IWACU 579

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IWACU N°579 – Vendredi 17 avril 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Les disparus de Bubanza

Qui sont-ils ?

POLITIQUE

SOCIÉTÉ

Interview exclusive de l’ancien Premier ministre Adrien Sibomana

P.5

Les Batwa réclament au moins 10% de représentativité dans l’exécutif

AU COIN DU FEU P.9

Avec Térence Mushano

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P.11


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LA DEUX

Vendredi, 17 avril 2020 - n°579

Editorial

En hausse

Sur le vif

En coulisse

5 millions USD pour faire face au Covid-19

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

A

vec une capacité d’accueil de 4.194 personnes, le taux d’occupation dans toutes les prisons était de 273,3% au 27 décembre 2019. Sur un total de 11.464 prisonniers, 5.224 étaient en détention préventive, soit 45,5%». Le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (Cnidh) a fait ce constat à l’Assemblée nationale lors de la présentation du rapport annuel, ce 16 avril 2020. Ce pourcentage de la surpopulation carcérale fait froid dans le dos, effraie. La pandémie inquiète le monde entier et il est déjà dans nos murs. Cinq personnes sont officiellement avérées positives dont un mort. Dans nos prisons, rares sont des encellulements individuels, les détenus vivent dans des dortoirs collectifs. Certains prisonniers doivent même vivre dans des dortoirs de plus de cinquante personnes. La surpopulation, la promiscuité, l’insalubrité, l’accès souvent difficile aux soins, la vulnérabilité des personnes âgées et malades nourrissent la peur de la contagion chez les prisonniers. Difficile d’observer les consignes élémentaires d’hygiène et de distanciation sociale. «Si le coronavirus arrive ici, nous sommes tous morts. Crainte et angoisse animent les prisonniers », confie un ami incarcéré. Nos pensées vont spécialement à nos collègues en prison et tous ceux qui vivent dans ces terribles conditions. Il y a urgence pour diminuer la pression carcérale. Et c’est possible. Les personnes incarcérées pour de courtes peines ou en fin de peine, les plus âgées et les malades, en examinant au cas par cas. Par ailleurs, plus d’un se demandent pourquoi la grâce annoncée par le Président de la République à certains détenus à la veille du nouvel an n’est pas encore exécutée. Alors qu’il y a une commission chargée d’analyser les bénéficiaires de la grâce présidentielle. Certes, des mesures ont été prises pour diminuer les contacts physiques, notamment l’interdiction des visites. Toutefois, les gens qui y travaillent comme les surveillants, les cuisiniers, rentrent chez eux, prennent les transports en commun, se mêlent à la foule, rencontrent leur famille. Mais rendre la prison hermétiquement fermée est impossible et est susceptible de créer un climat de panique et d’angoisse derrière les barreaux. Et comme le souligne le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, « il est vital que les gouvernements prennent en compte la situation des personnes détenues dans leur plan d’action de crise.» Il y a donc urgence à désengorger nos établissements pénitentiaires surpeuplés. La propagation du coronavirus y serait dramatique.

Innocent Magambi, ©Droits réservés

Eviter un drame dans nos prisons

La Banque mondiale vient d’approuver un don de 5 millions USD pour le Burundi. Ce financement permettra, entre autres, de former le personnel de santé, fournir du matériel aux laboratoires et équiper les établissements de santé pour la prise en charge des patients.

Enfin la Banque d’investissement des jeunes

Dans une note du 14 avril, la ministre de l’Education, annonce au personnel de son ministère la suspension du sport collectif du vendredi, suite à la pandémie du Covid19. Elle appelle, par ailleurs, le personnel à observer scrupuleusement les heures de service (7h30-15h30).

Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction

P

our avoir plaidé auprès du gouvernement Malawite pour que le musicien burundais Willy-Léonard Niyomwungere soit dignement enterré.

Annoncée il y a plus d’un an par le président de la République, elle vient d’être inaugurée, mercredi 15 Avril, dans la province Gitega. Son capital social est de 10 milliards BIF. Elle accordera des crédits à un taux d›intérêt de 7%. Ses actionnaires : les communes (85%) et l’Etat (15%).

Ministère de l’Education : le sport collectif suspendu

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

En baisse

Violette Nshimirimana,

P

our avoir dérobé un examen d’entreprenariat à son mari pour le compte de huit élèves du Lycée communal Ruzo, de la commune Giteranyi, moyennant une somme de 6.000 BIF, chacun.

ANNONCE

COMMUNIQUE DE RECRUTEMENT Enabel, en collaboration avec Intercontact Services, souhaite pourvoir aux postes ci-après : 1.

Deux (2) Contrôleurs de Gestion (CG) H/F ayant une formation universitaire de niveau licence ou master en gestion, finances-comptabilité et justifiant d’une solide expérience d’au moins 5 ans en contrôle interne, assurance qualité, développement d’outils, appui à la coordination, rapportage opérationnel et financier.

2.

Trois (3) Comptables (H/F) de niveau licence en comptabilité et/ou en gestion financière et justifiant d’une expérience d’au moins 5 ans en encodage, traitement et conservation de l’information financière et comptable.

Les Termes de référence complets ainsi que la composition du dossier de candidature sont postés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique Offres d’emploi. Les candidats intéressés doivent obligatoirement soumettre leurs dossiers de candidature à travers les liens ci-après au plus tard le 24 avril 2020 à 23:59, heure de Bujumbura. Contrôleur de gestion : http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_ acceuil/PO-CE68 Comptable : http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_acceuil/ PO-7FEA

Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi Un chiffre

10 milliards BIF est le capital social de la Banque d’Investissement pour les Jeunes ouverte officiellement, mercredi 15 avril 2020.

Source : Ministère de la Jeunesse

Une pensée « Il est beau de tolérer ; il y a tant d’intolérants, tant de sots, tant de niais, qui trouvent leur tête si bien taillée qu’ils voudraient que toutes les autres têtes fussent faites sur ce patron! »

Victor Cherbuliez www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org Restez informés sur l’actualité du Burundi via le site IWACU en suivant ces liens : http://www.iwacu-burundi.org ou https://iwacu.global.ssl.fastly.net/ ou https://iwacu.collateral-freedom.org/


L'ÉVÉNEMENT

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Bubanza

Assassinats et enlèvements. Des témoignages inquiétants Dans une correspondance adressée au procureur de la République en province Bubanza, le député Fabien Banciryanino, dresse une liste de 21 personnes tuées ou portées disparues dans la province Bubanza depuis 2016 jusqu’en février 2020. Le parlementaire demande au procureur d’ouvrir des enquêtes sur ces cas. Iwacu a essayé de faire la lumière sur ces disparitions. Dossier réalisé par Fabrice Manirakiza et Alphonse Yikeze

L

e but de cette correspondance est de rappeler au procureur et à ses instances leur mission de faire éclore la vérité pour que justice soit faite. Les familles pourraient enfin faire le deuil », indique Fabien Banciryanino. Ce député élu dans la circonscription Bubanza évoque des cas d’exécutions extrajudiciaires pour des raisons politiques. « Ces personnes ont été enlevées ou assassinées par les agents du Service de renseignement ou par la police. La plupart étaient des membres du Congrès national pour la liberté (CNL) ». Les enquêtes du député Banciryanino

se sont focalisées sur les communes de Mpanda et Gihanga. « Pour leur faciliter les investigations, j’ai mentionné leurs collines d’origine. Ils peuvent aller vérifier ». Fabien Banciryanino confie qu’en plus de la correspondance qu’il a envoyée au procureur du parquet de Bubanza, ce 24 mars dernier, il avait déjà envoyé une autre à la ministre de la Justice. « Ce qui est inquiétant est qu’à partir du mois de mai 2019 jusqu’en octobre 2019, il y a eu 8 personnes tuées ou enlevées. C’est impressionnant ! »

Fabien Banciryanino: « Ces personnes ont été enlevées ou assassinées par les agents du Service de renseignement ou par la police. »

A Mpanda et à Gihanga, les habitants pleurent encore les leurs De Kagwema à Nyamabere en passant par Murengeza, des reporters d’Iwacu ont fait des enquêtes sur certains cas :

• Jean Claude Bucumi alias « Ecomoge », le pêcheur

• Jean Marie Ndihokubwayo, l’« informateur » Ce père de 3 enfants, la trentaine, vivait à la 2e avenue de la colline Kagwema en commune Gihanga. Selon des témoins, il avait passé la journée du 5 mai 2019 avec deux jeunes Imbonerakure, Eric et Emmanuel. « Ils lui avaient dit qu’il y a quelqu’un qui veut discuter avec lui dans l’après-midi », raconte un ami de cette personne qui est aujourd’hui portée disparue. Ces deux jeunes lui ont procuré un téléphone portable parce qu’il n’en avait pas. « Ces jeunes se disaient collaborateurs du SNR, mais c’étaient en fait des malfrats », relate ainsi l’ami du disparu. A 15 heures, ils l’ont appelé. Jean Marie Ndihokubwayo s’est rendu à la 3ème avenue communément appelée Kumugirigiri. « Il y avait une voiture de marque Toyota T.I avec des vitres teintées qui était garée là. Il y avait des gens à l’intérieur. Ils ont discuté avec Jean Marie, Eric et Emmanuel », racontent les témoins oculaires. Ces derniers auraient reconnu un certain Pascal, originaire de Muzinda et un autre homme du nom de Havyarimana de la mairie de Bujumbura.

Iwacu n’a pas pu retracer leur identité. Jean Marie aurait demandé à ces personnes de sortir de la voiture afin de discuter à l’air libre. « Elles sont sorties et elles l’ont jeté sans ménagement dans la voiture et cette dernière a démarré en trombe ». D’après les habitants de la colline Kagwema, le disparu serait un informateur du Service national de renseignement (SNR). « Jean Marie travaillait avec le SNR. On l’envoyait souvent à la pêche d'informations en RDC », confie un proche qui ajoute. « Il était aussi connu pour être un militant du Cndd-Fdd. » D’après la famille, c’est la dernière fois qu’ils l’ont vu. « J’ai porté plainte contre Eric et Emmanuel à l’officier de la police judiciaire à Gihanga. Ce dernier m’a demandé d’aller chercher des témoins. Je suis revenu à 15 heures avec eux. Dans la soirée, il nous a dit de revenir le lendemain sans nous écouter. Après quelques minutes, il a relâché les deux jeunes hommes », raconte Evariste Ntiba-

rizi, le père de Jean Marie. « Je suis allé chez le procureur de Bubanza. Il a émis des mandats d’amener. Les deux hommes ont été encore une fois arrêtés. Ils ont été incarcérés à Mpanda. Après 3 jours, ils ont été relâchés ». D’après des sources à Mpanda, c’est un commandant d’un camp de Muzinda qui aurait ordonné leur libération. Le père a fini par jeter l’éponge. « J’ai eu peur d’être le suivant ». Selon les habitants de la localité, les deux Imbonerakure se la coulent douce à l’endroit appelé Kumugirigiri. La famille demande à la justice de faire son travail afin de connaître les circonstances de la disparition de Jean Marie.

