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VIVIANE REDING

En Europe, la protection des données personnelles est un droit fondamental, ancré dans la charte et dans les traités, mis en pratique par le RGPD.

Le principe est clair : la libre circulation des données et les règles qui y sont afférentes s’appliquent sur tout le continent, y compris pour les entreprises non européennes opérant sur le territoire européen.

Un bémol néanmoins : au lieu d’un unique régulateur européen, le contrôle tombe sous la responsabilité des régulateurs nationaux. Ceux-ci sont donc également compétents pour les géants du web, établis sous leur juridiction. S’ensuivent de solides différences de traitement. Certains pays publient leurs nombreuses amendes, petites ou importantes, en toute transparence. D’autres évitent les amendes et la publicité, allant même jusqu’à se cacher derrière une « forme anonymisée » des résultats de leurs rares enquêtes. Le Luxembourg, qui tombe dans la deuxième catégorie, récolte de ce fait de nombreuses critiques à l’international !

Avec une double conséquence. D’un côté, notre pays devient intéressant pour le siège d’entreprises non européennes attirées par la discrétion du régulateur. De l’autre, ceux qui critiquent la « non-transparence » du fonctionnement grand-ducal se voient confortés dans leur opinion. Un résultat à double tranchant !

On s’attend à ce que cette problématique soit mise à l’ordre du jour lors d’une prochaine réforme du RGPD. Viviane Reding Députée CSV

Mis à part la situation des régulateurs, une chose est certaine : le RGPD a bien servi à lever les barrières pour la libre circulation des données en Europe. Ceci est important pour la création de la future data economy, surtout celle qui se fonde sur l’IA. Il n’est donc pas étonnant que le modèle du RGPD soit devenu en peu de temps un standard mondial.

Dans cet ordre d’idées, l’échange international des données est d’une importance primordiale. Il doit pouvoir se faire en toute sécurité et dans le respect des règles de protection. Or, c’est ici que le bât blesse entre l’Europe et les États-Unis.

Les facilitateurs Safe Harbor et Privacy Shield ont été stoppés (à juste titre !) par les arrêts de la CJUE. Les négociations pour remédier à cette situation insatisfaisante étaient difficiles sous Obama. Celles sous Trump restaient au point mort. Celles sous Biden seront laborieuses. Pour la simple raison que le problème à régler n’est pas technique, mais politique.

Les règles européennes sont fondées sur le principe de la privacy. Celles des États-Unis sur celui de la « surveillance ». Les Européens prennent en considération les droits fondamentaux des citoyens, d’où qu’ils viennent. Les Américains reconnaissent uniquement la nationalité comme point de référence.

Les négociations s’annoncent donc difficiles. La patience et le savoir-faire diplomatique seront de mise. Y compris pour fignoler une solution rapide, mais provisoire. Affaire à suivre…

Pour Viviane Reding, l’échange de données à l’international est primordial.

 1 ACCOMMODANT « Dans une démocratie, on a le droit d’avoir son avis. Je ne demande pas que les gens soient à 100 % d’accord avec notre politique. »

Le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), a défendu la nomination de Christianne Wickler à la présidence du conseil d’administration de Cargolux. « C’est un choix qui est dans l’intérêt de l’entreprise », a-t-il notamment argumenté.

 2 SATISFAIT

Le 6 mai dernier, le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), a tenu à signaler que le premier prêt contracté par une entreprise dans le cadre du régime des prêts garantis par l’État avait un an.

 3 VINDICATIF « Je partais du principe qu’il y aurait assez de maturité démocratique aux différents échelons du parti pour réaliser que, si une majorité de délégués votent pour quelqu’un et pour quelque chose, alors cela doit pouvoir se réaliser. J’avais tort. »

Après la tenue du congrès du CSV qui a vu l’élection de Claude Wiseler à la présidence du parti, son prédécesseur, Frank Engel, est revenu dans une interview accordée à Paperjam sur ces deux années à la tête du CSV, lors desquelles il estime n’avoir jamais eu de marge pour accomplir ses objectifs. « Certains éléments du parti n’ont jamais accepté mon élection », juge-t-il.

 4 MESURÉE

« Ce qu’il faut aussi regarder, c’est la surmortalité, pas seulement les morts en soi. »

Alors que le nombre de décès a dépassé les 800 dans le pays, la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), a tenu à relativiser ces chiffres. « Les autres années, ce n’est pas comme si personne ne décédait non plus », a-t-elle constaté dans une interview à Paperjam.

