9 minute read

La liste

6La liste programmateurs qui font chanter les foules

Si la crise n’est pas encore derrière nous, la musique tente de reprendre petit à petit sa place. Avant un été qu’on espère beaucoup plus « live » que le précédent, petit aperçu de ceux qui amènent les stars de la chanson au Luxembourg et nous font découvrir les artistes de demain. Auteur JULIEN CARETTE

John Rech

John Rech

DIRECTEUR ET PROGRAMMATEUR D’OPDERSCHMELZ John Rech (51 ans) est un monument de la musique luxembourgeoise. Chanteur du groupe pop-rock T42 parce qu’il « ne savai[t] pas jouer d’un instrument mais sautai[t], par contre, très bien sur scène » (selon sa propre explication), le Dudelangeois a ouvert, dans les années 90, les shows luxembourgeois de Michael Jackson (à Bettembourg, devant 42.000 personnes) ou Bon Jovi. Avant de faire de même avec son projet solo, Dream Catcher, pour Sting, Counting Crows ou Train. Une histoire qui continue aujourd’hui, puisqu’un double album live est programmé pour cet été. Cette carrière sur scène l’a poussé à organiser ses propres concerts, ce qui est devenu petit à petit son métier. C’est lui qui a ainsi mis sur pied la première Fête de la musique au Luxembourg, en 1994, à Dudelange – la ville qui l’a vu naître et où il a organisé de plus en plus d’événements. Jusqu’à devenir programmateur du centre culturel Opderschmelz à son ouverture, en 2007. Une fonction qu’il cumule désormais avec celle de directeur. C’est donc lui qui est, en bonne partie, derrière la programmation très éclectique de la salle dudelangeoise mais aussi des festivals Like a Jazz Machine et Zeltik. « Chez nous, cela va tous azimuts », sourit-il. Un peu à l’image de son programmateur…

2Marc Scheer

PROGRAMMATEUR MUSIQUES ACTUELLES À LA KULTURFABRIK En musique, on aime bien mettre dans des cases. Que ce soient les artistes, les groupes, certains disquaires, mais aussi, parfois, les salles de concerts. Or, s’il y a un lieu, au Luxembourg, qu’il est très difficile à « caser », c’est la Kulturfabrik. Voilà un espace où l’on peut parfois découvrir des artistes qui ne seraient jamais programmés ailleurs. Une position particulière, de niche, qui accompagne un lieu avec une histoire et une âme qui ne se limitent pas à la musique. Pour animer sa programmation musicale, le centre culturel eschois a peut-être bien trouvé la personne idoine avec Marc Scheer (44 ans). Après avoir passé une dizaine d’années au Centre culturel Prabbeli à Wiltz, ce Nordiste, ancien chanteur de groupes de métal ou de hardcore, a débarqué à Esch à la rentrée 2019. Et ses premiers choix musicaux confirment bien qu’il est the right man in the right place, avec notamment les Néerlandais d’Altin Gün et leur mélange de psychédélisme et de musique turque, mais aussi le groupe américain Sunn O))), une grande référence du drone metal.

Marc Scheer Luka Heindrichs

3Luka Heindrichs

PROGRAMMATEUR ET COPROPRIÉTAIRE AU GUDDE WËLLEN Luka Heindrichs (33 ans) n’a pas encore 16 ans lorsqu’il devient, au milieu des années 2000, manager du groupe de rock diekirchois Inborn!, composé de camarades de classe. Une aventure qui le mène jusqu’aux ÉtatsUnis mais qui ne l’empêche pas de s’investir, dans le même temps, dans l’organisation du (défunt) festival chéri des fans luxembourgeois de musique alternative Food For Your Senses. Un événement dont il avait repris les rênes en 2013 et qui attirait chaque année entre 80 et 90 artistes, parmi lesquels quelques futurs noms ronflants, tels que le rappeur allemand Cro, l’Australienne Tash Sultana, les Français de La Femme, les Belges de Balthazar ou encore la poétesse britannique Kae Tempest. Si le festival Food For Your Senses s’est éteint en 2019 avec une édition baptisée « Funeral Feast », le natif de Malmedy (en Belgique) a ouvert avec deux amis, depuis 2014, le bar-concert devenu emblématique dans la capitale, de Gudde Wëllen. Il s’occupe de la programmation d’une salle située au premier étage de l’établissement, pouvant accueillir 90 spectateurs. Avec cinq à dix concerts par mois, mais quelques highlights qui en feront saliver plus d’un. Ne citons que deux noms : les rockeurs irlandais que tout le monde veut voir, Fontaines D.C., ou les cultissimes Texans de Khruangbin.

