IWACU 582

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IWACU N°582 – Vendredi 8 mai 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

La violence s’invite dans la campagne Droits réservés

ÉCONOMIE

JUSTICE

Budget 2020-2021 : pas d’outils d’évaluation pour la Cour des comptes

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Affaire des quatre journalistes d’Iwacu : jugement en délibéré

AU COIN DU FEU P.10

Avec Mgr Antoine Pierre Madaraga

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LA DEUX

Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

Editorial

En coulisse

Sur le vif

En hausse

Redynamiser la culture du coton à tout prix La CENI appelée à jouer pleinement son rôle Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

U

ne détérioration du climat politique s’observe avec une spirale de violences verbales et physiques, deux semaines après l’ouverture officielle de la campagne pour les scrutins du 20 mai. Des actes d’intimidation caractérisés par des propos indécents voire injurieux sont tenus par les acteurs politiques et les militants à l’encontre de leurs adversaires lors des meetings. Des affrontements entre militants surtout du parti présidentiel, le Cndd-Fdd et son principal challenger, le CNL, gagnent du terrain. Ces vives tensions ont déjà causé mort d’hommes, occasionné des blessés et des disparus. Par ailleurs, il se développe des sentiments de suspicions entre acteurs politiques. Des tentatives de fraudes sont dénoncées, surtout par l’opposition. Alors que les consultations électorales devraient être des moments de sérénité ou de jouissances populaires, elles risquent de devenir des instants de crainte, de peur et de hantise de violences. A l’instar de cette vieille femme de la commune Bukinanayana qui craint déjà la résurgence de la violence compte tenu du climat politique délétère : « Des tueries pourraient s’observer avant et après les élections. » La situation est donc préoccupante. Il faut des messages forts, recadrer des jeunes envoûtés, endoctrinés par certains politiciens qui cherchent à assouvir leurs intérêts égoïstes. Lorsqu’elle n’est pas gérée de manière assez satisfaisante, l’élection peut contribuer à mettre en danger le processus de démocratisation qu’elle est supposée servir. Je salue la mise en garde du chef de l’Etat, à Cankuzo ce 6 mai, à quiconque perturberait les élections ou attenterait à la vie de la personne humaine. Que d’autres autorités politiques, administratives, judiciaires, policières, marchent dans ses pas. En évitant surtout le deux poids deux mesures lors des sorties médiatiques que certains politiques commencent à interpréter comme des messages qui visent à les priver de leurs droits civiques ou à les tenir éloignés de la sphère politique. L’article premier de la Constitution stipule que « Le Burundi est une République indépendante, souveraine, laïque, démocratique, unitaire et respectant sa diversité ethnique et religieuse. » Et selon Schumpeterien, peut être considéré comme démocratique « un système politique où les gouvernants-clés sont choisis à travers des élections libres et compétitives auxquelles participent tous les citoyens jouissant de leurs droits civiques. » Plus que tout autre organe, c’est la Commission électorale nationale indépendante, la CENI, qui doit jouer ce rôle. La Constitution lui confère par ailleurs ce pouvoir à son article 90 : « Une commission électorale nationale indépendante garantit la liberté, l’impartialité et l’indépendance du processus électoral. » Elle doit donc prendre à brasle-corps la situation, apporter une réponse à ces tensions électorales pour une compétition saine, équitable et juste. L’avenir du pays en dépendra et l’histoire retiendra d’elle des hommes et des femmes qui ont évité la fracture sociale, la dislocation du tissu national.

Le gouvernement du Burundi a signé, mardi 5 mai, un mémorandum d’entente avec le complexe textile « Afritextile » qui s’engage à appuyer la Compagnie de Gérance du Coton (COGERCO). C’est dans le cadre du partenariat public-privé pour redynamiser le secteur du coton.

Les employés de l’AACB appelés à rester à la maison Suite à la crise sanitaire du Covid-19 que traverse le monde, l’Autorité de l’Aviation Civile au Burundi a appelé ses employés qui ont terminé leurs congés annuels à rester à la maison tant que la crise perdure. Ils seront rappelés en cas d’urgence.

Retrait des cartes d’électeurs prorogé jusqu’au 12 mai Selon le président de la Ceni, ceux qui n’ont pas pu retirer leurs cartes d’électeur aux bureaux de vote, ils pourront le faire jusqu’au 12 mai auprès des bureaux des Ceci.

Edouard Nkurunziza, reporter du Journal Iwacu,

Ours Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction: Guibert Mbonimpa Rédaction

P

our avoir remporté le prix média, édition 2019, dans la catégorie de la presse écrite.

En baisse

Des individus non identifiés,

P

our avoir enlevé et tué Richard Bigirimana, responsable du parti Cnl sur la colline Mbogora de la province Mwaro.

