Paperjam juin 2021

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NUMÉRO 213

JUIN 2021

Business zu Lëtzebuerg

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d’essai WLTP, veuillez consulter le site www.ford.lu. *Sur la base d’une charge complète. L’autonomie estimée grâce à la procédure d’essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers (WLTP) qui s’applique au modèle à propulsion (RWD) équipé d’une batterie à portée étendue. L’autonomie réelle varie en fonction des conditions telles que les éléments extérieurs, les comportements de conduite, l’entretien du véhicule, ainsi que l’âge de la batterie lithiumion. Annonceur : Ford Motor Company (Belgium) SA, Avenue du Hunderenveld 10, 1082 Bruxelles, TVA BE0404.955.204, RPM Bruxelles - Banque: Fortis 220-0040000-72 Tel. 02/482 20 00 - custfobe@ford.com. Le véhicule affiché peut différer des spécifications réelles. Pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule, DONNONS PRIORITÉ À LA SÉCURITÉ. ford.lu au véhicule présenté ou à son prix contactez votre distributeur Ford ou rendez-vous sur www.ford.lu.

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Édito #Gouvernance

Un lynchage indigne Le lynchage de Christianne Wickler, nommée présidente du conseil d’administration de Cargolux, est indigne. Elle est une cheffe d’entreprise à succès dans un monde en costume-cravate qui n’en compte pas assez. Elle est Luxembourgeoise, ce qui a toujours été un des leviers de contrôle des fleurons nationaux par les gouvernements successifs. Et la cause environnementale lui coule dans les veines au moment où tout le monde ne jure que par cette transition et les normes sociales et responsables. Trois arguments de poids pour entrer dans la deuxième partie du centenaire de Cargolux, non ? Du coup, que lui reproche-t-on vraiment sans lui avoir laissé la moindre chance ? D’avoir participé, il y a quatre mois, à la fondation d’une association qui trouve que les médias tournent en boucle autour des mêmes thèmes et des mêmes idées ? C’est assez juste ! Depuis, l’association a viré en une tribune délirante de complotistes tellement puissants que personne n’en aurait entendu parler sans sa nomination, c’est dire… D’être une Verte à la tête d’une compagnie aérienne, secteur qui est à la source de 2 à 3 % des émissions polluantes de la planète, contre 25 % pour la production de chaleur et d’électricité, 24 % pour l’agriculture et 21 % pour l’industrie, selon le prestigieux GIEC ?

Ou de ne pas être une experte du fret aérien, comme Marc Hoffmann, Albert Wildgen, Pierre Gramegna ou Paul Helminger avant elle, et qui semblent pourtant avoir su pré­server le septième rang mondial de la compagnie malgré de sacrées turbulences ? Elle compensera par son sens du business au milieu de ces hommes et de ces femmes qui en ont fait une success-story luxem­bour­­geoise et qui ont été capables d’adopter le 747-400 puis le 747-8F, avions « plus écolos » que la génération précédente, alors que personne dans l’industrie n’en voulait, de souscrire à la responsabilité sociale dès le début des années 2000 quand personne ne s’en souciait ou d’accepter de s’allier avec les Chinois que les économistes désignaient comme des épouvantails, faisant fi de leur incroyable domination historique. À son poste, Mme Wickler apprendra. Et elle aura le sourire et cette pointe de caractère qui lui permettra de dire « non » quand ce n’est pas dans l’intérêt du pays. Lequel ferait mieux de s’interroger sur cette manie de prendre en otage toute nomination comme si on ne nommait que des incompétents alors qu’aucun des commentateurs ne semble avoir de parti­ culière prédisposition à en juger. Journaliste THIERRY LABRO

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Ristretto 12 #POLITIQUE 14 MYRIAM CECCHETTI

« Donner une chance à d’autres visages » –

16 #ENTREPRISES 18 MICHEL GRECO

« Je n’ai pas l’ADN pour rester à la maison » –

20 #PLACEFINANCIÈRE 22 OLIVIER GOEMANS

p.  4 8 Directrice de BlackRock Luxembourg, Gisèle Dueñas Leiva explique la stratégie du plus grand gestionnaire d’actifs au monde.

« Il y a alignement des planètes »

Conversations 26 THIERRY BEFFORT

« La concurrence ne me fait pas peur » –

38 ANNE HARLES

« Le Covid a été bénéfique pour le secteur bio » –

42 CLAUDE WARINGO ET BERNARD MICHAUX

« ‘Capitani’ est un très grand pas en avant pour notre cinéma » –

48 GISÈLE DUEÑAS LEIVA

« Le changement climatique est la priorité numéro un de nos clients » –

Photos

Anthony Dehez et Andrés Lejona

52 THIERRY WOLTER

« Nous sommes l’Amazon de la coupe des métaux  » –

58 MAXIME ALLARD

p.  42 Claude Waringo et Bernard Michaux (Samsa Film) reviennent sur les récents succès de la production cinématographique luxembourgeoise.

« Si l’IA décide toute seule, ça va devenir dangereux » JUIN 2021

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NOMBRE DE VOITURES PARTICULIÈRES POUR 1.000 HABITANTS EN 2019 LUXEMBOURG 681

800

66 Enjeux

BELGIQUE 511

600

La mobilité, un défi quotidien

ALLEMAGNE 574

FRANCE 482 400

68 INTERVIEW « Je ne suis pas un fétichiste du tram ou du train »

200

0

72 PROJETS ET NOUVEAUTÉS

Même s’il détient toujours le record européen du plus haut taux de voitures pour 1.000 habitants, le Luxembourg fait d’importants efforts en termes de mobilité. Notre dossier Enjeux fait le point.

p.  66

Une offre, des solutions

74 ÉTUDES Comment le Covid-19 a impacté la mobilité

76 TRANSPORTS PUBLICS Vers une offre étoffée

78 OFFRE La mobilité, ça se partage

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80 QUOTIDIEN Une voiture, des coûts

Lifestyle

Business club

82 Portfolio

La nouvelle génération d’entrepreneurs responsables

p.  82 Le portfolio du mois ouvre ses pages à de jeunes entrepreneurs qui misent sur autre chose que le seul profit.

106 MA MAISON 108 MON ARGENT 110 MON STYLE 112 MA COLLECTION 114 MA RECETTE 116 MON MENTAL 120 La liste

6 programmateurs qui font chanter les foules Débat public 10 VIVIANE REDING 62 LUC KOEDINGER 92 ABDU GNABA

Advertoriaux

Photos

Andrés Lejona

24 DEGROOF PETERCAM

LUXEMBOURG « Investir dans les règles de l’Art »

36 LALUX

Gérer ses contrats en un seul clic

p.  108 Dans notre rubrique Mon argent, Barbara Agostino admet des passions coûteuses, telles que l’hélicoptère.

64 BULTHAUP

La cuisine, le cœur de votre maison JUIN 2021

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Débat public En Europe, la protection des données personnelles est un droit fondamental, ancré dans la charte et dans les traités, mis en pratique par le RGPD. Le principe est clair : la libre circulation des données et les règles qui y sont afférentes s’appliquent sur tout le continent, y compris pour les entreprises non européennes opérant sur le territoire européen. Un bémol néanmoins : au lieu d’un unique régulateur européen, le contrôle tombe sous la responsabilité des régulateurs nationaux. Ceux-ci sont donc également compétents pour les géants du web, établis sous leur juridiction. S’ensuivent de solides différences de trai­ tement. Certains pays publient leurs nombreuses amendes, petites ou importantes, en toute transparence. D’autres évitent les amendes et la publicité, allant même jusqu’à se cacher derrière une « forme ano­nymisée » des résultats de leurs rares enquêtes. Le Luxembourg, qui tombe dans la deuxième catégorie, récolte de ce fait de nombreuses critiques à l’international ! Avec une double conséquence. D’un côté, notre pays devient inté­ressant pour le siège d’entreprises non européennes attirées par la discrétion du régulateur. De l’autre, ceux qui critiquent la « non-transparence » du fonctionnement grand-ducal se voient confortés dans leur opinion. Un résultat à double tranchant ! On s’attend à ce que cette problématique soit mise à l’ordre du jour lors d’une prochaine réforme du RGPD.

Viviane Reding Députée CSV

Mis à part la situation des régulateurs, une chose est certaine : le RGPD a bien servi à lever les barrières pour la libre circulation des données en Europe. Ceci est important pour la création de la future data economy, surtout celle qui se fonde sur l’IA. Il n’est donc pas étonnant que le modèle du RGPD soit devenu en peu de temps un standard mondial. Dans cet ordre d’idées, l’échange international des données est d’une importance primordiale. Il doit pouvoir se faire en toute sécurité et dans le respect des règles de protection. Or, c’est ici que le bât blesse entre l’Europe et les États-Unis. Les facilitateurs Safe Harbor et Privacy Shield ont été stoppés (à juste titre !) par les arrêts de la CJUE. Les négociations pour remédier à cette situation insatisfaisante étaient difficiles sous Obama. Celles sous Trump restaient au point mort. Celles sous Biden seront laborieuses. Pour la simple raison que le problème à régler n’est pas technique, mais politique. Les règles européennes sont fondées sur le principe de la privacy. Celles des États-Unis sur celui de la « surveillance ». Les Européens prennent en considération les droits fondamentaux des citoyens, d’où qu’ils viennent. Les Américains reconnaissent uniquement la natio­nalité comme point de référence. Les négociations s’annoncent donc difficiles. La patience et le savoir-faire diplomatique seront de mise. Y compris pour fignoler une solution rapide, mais provisoire. Affaire à suivre… Pour Viviane Reding, l’échange de données à l’international est primordial. Photo MATIC ZORMAN

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NOVEMBRE JUIN 2020 2021

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Ristretto #Politique Sélectionné par JULIEN CARETTE et PIERRE PAILLER

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ACCOMMODANT

« Dans une démocratie, on a le droit d’avoir son avis. Je ne demande pas que les gens soient à 100 % d’accord avec notre politique. »

Le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), a défendu la nomination de Christianne Wickler à la présidence du conseil d’administration de Cargolux. « C’est un choix qui est dans l’intérêt de l’entreprise », a-t-il notamment argumenté.  2

SATISFAIT

Le 6 mai dernier, le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), a tenu à signaler que le premier prêt contracté par une entreprise dans le cadre du régime des prêts garantis par l’État avait un an.  3

VINDICATIF

« Je partais du principe qu’il y aurait assez de maturité démocratique aux différents échelons du parti pour réaliser que, si une majorité de délégués votent pour quelqu’un et pour quelque chose, alors cela doit pouvoir se réaliser. J’avais tort. »

Après la tenue du congrès du CSV qui a vu l’élection de Claude Wiseler à la présidence du parti, son prédécesseur, Frank Engel, est revenu dans une interview accordée à Paperjam sur ces deux années à la tête du CSV, lors desquelles il estime n’avoir jamais eu de marge pour accomplir ses objectifs. « Certains éléments du parti n’ont jamais accepté mon élection », juge-t-il.  4

MESURÉE

« Ce qu’il faut aussi regarder, c’est la surmortalité, pas seulement les morts en soi. »

Alors que le nombre de décès a dépassé les 800 dans le pays, la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), a tenu à relativiser ces chiffres. « Les autres années, ce n’est pas comme si personne ne décédait non plus », a-t-elle constaté dans une interview à Paperjam.  5

ACCUSATRICE

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PRÉVOYANTE

« Compte tenu de la situation actuelle, il est prévu de faire un nouveau point financier avec le ministre des Finances pour que les dépenses de ces mesures en 2021 soient également à la charge de l’État alors qu’elles sont, dans un premier temps, avancées par la CNS. » La Caisse nationale de santé affiche un déficit de 12,4 millions d’euros à l’issue d’un exercice 2020 forcément très compliqué en raison de la pandémie de coronavirus.

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Photos

La vice-présidente danoise de la Commission européenne, Margrethe Vestager, y a été de son petit commentaire après le double arrêt rendu le 12 mai par la Cour de justice européenne concernant des tax rulings accordés (à Engie et Amazon) par le Luxembourg.

Romain Gamba (archives) et Shutterstock

« Les avantages fiscaux privent les collectivités et les citoyens européens de fonds pour les investissements indispensables afin de se remettre de la crise du coronavirus. »


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Ristretto #Politique

« Donner une chance à d’autres visages » Avec Nathalie Oberweiss, Myriam Cecchetti intègre la Chambre à mi-mandat en remplacement de David Wagner et Marc Baum, comme le veut le principe de rotation des députés déi Lénk.

Vous devenez députée à mi-mandat, selon le principe de rotation particulier à déi Lénk. Pourquoi une telle règle ? Pour donner une chance à d’autres visages. Au CSV ou au LSAP, certaines personnes sont là depuis plus de 30 ans.

Les moyens dont vous bénéficiez sont plus importants qu’au niveau local… C’est tout à fait autre chose en termes de moyens : nous avons quatre collaborateurs à temps plein. C’est génial, c’est un grand changement pour moi ! Et ces gens ont de l’expérience, cela aide beaucoup.

Ce qui pose un problème ? Après plus de 30 ans en tant que député, vous perdez le contact avec les gens, et le sens des réalités.

Vous avez été échevine de Sanem avec déi Gréng. Ne regrettez-vous pas d’être désormais dans l’opposition ? Dans la majorité, le pouvoir d’initier des projets et de les suivre est plus important. Mais au sein d’une coalition, on n’est pas tout le temps d’accord et on doit faire bonne mine. Dans l’opposition, on peut dire ce qu’on veut... Et si nos propositions ne sont pas souvent retenues, elles reviennent parfois plus tard en tant qu’idée de la majorité – et tant mieux.

Mais la durée d’un seul mandat n’empêchet-elle pas d’acquérir suffisamment d’expérience ? Bien sûr, cela prend du temps pour l’adaptation. Mais je vais faire de mon mieux. Et il est plus important de changer. Vous n’avez que deux années pour vous faire connaître avant les législatives… Il faudra se donner du temps pour communiquer avec les électeurs. Car travailler sur les dossiers parlementaires, si les gens ne sont pas au courant de ce que nous faisons, cela ne va pas nous aider pour les élections…

Pourquoi avoir quitté déi Gréng ? Ils font de bonnes choses pour l’écologie, mais ce n’est plus assez conséquent. Je ne peux pas faire quelque chose dont je ne suis pas convaincue. Je dois pouvoir me regarder dans la glace le matin. Or, je suis convaincue qu’on ne peut pas continuer comme cela. Et déi Gréng est dans la majorité et continue…

Les deux anciens députés, David Wagner et Marc Baum, vous conseillent-ils ? Ils ne partent pas, ils sont là pour nous – sans s’imposer. Vous êtes seulement deux députés pour suivre les travaux à la Chambre. Comment vous organisez-vous ? C’est impossible de tout suivre. Il faut faire des choix, se partager les commissions, les dossiers, et voir ce que nous pouvons faire avec le temps dont nous disposons. Il s’agit de gérer nos forces, mais aussi celles de nos collaborateurs. Vous arrivez, forte de plusieurs années d’expérience au sein du conseil communal de Sanem. Un avantage pour vous ? Je ne sais pas encore ce qui m’attend. La Chambre a une organisation plus formelle qu’un conseil communal avec, par exemple, des temps de parole chronométrés… Vous appréhendez ce nouveau mandat ? C’est beaucoup de stress. Mais nous n’allons pas avoir le temps de réfléchir : nous devons déjà prendre la parole sur certains dossiers. Il n’y aura pas de repos.

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Que faut-il arrêter ? On parle toujours de croissance, mais il n’y a presque plus de nature pour construire… Le Covid est un autre signe qu’il faut cesser de vandaliser la nature et se donner d’autres possibilités. Et pourquoi avoir choisi déi Lénk ? Car cela ne faisait pas une grande différence : c’était déjà ce que je faisais avant. Ce sont des idées qui me conviennent. Vous êtes les premières femmes députées chez déi Lénk. Un grand pas en avant ? C’est une nouveauté. Mais il n’y a toujours pas assez de femmes : nous représentons 51 % de la population, mais nous sommes loin de la parité, que ce soit à la Chambre ou dans les conseils communaux…

Interview PIERRE PAILLER Photo MATIC ZORMAN La rotation des députés permet de garder le sens des réalités, selon Myriam Cecchetti.


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Ristretto #Entreprises Sélectionné par MATHILDE OBERT

INVENTIVE

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« Après avoir réussi à louer le terrain, nous pourrions construire en 8 à 10 semaines des logements adaptés à la demande, car modulables et réalisés à bas coût. »

Gaby Damjanovic, présidente de l’asbl Inter-Actions, qui voit dans les constructions de la société Polygone une solution à la crise du logement. RASSURANT

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AMER

« Trouvez-moi aujourd’hui une société qui fait un cocktail le soir pour ses clients et qui a besoin de services de sécurité. »

Laurent Jossart, directeur de G4S, qui prévoit une restructuration et 60 licenciements. FATALISTE

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« Ce sera un miracle s’il n’y a pas d’augmentation à un moment donné. » Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers, au sujet des risques de faillite, une fois les dispositifs d’aide supprimés.  5

INQUIET

« Garder le savoir-faire au Luxembourg est une bonne chose. Mais il faut aussi faire fonctionner les machines. Actuellement, on s’aperçoit déjà d’un manque de main-d’œuvre chez Guardian. Il va donc falloir également recruter. »

CONQUÉRANT

Avec un effectif qui a doublé en un an. Frédéric Feyten, managing partner de CMS Luxembourg, explique que « le Brexit a eu pour effet une croissance des demandes dans le domaine des fonds d’investissement au Luxembourg ». 7

MOTIVÉ

« Des progrès doivent être faits, notamment au Luxembourg où l’on s’aperçoit que 52 % de la population résidente est en surpoids et 16,5 % est touchée par l’obésité, selon une étude européenne de 2019. » Delhaize a transformé sa carte Plus en carte SuperPLus. Au-delà de la simple révision de son programme de fidélisation, Cédric Gonnet, country director de Delhaize Luxembourg, veut porter plus d’attention encore aux produits sains. Dont les ventes ont, il est vrai, été positivement impactées par la crise sanitaire.

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Jan Hanrion (archives), déi Gréng et CMS Luxembourg

Alain Rolling, secrétaire central adjoint à l’OGBL. L’entreprise américaine va investir dans une installation plus moderne et moins polluante avec le soutien du ministère de l’Économie.



Ristretto #Entreprises

« Je n’ai pas l’ADN pour rester à la maison » Michel Greco prend les rênes de l’entreprise de nettoyage Propper, rachetée il y a peu. Son activité, croissante, se diversifie.

Vous venez de prendre les rênes de Propper, entreprise de nettoyage à Bertrange, que vous aviez achetée en 2017. Pourquoi ? Depuis 2017, j’étais consultant. Il y a eu le Covid, une croissance exponentielle. Nous sommes arrivés à un moment où il fallait réorganiser la structure. Nous avons créé une ligne ressources humaines, dont la direction revient à l’ancien directeur, Tony Cardao, que je remercie pour son travail. Et une ligne finance/comptabilité, commerciale et qualité/formation. Comment l’activité a-t-elle évolué depuis 2017 ? En 2021, le chiffre d’affaires aura augmenté de 40 % par rapport à 2017 (passant de 3,8 millions d’euros à 5,4 millions, selon ses projections, ndlr). Quand j’ai repris la société, nous avions deux types de clients : les particuliers et les résidences (entretien des espaces communs). J’ai diversifié nos activités en intégrant les entreprises et les institutions, ce qui nous a projetés dans une toute nouvelle sphère. J’avais aussi fixé comme objectif d’informatiser tout l’aspect organisationnel, ce que nous avons fait. Et en 2020, avec la crise sanitaire ? La crise nous a mis une gifle. En début d’année dernière, notre portefeuille de clients se composait à 35 % de privés, 35 % de résidences, et, pour le reste, de B2B et d’institutions. Les privés ont stoppé. Les résidences sont restées. Le B2B a soit arrêté, soit réduit drastiquement. Nous avons perdu 60 % de chiffre d’affaires. Début juin, les choses ont repris, et nous avons clôturé l’année 2020 avec quasiment le même chiffre qu’en 2019, passé de 4 à 4,2 millions d’euros. Nous avons diversifié nos services, avec des travaux de désinfection. Nous avons proposé aux particuliers d’enlever leurs déchets à la maison. Quelle est la situation aujourd’hui ? Je pense que nous pouvons parler d’un retour à l’« à peu près normale ». Quelle stratégie adoptez-vous pour la suite ? Nous suivons notre plan quinquennal 2017-2022, mis à jour il y a quelques mois. La diversification de la clientèle s’est faite. Nous sommes à environ

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25 % pour chaque unité. Le but est que le B2B et les institutions passent à 80 %, et de gagner des clients d’un côté, sans pour autant en perdre de l’autre. Aujourd’hui, nous en avons 6.000 en tout. Nous voulons aussi diversifier les activités. Nous allons lancer en fin d’année de nouveaux services, qui n’ont rien à voir avec le nettoyage, mais qui seront des plus-values pour nos clients professionnels. Je ne peux pas en dire plus. Des embauches et un agrandissement des bureaux sont prévus. Avec quels objectifs économiques ? 5,4 millions d’euros en 2021 et 6,35 millions en 2022.   Et au niveau de la main-d’œuvre ? J’ai repris la boîte avec 130 personnes ; aujourd’hui, nous sommes plus de 200. Pour 2022, nous voulons dépasser les 300. Ce nouveau rôle signe votre retour opérationnel, un peu plus de deux ans après avoir cédé votre siège de CEO dans l’entreprise de transport Michel Greco SA, que vous aviez fondée. Qu’avez-vous fait depuis ? J’ai quitté les bureaux un jeudi, et j’ai recommencé le vendredi dans les nouveaux. À un rythme moins soutenu. Je fais de la consultance – je suis actionnaire dans une dizaine de sociétés – et de l’immobilier. Ce rôle opérationnel vous a-t-il manqué ? Absolument. C’était difficile de ne plus avoir le lead sur quelque chose. Depuis février 2020, vous avez abandonné votre activité de consultant chez Michel Greco SA. Pourquoi ? Il était temps de tourner la page et de laisser le management en place prendre ses décisions. Combien de temps vous voyez-vous à la tête de Propper ? Je ne sais pas. Je peux juste vous confirmer que je vais bosser jusqu’à la fin. Je n’ai pas l’ADN pour rester à la maison. Interview MATHILDE OBERT Photo ROMAIN GAMBA Déjà actionnaire de l’entreprise, Michel Greco endosse, depuis mai, le rôle de CEO chez Propper.


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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par JEAN-MICHEL LALIEU et MARC FASSONE

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SEREIN

« Le Luxembourg fait, et restera, partie intégrante du groupe Deutsche Bank (…) et son rôle est censé continuer à se développer au sein du groupe. » Frank Rückbrodt, chief country officer Luxembourg de Deutsche Bank depuis le 1er janvier 2021, a insisté sur le rôle essentiel de la plateforme grand-ducale pour la banque allemande. Le Luxembourg affiche d’ailleurs la troisième performance au niveau du groupe en termes de bénéfices avant impôts, après l’Allemagne et l’Inde.  2

PRÉVOYANT

« L’objectif est désormais d’avoir deux tiers des employés sur Belval et un tiers au siège central. »

Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale Luxembourg, a posé la première pierre de l’Arsenal, le futur nouveau siège de la banque au centre de la capitale. En 2023, en même temps que son inauguration, une large part de l’effectif de la banque française sera déplacée à Belval.  3

AMBITIEUSE

« Notre accord avec Quantum fournit aux investisseurs et aux gestionnaires d’actifs du Brésil et d’ailleurs des données de marché et des informations financières cruciales, leur permettant de mieux comprendre les marchés de capitaux internationaux. » Julie Becker, CEO de la Bourse de Luxembourg, à l’occasion de la signature d’un partenariat entre la Bourse, Fundsquare et Quantum, au terme duquel la Bourse de Luxembourg fournira à la fintech brésilienne Quantum un large éventail de données financières à disposition de sa clientèle latino-américaine.

APPELÉ

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RESPONSABLE

« Nous avons fait le choix de ne plus financer des activités qui créent des impacts négatifs sur l’environnement et dont les acteurs n’envisagent pas une transition écologique. » Françoise Thoma, directeur général de la Spuerkeess, a présenté la nouvelle stratégie 2021-2025 à Paperjam. Elle entend doter la banque d’une approche « crédible, transparente et cohérente » en matière d’ESG.

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Ariane de Rothschild a annoncé à la mi-mai la nomination du financier luxembourgeois François Pauly en tant que CEO de la banque Edmond de Rothschild. Il était déjà au conseil d’administration depuis 2016. En juin prochain, il remplacera Vincent Taupin, qui a fait le choix de partir à la retraite. « Il bénéficie d’une connaissance fine du groupe, de sa stratégie et de ses enjeux futurs », a justifié la présidente du groupe.

Bourse de Luxembourg, Deutsche Bank, Anthony Dehez (archives) et Maison Moderne (archives)

PERSÉVÉRANTE

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Ristretto #PlaceFinancière

« Il y a alignement des planètes » Les marchés vivent-ils déconnectés de la crise ? Head of investment services and innovation à la BIL, Olivier Goemans fait le point.

Les marchés financiers ont grimpé de près de 40 % en un an. La tendance va se poursuivre ? Il y a alignement des planètes. Le contexte macroéconomique est très porteur, notamment grâce à la vaccination et la réouverture graduelle de l’économie. Les bénéfices des sociétés sont en croissance extrêmement forte aussi, à la surprise parfois des analystes. Enfin, les politiques monétaires et fiscales restent accommodantes. A priori, le contexte est donc très favorable pour voir cette situation des marchés perdurer.

Oui, elle va connaître une croissance économique plus importante que ce qu’elle a connu ces dernières années. Mais ce ne sera qu’un rattrapage de ce qui a été perdu depuis la crise sanitaire. Il ne faut pas s’attendre à des « années folles ». La saga boursière de Gamestop, au début de l’année, c’est un acte de rébellion des petits actionnaires ? C’est plus important que cela, ça correspond à un changement de mentalité. Les marchés financiers font face, comme d’autres pans de la société, à la mentalité du « Yolo » – you only live once – qui est un trait générationnel très marqué. Elle modifie les pratiques courantes de cette nouvelle génération qui épargne et investit.

Comment évoluent les secteurs particulièrement touchés par la crise ? Avec la vaccination, les activités qui ont souffert de la distanciation sociale ont commencé à surperformer sur les marchés boursiers. On observe une rotation. Les sociétés, notamment technologiques, qui ont tiré leur épingle du jeu pendant la pandémie, ont très bien performé jusque vers février. Ensuite, les investisseurs ont commencé à miser sur la réouverture et ont regardé plus attentivement des secteurs comme le tourisme et des secteurs plus cycliques. Les marchés anticipent toujours la réalité.

Pour aller vers quoi ? Leur plan est de devenir riches demain. Pas à 50 ans. La bourse, c’est la machine à sous. Et le Covid a favorisé ce genre de comportement, beaucoup de monde s’est ennuyé pendant le confinement. Gamestop a calmé l’ardeur des spéculateurs ? Pas vraiment. Quelques semaines après, on a vu les déboires du family office Archegos. Ce genre d’épisodes arrivera encore à l’avenir. À moins d’avoir tout régulé. Mais la régulation, c’est l’éternel jeu du chat et de la souris.

C’est encore le moment d’investir via la bourse ? C’est toujours le bon moment. Déterminer le moment idéal est une utopie. Les actions sont chères, mais les obligations le sont encore plus… Quelles menaces pourraient brider cet élan ? L’inflation, par le fait qu’elle peut sous-tendre un changement de cap dans les politiques monétaires. Aujourd’hui, l’angoisse des économistes est une hausse généralisée des prix. C’est un peu la théorie du ketchup. On secoue et rien ne vient, puis en une fois, tout le ketchup sort en même temps. La crainte des marchés financiers est que les banques centrales perdent le contrôle de l’inflation et que ça les oblige à resserrer les conditions monétaires.

La bourse est-elle encore destinée aux petits investisseurs ? Oui, mais en faisant preuve de bon sens. La spéculation à outrance a toujours existé. La bulle de la tulipe ne date pas d’hier… Que penser des Spac, ce produit d’investissement un peu énigmatique ? C’est un produit qui existe depuis longtemps, mais qui a connu une énorme accélération en 2020 à cause d’une faille réglementaire. Le processus est plus facile et plus rapide pour faire appel aux capitaux. Mais il s’agit d’un « chèque en blanc » qui inquiète les régulateurs car plus basé sur la réputation des sponsors de la structure que sur la rationalité économico-financière de l’investissement. Cette faille réglementaire va donc gentiment se re­fermer. Les afflux de capitaux dans les Spac sont déjà nettement moindres qu’il y a quelques mois.

On l’a attendue des années et maintenant on se met à la craindre… Même les gens les plus brillants n’arrivent pas à anticiper l’inflation. Certains signes permettent de détecter la hausse de l’inflation actuellement. Reste à savoir si elle peut déraper ou devenir structurelle. Ces questions restent compliquées. L’Europe se prépare à une nouvelle période de prospérité ?

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Olivier Goemans constate que la bourse est devenue un jeu en période de confinement.

Interview JEAN-MICHEL LALIEU Photo MATIC ZORMAN


Deliver ing Extra-greenary Ser vices


Ristretto #Investissement

« Investir dans les règles de l’Art » Contenu sponsorisé par Degroof Petercam Luxembourg

L’art a toute sa place dans un portefeuille d’investissement. Une place bien à part, qui ne se confond pas avec celle d’actifs boursiers ou immobiliers. Rencontre avec Hubert d’Ursel, Head of Art Advisory de la banque Degroof Petercam, qui conseille un jeune entrepreneur à ce sujet.

Pourquoi investir dans l’art ? Je dirais plutôt pourquoi acheter de l’art, car investir, c’est espérer un rendement, et l’art s’apprécie d’abord pour ce qu’il est, bien avant d’être un support d’investissement. Acquérir des œuvres et les contempler chez soi est un plaisir immense, c’est une affaire de passion et d’émotions plus que de spéculation. Et puis, l’art est tangible, c’est une toile que l’on observe, une sculpture que l’on peut toucher, contrairement à une somme sur un compte en banque, qui est tout à fait virtuelle. Quelles sont ses vertus au sein d’un portefeuille ? L’art permet de diversifier son patrimoine, ce qui est toujours hautement recommandable, aux côtés d’actifs boursiers ou fonciers par exemple. 5 % devrait être la part que l’on peut allouer à l’achat d’œuvres d’art au sein d’un portefeuille. D’un point de vue strictement financier, l’art a connu une croissance extrêmement forte depuis l’an 2000 et certains artistes, contemporains notamment, jouissent d’une cote qui bat des records sur le marché aujourd’hui. J’ajouterais que la valeur de l’art ne subit presque pas les crises, qu’elles soient financières ou sanitaires. Sa résilience est remarquable. Est-ce un investissement accessible à tous ? Oui, absolument. L’art, ce n’est pas uniquement Picasso ou Van Gogh, par exemple, dont la valeur des œuvres peut sembler hors de portée. Il existe une multitude d’artistes moins connus, certes, mais dont les œuvres sont très accessibles d’un point de vue financier et qui sont tout à fait dignes d’intérêt pour débuter une collection. Il n’y a pas non plus d’âge pour ­commencer. On constate même que nos clients sont de plus en plus jeunes, à l’instar de Charles, que nous avons conseillé sur ce point. Comment avez-vous rencontré Charles ? Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises dans des foires, comme Art Brussels, et finalement lors de la Luxembourg Art Week. Nous avons alors échangé, et c’est là que ce jeune entrepreneur intéressé par l’art m’a expliqué qu’il débutait une collection. Il était encore très hésitant sur le choix des œuvres. Je lui ai donc proposé d’en parler autour d’un déjeuner. Sans dicter ses choix, je lui donne mon avis sur les œuvres qu’il aime ou projette d’acheter, afin qu’il fasse ses choix de manière éclairée.