 5 ACCUSATRICE « Les avantages fiscaux privent les collectivités et les citoyens européens de fonds pour les investissements indispensables afin de se remettre de la crise du coronavirus. »

La vice-présidente danoise de la Commission européenne, Margrethe Vestager, y a été de son petit commentaire après le double arrêt rendu le 12 mai par la Cour de justice européenne concernant des tax rulings accordés (à Engie et Amazon) par le Luxembourg.

 6 PRÉVOYANTE « Compte tenu de la situation actuelle, il est prévu de faire un nouveau point financier avec le ministre des Finances pour que les dépenses de ces mesures en 2021 soient également à la charge de l’État alors qu’elles sont, dans un premier temps, avancées par la CNS. »

Romain Gamba (archives) et Shutterstock Photos

« Donner une chance à d’autres visages »

Avec Nathalie Oberweiss, Myriam Cecchetti intègre la Chambre à mi-mandat en remplacement de David Wagner et Marc Baum, comme le veut le principe de rotation des députés déi Lénk.

Vous devenez députée à mi-mandat, selon le principe de rotation particulier à déi Lénk. Pourquoi une telle règle ? Pour donner une chance à d’autres visages. Au CSV ou au LSAP, certaines personnes sont là depuis plus de 30 ans.

Ce qui pose un problème ? Après plus de 30 ans en tant que député, vous perdez le contact avec les gens, et le sens des réalités.

Mais la durée d’un seul mandat n’empêchet-elle pas d’acquérir suffisamment d’expérience ? Bien sûr, cela prend du temps pour l’adaptation. Mais je vais faire de mon mieux. Et il est plus important de changer.

Vous n’avez que deux années pour vous faire connaître avant les législatives… Il faudra se donner du temps pour communiquer avec les électeurs. Car travailler sur les dossiers parlementaires, si les gens ne sont pas au courant de ce que nous faisons, cela ne va pas nous aider pour les élections…

Les deux anciens députés, David Wagner et Marc Baum, vous conseillent-ils ? Ils ne partent pas, ils sont là pour nous – sans s’imposer.

Vous êtes seulement deux députés pour suivre les travaux à la Chambre. Comment vous organisez-vous ? C’est impossible de tout suivre. Il faut faire des choix, se partager les commissions, les dossiers, et voir ce que nous pouvons faire avec le temps dont nous disposons. Il s’agit de gérer nos forces, mais aussi celles de nos collaborateurs.

Vous arrivez, forte de plusieurs années d’expérience au sein du conseil communal de Sanem. Un avantage pour vous ? Je ne sais pas encore ce qui m’attend. La Chambre a une organisation plus formelle qu’un conseil communal avec, par exemple, des temps de parole chronométrés…

Vous appréhendez ce nouveau mandat ? C’est beaucoup de stress. Mais nous n’allons pas avoir le temps de réfléchir : nous devons déjà prendre la parole sur certains dossiers. Il n’y aura pas de repos. Les moyens dont vous bénéficiez sont plus importants qu’au niveau local…

C’est tout à fait autre chose en termes de moyens : nous avons quatre collaborateurs à temps plein. C’est génial, c’est un grand changement pour moi ! Et ces gens ont de l’expérience, cela aide beaucoup.

Vous avez été échevine de Sanem avec déi Gréng. Ne regrettez-vous pas d’être désormais dans l’opposition ? Dans la majorité, le pouvoir d’initier des projets et de les suivre est plus important. Mais au sein d’une coalition, on n’est pas tout le temps d’accord et on doit faire bonne mine. Dans l’opposition, on peut dire ce qu’on veut... Et si nos propositions ne sont pas souvent retenues, elles reviennent parfois plus tard en tant qu’idée de la majorité – et tant mieux.

Pourquoi avoir quitté déi Gréng ?

Ils font de bonnes choses pour l’écologie, mais ce n’est plus assez conséquent.

Je ne peux pas faire quelque chose dont je ne suis pas convaincue. Je dois pouvoir me regarder dans la glace le matin.

Or, je suis convaincue qu’on ne peut pas continuer comme cela. Et déi Gréng est dans la majorité et continue…

Que faut-il arrêter ?

On parle toujours de croissance, mais il n’y a presque plus de nature pour construire…

Le Covid est un autre signe qu’il faut cesser de vandaliser la nature et se donner d’autres possibilités.

Et pourquoi avoir choisi déi Lénk ?