Le 23 février 2020, plusieurs hommes investissent, vers 19h30 minutes, le domicile de Jean Claude Bucumi alias Ecomoge. « Ils étaient habillés en noir. Ils ont commencé par demander où se trouvait Ecomoge. Il n’était pas à la maison », témoignent les voisins. Ils affirment avoir reconnu un militaire du nom de Nsabimana de la position de Kagwema et des Imbonerakure à savoir « Maître », Dieudonné et Adrien. Iwacu n’a pas pu joindre ces personnes. « Comme il était pêcheur, ils ont dit à sa femme de l’appeler pour lui dire que des gens cherchaient du poisson. Le téléphone de son mari était éteint. Ils sont partis chez une voisine d’Ecomoge ». Après une dizaine de minutes, les habitants ont entendu un homme appeler au secours : « Nimuntabare ndi Bucumi Ecomoge ! (Aidez-moi, je suis Bucumi Ecomoge !). L’épouse de la victime affirme avoir entendu elle aussi les cris de son mari. « J’ai dit à mes enfants que nous devons courir vers leur père pour le sauver. Nous avons commencé à crier en appelant à l’aide. Nous entendions ses cris du côté de la mosquée tout près de la route Bujumbura-Cibitoke (RN5). On continuait à crier en allant vers lui. A un certain moment, sa voix est devenue inaudible. Nous avons entendu

une voiture démarrer sans allumer les phares. J’ai continué à crier. Mes voisins m’ont aidé à appeler à l’aide ». Des larmes coulent dans ces yeux. « Le lendemain, les forces de l’ordre sont venues à la maison et j’ai expliqué ce qui s’est passé. Depuis, rien n’a été fait ». L’épouse d’Ecomoge fait savoir que la famille a mené des recherches dans toutes les prisons, sans succès. 28 ans, ce membre du Congrès national pour la liberté (CNL) avait deux enfants. Sa femme craint pour sa vie et celle de ses enfants. « Je demande qu’on me laisse en paix. Qu’ils arrêtent de me menacer ». D’après des informations recueillies à Kagwema, on avait accusé Jean Claude Bucumi d’avoir aidé des combattants en provenance de la RDC à traverser la Rusizi.

• Hyppolite Ndayisenga, le martyr de Busongo Hyppolite Ndayisenga était originaire du village 2 du secteur Buramata. Le 11 juillet 2019, il est à Bujumbura. Il habite la Zone Kinama dans le quartier Ruyigi. Tôt

ce matin-là, il sera appréhendé chez lui par le chef du parti Cndd-Fdd et le leader des Imbonerakure à Buramata. Menotté, il sera ensuite emmailloté dans un gros

sac et emmené sur la colline Busongo. Là, en compagnie de Rénovat Bigirimana, il sera battu à mort en présence d’une foule d’habitants des environs. « Ils vou-

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laient les enterrer dans une même fosse, mais l’administrateur communal, Léopold Ndayisaba, contacté par un des agresseurs par téléphone, a ordonné que les deux hom-


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L'ÉVÉNEMENT

mes soient ensevelis séparément », relate un témoin de cette scène macabre. Celui-ci

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nous révèlera qu’Hippolyte était un militant de longue date du parti CNL. Âgé de

trente-quatre ans, le disparu était marié et père d’un enfant de sept ans. Riziculteur, il

venait d’acheter un terrain cultivable à l’un de ses frères.

• André Ngendakumana, le riziculteur André Ngendakumana était un démobilisé de l’ancien mouvement rebelle FNL. Il habitait le village de Murengeza. Deux semaines avant sa disparition, jusque-là militant du CNL, Ngendakumana « avait fait amende honorable » auprès du Cndd-Fdd et en était devenu membre. « Vu comme un élément mobilisateur au sein de notre parti, il avait été terrorisé et forcé d’intégrer le parti CnddFdd », nous a révélé un de ses anciens camarades de lutte. Riziculteur, le jeune homme de trente ans avait été contacté, le 15 mai 2019, par une jeune femme qui tenait à lui présenter un terrain à vendre via des courtiers. Arrivé au lieu du rendez-vous fixé avec ceux-ci, André Ngendakumana et la jeune femme voient une voiture blanche de marque Hilux s’arrêter à leur niveau. Des hommes en sortent, pointent leurs armes sur eux et les obli-

• Edmond Ndayishimiye, le démobilisé

gent à monter dans le véhicule. Les courtiers qui, entretemps, venaient d’arriver sur les lieux, voyant la scène, rebroussent chemin en courant. La voiture démarre et se dirige vers la 9ème avenue au lieu communément appelé ‘’chez Sepa’’. Là, la Hilux est rapidement rejointe par « une petite voiture rouge » et une Jeep de type Prado aux vitres teintées. André Ngendakumana est emmené dans ce second véhicule qui a pris la route menant vers Bujumbura. La jeune femme avait, elle, été transportée dans « la petite voiture rouge ». La concernant, le camarade de lutte d’André avance qu’elle jouait en fait le rôle de ‘facilitatrice’ auprès des agresseurs. « Elle avait fini par être interpellée et enfermée au cachot communal de Mpanda. Des gens haut placés se sont par après présentés à la prison et l’ont fait libérer », a précisé le camarade de lutte d’André.

Ce dernier témoigne ensuite que la famille du disparu a dépensé au moins 600.000 mille BIF en vue de retrouver le leur avant d’accuser les autorités locales de n’avoir rien fait pour venir en aide à la famille de M. Ngendakumana. « Aucun discours de réconfort n’a été tenu par nos administratifs pour calmer les inquiétudes de la famille ! » L’ami et camarade de lutte d’André demande à ce que la vérité se fasse jour dans cette affaire. « Nous aimerions qu’on nous dise si notre bien-aimé est mort ou vivant. S’il est vivant, que son lieu de détention soit indiqué. S’il est décédé, qu’on nous informe pour que nous procédions à la levée de deuil définitive. » André Ngendakumana était marié et père de trois enfants.

• Pascal Sibomana, alias ‘’Gakwavu’’, l’agent de sécurité

Démobilisé du mouvement rebelle FNL avec le grade de Major, Edmond Ndayishimiye a été enlevé le 15 mai 2019. Il est originaire de la colline Murengeza en commune Mpanda. « Il est parti de la maison aux environs de 11 heures. Il se rendait dans les champs de riz dans la vallée de la colline Nyamabere. Aux environs de 14 heures, des gens sont venus nous dire qu’il vient d’être enlevé », confie un proche de la famille. Selon des habitants de Nyamabere qui étaient dans les champs ce jour-là, Edmond Ndayishimiye a été enlevé par des gens à bord de trois voitures. « Il y avait deux voitures du modèle dit « Probox » ainsi qu’une camionnette de type « Hilux. » Des hommes en civil l’ont menacé avec des pistolets et l’ont fait entrer de force dans l’une de ces voitures ». Ce père de deux enfants, âgé de 28 ans, est introuvable depuis ce jour-là. « Nous avons cherché dans tous les cachots. Il n’était nulle part. Nous avons fini par abandonner. On aimerait que le parquet fasse des enquêtes afin que la vérité soit connue ». La famille privilégie la piste d’un mobile politique car il était militant du CNL.

Âgé de trente-cinq ans, ‘’Gakwavu’’ habitait le secteur Nyamabere. Selon O.P, un proche joint par Iwacu, il aurait quitté son domicile, le 1 novembre 2018, pour se rendre à son lieu de travail. « Il partait habituellement à trois heures du matin car il travaillait comme agent de sécurité sur une barrière. » Tous les jours, Pascal Sibomana rejoint son domicile à 19 heures après ses heures de service. Ce jour-là, il ne rentrera pas. Rapidement, sa famille engage les recherches pour le retrouver, aidé par le chef de secteur Nyamabere. En vain. « Nous appelons tous les jours son numéro de téléphone. Celui-ci sonne, mais quelqu’un d’autre décroche, mais nous n’entendons jamais sa voix », raconte O.P. Quelques temps auparavant, l’ancien

démobilisé « avait fait amende honorable » auprès du CnddFdd. « J’ai la conviction qu’il a été harcelé pour intégrer le parti au pouvoir. Malgré cela, ses copartisans ne lui ont sans doute jamais fait confiance, finissant par se débarrasser de lui ! ». Pascal Sibomana était marié et père de cinq enfants.

• Jean-Baptiste Ndagijimana, alias "Minani’’, le maçon parti trop tôt

‘’Minani’’ était maçon à Nyamabere et militant du Cnl. Selon un de ses proches, la victime a été enlevée à bord d’une voiture au niveau du chantier où il exerçait. C’était le 27 juillet 2019. JeanBaptiste Ndagijimana avait entre 32 et 35 ans. Il était marié et père d’un enfant.

Réactions • Jean-Claude Nsengiyumva : « Nous sommes au courant ! » Le procureur de la République dans la province Bubanza, Jean-Claude Nsengiyumva, fait savoir qu’il a reçu la correspondance que lui a adressée le député Fabien Banciry-

anino. Toutefois, il dit que dès que le magistrat en charge de cette affaire sera disponible, le parquet appellera Fabien Banciryanino pour plus d’éclaircissements.

• Isaïe Ndayizeye : « Aucun cas de disparition à Gihanga » Le président du parti Cndd-Fdd dans la commune Gihanga, affirme que les disparitions signalées dans sa commune et imputées pour certaines

aux Imbonerakure, sont une invention. « Ici, chez moi, tout va pour le mieux ! Il n’y a jamais eu de cas de disparitions ! »

• Floribert Biyereka : « Des calomnies ! » Le porte-parole de l’armée, Colonel Floribert Biyereka, estime que les accusations portées contre le commandant du Camp Muzinda sont farfelues. « Le commandant d’un camp militaire n’a pas le pouvoir de faire libérer des gens détenus au commissariat provincial. Cette affaire est

du ressort unique de la police et non de l’armée ! ». Et de soutenir que les personnes qui avancent de telles accusations « n’ont d’autre but que de salir des membres de l’armée et empêcher par exemple qu’ils bénéficient de missions de l’armée à l’étranger ».