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Par où commencer ? À quoi faut-il être vigilant ? Il ne faut pas acheter uniquement dans l’optique d’un hypothétique rendement. Passion et spéculation sont deux choses bien différentes. Il faut donc laisser parler ses goûts, s’orienter vers ce qui nous plaît. Une bonne idée serait de se tourner vers des artistes émergents d’abord, puis des artistes plus confirmés. On fait parfois des erreurs au début, mais ce n’est pas grave, puisque ce sont généralement des œuvres dont le prix est peu élevé. Par la suite, lorsque l’on souhaite acheter des œuvres d’un prix plus élevé, il est indispensable de se renseigner auprès ­d’experts. Des experts impartiaux, bien sûr, qui savent conseiller sans pour autant influencer. Ils pourront également éclairer l’acheteur sur des points capitaux, comme l’histoire d’une œuvre, sa place dans la vie de l’artiste, le sujet de l’œuvre, son état, etc. Présentez-nous Art Advisory et Art Collections... Art Advisory est un service que la banque Degroof Petercam a mis en place il y a 8 ans. C’est un service de conseils pour nos clients qui souhaitent acheter des œuvres d’art, mais aussi vendre ou bien faire un inventaire de leur collection. Nous couvrons tous les courants artistiques et toutes les époques, même si l’art moderne et l’art contemporain représentent l’essentiel des demandes. Nous disposons d’un réseau d’experts chevronnés, indépendants, sur lequel nos clients peuvent s’appuyer sereinement, sans risque de possibles conflits d’intérêts. Depuis un an, nous avons également créé Art Collections, pour les familles qui souhaitent être assistées dans la gestion ou la création d’un patrimoine artistique. Nous nous sommes associés avec deux cabinets experts. Ce service donne également un accès privilégié au monde de l’art.

Hubert d’Ursel nous rappelle comment faire d’une passion une façon d’investir.

Photo SIMON VERJUS (MAISON MODERNE)

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Hubert conseille ses clients qui souhaitent investir dans l’art.

Charles a bénéficié de son expertise pour débuter une collection.

Growing together


Conversation

« La concurrence ne me fait pas peur » Photo ANDRÉS LEJONA

Quelques mois après sa nomination à la tête du groupe familial Losch, qui a tracé son chemin dans le secteur de l’automobile au Luxembourg depuis sa création en 1948 par Martin Losch, Thierry Beffort revient sur la crise sanitaire, l’accélération de la digitalisation et l’avenir de la société. Interview JEREMY ZABATTA

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Thierry Beffort

Thierry Beffort a repris les rênes du groupe Losch en janvier 2021.


Conversation

BIO EXPRESS Naissance 9 août 1971 à Luxembourg. Plus de 20 ans chez Losch Thierry Beffort a rejoint le groupe Losch en janvier 1999. Il a commencé comme project manager chez Audi, avant de devenir sales manager, puis directeur de la marque Audi. Il a ensuite occupé le poste de COO Import, avant de succéder à Damon Damiani au poste de CEO du groupe Losch. Autres fonctions Thierry Beffort siège également aux conseils d’administration de la Fédération belge et luxembourgeoise de l’automobile et du cycle (Febiac) et de la House of Automobile (HOA).

nuer à investir pour continuer à avancer. C’est ce que nous avons fait avec Losch Business Solutions et Losch Real Estate. Est-ce que la réduction des coûts a concerné le personnel ? Nous avons davantage de personnes employées maintenant qu’en 2019. Si l’on veut la qualité que l’on souhaite dans les différents départements et les différents garages du groupe, on doit avoir le personnel nécessaire. La crise n’a pas été prise comme un prétexte pour ne pas embaucher. Actuellement, nous comptons 1.080 collaborateurs, 22 concessions, dont 10 concessions Losch, le reste étant des concessionnaires privés.

Comment gagne-t-on des parts de marché pendant une telle crise ? Le marché luxembourgeois est orienté vers le premium, qui reste un produit très recherché. Une marque comme Volkswagen, qui est un peu moins premium, a davantage souffert que Qu’en est-il du télétravail chez Losch ? d’autres, comme Porsche qui est restée très Aujourd’hui, il y a encore du télétravail, mais stable. D’un autre côté, nous avons très bien pas beaucoup. Au sein du groupe Losch, il vendu dans le segment des utilitaires, où nous existe deux grands départements : l’un dédié avons signé une année record. Tout comme au retail, et l’autre à l’importation. En ce qui chez Skoda, où nous avons également fait une concerne le retail, les effectifs doivent être année record. Sans oublier des concession- au garage, dans les concessions. Tout comme Comment la crise sanitaire naires motivés et impliqués. du côté de l’importation, où les effectifs doivent a-t-elle impacté le groupe Losch ? également être sur place pour soutenir le r­ etail. La crise nous a touchés, et l’année 2020 a Vous l’avez expliqué : en temps de crise, Mais je suis conscient qu’il faut adapter les été une année difficile en ce qui concerne on tente de réduire les coûts… comportements. Les collaborateurs ont des les ventes, ce qui se constate dans les chiffres, Avec la pandémie, les frais de voyages et de attentes à ce niveau, notamment chez les plus puisque l’on a perdu 1.500 ventes de voitures déplacements ont été réduits. Nous avons jeunes, et la crise a accéléré ces mutations. sur l’année. Mais d’un autre côté, nous avons analysé nos coûts marketing et publicitaires. D’un autre côté, il y a aussi des employés en tout de même gagné 1,3 % de parts de mar- Nous avons également reporté les investis- télétravail qui veulent revenir. ché pendant la crise sanitaire, pour arriver sements qui n’étaient pas nécessaires dans à 29,8 % de parts de marché à la fin de l’an- l’immédiat. En même temps, nous avons dé- Les crises sont parfois l’occasion née dernière. Ce que l’on a fait pour moins cidé de réaliser ceux que nous considérions de redyna­miser de bonnes pratiques ressentir les effets de la crise, c’est tenter de comme essentiels. Le secteur de l’automobile ou permettent de rationaliser réduire les coûts le plus possible. change complètement, donc il fallait conti- certaines dépenses.

Losch

Des salariés sont-ils encore concernés par le chômage partiel ? Lors du confinement de mars à mai 2020, nous avons recouru au chômage partiel, surtout au niveau du retail, moins au niveau de l’importation. Cette année, nous sommes au complet.

Votre bonne connaissance du terrain influence-t-elle votre façon de diriger maintenant l’ensemble du groupe ? Sûrement ! Personne ne peut me raconter d’histoires, car je connais les bases et le métier. Évidemment, via les contacts avec les équipes, le risque est de retomber dans cette volonté de gestion au quotidien. Mais aujourd’hui, ma priorité est la stratégie. Cela démontre qu’il est tout à fait possible d’évoluer au sein de notre entreprise. Il existe d’ailleurs de nombreux autres exemples chez Losch.

Photos

Vous êtes CEO du groupe Losch depuis janvier, mais êtes présent dans le groupe depuis 20 ans. Quel a été votre parcours ? J’ai en effet commencé à travailler chez Losch le 28 janvier 1999. Pendant 17 ans au sein de la marque Audi, pour le volet importations. J’ai débuté en tant que project manager, toujours pour cette marque, puis suis devenu sales manager et directeur de la marque Audi. J’ai donc une expérience qui s’est construite en ce qui concerne les marques et le produit. En 2016, je suis devenu COO Import et responsable des différentes marques commercialisées par notre groupe en ce qui concerne l’importation. Enfin, j’ai été nommé CEO du groupe Losch le 1er janvier dernier.

LES DATES-CLÉS DE LA SAGA LOSCH 1948 Jeune diplômé, Martin Losch décide de faire de son atelier de réparation, le Garage St. Lambert, l’impor­tateur ­Volks­ wagen au Luxembourg. Le 14 juillet 1948, il signe son premier contrat avec le cons­ tructeur de Wolfsburg et lance son aventure entrepreneuriale, qui donnera naissance, quelques années plus tard, au groupe Losch.

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1950

1954

1971

1973

Après Volkswagen, le Garage St. Lambert, devenu le Garage Martin Losch, devient l’importateur de la marque Porsche.

La Volkswagen Coccinelle jouit d’une popularité gran­ dissante au Luxem­bourg. La barre des 1.000 exem­ plaires est dépassée en 1950, et quatre années plus tard, 3.000 exemplaires ont été importés au Luxembourg.

Après Volkswagen et Porsche, Losch devient importateur de la marque Audi. La même année, Martin Losch et son neveu André Losch ouvrent une nouvelle concession à Eschsur-Alzette, la plus importante du sud du pays.

Les exigences liées à l’importation et à la vente de détail se différencient. Pour cette raison, Autosdiffusion Losch est fondée le 4 décembre 1973. La nouvelle société centralise à ce jour les activités de l’importateur général pour les trois marques VW, Audi et Porsche.

1956 À l’étroit au Limpertsberg, le Garage Losch déménage, le 6 février 1956, à la route de Thionville, à Bonnevoie.


Thierry Beffort

*L’histoire du groupe Losch figure dans un livre édité en 2018 par la Fondation André Losch.

Pouvez-vous identifier une bonne pratique qui résulte de la crise sanitaire ? Je ne peux pas dire qu’il y avait auparavant des dépenses superflues. Pour répondre à votre question, on peut prendre l’exemple des déplacements professionnels. Voyager et rencontrer les personnes, échanger… le contact social, c’est très important dans notre secteur d’activité. On a épargné des coûts à ce niveau, mais dès que l’on pourra recommencer à voyager, nous retournerons voir les personnes dans les usines et chez les constructeurs. Maintenant, la question est de savoir s’il sera encore nécessaire de voyager dix fois par mois, ou bien s’il suffira de voyager trois fois et de faire le reste en visioconférence. Le contact direct restera important, mais je pense qu’il va y avoir des changements qui vont perdurer après la crise.

Photo

Losch

Vous avez également accéléré la digitalisation des services à la clientèle. Concrètement, comment digitalise-t-on une société automobile ? En décembre dernier, nous n’étions pas certains de pouvoir organiser l’Autofestival et d’accueillir de la clientèle. Notre service Marketing et communication a proposé un festi-

L7907 La première Coccinelle VW au Luxembourg est immatriculée L7907. Importée et commercialisée par André Losch, elle est destinée à une autre société encore très connue actuellement : l’entreprise de couleurs et d’enduits Robin. Cette voiture est aujourd’hui la propriété du groupe Losch. En 1948, les 16 premières Coccinelle VW sont arrivées à la frontière luxembourgeoise. Les conducteurs allemands ne pouvant pas traverser la frontière, des chauffeurs luxembourgeois ont pris le relais. À noter que les pneus n’étaient pas inclus dans le prix. Les chauffeurs luxembourgeois étaient donc équipés de pneus de rechange.

val digital par le biais des nouveaux canaux de communication. On a donc enregistré et diffusé des vidéos sur les réseaux sociaux pour montrer aux clients nos produits, nos voitures. On a également mis en place un site internet pour qu’ils puissent acquérir nos produits, que ce soit des voitures neuves ou des voitures d’occasion. Nous avons également proposé la possibilité d’échanger en ligne avec nos ven-

«  La question est de savoir s’il sera encore nécessaire de voyager dix fois par mois, ou bien s’il suffira de voyager trois fois et de faire le reste en visioconférence. »

deurs. On a aussi digitalisé nos showrooms. C’est-à-dire qu’il est possible de se déplacer virtuellement dans nos concessions, d’ouvrir la porte d’une voiture et de monter dedans. Toute cette digitalisation a été un succès. Le volet après-vente n’a pas été oublié, puisque le client pouvait obtenir un devis et une vidéo lui montrant les réparations à réaliser sur son véhicule. Avec internet, le client est également déjà très bien renseigné avant même d’arriver à la concession. Quel sera le rôle du vendeur de demain ? Il est clair que le client est de mieux en mieux informé par le biais du digital. Il peut s’informer sur internet et sur les configurateurs en ligne. Le vendeur doit donc, lui aussi, être de mieux en mieux informé. Son rôle reste essentiel, car il peut apporter des renseignements, il connaît le produit, il sait conseiller le client sur les différentes configurations, la compatibilité entre les options. Il peut apporter plus de combinaisons pour faire le meilleur choix. Il ne faut pas non plus négliger l’aide que le vendeur peut apporter sur les différents systèmes de navigation de la voiture, ou encore sur les systèmes d’assistance à la conduite, qui peuvent sauver des vies et apporter un meilleur confort de conduite. C’est parfois complexe, et je pense qu’il faut montrer les possibilités de la voiture, ce qui se fait en roulant. Encore une fois, le vendeur est la personne qui connaît le produit. Et aujourd’hui et demain, le vendeur devra pouvoir conseiller le client n’importe où grâce aux nouveaux médias, que le client soit dans la concession ou chez lui. Dans les garages, quel sera le rôle du mécanicien de demain, qui devient plus un mécatronicien ? C’est vrai que, maintenant, on parle de mécatroniciens. On voit de moins en moins les

1978

1984

Années 90

2016

2019

Face à une croissance constante des ventes et à l’élargissement du réseau des revendeurs, le groupe Losch décide de construire de nouveaux locaux à Howald.

À Wolfsburg, l’importateur et le réseau des distributeurs fêtent l’arrivée de la 50.000e Volkswagen au Luxembourg.

En 1989, Losch devient l’importateur de Seat.

38 ans après son oncle, André Losch décède subitement, le 24 mars 2016. Entrepreneur averti, il avait assuré l’avenir de l’entreprise avec la création de la Fondation André Losch, qui a pour mission d’assurer la continuité de l’entreprise et de garantir une nouvelle ère Losch au Luxembourg.

Une nouvelle entité appelée « Cube4T8 » est créée en mai 2019. Avec la structure Out of the Box, elle forme la nouvelle division New Business. Les bureaux sont situés dans le ParcLuxite, à Kockelscheuer.

Le 4 octobre 1978 est marqué par le décès de Martin Losch.

En 1992, Losch devient également l’importateur de Skoda. En 1999, le Garage M. Losch Bonnevoie devient conces­sion­ naire exclusif de la marque Bentley.

2004 En 2004, la première con­­­ces­sion Porsche au Luxembourg ouvre ses portes en exclusivité. La même année, le Garage Losch à Bonnevoie construit un nouveau bâtiment dédié spécifi­que­ ment à la marque Audi.

2021 Nouveau showroom à Roost et ouverture d’un garage Cupra au Luxembourg.

En 2016, le Garage M. Losch Bonnevoie devient le distribu­ teur exclusif de Lamborghini au Grand-Duché.

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Conversation Thierry Beffort

Cette digitalisation va-t-elle perdurer ? Je pense que cela va perdurer, car le client souhaite un plus grand confort de vie. Si cela lui facilite la vie, le client va continuer à utiliser cette digitalisation, et nous allons continuer à investir dans cette direction. Au niveau du marché, les véhicules électrifiés ont pour la première fois dépassé ceux au diesel… Il faut être prudent avec les statistiques. On parle souvent de plus de 20 % de nouvelles immatriculations de voitures électriques. Mais ce n’est pas vrai. Il faut bien faire la différence entre le 100 % électrique, les plug-in hybrides et les hybrides. Le terme électrifié est plus juste, mais il y a seulement 12 à 15 % des voitures qui se déplacent en mode électrique. Aujourd’hui, le 100 % électrique est à un taux de 6,5 %, et l’hybride à 8 %. On est donc parfois loin des chiffres annoncés. Mais il y a tout de même une vraie tendance qui va vers l’électrification… Oui. Les comportements changent grâce à plusieurs facteurs, comme les subsides de l’État, ou encore la considération de la question climatique. Il est clair qu’à l’avenir, les voitures électriques vont se vendre de mieux en mieux, notamment quand tous les modèles seront sur le marché. Aujourd’hui, nous n’avons pas un modèle électrique pour tous les clients, de la bonne taille, avec le bon aspect, le bon 30

JUIN 2021

André Losch n’a pas uniquement fait grandir le groupe automobile éponyme, il a également réussi à faire de cette réussite familiale un acteur sociétal important. Le 13 novembre 2009, la Fondation André Losch a le feu vert du Grand-Duc, un acte indispensable pour officialiser la consti­ tution de la fondation, une structure et un modèle qui n’avaient encore jamais existé au Luxembourg. Pour être plus précis, en droit luxembourgeois, le statut de fondation reconnue d’utilité publique est incompatible avec celui d’une entreprise dont l’objectif est commercial. André Losch s’était penché sur le sujet dès 2008, soucieux de la transmission et de la pérennisation du travail de toute une vie. « La sauvegarde des emplois lui tenait à cœur. De plus, il avait décidé de mettre les bénéfices disponibles de la société au service de l’intérêt de la communauté. De ce concept germa l’idée d’une fon­dation », explique Damon Damiani, ancien CEO du groupe Losch dans un livre dédié à l’histoire du groupe (Losch Luxembourg – L’histoire d’une entreprise, de ses fondateurs, de ses visionnaires, mais avant tout, une histoire humaine). Après une année de travail à œuvrer à la faisabilité de la fondation avec l’aide de l’avocat Jean Hoss, cofondateur du cabinet Elvinger Hoss Prussen, mais également à dessiner son rayon d’action à venir, André Losch a fait de la fondation une réalité. À sa mort soudaine en mars 2016, comme le stipulait son testament, les sociétés de l’entreprise ont été transmises à la Fondation André Losch. Plusieurs années plus tard, la Fondation André Losch est

presque incontournable dans le paysage luxembourgeois. Elle par­ti­­cipe aux frais de construction d’un amphi­théâtre pour le Campus Kirchberg ou encore récemment à la recherche, avec un don de 1,4 million d’euros devant servir à financer trois études sur le Covid-19 en cours au Luxembourg. Outre son élan de solidarité dans un pays mobilisé par la lutte contre la pandémie mondiale, la Fondation André Losch s’était déjà illustrée dans le domaine scientifique et éducatif en participant par exemple au soutien du Luxembourg Science Center à Differdange. Plus globalement, la fondation a élaboré quatre domaines d’action, à savoir l’éducation, la cohésion sociale, la recherche scientifique et la santé. En plus de 10 ans, la fon­dation a soutenu plus d’une cinquantaine de projets. À noter qu’elle est une fondation donatrice, elle n’a pas pour vocation principale de réaliser elle-même les projets, mais soutient les porteurs de projets dans leur réalisation. Enfin, il ne faut pas la confondre avec la Fondation André & Henriette Losch, qui est une entité « sœur » de la fondation. Mais il n’y a pas de hasard puisque la Fondation André et Henriette Losch porte également le nom de l’épouse d’André. En effet, en 2010, le couple créa cette fondation afin de mettre une partie de sa fortune personnelle au service de nombreux projets au profit des enfants malades. Cet engagement leur tenait à cœur à tous les deux. La Fondation André & Henriette Losch est aujourd’hui partenaire de nombreuses organisations caritatives du Luxembourg.

Yves Kortum pour Losch

Est-il est difficile de trouver des vendeurs, des mécaniciens ou des mécatroniciens au Luxembourg ? Comme dans d’autres branches d’activité, trouver les bonnes personnes est de plus en plus difficile. Et si on n’arrive pas à trouver, il faut former soi-même. C’est ce que nous faisons chez Losch. Chaque année, nous avons une soixantaine de personnes que nous formons dans notre département de formation, que ce soit au niveau de l’après-vente ou de la vente. En 2020, Losch a été élu meilleur formateur du secteur.

LA FONDATION ANDRÉ LOSCH, UNE FONDATION D’UTILITÉ PUBLIQUE

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mécaniciens avec des taches d’huile partout sur leurs vêtements. Pour autant, on continue de changer l’huile des voitures à motorisation thermique et de faire des réparations. La formation des mécaniciens évolue, ils doivent savoir se servir d’un ordinateur, d’une tablette… Mais l’expertise du mécanicien est toujours aussi importante. L’ordinateur va peut-être indiquer une panne, mais il ne va pas réparer la panne. C’est un complément au mécanicien. Même si l’on utilise de plus en plus l’ordinateur, le mécanicien doit avoir la même formation qu’auparavant, comprendre le fonctionnement d’une voiture, thermique ou électrique, connaître les moteurs et les différents systèmes de la voiture.


CECI EST UNE CAPSULE

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AG I R AVA N T T O U T


Conversation

moteur, le bon volume… Cette année, nous allons avoir une dizaine de modèles électriques dans nos showrooms. Outre la diversité des modèles, l’électrification des voitures ne pose-t-elle pas aussi un grand nombre d’autres problèmes ? Surtout au niveau des infrastructures. Le gouvernement met en place des bornes sur des places publiques, et il a mis des chargeurs rapides au Kirchberg, mais actuellement, il n’y a pas assez de bornes de recharge si l’on veut rouler avec une certaine autonomie. Si nous sommes sur la bonne voie avec les bornes publiques, il reste du travail au niveau du privé, et surtout des entreprises. Au niveau du privé, il y a des aides de l’État, mais il n’y en a pas pour les sociétés. Si une société de leasing loue une voiture, elle ne peut pas introduire la borne dans le leasing. Si une société veut mettre en place une trentaine de bornes, il n’y a pas d’aides non plus. Où est-ce que l’on charge le plus ? C’est à la maison et au travail. Il y a donc un frein à ce niveau. Et si l’on a davantage de bornes électriques, cela va aider à vendre davantage de voitures électriques. La voiture électrique est en train de bouleverser le monde automobile au même moment que frappe la crise sanitaire. Est-ce que ce bouleversement arrive au bon moment ? Il n’y a jamais de bon moment. En période de crise, on tente de réduire les coûts, les sociétés veulent assurer leur pérennité. D’un

L’essor de l’électrification se retrouve dans les chiffres des nouvelles immatriculations. En 2019, 987 nouvelles immatriculations concernaient des voitures 100 % électriques, soit 1,79 % du total. En 2020, ce chiffre passe à 2.474 nouvelles immatriculations pour des voitures 100 % électriques, soit 5,47 % des nouvelles immatriculations annuelles. Les hybrides évoluent de 3.137 unités en 2019 à 6.458 unités en 2020, soit 14,29 % des nouvelles immatriculations annuelles.

autre côté, il y a le changement climatique, les jeunes qui manifestent pour le climat et un meilleur futur. Ce sont des choses que l’on comprend tout à fait. C’est d’ailleurs pour cela que le groupe Volkswagen avait annoncé en 2015 vouloir être le premier constructeur à respecter les accords de Paris. Aujourd’hui, l’objectif zéro émission en 2050 est lancé, et d’ici à 2030, 70 % des ventes seront des voitures électriques. Cet engagement est devenu une nécessité, et la plupart des constructeurs ont compris l’obligation de changer. Aujourd’hui, la voie sur laquelle nous sommes engagés est celle de l’électrique, mais on ne sait pas ce qui peut arriver dans 20 ou 30 ans.

N ouvelles immatriculations au niveau national Parts de marché du groupe Losch

50.561

L’annonce de la mort des concessions est donc un peu prématurée ? Le contact professionnel direct reste important, même s’il y a des changements et que des clients vont trouver des solutions sur internet. C’est notamment le cas pour la voiture d’occasion. Mais je pense que le professionnel aura toujours un rôle à jouer, dans la livraison de la voiture, qui se fera chez le concessionnaire, dans le contact au niveau de l’après-vente… C’est juste un changement au niveau du business model dont il est question. Le groupe Losch a investi en développant Losch Business Solutions,

LE POIDS DE LOSCH AU NIVEAU DES IMMATRICULATIONS NATIONALES

70.000

60.000

Un constructeur comme Volvo a annoncé vouloir réaliser ses ventes uniquement sur internet. Est-ce que l’on va se diriger vers la fin des concessions « cathédrales » ? C’est évident, le changement est en route aussi à ce niveau, et l’utilisation des smartphones, des tablettes, d’internet, devient la norme. Aujourd’hui, on n’a plus que 1,4 visite avant l’achat d’une voiture. Auparavant, on était à 4-5 visites avant de choisir sa voiture. Il y a un changement de comportement, et avec cette crise, on le remarque encore plus. On a mis en place des rendez-vous en ligne sur nos différents sites. On avait des chats où le vendeur pouvait discuter avec le client. Pour autant, on a remarqué que la plupart des gens qui souhaitent acheter une voiture vont tout de même chez leur concessionnaire, ils veulent tester la voiture, discuter avec le professionnel, qui peut apporter des informations.

ÉLECTRIQUE EN VOGUE

52.775

52.811

29,83 %

55.008

50.000

45.188

40.000

30.000

20.000

12.456 10.000 26,8 %

28,23 %

27,09 %

28,51 %

29,83 % 28,57%

0 2016

32

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2017

2018

2019

2020

2021 (T1)

En 2020, la part de marché du groupe Losch était de 29,83 %, soit une progression de 1,32 % par rapport à 2019. Dans le détail, sur les 45.188 nouvelles immatriculations enregistrées l’année dernière, 13.481 con­ cernaient une voiture vendue par le groupe Losch. Au Luxem­ bourg, pratiquement une voiture sur trois est vendue par le groupe Losch au niveau de l’importation, et une voiture sur cinq pour ce qui est du retail. Le groupe Losch commercialise 12 marques, à savoir : Audi, Volkswagen, Seat, Cupra, Skoda, Porsche, Bentley, Lamborghini, VW Nutzfahrzeuge, MAN, Hess et Neoplan.


Thierry Beffort

LOSCH EN 3 CHIFFRES

le Digital Lab, le Cube4T8… Quel est le rôle de chaque entité ? Le Cube4T8 est là pour trouver des idées intéressantes, se tenir informé, regarder les opportunités pour le business automobile ou pour d’autres secteurs. Donc, le Cube4T8 rassemble les idées afin de les transformer en business case. Losch Business Solutions, c’est notre société de softwares. On y développe des systèmes et des programmes dont on a besoin en interne au sein de notre groupe. On peut aussi développer des systèmes et des programmes de mobilité pour d’autres sociétés, donc du software as a service (SaaS). Avec nos développements, nous mettons en place des solutions pour régler le problème du carsharing, de la mobilité on demand, etc. Par exemple, le système Adapto et celui de la gestion des bus ont été produits chez nous. On vend aussi ces solutions à l’international, en Autriche, en Italie, en Suisse. On le fait ici, depuis le Luxembourg, mais aussi depuis une antenne à Porto. Pourquoi à Porto ? Car, à l’époque, c’est là-bas que nous avions trouvé les bonnes personnes pour le faire. Récemment, on a vu un acteur comme Car Avenue consolider sa position au Luxembourg. Une marque comme Peugeot affiche la meilleure progression au premier trimestre sur le marché luxembourgeois. Est-ce que la concurrence vous fait peur ? Je pense qu’il ne faut jamais avoir peur de la concurrence. Elle nous fait plutôt avancer.

7.000

1.080

Le groupe Losch commercialise 12 marques. D’autres sont-elles attendues ? On est importateur du groupe Volkswagen. Pour le moment, nous nous concentrons exclusivement sur ces marques. Mais si, un jour, il y a un produit sur le marché pour lequel notre constructeur n’a pas de solution, nous pourrons faire le choix de regarder ce qui existe ailleurs. C’est ce que nous avons fait avec StreetScooter il y a deux ans, tout comme on a fait le choix de Silence pour les scooters électriques. Mais actuellement, nous avons un bon partenariat avec le groupe Volkswagen, de bons produits, donc nous n’envisageons pas un élargissement de nos marques.

Le groupe Losch compte 1.080 collaborateurs, un chiffre régulièrement en croissance.

22

Au sein du groupe Losch, on peut retrouver 22 concessions, toutes au Luxembourg.

12

Le groupe commercialise 12 marques automobiles, dont Volkswagen, la marque la plus vendue au Grand-Duché.

Le Luxembourg n’est pas un grand marché automobile en Europe, en comparaison avec la France, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni. Comment Volkswagen voit-il On est sur le marché depuis plus de 70 ans, le Luxembourg ? et la concurrence sera toujours présente. On Au regard des parts de marché, le Luxembourg a une certaine expérience, on a de bons pro- est important pour Volkswagen. Au niveau duits, et on a de bonnes marques. du volume, effectivement, nous ne sommes pas Si on s’attarde sur les statistiques, ces der- l’importateur le plus impressionnant d’Europe. nières changent en fonction de beaucoup de paramètres, comme les sorties des nouveaux On parle de plus en plus de flexibilité, modèles. Si nous sortons une nouvelle Golf d’adaptation. Est-ce qu’un groupe au mois de janvier, il est certain que les chiffres comme Losch peut s’adapter facilement vont grimper durant ce mois. Ce constat aux défis à venir ? vaut aussi pour les autres marques. Peugeot Je ne pense pas du tout qu’il soit difficile a proposé de nouveaux modèles en début d’être flexible. C’est pour cela que nous avons d’année, et cela se remarque directement créé Losch Business Solutions. Être flexible au niveau des chiffres, alors qu’en 2020, ils n’est pas plus difficile pour un grand grou­pe. avaient régressé. Le plus important est d’avoir les bonnes

LE NOMBRE DE NOUVELLES IMMATRICULATIONS PAR MARQUE EN 2019

6.643

Les marques commercialisées par Losch

6.000

Les marques commercialisées par la concurrence

5.058 5.000

4.856

3.895

4.000

3.810 3.332

3.000

2.431

Source

Statec et SNCA

2.000

1.439 911

1.000

72

61

31

Ferrari

Lamborghini

Bentley

0 Volkswagen

Mercedes

BMW

Renault

Audi

Peugeot

Skoda

Seat

Porsche

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Conversation Thierry Beffort

«  Je pense qu’il y a des gens qui travaillent beaucoup pour gagner de l’argent afin de pouvoir choisir leur véhicule. »

bourg, le tram et la gratuité des transports en commun sont une très bonne chose. C’est un complément à la voiture, et il ne faut pas opposer les deux. La voiture restera indispensable dans certaines situations, comme pour se déplacer rapidement pour se rendre à un rendez-vous médical ou pour une urgence. Chez les jeunes, la mobilité change également. Certains ressentent le besoin de posséder une voiture, alors que d’autres veulent uniquement utiliser une voiture sans la posséder. D’autres encore veulent une voiture bien précise, comme une Porsche, par exemple, car c’est un rêve.

personnes pour mettre en place les bonnes idées, les lancer et les tester. Depuis un an, il est difficile de se déplacer, de voyager, de se sentir libre. Dans ce contexte, est-ce plus difficile de vendre ce qui reste le symbole de la liberté individuelle, de la mobilité, du voyage ? Je pense que la voiture était plutôt synonyme de sécurité. Les transports en commun fonctionnaient assez bien, et les gens faisaient du covoiturage avant la crise. Et puis, je pense que la voiture reste un beau produit qui fait toujours rêver, quoi qu’il arrive. Est-ce que la passion a encore sa place dans l’automobile ? Notre slogan est « Driving dreams ». La voiture est une passion, un rêve. Il y a aussi la notion de plaisir. Il est clair que la politique tente d’influencer les gens en ce qui concerne le choix de leur voiture, ou encore de la mobilité à avoir. La politique doit faire attention à ne pas trop limiter les gens dans ce choix. Si l’on parle de limitation de vitesse, effectivement, cela a permis de réduire le nombre d’accidents, en plus de l’amélioration de la sécurité des véhicules. Mais cela ne veut pas dire que la vitesse doit être considérée comme quelque chose de mal. La voiture est aussi une question de choix et de besoin. Si l’on parle de la rationalité du choix de la voiture, la personne qui travaille dur pour gagner de l’argent pour s’offrir un 4x4, un SUV ou une voiture de sport a le droit de se faire plaisir. Certains feront ce choix en fonction des besoins. Une famille de sept personnes ne va pas acheter une petite voiture pour le foyer. Mais l’automobile doit également trouver des solutions aux problèmes qui préoccupent les politiques. La mobilité et les comportements changent. Au Luxem34

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FAST & CURIOUS Première voiture ? Une Ford Escort 70 chevaux. Votre voiture actuelle ? Une Audi RS e-tron GT. À choisir, SUV, berline ou citadine ? Je préfère le SUV, mais au niveau de mon foyer, j’ai un peu de tout. Lamborghini ou Bentley ? Lamborghini pour le sportif, Bentley pour le luxe. Automatique ou manuelle ? Automatique au quotidien, manuelle pour les circuits. La voiture de vos rêves ? J’ai la possibilité de rouler tous les jours dans des voitures de rêve. Nombre de points sur votre permis ? Au complet ! Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Thierry Beffort sur paperjam.lu.

Vous succédez à Damon Damiani, qui a réorienté la stratégie du groupe Losch, avec l’introduction d’une nouvelle image de marque, une restructuration des réseaux de vente, et qui a fait grandir le groupe avec de nouvelles activités, comme Losch Real Estate et Losch Business Solutions. Quels sont les chantiers à venir ? Damon Damiani a énormément œuvré et travaillé pour transformer le groupe Losch. On a investi dans le real estate, on a créé Losch Business Solutions, et il y a eu un rebranding de la marque. Mais ce n’est pas fini. Au niveau du rebranding, ce n’était qu’une étape, d’autres vont venir. Au niveau de la stratégie, nous sommes occupés à mettre en place un plan 2030. On réfléchit aux meilleurs moyens de progresser sur le marché et aux activités qui doivent être des priorités. Pour le moment, nous ne sommes qu’au début de l’activité real estate. Nous allons continuer à travailler dans ce sens et poursuivre notre travail dans la continuité de ce qui a été commencé. N’est-ce pas étrange de voir une société spécialisée dans l’automobile vouloir développer des activités dans l’immobilier ? Pour nous, c’est un équilibrage. Nous étions à 100 % axés sur l’automobile, mais nous devons nous intéresser à d’autres piliers, d’autres activités, pour assurer la pérennité du groupe en cas de crise. Nous aurons toujours un pied dans l’automobile, même en développant Losch Real Estate pour nos projets immobiliers, mais aussi pour des projets privés. D’ailleurs, on a encore des projets de nouveaux garages, on vient d’en ouvrir pour les marques Cupra, Seat et Skoda à Roost. Et en juillet, nous ouvrirons un nouveau centre Porsche et Lamborghini, à Roost également.