Car cela ne faisait pas une grande différence : c’était déjà ce que je faisais avant. Ce sont des idées qui me conviennent.

Vous êtes les premières femmes députées chez déi Lénk. Un grand pas en avant ? C’est une nouveauté. Mais il n’y a toujours pas assez de femmes : nous représentons 51 % de la population, mais nous sommes loin de la parité, que ce soit à la Chambre ou dans les conseils communaux…

 1 INVENTIVE « Après avoir réussi à louer le terrain, nous pourrions construire en 8 à 10 semaines des logements adaptés à la demande, car modulables et réalisés à bas coût. »

Gaby Damjanovic, présidente de l’asbl Inter-Actions, qui voit dans les constructions de la société Polygone une solution à la crise du logement.

 2 RASSURANT

 3 AMER « Trouvez-moi aujourd’hui une société qui fait un cocktail le soir pour ses clients et qui a besoin de services de sécurité. »

Laurent Jossart, directeur de G4S, qui prévoit une restructuration et 60 licenciements.

 4 FATALISTE

« Ce sera un miracle s’il n’y a pas d’augmentation à un moment donné. »

Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers, au sujet des risques de faillite, une fois les dispositifs d’aide supprimés.

 5 INQUIET « Garder le savoir-faire au Luxembourg est une bonne chose. Mais il faut aussi faire fonctionner les machines. Actuellement, on s’aperçoit déjà d’un manque de main-d’œuvre chez Guardian. Il va donc falloir également recruter. »

Alain Rolling, secrétaire central adjoint à l’OGBL. L’entreprise américaine va investir dans une installation plus moderne et moins polluante avec le soutien du ministère de l’Économie.

 6 CONQUÉRANT Avec un effectif qui a doublé en un an. Frédéric Feyten, managing partner de CMS Luxembourg, explique que « le Brexit a eu pour effet une croissance des demandes dans le domaine des fonds d’investissement au Luxembourg ».

7 MOTIVÉ « Des progrès doivent être faits, notamment au Luxembourg où l’on s’aperçoit que 52 % de la population résidente est en surpoids et 16,5 % est touchée par l’obésité, selon une étude européenne de 2019. »

Delhaize a transformé sa carte Plus en carte SuperPLus. Au-delà de la simple révision de son programme de fidélisation, Cédric Gonnet, country director de Delhaize Luxembourg, veut porter plus d’attention encore aux produits sains. Dont les ventes ont, il est vrai, été positivement impactées par la crise sanitaire.

Jan Hanrion (archives), déi Gréng et CMS Luxembourg Photos

« Je n’ai pas l’ADN pour rester à la maison »

Michel Greco prend les rênes de l’entreprise de nettoyage Propper, rachetée il y a peu. Son activité, croissante, se diversifie.

Vous venez de prendre les rênes de Propper, entreprise de nettoyage à Bertrange, que vous aviez achetée en 2017. Pourquoi ? Depuis 2017, j’étais consultant. Il y a eu le Covid, une croissance exponentielle. Nous sommes arrivés à un moment où il fallait réorganiser la structure. Nous avons créé une ligne ressources humaines, dont la direction revient à l’ancien directeur, Tony Cardao, que je remercie pour son travail. Et une ligne finance/comptabilité, commerciale et qualité/formation.

Comment l’activité a-t-elle évolué depuis 2017 ? En 2021, le chiffre d’affaires aura augmenté de 40 % par rapport à 2017 (passant de 3,8 millions d’euros à 5,4 millions, selon ses projections, ndlr). Quand j’ai repris la société, nous avions deux types de clients : les particuliers et les résidences (entretien des espaces communs). J’ai diversifié nos activités en intégrant les entreprises et les institutions, ce qui nous a projetés dans une toute nouvelle sphère. J’avais aussi fixé comme objectif d’informatiser tout l’aspect organisationnel, ce que nous avons fait.

Et en 2020, avec la crise sanitaire ? La crise nous a mis une gifle. En début d’année dernière, notre portefeuille de clients se composait à 35 % de privés, 35 % de résidences, et, pour le reste, de B2B et d’institutions. Les privés ont stoppé. Les résidences sont restées. Le B2B a soit arrêté, soit réduit drastiquement. Nous avons perdu 60 % de chiffre d’affaires. Début juin, les choses ont repris, et nous avons clôturé l’année 2020 avec quasiment le même chiffre qu’en 2019, passé de 4 à 4,2 millions d’euros. Nous avons diversifié nos services, avec des travaux de désinfection. Nous avons proposé aux particuliers d’enlever leurs déchets à la maison.

