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LUC KOEDINGER

Les explorateurs « urbex » de sites récents abandonnés par notre civilisation montrent, au travers de leurs photographies, des maisons éventrées par des arbres, des sites industriels engloutis par la végétation, des bancs publics « mangés » par l’arbre qui leur faisait ombrage.

Ce qu’il faut en retenir est que l’arbre est à sa place dans presque toutes les régions d’Europe. C’est ce que l’on nomme le « climax écologique ». La forêt de hêtres correspond au climax du Luxembourg. Sans la présence humaine, la surface forestière s’approcherait des 100 %, alors qu’aujourd’hui elle est réduite à 37 %. L’agriculture occupe quant à elle 52 % du territoire et près de 10 % des surfaces sont construites ou artificialisées.

Le manque de terres boisées pose de nombreux problèmes : les crues des rivières, l’érosion des terres arables, le niveau des nappes phréatiques trop bas, des paysages balayés par des vents, l’assèchement des sols, le recul de la biodiversité, etc.

Voilà pourquoi il faut permettre aux arbres de nous épauler au quotidien. Ils nourrissent les sols, aident au stockage de l’eau en profondeur et en surface cultivée, fabriquent de l’oxygène et capturent le carbone, notamment. Il s’agit de formidables usines biologiques fonctionnant à l’énergie solaire. Luc Koedinger

Maraîcher, arboriculteur et formateur à la Microferme Lumbrikina, cofondateur de Canopée

Les principaux arguments pour travailler en agroforesterie sont l’aggradation des terres par le stockage du carbone (matière organique), l’augmentation de la production et un incroyable embellissement du paysage.

L’agriculture comme capteur de CO2 : des recherches récentes indiquent que cette voie, celle d’une agriculture prenant soin des sols en augmentant le taux de carbone, pourrait rapidement faire de l’Europe un territoire à bilan neutre sans rien changer au reste de nos activités.

Le monde de la finance et celui de l’industrie peuvent jouer un rôle décisif dans ce tournant de l’agriculture, et le Luxembourg peut devenir ce laboratoire de l’excellence. Comment ? En visant la neutralité carbone par compensation. Investir dans le paysage agricole à travers la plantation d’arbres et de haies, voilà de quoi réenchanter l’histoire.

Alors, plutôt que d’attendre que la végétation engloutisse les traces de notre civilisation, laissons les arbres devenir nos partenaires.

Pour Luc Koedinger, la neutralité carbone passe aussi par la compensation avec un investissement dans le paysage agricole. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu.

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