LSAP, Gudde Wëllen, Rotondes, DR et Johnny Lemarquis pour l’Atelier Photos

4

Marc Hauser

RESPONSABLE DE LA PROGRAMMATION MUSICALE AUX ROTONDES Lorsque les Rotondes deviennent, en 2007, l’épicentre de Luxembourg et Grande Région, capitale européenne de la culture, la salle située à Bonnevoie est d’un format (250 places à l’époque, 280 aujourd’hui) qui n’existait pas vraiment dans la capitale – bien plus petite que l’Atelier et les établissements eschois (Rockhal et Kufa). C’est assurément un des éléments qui a fait son succès. Tout comme son programmateur musical, Marc Hauser (45 ans), qui a imposé une empreinte à ce lieu. Avec un créneau bien précis, celui de la découverte d’artistes pas encore suffisamment importants pour accéder aux plus grandes salles du pays, mais dont les noms sont déjà sur les lèvres de « ceux qui savent » dans le petit monde de la musique. Le tout avec une identité sonore que l’on pourrait qualifier, en caricaturant un peu, de « branchée anglo-occidentale », qui a fait sa renommée dans la capitale. À l’image du désormais habituel festival estival Congés annulés. Et puis, il y a ce concept qui veut que chaque artiste ne passe qu’une fois aux Rotondes. Ce qui permet forcément un renouvellement. Mais aussi à certains de dire qu’ils ont vu des groupes indépendants importants comme Mac DeMarco, Future Islands, Daughter ou Modeselektor dans une ambiance confidentielle, bien loin des grands festivals dans lesquels ils se produisent aujourd’hui.

Marc Hauser Arnaud Velvelovich

5

Arnaud Velvelovich

PROGRAMMATEUR À LA ROCKHAL C’est à lui que l’on doit notamment les venues à la Rockhal de Dua Lipa, Angèle, Khalid, PNL, Yungblud, Eddy de Pretto, Clara Luciani, Lomepal… S’il s’occupe de la grande majorité des gros projets de la salle eschoise, Arnaud Velvelovich (38 ans) est assurément à la pointe de la nouvelle génération, qu’elle soit internationale ou française. C’est lui, d’ailleurs, qu’on retrouve également derrière une bonne partie de la programmation des Francofolies d’Esch 2021. Grâce à un réseau et un carnet d’adresses impressionnants, mis en place depuis son engagement envers la Rockhal en 2008, mais aussi à une présence assidue devant des scènes parfois très peu fréquentées, ce Meurthe-et-Mosellan a pour habitude de repérer les « nouvelles stars » bien longtemps avant que le grand public découvre leur existence. Il a forcément contribué à faire de la salle eschoise une enceinte référencée à l’international et une des marques culturelles les plus importantes du pays. Fan, à l’adolescence, de grunge ou de rap français, Arnaud Velvelovich a fait son éducation musicale en écoutant la (défunte) radio belge Radio 21. Quant à sa passion pour l’organisation des événements (culturels), on va dire qu’il est tombé dedans quand il était adolescent en flânant dans les concerts organisés par sa famille. Assurément la meilleure des formations.