Quelle est la situation aujourd’hui ? Je pense que nous pouvons parler d’un retour à l’« à peu près normale ».

Quelle stratégie adoptez-vous pour la suite ? Nous suivons notre plan quinquennal 2017-2022, mis à jour il y a quelques mois. La diversification de la clientèle s’est faite. Nous sommes à environ 25 % pour chaque unité. Le but est que le B2B et les institutions passent à 80 %, et de gagner des clients d’un côté, sans pour autant en perdre de l’autre. Aujourd’hui, nous en avons 6.000 en tout.

Nous voulons aussi diversifier les activités. Nous allons lancer en fin d’année de nouveaux services, qui n’ont rien à voir avec le nettoyage, mais qui seront des plus-values pour nos clients professionnels. Je ne peux pas en dire plus. Des embauches et un agrandissement des bureaux sont prévus.

Avec quels objectifs économiques ? 5,4 millions d’euros en 2021 et 6,35 millions en 2022.

Et au niveau de la main-d’œuvre ? J’ai repris la boîte avec 130 personnes ; aujourd’hui, nous sommes plus de 200. Pour 2022, nous voulons dépasser les 300.

Ce nouveau rôle signe votre retour opérationnel, un peu plus de deux ans après avoir cédé votre siège de CEO dans l’entreprise de transport Michel Greco SA, que vous aviez fondée. Qu’avez-vous fait depuis ? J’ai quitté les bureaux un jeudi, et j’ai recommencé le vendredi dans les nouveaux. À un rythme moins soutenu. Je fais de la consultance – je suis actionnaire dans une dizaine de sociétés – et de l’immobilier.

Ce rôle opérationnel vous a-t-il manqué ? Absolument. C’était difficile de ne plus avoir le lead sur quelque chose.

Depuis février 2020, vous avez abandonné votre activité de consultant chez Michel Greco SA. Pourquoi ? Il était temps de tourner la page et de laisser le management en place prendre ses décisions.

Combien de temps vous voyez-vous à la tête de Propper ? Je ne sais pas. Je peux juste vous confirmer que je vais bosser jusqu’à la fin. Je n’ai pas l’ADN pour rester à la maison.

 1 SEREIN « Le Luxembourg fait, et restera, partie intégrante du groupe Deutsche Bank (…) et son rôle est censé continuer à se développer au sein du groupe. »

Frank Rückbrodt, chief country officer Luxembourg de Deutsche Bank depuis le 1er janvier 2021, a insisté sur le rôle essentiel de la plateforme grand-ducale pour la banque allemande. Le Luxembourg affiche d’ailleurs la troisième performance au niveau du groupe en termes de bénéfices avant impôts, après l’Allemagne et l’Inde.

  2 PRÉVOYANT

« L’objectif est désormais d’avoir deux tiers des employés sur Belval et un tiers au siège central. »

Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale Luxembourg, a posé la première pierre de l’Arsenal, le futur nouveau siège de la banque au centre de la capitale. En 2023, en même temps que son inauguration, une large part de l’effectif de la banque française sera déplacée à Belval.

 3 AMBITIEUSE « Notre accord avec Quantum fournit aux investisseurs et aux gestionnaires d’actifs du Brésil et d’ailleurs des données de marché et des informations financières cruciales, leur permettant de mieux comprendre les marchés de capitaux internationaux. »

Julie Becker, CEO de la Bourse de Luxembourg, à l’occasion de la signature d’un partenariat entre la Bourse, Fundsquare et Quantum, au terme duquel la Bourse de Luxembourg fournira à la fintech brésilienne Quantum un large éventail de données financières à disposition de sa clientèle latino-américaine.

 4 PERSÉVÉRANTE

 5 APPELÉ Ariane de Rothschild a annoncé à la mi-mai la nomination du financier luxembourgeois François Pauly en tant que CEO de la banque Edmond de Rothschild. Il était déjà au conseil d’administration depuis 2016. En juin prochain, il remplacera Vincent Taupin, qui a fait le choix de partir à la retraite. « Il bénéficie d’une connaissance fine du groupe, de sa stratégie et de ses enjeux futurs », a justifié la présidente du groupe.

6 RESPONSABLE « Nous avons fait le choix de ne plus financer des activités qui créent des impacts négatifs sur l’environnement et dont les acteurs n’envisagent pas une transition écologique. »

Françoise Thoma, directeur général de la Spuerkeess, a présenté la nouvelle stratégie 2021-2025 à Paperjam. Elle entend doter la banque d’une approche « crédible, transparente et cohérente » en matière d’ESG.

