef pour le transport et l’approvisionnement. » Disons que chez les Bellemare, la pandémie ne constituait pas leur première gestion de crise! En près de huit décennies en affaires, les anecdotes se bousculent.

On dit souvent que l’histoire se répète. Ici, transmission des valeurs oblige, on dira plutôt que l’histoire se perpétue. Et si Roland, à son époque, avait été baptisé ministre des Finances , Robert aura sans doute été un formidable ministre au Développement et à l’Innovation . Il revient maintenant à Mylène de prendre sa place. On chuchote autour d’elle qu’elle fera à son tour, et sans contredit, une excellente ministre de l’Humanité

« J’ai commencé à travailler dans les fruits et légumes vers l’âge de 8 ans, raconte la jeune femme, qui en aura 40 en avril. Je pense que mon père faisait toujours attention pour que ma sœur et moi, on s’amuse en travaillant. Visiblement, sa tactique a fonctionné. »

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