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Assurance

Être au plus près des assurés, répondre à leurs attentes et leur offrir une vision claire et transparente de leurs contrats font partie des défis du secteur de l’assurance. Les solutions digitales permettant de tout gérer à portée de main et à tout moment apparaissent comme une option avantageuse. 36

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Photos

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Gérer ses contrats en un seul clic


LES BESOINS EXPRIMÉS PAR LES CLIENTS DE LALUX (DANS UNE ÉTUDE PRÉ-COVID) Disposer d’une aide pour déclarer un sinistre, pouvoir consulter ses contrats d’assurance, profiter d’un support digital à toute heure, accéder à son certificat d’impôt, rester en contact avec son agent ou encore bénéficier de plus de transparence sont autant de besoins exprimés par les particuliers quant à leurs attentes en termes de services digitaux. Répondre aux attentes des assurés Dans le domaine de l’assurance, la digitalisation est un outil indispensable pour répondre aux besoins d’une partie des particuliers et simplifier la vie de ces derniers. « Certaines personnes, comme les expatriés, ont un besoin plus poussé de digitalisation. Ils ont d’autres schémas comportementaux et ont davantage l’habitude de se connecter à un espace client que d’appeler leur agent », explique Ralph Zeimet, Chargé de Marketing Digital. Si les besoins des clients évoluent pour certains vers plus d’autonomie, l’aspect humain conserve toute son importance. « Les résultats de différentes enquêtes clients nous confirment que l’agent continue à occuper une position centrale et son service offre une plus-value. Le fait de proposer un service digital tout en maintenant le lien avec un agent permet de concilier les besoins des différentes

« Proposer un service digital tout en maintenant le lien avec un agent permet de concilier les besoins des différentes populations. » Christian Strasser CEO de LALUX

52 %

Suivre l’avancement des sinistres

48 %

Possibilité de contact (compagnie/agent)

46 %

Modification des données personnelles

populations », déclare Christian Strasser, CEO de LALUX. Fournir un service de qualité La compagnie d’assurances a elle aussi opté pour une démarche de digitalisation permettant d’améliorer la satisfaction des clients et la qualité des services proposés. Afin de s’adapter à une population toujours plus diversifiée, LALUX a développé récemment easyAPP, une application mobile coexistant avec son réseau d’agents. « Cette application permet de décharger l’agent de certaines tâches plus administratives. Les manipulations de gestion quotidienne peuvent être réalisées par le client. L’agent en est informé mais ne doit plus s’en charger », précise Maud Lamborelle, Chef du Service Communication et Marketing. L’application, qui se veut simple d’utilisation et constitue un point d’accès unique à tous les clients du groupe, a pour but de rapprocher ceux-ci des différents processus. « Le client peut par exemple suivre les différentes étapes liées à ses sinistres et échanger avec son agent ou même le gestionnaire de sinistre ayant traité son dossier. Grâce à easyAPP, le client gagne du temps et connaît à tout moment l’avancement de son sinistre », poursuit Ralph Zeimet. Simplifier l’expérience utilisateur Dès sa première version, l’application propose déjà de nombreuses fonctionnalités, à commencer par la consultation de tous les contrats des trois branches : assurance-vie, non-vie, mais aussi santé. « Nous avons opté pour une logique orientée client, en présentant en premier lieu les risques

assurés, par exemple ses voitures, son habitation ou sa complémentaire santé. Ce sont des éléments qui parlent au client », précise Christian Strasser. Une autre fonctionnalité concerne la demande de documents utiles et pertinents, comme les certificats et attestations. La consultation des certificats d’impôt et la demande de remboursement de frais médicaux peuvent également être réalisées avec easyAPP, tout comme la souscription 100 % digitale d’un produit d’assurance voyage. Conserver le lien avec son agent étant primordial, le client peut contacter ce dernier par e-mail ou téléphone grâce à l’application. Il pourra prochainement utiliser celle-ci pour prendre rendez-vous avec un professionnel. En situation d’urgence, il peut obtenir une aide rapide en un simple clic : « Nous avons actuellement trois différents services d’assistance en situation d’urgence. Nous pouvons par exemple envoyer des corps de métier chez le client qui a souscrit cette garantie pour effectuer un dépannage. Les autres numéros concernent l’assistance auto et les urgences médicales », commente Ralph Zeimet. LALUX pense déjà à l’avenir et devrait proposer d’ici peu aux particuliers de nouvelles fonctionnalités facilitant davantage la vie des clients.

« Certaines personnes, comme les expatriés, ont un besoin plus poussé de digitalisations. »

LES BONNES RAISONS DE CHOISIR UNE SOLUTION DIGITALE TOUT EN UN

Transparence Avoir une vision claire de l’ensemble de ses contrats d’assurance

? Assistance Bénéficier d’une aide 24h/24 en cas d’urgence et de besoin

Proximité Contact garanti avec l’agent qui reste impliqué dans le processus

Accessibilité Accéder à l’ensemble des documents utiles liés aux contrats (certificats d’impôt, certificats d’assurance, attestation de conduite accompagnée ou RC chien, etc.)

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u lalux.l www.

Ralph Zeimet Chargé de Marketing Digital

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Conversation

«Le Covid a été bénéfique pour le secteur bio»

« Nous recherchons des produits de niche », explique Anne Harles.

Anne Harles a repris le magasin Alavita de Junglinster en 2018, et la crise sanitaire n’a pas freiné le développement de l’enseigne, au contraire. Deux nouvelles adresses ont ouvert en mars dernier dans la capitale. Interview IOANNA SCHIMIZZI

38

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Photo ANDRÉS LEJONA


Anne Harles

BIO EXPRESS

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ? J’ai un double cursus en droit privé et en hospitality management, avec une formation que j’ai suivie à Glion, une école hôtelière internationale basée en Suisse. Une première expérience professionnelle à New York, au sein de la boulangerie Maison Kayser, m’a appris à travailler dans les opérations et le management. Le droit me sert énormément, mais j’ai toujours été intéressée par le commerce alimentaire, avoir d’un côté le comptoir, le contact avec les clients, mais aussi avec les salariés et les fournisseurs. Aviez-vous également la volonté d’être à la tête de votre entreprise ? Oui, c’est quelque chose qui m’attirait beaucoup, pour le côté énergique et indépendant. Ce que j’aime, c’est le 360 degrés, mettre la main à la pâte et gérer en même temps... en un mot : être dans l’action.

Source

Plan d’action national de promotion de l’agriculture biologique PAN-Bio 2025, ministère de l’Agriculture

Pourquoi avoir repris le magasin Alavita de Junglinster en 2018 ? Je cherchais un projet à développer moi-même, et j’ai appris qu’Alavita cherchait un repreneur. Je connaissais déjà le magasin et j’ai décidé de reprendre cet établissement qui était déjà bien installé à Junglinster, avec une belle clientèle. Nous avons décidé de redynamiser le lieu en le modernisant et en ajoutant de nouveaux fournisseurs pour attirer de nouveaux clients. Nous avons rénové tout le magasin, et c’est à ce moment-là que Julien Bretnacher m’a rejointe dans l’aventure et il est depuis devenu mon

LA SURFACE AGRICOLE BIO AU LUXEMBOURG En pourcentage 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 PROJECTION 2025 0

5

10

15

20

Double cursus Anne Harles, 31 ans et maman de deux jeunes enfants, possède une double formation juridique et d’« hospitality management ». Après plusieurs expériences de restaurant manager au sein d’établissements comme l’hôtel Le Place d’Armes à Luxembourg, elle a pris les rênes du magasin Alavita Junglinster en 2018. Nouveau concept Depuis, elle dirige, avec son associé Julien Bretnacher, quatre boutiques dont trois magasins biologiques et naturels, et leur dernier projet consiste en un restaurant, Alavita Kitchen, implanté à Bonnevoie, qui vend actuellement des plats à emporter et à consommer sur place, réalisés avec les produits des autres boutiques de l’enseigne, mais qui tend à évoluer.

associé. C’est un projet qui est plus facile à mener à deux. Seul, c’est beaucoup plus compliqué, et je suis définitivement une team player. Nous sommes très complémentaires. Nous nous occupons ensemble de toute la partie opérationnelle et, ensuite, chacun a ses domaines de spécialisation : Julien, la qualité des fruits et légumes, qui est primordiale pour nous ; et moi, la gestion administrative. Vous avez ensuite repris en 2019 le magasin Mullebutz dans le quartier de Bonnevoie à Luxembourg-ville... C’était également un magasin très engagé dans le bio, avec de très bons fournisseurs. Nous avons en premier lieu tout digitalisé, ce qui était une expérience assez difficile. Il fallait aussi transmettre notre vision du commerce de proximité aux clients existants, mais, comme nous étions motivés, tout s’est très bien passé.

Oui, ce projet a été mené en parallèle. Le local au Limpertsberg était auparavant un cabinet d’architecture et j’ai su grâce au bouche-àoreille que le lieu allait être libre. Ce quartier m’intéressait beaucoup car il est très résidentiel et il y a très peu de magasins dans les alentours. Alors que la population de la ville de Luxembourg grandit à une allure impressionnante, je trouve que c’est important d’agrandir l’offre en termes de commerces de proximité et encore plus avec des produits biologiques et naturels. D’autres reprises sont-elles déjà prévues ? Pour l’instant non, nous voulons nous concentrer sur le développement de nos trois magasins et d’Alavita Kitchen, consolider notre effectif, qui est actuellement de 35 personnes, et stabiliser l’ensemble. Je reste bien entendu toujours ouverte aux opportunités ; si un magasin a besoin d’un repreneur, j’irai toujours voir ce qu’il en est. Je reste convaincue qu’il faut croire dans ce qu’on fait plutôt que de surfer sur les modes. L’une de mes convictions, c’est qu’on arrive à attirer des gens en dehors du centre-ville pur. Nous sommes installés dans des quartiers conviviaux et résidentiels avec en plus de bons accès pour les livraisons. Mon rêve absolu serait d’avoir plus tard une ferme pour y faire à la fois de la production propre et vendre des produits. Ce serait un super projet… Souhaitez-vous développer la commande en ligne dans les années à venir ? Je pense que la vente de produits alimentaires en ligne est de plus en plus demandée par les clients et nous avons régulièrement des demandes. Nous proposons aujourd’hui déjà à nos clients de nous envoyer en ligne leur liste de courses que nous leur livrons. Le vrai e-shop est, en revanche, un nouveau défi qui demanderait une toute nouvelle logistique et gestion…

Vous avez également ouvert en mars dernier Alavita Kitchen à Bonnevoie à quelques mètres de votre magasin. Pourquoi vous êtes-vous tournée vers En effet, lorsque nous avons repris Mullebutz, le secteur du biologique et du naturel ? il y avait dans la vente un espace de stockage Avant tout, je dirais que l’alimentation saine qui se trouvait quelques bâtiments plus loin, et naturelle aide à avoir une vie comblée et et c’est ce lieu que nous avons transformé en saine. J’ai toujours aimé manger des produits Alavita Kitchen en mars dernier. Aujourd’hui, frais, faire de la cuisine simple avec des goûts c’est un lieu pour proposer des plats à empor- authentiques. Ensuite, à travers Alavita et certainement ter et à consommer sur place. Nous aimerions le faire évoluer vers un traiteur frais, et vendre la naissance de mes enfants, je conçois les vrais également ces productions dans nos autres avantages d’une alimentation biologique, les magasins. conséquences sur la santé et l’environnement. Cela nous semblait vraiment logique de D’autres termes, par exemple le fair-trade, boucler la boucle, comme nous avons tous devraient d’ailleurs aller de pair avec le secteur les deux avec Julien une belle expérience dans biologique. la restauration. Quand nous voyons le ­résultat, Comment se porte Alavita depuis nous sommes très heureux. le début de la crise du Covid-19 ? Au début de la crise, c’était physiquement Vous avez ouvert au même moment un nouveau magasin au Limpertsberg. assez dur, nous n’avons pas arrêté, mais notre JUIN 2021

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Conversation Anne Harles

LE GOUVERNEMENT VEUT ACCÉLÉRER SUR LE BIO

clientèle a toujours été très respectueuse, nous n’avons pas eu les mêmes soucis que les grandes surfaces. Nous remarquons néanmoins les répercussions avec les fournisseurs qui ont des délais plus longs de transport ou qui ne peuvent plus suivre la demande en termes de production. Il est vrai que, depuis la crise, les gens aiment beaucoup venir acheter leurs produits dans de plus petites surfaces et je pense que le bio et le local deviennent de vrais standards de qualité pour de plus en plus de consommateurs. L’envie de consommer sain et durable conduit à faire davantage attention à l’origine des produits, à se détourner des produits transformés et/ou chimiques. En plus, les gens ont beaucoup plus cuisiné chez eux, donc ils étaient vraiment conscients de ce qu’ils voulaient manger. Au final, la crise a été bénéfique pour nous, et pour tout le secteur bio.

Un objectif ambitieux Dans son Plan d’action national de promotion de l’agriculture biologique PAN-Bio 2025 entré en vigueur en mars 2020, le gouvernement a pour objectif d’atteindre 20 % des surfaces agricoles du Luxembourg exploitées en agriculture biologique à l’horizon 2025, contre 5,18 % en 2020. Un objectif ambitieux, mais qui répondrait à une forte demande des habitants, puisque la population a dépensé 265 euros par personne en produits biologiques en 2019 (voir graphique). Déjà 12 reconversions Au 1er janvier dernier, les surfaces bio totalisent 6.324 ha, dont douze exploitations agricoles qui ont entamé leur conversion vers l’agriculture biologique en 2020. L’enveloppe budgétaire augmentera progressivement de 4,38 millions d’euros aujourd’hui à 11,4 millions d’euros pour l’année 2025 afin d’atteindre l’objectif des 20 %.

Votre fréquentation est donc en hausse depuis le début de la crise sanitaire ? Notre chiffre d’affaires a effectivement augmenté d’environ 20 %, ce qui correspond également à la hausse de tout le secteur bio depuis un an. Ce qui est très positif, c’est qu’on observe une vraie fidélisation de nos clients et j’ai eu beaucoup de feedback positif, parce que nous avons pris le risque de développer Alavita Kitchen et Alavita Limpertsberg malgré la crise. Les ouvertures ont été perçues comme un signe d’espoir après une année plutôt négative pour beaucoup de gens.

formées. Nous choisissons les produits avec les meilleurs labels comme Demeter, ou des marques qui ne veulent être que dans des magasins spécialisés dans la vente de produits biologiques, locaux et naturels et pas en grandes surfaces. Nous recherchons les produits de niche et essayons d’inspirer les gens dans leurs achats, en mettant en avant des recettes, notamment.

Comment vous démarquez-vous de la concurrence ? Je crois que nous avons trouvé notre créneau de fruits et légumes très frais, les clients sont très en demande de cela. Nous essayons aussi de nous démarquer par un service client très accueillant et des équipes multiculturelles et

Où se situent vos fournisseurs ? Nous privilégions évidemment les circuits les plus courts possibles, en trouvant des producteurs et fournisseurs limitrophes du Luxembourg, mais il faut bien admettre que notre région n’offre pas toute la variété des produits désirés par les clients. Par exemple, tout le

EUROPE: LES PAYS AVEC LA PLUS GRANDE CONSOMMATION BIO PAR HABITANT En euros pour l’année 2019 Source

400

300

Enquête FIBL 2021

Danemark 344

Suisse 338 Luxembourg 265 Autriche 216

France 174

200

Allemagne 144 Norvège 83

100

0

40

Suède 215

JUIN 2021

Pays-Bas 71

Belgique 68

pain que nous vendons est fait au Luxembourg, sauf un qui vient de Trèves. Globalement, la Grande Région représente déjà 30% de nos fournisseurs, mais cela dépend des produits. Vous avez un contact direct avec les producteurs ? Oui, et c’est quelque chose d’extrêmement gratifiant. Nous connaissons quasiment tous nos fournisseurs. Certains viennent nous voir, et nous essayons, quand cela est possible, de les rencontrer sur leurs terres ou dans leurs entreprises. Nous avons une cinquantaine de fournisseurs, que nous avons sélectionnés ou qui nous ont contactés directement souvent grâce au digital et aux réseaux sociaux. Il arrive aussi que certains de nos clients ou salariés nous parlent de produits, nous les fassent goûter, et nous contactons ensuite les fournisseurs. Le gouvernement luxembourgeois affiche un objectif d’atteindre 20 % de surfaces agricoles nationales exploitées en agriculture biologique à l’horizon 2025, cela vous semble-t-il réalisable ? En tout cas, c’est un objectif très positif parce qu’il n’y a pas assez de produits biologiques cultivés dans notre pays. Aujourd’hui, nous sommes à environ 5 % seulement, mais un certain nombre d’entreprises sont en reconversion, donc ce chiffre tend à augmenter. Comment le gouvernement peut-il convaincre les agriculteurs de se convertir ? En leur démontrant qu’ils peuvent sortir d’un système où leur production est vendue à un prix tellement minime et en les récompensant avec des labels de qualité pour leurs efforts de bien-être animal et de conscience écologique. Il faut aider les agriculteurs dans leur reconversion, car la démarche n’est pas simple. Il y a certes une plus grande part d’aléatoire dans le bio, car vous êtes encore plus dépendant des conditions météorologiques, mais plus il y aura de la demande de la part des consommateurs et plus ce sera rentable pour eux, c’est donc un cercle vertueux au final. Objectivement, on voit à quel point le bio grandit, ils peuvent être les nouveaux précurseurs. Bien entendu, le Luxembourg s’est développé avec l’industrie et la finance, nous n’allons pas redevenir un pays agricole. Mais quitte à vouloir développer l’agriculture, autant le faire dans le bio.


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Claude Waringo, à gauche, et Bernard Michaux, à droite.


Conversation croisée Claude Waringo et Bernard Michaux

« ‘Capitani’ est un très grand pas en avant pour notre cinéma  » Claude Waringo et Bernard Michaux vivent une année 2021 sensationnelle. Le premier a sans doute obtenu le plus gros succès audiovisuel luxembourgeois jamais vu à l’international avec la série Capitani sur Netflix. Le second a, pour sa part, été doublement nommé lors des derniers Oscars avec le documentaire Collective. L’avenir peut-il encore être plus brillant pour ces deux producteurs de la société de production Samsa Film ? Interview JULIEN CARETTE

Photo ANDRÉS LEJONA

C. W. Pas un aboutissement, non. Parce La présence du documentaire Collective que nous n’y sommes pas encore tout à fait. aux Bafta et aux Oscars d’un côté. Nous nous situons même plutôt au début du Le succès assez phénoménal de la série luxembourgeoise Capitani sur Netflix, chemin à mon sens. Mais nous avons avancé. de l’autre. Cela fait beaucoup de visibilité Aujourd’hui, quand on prépare un film, on et de reconnaissance en peu de temps pour peut mettre un paragraphe en évoquant que Samsa Film. Est-ce si facile que ça à digérer ? certains acteurs luxembourgeois font partie CLAUDE WARINGO (C. W.) Oui ! (rire général, ndlr) du projet. Leurs noms signifient quelque chose. Il faut savoir qu’on sortait d’une année 2020 Alors que voici quelques années, si on excepte très compliquée. Et ce à différents niveaux : le regretté Thierry Van Werveke et Désirée sur le plan organisationnel, mais aussi men- Nosbusch, aucun n’était connu… Avec une production comme Capitani, on tal et financier. Donc, quand il y a des bonnes nouvelles, on les prend. Et l’un dans l’autre, a reçu certains retours provenant parfois de milliers de kilomètres d’ici. De gens qui ne cela nous place à l’équilibre. BERNARD MICHAUX (B. M.) En mars, nous avions savaient pas que la langue luxembourgeoise aussi un film présent au prestigieux festival de Berlin, Mission Ulja Funk. Pour le moment, nous vivons vraiment une année sans faute. C’est ­parfait pour fêter les 35 ans de Samsa Film ! CLAUDE WARINGO C. W. Certains feraient tout un plat des À la naissance jolis succès que nous avons obtenus mais ce de la Kulturfabrik et Samsa Né le 5 juin 1963 à Esch-sur-Alzette, n’est pas notre cas. J’essaie plutôt d’analyser il a fait partie de ceux qui sont froidement les choses. Capitani est, il me à la base de la création de la semble, un très grand pas en avant pour l’audio­ Kulturfabrik. Il a étudié à l’Insas, dans l’optique de devenir visuel ou plutôt le cinéma luxembourgeois. réalisateur. Mais, après avoir Car cette série est dans le fond un long film cofondé Samsa Film en 1986, de cinq ou six heures. il s’est retrouvé dans la gérance de la société. C’est alors qu’il Quand nous avons créé Samsa Film en 1986, a bifurqué vers la production. devenant la première société de production Derrière « Superjhemp retörns » professionnelle au Luxembourg, c’était pour Parmi ses succès, on retrouve, réaliser des films luxembourgeois. Et là, on y en 2018, Superjhemp retörns, est. Capitani est tourné au Luxembourg, en n°1 au box-office luxembourgeois avec 62.000 entrées. Il est aussi luxembourgeois, avec un réalisateur et des acteurs à l’origine de la création de l’Union de chez nous. Et c’est une réussite. Évidemment, luxembourgeoise de la production pour en arriver là, nous avons effectué un très audiovisuelle (Ulpa), membre de la European Film Academy grand détour. Ce dernier était nécessaire afin et fondateur, avec toutes de réussir à mettre en place beaucoup de choses. les associations professionnelles, Afin de récupérer ailleurs le « know-how » dont de la Filmakademie. Tout en étant administrateur d’Artémis nous avions besoin pour progresser.

En parlant de long chemin, les Oscars ont également marqué la fin d’une grande aventure pour Collective… B. M. On savait depuis fin 2019 qu’on avait les bons partenaires aux États-Unis (les distributeurs Magnolia Pictures et Participant, ndlr) pour tenter de rentrer dans ces nominations. D’autant que l’accueil américain en novembre 2019 avait été bon. On a ensuite reçu le Prix du meilleur documentaire européen puis des nominations, aux Bafta notamment, et des prix à gauche et à droite. Sans oublier que ­Collective a fait partie de la liste dressée par Barack Obama des 14 films de 2020 à voir. Avoir un film qui est vu et salué, c’est formidable. Et puis, il y a eu cette double mise en avant aux Oscars, dans les catégories Meilleur documentaire et Meilleur film étranger. Une sorte de couronnement.

L’aboutissement d’un long chemin, si l’on vous comprend bien ?

Vous n’êtes pas déçus d’être repartis de Hollywood les mains vides ?

Productions à Bruxelles et des studios Filmland et actionnaire de la société de production Liaison Cinématographique à Paris.

existe, qui ne savaient pas qu’on a des forêts chez nous ou que notre pays possède des comédiens. Pour certains, le Luxembourg n’est donc plus seulement cette longue avenue qui n’est composée que de banques. Soit l’image que se font 99,9 % des gens qui connaissent notre pays mais sont extérieurs à celui-ci… On se trouve désormais au début d’un très long processus que nous attendions depuis longtemps. Et que d’autres petits pays ont déjà effectué avant nous. Je pense, par exemple, à l’Islande. Une nation avec deux fois moins de population que nous mais qui produit une dizaine de films par an. Qui aujourd’hui n’a jamais vu un film noir scandinave? C’est même devenu un genre en soi. Ce qui me fait penser qu’une revue allemande dédiée aux séries a évoqué le « noir luxembourgeois » en parlant de Capitani, se demandant même si ce n’était pas qu’un début…

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Conversation croisée Claude Waringo et Bernard Michaux

« J’ai en tête de réaliser une série politique. » Non. Parce qu’on n’a pas eu le senB. M. timent d’avoir perdu. On a reçu beaucoup de félicitations de la part de personnalités de ­l’industrie, de la presse internationale. Et puis, j’ai l’impression que le documentaire dont les gens se souviendront en repensant à cette ­édition 2021, c’est le nôtre. Et pas celui qui l’a emporté (La Sagesse de la Pieuvre, ndlr). Quand vous voyez que certains tweetos ont mis en place le hashtag #stoptheoctopus (octopus signifie « pieuvre » en anglais, ndlr) pour tenter de faire changer les votes… C. W. Je suis d’accord avec beaucoup de choses dont Bernard vient de parler mais je n’aime pas ce côté « couronnement » qu’ont les Oscars. Nous sommes d’accord que ce sont les récompenses du monde du cinéma les plus scrutées sur la planète. C’est un fait. Mais je n’ai jamais compris pourquoi le regard et le jugement de 10.000 votants aux ÉtatsUnis devraient supplanter tout le reste. Et cette année, quand je vois cette catégorie du « meilleur documentaire », cela me conforte dans mon opinion... B. M. Sur les 10.000 membres de l’académie des Oscars, seuls 60 % sont aujourd’hui américains… Après, sur un plan personnel, je n’ai jamais rêvé des Oscars mais ceux-ci restent la récompense la plus importante aux yeux du monde, comme Claude vient de le rappeler. Le souci principal reste que les membres de cette académie votent pour les films qu’ils ont vus. Or, il n’y a pas d’obligation de les avoir tous regardés pour voter… L’exposition sur les plateformes était donc primordiale en cette année 2021. Et on constate que le documentaire qui l’a emporté était certainement le mieux placé à ce niveau-là, en étant diffusé sur Netflix… B. M. Exactement. C’était clairement leur stratégie. Et, au passage, je note aussi qu’ils avaient débauché notre agence de communication américaine en janvier dernier. Sans doute parce que c’était la meilleure… Les réussites de Capitani ou Collective n’ont pas fait de Samsa Film les nouveaux rois du pétrole. Financièrement, cela rapporte quoi ? C. W. Il faut que cela soit écrit une bonne fois noir sur blanc pour que tout le monde le sache : une très grande partie de ce qui rentre pour Capitani, pour Collective (qui a été ­particulièrement bien vendu) ou pour n’importe quel autre film, retourne directement au Film 44

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Une question qu’on assimile souvent à la suivante : veut-on ou non une culture (cinématographique) luxembourgeoise ? B. M. Il y a cet argument culturel, oui. Mais aussi tout un volet économique qui justifie sa présence. Il ne faut pas oublier que l’avance reçue pour un film doit être consommée au Luxembourg. Et on dépense toujours 100 % Fund Luxembourg ! Puisque l’argent que nous de celle-ci dans l’économie luxembourgeoise. recevons de celui-ci en vue du financement de Si je reviens, par exemple, au film Mission nos productions, ce sont des avances sur recettes. Ulja Funk qui a été tourné l’an passé, on avait Tous les retours que nous pouvons percevoir reçu 1,1 million du fonds et on a dépensé servent donc à rembourser cette somme. De 1,8 million dans notre économie locale. Il y a l’argent qui sera, ensuite, réinvesti par le fonds donc eu des retombées. dans d’autres projets audiovisuels. C. W. L’Ulpa, l’Union luxembourgeoise de La situation luxembourgeoise dans le la production audiovisuelle, a d’ailleurs une domaine de la production cinématographique étude de 90 pages sous le coude qui montre est totalement unique. Dans le sens où il n’existe qu’un euro dépensé dans une production luxemchez nous qu’un seul guichet où on peut se bourgeoise engendre entre deux et trois euros financer : le Film Fund. C’est évidemment dû de rentrées financières pour le pays ! On ne l’a à la taille de notre pays, au fait qu’il ne pos- pas encore publiée parce que nous attendons sède pas plusieurs grands groupes télévisuels un moment plus favorable pour le faire mais qui investissent dans ce domaine... les faits sont là. Et d’autres études à l’étranger témoignent du même phénomène. J’en ai lu Et si votre film génère plus de recettes en Europe, au Canada… Tout cela est hors que l’apport du Film Fund ? période Covid-19, évidemment. C. W. Ça, ce serait le jackpot absolu ! Les rentrées supplémentaires, alors, nous appar- Puisque vous ne faites pas de bénéfices tiendraient. Mais c’est une chose que nous n’avons sur vos films, comment vivez-vous alors ? jamais vécue. Et ça même si trois de nos films B. M. Comme un peu partout en Europe, ont déjà dépassé le million de spectateurs (Comme les producteurs font une petite marge sur la t’y belle! de Lisa Azuelos, Une liaison pornogra- production. Une partie du budget est réserphique de Frédéric Fonteyne et Twin ­Sisters de vée aux salaires. Ben Sombogaart). Et, à ma connaissance, c’est Une partie de la dotation reçue même inédit au Luxembourg. D’où la question soulevée par certains de du Film Fund pour chaque projet qui se l’intérêt d’avoir un cinéma luxembourgeois concrétise sert donc à verser les salaires des sociétés de production ? ou plus largement européen... C. W. Oui. Une part qu’on peut prendre… si on parvient à clôturer le film dans le budget qui a été fixé. Car, en cas de dépassement, il faut bien aller chercher l’argent quelque part… BERNARD MICHAUX Mais, en règle générale, quand on réalise un Producteur, pas réalisateur film, on peut donc payer les salaires de la dizaine Né le 24 novembre 1983 à Luxembourg, d’employés qui ont un poste fixe chez Samsa Bernard Michaux se passionne Film, des 70 à 80 personnes qui travaillent sur à l’adolescence pour le grand écran dans la foulée de ses parents cinéphiles. nos productions, nos frais généraux… En revanche, Mais il ne veut pas embrasser la carrière s’il n’y a pas ou peu de films comme cela a été de réalisateur. Plutôt celle de le cas en 2020, je vous laisse imaginer… C’est producteur qui est, à ses yeux, le bon mix entre cinéma et économie. C’est comme un hamster sur sa roue, il faut tourner ! ainsi qu’il rejoint l’université du cinéma Mais vous comprenez qu’on ne devient pas de Munich, avant que celle-ci ne l’aide riche en produisant des films au Luxembourg à trouver les clients potentiels qui lui permettent de monter en 2007 (ils sourient tous les deux, ndlr). sa société de production, baptisée Lucil Film. Une aventure qui durera huit ans avant que Lucil ne fusionne avec Samsa Film. Et que Bernard Michaux ne rejoigne Claude Waringo et Jani Thiltges à la tête de la société. Producteur… de cafés Outre ses activités cinématographiques, Bernard Michaux gère aussi deux cafés à Bonnevoie : le Bouneweger Stuff, qui était le décor de la sitcom Comeback passée sur RTL (qu’il a produite), et la buvette aux Rotondes.

La réussite de ce début d’année, vous la voyez comme un aboutissement ? C. W. L’année n’est pas finie. Il nous reste encore trois grands festivals : Cannes, Venise et Toronto. Donc 2021 pourrait s’avérer encore meilleure. B. M. Tout prix est une motivation supplémentaire. Comme le fait d’avoir été vu partout dans le monde avec Capitani. Et pas que pour nous. Pour les acteurs, les techniciens…



Conversation croisée Claude Waringo et Bernard Michaux

La dynamique actuelle est assez unique de par la concentration d’événements majeurs. Si on ajoute l’Ours d’or à Berlin de Bad Luck Banging or Loony Porn, film coproduit par la société luxembourgeoise Paul Thiltges ­Distributions, le César de Deux (Tarantula Luxembourg) ainsi que les nominations et la présence sur Apple de Wolfwalkers... Comment envisagez-vous de profiter de cette dynamique? C. W. Une des conséquences évidentes de cette évolution de notre cinéma est de voir une part plus importante des ressources du Film Fund destinée aux films luxembourgeois, c’est-à-dire ceux qui ont une production majoritairement luxembourgeoise. Au détriment des productions minoritaires. À côté de ça, il faut espérer que ces jolis ­succès vont également aider à voir disparaître l’agressivité que l’on a pu ressentir récemment envers ce même cinéma luxembourgeois, qu’ils vont permettre de revenir à une situation plus saine. Rendre une certaine fierté aussi. Parce qu’à un moment, on a senti qu’il devenait limite « sexy » de taper sur le cinéma luxembourgeois et de dire qu’il recevait trop d’argent… B. M. Après Capitani, on peut espérer que nos acteurs deviennent également un peu plus bankable à l’international. Et que nos films obtiennent désormais les mêmes chances d’être vus que, par exemple, les films suédois. Toutes les nouvelles plateformes de streaming peuvent aider à ça. On prend de plus en plus l’habitude de voir les productions en version originale sous-titrée… Là, vous parlez de la situation luxem­ bourgeoise au sens large. Mais chez Samsa Film plus en particulier, que vont changer ces réussites-là ? C. W. Nous produisons des films, pas des chaussures. On ne peut donc pas ressortir quasiment le même « produit » en changeant juste un petit quelque chose pour surfer sur la vague de ce qui a fonctionné. Chaque film est un prototype. Et, pour chaque production, tu recommences toujours à zéro, sans savoir si le public va aimer. Vous savez, nous avons produit beaucoup de très bons films qui n’ont

Et elle parlerait de quoi cette série ? Je ne veux pas trop en dire… Disons que j’ai envie depuis toujours de mettre sur pied un film politique, un thème que j’adore. Nous avons donc en tête de réaliser une série politique. Et l’idée serait de montrer un jeune sortant de l’université qui se ferait embrigader dans un parti politique. On le suivrait En tout, elle a intégré le top 10 ainsi pendant une dizaine d’années... journalier des séries les plus Tout le monde n’est pas capable d’écrire, streamées dans 49 pays, s’élevant de réaliser, une série. C’est très lourd comme jusqu’à la première place dans cinq d’entre eux (Espagne, Argentine, processus. Si vous prenez la saison 2 de ­Capitani Grèce, Uruguay et… Luxembourg). qui se tourne actuellement, c’est 60 jours de En Allemagne, en Belgique et en tournage pour six heures de programme à France, si elle n’a pas atteint la tête de ce hit-parade, elle est montée… produire. C’est comme si vous tourniez un jusqu’à la deuxième marche. long-métrage en trois semaines. C’est une Sans surprise, c’est au Luxembourg cadence très compliquée. qu’elle a le mieux marché : 17 jours n°1 B. M. Et puis, en termes de budget, on est et un total de 64 jours dans le top 10. loin de certaines grosses productions (la s­ aison 2 de Capitani est évaluée à quatre millions d’euros, ndlr). Je voyais ainsi que la série tirée du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien pas été assez vus… Et, à l’étranger, il y a tou- produite pour Amazon était évaluée à 50 miljours une série de points négatifs au-dessus lions de dollars par épisode… desquels nos films doivent passer pour convaincre les distributeurs de les proposer ou le public Après Capitani et Collective, vous n’avez de les voir : la langue luxembourgeoise, le fait pas peur que vos prochaines sorties soient que nos acteurs restent souvent méconnus, un peu plus scrutées qu’à l’habitude ? que ce sont des films à petit budget… C’est C. W. Il y a un risque que cela arrive mais pareil partout. On a constaté chez nous ces cela ne nous fait pas trop peur. dernières années que les Luxembourgeois B.M. Parce que ce sont des productions aimaient bien les films dans leur langue mater- haut de gamme à l’échelle européenne. Il y a nelle ; à côté de ça, ils ne vont pas voir de pro- Les Intranquilles du cinéaste belge Joachim ductions, par exemple, en islandais, en roumain… Lafosse avec Leïla Bekhti et Where is Anne Frank? le nouveau film d’animation d’Ari Même si la qualité est au rendez-vous. ­Folman, le réalisateur nommé aux Oscars et Mais vous n’avez pas envie de retenter vainqueur d’un Golden Globe avec Valse avec le coup avec une autre série, par exemple ? Bashir. Des films attendus donc. C. W. Si, bien sûr. Mais, à ce niveau-là, on bute sur un autre problème typiquement Et la suite ? luxembourgeois: le manque de talents. Pas B. M. Nous avons deux films avec Vicky en termes de qualité mais bien de quantité. Krieps, notamment, Corsage de Marie Kreutzer Sinon, je sais déjà de quel sujet traiterait notre et More than Ever d’Emily Atef. J’avais proprochaine série, et même à peu près l’histoire. duit avec mon ancienne société, Lucil Film, Je souhaiterais la mettre en place avec Thierry le premier court-métrage dans lequel Vicky Faber (le showrunner de Capitani, ndlr). Mais est apparue, en 2006. Et la voir aujourd’hui ce dernier est pris sur Capitani 2 jusqu’en chez nous (mais aussi dans deux autres coprofévrier 2022… On verra donc après. Pour le ductions luxembourgeoises) alors qu’elle a le reste, aucun autre auteur ne m’a proposé une choix de pouvoir jouer dans tous les meilleurs idée viable. films européens, c’est une belle histoire. Sinon, on pourrait aussi la voir cet été au festival de Cannes. Deux films dans lesquels elle a tournés, Bergman Island de Mia HansenLøve (avec Mia Wasikowska et Tim Roth notamment, ndlr) et Serre-moi fort de Mathieu Amalric, semblent être dans les petits papiers… TOP 10 DANS 49 PAYS

Si Collective, du réalisateur roumain Alexander Nanau, n’est certainement pas passé loin de l’Oscar du Meilleur documentaire, la série Capitani réalisée par le citoyen de Soleuvre Christophe Wagner a, elle, squatté le classement des séries les plus vues sur Netflix pendant de longues semaines.

«  Un euro dépensé dans une production luxembourgeoise engendre une rentrée de deux à trois euros. » 46

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C. W.


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Conversation

« Le changement climatique est la priorité numéro un de nos clients » Gisèle Dueñas Leiva est convaincue du « mouvement tectonique » vers les investissements durables.

Directrice de BlackRock Luxembourg, Gisèle Dueñas Leiva nous explique la stratégie qui a permis au gestionnaire d’actifs new-yorkais de devenir leader mondial et son implication dans la percée de l’investissement soutenable. Interview JEAN-MICHEL LALIEU

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Photo ANTHONY DEHEZ


Gisèle Dueñas Leiva

BIO EXPRESS

Dès le début de cette année, les actifs sous gestion dans les fonds d’investissement ont atteint de nouveaux records au Luxembourg et en Europe. À quoi attribuez-vous ce succès en pleine crise sanitaire ? Le soutien des banques centrales aide les investisseurs à mener une approche pro-risque que l’on observe depuis quelques mois, avec une volatilité qui existe mais qui reste limitée. Les marchés sont donc très sensibles aux ­différentes actions des banques centrales, mais il faut aussi prendre en compte le « redémarrage ». Les campagnes de vaccination évoluent dans la bonne direction. Le gouvernement américain, notamment, a fait le choix de prendre cette pandémie de front. En plus du plan de relance de Joe Biden, on a vu une organisation très solide se mettre en place concernant la vaccination. Ceci permet la reprise des activités, et cette évolution positive est perçue par les marchés comme une bonne nouvelle. Mais nous ne nous situons pas dans un cycle normal. Le choc Covid s’apparente davantage à une catastrophe naturelle suivie d’un « redémarrage » rapide – plutôt qu’à une récession du cycle économique traditionnel, suivie d’une « reprise ». La croissance finira par revenir à un rythme plus proche de celui d’avant la pandémie. L’Europe accuse un certain retard sur les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon le BlackRock Investment Institute, le niveau de vaccination permettra une réouverture totale durant les mois d’été. Mais ce vent de positivisme soutient les marchés. BlackRock a lui-même franchi une nouvelle barre symbolique au cours du premier trimestre, à plus de 9.000 milliards de dollars d’encours, et gagné près de 30 % en un an après la chute des marchés. C’est une tendance qui devrait se poursuivre ? La taille de BlackRock, premier asset m ­ anager au monde, provoque à la fois un effet de flux et un effet de marché. Actuellement, ces deux effets sont positifs, ce qui donne de bons résultats. Mais nous essayons de ne pas trop compter sur l’évolution des marchés et de rester à la pointe de l’innovation en termes de solutions d’investissement pour nos clients. Nous avons notamment vu des flux impressionnants au niveau de l’investissement ­responsable. Au premier trimestre 2021, nous avons passé le cap des 50 milliards de dollars sous gestion au niveau de nos fonds iShares Sustainable Ucits, qui ont également vu, au cours de cette période, des flux positifs de 10 milliards de dollars, ce qui est trois fois supérieur à ce que nous avions enregistré l’an dernier pour la même période. Au niveau ­global, selon les résultats du premier trimestre 2021, BlackRock gère actuellement 351 ­milliards de dollars

Éducation Belgo-chilienne, Gisèle Dueñas Leiva est née à Bruxelles en octobre 1981. Elle est diplômée de la Louvain School of Management. Parcours Avant de rejoindre BlackRock en 2017, elle a occupé des fonctions auprès de la Bank of New York, Fortis Investments, Banque Degroof et Franklin Templeton Investments. Fonctions actuelles Elle est directrice de BlackRock Luxembourg, en charge de la distribution et de la relation avec les clients, mais est basée à Bruxelles au sein d’une équipe Belux.

de BlackRock. Notre objectif, par rapport à la société, est de pouvoir apporter un bienêtre financier à chacun, grâce à des solutions qui soient à la portée de tous, de manière transparente et pas trop chère. Ces produits sont-ils déjà bien connus des investisseurs lambda ? Les investisseurs privés, intéressés par les marchés financiers, sont bien au courant. Les ETF assurent leur accès aux marchés à peu de frais. Étant cotés, ce sont aussi des produits faciles d’accès. Mais il reste en tout cas de l’éducation à faire, beaucoup de mythes demeurent quant à l’investissement dans des ETF.

Votre CEO, Larry Fink, se déclare d’actifs investis dans des produits intégrant « de plus en plus interpellé par l’environ­ des critères de durabilité. D’autre part, nement et le climat ». De quelle manière BlackRock gère 628 milliards de dollars d’ac- pouvez-vous agir sur ces enjeux en tant tifs qui utilisent des filtres environnementaux, que BlackRock ? sociaux ou de gouvernance. Ce que notre CEO souligne, c’est que le risque lié au climat est un risque d’investissement. BlackRock se positionne comme Il faut avant tout gérer ce risque, mais il faut un spécialiste des fonds ETF, des aussi proposer des opportunités d’investisfonds qui calquent les grands indices. sement. BlackRock peut donc y contribuer Ils englobent environ deux tiers via la création de solutions d’investissement. de vos actifs sous gestion. Nous avons notamment lancé, cette année, Pourquoi avoir misé spécifiquement des stratégies qui sont alignées sur les accords sur ce type de produits ? de Paris pour le climat. Mais, pour contribuer L’histoire de BlackRock remonte à la fin des à cet objectif, il faut pouvoir mesurer et offrir années 1980. À l’époque, notre CEO Larry de la transparence. Nous avons donc besoin Finck et ses sept associés misaient surtout sur de données. On en obtient de plus en plus la gestion du risque et l’obligataire. L’acqui- sur les risques physiques liés au réchauffesition de Merrill Lynch Investment Manage- ment climatique et à l’environnement de ment, en 2006, a accentué l’évolution vers manière générale. Mais, ce que nous demanles marchés d’action et a aussi contribué à dons désormais aux sociétés, ce sont des développer l’activité sur Londres et le conti- reportings consistants qui permettent de nent européen. Enfin, l’acquisition de Bar- comparer des données semblables. Beaucoup clays Global ­I nvestors (BGI), en 2009, a s’y sont engagées et cela nous permet d’anaprovoqué un tournant. C’est BGI qui a apporté lyser les sociétés et de pouvoir déterminer les la diversification dans la gestion indicielle, et gagnants et perdants de cette transition à long c’est elle qui est à la base de notre croissance terme. BlackRock veut donc pouvoir déterdes dernières années. Larry Fink est un CEO miner les risques et les opportunités et les visionnaire. Les investisseurs étaient sortis soutenir via des investissements. de la crise, dépités d’avoir payé pour de la gestion active sans obtenir de surperformance. Pas mal de rapports pointent cependant Or, le rachat de BGI permettait d’offrir des du doigt que, malgré ces bonnes intensolutions à bas coûts, transparentes, et qui tions, vous restez encore largement offraient une simple exposition aux marchés investis dans les énergies fossiles… sans chercher à les surperformer. C’est ce que C’est la réalité. L’économie mondiale actuelle les investisseurs ont adopté au cours des der- est elle-même encore intensive en carbone. Cela nières années, et c’est ce qui a contribué au ne peut pas changer du jour au lendemain, et succès d’aujourd’hui. le portefeuille global de BlackRock sera nécessairement soumis aux décisions de nos clients. À quels types d’investisseurs sont plus Une énorme base de cette clientèle qui investit particulièrement destinés ces ETF ? dans les indices souhaite encore procéder dans Les ETF offrent un moyen simple d’investir, un univers global. Or, dans cet univers on retrouve à travers une solution flexible, transparente, toujours des sociétés basées sur les énergies diversifiée, accessible facilement et avec des fossiles. Si des clients veulent comme indice le frais réduits. L’objectif est, justement, qu’ils MSCI World, dans lequel sont encore logées soient accessibles à tout le monde, aux inves- ce type de sociétés, nous leur en laissons la postisseurs privés comme aux investisseurs insti­ sibilité. En revanche, notre rôle est de les aider tutionnels. Cela fait partie de la raison d’être à appréhender les risques et opportunités afin JUIN 2021

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Conversation Gisèle Dueñas Leiva

LE GÉANT BLACKROCK

de les encourager dans la transition. Nous avons développé un nombre très important d’alternatives, et nous voyons que les flux ­commencent à s’orienter vers celles-ci. Offrir ce choix nous permet donc de soutenir la transition vers la durabilité. Et si quelqu’un va sur notre site à la recherche du MSCI World, un message l’avertit qu’il peut aussi investir dans le MSCI World SRI ou ESG. Il y a ici aussi une mission d’éducation ? Le changement climatique est la priorité numéro un de nos clients. Nous échangeons avec eux par rapport à ce risque climat, nous les aidons à naviguer dans la transition. Ils veulent savoir comment protéger leurs portefeuilles, mais pas uniquement. Nos clients souhaitent également soutenir les acteurs de la transition vers une économie à zéro émission nette. Sur un plan plus pratique, la difficulté par rapport à l’investissement responsable est que chacun a sa propre définition de ce que c’est. Certains veulent exclure, supprimer toutes les activités controversées. D’autres préfèrent miser sur les entreprises qui travaillent à la transition. D’autres voudront miser sur des fonds comme ceux que nous avons récemment lancés par rapport aux accords de Paris et qui privilégient les scores environnementaux alors que d’autres souhaiteront également des entreprises avec de bons scores au niveau des aspects sociaux ou de gouvernance. Il est essentiel d’avoir une harmonisation. L’offre doit-elle être adaptée aussi en fonction des zones géographiques ? Certains sont-ils plus sensibles à ce type d’investissement ? Oui, très clairement les Européens ont une vision très sophistiquée des investissements durables par rapport à d’autres régions du monde. En Europe, justement, on voit pas mal de nouvelles règles qui émergent pour mieux informer les investisseurs sur le caractère durable des produits. Est-ce que vous disposez de meilleurs

Leader mondial Avec un total de 9.008 milliards de dollars d’actifs sous gestion à fin mars 2021, la société new-yorkaise, née en 1988, est le premier gestionnaire d’actifs au monde. Une influence tentaculaire Par sa vaste présence actionnariale, elle possède un droit de vote dans plus de 17.000 assemblées générales. Pression Au cours de l’année 2020, ses repré­sentants ont plus de 5.000 fois voté contre des administrateurs (ou se sont abstenus) au sein de 2.809 sociétés pour non-respect des engagements en matière de durabilité.

outils aujourd’hui qu’il y a trois ans pour créer de nouvelles solutions d’investissement durable ? Oui, certainement. La réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), par exemple, entrée en vigueur en mars de cette année pour sa première phase, permet de classifier tous ces types d’investissement et d’être certain que, quand on distribue un fonds sous le nom de durable, il en ait réellement des caractéristiques. Nous sommes tout à fait en faveur de cette réglementation qui apporte de la transparence pour l’investisseur final et donne de l’information supplémentaire. Nous attendons aussi plus de clarté par rapport à la taxonomie européenne qui a encore un certain chemin à effectuer pour couvrir tous les secteurs. Mais, dans ­l’ensemble, nous envisageons favorablement ces réglementations, elles permettent plus de transparence pour l’investisseur final. Sur 9.000 milliards d’actifs sous gestion, la part que BlackRock investit dans des solutions durables est encore loin d’être majoritaire. On voit donc bien que ce n’est pas encore « la » norme en matière d’investissement. Comment voyez-vous l’évolution dans les prochaines années ? Nous nous attendons à une accélération très forte. Dans sa dernière lettre aux investis­seurs, Larry Fink parlait d’un «  t ectonic shift  ».

« Les Européens ont une vision très sophistiquée des investissements durables. » 50

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Nous observons une très forte prise de conscience quant à la manière dont nous consommons. Les investisseurs commencent à vouloir jouer sur certaines grandes tendances à long terme. Cela se voit lorsqu’on compare les flux de 2020 et ceux de cette année. Cet intérêt est en train de se renforcer. Et puis, il faut savoir écouter les millennials, plus ­sensibles à ce type de produits, et qui vont hériter d’une importante partie des actifs des baby-­boomers au cours des prochaines années. Nous estimons également avoir une responsabilité par rapport aux actifs confiés par nos clients, si l’on considère que le risque climatique est un risque pour l’investisseur. Ce qui veut dire, en clair ? Chez BlackRock, une équipe dédiée à l’enga­ gement actionnarial, BlackRock Investment Stewardship, mène un dialogue avec les ­différentes sociétés dans lesquelles les clients de BlackRock sont investis sur des sujets-clés, en mettant l’accent sur les pratiques de gouvernance, y compris la gestion des facteurs environnementaux et sociaux susceptibles d’avoir des incidences économiques, opérationnelles ou réputationnelles importantes. Ses priorités, basées sur certains des Objectifs de développement durable de l’Onu, sont clairement définies et annoncées en amont aux sociétés. Un accent particulier est notamment mis dans la gestion du risque climatique par les entreprises. Outre le fait d’investir dans des sociétés qui visent la transition, les actionnaires ont désormais un rôle à jouer dans les assemblées générales pour peser en faveur de décisions plus durables. C’est un rôle que vous assumez ? Oui, bien sûr. Une des choses sur lesquelles nous avons beaucoup travaillé est de recommander aux entreprises dont nous sommes actionnaires l’adoption des reportings TCSD (Task Force on Climate-Related Financial Disclosures) et SASB (Sustainability Accounting Standards Board), des normes comptables qui vont inclure la partie climat et aligner les objectifs des entreprises par rapport à cette économie zéro émission. Ce sont des standards qui vont permettre de comparer les différentes entreprises entre elles. Cela nous permet d’apporter plus de transparence aux investisseurs et de prendre nos décisions en étant mieux informés.


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Thierry Wolter regarde les 100 années à venir pour Ceratizit, plutôt que les 100 premières. Le carbure de tungstène reste un produit d'avenir.


Conversation Thierry Wolter

« Nous sommes l’Amazon de la coupe des métaux » Désormais détenu majoritairement par les Autrichiens de Plansee, Ceratizit dit maintenir son ancrage au Luxembourg où l’industriel emploie 1.300 de ses 7.000 salariés. Rencontre avec Thierry Wolter, membre du directoire de l’entreprise basée à Mamer. Interview CATHERINE KURZAWA

Cette année marque le centenaire de la Metallwerk Plansee, à l’origine du groupe Ceratizit. Quel regard portez-vous sur ce siècle d’activité ? Il y a peu de sociétés qui survivent 100 ans, c’est assez rare et on se porte très bien après 100 ans. On n’est pas en fin de vie, on est plutôt au début d’une nouvelle vie chez Ceratizit. Ceratizit a deux histoires qui se croisent: d’un côté, l’autrichienne qui a débuté voici 100 ans. Et de l’autre côté, c’est Nicolas L ­ anners qui a créé Cerametal en 1931 (à Bereldange, ndlr). Les deux entreprises fabriquaient du fil de tungstène pour les lampes à incandescence. Elles ont commencé à collaborer en 1948 mais, en 1962, suite à des limitations d’exportations pour le Benelux, elles ont divorcé à l’amiable. Cerametal était à nouveau 100 % luxembourgeois. En 2002, de nouveaux contacts ont été établis, nous avons conclu que soit on fusionnait à parts égales, soit on restait concurrents. On s’est de nouveau mariés [sourire] et Ceratizit est né. Au début de cette année, une partie des actionnaires luxembourgeois a décidé de vendre ses actions parce qu’il n’y a pas de successeur. Les deux parties se connaissent de longue date et toutes les décisions stratégiques sont prises ensemble depuis maintenant 20 ans. Vous parlez du début d’une nouvelle vie, quelle est-elle ? On est dans un monde qui change énormément, et, dans le monde d’aujourd’hui, la taille est encore plus importante qu’avant. Le fait d’être détenu par Plansee nous donne une assise financière plus forte, encore plus d’opportunités de croître. On est actuellement le n°5 dans notre secteur industriel mais l’objectif est clairement de devenir le n°3. Pour y parvenir, on a besoin de moyens financiers importants, il faut qu’on ait une croissance à l’international, il faut réfléchir à des acquisitions.

Photo ANDRÉS LEJONA

À quelle échéance voulez-vous être dans le top 3 ? L’objectif est à moyen terme entre 5 et 10 ans. Comment se passent les relations avec Plansee Group, actionnaire majoritaire de Ceratizit depuis le 1er mars dernier ? Ça se passe très bien, on se connaît de très longue date. Dans le directoire de Ceratizit, il y avait toujours deux représentants autrichiens et deux représentants luxembourgeois. La composition du directoire ne change pas, c’est juste que l’un des représentants luxembourgeois est désormais délégué par les Autrichiens. Ce qui change, c’est que Plansee détient 50 % de Ceratizit et 3 autres business areas : GTP (Global Tungsten & Powders) qui est une sorte de concurrent de Ceratungsten, Plansee High Performance Materials et Molymet. Puisque c’est la même maison mère, Ceratizit va maintenant absorber GTP. Donc, le fait que C ­ eratizit soit avec d’autres actionnaires apporte des points positifs : au lieu d’être une division à

BIO EXPRESS Naissance Thierry Wolter est né en 1965 à Luxembourg-ville. Études Il obtient en 1989 une licence en science des matériaux à l’école polytechnique de Zurich (ETH). Et, en 1994, un MBA à la Harvard Business School. Carrières Project manager en R&D pour l’industriel français Pechiney en 1989. Il entre chez Cerametal en 1994 où il occupe des postes en ingénierie, en gestion de production et en management aux côtés de Jacques Lanners, 3e génération de cette famille d’industriels luxembourgeois.

part chez Plansee, Ceratizit va englober GTP dès cet été, cela va renforcer Ceratizit. Ainsi, on aura une intégration verticale de A à Z, de la mine de tungstène jusqu’au produit fini. L’annonce en février dernier de ce rachat s’ajoute à une liste de fleurons industriels luxembourgeois partis entre les mains d’actionnaires étrangers, comme c’est le cas pour Paul Wurth. Comprenez-vous que cela puisse interpeller certains observateurs et que leur répondez-vous ? D’abord, Luxembourg vit d’investisseurs étrangers depuis des générations. Avoir des réactions nationalistes en ce moment, je trouve que c’est étonnant. Ensuite, il faut voir que le centre de décision reste au Luxembourg à Mamer, que GTP va être intégré dans Ceratizit et que les actionnaires luxembourgeois ont négocié des garanties pour les sites luxembourgeois. Sur quelle durée portent ces garanties ? 3 ans. De toute façon, les choses changent tellement. Il y a un an, on aurait pu renvoyer la moitié du personnel, il n’y avait pas de boulot. Maintenant, il y en a trop. Il faut dire qu’il n’y a aucun site dans le groupe où on a une garantie quelconque, il n’y a qu’au Luxembourg qu’on a cela, parce que les actionnaires l’ont négocié. L’un des problèmes, je crois, est que notre annonce est survenue juste après celle concernant Paul Wurth, cela a fait des vagues. On dira que le timing était malheureux. Les syndicats ont toutefois exprimé des craintes. Y a-t-il lieu de s’inquiéter de cela au Luxembourg, notamment en ce qui concerne l’emploi ? C’est normal que les syndicats aient des craintes, c’est leur métier. Mais notre métier, c’est de les rassurer. Il y a des garanties pour l’emploi au Luxembourg. Et puis maintenant, on est JUIN 2021

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Conversation Thierry Wolter

AUX RACINES DE CERATIZIT

en train d’embaucher, on est en train de récupérer une série de choses de l’étranger car on a énormément de commandes après la crise de l’an dernier. Quels sont les atouts du Luxembourg pour une multinationale comme Ceratizit Group ? L’internationalité, le bon niveau de qualification du personnel, et le recrutement est plus simple que dans d’autres sites. On a des coûts totaux qui sont intéressants dans l­ ’Europe de l’Ouest. Les coûts sociaux sont moindres qu’en Allemagne, en Autriche, en Italie ou en France. Il est plus simple de travailler avec nos clients à partir du Luxembourg que par exemple si on est situé en Inde ou en Bulgarie. Mais votre actionnaire est attaché à son berceau, l’Autriche. Quel est donc l’avantage du Luxembourg par rapport à l’Autriche ? L’internationalité : Luxembourg, c’est le monde. En Autriche, c’est différent. Mais, à la fin, ce n’est pas l’un contre l’autre mais l’un et l’autre. Ce qu’on produit ici, on ne le produit pas en Autriche. On a mis en place une stratégie de production où on spécialise les sites de production. Pendant la crise en 2020, on a essayé de refocaliser les sites : à chaque site, son produit. Et, à ce moment-là, on a tenu compte des compétences, des coûts, de l’historique, de la proximité des clients. Une grande partie des produits du Luxembourg sont faits sur commande tandis que ceux que vous trouvez en catalogue sont pour des stocks. Notre catalogue comporte 65.000 articles. Si la commande est passée avant 19h en semaine, nous garantissons une livraison le lendemain à travers toute l’Europe, nous sommes l’Amazon de la coupe des métaux. Comment Ceratizit au Luxembourg peut-il être compétitif face à la filiale du groupe CB-Ceratizit,

« Ce qu’on produit ici, on ne le produit pas en Autriche. » 54

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1921 Paul Schwarzkopf fonde la Metallwerk Plansee à Reutte, dans le Tyrol autrichien. L’entreprise fabrique des filaments de tungstène pour les ampoules. 1929 Metallwerk Plansee parvient à fabriquer en série du carbure de tungstène avec un liant à base de cobalt et du carbure de titane dans l’alliage. 1931 Nicolas Lanners fonde Cerametal, un fabricant de filaments en tungstène pour lampes à incandescence, situé à Bereldange. 1948 Plansee et Cerametal coopèrent pour des produits en carbure innovants jusqu’en 1962. 1979 Cerametal s’étend à l’international avec un site de production aux États-Unis. La Chine suivra en 1998. 2002 Fusion à 50-50 des entreprises Cerametal et Plansee Tizit qui deviennent Ceratizit. 2007 Nouveaux bâtiments administratifs à Mamer. 2010 Ceratizit crée une joint-venture avec l’entreprise taïwanaise CB Carbide, suivie en 2012 d’une alliance avec le groupe allemand Günther Wirth puis une série de rachats aux États-Unis, en Italie, en Allemagne et en Inde. 2021 Plansee Group annonce devenir actionnaire majoritaire de Ceratizit.

Le Luxembourg représente grosso modo 20 % du chiffre d’affaires, 20 % des employés, ainsi que le centre de décision (headquarters) à Mamer, et ça ne va pas changer. Il y a aussi la fabrication de notre matière première qui est ici, le carbure de tungstène. Avant le changement d’actionnariat, il a été décidé de faire du Luxembourg le centre de la division matériaux anti-usure (hard material solutions, ndlr), tout en gardant une position importante dans les outils de coupe. Qui sont vos clients ? C’est ça qui est passionnant : ils sont partout. Nous avons deux business lines principales : les matériaux anti-usure et les outils de coupe. On fabrique des boitiers de montres pour une marque horlogère, parce qu’avec le carbure de tungstène, il n’y a pas de rayures possibles. On a par exemple Hilti, le fabricant de tronçonneuses et outils de chantier, pour qui nous fabriquons des outils d’usure, Airbus pour qui nous concevons le foret pour faire des trous dans les ailes. L’industrie automobile est aussi un client important. La médecine reste une niche importante avec les pincettes chirurgicales et les fraises dentaires. Les couteaux rotatifs destinés à réaliser les coupes dans la fabrication de couches-culottes et de serviettes hygiéniques sont aussi un marché. Au Luxembourg, le Groupe Ceratizit possède aussi Ceraspin, spécialisé dans les pièces d’usure céramique de haute qualité. Quels sont les produits types qui en sortent ? Il faut savoir que c’est hyper petit. Lorsque j’ai commencé en 1994, ma première mission était de monter cette céramique. Mais il faut voir les choses comme elles sont : on n’a jamais réussi à décoller là-dedans. Aujourd’hui, cela fait 0,5 % de notre chiffre d’affaires. En revanche, c’est un potentiel et des produits très sexy. Ce sont par exemple des billes pour les roulements des éoliennes en nitrure de silicium, et en aéronautique des billes en céramique pour les roulements, plus légères et avec moins de frottement. Ce sont des niches dans la niche.

deuxième plus grand producteur de carbure en Chine et à Taiwan par exemple ? Notre filiale CB-Ceratizit est très occupée à vendre en Asie, c’est sa première priorité. Dans notre industrie, beaucoup de produits sont très liés à un site de production. Il y a une croissance importante parce que le marché explose en Chine. Mais la concurrence est aussi farouche. C’est aussi le point négatif : pour être concurrentiel là-bas, c’est uniquement le coût. Nous, en Europe ou aux USA, on vend plutôt de la performance. Les coûts de l’outil ne font qu’entre 2 et 3 % des coûts d’usinage complets. Ça veut Ceratizit est souvent associé au carbure dire que si on réussit à couper le coût en deux, de tungstène des stylos à bille. 40 % à 45 % ça fait 1 % des coûts d’usinage. Mais si on fait de ces objets comporteraient une bille des pièces de mauvaise qualité, c’est beaucoup « made in Luxembourg ». Est-ce exact ? plus cher que d’avoir ce 1 % en moins. C’est pour C’était le cas. Voilà typiquement un exemple cela que l’importance de la performance de de l’évolution de Ceratizit en 100 ans. l’opération d’usinage est considérable, ce n’est Aujourd’hui, on fabrique peut-être encore 5 % des billes. Parce qu’à un moment donné, pas que le coût. ce n’était plus rentable. C’était un produit 2021 coïncide aussi avec les 90 ans phare, à l’époque de la collaboration entre le de Cerametal à Bereldange, devenu Baron Bich et Jean-Paul Lanners qui lui avait partenaire de fusion de Plansee Tizit. proposé de fabriquer ses propres billes. On Quel rôle (et quel poids) occupe aujourd’hui fabrique aujourd’hui peu de billes, mais pour le Luxem­bourg dans l’ensemble des les stylos japonais très spécialisés par exemple. activités du Groupe Ceratizit ? Il faut savoir que quasi 40 % de notre chiffre


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Conversation Thierry Wolter

« L’industrie a beaucoup changé, ce n’est plus ‘Germinal’. » d’affaires vient de produits qui n’existaient pas il y a cinq ans. On met beaucoup d’argent en R&D parce qu’un produit a une durée de vie de 10 ans maximum. « Beaucoup d’argent en R&D », cela représente combien ? On est à plus de 10 % du chiffre d’affaires (estimé à 1 milliard d’euros pour 2021) dédié à la R&D ainsi qu’aux process improvements. C’est aussi tout ce qui est nouvel équipement, cela englobe l’ensemble. Comment la crise sanitaire du Covid a-t-elle impacté les carnets de commandes de Ceratizit ? D’une façon globale, une décroissance de 20 % du chiffre d’affaires au niveau mondial dans notre industrie en 2020. Un tiers de notre industrie est dépendante de l’automobile, 10 % de l’aéronautique et puis tout ce qui est machines, ce sont indirectement les mêmes industries. Les gens ont déstocké mais maintenant, ils recommandent et tout à coup, il faut tout, tout de suite. L’industrie est devenue de plus en plus cyclique, ce n’est pas évident. Qu’avez-vous appris du Covid ? On était pas mal préparés. D’un côté, on voyait que l’économie allait faiblir : on était en fin de cycle long de croissance. On n’a pas été pris au dépourvu. Comme Amazon, on a profité de notre centre de logistique depuis lequel on pouvait livrer le lendemain. Durant la crise, la fréquence des contacts a augmenté en interne mais, ce qui nous manque aujourd’hui, c’est d’aller voir des clients. Parce que si on veut vendre la performance d’un produit, il faut le montrer sur la machine et ça, aujourd’hui, c’est difficile ; cela nous freine un petit peu dans notre développement. Ce qui est sûr, c’est qu’en ce moment on gagne des parts de marché et on en gagnerait encore plus si on pouvait montrer aux clients la performance des produits. Nous avons développé une application mobile pour conseiller les clients à distance. Autre chose : il n’y a pas eu moyen de faire des foires mais nous avons organisé en novembre 2020 notre pre56

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mière foire électronique avec quasi 2.000 participants de 45 pays différents. La seconde est prévue le 17 juin. On y présente nos produits, on essaie d’innover. Ceratizit est installé à Mamer depuis 1971. Cette localisation au milieu des champs, en dehors d’une zone d’activité dédiée et à mi-chemin entre deux bassins de population est-elle viable à moyen et à long terme ? Oui, je pense qu’il faut voir les choses comme elles sont : on était là avant les autres. Ça se passe très bien avec la commune, le site est comme il est, l’urbanisation est là où elle doit être et, bien sûr, on est bien avec nos voisins, cela se passe normalement, on respecte toutes les règles, on fait attention. C’est clair qu’il y a du trafic, mais, d’un autre côté, on va à nos propres frais chercher en bus les gens à Thionville, ­Longwy, et en Belgique. Au lieu d’avoir 50 voitures, il y a 50 personnes dans un bus par route, c’est notre contribution. Le groupe Ceratizit est présent au Luxembourg à travers les implantations de Mamer, Livange et Bascharage/ Niederkorn. Un regroupement est-il à l’étude ? Non, chaque site est spécialisé. On ne peut pas fabriquer la poudre ici. Ce qu’on fait à Livange est complètement différent d’ici. Comment voyez-vous Ceratizit dans 100 ans ? Ce qui est bien, c’est que le matériau qu’on produit, le carbure de tungstène, est très polyvalent. Ceratizit est une société dans un marché en croissance. Tous les jours, on découvre de nouvelles applications, on est aussi bien

UN MARIAGE, UN DIVORCE, ET UN REMARIAGE Metallwerk Plansee était en Autriche et Cerametal au Luxembourg. Mais comment ces deux-là ont-ils fait pour se rencontrer ? C’est par l’entremise d’officiers allemands, évoque Thierry Wolter. Le tungstène étant considéré comme un matériau stratégique durant la Deuxième Guerre mondiale vu sa présence dans les bombes, sa production était pilotée par l’occupant allemand et c’est ainsi que le contact s’est noué, au sortir du conflit. Le mariage, célébré en 1948, durera 14 ans. Jean-Paul Lanners – qui incarne à l’époque la 2e génération – décide ensuite de rompre la noce face aux limitations d’exportations portées sur le Benelux. Cerametal grandit ensuite, puis son chemin recroise celui de Plansee Tizit en novembre 2002. Ceratizit naît et figure dans le top 20 mondial de l’usinage. 15 ans plus tard, le groupe accède au top 5. Il vise désormais la 3e marche du podium.

présent dans les nouvelles industries, l­’élec­tronique, le renouvelable, le solaire, etc. Il y a plein d’applications sur lesquelles on n’est pas encore présent mais on veut y aller. Dans 100 ans, le marché sera davantage un marché de consommateurs qu’un marché de producteurs. Aujourd’hui, produire du carbure n’est plus suffisant, il faut le vendre. On vend de plus en plus par internet. Et des gens veulent rentrer dans le marché, qui ne sont pas producteurs mais revendeurs de carbure. Il faut se préparer à cela. C’est un marché en changement constant. Mais, à la fin, notre personnel va faire la différence : si on a des gens ouverts au changement, et l’une de nos valeurs est l’esprit combatif, ce sont les gens qui vont faire la pérennité de l’entreprise. On continue à investir dans les personnes et à recruter de bons éléments, ouverts au changement. Vous assurez avec Jean-Louis Schiltz la vice-présidence de la Fedil. Comment se passe votre mandat ? C’est très intéressant [sourire]. Ce qui est bien, c’est que les trois thèmes prioritaires de la Fedil – à savoir développement & formation du personnel, transformation énergétique et transformation digitale – sont trois sujets cohérents avec ce qu’on voit chez Ceratizit. Je pense qu’on ­travaille assez bien avec le gouvernement. Mais il y a bien sûr certains bémols. Au Luxembourg, il faut de plus en plus expliquer le pourquoi et le comment de l’industrie. Je le vois même avec mes amis qui disent que ça pollue, c’est sale. Mais c’est quand même moderne, l’industrie aujourd’hui a beaucoup changé, ce n’est plus Germinal, ce n’est plus Zola. Avec le ministère de l’Environnement, c’est parfois compliqué pour nous mais je pense que c’est compliqué dans beaucoup de domaines. Il y a d’autres nations où c’est plus simple. Nous sommes présents en Allemagne, en Autriche, en France, mais le Luxembourg est un petit pays avec parfois une administration plus compliquée que d’autres. Estimez-vous que la voix de l’industrie se fait suffisamment entendre au Luxembourg ? Je dirais que ça prend du temps, mais il faut continuer et persévérer. Une chose est claire : tout le monde ne pourra pas à l’avenir travailler dans une banque. Il faut de tout pour faire un monde. Si, au Luxembourg, l’industrie disparait de plus en plus, cela aura des répercussions sur le chômage et beaucoup d’autres choses. Le Kirchberg c’est bien, heureusement qu’on a cela. Mais il faut diversifier les risques et les compétences. Et le Luxembourg a dès le départ énormément d’atouts.