• Léopold Ndayisaba : « Je ne suis pas policier » Interrogé sur son rôle présumé dans l’assassinat d’Hyppolite Ndayisenga, Léopold Ndayisenga, administrateur communal de Gihanga, s’est exclamé. « Je ne suis pas policier

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pour ordonner des exécutions ! » Et d’ajouter que s’il pouvait connaître l’identité de « son accusateur », il porterait plainte contre lui.


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POLITIQUE

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Interview exclusive avec Adrien Sibomana

« La politique, c’est aider les gens à mieux vivre » Dans une interview accordée à Iwacu, l’ancien Premier ministre, Adrien Sibomana, nous livre ses éclairages sur ses actuelles occupations, pourquoi il n’est plus sur la scène politique. Il s’exprime aussi sur le processus électoral en cours.

Q

ue faites-vous actuellement ? Je suis un retraité. Mais être en retraite ne veut pas dire la fin des activités. Je suis impliqué dans l’agriculture biologique. Depuis 2011, je travaille sur les méthodes agricoles qui sont de plus en plus à la mode. Je pratique une agriculture durable et rentable, c’est-à-dire une agriculture utilisant des intrants locaux (engrais, pesticides). Nous travaillons aussi sur des techniques de plantation qui sont beaucoup plus rentables. Je participe aussi dans les associations civiles comme l’institution des « Bashingantahe » (notables). Avez-vous un financement pour cette agriculture? Le financement, c’est ma tête (rires). Quid de l’institution des Bashingantahe actuellement ? C’est une institution qui fonctionne bien. Nous avons des Bashingantahe investis dans tout le pays qui aident chaque jour les gens à résoudre leurs conflits. Ils font tout pour faire régner la paix sociale. Quel est son apport au processus électoral en cours ? Nous n’avons pas de programmes par rapport aux échéances électorales. Nous avons envoyé des messages clairs aux Bashingantahe les invitant à se comporter comme de vrais modèles. Ils prodiguent des conseils aux partenaires politiques pour qu’ils fassent preuve d’humanité, d’honnêteté tout en se respectant mutuellement. L’intolérance politique s’observe dans certains coins du pays où des jeunes affiliés à différents partis politiques se rentrent dedans. Quel est le rôle des Bashingantahe dans cette situation ? Ils leur prodiguent des conseils. Il ne sert à rien de s’entretuer, de se faire du mal. En tout état de

vous actuellement la planificacause, ces jeunes sont condam- pour éviter des chevauchetion économique au Burundi ? nés à vivre ensemble. Que cha- ments. cun aligne ses meilleures idées et Les actions des ministères sont Des plans stratégiques exislaisse les gens choiparfois complémentent, mais le problème est de « Cela est une taires. S’il n’y a pas les piloter. Je crois que ceux qui sir qui ils veulent. vieille histoire. quelqu’un qui a une doivent les exécuter n’ont pas de Etes-vous encore globale, il peut moyens. La difficulté réside dans J’e l’ai quitté vision membre de y avoir des difficull’enchevêtrement des actions. depuis 2002. » tés. Si vous résolvez A titre d’illustration, dans les l’Uprona ? Cela est une vieun problème ici, il années 90, il était prévu un plan ille histoire. J’e l’ai quitté depuis se pose de l’autre côté. S’il n’y a de la protection de la ville de 2002. Cela fait presque 20 ans pas quelqu’un pour s’en occuBujumbura contre les dégâts que que je n’appartiens à aucun parti per, c’est le chef de l’Etat qui est causeraient les eaux des rivières politique. sollicité alors qu’il ne devrait qui la traversent. Mais dans la pas être partout. Il exerce son crise qu’on a traversée, personne Qu’est-ce qui vous a poussé à pouvoir avec son Pren’y a pensé. quitter la scène politique ? mier ministre. Avec le Si on avait planifié « Mais dans depuis La politique, c’est aider les gens poste de Premier minlongtemps, si à mieux vivre. Le mot politique istre, il est beaucoup la crise qu’on on avait commencé à a perdu actuellement son sens plus facile de gérer a traversée, planter en amont des originel. Actuellement je fais de les affaires politiques, des bambous, personne n’y a arbres, la politique puisque j’aide les gens économiques et sociaà protéger les berges pensé. » à mieux cultiver. Je contribue au les. des rivières, on conbien-être des citoyens, au dévelnaîtrait moins de oppement. Je fais de la politique Quelle appréciation faitesdifficultés. Probablement qu’il y sans être dans les partis poli- vous par rapport au processus a un manque de moyens, mais tiques. démocratique au Burundi? je pense qu’il faudra avoir une Les choses semblent bien vision à long terme parce que les L’actuelle Constitution prévoit marcher. Les partis politiques gens sont accablés par les probun poste de Premier ministre. existent et fonctionnent. Mainlèmes du quotidien. Ils n’ont pas Quels conseils donneriez-vous tenant, il faut veiller à ce qu’il y le temps d’y penser en profondau prochain Premier ministre ? ait la tolérance politique. Je vois eur. Cela a été une bonne idée pour qu’on s’achemine vers une redyle législateur. Aujourd’hui, tous namisation de notre démocraSi vous redeveniez Premier les yeux sont braqués sur le pré- tie. ministre, quelle serait votre sident de la République alors qu’il priorité? devrait y avoir un chef du gouVous avez été ministre du Ma première mesure serait la vernement qui pilote son action Plan. Comment appréciezprotection de l’environnement.

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Sans un environnement sain, on ne peut pas cultiver. Il faut protéger notre sol, tout ce qui nous entoure. Lorsque vous détruisez même là où vous habitez, vous ne pouvez rien faire. D’aucuns critiquent le travail de la CVR. Comment appréciezvous son travail ? Il faut connaître la vérité si les Burundais veulent réellement se réconcilier. La commission mène un bon travail. Mais un tel travail suscite toujours des émotions. De mon point de vue, il faut savoir gérer ces émotions. Il faut les canaliser en cherchant des psychologues cliniques qui prennent en charge les victimes. A titre d’exemple, j’ai vu une femme qui, depuis 1972, demandait toujours où on avait enterré son père. Imaginez-vous si elle voit subitement le crâne de son père. Il faut absolument la prendre en charge psychologiquement. Pas seulement elle, même aussi tous ceux qui ont trempé dans ces tueries. Propos recueillis par Félix Haburiyakira


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POLITIQUE

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Chronique sur les messages de haine

Imputer les crimes des parents à leurs progénitures est belligène Les discours incriminant les enfants pour les crimes de leurs parents provoquent des cycles de violence. Thierry Niyonshemeza, expert en justice transitionnelle, préconise la recherche de la vérité pour établir des responsabilités.

I

l s’agit des discours ou propos haineux, discriminatoires tenus par des membres des groupes considérés comme victimes des événements douloureux du passé. Ces propos visent notamment les enfants dont les parentés sont considérés comme des bourreaux. Ils subissent des conséquences des agissements dont ils ne sont pas responsables», explique Thierry Niyonshemeza, expert en justice transitionnelle. Pour M. Niyonshemeza, de tels discours sont le plus souvent utilisés dans des pays ayant connu des crises et des crimes contre l’humanité perpétrés contre des membres d’un groupe social donné. Les conséquences, dit-il, se répercutent générale-

ment sur les jeunes générations. « Sans recherche et connaissance de la vérité et une réconciliation réussie, cette situation peut même se produire des décennies plus tard. Et même après la mort de leurs parents, grands-parents ou arrière-grands-parents qui l’auraient commis », déplore-t-il. Cet expert en justice transitionnelle fait savoir que de tels discours portent atteinte à la cohésion sociale en créant des blocs opposés farouchement : « En l’absence de toute initiative de réconciliation, la situation s’empire. Les descendants d’un groupe ethnique, une communauté se considérant comme victime du passé, auront toujours l’esprit de venger leurs familles. Et ceux qui

sont indexés ne manqueront pas d’organiser la défense. Donc, c’est la continuité des crises cycliques ». En plus de ces vengeances intercommunautaires, il observe que le développement global et durable du pays en pâtit. « La mise en œuvre des programmes de développement requiert un apaisement entre les groupes sociaux. Un peuple qui n’est pas uni et réconcilié ne peut pas prétendre à un progrès intégral ». Pour Thierry Niyonshemeza, la vérité, une fois connue, permet d’établir les responsabilités et éviter la globalisation. Et d’ajouter : « Il faut engager un dialogue pour faire un contour sur le passé douloureux afin de reconnaître les séquelles que chacun porte. C’est à partir de là que chaque groupe réalisera que finalement personne n’a été épargné.» Il appelle tous les acteurs dans la société à être des apôtres de la paix pour se défaire de ce passé qui « malheureusement ne passe pas ». Jérémie Misago

Thierry Niyonshemeza : « La vérité, une fois connue, permet d’établir les responsabilités et éviter la globalisation.»

ÉCONOMIE

Un climat délétère à la Brarudi Plus de 200 travailleurs de la Brarudi viennent d’adresser une correspondance au Conseil d’administration de cette entreprise. Ils dénoncent des licenciements abusifs, surtout celui du président du Syndicat libre des travailleurs de la Brarudi (SYLITRAB).