Annonce

Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza, Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société et Culture: Clarisse Shaka, Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Equipe technique : Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

1 million de dollars américains (USD) AVIS DE RECRUTEMENT INFINITY GROUP recrute pour le compte d’une société privée trois (3) Attachés Commerciaux. Les termes de référence complets ainsi que ce communiqué peuvent être consultés sur le site www.esoko.bi , ou la page Facebook : @InfinityGroupBurundi ou au bureau d’INFINITY GROUP situé au 7, Avenue de France, Immeuble Ruhara, 2ème étage. Les dossiers de candidature (CV, CNI, Lettre de motivation, Attestations de service, Diplômes) devront être envoyés dans un seul document PDF à l’adresse recrutement@infinitygroup.bi et doivent porter la mention « Recrutement Société Privée – Attaché Commercial ». La date limite de dépôt est fixée au plus tard le 14 Mai 2020 à 23 :59 (GMT+2)

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est l’enveloppe que le Burundi recevra des Etats Unis pour améliorer la santé des personnes vulnérables.

Source : Ambassade des Etats-Unis au Burundi Une pensée

« Il faut combattre l’intolérance, de quelque côté qu’elle se produise. » Maxime Du Camp


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Elections 2020

La campagne sur fond de violences

Meurtres, enlèvements, affrontements, emprisonnements, la campagne électorale devient de plus en plus violente. Deux camps s’opposent: les Imbonerakure et les Inyankamugayo. La situation se dégrade au fur à mesure qu’on s’approche du 20 mai, le jour des élections. Dossier réalisé par Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze, Alphonse Yikeze et Arnaud Igor Giriteka © Droits réservés

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Le corps sans vie de Richard Havyarimana a été retrouvé dans la rivière Ruvyironza ce jeudi 7 mai 2020.

il avait passé la journée à Kigamba pour prendre des images de la campagne électorale du CNL.

Des affrontements… Des échauffourées entre les Imbonerakure et les Inyankamugayo continuent d’éclater dans plusieurs localités du pays. En province Kirundo, il y a eu des affrontements entre les jeunes de ces deux partis. Cette bagarre a fait 18 blessés de deux côtés. Un militant du Cndd-Fdd est mort après avoir été grièvement blessé par une lance. Plusieurs militants du CNL ont été arretés par la police accompagnée par des Imbonerakure. Des blessés, également ce lundi 4 mai à Maramvya en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura où une bagarre entre les mil-

itants du CNL et du Cndd-Fdd a fait 7 blessés, dont 3 partisans du parti au pouvoir. Les militants du Cndd-Fdd ont voulu saboter un meeting du CNL sur un terrain de football de cette localité. Quelques uniformes du CNL ont été brûlés. Des affrontements sont aussi signalés dans plusieurs provinces du pays. Toutefois, il faut souligner un bon exemple affiché par les Inyankamugayo et les Imbonerakure du quartier Kamesa de la zone Musaga, en commune Muha de la mairie de Bujumbura grâce à l’intervention l’administrateur de la commune Muha, Pasteur Daniel Kabura. La situation a failli dégénérer sur le terrain dit ’’Kuba Chinois’’. Les militants du parti CNL avaient prévu d’y organiser un meeting et les Bagu-

myabanga se sont pointés sur ce même terrain pour battre campagne. Ils ont érigé des tentes à côté de celles des CNL. Ils ont failli en venir aux mains, mais l’administrateur a réussi à les calmer. Les partisans d’Agathon Rwasa ont dû céder et se sont résolus à installer leurs tentes à plus de 200 m. L’administrateur de la commune Muha a assuré que le parti au pouvoir avait déposé la demande pour l’occupation de ce terrain en premier. « Il est évident que c’est le Cndd-Fdd qui devait être prioritaire. Je salue l’attitude affichée par ces jeunes, surtout cette volonté de régler ce problème pacifiquement. Ils ont manifesté un esprit patriotique ». Quand l’administration s’implique sérieusement et impartialement, les