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Conversation

« Si l’IA décide toute seule, ça va devenir dangereux »

Pour le data scientist luxembourgeois Maxime Allard, l’IA ne peut pas être abandonnée aux sociétés privées.

Dans l’équipe Data Science and AI d’IBM, le jeune Luxembourgeois Maxime Allard a connu un début de carrière fulgurant à New York et Londres. Son dada ? L’intelligence artificielle, responsable et encadrée. Interview THIERRY LABRO

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Photo MATIC ZORMAN


Maxime Allard

BIO EXPRESS

Si le Luxembourg cherchait aussi des talents luxembourgeois pour l’aider dans la mise en place de sa stratégie sur l’intelligence artificielle, il serait bien avisé de s’arrêter sur le profil hors norme de Maxime Allard. Avec un master en operation research de l’université de C ­ olumbia en poche, il a choisi d’être à temps partiel chez IBM, dans une des équipes les plus performantes au monde dans le domaine de l’IA… pour pouvoir se consacrer à un doctorat sur l’intelligence artificielle et la robotique au Collège impérial de Londres. « Je veux avoir un impact sur le quotidien tout en restant attentif aux problèmes de concentration de pouvoir dans les mêmes mains. Il y a beaucoup de bénéfices si on applique ces technologies pour assister les humains, que ce soit dans la médecine ou dans l’éducation », confie cet ingénieur de 26 ans.

Début de carrière Diplômé de l’Université de Munich, l’ingénieur en informatique boucle un master en operation research à Columbia et a entamé l’an dernier un doctorat en intelligence artificielle et robotique au Collège impérial de Londres. IBM Elite Team En 2019, il intègre l’équipe Data Science and AI Elite Team d’IBM sous la direction d’Ann-Elise Delbecq. Il dépose son premier brevet. La médecine assistée Un jour, le Luxembourgeois de 26 ans imagine épauler la médecine grâce à l’intelligence artificielle.

clients pour envoyer des publicités. Pouvoir contrôler si le modèle fonctionne et le corriger, si jamais il présente des biais. La valeur, c’est toute la structure.

Il y a beaucoup de mythes autour du mot data scientist. Pourriez-vous expliquer Pourquoi est-ce que des biais ce que fait un data scientist au quotidien ? Le terme en lui-même a tellement de défini- apparaissent ? tions, de société en société… J’ai un projet qui Il y a différentes raisons. Prenons la plus commence avec un client. Je vois ce qu’il a « facile ». Une société avait un modèle IA pour comme données, pour savoir où on peut aller lire les CV. Ils ont entraîné l’IA sur des donchercher de la valeur ou de l’automatisation nées historiques. Ils ont lancé leur modèle… dans ses processus. Dès qu’on a un but ou une qui rejetait tous les CV féminins. direction, le travail commence. À 90 %, il s’agit de mettre les données en ordre, de les réunir Pourquoi étaient-elles rejetées ? dans une région ou dans un serveur, de les Le modèle a simplement appris des données nettoyer, avant de pouvoir utiliser les modèles qu’on lui a fournies. Dans ce jeu de données, de machine learning, qui s’entraînent sur ces il y avait un label « rejeté » ou « next round » données. Le plus intéressant est d’utiliser les et il a remarqué qu’une grande partie des différents modèles pour différentes tâches dès femmes portaient le label « rejeté », alors il que la donnée est prête. Si on a des résultats, rejetait les CV de femmes. Cette société a dû si on les a vérifiés, on peut mettre cela en pro- interrompre l’utilisation de ce procédé. Cela duction. C’est là où il y a data scientist et data fait partie des biais qui viennent simplement scientist. Soit ce sont des prototypes et il n’y a des données qu’on donne à l’intelligence artipas grand-chose qui se passe après, on montre ficielle. Sans rien faire d’autre. que le modèle pourrait fonctionner. Soit on essaie de mettre cela en production, d’utiliser Vous pourriez illustrer cela aussi, un modèle pour des milliers de prédictions ou s’il vous plaît ? de demandes avec le client pour qu’il en tire Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les un bénéfice. militaires américains cherchaient à renforcer les avions. Ils ont montré tous les endroits Qu’est-ce que le client va gagner ? d’impacts de balles et ils ont donc renforcé Vous auriez un exemple ? tous ces points-là comme étant les plus fraPrenez une société qui a des données de mar- giles. Ce n’était pas du tout là que l’avion devait keting, sur la population. Elle veut faire du être renforcé… ils avaient oublié de prendre marketing ciblé ou personnalisé pour déclen- en compte les avions qui ne revenaient plus, cher des achats. Avant notre arrivée, leur sys- et c’est cela qu’il fallait regarder ! C’est un tème était assez lent et ils ne pouvaient pas exemple de biais de sélection de données. utiliser toutes les données qu’ils avaient. Des millions de données avec 20.000 points dif- Vous auriez un autre exemple, férents par personne. Nous les avons aidés à pour aider à comprendre cette réunir leurs données, à les nettoyer, à avoir problématique cruciale des biais ? une plateforme pour construire plusieurs Le biais indirect est tout aussi problématique. modèles par semaine, pouvoir mesurer et Des points de données, sur des individus, ont contrôler ce que fait l’intelligence artificielle. plus d’informations sur ces individus qu’on Avant, leurs analystes avaient 20 modèles par aurait pensé. Prenez un système de prêts bansemaine. Aujourd’hui, ils peuvent en faire caires. Le modèle apprend sur des données 400. Avoir un retour plus rapide pour leurs historiques. La société demande que soient

enlevées les données sur l’âge et le sexe, pour ne pas discriminer une partie de la population qui n’aurait pas accès au prêt. Mettons que dans les données, il y ait un code postal. Or, aux États-Unis, l’âge et le niveau de revenus peuvent être très corrélés au code postal. Juste avec le code postal, le modèle peut prendre des décisions qu’on ne voulait pas avoir. Des populations peuvent se retrouver dans des quartiers un peu moins favorisés et voir leur accès au crédit diminué sur ce seul aspect. Ce n’est pas juste. Préparer un jeu de données, même avant tout le reste, est déjà compliqué… Oui ! Et malheureusement, cela ne se fait pas assez. C’est ce que nous essayons de faire chez IBM, de rendre ce travail de préparation plus équitable, plus juste. Détecter les biais directs ou indirects. Et même de regarder cela plus tard, car il se peut que le jeu de données change. Le modèle a-t-il changé sur la même période ? Il faut préparer les données, surveiller les résultats du modèle pendant qu’il travaille et s’il le faut rectifier a posteriori. Rectifier, c’est aussi introduire de nouveaux biais… Oui, je suis tout à fait d’accord ! On peut introduire un biais de rectification si on change les prédictions pour qu’elles soient à notre goût. C’est pour cela que je pense qu’il est très important d’avoir une transparence des modèles utilisés en production. On a une méthodologie – les IA fact sheets – qui prévoit une labellisation de chaque modèle qu’on met en production avec tous les changements à toutes les étapes, afin qu’ils soient documentés. On a enlevé le sexe parce qu’on ne veut pas avoir un biais lié au sexe. On a enlevé le code postal parce que le modèle a trouvé ce biais indirect. On a ajouté ces nouveaux champs parce qu’ils nous ont aidés à trouver des prédictions plus pertinentes. Ce qui est dangereux, c’est la concentration de force, de pouvoir, à travers le contrôle de ces modèles. L’idée est d’avoir une transparence sur l’origine des données, sur ce qu’on fait avec et sur les mesures de rectification qu’on prend. Pour le client, c’est bien aussi, que ce soit pour un service financier ou d’assurance. Pouvoir lui dire : « Ça, c’est un modèle qui s’appuie sur ces points de données. » Au client de décider de ce qui lui convient. Comme pour le règlement général sur la protection des données. Des modèles sont assez simples à comprendre, c’est comme un arbre. Si c’est un homme, on fait ceci ; si c’est une femme, on fait cela. De manière presque binaire. Et d’autres, comme les réseaux de neurones, font un peu ce qu’ils veulent. Il en sort un résultat difficile à mesurer. On dit aussi souvent que l’algorithme doit être « robuste ». JUIN 2021

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Conversation Maxime Allard

INCONSCIENCE AUJOURD’HUI, RISQUE DEMAIN Qu’est-ce que cela signifie ? Prenez une société qui est dans le secteur des voitures autonomes. Il est très facile de modifier les décisions du modèle avec de petits changements. Imaginez une voiture autonome : elle roule. Normalement, la voiture reconnaît le panneau « Stop » et elle s’arrête. Mais si on met un petit QR code sur le panneau, il est capable de rendre le modèle de la voiture tellement confus que ce dernier pense que c’est un feu vert. Au lieu de marquer le stop, la voiture passe. Ce n’est qu’un exemple d’une situation très dangereuse où la décision du modèle n’est pas du tout celle qu’on aurait imaginée. Le modèle n’était pas du tout robuste face à ce « bruit ». Mais on peut imaginer un modèle pour des prêts bancaires. Si moi, en tant qu’utilisateur, je sais comment modifier mes données pour obtenir ce prêt, alors il ne sert à rien. On peut aussi imaginer que des modèles soient victimes d’attaques et il faut les y préparer. Avec l’essor des outils numériques et des objets connectés, nous produisons de plus en plus de données. Elles sont très éclatées. Certaines sociétés vont avoir un gros pouvoir parce qu’elles connaissent beaucoup de choses sur certains d’entre nous, non ? Malheureusement, beaucoup de sociétés conservent tout ce qu’elles ont. Toutes ces données leur appartiennent. Si on combine cela avec d’autres données, comme les achats que nous effectuons, tout ce qui passe par nos cartes de crédit… Des sociétés commencent à acheter ces données pour les mettre dans une base de données unifiée et les revendre. Ce qui est très dangereux, même si on ne le sait pas au début. On se dit qu’on s’en moque un peu. Ces données peuvent être utilisées pour des décisions qui peuvent changer nos vies, pour des prêts bancaires par exemple. Si j’ai un profil social ou un profil d’achat très mauvais, ça intéresse qui ? Mais imaginons que dans 10 ans, toutes les décisions sont prises par une intelligence artificielle qui utilise toutes les données auxquelles elle a accès : je n’aurai pas de prêt parce que le modèle pense qu’avec ces données, je ne mérite pas de prêt. J’espère vraiment qu’on va dans une direction où l’intelligence artificielle peut assister l’humain et pas prendre des décisions à la place de l’humain. Si le modèle décide tout seul, ça va devenir très dangereux. Les sociétés qui ont ces modèles pourraient se retrouver avec un pouvoir incroyable ! Qu’est-ce qu’on devrait faire pour limiter les modèles qui décident par eux-mêmes et pour favoriser les modèles d’assistance de l’humain ? Il faut avoir un comité ou une commission d’éthique, dans chaque pays ou dans chaque 60

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L’étude commandée par le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), au Liser, sur la perception de l’intelligence artificielle et des données personnelles, a montré une relative méconnaissance générale sur la dissémination des données personnelles, abandonnées gratuitement à Facebook, Amazon et consorts, au nom de l’utilisation d’un service. Si les résidents luxembourgeois perçoivent vaguement une menace, difficile d’en définir les contours et d’en préciser les risques.

industrie, qui organise un contrôle de ces modèles. Je ne pourrai pas exercer un métier sans mon diplôme, dans certains pays, vous ne pouvez pas être avocat sans diplôme. Les quatre axes dont nous venons de parler, à quel point est-ce que je peux les contrôler, quelles sont les décisions et sur quoi elles s’appuient, est-ce qu’il existe des biais et est-ce que j’essaie de les exclure ou de les corriger ? Toutes ces métriques doivent être présentées à ce comité. Cela réduit la possibilité d’avoir des modèles qui prennent des décisions en mode « black box ». C’est bénéfique pour les modèles et pour les données. Dans le rapport du Liser, commandé par le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), on voit que, souvent, les gens ne font pas assez confiance au modèle et pensent que leurs données sont peut-être utilisées de manière dangereuse. C’est normal parce que très peu de sociétés montrent quelles données elles utilisent pour faire quoi. Le consommateur doit pouvoir savoir et dire s’il veut ou pas participer à cela. Et que fait-on avec les modèles qui ne résisteraient pas à l’examen par la commission ou le comité ? C’est une bonne question. Ces modèles de­vraient être repris par la société qui les présente. Si le consommateur n’a pas été consulté, il faut prévoir qu’il puisse se positionner. Si le modèle a un biais contre un groupe, il faut le rectifier ou donner un avertissement au consommateur. Il ne faut pas laisser passer de modèles qui ont des défauts. Les sociétés doivent se rendre compte que l’intelligence artificielle, ce n’est pas de la magie. L’IA va avoir un vrai impact dans nos décisions individuelles. Il est important d’avoir un monitoring sur chaque décision. On sait bien qu’il est aussi possible de montrer un jeu de données à la commission et de le changer ensuite… Le HPC et les premiers projets qui vont l’utiliser ainsi que les développements autour des technologies quantiques vont eux aussi avoir un énorme impact sur l’intelligence artificielle, non ? Oui. Il y a deux côtés. Du côté du développement et de la recherche, des sociétés ont

déjà leur HPC parce qu’elles veulent manipuler des données avec des milliards de paramètres. Les modèles qui permettent de comprendre et d’écrire en anglais ont eu un succès fou récemment, on peut faire des chatbots, ils peuvent même écrire du code et on a pu les faire seulement grâce aux HPC et aux GPU privés. Pour le Luxembourg, avoir un HPC qui puisse être utilisé pour de la recherche, c’est très bien. Mais c’est très différent du côté de la production, parce que la recherche met en place des modèles plus précis, mais qui ne doivent pas prendre en compte ce qu’un modèle en production doit prendre en compte. Est-ce que cela va changer grand-chose à propos de la confiance dans l’intelligence artificielle ? Je ne suis pas sûr. Si le secteur privé voit qu’il y a des développements dans ce secteur au Luxembourg, les sociétés vont se demander ce qu’elles doivent faire pour intégrer cela dans leur quotidien et comment être éthiques. Beaucoup de ressources de calcul, c’est bien pour montrer tout ce qui est possible. L’étude du Liser montre qu’il y a encore beaucoup à faire pour que la société comprenne ces enjeux… C’est un peu choquant et pas choquant en même temps. Pour utiliser un service, les gens cliquent sans se demander ce qui pourrait bien se passer. Jusqu’à ce que ce soit une décision qui ait un impact sur leur vie. Dans la presse, on a peur que les robots prennent le contrôle de la Terre, c’est un peu n’importe quoi… Est-ce qu’il y a un risque que l’IA se substitue à l’humain ? Non. Dans certains domaines, les tâches pourraient être plus précises. Dans la médecine, l’IA permettra d’avoir des gestes plus précis, mais la décision restera chez l’humain. Souvent, les gens ont peur que les robots ou l’intelligence artificielle enlèvent tous les emplois. C’est un changement d’expertise. Il y a eu beaucoup de changements à l’arrivée de la machine à vapeur, mais l’industrie s’est adaptée.

Découvrez-en plus sur le sujet lors du Club Talk organisé par le Paperjam + Delano Club avec Ann-Elise Delbecq (program director – Data Science and AI Elite Team EMEA chez IBM) le 17 juin. Plus d’informations sur paperjam.lu/club


ROUND 3 MARDI

Le Paperjam + Delano Club a le plaisir de vous inviter au troisième round de la troisième édition des Start-up Stories, sa série d’événements déterminant la start-up de l’année, en partenariat avec le LCI et avec le soutien de Startup Luxembourg et Office Freylinger. 10 start-upper pitcheront en 3 minutes chacun l’histoire de leur start-up et l’origine de leur idée. Ils seront challengés en live par notre jury d’experts, qui émet des critiques pointues et constructives.

08 JUIN

18H00 SPONSORS

PARTENAIRE

INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB


Débat public Les explorateurs « urbex » de sites récents abandonnés par notre civilisation montrent, au travers de leurs photo­ graphies, des maisons éventrées par des arbres, des sites industriels engloutis par la végétation, des bancs publics « mangés » par l’arbre qui leur faisait ombrage. Ce qu’il faut en retenir est que l’arbre est à sa place dans presque toutes les régions d’Europe. C’est ce que l’on nomme le « climax écologique ». La forêt de hêtres correspond au climax du Luxembourg. Sans la présence humaine, la surface forestière s’approcherait des 100 %, alors qu’aujourd’hui elle est réduite à 37 %. L’agriculture occupe quant à elle 52 % du territoire et près de 10 % des surfaces sont construites ou artificialisées. Le manque de terres boisées pose de nombreux problèmes : les crues des rivières, l’érosion des terres arables, le niveau des nappes phréatiques trop bas, des paysages balayés par des vents, l’assèchement des sols, le recul de la biodiversité, etc. Voilà pourquoi il faut permettre aux arbres de nous épauler au quotidien. Ils nourrissent les sols, aident au stockage de l’eau en profondeur et en surface cultivée, fabriquent de l’oxygène et capturent le carbone, notam­ment. Il s’agit de formidables usines biologiques fonctionnant à l’énergie solaire.

Luc Koedinger

Maraîcher, arboriculteur et formateur à la Microferme Lumbrikina, cofondateur de Canopée Les principaux arguments pour travailler en agro­­fo­ resterie sont l’aggradation des terres par le stockage du carbone (matière organique), l’augmentation de la production et un incroyable embellissement du paysage. L’agriculture comme capteur de CO2 : des recherches récentes indiquent que cette voie, celle d’une agriculture prenant soin des sols en augmentant le taux de carbone, pourrait rapidement faire de l’Europe un territoire à bilan neutre sans rien changer au reste de nos activités. Le monde de la finance et celui de l’industrie peuvent jouer un rôle décisif dans ce tournant de l’agriculture, et le Luxembourg peut devenir ce laboratoire de l’excellence. Comment ? En visant la neutralité carbone par compensa­ tion. Investir dans le paysage agricole à travers la plantation d’arbres et de haies, voilà de quoi réenchanter l’histoire. Alors, plutôt que d’attendre que la végétation engloutisse les traces de notre civilisation, laissons les arbres devenir nos partenaires.

Pour Luc Koedinger, la neutralité carbone passe aussi par la compensation avec un investissement dans le paysage agricole. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Photo ANDRÉS LEJONA

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NOVEMBRE JUIN 2020 2021

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Avec les experts bulthaup, concevez librement la cuisine qui vous ressemble.

Art de vivre

La cuisine, le cœur de votre maison

De nombreux sondages montrent que, depuis plusieurs années déjà, la cuisine est la pièce préférée des habitants d’une maison. Espace de convivialité par excellence, elle permet de cuisiner, bien sûr, mais aussi de manger 64

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ou de boire un verre, tout en discutant avec sa famille, ses proches et ses amis. On y retrouve les siens dès le matin, pour le petitdéjeuner, on y raconte sa journée de travail le soir en dînant. La cuisine est

d’ailleurs très souvent ouverte sur le living de la maison, afin de favoriser la circulation des habitants et leur commu­ nication d’une pièce à l’autre. Aujour­d’hui, elle devient même parfois un bureau de télétravail. Une belle évolution pour une pièce qui était auparavant cantonnée à une unique fonction, à l’écart des autres pièces de la maison. Vous l’aurez compris, la cuisine est d’abord et avant tout une pièce à vivre ! « La forme suit la fonction » C’est pourquoi cet espace doit bénéficier du meilleur aménagement possible, de l’esthétique la plus attrayante, afin de répondre à toutes ses nouvelles fonctions et faire

Bienvenue chez bulthaup Luxembourg Depuis 1992, la ville de Strassen accueille le showroom de la marque bulthaup. Un espace entièrement rénové fin 2020, dans lequel Renaud Sara, Stefan Bambach et leur équipe vous accueillent et sont à votre écoute pour concevoir la cuisine de vos rêves. Rien ne vaut une visite sur place pour se rendre compte de la diversité et de la qualité des matériaux utilisés, tout comme de l’expertise de la marque. Les architectes d’intérieur présents sur place prodiguent également des conseils personnalisés, selon vos envies et vos besoins.

Photos

Pensez au nombre d’heures passées dans votre cuisine, sans cuisiner, juste à parler et rire avec votre famille ou vos amis. La cuisine est au centre de votre maison, mais surtout au cœur des relations humaines que vous y entre­ tenez. La conception de cette pièce est un art, mais un art de vivre avant tout, selon l’entreprise bulthaup.

bulthaup, Jorge de Jorge

Contenu sponsorisé par BULTHAUP


BRAND VOICE

1. Nos éléments de mobiliers concilie esthétisme et praticité au quotidien. 2. Une cuisine réussie, c’est celle où vous vous sentez bien, entouré de votre famille et de vos proches.

en sorte que ses occupants s’y sentent bien. Un challenge qu’ont parfaitement compris les équipes du cuisiniste bulthaup. Cette entreprise allemande fondée en 1949 est un pionnier de la conception de cuisines modernes. Depuis sa création, elle n’a eu de cesse que de jouer avec les codes traditionnels afin de se réinventer et d’inventer la meilleure cuisine. Mais « m eilleure » a un sens tout à fait singulier ici. Pas question de se perdre dans d’inutiles artifices, l’entreprise suit les principes

« La beauté d’une cuisine, c’est avant tout la vie qui s’y déroule. » Marc O. Eckert CEO de bulthaup

pragmatiques du Bauhaus de Weimar  : « La forme suit la fonction ». Avant d’être élégante, une cuisine doit être pratique, bien pensée et surtout équipée de matériaux de qualité. Du point de vue esthétique, « l ess is more » pourrait être le leitmotiv des designers bulthaup, qui optent pour un minimalisme certain et une beauté épurée. Point de fétichisme de l’objet pour Marc O. Eckert, descendant du fondateur et dirigeant de l’entreprise depuis 2009 : « Il faut aller au-delà du produit. La beauté d’une cuisine, c’est avant tout la vie qui s’y déroule, précise l’entrepreneur avant de poursuivre : « Avec nos cuisines, nous voulons créer un espace de vie dédié aux moments précieux de la vie, où les gens aiment passer du temps, se rencontrer, parler et rire. » Un lieu de vie avant tout Lorsqu’un client conçoit une cuisine bulthaup, accompagné par les experts

2.

1.

«  La cuisine s’anime grâce à l’énergie humaine qui l’habite.  » Marc O. Eckert CEO de bulthaup

de la marque, il bénéficie d’un choix de matériaux exceptionnel, varié et d’un conseil personnalisé. Les équipes commerciales sont à l’écoute du client et de ses envies. La question qui importe n’est alors pas de savoir ce que l’on mangera dans cette cuisine, mais comment on mangera, et surtout, avec qui ! Il est vrai que si l’on oublie parfois ce qu’il y a dans notre assiette, on n’oublie jamais les invités d’un repas merveilleux. L’émotion n’est pas que

dans un plat, elle se trouve d’abord dans l’espace tout autour et avec ceux assis autour de la table. « La cuisine s’anime grâce à l’énergie humaine qui l’habite » raconte avec passion le dirigeant de bulthaup. Une cuisine parfaite, c’est finalement celle qui sait se faire oublier et se mettre au service de ses occupants. Celle qui favorise leurs échanges, leur communion et permet de créer l’envi­ron­nement d’un instant exceptionnel partagé.

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Enjeux

La mobilité, un défi quotidien 800

NOMBRE DE VOITURES PARTICULIÈRES POUR 1.000 HABITANTS EN 2019

600

Le Grand-Duché totalise plus de 426.000 voitures particulières, soit 681 pour 1.000 habitants. Il s’agit du taux le plus élevé de tous les pays de l’Union européenne, selon Eurostat. Un nombre qui cache cependant une particularité : au moins 80.000 de ces véhicules sont des voitures de société, tantôt conduites par des résidents, tantôt par des frontaliers. Source

Eurostat / Statec

HONGRIE 390 ROUMANIE 357

200 0 66

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PAYS-BAS 499 CROATIE 425

LETTONIE 381

400

BELGIQUE 511

BULGARIE 407

IRLANDE 454

SLOVAQUIE 439

DANEMARK 455

SUÈDE 473

FRANCE 482

GRÈCE 504

ESPAGNE 519


Que l’on soit résident ou frontalier, les questions de mobilité font partie de notre quotidien, et cela même si le confinement du printemps 2020 a jeté brièvement un voile sur les bouchons et autres transports publics bondés. Aujourd’hui, l’heure de pointe n’a pas disparu, tant pour les automobilistes que pour les usagers des transports en commun. Certains pensaient que les mesures sanitaires pénaliseraient les transports partagés, erreur ! Voitures et autres vélos disponibles à l’usage restent prisés et étendent même leur réseau de stations au Luxembourg. De quoi détrôner la voiture individuelle ? Les différents opérateurs de mobilité voient leur offre évoluer ces derniers mois, pour une opération séduction de grande envergure. Embarquement immédiat.

1.000

800 LUXEMBOURG 681 POLOGNE 642 SLOVÉNIE 556

MALTE 597

LITUANIE 536

PORTUGAL 530

TCHÉQUIE 554

ALLEMAGNE 574

FINLANDE 642 ESTONIE 598

CHYPRE 645

ITALIE 663

1 « Je ne suis

pas un fétichiste du tram ou du train » Interview avec François Bausch, ministre de la Mobilité. p. 68

2 Une offre, des solutions

Zoom sur les nouveaux projets dédiés à la mobilité au Luxembourg. p. 72

3 Comment

le Covid-19 a impacté la mobilité

Comment la crise sanitaire a-t-elle modifié les habitudes de déplacement ? p. 74

4 Vers une offre étoffée

Les transports publics tirent leur épingle du jeu depuis la gratuité introduite en 2020. p. 76

5 La mobilité, ça se partage

L’offre de véhicules partagés continue à s’étoffer. Coup d’œil sur ce segment. p. 78

6 Une voiture, des coûts

Combien coûte réellement la possession d’une voiture ? p. 80

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67


1 Interview

Cela fait un peu plus d’un an que le Luxembourg a été le premier pays au monde à introduire la gratuité des transports en commun. Quel premier bilan en tirez-vous ? Le bilan est positif, malgré le fait qu’avec le confinement et le télétravail, tout ne tourne pas encore à 100 %. Juste avant le confinement de mars, les chiffres sont montés en flèche, on a eu des records au niveau de la fréquentation du tram entre le 1er mars et le 10 mars, à 32.000 passagers par jour. Ensuite, cela a chuté à 2.000 par jour pendant le confinement, et puis c’est remonté petit à petit, avec des chiffres aux alentours de 30.000 usagers en septembre. Maintenant, nous sommes à des pics journaliers de 45.000 passagers. Évidemment, l’ouverture du prolongement vers la gare (le 13 décembre, ndlr) a joué un rôle. Monsieur Von der Marck (le directeur de Luxtram, ndlr) m’a dit qu’il estime que, dès que le télétravail sera à nouveau terminé – disons à l’automne –, on arrivera à la fin de l’année à 80.000 passagers par jour. Vous tirez un bilan positif. Mais, selon le Statec, six résidents sur dix utilisent la voiture pour se rendre au travail. C’est trois fois plus que ceux qui utilisent les transports en commun…

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Oui, mais c’est justement le but de notre stratégie : arriver à un split modal plus élevé, avec 20 % de personnes en plus dans les transports publics en 2025. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’on avait un retard énorme : pendant des décennies, le Luxembourg était fixé sur la voiture individuelle, avec le plus grand parc automobile individuel au monde, à côté du Qatar. On est dans un pays où la règle d’or était, comme Robert Goebbels (LSAP) le disait dans le temps : « La voiture est l’enfant chéri des Luxembourgeois ». On a prêché cela pendant des dizaines d’années. Il ne faut dès lors pas s’étonner qu’on soit seulement à 20 %. Mais on constate une tendance croissante. Quand vous regardez les chiffres des CFL – +75 % de voyageurs en 15 ans –, c’est énorme ! On a la plus forte croissance de toute l’UE pour l’utilisation des trains. Et, avec les investissements que l’on fait, je suis confiant quant au fait que ça continue. Avez-vous une ville ou un pays modèle en matière de mobilité ? Certaines villes agissent très bien depuis longtemps : Zurich est le bon élève, vous avez le bon modal split inversé, avec 60 % de mobilité douce et 40 % seulement de voitures. C’est la Suisse qui est vraiment championne dans ce domaine. Je pense aussi à Vienne, Copenhague, des villes outre-Atlantique, comme Vancouver ou M ­ ontréal,

En tant que capitale, Luxembourg semble être à la traîne en matière d’offre de mobilité alternative, comme les trottinettes en libre-service et les véhicules Uber. Pourquoi ? D’abord, quand vous voulez introduire quelque chose comme les trottinettes, il faut éviter les conflits avec les piétons. Actuellement, l’infrastructure cycliste n’est pas encore à la hauteur au Luxembourg en général, mais

RÉPARTITION DES INFRASTRUCTURES DE MOBILITÉ AU LUXEMBOURG Données exprimées en kilomètres.