Michel Welter6

ASSOCIÉ-GÉRANT DE L’ATELIER Salle « historique » au Luxembourg, l’Atelier n’est pourtant né qu’en 1995 afin de combler un vide, celui d’un lieu capable d’accueillir tous ces groupes internationaux qui sillonnaient l’Europe sans vraiment s’arrêter chez nous. Avec, comme premiers faits d’armes importants, les venues de Jimmy Somerville, Garbage ou de ces Belges devenus par la suite des habitués des lieux : K’s Choice et dEUS. Lors du premier concert de dEUS à l’Atelier, on retrouvait dans le public un certain Michel Welter (44 ans). Celui-là même qui en est devenu, en 2008, le programmateur, puis, désormais, associé-gérant (tout en continuant à superviser la programmation). Le natif de Luxembourg a donc assisté à toute la mutation de cette salle privée (et donc logiquement peu soutenue par l’État). Après en avoir été un des premiers salariés à temps plein, il en est désormais la locomotive dans le train de la professionnalisation – aux côtés de Laurent Loschetter, Patrick Bartz et Steve Wohl – afin de passer d’une structure « amateur » à un modèle assurant une certaine stabilité, et surtout une viabilité plus importante. Désormais, plus qu’une simple salle de concerts, l’Atelier est un organisateur généraliste qui orchestre des spectacles dans de nombreux lieux (Rockhal, Abbaye de Neumünster, Luxexpo, les Rotondes, le centre socioculturel de Wiltz, la Kufa, etc.) à travers le pays.

Michel Welter

Nommé à la tête du groupe automobile Losch en janvier dernier, Thierry Beffort nous parle de l’avenir d’une société qu’il connaît sur le bout des doigts pour y avoir fait ses classes depuis 20 ans. Il tire aussi le bilan de la crise sanitaire qui a particulièrement touché le secteur automobile et souligne les enjeux de la digitalisation. Une interview à lire en page 26

Malgré un reflux momentané du trafic lié au confinement, la mobilité reste un enjeu crucial pour le Luxembourg. De nouvelles solutions émergent pour tenter de fluidifier le trafic alors que les opérateurs publics étendent leur offre pour tenter de faire abandonner la voiture. Notre dossier Enjeux du mois, en page 66, fait le tour de la question. En mode multimodal À la tête de l’enseigne Alavita, Anne Harles nous parle de son développement ainsi que de celui des produits bio qu’elle propose en priorité. Depuis la reprise du magasin de Junglinster, en 2018, elle a apposé le nom d’Alavita sur deux nouvelles boutiques et a développé un concept de restauration. À lire en page 38 La production cinématographique luxembourgeoise vit une grande année, à l’image de Samsa Film, qui a connu un succès inespéré sur Netflix avec la série Capitani et a vu le documentaire Collective nommé deux fois aux derniers Oscars. Claude Waringo et Bernard Michaux témoignent de cette belle aventure dans une interview croisée à lire en page 42 Malgré la crise, les fonds d’investissement ont continué à cartonner un peu partout en Europe. Directrice de BlackRock Luxembourg, Gisèle Dueñas Leiva revient sur l’intérêt du premier gestionnaire d’actifs mondial pour les investissements responsables et sur sa stratégie vis-à-vis des ETF. Entretien en page 48 Intégrée au sein du groupe autrichien Plansee, l’entreprise luxembourgeoise Ceratizit fête son centenaire cette année. Plutôt que de revenir sur ce passé glorieux, Thierry Wolter, membre du directoire, nous parle, en page 52, de l’avenir de l’entreprise, qui veut désormais intégrer le top 3 dans son secteur industriel

Ses premiers gains, elle les a obtenus en jouant au poker en famille, à 14 ans. Fonceuse, enthousiaste, Barbara Agostino nous a confié son rapport à l’argent. Une interview en toute franchise à lire en page 108 Pour poursuivre cette bouffée d’air frais, rendez-vous en images avec notre portfolio – en page 82 – qui met à l’honneur de jeunes entrepreneurs bien décidés à placer de nouvelles valeurs entrepreneuriales au premier plan.

Andrés Lejona Photos

This article is from: