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NOTRE DOSSIER

Tuk tuk : Travailler au-delà de 19h Même si des tracasseries ne manquent pas, ces motos à trois roues semblent mieux lotis que les taxis-vélos et taxis-mots. Leurs conducteurs voudraient travailler toute la nuit.

A

u parking des tuk tuk, situé au marché dit du cotebu dans la zone urbaine de Ngagara, Jean Ndaruzaniye, un des conducteurs de ces motos à trois roues attend des clients, les uns sortant du marché et d’autres descendants de l’intérieur du pays. Il est 9 heures du matin.Ndaruzaniye est garé à ce parking et cause avec quelques collègues. Cinq autres tuk tuk sont là aussi à attendre. Avec un sourire qui ne le quitte pas d’ailleurs, il dit qu’il vient de passer 20 minutes à attendre après une course. «Je viens de déposer une cliente au quartier Rohero». Ce n’est pas sa première course , son premier passager il l’a déposé dans la zone Kamenge . Il confie que chaque course qu’il effectue coûte entre 2000 Fbu et 5000 Fbu selon la destination du passager. Ce conducteur de tuk tuk de longue date déplore qu’ils sont obligés de faire des détours pour atteindre certains endroits «lorsqu’ on emmène un client à Musaga par exemple, on doit passer par l’avenue du 28 novembre. On ne peut pas emprunter la route du centre ville passant devant l’ex hôtel Novotel, voie plus directe.» Jean Ndaruzaniye, marié et père de 2 en14

fants, dit qu’il peut gagner près de 5.000 Fbu par jour et un versement au propriétaire du tuk tuk entre 25.000 et 30.000 Fbu par jour. «Avec 20% de ce versement que je touche à la fin du mois, je parviens à faire vivre convenablement ma famille, je ne me plains pas du tout. Je mange trois fois par jour». Vers 13 heures, Jean Ndaruzaniye cherche quelqu’un pour le remplacer ,«un piquet» comme ils disent dans leur jargon. Pour lui, c’est l’heure de se restaurer afin de récupérer des forces. «Dans notre métier, il faut prendre soin de soi sinon, il y a un grand risque de tomber malade. Conduire un tuk tuk, c’est un travail fatigant et exigeant.»

«Il vaudrait mieux qu’on travaille tard dans la nuit» Jean Ndaruzaniye aimerait qu’on prolonge les heures de travail. Cela lui permettrait de gagner plus «J’ai plein de projets pour améliorer les conditions de vie de ma famille. J’aimerais avoir ma propriété ici à Bujumbura. Pour le moment, je suis juste locataire». Il ne comprend pas le couvre-feu qui leur est imposé .« On travaille jusqu’à 19 heures,

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pourquoi on ne nous donne pas le droit de prolonger,d’autant plus que nos tuk tuk sont équipés de feux pour l’éclairage de nuit». Cette décision d’écourter les heures de travail a été prise en 2015 lors de la crise qui a secoué le pays «Avant la crise on travaillait tard la nuit. On ne cesse de nous dire que la paix règne dans le pays, on devrait alors revoir cette décision et nous laisser travailler même la nuit comme on le faisait avant la crise» Ce conducteur de tuk tuk dit qu’il perd beaucoup de temps lors de l’acquisition des documents exigés pour les tuk tuk (assurance, contrôle technique et la taxe communale ainsi que le document sur le stationnement.) Jean Ndaruzaniye regrette aussi qu’il doive faire la queue à la banque une fois par mois pour payer les frais de tous ces documents notamment les frais pour le stationnement de la mairie . « Il faut être en ordre, si tu veux éviter les ennuis avec la police routière». Lui dit qu’il est en règle, car il veut bien retrouver sa famille le soir et clôturer sa journée chargée en leur paisible compagnie. Eliane Irankunda


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