Autres routes 5.900

6.000

5.000

4.000

3.000

2.000

1.000

0

Réseau tram en service 8

Réseau cyclable national 632 Chemins repris 1.891 Nationales 839

Autoroutes 165

Voies ferrées 271

Ministère de la Mobilité / Portail Transports

François Bausch, ministre déi Gréng de la Mobilité, admet les retards du Lux­embourg en matière de mobilité douce mais se montre confiant : en offrant davantage de solutions aux usagers, le mix multimodal devrait gagner du terrain.

Pourrait-on imaginer un péage urbain à Luxembourg-ville ? Ça dépend. Comme je le dis toujours, le système du bâton et de la carotte, c’est bien, mais il faut d’abord qu’il y ait une carotte. Je suis contre le fait de pénaliser les gens sans proposer d’alternative. Si, un jour, au Luxembourg, on a accompli tous ces investissements et que l’on a un système de transports en commun hypermoderne, hyperperformant, avec de superbes pistes cyclables, et que l’on constate qu’il y a trop de gens qui n’utilisent pas le système, alors, oui, peut-être qu’il faudra introduire aussi un système de péage. Mais il faut d’abord créer des alternatives. Je ne peux pas conseiller à quelqu’un de prendre moins la voiture s’il n’a pas d’alternative. Je ne peux pas dire à quelqu’un de prendre le vélo s’il y a un danger mortel de circuler à vélo.

Source

« Je ne suis pas un fétichiste du tram ou du train »

qui fait beaucoup de choses pour les pistes cyclables et les transports en commun. Ou même en Asie, une ville comme Singapour, qui a un service de mobilité hyperperformant. Il n’y a pas d’embouteillages, parce qu’il y a un système de péage qui fait que ça coûte très cher d’entrer en ville. Et, surtout, ils ont des pistes cyclables géniales, des transports en commun hypermodernes.


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Enjeux Interview

Les expatriés sont de plus en plus nombreux dans le pays. S’il y a bien un conseil qu’ils se donnent les uns aux autres, c’est celui d’éviter le taxi, au risque de payer très cher. Le secteur a une très mauvaise image… Oui. Et c’est pour cela qu’il faut cette réforme. On va abolir les zones, et les plateformes digitales vont être autorisées. Aujourd’hui, on a presque 200 sociétés de taxis, la plupart avec un seul chauffeur… ce n’est pas normal. Il faudrait que tous ceux-là s’organisent sur des plateformes.

Tandis que les chambres professionnelles remettent leur avis sur le projet de loi déposé en février par le ministre de la Mobilité François Bausch, la nou­velle réforme des taxis est attendue pour début 2022. CE QUE PRÉVOIT LE TEXTE La fin de la division du Luxembourg en 6 zones Un alignement entre véhicules de location avec chauffeur (VLC) et taxis, pour autant qu’ils remplissent toutes les conditions sociales du Luxembourg Un contrôle technique spécifique des véhicules par la SNCA Un examen d’entrée pour les nouveaux chauffeurs et une limite d’âge à 70 ans APRÈS 2016 La réforme de septembre 2016 a intro­duit une libéralisation des prix, l’obligation de leur affichage, la fin du système de tête de file pour embar­­quer dans les taxis, ainsi que l’abolition des licences octroyées par les com­munes. Toutefois, la baisse des prix escomptée par François Bausch n’a pas eu lieu. Selon l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC), qui s’appuie sur des chiffres du Statec, les tarifs ont augmenté en moyenne de 6,6 % entre septembre 2016 et 2019.

aussi dans la capitale. On fait beaucoup d’investissements avec le tram, l’aménagement des places publiques, les aménagements pour piétons, l’ascenseur, le funiculaire… Tout cela contribue à favoriser tous ces modes de déplacement. Ensuite, il ne faut pas seulement voir le tram en tant que tel, mais bien avec ses neuf pôles d’échange, où on a des connexions avec Vous soulignez qu’il existe 200 sociétés les bus, la voiture, les P+R… tout le concept de taxis au Luxembourg. Mais si Uber vient dans le pays et que ses chauffeurs, qu’on construit. Je ne suis pas un fétichiste du tram ou du tous indépendants, gardent leur société train. Mais je regarde où les humains veulent et facturent simplement via Uber, se déplacer, combien veulent se déplacer de A la situation sera similaire… Vous avez souligné le retard du vers B, et quels sont les moyens appropriés Écoutez [silence]… le marché va de toute façon ­Lux­embourg en matière d’infrastructures à mettre en place. Ce n’est pas le tram, la voi- se développer. On ne peut quand même pas cyclables. Quels sont les projets ture ou le train qui vont résoudre les pro- arrêter le progrès technologique parce qu’il y a en cours à ce niveau ? blèmes, mais un mélange entre les différents 200 chauffeurs de taxi qui ne comprennent pas Je me concentre sur les trois grandes agglomémodes de transport. que la planète tourne. J’en ai marre, et je ne vais rations, et ensuite sur la liaison nord-sud / estpas me laisser arrêter. Ils ont déjà eu une longue ouest, avec des infrastructures séparées, Je reviens aux trottinettes électriques. période de transition. Et ils en reçoivent une sécurisées, et les tracés sont intéressants pour Elles n’ont obtenu leur place dans le Code autre en 2021, car la mise en vigueur est prévue le cyclotourisme. Par exemple, dans le Nord, de la route qu’au début de cette année, au plus tôt pour janvier 2022. prolonger la Vennbahn jusqu’à Clervaux. Et où il a été clarifié ce qu’elles pouvaient puis, le dernier point, ce sont les autoroutes faire ou non… La mobilité au Luxembourg revêt une forte cyclables, ou voies express pour vélos ; deux Avant, c’était aussi clarifié, mais on a renforcé dimension transfrontalière. Mais, du côté d’entre elles sont particulièrement importantes, la législation. Par exemple, avant, les trotti- belge, on a l’impression que les projets ont à savoir celles de Bettembourg à Luxembourg-ville nettes avaient le même statut qu’un vélo élec- plus de mal à se concrétiser… et d’Esch-sur-Alzette à Luxembourg-ville. trique. Mais ce qu’on a clarifié, c’est qu’il faut Oui, c’est vrai, mais j’espère maintenant que une lampe à l’avant et à l’arrière, une sonnette, ça va bouger. Mon ami Georges Gilkinet (Eco- Y a-t-il déjà un agenda ? et on a précisé où ces différents engins peuvent lo) est maintenant ministre fédéral des Trans- Tout cela sera terminé en 2025 : autoroutes circuler. Déjà avant, on aurait pu mettre en ports [sourire]. Je l’ai déjà vu deux fois, il est cyclables et grands axes. Maintenant, les complace un système de libre-service, mais c’est très engagé, et on veut vraiment y aller. Déjà munes doivent aussi jouer le jeu, parce que faire une question à poser à la Ville. La Ville ne vou- pour la ligne de train Luxembourg-Bruxelles, une liaison cyclable, c’est aussi une compétence lait pas d’un système où les trottinettes traînent on a écrit ensemble une lettre à la Commis- communale. Je ne peux qu’encourager les respartout, ce que je peux comprendre. Je préfère sion européenne. Avec le Green New Deal, ponsables communaux à créer plein de pistes un système comme le vélo en libre-service vous voulez financer des projets transfronta- cyclables au niveau de la commune et à faire la dans la ville – que j’ai moi-même introduit, liers, c’est l’occasion de moderniser la ligne liaison vers les pistes cyclables nationales. Et mais ce n’est pas pour cela que je l’aime [rires] –, Bruxelles-Luxembourg. Il n’y a pas que le je vais vous dire que je suis persuadé que la ministre fédéral qui est Vert, mais aussi, en question de la mobilité douce en général, surqui est plus ordonné. Wallonie, le ministre Philippe Henry, qui est tout des vélos, sera, à côté du logement et d’autres Par rapport aux taxis, un nouveau projet Ecolo. On s’est déjà vus à trois pour faire projets, un grand sujet autour des élections de loi de réforme a été validé en janvier avancer le projet de P+R à Viville, côté belge. communales de 2023. dernier. La réforme de 2016 ne semble Il y a des choses qui bougent aussi du côté pas avoir porté ses fruits, puisque les tarifs belge maintenant. Auteur CATHERINE KURZAWA 70

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Matic Zorman (archives)

«La mobilité douce sera, à côté du logement, un grand sujet autour des élections communales.»

Réforme des taxis : clap, deuxième !

Photo

FRANÇOIS BAUSCH Ministre de la Mobilité

se sont envolés depuis lors. Quel est votre souhait avec cette nouvelle réforme ? Je ne veux pas d’une firme au Luxembourg qui ne respecte pas les règles sociales du pays. C’est pour cela que la loi que j’ai introduite donne la garantie que vous pouvez créer des plateformes digitales, mais vous devez collaborer avec le système fiscal et de sécurité sociale au Luxembourg, c’est-à-dire garantir de déclarer qui est sur la plateforme, pour que l’on vérifie si ces personnes paient leur sécurité sociale.


MARDI

Retour en présentiel des workshops ! Toutes les mesures sanitaires ont été prises pour que vous puissiez retrouver de la convivialité et le plaisir d’échanger avec tous les participants.

INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB

15 JUIN LIEU Abbaye de Neumünster 28, rue Münster L-2160 Luxembourg


LÉGENDE

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Villes Zones d’activités économiques

Projets et nouveautés

Autoroutes

Une offre, des solutions

Routes nationales Réseaux ferrés Lignes de tramway existantes Hubs multimodaux existants Arrêts existants Lignes de tramway en projet Lignes de tramway rapide en projet Hubs multimodaux en projet Arrêts en projet Les 10 communes les plus peuplées 2.500

Que ce soit sur la route ou le rail, les nouveaux projets dédiés à la mobilité se multiplient au Luxembourg pour répondre aux évolutions de la demande et des besoins des usagers. Passage en revue. S’il est vrai que la capitale et ses environs directs accueillent plus de 40 % des entreprises du Luxembourg, les zones d’activités périphériques se multiplient ces dernières années, tant à vocation industrielle qu’artisanale, ou tout simplement pour des bureaux. Le canton d’Eschsur-Alzette, par exemple, abrite plus de 21 % des sociétés du pays, devant celui de Capellen (9,4 %), selon les données du dernier Répertoire des entreprises luxembourgeoises du Statec. Ces évolutions se traduisent naturellement par des flux de trafic, et des défis à relever ­aussi bien en matière d’offre que de demande. Car la population aussi évolue, non seulement en nombre, mais également en zones. Si celle de la capitale a gonflé de 61 % ces 30 dernières années, celle de Differdange a bondi de près de 75 % sur la même période. Ajoutez à cela un flux de travailleurs frontaliers multiplié par près de six entre 1990 et 2019, et vous obtenez une équation plutôt complexe à résoudre.

Kuebebierg, au Kirchberg. En plus, un tram rapide est attendu à l’horizon 2028 entre la Cloche d’Or et la mairie de Belvaux. Il devrait permettre de desservir 13 nouvelles stations sur 17,5 km, dont 10 km à une vitesse potentielle de 100 km/h.

Direction optimisation sur les routes Sur les routes, le principal changement devrait venir du RGTR, dont la réforme prévue en janvier prochain va métamorphoser ce réseau d’autobus. Toutes ces évolutions s’inscrivent dans le cadre de la stratégie pour une mobilité durable (Modu 2.0) lancée en 2018 par le gouvernement. Son objectif est clair : réduire, d’ici à 2025, la congestion aux heures de pointe tout en transportant 20 % de passagers de plus qu’en 2017. Pour y parvenir, les autorités misent notamment sur une croissance de 50 % du nombre de passagers des transports publics grâce aux nouvelles infrastructures des CFL et à la réorganisation du réseau RGTR. Autre volonté : Sur de bons rails Du côté du rail, l’État prévoit d’investir 1,48 mil- accroître le taux d’occupation moyen des voiliard d’euros d’ici à 2030, non seulement dans tures à 1,5 personne, contre 1,2 en 2017. Pour de nouvelles rames, mais aussi dans des lignes les déplacements scolaires, le but affiché est ferroviaires et des gares. Encore faut-il pouvoir qu’à terme, seuls 5 % des élèves à mobilité réduite y accéder et y laisser son véhicule, raison pour utilisent la voiture pour se rendre à l’école, tous laquelle plus de 3.600 nouvelles places de par- les autres préféreraient les transports publics et les solutions de mobilité douce. Enfin, l’acking sont prévues dans les P+R de stations. Celles-ci s’intègrent dans le projet de créer cent devrait être porté sur l’attractivité des un total de plus de 10.000 nouveaux emplace- transports en commun, avec des temps de traments dans les P+R du Grand-Duché d’ici à jet inférieurs à ceux de la voiture pour les lignes 2025, avec, parmi les projets les plus importants, de bus express aux heures de pointe. Reste à voir si ces objectifs définis avant la construction de 2.500 places à la C ­ loche d’Or et de 2.000 places à Hoehenhof, aux portes de l’éclatement de la crise sanitaire trouveront, l’aéroport, qui constituera l’autre extrémité de dans le contexte actuel, un terreau propice à leur mise en application. la ligne de tram de Luxembourg en 2024. La ligne principale est appelée à se doter de trois extensions sur le territoire de la capitale : vers Hollerich, le CHL et le quartier du Auteur CATHERINE KURZAWA 72

JUIN 2021

500 200 50

La dimension des cercles des P+R est relative au nombre de places. LES P+R EN PROJET* Cloche d’Or (2022) 2.500 places Hoehenhof 2.000 places Rodange (fin 2022) 1.516 places Mesenich – phase 2 740 places Mesenich – phase 1 (2022) 730 places Frisange 500 places Mamer A6 500 places Troisvierges (2023) 400 places Bascharage (2026) 354 places Mersch-Gare (2022) 351 places Ettelbruck-Gare (2026) 313 places Wasserbillig (2025) 283 places Quatre-Vents 200 places Schwebach (2021) 172 places Colmar-Berg (2022) entre 140 et 180 places Mersch – Impasse Kayser 140 places Wecker (2022) 130 places Dippach-Reckange/Mess (2022) 99 places Steinfort (2022) 92 places Walferdange (2021) 70 places Michelau (2021) 42 places Kayl (2021) 39 places Kautenbach (2021) 21 places Manternach (2021) 15 places * Certains de ces P+R existent déjà mais font l’objet d’une extension. Entre parenthèses figure le nombre de nouvelles places créées.

E44


A7

HOEHENHOF LUXEXPO

A1

BELGIQUE B410 STÄREPLAZ - ÉTOILE CHL PFAFFENTHAL - KIRCHBERG HAMILIUS

CLERVAUX

E25

BOUILLON

GARE CENTRALE

E42

A1

LYCÉE DE BONNEVOIE

A60 BASTOGNE

A4

HOWALD CLOCHE D’OR

BITBURG

WILTZ A3

E421

N4

ESCH-SUR-SÛRE

VIANDEN

N15

ALLEMAGNE E29

N10

B51 DIEKIRCH ETTELBRUCK

N19

ECHTERNACH B418 REDANGE-SUR-ATTERT

A7 E29 MERSCH A64

E25

ARLON GREVENMACHER CAPELLEN

A1

A6

LUXEMBOURG

A1 ATHUS

B51 PÉTANGE A4

DIFFERDANGE

A13

A3

REMICH B407

BETTEMBOURG

LONGWY A13 MONDORFLES-BAINS

ESCH-SURALZETTE AUDUN-LE-TICHE N52

DUDELANGE SCHENGEN

A31 RUMELANGE VOLMERANGE-LES-MINES

FRANCE

A8


3 Études

DOMICILE-TRAVAIL : LA VOITURE RESTE INDÉTRÔNABLE Moyens de transport utilisés par les rési­dents pour se rendre au travail en 2020. Données exprimées en pourcentages. Tous les jours

80

T1 T2 T3

Quelques jours

T1 T2 T3

T1 T2 T3

T1 T2 T3

60

40

20

0

74

Voiture et moto

Transports publics

Vélo, scooter, e-bike

JUIN 2021

Marche

La voiture, reine des courses et du travail Le switch est encore plus net pour les déplacements vers les commerces alimentaires: plus de 60 % des usagers des transports publics ont préféré prendre la voiture, contre 13,5 % pour la marche et près de 6 % pour le vélo. Et une fois le déconfinement amorcé, près de trois usagers des transports publics sur dix ont continué à délaisser leur train-train quotidien pour la voiture, devant le vélo (2,7 %). « Peut-être que certains usagers ont estimé qu’ils ne perdaient pas de temps en prenant leur voiture pour aller au travail puisqu’il y avait moins de trafic routier », avance Véronique Van Acker, chercheuse au Liser. Clairement, le Covid-19 a relayé au passé les embouteillages monstres qui poussaient sans doute quelques automobilistes à opter pour les transports publics. Le Statec estime d’ailleurs qu’au 2e trimestre 2020, le temps médian de trajet domicile-travail est tombé à 15 minutes pour les résidents, contre 25 minutes trois mois plus tôt. Il est ensuite repassé à 20 minutes dès juin 2020, d’après l’institut de statistiques selon lequel seuls deux résidents sur dix utilisent les transports publics pour se rendre sur leur lieu de travail, soit trois fois moins qu’en voiture. « La pandémie ne semble pas avoir bouleversé les habitudes de déplacement des résidents », écrit le Statec qui observe une baisse de la fréquentation dans les transports publics au second semestre de l’année, surtout de la part des usagers occasionnels. « L’effet positif attendu de l’introduction du transport gratuit ne s’est matérialisé ni au 2e ni au 3e trimestre », analyse l’organisme dans une enquête dédiée au trajet domicile-travail diffusée en avril dernier. La nostalgie de la navette Quant aux télétravailleurs, 42 % d’entre eux disent que le trajet domicile-travail leur manque, selon le Liser. C’est plus particulièrement le fait de passer du temps seul (51,1 %), de se

Statec-EFT 2020

La pandémie de coronavirus rebat toutes les cartes, en ce compris celles de la mobilité puisque le confinement du printemps 2020 a freiné net nos déplacements et modifié nos habitudes, tantôt de manière brève, tantôt de façon plus ancrée. Au Liser par exemple, les chercheurs ont comparé les comportements entre l’avant-pandémie et le confinement du printemps 2020. Premier enseignement : près de 45% des résidents de cet échantillon ont diminué la fréquence de leurs déplacements domicile-travail entre février et avril. Indubitablement, le recours accru au télétravail a influencé les habitudes, et cela jusque dans le choix du moyen de locomotion utilisé. Parmi les usagers des transports publics, plus de six sur dix ont cessé de se rendre sur

leur lieu de travail en avril 2020 tandis qu’environ 23 % ont opté pour la voiture. Durant cette période de confinement, seuls 13,4 % des usagers des bus ou trains ont continué à les utiliser, montre le Liser.

sentir indépendant (44,6 %) et le fait de regarder ce qu’il se passe dehors (41 %) qui sont les aspects les plus cités par ces anciens navetteurs en mal de train-train quotidien. « Le trajet vers le travail est souvent considéré comme une perte de temps, raison pour laquelle nous avons en tête ce souhait de le minimiser. Mais certains disent que ce trajet leur procure un break entre le travail et la maison. L’étude montre que les salariés expriment l’envie d’un temps de trajet réduit, non pas d’un temps zéro », précise Véronique Van Acker. Selon le Statec, la moitié des résidents mettent 25 minutes ou moins pour se rendre sur leur lieu de travail au Luxembourg, en porte-à-porte. Cette même étude montre que plus le trajet est long, plus la satisfaction des salariés diminue: lorsqu’il est supérieur à 50 minutes, 74 % des travailleurs se déclarent satisfaits dans leur poste, contre 90 % pour ceux qui ont moins de 10 minutes à faire pour s’y rendre. Un autre élément confirme cette tendance: plus les trajets sont longs, plus les salariés cherchent un autre emploi. Ainsi, au-delà de 50 minutes de navette, 12,5 % des salariés regardent à changer d’employeur, contre 7,7 % chez ceux mettant moins de 10 minutes pour arriver au boulot. Le trajet domicile-bureau est donc loin de basculer dans les livres d’histoire. Par contre, la question du moyen de locomotion reste encore quelque peu ouverte: deux tiers des participants du Liser interrogés sans voiture ont déclaré utiliser moins souvent les transports publics pour éviter la foule, contre la moitié des automobilistes. « Si cette aversion de la foule persiste à travers le temps, le Covid-19 peut avoir un fort impact négatif sur la mobilité durable à long terme », écrit l’institut. Pour en avoir le cœur net, il termine en ce moment le 2e volet de son enquête. Les premiers résultats préliminaires pourraient être dévoilés avant les vacances d’été, mais il faudra être un peu plus patient pour en connaître les détails. Qui plus est, la question de la satisfaction dans les transports publics sera abordée. De quoi nous promettre des résultats riches en enseignements.

Auteur CATHERINE KURZAWA

Source

La crise sanitaire a modi­ fié les habitudes de dépla­ cement pour se rendre au travail. De quoi avoir des craintes pour la mobilité durable si elles s’ancrent dans la durée.

Comment le Covid-19 a im­pacté la mobilité


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Enjeux Mobilité

4 Transports publics

Vers une offre étoffée

La gratuité introduite le 29 février 2020 a braqué les projecteurs sur les transports publics luxem­ bourgeois, mais face au tentaculaire chantier du tram et aux défis posés par l’évolution de la demande, les opérateurs adaptent l’offre.

CFL : Capacités décuplées Fin 2020, le taux des passagers à bord des trains était près de 39 % inférieur à celui de l’année précédente au même moment. Le Covid a contaminé la fréquentation des CFL mais, avec 25 millions de voyageurs transportés en 2019, le train a accueilli 85 % de voyageurs supplémentaires depuis 2003. En cette année européenne du rail, un peu plus de 300 millions d’euros d’investissements sont prévus sur une enveloppe totale de 1,48 milliard d’euros, budgétée d’ici à 2030. Dans le détail, 34 nouvelles rames commandées à Alstom pour 400 millions d’euros devraient commencer à rouler dès la fin 2022. « De 2018 à 2025, le nombre de places assises augmentera de 46 % », assure l’opérateur ferroviaire qui précise qu’en chiffres absolus, cela représente 11.600 voyageurs de plus entre 2020 et 2025. Aussi, 502 millions d’euros sont dédiés au renforcement des lignes vers Bettembourg, Metz et Kleinbettingen. Enfin, des travaux dans les gares de Luxembourg, Rodange, Ettelbruck, Howald et Mersch vont booster leurs capacités d’accueil sans oublier la création de quelque 3.800 nouvelles places de parking d’ici à 2025. Indubitablement, le Covid-19 a impacté la ten76

JUIN 2021

Exemple avec la desserte de l’hôpital du Kirchberg, dont l’amplitude horaire vient d’être renforcée en début et en fin de journée pour permettre au personnel d’utiliser le nouveau P+R de Luxexpo. Idem vers le centre commercial Cloche d’Or « où l’offre a été renforcée le samedi », détaille Lex Bentner, chef du service des Autobus à la Ville de Luxembourg. Son défi ? Faire cohabiter tram et bus dans un environnement où des voies dédiées aux bus ont disparu et où certains croisements ont une capacité limitée en termes d’accueil de ces véhicules. En 2020, la fréquentation des bus RGTR : Dernière ligne droite avant la réforme AVL a chuté d’un tiers à 29,5 millions d’usagers, Rendez-vous est donné le 1er janvier 2022 pour Covid-19 oblige. Aujourd’hui encore, le réseau la réforme des lignes de bus RGTR (Régime tourne à 75 % de sa capacité de 2019 en semaine, général des transports routiers). Celle-ci pré- et 90 % le samedi. « Surtout lorsque le temps est voit une offre garantie entre 5h et 23h, une beau, on observe que les gens bougent beaucoup. cadence régulière les dimanches et jours fériés, Et une demande accrue se fait sentir avec la des lignes express ou transversales directes réouverture de l’horeca », ajoute Lex Bentner. Actuellement, une dizaine des 150 véhiqui ne passent plus par la capitale mais relient cules de la flotte propre roule à l’électricité. directement des localités entre elles. Le but est clair : accélérer le rythme des bus Mais le responsable table sur 28 à la fin 2021 pour le rendre plus compétitif face à la voiture. avant un nouveau défi : adapter les infrastrucDe 226 lignes régulières, le réseau passera tures pour la recharge tout en considérant le à 195 le 1er janvier prochain « mais le nombre déménagement du dépôt de Hollerich vers de lignes scolaires va augmenter vu que les la Cloche d’Or d’ici moins de 10 ans. lignes régulières ne reprennent aucune desserte scolaire », précise Alex Kies, directeur de l’Administration des transports publics. 94,4 % des lignes sont exploitées par des compagnies privées, le reste par les CFL. 8 % des bus RGTR fonctionnent pour l’heure à l’électricité, un taux appelé à monter à 45 % au plus tard en Luxtram : Objectif 2024 2025, compte tenu des nouveaux contrats. La ligne de tram poursuit son extension avec, La réforme du réseau RGTR matérialise des à l’horizon, l’échéance de 2024, année prévue années de préparatifs avec des ateliers et pour la mise en service du dernier tronçon de roadshows en 2016-2017 qui ont permis de la ligne principale allant vers l’aéroport. Avant recueillir les attentes des usagers, suivis en cela, le ver de fer multicolore devrait desservir 2017 par l’enquête Luxmobil à laquelle 38.000 Bonnevoie, dès septembre 2022, et la Cloche personnes ont répondu et enfin la consulta- d’Or, d’ici la fin 2023. Au total, la ligne devrait coûter 565 millions d’euros. Quatre ramification des communes réalisée en 2019. tions supplémentaires sont actuellement en cours de développement : un tram rapide reliant la Cloche d’Or à Belvaux en passant par Schifflange ainsi que trois extensions de la ligne principale vers le quartier Kuebebierg au Kirchberg, Hollerich et la route d’Arlon où le tram AVL : Priorité à la proximité devrait relier le CHL. Actuellement doté de 27 rames conduites À l’ombre du tram, les 31 lignes AVL (Autobus de la Ville de Luxembourg) ont vu leur tracé par 74 conducteurs, Luxtram assure avoir transet leur numérotation s’adapter en décembre porté 18 millions de passagers depuis l’ouverture 2020 pour relier les quartiers au centre-ville du premier tronçon en décembre 2017. À noter mais aussi permettre aux usagers de voyager que les travaux de finition des aménagements d’un quartier à l’autre. se poursuivent entre la place de Metz et la gare. Si le remaniement n’a pas été sans réclama- Leur fin se profile pour l’automne prochain. tions de la part de certains usagers, les autorités affirment remanier l’offre au fur et à mesure. Auteur CATHERINE KURZAWA dance mais cela ne décourage en rien les projets de modernisation des infrastructures des CFL. Ceux-ci prévoient notamment l’extension de la connexion wifi aux gares et arrêts, ainsi que l’automatisation de l’information des clients en gares et aux arrêts.


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Enjeux Mobilité

5 Offre

La mobilité, ça se partage

À deux ou à quatre roues, l’offre de véhicules partagés continue à s’étoffer au Lux­embourg. Coup d’œil sur un segment résilient dans le contexte de crise sanitaire.

Vel’oh prend du galon Ces vélos bleu et gris en libre-service font partie du paysage urbain de la capitale depuis 2008 déjà. Mais, ces derniers mois, des stations Vel’oh fleurissent au-delà de Luxembourg-ville, notamment à Hesperange et Bertrange. « En 2021, notre projet est de rajouter 22 stations : 5 à Luxembourg et le solde dans sa périphérie », explique Jérôme Blanchevoye, directeur général adjoint Villes & Finances chez JCDecaux Belgium. ­Ainsi, quatre stations sont attendues à Mamer, deux à Capellen, deux à Niederanven, quatre à ­Hesperange et une supplémentaire à Bertrange. 200 nouveaux deux-roues devraient étoffer la flotte, qui en contient actuellement 900, répartis pour l’instant dans 98 stations. Ces vélos à assistance électrique venus remplacer en 2018 le modèle traditionnel semblent trouver leur public, à en croire notre interlocuteur : « Entre l’ancien et le nouveau système, le nombre d’abonnés a été multiplié par plus de deux, atteignant les 18.000 », assure-t-il, tandis que le nombre de locations quotidiennes moyennes a été quadruplé. Le Covid-19 a pourtant réduit les déplacements avec ses confinements et le recours prononcé au télétravail. « Le nombre de trajets a diminué », admet Jérôme Blanchevoye, sans toutefois donner de chiffres précis. Avec trois types d’abonnements qui vont de 2 euros pour un jour d’utilisation à 18 euros par an, Vel’oh cible un public large, bien au-delà des résidents de la capitale. Deux offres « business » s’adressent aussi aux entreprises et institutions européennes qui souhaitent offrir un peu de mobilité douce. 78

JUIN 2021

Night Rider : l’oiseau de nuit s’adapte Carloh : la voiture à l’accent urbain Inciter les automobilistes qui roulent peu à renoncer à leur véhicule et à opter pour une voiture partagée : telle est la démarche de C ­ arloh, le service d’autopartage lancé en 2015 à Luxembourg-ville. Depuis lors, plus de 1,3 million de kilomètres ont été parcourus par ces 34 ­voitures, dont trois électriques. « Notre objectif est de passer à 50, voire 53 voitures dans les deux à trois prochaines années. Mais, actuellement, l’utilisation est un peu moindre suite au Covid », explique Patrick Hein, manager de Carloh. Avec quelque 800 trajets mensuels, les véhicules – qui vont de la citadine compacte à la berline break – ciblent une clientèle de particuliers et d’entreprises répartis partout sur le territoire de la capitale. « On a 20 à 30 % de notre clientèle qui n’achètent pas de voiture parce qu’ils savent qu’ils séjournent un an ou deux au Luxembourg avant de déménager », illustre notre interlocuteur. Fin février, Carloh recensait 735 clients, majoritairement âgés de 36 à 45 ans. Leur trajet moyen ? Un peu plus de 40 km pour 4 h 55 d’utilisation. Après utilisation, chaque véhicule retourne à sa station de départ. Particularité : les 18 stations de Carloh sont généralement situées non loin d’une station Vel’oh ou d’un arrêt de bus, afin de faciliter la multimodalité urbaine. « Notre objectif n’est pas d’entrer en concurrence directe avec Flex », insiste Patrick Hein, qui précise qu’« à l’heure actuelle, il n’y a pas de synergie : le ­service est différent, la technologie est différente ». Les abonnements mensuels vont de 5 à 30 euros, auxquels s’ajoutent les frais par heure et par kilomètre (de 0,20 à 0,47 euro) d’utilisation.

Le service de navettes de nuit partagées, habituellement opérationnel entre 18 h et 5 h les vendredis et samedis, adapte ses horaires à ceux du couvre-feu en vigueur depuis la fin 2020, mais ses fondamentaux demeurent : permettre de sortir le soir sans devoir se soucier ni du parking ni de son taux d’alcoolémie, puisqu’un chauffeur est au volant du véhicule. Celui-ci transporte des passagers qui partagent tout ou une partie d’un même itinéraire, et se réserve au préalable en ligne pour une prise en charge aller-retour ou simplement retour, selon les besoins. Le tarif varie selon la distance, le nombre de personnes ayant réservé le même parcours, et cela pour un minimum de 12 euros par trajet, indique Sales-Lentz, l’opérateur du service. À noter que certaines communes proposent une Night Card : un billet forfaitaire valable un an, durée pendant laquelle elles prennent en charge les frais de transfert, pour autant que le lieu de départ ou la destination soient situés sur leur territoire. Si le service cible les jeunes pour éviter aux parents de jouer les taxis, il est tout de même ouvert à tous les âges.