D

énonciation et recours contre le licenciement illégal du président de notre syndicat». C’est l’objet de la lettre des syndicalistes de la Brarudi adressée, jeudi 9 avril dernier, au président du Conseil d’administration. Cette correspondance comporte 204 signatures des travailleurs de cette société du groupe Heineken. Pour ces travailleurs, le licenciement de Dieudonné Nizigiyimana, président du SYLITRAB, est injuste, arbitraire et viole les dispositions légales et conventionnelles, nationales et internationales garantissant la liberté syndicale et «vise principalement la suppression du syn-

Plus de 200 travailleurs de la Brarudi dénoncent des licenciements abusifs.

dicat des travailleurs au sein de la Brarudi». Le 27 mars dernier, une lettre signée par l’ex-Administrateur directeur général (ADG) annonce le licenciement sans préavis et sans indemnités de Dieudonné Nizigiyimana pour faute lourde. Selon lui, ce dernier a fait un usage abusif de l’exercice du droit syndical. Cette entreprise accuse ce syndicaliste d’avoir, dans les différentes lettres adressées à l’Inspecteur général du Travail notifiant un préavis de grève et aux différentes interviews accordées au Groupe de presse Iwacu et à la Radio Isanganiro, fait état

d’accusations, dénonciations calomnieuses et imputations dommageables à l’endroit de son employeur. Pour la Brarudi, le président du SYLITRAB est personnellement responsable des lettres du syndicat. Depuis son licenciement, Dieudonné Nizigiyimana a toujours clamé qu’il avait le mandat de l’Assemblée générale du SYLITRAB. «Comme les références de ces 2 lettres l’indiquent clairement, elles ont pour auteur notre syndicat. C’est celui-ci qui en assume la paternité et qui en est donc redevable. Nous confirmons que c’est nous, syndicalistes de la Brarudi,

qui en sommes l’auteur et nous en assumons la responsabilité».

Violation de la loi ? Dans sa lettre de licenciement, poursuivent les travailleurs, l’exADG évoque l’article 283 alinéa 2 du Code du Travail en disant que «les syndicats ont l’obligation de respecter les lois et les règlements en vigueur, notamment dans le domaine des relations professionnelles». Les syndicalistes se réjouissent que l’ex-ADG reconnaisse le contenu de cet article. Toutefois, ils s’étonnent qu’il l’interprète en mettant en avant

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ce qui le favorise tout en omettant ce qui n’est pas en sa faveur. «Cet article dispose aussi que les représentants des syndicats, à tous les niveaux, ne peuvent pas faire l’objet de poursuites judiciaires, administratives ou autres, suite à l’exercice correct des droits syndicaux leur reconnus par la loi». Selon eux, cet article est complété par l’article 268, point 2 qui stipule : «Il est interdit à tout employeur de congédier un travailleur ou de lui porter préjudice par tous les autres moyens, en raison de son affiliation syndicale ou de sa participation à des activités syndicales.» Sur ce, les syndicalistes demandent au conseil d’administration d’annuler ce licenciement abusif. «Si la Brarudi veut avoir des explications ou des éclaircissements détaillés sur les différentes revendications exprimées à travers les deux lettres, elle devrait, soit suivre la procédure de conciliation ouverte déjà devant l’Inspection générale du Travail, soit accepter de négocier directement avec le syndicat». Interrogé, Rémy Ndayishimiye, porte-parole de la Brarudi, n’y va pas par quatre chemins : «Pas de commentaires sur ce dossier.» Fabrice Manirakiza


ÉCONOMIE

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Covid-19

Le Burundi n’escorte plus les camions cargos Suite au mouvement de grève des camionneurs, le Burundi assure qu’il ne fera plus d’escorte des camions cargos. En outre, il rouvre les frontières avec la RDC et le Rwanda. Du côté des camionneurs, le manque à gagner a été très considérable.

L

es mouvements des camions et/ou véhicules qui passent par toutes les frontières avec le Burundi ne feront plus objet d’escorte policière sur tout le territoire burundais », lit-on dans une note verbale du ministère des Affaires étrangères sortie lundi 13 avril 2020. En plus pour permettre la continuité de la libre circulation des biens, tel que convenu au niveau de l’EAC, le Burundi fait savoir que les frontières fermées au nord avec le Rwanda et à l’ouest avec la RDC sont rouvertes uniquement pour les camions et autres véhicules transportant les marchandises. Ladite note recommande aux chauffeurs desdits camions ou véhicules de respecter les mesures d›hygiène et de prévention du Covid-19 en veillant à ce qu›il n’y ait pas d’arrêts improvisés en dehors des lieux d’escale fixés et convenus. En outre, le Burundi indique que les conducteurs doivent faire une interaction minimale avec les gens et suivre les mesures d’hygiène. Faute de quoi, ces derniers seront punis conformément à la loi. Une déclaration de la Fédération des associations de transitaires d’Afrique de l’Est (FEAFFA) annonçant de nouvelles directives prises par la Tanzanie et le Burundi pour lutter contre le COVID19, précise que pour entrer au Burundi, les camions seront contrôlés en fonction de leurs plaques d’immatriculation et de leurs poids. Ces mesures d’assouplissement sont tombées au moment où les camionneurs qui ont suspendu leurs activités pendant trois jours reprennent le travail. Ces derniers dénoncent les mauvais traitements qu’ils subissent. L’un des camionneurs sous couvert d’anonymat témoigne le calvaire qu’ils enduraient et lève toute équivoque : « Ce n’est pas une grève des conducteurs des camions en provenance de la Tanzanie. » C’est plutôt une grève des conducteurs de camions faisant le transport entre les pays de l’EAC. « Même ceux qui passaient par le Rwanda et l’Ouganda étaient concernés. Ils n’avaient pas suspendu leurs activités parce que la frontière Burundo-rwandaise était fermée».

Les camionneurs passent plusieurs jours dans le parking Selon ce camionneur, l’arrêt des activités a été provoqué par plusieurs facteurs. Le Burundi n’a pas respecté les décisions prises par les ministres de la Santé publique des pays de l’EAC pour lutter contre la propagation du coronavirus. A l’issue de cette rencontre, il a été convenu que les camions cargos devaient continuer à circuler librement. « Dans d’autres pays, comme la Tanzanie, le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda, les services sanitaires nous dépistent à l’entrée. On nous donne un document attestant que nous sommes testés négatifs. Puis, nous continuions le voyage », raconte notre source. Aucune police n’est mobilisée pour les escorter. Lorsque ces camionneurs arrivent à destination, ils déchargent les marchandises et retournent sans problème. Notre interlocuteur témoigne qu’il fait ses affaires sans perdre du temps et de l’argent. Mais la situation est compliquée au Burundi. Au poste frontalier de Kobero, les conducteurs des camions cargos ne sont pas autorisés à se rendre directement à Bujumbura. « Nous devons attendre l’escorte de la police. Pour partir, il fallait que le parking soit plein. Faute de quoi, nous

Les camions cargos au poste frontalier de Kobero

étions obligés d’attendre plusieurs jours ».

Le calvaire pendant l’escorte Pour arriver à Bujumbura, ils font entre deux ou trois jours de route. Les camions sont nombreux. Si l’un tombe en panne, d’autres devaient attendre. Au cours de la route, personne n’est autorisé à s’arrêter pour se soulager ou acheter de la nourriture ou de l’eau. « Imaginezvous passer deux jours au volant sans rien manger». D’après ce conducteur, ceux qui tentent de s’acheter quelque chose se

sont vus tabassés par la police. Arrivés à Bujumbura, ces chauffeurs étaient mis en quarante. Un autre calvaire commence. Certains conducteurs sont isolés au Port de Bujumbura. D’autres sont confinés dans les chambres à la gare routière de Bujumbura.

Les camionneurs en paient les frais « Pendant ces quatorze jours, nous ne sommes pas pris en charge. Nous dépensons notre propre ’argent alors que ce budget aurait servi à nourrir nos femmes et nos enfants.», déplore notre source

Les camions transportant les marchandises à Gitega

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D’après cette même source, ces jours d’isolement sont pénibles pour les chauffeurs étrangers notamment tanzaniens et kenyans. Ces derniers auraient donné un pot-de-vin pour avoir l’accès à la nourriture et à l’eau. Et de déplorer que cet isolement n’est pas une véritable quarantaine. s. Ils étaient en contact permanent avec les policiers, les agents de l’OBR et du port. Suite à ces mesures de mise en quarantaine et d’escorte, les conducteurs des camions cargos déplorent avoir perdu beaucoup d’argent. Normalement, les camionneurs faisant le transport Dar es-Salaam et Bujumbura devaient effectuer quatre tours par mois. Pourtant, personne ne peut dépasser un seul tour suite à cette mesure d’escorte et de mise en quarantaine. « Nous avons encaissé un manque à gagner énorme. Notre revenu a été diminué de plus de 75%. » Le pays, les propriétaires de camions et les propriétaires de marchandises ont également subi des pertes énormes. Signalons qu’après une rencontre des représentants des camionneurs avec le commissaire provincial et le gouverneur de la province Muyinga, dans la matinée du 13 avril 2020, les camionneurs ont repris les activités. Ces autorités ont promis aux camionneurs qu’il n’y aura plus, ni escorte policière, ni mise en quarantaine pour les conducteurs de camions cargo testés négatifs au COVID 19. Pierre Claver Banyankiye


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DROITS DE L'HOMME

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La CNIDH alerte les députés sur la surpopulation carcérale Lors de la présentation des réalisations de la CNIDH devant l’Assemblée nationale, les députés n’ont pas caché leurs inquiétudes sur les effectifs des détenus. Ils dépassent de loin la capacité d’accueil des maisons de détention.

L

e rapport présenté mercredi 16 avril 2020, à l’Assemblée nationale, par la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme est formel : « Avec une capacité d’accueil de 4.194 personnes, le taux d’occupation dans toutes les prisons, était de 273,3% au 27 décembre 2019. Sur un total de 11.464 prisonniers, 5.224 étaient en détention préventive soit 45,5%.» « Pourquoi est-ce que le Burundi regorge de prisonniers? Est-ce que la Justice prend du temps pour étudier les dossiers ? » Tels sont les principales inquiétudes soulevées par les parlementaires, lors de la présentation de ce rapport. Pour le député Léopold Hakizimana, il n’est pas normal

Sixte-Vigny Nimuraba : « La réduction du nombre de détenus dans les prisons et dans les cachots nécessite des mesures politiques et techniques.»

que pour un pays de 12 millions d’habitants, il y ait 12.000 détenus. « Statistiquement, ce nombre est pléthorique ». Et de demander si réellement la justice étudie suffisamment les dossiers de tous ces gens privés de liberté avant de les envoyer en prisons ou dans les cachots. Selon ce parlementaire, durant la période électorale, le nombre de prisonniers a souvent tendance à augmenter. « Avez-vous vraiment vérifié si certaines personnes n’ont pas été emprisonnées pour des mobiles

politiques ? » A cette inquiétude, M. Hakizimana suggère de revisiter la justice traditionnelle. Car, d’après lui, le nombre des prisonniers était moins excessif par rapport à la justice moderne. « Aujourd’hui, avec la justice moderne, moindre infraction, on t’emprisonne », déplore-t-il. Avec des cas de coronavirus déjà annoncés, l’honorable Thérence Manirambona, n’arrive pas à cacher son inquiétude : « Avec ce nombre si élevé de prisonniers, il y a un risque réel d’une grande

contamination dans ces maisons de détention. » Les parlementaires demandent au président de la CNIDH de renforcer son plaidoyer auprès du gouvernement et du ministère de la Justice en particulier afin de voir comment relâcher certains détenus, en vue de diminuer le nombre de prisonniers. « En tant que partenaire technique du gouvernement, ne pourriez-vous pas le conseiller de voir comment libérer les prisonniers politiques, pour que ce nombre des détenus puisse baisser », renchérit Thérence Manirambona.