Bourse de Luxembourg, Deutsche Bank, Anthony Dehez (archives) et Maison Moderne (archives) Photos

« Il y a alignement des planètes »

Les marchés vivent-ils déconnectés de la crise ? Head of investment services and innovation à la BIL, Olivier Goemans fait le point.

Les marchés financiers ont grimpé de près de 40 % en un an. La tendance va se poursuivre ? Il y a alignement des planètes. Le contexte macroéconomique est très porteur, notamment grâce à la vaccination et la réouverture graduelle de l’économie. Les bénéfices des sociétés sont en croissance extrêmement forte aussi, à la surprise parfois des analystes. Enfin, les politiques monétaires et fiscales restent accommodantes. A priori, le contexte est donc très favorable pour voir cette situation des marchés perdurer.

Comment évoluent les secteurs particulièrement touchés par la crise ? Avec la vaccination, les activités qui ont souffert de la distanciation sociale ont commencé à surperformer sur les marchés boursiers. On observe une rotation. Les sociétés, notamment technologiques, qui ont tiré leur épingle du jeu pendant la pandémie, ont très bien performé jusque vers février. Ensuite, les investisseurs ont commencé à miser sur la réouverture et ont regardé plus attentivement des secteurs comme le tourisme et des secteurs plus cycliques. Les marchés anticipent toujours la réalité.

C’est encore le moment d’investir via la bourse ? C’est toujours le bon moment. Déterminer le moment idéal est une utopie. Les actions sont chères, mais les obligations le sont encore plus…

Quelles menaces pourraient brider cet élan ? L’inflation, par le fait qu’elle peut sous-tendre un changement de cap dans les politiques monétaires. Aujourd’hui, l’angoisse des économistes est une hausse généralisée des prix. C’est un peu la théorie du ketchup. On secoue et rien ne vient, puis en une fois, tout le ketchup sort en même temps. La crainte des marchés financiers est que les banques centrales perdent le contrôle de l’inflation et que ça les oblige à resserrer les conditions monétaires.

On l’a attendue des années et maintenant on se met à la craindre… Même les gens les plus brillants n’arrivent pas à anticiper l’inflation. Certains signes permettent de détecter la hausse de l’inflation actuellement. Reste à savoir si elle peut déraper ou devenir structurelle. Ces questions restent compliquées. Oui, elle va connaître une croissance économique plus importante que ce qu’elle a connu ces dernières années. Mais ce ne sera qu’un rattrapage de ce qui a été perdu depuis la crise sanitaire. Il ne faut pas s’attendre à des « années folles ».

La saga boursière de Gamestop, au début de l’année, c’est un acte de rébellion des petits actionnaires ?

C’est plus important que cela, ça correspond à un changement de mentalité.

Les marchés financiers font face, comme d’autres pans de la société, à la mentalité du «Yolo » – you only live once – qui est un trait générationnel très marqué. Elle modifie les pratiques courantes de cette nouvelle génération qui épargne et investit.

Pour aller vers quoi ?

Leur plan est de devenir riches demain. Pas à 50 ans. La bourse, c’est la machine à sous. Et le Covid a favorisé ce genre de comportement, beaucoup de monde s’est ennuyé pendant le confinement.

Gamestop a calmé l’ardeur des spéculateurs ?

Pas vraiment. Quelques semaines après, on a vu les déboires du family office Archegos.

Ce genre d’épisodes arrivera encore à l’avenir.

À moins d’avoir tout régulé. Mais la régulation, c’est l’éternel jeu du chat et de la souris.

La bourse est-elle encore destinée aux petits investisseurs ? Oui, mais en faisant preuve de bon sens. La spéculation à outrance a toujours existé. La bulle de la tulipe ne date pas d’hier…

Que penser des Spac, ce produit d’investissement un peu énigmatique ? C’est un produit qui existe depuis longtemps, mais qui a connu une énorme accélération en 2020 à cause d’une faille réglementaire. Le processus est plus facile et plus rapide pour faire appel aux capitaux. Mais il s’agit d’un «chèque en blanc » qui inquiète les régulateurs car plus basé sur la réputation des sponsors de la structure que sur la rationalité économico-financière de l’investissement. Cette faille réglementaire va donc gentiment se refermer. Les afflux de capitaux dans les Spac sont déjà nettement moindres qu’il y a quelques mois.

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