Gernsback, au Kirchberg. « On a besoin de ­ oitures à d’autres emplacements », explique v ­Jürgen Berg, directeur de Flex. « Avec d’autres communes, nous sommes en train de faire des tests avec un système de popup : c’est un moyen pour voir s’il y a une demande, quels sont les besoins et donner la possibilité aux clients de mieux comprendre le système Flex.  » Courant juin, Remich et Redange devraient accueillir ces stations pour six mois. Actuellement, la flotte compte 110 véhicules, dont 25 voitures électriques et 4 camionnettes. Fort de 4.800 abonnés actifs, Flex assure que la crise sanitaire a gonflé la demande – ­hormis durant le confinement du printemps 2020. Quant aux entreprises, Flex connaît une phase « plus calme, mais ça va changer, j’en suis convaincu ». Face à la concurrence, l’opérateur dit tirer son épingle du jeu avec une offre disponible Flex : un réseau en évolution Depuis trois ans et avec 47 stations, Flex pour- dans l’ensemble du pays et des tarifs avantasuit sa route près des gares et autres points de geux sur la location à très court terme. La passage. Car si le service de carsharing des formule de base coûte 3,80 euros par heure CFL se veut être un complément aux trans- avec 0,45 euro du kilomètre. Les usagers ports publics, il cible les particuliers, les entre- peuvent opter pour un abonnement « gold » prises et les communes. Ainsi, de nouvelles (10 euros/mois) où l’heure d’utilisation desstations ouvrent en ce mois de juin à Strassen, cend à 2,80 euros, auxquels s’ajoute 0,40 euro Frisange et Roeser, tandis que celle de par kilomètre parcouru. ­Dippach-Gare a fermé en mars et le véhicule affecté à celle de la gare de Sandweiler-Contern va déménager à la nouvelle station du parking Auteur CATHERINE KURZAWA


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6 Quotidien

Une voiture, des coûts

Chère à de nombreux automobilistes, la voiture l’est aussi dans le budget des ménages. L’occasion de se pencher sur les coûts et bénéfices du véhicule personnel. Elle représente près de 15 % des dépenses moyennes des ménages au Luxembourg avec 9.573 euros par an : la voiture reste un élément central du budget des ménages, montrent les données du Statec. Et si le Luxembourg apparaît comme étant un pays fiscalement attractif pour y posséder une voiture, surtout en comparaison à son voisin belge, utiliser un véhicule privé n’est toutefois pas gratuit, loin de là. En prenant en compte le modèle le plus populaire du marché, la Volkswagen Golf, Denis Hubert de l’ACL a estimé pour P ­ aperjam les coûts générés. « En partant d’une possession moyenne de cinq ans, cela revient à 537 euros / mois. Au bout des cinq années, le propriétaire ­récupérera la valeur résiduelle, normalement 40 % du prix

d’achat », estime le mobility loft coordinator de l’ACL. Le leasing privé, une autre façon de compter Ces dernières années, des offres de leasing à destination des particuliers se développent sur le marché. « La même voiture en leasing opérationnel coûtera 450 euros / mois pendant 36 mois, + 75 euros de carburant, soit 525 euros / mois. Mais, évidemment, au bout de trois ans vous ne récupérerez rien de votre véhicule, contrairement à un achat. » Alors, leasing ou achat ? Pour notre expert, l’achat est intéressant si l’on compte garder son véhicule longtemps. « En revanche, si vous roulez peu et changez régulièrement, le leasing opérationnel peut être un bon choix », poursuit Denis Hubert, qui estime que « si vous c­ hangez de véhicule tous les trois ans, la solution du leasing est à envisager ». Et pour cause : la valeur résiduelle d’un véhicule a tendance à chuter très rapidement au cours des trois premières années. Dans le cas d’un leasing, c’est l’opérateur qui prend le risque lié à la perte de valeur, pointe notre interlocuteur. Enfin, d’autres frais peuvent s’ajouter à ce scénario. D’une part, quatre ans après la ­première mise en circulation du véhicule, un contrôle technique est obligatoire (ainsi que la 6e année, puis une fois par an). Comptez entre 53,50 et 64 euros par inspection, selon l’opérateur. D’autre part, certains automobilistes sont parfois amenés à louer un garage. Les prix fluctuent évidemment mais, grosso modo, dans la capitale, il faut compter entre 150 et 300 euros par mois selon la localisation et le type d’emplacement. Auteur CATHERINE KURZAWA

COÛTS GÉNÉRÉS PAR UNE VOITURE OBJET

BUDGET

SCENARIO

Achat du véhicule

22.750,58 euros TTC

Golf8 1.5 TSI DSG de 150 kW 1

Assurance

135 euros / mois

Casco full avec bonus-malus de 11 2

Carburant

75 euros / mois

7 litres / 100 km et 1,28 euro / litre de SP95, si environ 10.000 km / an

Entretien

25 euros / mois

Sur un véhicule neuf, les entretiens sont limités 3

Pneumatiques

10 euros / mois

Comptez 386 euros / 35.000 km soit 10 euros / mois pour 10.000 km / an 4

Taxe annuelle CO2

79,80 euros

Émissions de 133 g / km

Immatriculation

50 euros

Taxe unique

80

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Si le véhicule est acheté à crédit, comptez 486 euros / mois sur 36 mois. 2 Le prix des assurances dépend des options choisies. Différentes compagnies proposent des simulateurs de prix en ligne. 3 Le prix des entretiens est extrêmement variable selon les marques. 4 La durée de vie des pneumatiques varie de 20.000 à 50.000 km suivant la conduite, et le prix d’un pneu fluctue selon les dimensions. Pour le gardiennage, comptez 41 euros / an. 1

« La voiture, on en a beaucoup moins besoin qu’on le croit » SÉVERINE ZIMMER Séverine Zimmer a revendu sa voiture en automne 2019 et, depuis lors, elle n’envisage pas de faire marche arrière. Comme tant d’autres résidents, sa vie était rythmée par le triptyque auto-boulot-dodo. Mais, à l’automne 2019, Séverine Zimmer a revendu sa voiture. « J’avais l’impression d’être plus rapide en allant à mes rendez-vous en voiture. Sauf que les années avançant, c’était beaucoup plus compliqué d’arriver à l’heure », se souvient cette habitante de la capitale, confrontée aux nombreux bouchons et chantiers. Entre la nervosité au volant et les coûts induits par le véhicule, la réflexion mûrit peu à peu : l’indépendante active dans l’accompagnement de projets artistiques et culturels commence à lister ses déplacements et à réfléchir s’il est possible de les réaliser par un autre moyen de locomotion. Ses deux filles atteignent l’âge de 12 ans, deviennent alors autonomes grâce aux transports publics, et, à l’automne 2019, la quadragénaire saute le pas et revend sa voiture. « J’étais contente de m’en débarrasser, j’ai résilié le bail de mon garage et j’ai commencé à réfléchir autrement à mes déplacements. » Elle s’abonne d’abord aux vélos en libre-service Vel’oh, puis commence ponctuellement à utiliser les transports en commun. « Au fur et à mesure de la gratuité, j’ai de moins en moins ressenti le besoin de louer des voitures externes, notamment pour mes projets à Esch-sur-Sûre. » Car si Séverine Zimmer vit et travaille dans la capitale, elle est amenée à se déplacer un peu partout dans le pays pour ses projets professionnels. Elle achète alors un nouvel ordinateur portable, qui lui permet de ­travailler plus facilement dans le train par exemple. « La voiture, on en a beaucoup moins besoin qu’on le croit », assure l’entrepreneure qui dit gagner en temps et en qualité de vie en se faisant ­véhiculer par le train ou le bus. Lorsque son emploi du temps et sa feuille de route le nécessitent, elle loue une voiture partagée via Flex. « Je ne prends plus aucun plaisir à conduire, mais, pourtant, qu’est-ce que j’adorais les mécaniques », confie-t-elle. Cette vie sans voiture privée est aussi un nouvel état d’esprit, où l’on privilégie les petits commerces plutôt que les grandes surfaces, où les articles spécifiques s’achètent plutôt en ligne et sont livrés directement. « Je n’ai absolument aucun désir de retourner à la voiture », dit-elle. Et à ceux qui hésiteraient à franchir le pas, voici son conseil : « Lorsque notre voiture est devant la porte, on part toujours à la dernière minute car on a toujours cette ‘roue de secours’ face aux transports ­publics. Mais vendez-la, et vous verrez qu’il y a d’autres solutions sur le marché ».


Tackling bias in artificial Table ronde intelligence, and eventually Luxembourg Recovery in humans

Ann-Elise Delbecq AI Elite team EMEA (IBM)

TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED

T HJUERS U DDAY I Artificial intelligence awakens great hopes, by allowing us to make decisions more quickly and objectively than human judgments alone. While it holds out the promise of competitiveness, it also has a dark side, that of undesirable biases. AI is dependent on the social and cultural context of its designers and the data that feeds them. During this Club Talk, Ann-Elise Delbecq, AI Elite team EMEA at IBM, will discuss the emergence of tools and methodologies to deal with these new algorithmic biases.

REGISTRATION REQUIRED ON PAPERJAM.CLUB

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18H30 18:30


Portfolio

La nouvelle génération d’entrepreneurs

Lancée juste avant le confinement et la pandémie, FrëschKëscht, avec ses paniers de fruits et de légumes (de 4 à 8 kilos environ chaque semaine, soit en mode vegan, soit avec des œufs et du lait), a permis à Gaïa ­Costadura (19 ans) et son équipe de séduire 120 à 130 clients. Des produits frais et « 100 % luxembour­geois » qu’ils vien­nent chercher le vendredi à Steinsel, ou que Michel Greco leur livre.

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Ils ont 17 ans, 20 ans, ou même 30 ans, et ont la fibre entre­preneuriale déjà chevillée au corps. Des mini-entreprises imaginées au lycée aux projets plus mûrs après une première expérience pro­fessionnelle, les nouveaux entre­pre­neurs ont, la plupart du temps, en commun de ne pas revendiquer l’enrichissement. Ces « Jonk Entrepreneuren »,

photogra­phiés au milieu des graffiti de Hollerich grâce à la Ville de Luxembourg, veulent modifier les consciences, lutter contre le réchauf­fement cli­ ma­tique ou mettre d’autres valeurs au premier plan, comme l’égalité entre les hommes et les fem­mes ou la bienveillance. Un bol d’air bienvenu, parce Auteur THIERRY LABRO qu’ils n’avancent pas masqués.

responsables

Photos

ANDRÉS LEJONA

Auteur PRÉNOM NOM

Sa première expérience de minientreprise pour les Jonk Entrepreneuren l’a convaincu qu’il serait entrepreneur. Après ses études en économie et gestion à Strasbourg, il a compris qu’il préférait être un créatif. Michel Logeling (25 ans) a lancé sa propre agence de communication. L’autodidacte entend faire progresser la dimension psychologique dans l’acceptation des produits et des campagnes de marketing.

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La gentillesse paie. Avec 15.000 petits cadeaux envoyés depuis le début de l’année, plus de 100 partenaires et 450 « expériences », comme il les appelle, Mich Hoffmann (28 ans) a déjà gagné son pari, avec le lancement de son ap­pli­cation. Gift permet d’envoyer une atten­tion à un proche, que ce soit un croissant, un café ou un rendez-vous chez le coiffeur. Carmen Meyers et Lena Ruts (18 ans toutes les deux) s’attaquent à une problématique qui gagne lentement du terrain : comment amener des produits d’hygiène personnelle à destination des jeunes femmes plus près des lycées. Un flyer, une campagne de sensibili­sation et des contacts avec deux ministères plus tard – celui de l’Éducation et celui de l’Égalité hommesfemmes –, les deux jeunes femmes ont commencé à installer leurs distributeurs.

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Pourquoi les bouteilles en plastique devraientelles être incinérées ? D’abord intéressés par l’idée de les recycler, Antoine Kohn (23 ans) et Luko Mandic se sont aperçus que les jeunes étaient assez peu informés sur le recyclage. Le plastique des bouteilles utilisé comme matériau pour les imprimantes 3D d’EDU Re-Print est devenu un projet éducatif qui doit aller dans les lycées pour convaincre de l’importance de l’économie circulaire.

08_legende Udae. Obit utatis andi deles alit faccus doluptae incienimi, optatet et quamus ea voloritem reiur simint, consece perio. Expliciandae maio cuptati rehent officiis quaepe qui occullo rporiaspedi arum quaeseq uidebit, odit volor acilign isciusdanis que cor arum, cuptatus dolorum et venturem diciate volecae et quam, cullaborio quisita tiantibus ad ma voluptatias eossequi delest, cone voloribuscit que

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Drockmeeschter, la start-­up « garage » par excellence. Maurice Nilles (21 ans) et ses amis ont cherché en vain un fournisseur pour produire leur T-shirt avec le logo de leur club. Ils décident alors de lancer leur entreprise, dans un garage, avec de vieilles machines à tisser. Leur catalogue de vêtements neutres leur permet de répondre à toutes les demandes. Leurs clients – entreprises, écoles ou clubs – se bousculent.

08_legende Udae. Obit utatis andi deles alit faccus doluptae incienimi, optatet et quamus ea voloritem reiur simint, consece perio. Expliciandae maio cuptati rehent officiis quaepe qui occullo rporiaspedi arum quaeseq uidebit, odit volor acilign isciusdanis que cor arum, cuptatus dolorum et venturem diciate volecae et quam, cullaborio quisita tiantibus ad ma voluptatias eossequi delest, cone voloribuscit que

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Pourquoi les gens qui souffrent de problèmes de communication ne pourraient-ils pas, eux aussi, avoir des logiciels adaptés pour communiquer, se former ou s’informer ? À partir de cette problématique, rencontrée dans son cercle proche, Gianluca Marinelli (27 ans) a créé Sovi Solutions, qui vient de lancer Talkii, une solution digitale à destination aussi bien des individus que des associations ou des écoles. Sa voix et son ton ne laissent planer aucun doute : Alessio Weber (25 ans) aime la communication. Interpersonnelle, mais aussi digitale. C’est animé de cette volonté d’aider qu’il a lancé, il y a plus de deux ans, une agence de communication et de marketing digital, d’abord dédiée aux start-up, mais qui séduit de plus en plus de clients plus « gros », dit-il.

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Quand un « techy », Michel Strotz (30 ans), rencontre un autre « techy », Karim Youssef, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Les histoires d’une agence marketing d’une ère nouvelle, Neon, qui combine les « neon tools », pour briller sur les réseaux sociaux, et la « neon academy », pour former… les autres agences à embrasser la digitalisation. Blockchain, NFC, TikTok... rien ne leur échappe. Pour lutter contre le dérèglement climatique, Lara Silva (17 ans) et ses camarades ont revisité les codes d’une célèbre marque avec du voile qui ne pouvait plus servir et du polystyrène, pour rendre l’objet écolo. Et pourquoi ne pas embarquer la Ligue HMC, pour apporter aussi une dimension sociale au projet ? Depuis février, les ventes du pouf d’Ekomfort se multiplient.

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Débat public Ce qui était enfoui, comme l’interprétation et l’improvi­ sation, refait soudain surface. Le coupable ? Un virus qui a grippé le fonctionnement d’entreprises réglées comme du papier à musique militaire. Les restrictions sanitaires, en nous limitant à notre travail, bouleversent nos habitudes et réactivent notre quête de sens. Penser la crise sanitaire autour de l’axe « monde d’avant / monde d’après », c’est s’enfermer dans une problématique inadéquate. Que l’on souhaite le retour à notre confort précédent ou que l’on espère une vie différente, cette projection nous éloigne du moment présent, un présent qui dure et qui nous questionne. Mes observations dans les entreprises révèlent le blues des quinquas, et de tous ceux qui, soudainement, se sont extraits de leur conditionnement pour faire un pas de côté et interroger leur parcours, non sur un plan moné­ taire, purement quantitatif, mais à l’aune de leur chemin de vie tout entier, plus qualitatif. « Car finalement, à quoi bon ? Tous ces efforts ont-ils un intérêt ? Que faire dans 10 ou 15 ans, quand la retraite sonnera ? » La question du sens n’attend certes pas le nombre des années, et de nombreux jeunes ont largué les amarres des grandes corporations sans demander leur reste. Alors, pourquoi être optimiste ?

Abdu Gnaba Directeur de Sociolab Si l’anthropologie nous enseigne que l’homme n’est rien d’autre qu’un lien, que le « moi » des psychanalystes se situe dans la connexion que le « je » entretient avec l’autre, cette période d’isolement relatif a remis en évidence notre besoin de petits riens, de je-ne-sais-quoi, de superficialité et de banalité. Le travail ne se réduit pas à la seule production. Il ne fait pas de nous des objets. Aussi observe-t-on le besoin de relations anodines, d’interactions avec des personnes rencontrées au hasard, qui incarnent le moment présent, et rien d’autre. À ces petites discussions s’ajoute le besoin de diversité. L’entre-soi des réunions digitales, l’absence des rendez-vous extérieurs, des discussions à la machine à café ou des verres d’après-boulot nous rappellent que la rencontre avec des gens qui ne sont pas comme nous fait partie de l’inspiration nécessaire à notre équilibre et à notre créativité. Alors oui, nous pouvons être optimistes, car l’attention à l’autre devient une priorité, puisqu’elle nous est profitable. Le présent est fait de hasards, et pas uniquement de process. L’être humain ne se résumera jamais dans un tableur Excel. Et c’est une belle nouvelle. « Le présent est fait de hasards, et pas uniquement de process », analyse Abdu Gnaba. Photo ANDRÉS LEJONA

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• Première entreprise média indépendante. du Luxembourg depuis plus de 25 ans. • Publishing House - Business Club - Brand Studio. • Éditrice de Paperjam et Delano. • Avec plus de 120 collaborateurs.

Directeur Publishing House (h/f) Recrute

• Il/Elle dirigera les activités presse de l’entreprise média. • Il/Elle fera partie de la direction de l’entreprise et remplacera le fondateur, Mike Koedinger, dans ses tâches opérationnelles actuelles de directeur Publishing ad interim qui, lui, se concentrera dès lors sur sa fonction de président non exécutif. • Il/Elle collaborera avec la CEO, le CFO, le CDO, ainsi qu’avec les directeurs du Business Club et du Brand Studio. • Il/Elle encadrera une équipe de près de 40 personnes qui est amenée à évoluer significativement entre 2021 et 2023 afin de constituer une des principales rédactions du Luxembourg.


Nos ambitions • Nous nous engageons pour le développement à long terme du Luxembourg. • Nous contribuons à l’évolution de la société et au rayonnement international du pays en accompagnant tout développement politique, social et culturel de manière critique et constructive, en incitant les décideurs à trouver les meilleures solutions, en mettant l’accent sur les forces innovantes et créatives de ce pays. • Nous voulons contribuer à augmenter le niveau d’information et donc d’engagement de toutes les personnes au Luxembourg, qu’elles y soient résidentes ou simplement de passage. • Nous voulons améliorer l’entente entre les différentes cultures en mettant en lumière leurs réalisations et contributions individuelles à notre société ouverte et libérale, vers un Luxembourg moderne avec la première entreprise média indépendante du pays: challenger today, leader tomorrow.

Mission

Le directeur aura une mission multiple Contribuer à la stratégie de développement de l’entreprise • Membre du comité exécutif de l’entreprise et à ce niveau impliqué(é) dans le développement global de l’entreprise Garantir un journalisme indépendant et livrer la promesse faite aux lecteurs • Garant(e) du respect de la ligne éditoriale • Encadrement du management de la rédaction Paperjam et Delano • Lien entre la rédaction et la direction, le Brand Studio ainsi que le Business Club Développer les revenus de la business line • Monétisation des audiences par la publicité et le native advertising • Implémentation de la stratégie de diversification des revenus (lecteurs, e-commerce, partenariats ...) Développer les audiences • Trafic des sites web (visiteurs, pages vues, durée, fréquence) • Nombre d’abonnés aux différentes newsletters et leur taux d’ouverture • Lectorat dernière période et lectorat total du magazine • Diffusion, partenariats, marketing, communication Encadrer la production • Projets digitaux (sites web, newsletters, apps, outils de production et de gestion, paywall, etc.) • Impressions

Profil

Notre ligne éditoriale • Maison Moderne est un éditeur indépendant qui ne sert aucun intérêt partisan, politique, syndical ou religieux. • Attaché à la modernisation et au rayonnement international du Luxembourg, il porte un regard affûté, constructif et ouvert sur les enjeux nationaux, comme sur la vie des affaires. Il se fait l’écho de ses succès, mais sait aussi se montrer critique sur ses errements, ses échecs, ou ses excès. • Sa ligne éditoriale est résolument démocrate, européenne, libérale sur un plan économique et sociétal. Elle ne s’inscrit ni dans la révolution ni dans la conservation, mais se place énergiquement dans le camp du progrès et de ses avancées.

• Très bonnes connaissances de l’industrie de l’information / presse / communication et de ses enjeux (évolution des modèles économiques, tendances de consommation des médias, technologies, marchés ; benchmarks, best practices). • Possédant un esprit collaboratif, et en tant qu’excellent team player, il/elle s’intéresse autant aux métiers du journalisme, défendant son indépendance, qu’il est sensible à la monétisation des audiences - la profitabilité étant le meilleur garant de l’indépendance pour la presse. • Avec une capacité d'appréciation et de compréhension de domaines divers tels que la direction artistique, la photographie, le data marketing, etc. , il/elle contribue significativement à l’innovation de l’entreprise. • De formation supérieure avec une expérience concluante de plusieurs années. • Maîtrise du français et de l’anglais, compréhension souhaitée du luxembourgeois et/ou de l’allemand.

Nous vous offrons • Un contrat à durée indéterminée • Des avantages extra-légaux • Une entrée en fonction à convenir entre août et décembre 2021

Transmettez-nous votre dossier de candidature à recrutement@maisonmoderne.com. Chaque candidature sera traitée dans la plus stricte confidentialité.


Bienvenue au Club ! 96

Business club

Chers membres, À l’heure où les règles sanitaires s’assouplissent et les beaux jours reviennent, certains d’entre nous ont encore quelques réticences à participer à des événements, malgré la campagne de vaccination et le recul des infections. Tout au long de cette période Covid, le Paperjam + Delano Club, tout en veillant à respecter des mesures sanitaires strictes, a organisé ses événements partiellement en présentiel et en digital. Vous avez été nombreux à nous demander des opportunités pour rencontrer d’autres membres et plus de convivialité. Dorénavant, cela redevient possible. Notre rôle étant de vous soutenir et d’être à votre écoute, nous avons mis en place plusieurs événements physiques, que ce soit des petitsdéjeuners, déjeuners, happy hours ou dîners. Les places étant limitées, retrouvez sur notre site les différentes possibilités de participer en présentiel à nos événements et inscrivez-vous. Ne ratez pas ces opportunités non digitales. Au Club et chez Maison Moderne, nous nous sommes adaptés à la crise. Et vous, comment votre entreprise l’a-t-elle surmontée ? Partagez votre vécu et remplissez votre dossier de candidature sur recoveryawards.paperjam.lu. ANA WISCOUR-CONTER Deputy director Paperjam + Delano Club

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club

1.300 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

18.000 PERSONNES

Jan Hanrion

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

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ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 400 événements par an auxquels vous pouvez participer.

500 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

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Pit Reckinger (Elvinger Hoss Prussen)  Bob Kneip (Kneip)  Martine Kerschenmeyer (Korn Ferry)  Anne-Catherine Ries (Digital Lëtzebuerg)  Tine A. Larse (CNPD)

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Ne manquez pas

Business club Juin 2021

Jeudi 10 juin

Jeudi 17 juin

The Place : before and after

The Place est un concept ayant pour but de réunir les différentes communautés du Paperjam + Delano Club dans des lieux d’exception. Après vous avoir fait découvrir le rooftop du chantier Royal-Hamilius, The Place revient cette année pour un networking original au sein du H2O. Récemment racheté, cet immeuble va être transformé et réaménagé pour s’adapter aux nouvelles tendances des bureaux d’après-crise sanitaire. Cette année, vous verrez l’état actuel, et dans un an, quand les travaux seront terminés, nous vous ferons découvrir l’après.

Inscrivez-vous

PROGRAMME 18:30 – 21:30 SPONSOR

CLUB TALK

Tackling bias in artificial intelligence, and eventually in humans

Artificial intelligence holds out great hope that it will enable us to make decisions faster and more objectively than human judgement alone. It holds the promise of competitiveness, but also of undesirable biases. During this Club Talk, Ann-Elise Delbecq, AI Elite team EMEA at IBM, will discuss Inscrivez-vous the emergence of tools and methodologies to deal with these new algorithmic biases. PROGRAMME 18:30 – 20:00, Livestream

Jeudi 24 juin 10×6

RH : Les nouvelles façons de travailler

Le développement de l’ère digitale a initié une mutation des pratiques de travail dans certaines entreprises, et la crise a forcé le recours à de nouvelles pratiques pour toutes les entreprises qui en avaient les moyens. Ce changement ouvre des perspectives sur de nouvelles façons de travailler et de concevoir le travail. Quel avenir pour les entreprises ? Le cadre législatif est-il prêt ? Quels enjeux pour le Luxembourg ? Ce 10×6 proposera les regards croisés de 10 professionnels. PROGRAMME 18:30 – 20:00, Livestream

Inscrivez-vous

SPONSORS

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


RECOVERY AWA RDS

Résilience

Innovation

Digitalisation

Solidarité

Partagez votre expérience en participant au concours Recovery Awards et donnez de la visibilité à votre société. Share your experience by submitting your application to the Recovery Awards competition and give your company the visibility it deserves.

Deadline de remise des dossiers

MARDI 15 JUIN

G O L D S P O N SO RS

O RGA N I SAT E U RS

PLUS D’INFORMATIONS SUR RECOVERYAWARDS.PAPERJAM.LU


Le programme

Business club Juin 2021

Mercredi 02 juin

Jeudi 10 juin

Breakfast New Members

CONFÉRENCE

Jeudi 17 juin CLUB TALK

Tackling bias in artificial intelligence, and eventually in humans

HORAIRE 09:00 – 09:45, Livestream

Jeudi 03 juin

HORAIRE 18:30 – 20:00, Livestream

CONFÉRENCE

Jeudi 24 juin 10×6

En conversation avec Marcel Leyers HORAIRE 17:00 – 18:00, Livestream

RH : les nouvelles façons de travailler HORAIRE 18:30 – 20:00, Livestream SPONSORS Luxembourg for Finance, Prolingua

SPONSOR PwC

Nouveau contexte : comment s’adapter grâce à la digitalisation HORAIRE 09:00 – 11:00

THE PLACE

Before and after HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU H20

LIEU Abbaye de Neumünster

SPONSOR JLL

SPONSORS Fast, Empirys

Mardi 29 juin CONFÉRENCE

Concours national d’éloquence « Tony Pemmers » HORAIRE 17:00 – 19:00, Livestream SPONSORS CJBL, BGL BNP Paribas, Lalux Assurances, LOSCH, Legitech, Larcier Luxembourg

Vendredi 11 juin

Mardi 08 juin

Breakfast Nouveaux Membres

Mercredi 30 juin WEBINAR

HORAIRE 09:00 – 09:45, Livestream

Mardi 15 juin WORKSHOPS

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 17:15

Start-up Stories Round 3

LIEU Abbaye de Neumünster

HORAIRE 18:00 – 19:00, Livestream SPONSORS Startup Luxembourg, Office Freylinger PARTENAIRE Luxembourg-City Incubator

Mercredi 16 juin FORMATIONS AVANCÉES

Mercredi 09 juin

Bankruptcy, the law, and possible solutions and remedies for distressed companies HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream

WEBINAR

Le management par la communication HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream

Let’s Taste HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU Paladium – Le Jardin Secret

Booster son middle management : gestion du temps HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés Retrouvez le programme complet

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


RH : les nouvelles façons de travailler

TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED

JEUDI

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Le développement de l’ère digitale avait déjà initié une mutation des manières de travailler dans certaines entreprises. La crise du Covid-19 a forcé le recours à de nouvelles pratiques (et notamment au télétravail) dans toutes les entreprises qui en avaient les moyens techniques. Ce changement brutal, imposé, dans un premier temps, ouvre des perspectives sur de nouvelles façons de travailler et de concevoir le travail. Qu’est-ce que cela veut dire pour les entreprises ? Le cadre législatif est-il prêt ? Quels sont les enjeux pour le Luxembourg ?

Avec la participation de : Sabrina Bonnet, KPMG Luxembourg Nathalie Bourdeau, AXA Luxembourg Patrick Depauw, Social Seeder Abdu Gnaba, Sociolab Nathaël Malanda, Allen & Overy Nathalie Mege, TNP Luxembourg Romain Muller, Firce Capital Yvonne O'Reilly, Avanteam Sumit Roy, Quantum Business Advisory Lux Guillaume Schott, CGI Luxembourg

INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR PAPERJAM.CLUB

18H30 GOLD SPONSORS

SILVER SPONSOR


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“I think we all have a duty to act now, to shift from becoming a victim of pollution to becoming an actor of change.” Julie Becker Bourse de Luxembourg

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Vos événements Au cours du mois écoulé, nous avons pu assister à des événements mi-physiques, mi-digitaux. Un de nos événements phares, le 10×6 Architecture, a donné la parole à 10 experts (dont 8  Norry Schneider) qui ont partagé leur vision des nouvelles façons d’habiter la ville de demain. Lors de la deuxième édition de notre formation avancée « Booster son middle management », 1  Béatrix Charlier a abordé les façons de déléguer avec la promotion 2021. Par ailleurs, notre Club Talk présentait les nouveaux critères ESG avec des invités de marque comme 2   Olivier Carré, 3  Claude Marx, 4  Julie Becker et Kelly Hebert. L’occasion pour nos membres de mieux appréhender la nouvelle réglementation ESG ainsi que la manière dont le secteur financier a réagi aux défis permanents de la conformité pour les OPCVM et les fonds alternatifs. Les tendances design visuelles et digitales du moment étaient à l’honneur lors de notre dernier Marcom Breakfast présenté par 5  Pierre Hubin, senior art director chez Vanksen. Un événement qui a permis de faire découvrir les synergies ainsi que les évolutions technologiques et sociétales existantes via le design. Le Delano Breakfast Talk animé par 6  Reinhard Krafft, CEO de Merck Finck, a été une autre occasion pour nos membres de découvrir comment les investissements ont pris de l’ampleur suite à la crise du Covid. Enfin, grâce aux allègements des règles sanitaires, le Delano Live a enfin pu avoir lieu dans les locaux de Bernard-Massard à Grevenmacher. Un moment privilégié durant lequel une trentaine de nos membres ont pu visiter les caves, goûter différents vins et apprendre, grâce à 7  Antoine Clasen, quel impact le changement climatique et la crise du Covid ont eu sur la viticulture.

Crédits

SImon Verjus

Plus de photos sur

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« Co-construire la ville de demain avec les citoyens. » Norry Schneider Centre for Ecological Learning Luxembourg JUIN 2021

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• Première entreprise média indépendante. du Luxembourg depuis plus de 25 ans. • Publishing House - Business Club - Brand Studio. • Éditrice de Paperjam et Delano. • Avec plus de 120 collaborateurs.

Directeur du Business Club (h/f) Recrute

Le Paperjam + Delano Club réunit la communauté business du Luxembourg avec plus de 1.300 sociétés et entreprises membres, et organise quelque 280 événements allant du networking à la formation continue : de grands shows, des conférences, des tables rondes et des workshops dans les domaines liés à l’économie, au social, à la communication et au design. Le Club recrute son Directeur (h/f) pour affronter un futur innovant, assurer sa croissance, répondre à ses ambitions, mettre en place la stratégie actuelle, commercialiser l’offre New Deal et permettre ainsi à l’activité du Paperjam + Delano Club de faire face à un changement culturel dans un écosystème « agile ».


Vous Sous l’autorité directe du CEO, vous collaborerez à la stratégie de développement de l’activité du Paperjam + Delano Club et en serez le responsable. Au centre des relations avec toutes les parties prenantes internes comme externes, en votre qualité de leader et d’ambassadeur de la marque Maison Moderne, vous serez le garant de la qualité des événements, de la fidélisation et de la rétention des membres, et ce, en accord avec les valeurs de l’entreprise.

Mission • Encadrement, supervision et définition de la programmation et de la production des événements. • Gestion et supervision des missions de l’ensemble de l’équipe du Club, programmation, production et relations membres. • Choix des thématiques abordées, des orateurs/ intervenants, etc., en partenariat avec le responsable des programmes. • Veille marché constante afin de détecter de nouveaux besoins et ainsi pouvoir proposer des thématiques et des sujets tendance aux membres du Club et faire évoluer les offres actuelles sur le marché concurrentiel. • Analyse et élaboration des cahiers des charges des événements en collaboration avec le responsable de la production. • Anticipation des risques et imprévus (techniques, financiers, juridiques, contractuels, clients...) et mise en place des actions préventives et évolutives afin de les gérer. • Participation et animation d’événements. • Intervention dans les projets de coproduction d’événements avec des partenaires locaux. • Supervision de la rédaction des contenus liés aux événements du Club. • Collaboration avec le CEO à la création de nouveaux concepts d’événements. • Participation à la mise en place et au suivi de la stratégie des relations avec les membres, des plans d’action et des objectifs des départements Media Sales et Paperjam + Delano Club. • Mise en place d’un réseau local et international pour assurer le développement des événements du Club. • Contribution à l’optimisation de l’organisation ainsi qu’à l’enrichissement des outils de projets transversaux.

Profil •

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Être de formation supérieure (Bac +5) dans le domaine de la communication, de l’ingénierie, avec une option en management/gestion. Se prévaloir d’une expérience dans un poste similaire, soit à Luxembourg soit au niveau européen. Être reconnu comme leader et manager : animer et coordonner des équipes, échanger des informations avec ses collaborateurs et partenaires internes/ externes dans un esprit de diversité et d’égalité. Faire preuve d’une connaissance approfondie du tissu économique, politique et culturel national et international. Disposer d’un réseau de relations médias et assurer les relations avec le monde extérieur. Gérer la performance et l’efficacité. Être capable de piloter des projets innovants, de haut niveau et de grande envergure : analyser et synthétiser un ensemble de données (techniques et organisationnelles). Estimer les coûts (de développement, lancement...), élaborer des budgets, évaluer des prestataires (leurs compétences et le rapport qualité/prix) Anticiper, concevoir et formuler des propositions Être passionné par les nouvelles technologies Être orienté résultats clients, avec un sens relationnel développé. Faire preuve de rigueur, d’autonomie, de logique et de charisme. Avoir un esprit ouvert, curieux, créatif et avoir soif d’apprendre. Pouvoir assurer la prise de parole en public, être à l’aise avec la communication écrite. Maîtriser parfaitement le français et l’anglais, la pratique de toute autre langue (luxembourgeois, allemand) sera considérée comme un atout. Se montrer flexible en termes d’horaires et de mobilité géographique, pouvoir gérer des situations de stress.

Nous vous proposons • De rejoindre une entreprise de référence et fortement ancrée dans le tissu économique du Luxembourg et de la Grande Région. • D’évoluer dans un environnement dynamique et innovant et une ambiance de travail positive. • De signer un contrat à durée indéterminée à temps plein (40h/semaine) avec de nombreux avantages extra-légaux.

Transmettez-nous votre dossier de candidature à recrutement@maisonmoderne.com. Chaque candidature sera traitée dans la plus stricte confidentialité.


Ma maison

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1 C’est à Luxembourg, dans une maison de 1934, que Carole Chaine et Paul di Felice se sont installés il y a 30 ans. « Six mois après notre rencontre, nous avons visité cette maison de ville, que nous avons achetée », se souvient Carole Chaine. Aujourd’hui, près de 30 ans plus tard, c’est une maison qui est remplie de souvenirs, mais aussi de photographies contemporaines – une passion que partage le couple. « Chaque photo

est liée à une histoire personnelle, soit parce que l’artiste est un(e) de nos amis, soit parce que c’est une œuvre que j’ai exposée », commente Paul di Felice, curateur et spécialiste en photo. Au rez-de-chaussée, on trouve le salon – où ils prennent l’apéritif –, la salle à manger, la cuisine, où Carole aime préparer des plats pour ses invités, ou encore une grande baie vitrée, « devant laquelle on s’installe pour le petit-déjeuner ». Dans les étages, on trouve le bureau, le salon TV, les chambres et les salles de bains. Un peu partout, des globes préservent une collection de coquillages ayant appartenu à la grand-mère de Carole. Autant de petites natures mortes qui apportent une touche de poésie à cet intérieur chaleureux.

AUTEUR Céline Coubray PHOTOS Matic Zorman

MAISON D’ART 106

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1 Chacun installé d’un côté, Carole et Paul partagent le bureau, avec une bibliothèque commune. 2 Dans le salon TV, on trouve une chaise longue de Le Corbusier et, bien entendu, beaucoup de photos. 3 Paul et Carole sur leur canapé rouge, qui est le décor récurrent d’une série de photos de leurs invités et amis. 4 Dans la salle à manger, une sélection de portraits de femmes est accro­chée au mur. Au centre, une grande table attend les convives. 5 Le jardin, qui a été ­ essiné et aménagé d par Carole, propose ­plusieurs ambiances pour les différents moments de la journée et de la soirée.

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Mon argent

Fondatrice et directrice des Crèches Barbara, Barbara Agostino met de la passion dans tout ce qu’elle fait. Qu’il s’agisse de sa société ou de piloter un hélicoptère. Avez-vous une devise par rapport à l’argent ? « Le luxe est une affaire d’argent. L’élégance est une question d’éducation. » Une citation de Sacha Guitry qui me correspond assez bien. La première fois que vous avez gagné de l’argent ? Je suis issue d’une famille de restaurateurs. Ma grand-mère a eu un café pendant 30 ans à Rodange. J’ai grandi dans ce milieu où l’on jouait beaucoup aux cartes. En fin d’année, nous avions le droit de jouer au poker en famille et, comme j’étais hyperdouée pour mémoriser les cartes, fin 1996, j’ai gagné environ 7.000 LUF (175 euros). Le souvenir d’un achat avec vos premières rentrées financières ? J’ai toujours travaillé pendant les vacances scolaires et, avec mes premiers gains, je me suis payé le permis moto, qui coûtait quand même 1.000 euros. Ensuite, je me suis offert une Ducati Monster d’occasion. Avez-vous des passions coûteuses ? Je suis en train de préparer mon permis de pilote d’hélicoptère. Je serai la première femme au Luxembourg à l’obtenir. J’en rêve depuis que, étant petite, j’ai re­gar­dé la série Supercopter. Mon plus grand rêve a toujours été de devenir pilote chez Air Rescue. Votre dernier coup de folie ? Une Harley-Davidson série limitée. Je deviens plus responsable ! Êtes-vous collectionneuse ? Oui, je collectionne les anciennes

Barbara Agostino rêvait de piloter un hélicoptère depuis l’adolescence.

Vespa, j’en ai six d’époques différentes, et j’ai aussi quatre anciennes Mini. De quel objet ne vous sépareriez-vous jamais ? Ceux qui ont pour moi une importance émotionnelle. Dans chaque pays ou ville que je visite, j’achète un objet qui a marqué mon voyage. Le plus mauvais achat que vous ayez fait dans votre vie ? Une voiture neuve que j’ai payée très cher. Trop cher ! Ne jamais faire ça. Je l’ai très vite regretté. Mon principe est de racheter des voitures d’occasion à des amis et de les revendre au même prix après 50.000 km. Une voiture perd tout de suite de la valeur. Pour devenir riche, il faut... ? Oser et y croire avant tout. Être passionné par ce qu’on fait.

Quoi qu’on fasse comme activité, on peut devenir riche. Il faut juste faire les choses avec passion, rigueur et patience, et ne pas avoir peur de l’échec. Le prix de certaines choses vous dérange-t-il ? Le prix de la malbouffe. Elle n’est pas chère parce qu’on ne calcule pas les coûts réels qu’elle engendre, comme la souffrance animale ou la destruction des ressources naturelles. Y a-t-il des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense ? Pour les coups de foudre ou lorsqu’il s’agit de faire plaisir à ma femme, ma famille ou mes amis. Un achat trop coûteux que vous ne regrettez pas ? Une maison des années 1920 au boulevard de la Pétrusse. Je me suis battue pendant quatre ans

pour l’obtenir. L’ancienne propriétaire n’avait pas d’héritiers, elle est finalement partie aux enchères. Vous avez été capitaine de l’équipe nationale féminine de football. Que vous inspirent les montants financiers en jeu dans ce sport ? Ça me choque. En 2005, nous n’avions ni congé sportif, ni primes, ni même d’argent pour s’acheter une paire de chaussures. Pour nous entraîner, nous avions les anciens équipements des équipes d’hommes. Depuis, je sponsorise différentes équipes féminines. J’interviens là où il n’y a pas de sponsor. Les hommes sont toujours bien sponsorisés et très visibles dans les médias. Or, l’effort est le même que vous jouiez dans une équipe féminine ou masculine. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA

Entre passion et patience 108

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Radio N°1 du Luxembourg

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L’essentiel ER ÉDIA M E P U O R 1RGANCOPHONE F

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S Y A P U D

DARIO 6H-10H

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RADIO

N°1

SUR LES RÉSIDENTS ÉTRANGERS ET SUR LES FRONTALIERS **par semaine


Audrey Krawczyk Brand manager, Bofferding Comment aimez-vous définir votre style ? Éclectique et improvisé selon mon humeur. Je peux passer d’une tenue très décontractée en mode « streetwear » à la petite robe noire, talons hauts, toute chic, et même parfois associer les deux. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre ? Un bomber recto verso que j’adore, avec un côté bleu marine et l’autre méga fleuri. Quelle est votre astuce pour être parée à toute épreuve en terrasse ? Un bob ciré noir toujours dans mon sac à dos, un parapluie et des bottines pour courir de terrasse en terrasse en cas de tempête. Pas rare au Luxembourg… Votre no-go absolu ? Je n’ai jamais supporté les ballerines. Je ne trouve pas cela féminin du tout et, on est d’accord, tout le monde pue des pieds avec [rires]. Quel est votre accessoire le plus « Bofferding-friendly » ? Voilà une question qui me parle ! Je dirais ma montre pour être toujours à l’heure à l’apéro… Que porteriez-vous pour une grande occasion ? J’ai un problème avec les robes longues : j’adore ça ! Surtout celles en satin, effet petite nuisette… À associer avec des sandales ouvertes à talon large. Des adresses shopping coups de cœur au Luxembourg ? Les boutiques Stitch et The Kooples.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

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Paré(e) pour les terrasses ! 110

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Mon style

Robert Racz Manager associé, Go Ten Comment aimez-vous définir votre style ? Ambitieux, réaliste et direct. C’est d’ailleurs un style que j’aime également appliquer à mon établissement, et qui fonctionne plutôt bien je crois... Quelle pièce aimeriez-vous transmettre ? J’en ai deux : une veste verte que j’aime beaucoup, et ma montre, que je me vois bien offrir dans le futur. Quelle est votre astuce pour être paré à toute épreuve en terrasse ? Un look chaud et confortable, ce qui n’empêche pas de se faire plaisir niveau style. Et pour le Go Ten : une marquise et des sièges chauffants ! Votre no-go absolu ? L’arrogance. Comment combiner style et efficacité quand on est restaurateur ? Une bonne paire de jeans, un tee-shirt basique mais bien taillé, et le tour est joué ! Que porteriez-vous pour une grande occasion ? Cela va vraiment dépendre de l’occasion, mais j’aime en tout cas faire des efforts pour les occasions spéciales. Des adresses shopping coups de cœur au Luxembourg ? Alazio, en ville. Et la boutique Vinoteca, mais pour un autre type de shopping !

130 - 160 signes Robert Racz a été pris en photo au Go Ten et Audrey Krawczyk devant le Chiggeri.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Interview FABIEN RODRIGUES Photos RICK TONIZZO

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Ma collection

Mélody Funck est influenceuse. Sur ses comptes Instagram et TikTok, on la voit porter des robes chatoyantes issues, entre autres, de sa collection personnelle. « J’aime la mode, c’est même une passion, et depuis que je travaille, je me permets d’acheter régulièrement quelques modèles extraordinaires », ex­plique Mélody Funck. Un jour, en flânant sur le réseau social Instagram, elle découvre une robe pour laquelle elle a un véritable coup de cœur. En creusant un peu, elle dé­­couvre qu’elle est la création de Walone Fashion Group, une maison de mode basée au Kosovo. « Ce sont des robes qui valent très cher, mais ils vendent leurs anciens modèles à prix cassés. C’est comme cela que j’arrive à acquérir certaines de leurs créations », explique la jeune femme. Depuis, Mélody s’est fait con­naître et se fait prêter quelques modèles, notam­ment par Maison Felgen à Esch. Mais dès qu’elle peut, elle en achète. « Actuellement, je possède une quinzaine de robes de soirée et de cocktail, des plus extravagantes aux plus simples. J’ai par exemple une robe entièrement faite en fausses plumes », s’amuse-t-elle à décrire. En revanche, elle n’est pas attirée par les grandes marques. « J’aime avoir des vêtements qui sortent de l’ordinaire. Ce sont parfois des en­sembles qui semblent appartenir à une autre époque, mais je recherche toujours une certaine forme d’originalité et d’élégance. »

Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA

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Ma petite robe... extravagante JUIN 2021

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Ma recette

Lorsqu’elle ne s’occupe pas de gros chiffres en tant qu’investment manager, Élodie Donjon se transforme en pâtissière de choc, pour des créations qui laissent bouche bée... Pour 8 personnes Préparation : 1 h 15 Cuisson : 50 minutes POUR LA PÂTE SABLÉE : 2 00 g de farine 8 0 g de sucre glace 2 5 g de poudre d’amande 1 20 g de beurre très froid 1 œuf S el POUR L’APPAREIL AU CITRON : 6 citrons 6 œufs entiers 2 50 g de sucre en poudre 6 0 g de beurre POUR LA MERINGUE : 6 blancs d’œufs 3 00 g de sucre en poudre POUR LE VIN C rémant de Luxembourg Extra Brut, Domaine Mathis Bastian

Couper le beurre bien froid en dés. Dans une jatte, mélan­ger la farine, la poudre d’amandes, le sucre glace et une pincée de sel. Ajouter le beurre, puis mélanger du bout des doigts pour obtenir un « sable » fin. Battre l’œuf avec une cuillère d’eau très froide, puis mélanger avec le « sable » jusqu’à obtenir une boule lisse. près 30 minutes au réfrigé­ A rateur, étaler la pâte sur un plan de travail fariné. La disposer dans le plat ou le moule, en la collant bien aux parois. Piquer la pâte puis la remettre 30 mi­nutes au frais (comme ça, elle ne gonflera pas à la cuisson). Préchauffer le four à 160 degrés. Garnir la pâte de haricots secs pour la cuisson à blanc (30 minutes). Enlever les haricots puis badigeonner le fond avec de l’œuf battu. Remettre 3 minutes au four. Zester les citrons sur le sucre, puis les presser. Réunir dans une casserole les zestes, le jus de citron, le sucre en poudre et les œufs entiers. Cuire à feu doux en mélangeant au fouet (pas d’ébullition !), la préparation doit épaissir progressivement pour former une crème onctueuse. En fin de cuisson, incorporer le beurre. Verser l’appareil sur le fond de tarte précuit, l’étaler uni­formément et enfourner à 130 degrés pour une quinzaine de minutes. Sortir du four et laisser refroidir.

Tarte au citron meringuée 114

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Monter les blancs en neige. Ajouter le sucre et continuer à battre à pleine vitesse pendant 5 bonnes minutes. Lorsque la meringue est prête, remplir une poche à douille cannelée et décorer la tarte. Enfin, passer le chalumeau sur la meringue pour lui donner une jolie couleur dorée !

Auteur FABIEN RODRIGUES Photos RICK TONIZZO


41,3% de couverture chez les résidents chaque jour

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N°1

Chez les résidents âgés de 15 à 49 ans Chez les résidents étrangers Chez les citadins résidant à Luxembourg-Ville Chez les cadres, salariés qualifiés et professions libérales Chez les résidents les plus instruits (Bac+5 et plus)


Mon mental

Mary Faltz est une survivante. À seulement 37 ans, elle a vécu autant d’épreuves qu’une personne de 80 ans. Pourtant, elle reste irrémédiablement positive et souriante. Les difficultés de Mary commencent dès son plus jeune âge. Fille aînée d’une fratrie de six enfants, elle vit à la Moselle avec ses parents, tous deux éduqués et exerçant dans le milieu de la médecine. Pourtant, ce cadre privilégié n’est que le décor d’un destin bien plus sombre. Dès l’âge de ses neuf ans, le père de Mary abuse d’elle sexuellement. Un abus qui durera 16 ans, jusqu’à ce qu’elle arrive à porter son agresseur devant les tribunaux et qu’il soit condamné à 15 ans de prison.

Malgré toutes les épreuves, Mary Faltz est reconnaissante de ce que la vie lui apporte.

Malheureusement, les difficultés de Mary ne s’arrêtent pas là. Jeune femme, elle se trouve confrontée à la mort de son nourrisson, le quatrième enfant de la famille qu’elle est en train de construire. Puis, elle doit affronter un divorce douloureux, alors qu’elle est enceinte de son cinquième enfant. Et comme si cela ne suffisait pas, on lui diag­ nostique un cancer seulement quelques mois après avoir donné naissance. Un cancer qu’elle parvient à surmonter après une lourde opération et de nombreuses séances de radio et chimiothérapie. Alors qu’elle est en convalescence, Mary initie des examens

complémentaires pour mieux anticiper une éventuelle rechute, et là, un second cancer est déjà détecté, très agressif. Les médecins ne lui laissent que peu, voire pas, d’espoir. Pourtant, au moment de l’entretien organisé en vue de la rédaction de cet article, le 10 mai 2021, Mary est en bonne santé et sourit. Les cancers sont vaincus. Au cours de sa chimiothérapie, elle a écrit un livre, Trahie dans sa chair (Filament Publishing), qui raconte son histoire. « J’ai écrit ce livre pour me libérer de ce que j’ai vécu, et surtout pour aborder le sujet de l’abus sexuel, qui est encore tabou au Luxembourg. Toute ma vie,

(Se) sourire 116

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j’ai vécu avec un instinct de survie poussé à son maximum. J’ai dû développer une résilience extrême pour faire face à l’adversité. Mais même dans les pires situations, j’essaie de voir le petit point positif, car il existe toujours. » Un corps poussé à l’extrême Ces situations extrêmes ont mis son corps à l’épreuve. Enfant, elle ne parvenait pas à dormir, craignant toujours l’arrivée de son agresseur dans sa chambre. Pourtant, elle excelle à l’école et réalise des études brillantes ; elle parvient même à mener à bien son doctorat, alors qu’elle est en plein procès pénal


« Toute ma vie, j’ai vécu avec un instinct de survie. »

et enceinte. Mais tout cela n’est qu’une façade qu’elle s’est construite pour faire bonne figure face au monde extérieur. En tant que jeune femme active, Mary s’est acheté une montre connectée pour compter le nombre de pas qu’elle fait dans la journée. La montre captant également le rythme cardiaque, elle s’aperçoit qu’au repos, son cœur bat à plus de 140 pulsations par minute. Elle prend conscience que son corps n’est en fait jamais calme, encore moins son esprit. Malheureusement, ces stress incessants ont fortement affaibli son système immunitaire et ont provoqué le développement du cancer. « J’ai reçu le diagnostic de mon cancer comme quelque chose de très violent. Mon plus jeune enfant avait seulement 16 mois, et on m’annonçait ma mort. On ne peut pas toujours contrôler ce qui nous arrive, mais nous avons toujours le choix de décider comment y faire face. J’ai choisi de rester proactive, et surtout de me mettre dans un état d’esprit positif. » Rester positive Pour cela, Mary a ses trucs à elle : même en pleine chimiothérapie,

alors qu’elle avait perdu ses cheveux, elle porte sa perruque, continue à se maquiller, à bien s’habiller, pour se reconnaître dans le miroir. « Je me souris à moi-même, aussi. Cela envoie un signal positif à mon cerveau et stimule mon ­système immunitaire. La pensée positive a un pouvoir incroyable sur le corps. Il ne faut surtout pas le sous-estimer. » À côté de cela, elle se laisse des messages d’encouragement sur des post-it, télécharge une application qui lui envoie régu­ lièrement des phrases positives, comme si une personne bienveillante pensait à elle. « J’ai accepté aussi de me faire aider par des thérapeutes. Je participe à un groupe sportif post-­oncologique et je surveille mon alimentation. » Dès qu’elle le peut, elle regarde aussi des stand-up comedies pour rire et se détendre. En fait, ces épreuves ont permis à Mary Faltz de comprendre qui elle est vraiment. « Quand vous vous retrouvez face à la mort, tout change. Tous les problèmes du quotidien deviennent très relatifs, car mon seul souhait était de rester en vie. Désormais, je pense

d’abord à moi et à mes enfants, et ensuite aux autres. Ce n’est pas une démarche égoïste, mais plutôt une approche de la vie qui permet de s’accepter réellement tel que l’on est. » L’écriture, un acte libérateur Suite à tous ces combats, Mary Faltz a ressenti le besoin de partager son expérience dans un livre. « Ce livre, je l’ai écrit en huit semaines, d’une traite. Il est loin d’être parfait, mais c’est ma vérité, et il m’a libérée d’un poids très lourd. Enfant, j’étais timide, introvertie. Le cancer a changé ma personnalité. Aujourd’hui, j’ose parler à voix haute de l’abus que j’ai vécu. On peut écrire pour soi, pour les autres, jeter ses écrits, ou encore décider de les faire publier. Cela peut prendre bien des formes, mais dans mon cas, cela m’a beaucoup aidée, et j’espère sincèrement que mon témoignage en aidera d’autres. »

Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ROMAIN GAMBA

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FO N

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DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION JUIN 2021

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Mike Koedinger

Rédaction

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POLITIQUE ET INSTITUTIONS

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COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10 et 26, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie

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Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Geraldine Knudson.


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La liste

programmateurs qui font chanter les foules

Si la crise n’est pas encore derrière nous, la musique tente de reprendre petit à petit sa place. Avant un été qu’on espère beaucoup plus « live » que le précédent, petit aperçu de ceux qui amènent les stars de la chanson au Luxembourg et nous font découvrir les artistes de demain. Auteur JULIEN CARETTE

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Marc Scheer

PROGRAMMATEUR MUSIQUES ACTUELLES À LA KULTURFABRIK

John Rech

DIRECTEUR ET PROGRAMMATEUR D’OPDERSCHMELZ

John Rech (51 ans) est un monument de la musique luxembourgeoise. Chanteur du groupe pop-rock T42 parce qu’il « ne savai[t] pas jouer d’un instrument mais sautai[t], par contre, très bien sur scène » (selon sa propre explication), le Dudelangeois a ouvert, dans les années 90, les shows luxembourgeois de Michael Jackson (à Bettembourg, devant 42.000 personnes) ou Bon Jovi. Avant de faire de même avec son projet solo, Dream Catcher, pour Sting, Counting Crows ou Train. Une histoire qui continue aujourd’hui, puisqu’un double album live est programmé pour cet été. Cette carrière sur scène l’a poussé à orga­­­niser ses propres concerts, ce qui est devenu petit à petit son métier. C’est lui qui a ainsi mis sur pied la première Fête de la musique au Luxembourg, en 1994, à Dudelange – la ville qui l’a vu naître et où il a organisé de plus en plus d’événements. Jusqu’à devenir programmateur du centre culturel Opderschmelz à son ouverture, en 2007. Une fonction qu’il cumule désor­mais avec celle de directeur. C’est donc lui qui est, en bonne partie, derrière la programmation très éclectique de la salle dudelangeoise mais aussi des festivals Like a Jazz Machine et Zeltik. « Chez nous, cela va tous azimuts », sourit-il. Un peu à l’image de son programmateur… 120

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Marc Scheer

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Luka Heindrichs

PROGRAMMATEUR ET COPROPRIÉTAIRE AU GUDDE WËLLEN

Luka Heindrichs (33 ans) n’a pas encore 16 ans lorsqu’il devient, au milieu des années 2000, manager du groupe de rock diekirchois Inborn!, composé de camarades de classe. Une aventure qui le mène jusqu’aux ÉtatsUnis mais qui ne l’empêche pas de s’investir, dans le même temps, dans l’organisation du (défunt) festival chéri des fans luxembourgeois de musique alternative Food For Your Senses. Un événement dont il avait repris les rênes en 2013 et qui attirait chaque année entre 80 et 90 artistes, parmi lesquels quelques futurs noms ronflants, tels que le rappeur allemand Cro, l’Australienne Tash Sultana, les Français de La Femme, les Belges de Balthazar ou encore la poétesse britannique Kae Tempest. Si le festival Food For Your Senses s’est éteint en 2019 avec une édition baptisée « Funeral Feast », le natif de Malmedy (en Belgique) a ouvert avec deux amis, depuis 2014, le bar-concert devenu emblématique dans la capitale, de Gudde Wëllen. Il s’occupe de la programmation d’une salle située au premier étage de l’établissement, pouvant accueillir 90 spectateurs. Avec cinq à dix concerts par mois, mais quelques high­ lights qui en feront saliver plus d’un. Ne citons que deux noms : les rockeurs irlandais que tout le monde veut voir, Fontaines D.C., ou les cultissimes Texans de Khruangbin.

LSAP, Gudde Wëllen, Rotondes, DR et Johnny Lemarquis pour l’Atelier

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Luka Heindrichs

Photos

John Rech

En musique, on aime bien mettre dans des cases. Que ce soient les artistes, les groupes, certains disquaires, mais aussi, parfois, les salles de concerts. Or, s’il y a un lieu, au Luxembourg, qu’il est très difficile à « caser », c’est la Kulturfabrik. Voilà un espace où l’on peut parfois découvrir des artistes qui ne seraient jamais programmés ailleurs. Une position particulière, de niche, qui accompagne un lieu avec une histoire et une âme qui ne se limitent pas à la musique. Pour animer sa programmation musicale, le centre culturel eschois a peut-être bien trouvé la personne idoine avec Marc Scheer (44 ans). Après avoir passé une dizaine d’années au Centre culturel Prabbeli à Wiltz, ce Nordiste, ancien chanteur de groupes de métal ou de hardcore, a débarqué à Esch à la rentrée 2019. Et ses premiers choix musicaux confirment bien qu’il est the right man in the right place, avec notamment les Néerlandais d’Altin Gün et leur mélange de psychédélisme et de musique turque, mais aussi le groupe américain Sunn O))), une grande référence du drone metal.


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Marc Hauser

RESPONSABLE DE LA PROGRAMMATION MUSICALE AUX ROTONDES

Lorsque les Rotondes deviennent, en 2007, l’épicentre de Luxembourg et Grande Région, capitale européenne de la culture, la salle située à Bonnevoie est d’un format (250 places à l’époque, 280 aujourd’hui) qui n’existait pas vraiment dans la capitale – bien plus petite que l’Atelier et les établissements eschois (Rockhal et Kufa). C’est assurément un des éléments qui a fait son succès. Tout comme son programmateur musical, Marc Hauser (45 ans), qui a imposé une empreinte à ce lieu. Avec un créneau bien précis, celui de la découverte d’artistes pas encore suffisamment importants pour accéder aux plus grandes salles du pays, mais dont les noms sont déjà sur les lèvres de « ceux qui savent » dans le petit monde de la musique. Le tout avec une identité sonore que l’on pourrait qualifier, en ­caricaturant un peu, de « branchée anglo-occidentale », qui a fait sa renommée dans la capitale. À l’image du désormais ­habituel festival estival Congés annulés. Et puis, il y a ce concept qui veut que chaque artiste ne passe qu’une fois aux ­Rotondes. Ce qui permet forcément un ­renouvellement. Mais aussi à certains de dire qu’ils ont vu des groupes indépendants importants comme Mac DeMarco, Future Islands, Daughter ou Modeselektor dans une ambiance confidentielle, bien loin des grands festivals dans lesquels ils se ­produisent aujourd’hui.

Marc Hauser

Michel Welter

ASSOCIÉ-GÉRANT DE L’ATELIER

Arnaud Velvelovich

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Arnaud Velvelovich

PROGRAMMATEUR À LA ROCKHAL

C’est à lui que l’on doit notamment les venues à la Rockhal de Dua Lipa, Angèle, Khalid, PNL, Yungblud, Eddy de Pretto, Clara Luciani, Lomepal… S’il s’occupe de la grande majorité des gros projets de la salle eschoise, Arnaud Velvelovich (38 ans) est assurément à la pointe de la nouvelle génération, qu’elle soit internationale ou française. C’est lui, d’ailleurs, qu’on retrouve également derrière une bonne partie de la programmation des Franco­ folies d’Esch 2021. Grâce à un réseau et un carnet d’adresses impressionnants, mis en place depuis son engagement envers la Rockhal en 2008, mais aussi à une présence assidue devant des scènes parfois très peu fréquentées, ce Meurthe-et-Mosellan a pour habitude de repérer les « nouvelles stars » bien longtemps avant que le grand public découvre leur existence. Il a forcément contribué à faire de la salle eschoise une enceinte référencée à l’international et une des marques culturelles les plus importantes du pays. Fan, à l’adolescence, de grunge ou de rap français, Arnaud Velvelovich a fait son éducation musicale en écoutant la (défunte) radio belge Radio 21. Quant à sa passion pour l’organisation des événements (culturels), on va dire qu’il est tombé dedans quand il était ­adolescent en flânant dans les concerts ­organisés par sa famille. Assurément la meilleure des formations.

Salle « historique » au Luxembourg, l’Atelier n’est pourtant né qu’en 1995 afin de combler un vide, celui d’un lieu capable d’accueillir tous ces groupes internationaux qui sillonnaient l’Europe sans vraiment s’arrêter chez nous. Avec, comme premiers faits d’armes importants, les venues de Jimmy Somerville, Garbage ou de ces Belges devenus par la suite des habitués des lieux : K’s Choice et dEUS. Lors du premier concert de dEUS à l’Atelier, on retrouvait dans le public un certain Michel Welter (44 ans). Celui-là même qui en est devenu, en 2008, le programmateur, puis, désormais, associé-gérant (tout en continuant à superviser la programmation). Le natif de Luxembourg a donc assisté à toute la mutation de cette salle privée (et donc logiquement peu soutenue par l’État). Après en avoir été un des premiers salariés à temps plein, il en est désormais la locomotive dans le train de la profes­ sionnalisation – aux côtés de Laurent Loschetter, Patrick Bartz et Steve Wohl – afin de passer d’une structure « amateur » à un modèle assurant une certaine stabilité, et surtout une viabilité plus importante. Désormais, plus qu’une simple salle de concerts, l’Atelier est un organisateur généraliste qui orchestre des spectacles dans de nombreux lieux (Rockhal, Abbaye de Neumünster, Luxexpo, les Rotondes, le centre socioculturel de Wiltz, la Kufa, etc.) à travers le pays.

Michel Welter

JUIN 2021

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JUIN 2021

Photos

Nommé à la tête du groupe automobile Losch en janvier ­dernier, Thierry Beffort nous parle de l’avenir d’une société qu’il connaît sur le bout des doigts pour y avoir fait ses classes depuis 20 ans. Il tire aussi le bilan de la crise sanitaire qui a particulièrement touché le secteur automobile et souligne les enjeux de la digitalisation. Une interview à lire en page 26 Malgré un reflux momentané du trafic lié au confinement, la mobilité reste un enjeu crucial pour le Luxembourg. De nouvelles solutions émergent pour tenter de fluidifier le trafic alors que les opérateurs publics étendent leur offre pour tenter de faire abandonner la voiture. Notre dossier Enjeux du mois, en page 66, fait le tour de la question. En mode multimodal À la tête de l’enseigne Alavita, Anne Harles nous parle de son développement ainsi que de celui des produits bio qu’elle propose en priorité. Depuis la reprise du magasin de Junglinster, en 2018, elle a apposé le nom d’Alavita sur deux nouvelles boutiques et a développé un concept de restauration. À lire en page 38 La production cinématographique luxembourgeoise vit une grande année, à l’image de Samsa Film, qui a connu un succès inespéré sur Netflix avec la série Capitani et a vu le documentaire Collective nommé deux fois aux derniers Oscars. Claude Waringo et Bernard Michaux témoignent de cette belle aventure dans une interview croisée à lire en page 42 Malgré la crise, les fonds d’investissement ont continué à cartonner un peu partout en Europe. Directrice de BlackRock Luxembourg, Gisèle Dueñas Leiva revient sur l’intérêt du premier gestionnaire d’actifs mondial pour les investissements responsables et sur sa stratégie vis-à-vis des ETF. Entretien en page 48 Intégrée au sein du groupe autrichien Plansee, l’entreprise luxembourgeoise Ceratizit fête son centenaire cette année. Plutôt que de revenir sur ce passé glorieux, Thierry Wolter, membre du directoire, nous parle, en page 52, de l­ ’avenir de l’entreprise, qui veut désormais intégrer le top 3 dans son secteur industriel Ses premiers gains, elle les a obtenus en jouant au poker en famille, à 14 ans. Fonceuse, enthousiaste, Barbara Agostino nous a confié son rapport à l’argent. Une interview en toute franchise à lire en page 108 Pour poursuivre cette bouffée d’air frais, rendez-vous en images avec notre portfolio – en page 82 – qui met à l’honneur de jeunes entrepreneurs bien décidés à placer de nouvelles valeurs entrepreneuriales au premier plan.

Andrés Lejona

Clin d’œil


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