La CNIDH rassure A toutes ses appréhensions, Sixte-Vigny Nimuraba, président de la CNIDH, rassure les parlementaires. Il confie qu’avec son équipe, ils ne cesseront pas de plaider auprès du ministère de la Justice pour que le nombre des prisonniers dans les cachots et dans les prisons soit réduit. Et d’annoncer que pour aider les juges à solder quelques cas, la commission a mis en place une itinérance, vers la fin de l’an 2019. Cependant, le président du CNIDH confie que la politique de réduire le nombre des prisonniers

nécessite des mesures politiques et techniques. Selon lui, il y a d’autres moyens de sanctionner une personne sans toutefois lui infliger une servitude pénale. Il informe que le ministère de la Justice a déployé une commission technique pour étudier les dossiers des prisonniers qui vont être mis en liberté. Pour Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale, même si le nombre des détenus dans les cellules est trop élevé, ce sont eux qui sont plus à l’abri du Covid-19 que ceux qui continuent d’aller dans les églises ou dans les lieux publics. « Je ne comprends pas pourquoi vous soutenez qu’on libère les prisonniers qui ne peuvent même pas sortir dehors, où il y a risque de contamination ». Le président de la CNIDH exhorte les parlementaires à laisser le ministère de la Justice et celui de la Santé publique étudier la faisabilité de cette mesure. Parmi les réalisations de la CNDIH au cours de l’an 2019, le président de cette commission annonce que 79 cachots ont été visités. Il informe également que 2.413 détenus dont 237 femmes ont été entendus et 154 détenus ont été remis en liberté. Mariette Rigumye

SOCIÉTÉ

Pénurie d’eau potable à Gikungu I, le spectre du Covid-19 plane Certains habitants du quartier Gikungu déplorent un manque d’eau potable qui s’observe ces derniers jours dans leur localité. Cette pénurie d’eau limite le respect des mesures d’hygiène et fait craindre une propagation du coronavirus et des maladies des mains sales.

L

undi 13 avril, vers 12h, le ciel est nuageux au quartier Gikungu de la zone Gihosha, au nord-ouest de la ville de Bujumbura. C’est précisément au sud du sanctuaire marial Mont Sion. Il y a de longues files de gens avec des bidons à la main. Les uns sont à la recherche de l’eau, d’autres sont sur le chemin de retour. Une procession de gens avec des bidons. « Avoir de l’eau dans notre quartier est un véritable casse-tête », se lamente un des jeunes, bidon à la main. Selon ces habitants, il y a un mois et demi que le quartier Gikungu I vit le calvaire. L’eau manque cruellement, le quartier peut passer deux ou trois jours sans une goutte d’eau. Le seul robinet qui alimente presque tout le quartier est à sec. Les habitants de ce quartier se rabattent sur l’eau de la Ntah-

angwa ou de pluie. Ils craignent des maladies liées au manque d’hygiène dans cette crise de coronavirus. N.F, la quarantaine, confie que pour le moment, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau dans les quartiers limitrophes. Malheureusement nous pouvons passer toute la journée sur la file d’attente à cause du grand nombre de gens venus chercher de l’eau. Pour le moment nous utilisons l’eau puisée dans la rivière Ntahangwa ce qui représente un danger sanitaire énorme ». Même sentiment d’indignation chez P. C qui tient un restaurant dans la localité. Il indique que depuis cette pénurie et l’apparition de cette pandémie du coronavirus, les dépenses ont augmenté. « Je dois payer chaque

Un robinet public à Gikungu I à sec depuis plus d’un mois.

jour plus ou moins 5.000 BIF au taxi-vélo pour aller me chercher de l’eau dans d’autres quartiers ». Et de demander aux autorités de leur venir en aide. Abraham Ntirandekura, administratif à la base n’en revient pas. « Les habitants du quartier Gikungu I vivent le calvaire. Quand notre quartier faisait face à l’épidémie de choléra, la Regideso

nous a gratuitement fourni de l’eau. Mais aujourd’hui avec la pandémie de Coronavirus, il est revenu pour fermer le seul robinet public. Les habitants craignent des maladies liées au manque d’hygiène surtout dans cette période de coronavirus où nous devons nous laver régulièrement les mains». Ils demandent à la Regideso

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de rouvrir la borne fontaine se trouvant dans le quartier afin de pouvoir appliquer les mesures recommandées pour la prévention contre le Covid-19. Contacté par Iwacu, les autorités la Regideso affirment être au courant de ce problème et promettent d’y remédier. Jérémie Misago


SOCIÉTÉ

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Elections 2020

Les Batwa frappent à la porte de l’exécutif A la veille des élections, les Batwa déplorent l’absence totale de leur représentation dans le pouvoir exécutif. Plusieurs défis minent encore leur participation dans la vie du pays. Certains demandent au moins 10 % de représentativité.

Au moins 10% de représentation !

S

ix parlementaires, un Twa dans l’Inspection générale de l’Etat, un autre dans la Commission nationale des terres et autres biens (CNTB) et un député de l’EALA. Ce sont les neuf postes réservés à l’ethnie Twa dans les hautes institutions du pays. Sévérin Sindizera, coordinateur de l’Association pour l’intégration et le développement durable au Burundi (AIDB), impute la « misère interminable » des Batwa à cette représentation très minime

le développement des Batwa les plus démunis. « Eux-mêmes ils sont capables de sacrifier une petite somme sur leurs salaires pour constituer ce fonds. 20 mille BIF chaque mois pour soutenir leurs pairs ne tuerait personne». Concernant la question sur les mêmes visages Twa dans les institutions, l’ex-député Twa de l’Assemblée législative de l’EAC (EALA), Alfred Ahigejeje, rétorque que personne n’a joué un rôle dans sa nomination. Pour cet ancien parlementaire à l’EALA durant deux mandats consécutifs (2005-2015), le plus important n’est pas qui représente qui, mais plutôt de faire un plaidoyer efficace pour mettre fin aux problèmes des Batwa. Il estime, toutefois, que la Constitution devrait prévoir un quota de représentativité Twa comme les autres ethnies, au moins 10%. « Il est déplorable que plus de 60 ans se soient écoulés depuis l’indépendance du Burundi, sans que l’ethnie Twa ne soit représentée dans aucune instance exécutive du pays. »

blèmes de discrimination qui perdurent ». Un quota, comme pour les femmes, s’avère nécessaire, propose Sévérin Sindizera. Il relève un autre grand défi : pas de transparence dans la nomination des représentants Batwa dans les institutions. Surtout dans le législatif. Pour cette législature finissante, il observe que deux parlementaires proviennent d’une même province. « Ce n’est pas juste. Il faut qu’il y ait un système de recrutement transparent». D’après lui, certains n’ont pas le niveau universitaire, alors qu’il y a une vingtaine d’autres Twa qui l’ont, mais qui sont au chômage.

Alfred Ahigejeje demande 10% comme quota de représentation des Batwa.

de cette ethnie minoritaire. « Aucun ministre, ambassadeur, gouverneur… Pire, aucune représentation dans les institutions de base (conseil communal, chefs collinaires, etc.)». Le coordinateur de cette association

regroupant les Twa originaires de plusieurs provinces estime que les Batwa devraient être représentés dans toutes les instances de décision. « C’est la meilleure solution pour mettre fin aux différents pro-

Séverin Sindizera affirme que ce sont les mêmes visages qui reviennent. De surcroît, il déplore que les représentants actuels ne font rien de concret pour soutenir leur communauté : « La plupart des Batwa vivent toujours dans la misère. Ils n’ont pas de terre pour cultiver, ils ne sont pas capables de se faire soigner… » Pour lui, il fallait que leurs représentants dans les institutions plaident pour au moins la mise en place d’un fonds pour

Clarisse Shaka

Covid-19 : les agences de voyage en font les frais Depuis la suspension des vols internationaux, plusieurs agences de voyage ont fermé leurs portes. Le manque à gagner se compte déjà en termes de millions.

L

’Aéroport International Melchior Ndadaye est fermé, depuis plus de trois semaines. Dès lors, les agences de voyage, qui s’occupent de la vente des billets d’avion de différentes compagnies aériennes, voient leurs affaires ruinées. Certaines ont été contraintes de mettre la clé sous le paillasson. Le propriétaire d’une agence de voyage, fermée depuis trois semaines, affirme que sa société a déjà perdu environ 2.200 millions BIF, hormis toutes les dépenses (loyer, salaires, etc.) Tous ses quatre employés sont au chômage technique. D’après ce père de famille, son agence, qui collabore avec toutes les compagnies aériennes, pouvait recevoir 12 à 20 clients par semaine. La plupart des Congolais qui viennent d’Uvira. C.I., une employée d’une autre

Depuis que l'Aéroport Melchior Ndadaye est fermé, les agences de voyage enregistrent une perte énorme.

agence de voyage qui opère au centre-ville, se retrouve au chômage technique, depuis près d’un mois. Elle confie qu’elle n’arrivait déjà pas à joindre les deux bouts du mois. Cette jeune maman se bat au jour le jour pour satisfaire les besoins de sa petite famille. « La vie n’est plus facile, d’autant plus que nous ne savons pas quand la situation redeviendra normale». Les salaires des domestiques, c’est un casse-tête pour elle. Elle puise dans ses quelques économies qu’elle avait réussi à faire,

mais cela ne va pas durer. Ses dépenses se limitent désormais aux besoins primaires.

