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Le Groupe Messier : de racines en boutures

Au sein du milieu québécois de l’alimentation, le Groupe Messier pourrait se qualifier de petit empire. Lumière sur cette entreprise qui résiste aux changements de garde et aux fluctuations économiques en appliquant la logique suivante : Demain, il faudra bien manger! Aussi bien exceller!

Trois-cent-vingt-cinq. C’est le nombre de pieds carrés du premier magasin d’alimentation qu’a ouvert, en 1953, Jean-Claude Messier, à l’âge de 22 a ns, rue Bélanger à Montréal. « C ’était si petit que ma mère racontait que, alors qu’elle était enceinte de mon frère Gilles, le tiroir-caisse du magasin lui cognait sur le ventre à chaque transaction », explique France Messier, présidente du Groupe Messier. On pourrait presque dire que les quatre enfants de Thérèse et Jean-Claude Messier sont nés sur une tablette d’épicerie !

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Moins de cinq ans plus tard, cette personnalité du monde de l’alimentation rejoignait la bannière Metro, et septuplait la superficie de son commerce. Le reste est une combinaison de passion et d’acquisitions, et il faut y ajouter la capacité de convaincre trois de ses enfants d’étudier en administration des affaires. Avant de prendre leur retraite, les frères Gilles et Denis avaient tour à tour présidé l’entreprise. Jusqu’à l’âge de 85 a ns, le fondateur du Groupe Messier se rendait encore au travail. Il est décédé pendant la pandémie.

Soixante-dix ans et trois générations plus tard, France Messier, la fille du fondateur, dirige le Groupe Messier depuis plus d’un an. Elle est appuyée par une solide équipe, dont ses trois fils, qui constituent la relève familiale : Simon-Pierre, 38 a ns, est directeur général, Albert, 35 a ns, voit aux opérations et Vincent, 33 a ns, supervise la sphère informatique. Le Groupe Messier réunit 1100 employés, âgés entre 14 et 70 ans, dans 10 magasins du Grand Montréal.

« Mon père a toujours été à la recherche de l’excellence, et exigeait du personnel le souci du détail. Il répétait aux employés que sans les clients, nous n’étions rien, et qu’il fallait rester à l’écoute, décrit sa fille. Mes frères ont siégé à différents comités de Metro et ont été très actifs afin de faire grandir le Groupe Messier. J’y suis maintenant, et mes fils y seront bientôt. On s’est passé le relais depuis sept décennies, et les valeurs de mon père – rigueur, droiture et authenticité – ont façonné mon éthique de travail. »

À 63 a ns, la présidente observe qu’elle a parlé jusqu’à maintenant de « r acines » et qu’il est désormais question de « b outures ». La dirigeante a une conviction : « Je suis là pour mentorer, mais certainement pas pour développer. L’avenir appartient à mes fils. Les trentenaires ont des valeurs différentes et une manière d’agir propres à leur génération. »

De fait, Simon-Pierre Dalpé-Messier, l’actuel directeur général et futur président du Groupe Messier, quitte le bureau plus tôt que sa mère, ses oncles ou son grand-père. Il souhaite atteindre un équilibre. « Heureusement, je suis bien entouré par des collègues qui ont vraiment à cœur la compagnie. Dans ce contexte, il est essentiel d’accepter que les choses ne seront pas faites exactement comme je les aurais faites. Je dois plutôt m’assurer que ce qui doit être fait sera bien fait. Être à l’écoute est primordial : les employés ont souvent la solution, il suffit d’écouter ! »

E n 2022, l’équipe de direction a offert des promotions à de nombreux employés dans la trentaine et la quarantaine, ce qui a permis de rajeunir l’entreprise. Et, comme ses frères, Simon-Pierre Dalpé-Messier demeure un homme qui cherche à mettre les valeurs familiales au premier plan. Et comme les fils de France Messier ont cinq jeunes enfants – dont le plus vieux n’a que six ans – à eux trois, le Groupe Messier n’a pas dit son dernier mot...

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