« Pour une bonne cause… » Tout commence le 21 mars quand le gouvernement annonce la suspension des vols internationaux. C’est à dix jours de l’annonce des deux premiers cas de coronavirus au Burundi, le 31 mars. Dans le communiqué signé par le ministre des Transports, les

vols commerciaux internationaux sont suspendus pour une durée de 7 jours, dans le cadre de la prévention et de la réduction des risques de contamination du Covid-19. Sauf les vols cargo, vols ambulances (évacuation sanitaire), vols pour action humanitaire et les vols diplomatiques. A la fin de cette échéance, un 2e communiqué tombe le 27 mars et annonce la prorogation d’une semaine à partir du 28 mars jusqu’au 4 avril. Cette suspension sera encore prorogée de 14 jours

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à partir du 4 avril jusqu’au 18 avril. Une mesure qui sera revue en fonction de l’évolution de la situation, selon le ministère des Transports. Certains employés des agences de voyage interrogés, saluent cette mesure : « Nous allons mourir de faim, mais c’est pour une bonne cause. » Pour rappel, jusqu’aujourd’hui, le Burundi compte officiellement 5 cas de la maladie du Covid-19, dont un mort. Clarisse Shaka


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SANTÉ

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Covid-19

Suspension des visites dans la maison de retraite Ste Elizabeth Le centre des personnes âgées gérées par les sœurs Bene Mukama, a décidé de suspendre les visites. Sœur Colette Murimbane, responsable de cet hospice, informe que la mesure a été prise en vue d’éviter la propagation du coronavirus.

L

undi 13 avril, dans la maison Ste Elizabeth, située dans le quartier Rohero I, avenue Ngozi tout est calme. Mais cela cache un sentiment diffus d’inquiétude. Dans la cour extérieure de cet hospice, rien ne bouge. Mais à l’intérieur, les personnes âgées, qui ont encore un peu de force essaient d’aider les cuisiniers à trier le haricot. Cependant, dans les salles de réception des visiteurs, il fait noir : les rideaux sont encore fermés. « Depuis l’annonce des deux premiers cas des malades du Coronavirus, nous avons aussitôt pris la décision d’arrêter les visites », indique cette reli-

Suite au Covid-19, le centre d’accueil des personnes âgées des sœurs Bene Mukama, a décidé de suspendre les visites.

gieuse. Mais, elle confie que les messes continuent à la normale. Sœur Colette Murimbane informe que cette mesure a été prise, dans le but d’éviter que ces personnes âgées ne soient pas

contaminées par le Covid-19. Et de souligner aussi que même les stagiaires ainsi que les jeunes des mouvements scouts, qui venaient faire du bénévolat, ne sont plus autorisés à y accéder

« Nous avons eu peur, lorsqu’on a entendu que les personnes de second âge sont les plus exposées à cette épidémie ». Cependant, la responsable de cet hospice informe que la mesure de

suspension des visites a été bien accueillie tant par ces personnes âgées ainsi que par leurs proches. D’après cette religieuse, même si certains d’entre eux sont aux prises avec la sénilité, il y a parmi eux des vieux qui sont encore capables de comprendre ce qui se dit dans les informations. Dr Willy Gatore, médecin gériatre, s’inscrit en faux contre la mesure de suspension des visites dans les établissements des personnes de second âge. Il confie que les visites faites dans ces hospices sont d’une importance tant psychosociale que financière pour ces personnes. Pour ce médecin gériatre, il faut que ces visites continuent. Et de proposer que ces dernières soient organisées d’une manière cadrée et protectrice. « Si on continue d’isoler ces gens, qui étaient déjà dans l’isolement, ils ne mourront pas du Covid-19, mais d’autres maladies ». Signalons que la maison Sainte Elizabeth prend en charge 50 personnes du second âge, dont 15 hommes et la plus âgée d’entre elles, a déjà 110 ans révolus. Mariette Rigumye

« La santé des Burundais ne doit pas passer après les velléités politiciennes » En triant sur le volet les journalistes invités dans sa conférence de presse du samedi 11 avril, plus d’un s’interroge sur les raisons derrière cette decision du ministre de la Santé publique. Pour M.N., expert en communication des risques, en période de pandémie, c’est une méthode qui peut discréditer son action.

E

n cette période où la peur semble prendre le dessus, pour éviter des interprétations tronquées, il est toujours capital que l’autorité habilitée s’assure que tous les canaux de communication sont bien servis. Sinon, la population n’a plus confiance en elle », assure M.N., expert en communication des risques. Au risque de nourrir les suspicions, il estime que le ministère de tutelle devrait au quotidien communiquer sur l’évolution même des cas déjà confirmés. « Parce que quand une communauté est bien informée, elle est davantage vigilante ». Allusion faite au relâchement, depuis peu, qui s’observe dans le respect des mesures barrières de protection face au Covid-19. Pour qu’il ne vienne pas à l’esprit des Burundais que leur santé passe après les velléités politiciennes, il conseille à toutes les autorités d’éviter la rétention de l’information. « En plus de la

perte de confiance vis-à-vis de la population, cette attitude laisserait croire en l’existence de non-dits ». Selon lui, ce serait une situation qui peut entraîner la panique. Un mal aussi dangereux que la maladie. Loin de l’aspect communicatif, il fait savoir que le ministère de la Santé publique est redevable au peuple qu’il sert. A cet effet, indique-t-il, rendre compte sur l’évolution quotidienne de la situation est idoine. Dans le but d’assurer une bonne communication, il conseille audit ministère une évaluation continuelle, en impliquant l’administration à la base. « Après tout, la perception publique du risque constitue le plus solide indicateur de la volonté de la population à changer de comportement, lors d’un événement touchant leur santé». Hervé Mugisha Le ministère de tutelle devrait au quotidien communiquer sur l’évolution de la situation

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AU COIN DU FEU

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Avec Térence Mushano Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Térence Mushano.

V

Votre définition de la justice ? Une justice équitable, en mesure de départager les personnes en conflit. Dans cet ordre, il ya la justice ordinaire pour juger les délits, la justice internationale pour juger les crimes de génocide, le crime contre l’humanité et les crimes de guerre.

otre qualité principale ? La défense de l’intérêt général.Bref, je suis un fervent militant de la justice. Votre défaut principal ? La faiblesse de tout humain : je ne suis pas parfait. La qualité que vous préférez chez les autres ? Un esprit altruiste.

Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ? -Veiller au strict respect des moeurs, bien qu’une touche de modernité importe. -Valoriser les objets culturels tels qu’Ingoma, Inanga, Ikembe, Umuduri, les chansons pastorales…Un vrai retour aux sources !

Le défaut que vous ne supportez chez les autres ? Le crime de sang, l’exclusion, le détournement de la chose publique, la corruption.... Aussi, je n’apprécie guère les gens égoïstes. La femme que vous admirez de plus ? Mon épouse, la mère de mes cinq enfants. L’homme que vous admirez le plus ? Pr Venant Bamboneyeho. Un homme, vertueux de par sa droiture, son honnêteté intellectuelle et son intégrité morale. Des qualités qui, dans une certaine mesure, font de lui un modèle en tant qu’artisan de la paix, de la justice et de la promotion des droits de l’Homme. Votre plus beau souvenir ? Ma rencontre avec Mgr Joachim Ruhuna, l’exArchevêque de Gitega et son ancien Vicaire général aussi son condisciple de classe, Mgr Juvenal Kadogo. Votre plus triste souvenir ? Tous les crimes de sang répétitifs qui ont jalonné l’histoire de notre pays. Plus grave, le génocide des Tutsi, mais aussi le sang de leurs voisins et frères Hutu innocents, versés injustement. Quel serait votre plus grand malheur ? Voir tous ces crimes de sang restés impunis. Le plus haut fait de l’histoire ? L’accession du Burundi à l’indépendance.

La plus belle date de l’Histoire burundaise ? Le 1er juillet 1962 , le jour de l’indépendance . Une date à marquer d’une pierre blanche. Personnellement, un événement fédérateur. Unis, les Burundais ont vu qu’ils peuvent accomplir de grandes choses. La plus terrible date de l’histoire ? Le 21 octobre 1993, je n’oublierai pas aussi le 29 avril 1972. Le métier que vous aimeriez faire ? J’aurais bien aimé exercer en tant qu’avocat-conseil . Défendre les opprimés, ceux qui n’ont pas accès à la justice. Votre passe-temps préféré ? La lecture. Les livres en rapport avec les droits de l’Homme, le syndicalisme. C’est mon péché mignon. Votre lieu préféré au Burundi ? Bujumbura . A partir de ses montagnes qui la surplombent, c’est agréable de contempler la beauté de la ville, le lac Tanganyika. Le pays où vous aimeriez vivre ? Mon pays natal. Par-dessus

tout, j’aimerais parcourir tous les villages que comptent les 18 provinces du Burundi, ses collines, etc. Le voyage que vous aimeriez faire? J’aimerais visiter l’Israël, voir le Yad Vashem : le mémorial de la Shoah( « plus jamais ça » israélien, le Never Again ou CIRIMOSO, Ryarabaye Ntirikabe, Ntirigasubire!) Votre rêve de Bonheur ? Voir un Burundi apaisé.

Votre définition de l’indépendance ? C’est lorsque les fils du pays sont à mesure de choisir les axes politiques, socio-économiques, etc. Pour le développement de leurs pays. Votre définition de la démocratie ? C’est lorsque le résultat de la majorité des idées, les bons projets de société prévalent sur la majorité politique ou la majorité ethnique.

Votre plat préféré ? Le repas traditionnel, les Intete, les « sans huile » Votre chanson préférée ? Notre hymne national, Burundi Bwacu, suivi par le Credo. Quelle radio écoutez-vous ? Par ordre de grandeur décroissante, la BBC, la RFI, INZAMBA et HUMURA Avez-vous une devise ? Amour des autres, militer pour la justice et le combat pour la Paix. Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Une journée mouvementée. La victoire du Frodebu, à la surprise de tout le monde.

Croyez-vous à la bonté humaine ? Absolument. Cependant, je trouve que ce n’est plus le cas. Parce que le peu de gens qui le sont finissent corrompus par les mauvais. Pensez-vous à la mort ? La mort est inévitable. Elle nous prend tous ceux qu’on aime. Le mal, c’est une mort atroce, un meurtre, un assassinat... Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Pardon, pour toutes les fois où je n’ai pas agi selon ta volonté.

Bio express

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atif de la colline Mashunzi, commune Bisoro, province Mwaro, M. Mushano est né le 04/08/1960. Cadre à la SOBUGEA depuis le 18/06/1994, Terence est connu pour être un fervent activiste de la reconnaissance du génocide des Tutsi. Actuellement vice- président et porte- parole de l’AC -Genocide Cirimoso. Il est aussi membre de la ligue Sonera et vice-président du collectif des associations des victimes(CARAVI). Syndicaliste invétéré, il est le leader syndical à la Sobugea. Il fut également

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Propos recueillis par Alain Majesté Barenga

représentant du personnel au conseil d’administration de la Sobugea. Comme étude, M. Mushano est détenteur d’un diplôme A1 (Institut Supérieur de Commerce : option commerce 1992-1993). Une carrière qu’il a embrassée après avoir renoncé à la prêtrise. Après ses études secondaires (athénée de Bujumbura 19791984), il a fait deux ans de philosophie au Grand Séminaire Saint Curé D’ARS de Bujumbura. Marié, il est père de cinq enfants.


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Région Centre

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Gitega

Angoisse des propriétaires des voitures

sonne dans la parcelle et il a tout de suite alerté et trois personnes ont pris la fuite. Le matin j’ai constaté que l’ampoule qui éclairait l’intérieur devant le garage n’était plus et j’ai découvert que les écrous des pneus étaient déjà déréglés. » Pour lui, peut- être qu’ils ont été surpris par son voisin sinon toutes les quatre roues seraient volées. Ce dernier affirme par ailleurs, que les indices laissés sur place par les bandits témoignent qu’ils opèrent en bandes organisés. « En inspectant tout autour de la maison, nous avons retrouvé des clés de roues, des scies à métaux et des trousses de clés qui ouvrent presque tous les cadenas. Pour escalader les murs, ces voleurs se déplacent dans les quartiers munis des échelles.»

Dans la plupart des quartiers de la ville de Gitega, les batteries et les pneus des voitures sont les plus recherchés par les voleurs de nuit. Il ne se passe pas une nuitée sans qu’un propriétaire de voiture ne déplore le vol de ces matériels. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

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’ai trouvé les portières de ma voiture ouvertes, sans batterie ni pneus. C'est étonnant, ce n’est que personne n’a jamais été appréhendé le matin », déplore Berchmans de Gahera. Quand la nuit tombe dans les quartiers, les voleurs ne chôment pas. Autant d’infractions dont le nombre a fortement augmenté depuis plus d’un mois malgré les patrouilles nocturnes de la police. Certains croient que c’est le chômage qui pousse les délinquants à se réorganiser et chercher de l’argent facilement. Mais pour les autres, ce sont plutôt des bandes organisées qui ne vivent que par le banditisme. Mais ce qui

Région Ouest

Le genre de batteries que les voleurs recherchent

est étonnant, c’est comment les voleurs arrivent à escalader les clôtures et emportent des biens sans qu’ils ne soient interpelés par les éléments de la police qui effectuent des rondes nocturnes dans les quartiers de la capitale politique. Pour les propriétaires de voiture, garer sa voiture dans la parcelle est s’attirer des voleurs qui pourraient commettre d’autres délits très fâcheux.

« C’est comme une chasse ouverte aux batteries de voiture. Ils viennent et repartent ni vu ni connu. Même ceux qui ont des chiens ou des veilleurs chez eux subissent le même sort », indique Sylvain de Musinzira. Et Evariste de Bwoga d’abonder dans le même sens : « Il y a une semaine, mon colocataire s’est réveillé pour aller au petit coin quand il a entendu la présence d’une per-

L’identité des auteurs de ces actes reste à prouver Depuis quelques temps, le vol nocturne est devenu monnaie courante dans la ville de Gitega. Plusieurs ménages sont visités par les voleurs. S’ils ne trouvent quelque chose d’important dehors, ils partent avec les habits laissés sur les séchoirs. Nombreux habitants jurent qu’ils vont se faire justice si par hasard quelqu’un est pris en flagrant délit.

« Plusieurs voleurs attrapés sont vite relâchés par la justice ou par la police et reviennent narguer leurs victimes dans les quartiers. Trop c’est trop, nous allons arranger cette situation convenablement », jure Stéphane qui affirme avoir la mauvaise surprise de rencontrer dans un bar un voleur qui a dévalisé sa maison et qui n’a passé qu’un mois dans la prison. Quant au chef de zone urbaine de Gitega, la solution n’est pas de se faire justice mais plutôt d’être vigilant et attraper le maximum de ces voleurs, sinon ce serait verser dans la criminalité, ce qui est puni par la loi burundaise. « Nous avons connaissance de ces forfaits, mais nous croyons à la justice. Il peut arriver qu’il n’y ait pas de preuves suffisantes de culpabilité et que les magistrats ne trouvent pas sur quelle base incriminer ce soi-disant voleur », plaide Butoyi Hussein. D’après lui, l’important est de signaler à l’administration et à la police toute personne suspecte et que les enquêtes soient faites correctement. « La responsabilité première pour combattre ce banditisme incombe à la population elle-même. Si tu achètes ces batteries de voiture au marché noir et que tu ne signales rien à la police, tu es complice de ces malfaiteurs », déclare-t-il.

Cibitoke

L’insalubrité du marché moderne gêne Plus d’un mois déjà, le marché moderne du chef-lieu de la province est entouré d’immondices jetées en grande partie par la population des environs. Des mesures sont déjà prises. De notre correspondant Jackson Bahati

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a grande partie de ceux se plaignent de l’abondance des immondices autour du marché sont les propriétaires de bistrots, de restaurants et de cabarets. Un habitant riverain du marché précise que des personnes viennent jeter les ordures aux heures avancées. « Ces immondices dégagent parfois des odeurs nauséabondes. Ce qui gêne les visiteurs qui viennent au bureau provincial de Cibitoke », se lamente un administratif rencontré sur place. Les usagers de ce marché, quant à eux, se disent surpris de cette situation alors qu’il est toujours fréquenté par les auto-

rités administratives, les élus locaux, le personnel du service d’assainissement de la province de Cibitoke ainsi que d’autres cadres. Cette population ne voit pas l’importance de payer les taxes alors que le marché est privé d’une équipe en charge de l’hygiène et de l’assainissement à l’intérieur et autour de ce marché. Ils demandent de prendre des mesures pour qu’il y ait la propreté dans ce marché moderne qui est une des principales ressources financières de cette commune.

Des sanctions sont prévues Béatrice Kaderi, administrateur communal de Rugombo, reconnaît que ces immondices y sont jetées pendant la nuit et qu’il est difficile d’attraper les

Les usagers du marché se disent gênés des odeurs nauséabondes

auteurs. Elle appelle les usagers de ce marché à jeter les immondices dans les poubelles appropriées pour éviter les maladies des mains sales. Le service en charge de

l’assainissement dans la commune de Rugombo, déplore qu’il y ait encore des gens qui font la sourde oreille malgré les efforts déployés dans la lutte contre la saleté. Il prévoit rencontrer

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l’administration communale et le responsable de ce marché afin de prendre des mesures adéquates pour la salubrité et précise que des sanctions sont déjà prévues.


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Région Nord

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Ngozi/Kiremba

Des arrestations tous azimuts Douze membres du Congrès national de la liberté (CNL) de la commune Kiremba sont incarcérés au chef-lieu de la province Ngozi. Cela arrive après l’assassinat, samedi 11 avril, de Joseph Ntirandekura, responsable du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd sur la colline Gahororo. » De notre correspondant Longin Hasabamagara

Des arrestations pour des mobiles politiques?

es militants du CNL dénoncent des arrestations à caractère politique. «Nos militants ne sont pas impliqués dans cet assassinat», clament les Inyankamugayo (jeunesse du CNL) de la commune Kiremba. Une dizaine de membres de ce parti ainsi que le chef de la colline Gahororo de la commune Kiremba, membre du parti au pouvoir, sont emprisonnés dans les cachots de la police judiciaire de Ngozi. D’après des témoignages recueillis sur la colline Gahororo, Joseph Ntirandekura a été tué à l’aide d’un bâton. «Le coup a été porté sur la tête. Il est mort sur le champ. Le cadavre a été découvert dans l’après-midi de samedi vers 15 heures.»,

Les habitants de la colline Gahororo n’écartent pas la sorcellerie comme le mobile de cet assassinat. Quant aux Inyankamugayo de la commune Kiremba, ils sont convaincus que les 12 personnes ont été visées parce qu’ils sont membres du CNL. Toutefois, les représentants communaux du parti CNL font savoir qu’ils continuent d’apaiser leurs membres en leur demandant de maintenir la paix et la sécurité surtout en cette période pré-électorale. « Nous sommes surpris par ces arrestations de nos membres», s’indigne Jonas Nahimana, représentant du CNL en province Ngozi. Et d’ajouter qu’il suit de près cette affaire. « Nous ne voulons pas nous immiscer dans les affaires de la police et du par-

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SPORT

Les Inyankamugayo interpellés dans ce dossier 1. Aaron Nkengurukiyimana 2. Gérard Niyorugira 3. Claude Nzambimana 4. Gabriel Siniremera 5. Jean Pierre Nihorimbere 6. Salvator Ngendakumana 7. Claver Manariyo 8. Juvénal Ndayikeza 9. Ferdinand Nimubona 10. Epitace Niyongabo 11. Pasteur Mvuyekure 12. Hermès Sindayigaya 13. Venant Nzimenya, chef de colline Gahororo

Jonas Nahimana : « Nous nous attendons à des enquêtes transparentes et à une justice indépendante »

quet. Notre parti met en avant la justice. Nous nous attendons à des enquêtes transparentes et à une justice indépendante.» Du côté de la

police, on indique que les enquêtes sont en cours. Iwacu a essayé de joindre l’administrateur de la commune Kiremba sans succès.

Volleyball

Malgré le Covid-19, la phase retour débute ce week-end Après plus d’un mois de trêve, samedi 18 et dimanche 19 avril, se poursuivra le championnat. Et ce, en dépit des risques du coronavirus.

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es seaux avec de l’eau savonnée, des thermoflashes à l’entrée sur chaque terrain de jeu. Tel est l’arsenal déployé par l’association de volleyball amateur de Bujumbura(AVAB) pour se prémunir de la maladie. Il aura fallu attendre la réunion du comité exécutif pour décider de la poursuite du championnat. « Après d’amples discussions, nous nous sommes convenus qu’il était vain que l’on suspende le championnat », indique Arthur Baziri, son secrétaire général. A cet effet, il fait savoir qu’ils ont mis un accent sur le strict respect des mesures des mesures d’hygiène, tout en respectant la distanciation sociale dans les gradins. Sur tous les terrains de jeu (Parquet, Département des Sports),

explique-t-il, des professionnels de santé, sur toutes les entrées, prélèveront les températures corporelles. Des mesures vaines, reconnaît-il sans l’effort de tout un chacun. « Pour plus de précaution, nous exhortons le public à respecter la distance recommandée d’1m ». Avec le choc ASB vs Rukinzo au sommet, dimanche 19 avril, c’est une phase retour qui s’annonce palpitante. Autant dire qu’après la défaite de Rukinzo contre Amical Sportif de Bujumbura (ASB) en phase-aller, le vainqueur sera un sérieux prétendant au titre.

Une course serrée Accrocheur durant tout le championnat, Gacosmos veut poursuivre sur sa lancée. « A tout prix, terminer la saison invaincue », fait savoir son capitaine. Pour cette 2e moitié du championnat, il souligne qu’un accent particulier sera mis sur la défense et le service. Une stratégie à laquelle s’ajoute l’expérience de ses nouvelles recrues qui pourra, espère-t-il, faire la différence. Quant à Rukinzo, la formation

La lutte pour le titre s’annonce disputée.

de la police nationale mise sur la fougue et l’endurance de sa jeunesse. « A nous d’être agressifs et vigilants aux blocks. Et les résultats suivront », indique Ntwari. Dans les autres rencontres de la journée, sauf surprise, les cadors

devraient remporter sans coup férir. Par contre, chez les filles, d’alléchantes rencontres sont au programme. A l’instar de New Colombe vs Les As, Panthers vs GLC est l’autre rencontre au sommet. Afin de rester dans la course

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pour le titre, GLC doit à tout prix remporter. « Une mission ardue », tranquillise son coach. Hervé Mugisha


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ANNONCES

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AVIS DE RECRUTEMENT Dans le cadre du programme « Twiteho Amagara » (mesure d’Appui à la résilience des populations du Burundi, composante Santé) financé par l’Union Européenne, Memisa recrute pour ses programmes au Burundi un(e) :

MEDECIN (H/F) Médecin chargé de la Santé Sexuelle et Reproductive

• • • •

Avoir des connaissances en informatiques (Word, Excel, Power Point, Recherche en ligne, etc.) Avoir des capacités de prévention, d’anticipation et de résolution de problèmes ; Accepter les valeurs et principes de l’ONG MEMISA Belgique en termes de sobriété, d’équité, de justice et de non-discrimination ; aussi en termes d’efficacité et efficience ; Une expérience en milieu ONG au Burundi est fortement encouragée.

Le poste est basé en province à Muramvya avec déplacements fréquents vers Bujumbura et dans l’ensemble de la zone de l’Action de Memisa au Burundi

CONTRAT

RESPONSABILITES DU POSTE

Contrat à Durée Déterminée (CDD) de droit burundais de 1 an renouvelable entrant en vigueur à compter de la date de signature. N.B : Le contrat est soumis à une période d’essai de trois (3) mois au terme de laquelle une évaluation est prévue.

Le/la médecin chargé(e) de la SSR assure les principales responsabilités suivantes :

CONDITIONS DE TRAVAIL • • • • • • • • • • •

Etablir les processus de planification et programmation des activités de promotion de la santé sexuelle et reproductives dans la zone couverte par le projet ; Développer des outils et méthodes de suivi, de supervision et de collecte des données liées aux activités de santé sexuelle et reproductives consignées dans le plan d’action. Faire le suivi et supervision des activités de promotion de la santé sexuelle et reproductive sur terrain. Faire le rapport hebdomadaire d’activités liées à son poste ; Faire une programmation hebdomadaire des activités liées à son poste ; Faire un rapport mensuel des activités liées à son poste ; Collaborer étroitement avec les Chefs d’Antennes pour l’évaluation régulière de la mise en œuvre des activités et atteintes du résultat II et des objectifs du Projet ; Proposer, à la coordination de l’action, toute action permettant l’évolution positive des activités et l’atteinte des objectifs du Programme. Assurer un contact permanent avec les partenaires du volet de la santé sexuelle et reproductive dans le cadre du projet ; Anticiper sur tous les facteurs de risques, mettre en place et maintenir un système d’alerte sur les risques probables en vue d’informer la Coordination de l’Action pour une prise de décision ; Faire tout autre activité instruite par les Chefs d’Antennes et le Coordonnateur de l’Action de Memisa sur l’ensemble de son intervention au Burundi.

QUALIFICATIONS-EXPERIENCES ET QUALITES REQUISES • • • • • • • • • •

Etre de nationalité burundaise ; Etre titulaire d’un diplôme de Médecine, avec un atout de santé publique ; Avoir au moins 3 ans d’expérience dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive Avoir des compétences en formation continue et l’avoir pratiquée dans le secteur de la santé, avec une bonne aptitude pédagogique ; Détenir une certaine expérience de l’approche de « Centre de santé Amis des Jeunes » ; Avoir un esprit innovateur et une haute capacité de conception, d’analyse et de synthèse ; Avoir une bonne aptitude de travail en équipe ; Etre disposé à travailler pendant des heures hors service ; Avoir un bon esprit d’écoute et d’échange d’idées et concepts Avoir une bonne maîtrise du français (parlé et écrit), une compréhension de l’anglais ;

Sous la supervision directe des Chefs d’Antennes et du Coordonnateur de l’Action, le/la titulaire du poste est basé dans la province de Muramvya avec un retour au minimum une fois par semaine (le vendredi) à Bujumbura. Il/Elle pourrait être amené(e) à se rendre à Bujumbura et dans les autres périmètres d’exécution du projet au besoin. Il/Elle doit être apte à travailler en équipe et sous pression.

COMMENT POSTULER Le dossier de candidature avec la mention « candidature au poste Médecin chargé de la SSR » devra contenir : une lettre de motivation précisant la prétention salariale et la date de disponibilité d’une page maximum, un CV signé, les attestations de services rendus, une copie de(s) diplôme(s) et les contacts d’au moins trois références susceptibles d’être consultées par nos soins.

Uniquement des copies dans le dossier.

Les candidatures féminines sont fortement encouragées. Le dossier électronique avec mention de la candidature en objet doit être envoyé aux adresses suivantes : TO : simplice.tagah@memisa.be CC : francois.ransquin@memisa.be Le dossier papier avec mention de la candidature sur l’enveloppe doit être envoyé à l’adresse suivante : MEMISA à Bujumbura MEMISA à Muramvya Avenue Bururi, N° 34 - Quartier INSS – Rohero Quartier NDAVA sur la N2 Bujumbura Muramvya

Date limite d’envoi du dossier : 21/04/2020 à 17h. La description détaillée du poste vous sera envoyée dès réception de votre dossier de candidature NB : Seuls les candidats présélectionnés seront contactés par téléphone et aucun dossier ne sera retourné, veillez bien à ne transmettre aucun original dans votre dossier.

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External Recruitment Notice Human Resources Business Partner - Country Office Operations (Africa) Job ID: HQ01096 Location: Burundi Closing Date: 30-Apr-2020 Base Salary: 1.622.200 - 2.372.850 BIF per month About IRRI The International Rice Research Institute (IRRI) is the world’s premier research organization dedicated to reducing poverty and hunger through rice science. IRRI is an independent, nonprofit, research and educational institute, founded in 1960. The institute, headquartered in the Philippines, has offices in 17 rice-growing countries in Asia and Africa, and over 1,000 staff. The IRRI Africa Regional Office in Nairobi facilitates support for research and development projects; identifying partners and their needs; build new partnerships and maintain good relations; upgrade public awareness on agricultural innovation, food security, nutrition and health; and generate resources for research, innovation, knowledge transfer and capacity building. Job Purpose Under the general direction of the Regional Corporate Services Manager (CSM) based in Nairobi, with dotted line to HQ HR Manager and in close coordination with the host Country Representative and other Country Representatives in the region, the incumbent will administer HR policies & procedures and ensure the highest quality of services for all IRRI country offices in Africa. He/She will lead in the implementation, administration and analysis of the HR program; effectively communicate and provide training and information on HR policy, the Code of Conduct, compensation and benefits, IRRI’s Gender Strategy, career development, etc. He/She will ensure the daily delivery of high quality and timely services to all employees, while maintaining appropriate levels of confidentiality; build and maintain relationships with partners and outside stakeholders to promote smooth and timely services. He/She will Generate data and reports on issues related to human resources for the CSM, IRRI Country and Regional Representatives or project leader/manager. This position will be based in Bujumbura, Burundi and will provide professional services to IRRI Africa Regional Office (Nairobi). This may only be filled by permanent citizens of the Republic of Burundi. Any candidate who is interested in this offer and who meets the required qualifications should apply directly through jobs.irri.org The complete Terms of References can be found at the aforementioned address. If clarification is required, please send an email to Anna Junsay: a.junsay@irri.org International Rice Research Institute IRRI is a member of the CGIAR Mailing address: C/O ILRI, PO Box 30709, Nairobi 00100, Kenya Physical Address ILRI Campus, Naivasha Road, Nairobi, Kenya

COMMUNIQUE AUX FOURNISSEURS DES SERVICES EN CONSTRUCTION

Un appel d’offres pour la construction des salles de classes dans les communes de Bugabira, Busoni, (Kirundo), Gisuru (Ruyigi), Kabarore (Kayanza) et Mwumba (Ngozi) avait été lancé par l’Organisation Food for the Hungry Burundi et beaucoup de partenaires avaient répondu à cet appel (Confère Journal IWACU no 565 du Vendredi, le 10 Janvier 2020 et Renouveau no 10294 du Vendredi, le 10 Janvier 2020). Cependant, il faut savoir que les fonds de l’Organisation de Food for the Hungry Burundi proviennent des différents bailleurs de fonds internationaux et que la situation économique mondiale déplorable due à la pandémie du CORONAVIRUS (COVID-19), a obligé nos bailleurs de fonds à abandonner ce projet pour le moment. Pour cette raison, les fonds qui ont été déposés sur le compte de FH Burundi pour acheter les DAO seront remboursés à tous ceux qui ont participé à l’appel d’offres. Il est demandé aux soumissionnaires d’entrer en contact avec le service de comptabilité de FH Burundi. Nous sollicitons votre aimable compréhension pour ce désagrément dû à cette situation inattendue qui ne dépend nullement de notre volonté. Aussitôt que les Bailleurs de fonds reprendront le projet, nous ne manquerons pas de faire de nouveau appel à votre expertise.

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AU CŒUR DU PAYS CULTURE

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