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a dépouille de Richard Havyarimana, responsable du Congrès national pour la liberté (CNL) sur la colline Mbogora de la commune Nyabihanga en province Mwaro, a été découverte ce jeudi 7 mai sur la colline Muyebe, zone Kibungere en commune Nyabihanga. «Elle était dans la rivière Ruvyironza. Son corps était dans un mauvais état, car il avait été mutilé». Dans sa famille, c’est le chagrin. Richard Havyarimana a été enlevé à son domicile dans la nuit du 3 au 4 mai 2020. «Des hommes en civil et d’autres en tenues policières ont fait irruption dans la maison de Richard. Ils l’ont tabassé et amené par force dans une voiture de marque Toyota Probox», racontent des voisins. Ces derniers assurent que ce groupe d’hommes armés était conduit par Dieudonné Nsengiyumva, alias Rwembe, responsable des jeunes Imbonerakure en commune Nyabihanga, et un autre Imbonerakure du nom de Boris. Interrogé par Iwacu, Désiré Nsengiyumva n’a pas voulu s’exprimer avant de nous raccrocher au nez. Les proches de Richard Havyarimana déplorent l’inertie de l’Officier de la police judiciaire de Nyabihanga. «Nous lui avons demandé de commencer les enquêtes en délivrant des convocations aux personnes citées dans cet enlèvement. Ils n’a rien voulu savoir». Ce mercredi dernier, un substitut du procureur de Mwaro est allé sur place pour faire le constat. «Il a interrogé l’épouse de Richard sur ce qui s’est passé et les personnes qu’elle a reconnues. Rien de plus.» A Cankuzo, 3 personnes sont toujours portées disparues. Leurs familles sont désespérées. Arcade Butoyi, Alawi Niyonkuru et un certain Amouri ont été enlevés par des hommes armés le 28 avril dernier dans le bar «Ku Kayaga» situé au chef-lieu de la province Cankuzo. Le lendemain de ce kidnapping, la police a indiqué qu’elle est au courant de ce cas et que des enquêtes sont en cours. «Depuis ce jour, nous n’avons aucune information. Nous pensons que des mobiles politiques se cachent derrière cet enlèvement». Arcade Butoyi est le représentant provincial du Syndicat des Travailleurs de l’Enseignement (STEB). Ce jour-là, indiquent ses proches,

Les personnes enlevées à Cankuzo sont toujours portées disparues.

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choses s’arrangent dans le calme, commente un habitat de Kamesa.

…et des arrestations L’arrestation qui fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours est celle de Kathy Kezimana. Candidate du CNL à l’élection législative, numéro 2 en province Bujumbura, Kathy Kezimana est incarcérée dans la prison de Mpimba. Cette candidate a été arrêtée ce mardi 5 mai sur la RN7 en route vers la mairie de Bujumbura. En provenance de la commune Nyabiraba, sa voiture a été interceptée par des policiers en convoi conduits par le commissaire provincial de Bujumbura. Kathy Kezimana a été ensuite emmenée au parquet de Bujumbura où un juge l’a interrogée pendant une quinzaine de minutes avant de l’envoyer à la prison de Mpimba. D’après ses proches, elle recevait des menaces depuis un certain temps. «Dans les cercles des militants du Cndd-Fdd en province Bujumbura, on jurait de s’en prendre à elle si elle ne se désolidarise pas d’Agathon Rwasa», indiquent ses proches. «On veut l’empêcher de se présenter aux élections du 20 mai». Décrite comme une « femme politiquement engagée, courageuse, qui rêve de changement», elle a prononcé un discours lors d’un meeting qui n’a probablement pas plu à certaines personnes : «C’est déplorable de commencer cette activité en s’inclinant pour honorer la mémoire de nos illustres disparus. Mais, nous ne pouvons pas les oublier, car ils ont été victimes de leur bravoure, leur sagesse et leur courage. Ils sont morts parce qu’ils ont refusé l’injustice. Nous ne pouvons pas non plus oublier nos militants emprisonnés injustement. Cependant, sécher vos larmes. Dans 4 mois, nous aurons retrouvé notre dignité. Nous ne pouvons pas oublier tous ces innocents exilés. Ce sont nos parents, nos enfants, nos frères. Dites-leur de commencer à faire les valises, car ils rentrent au mois d’août. Nous allons nous défaire de ce régime qui nous opprime». Selon ses avocats, Me Aline Gahimbare et Me Modeste Niyonsaba, Kathy Kezimana a été arrêtée sur mandat du procureur de la République en province Bujumbura après une plainte déposée


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L'ÉVÉNEMENT

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par l’administrateur de la commune Mugongomanga, Diomède Ndabahinyuye. «Notre cliente est accusée de 3 infractions : discours haineux, injures publiques et menaces contre l’autorité». D’après ses avocats, Kathy Kezimana n’a pas prononcé de discours haineux ni injurier qui que ce soit. «Dans son discours de la semaine passée, elle ne visait personne. Elle a parlé en général comme une femme politique en campagne électorale. Le plaignant devait fournir des preuves tangibles qui attestent qu’il était visé». Sur la colline Murengeza, commune Mpanda de la province Bubanza, les militants du CNL dénoncent des arrestations des responsables Inyankamugayo. Les faits se seraient déroulés dans la journée de ce lundi 4 mai. Selon des sources au sein du parti CNL dans le secteur Murengeza, Apollinaire Ngendabanyikwa, chef de ce parti dans ce secteur et Fidèle Ntakarutimana, militant Inyankamugayo à Murengeza se rendent auprès des services de la CECI de la commune Mpanda pour plaider la cause d’un des leurs. « Un de nos militants s’était vu retirer injustement sa nouvelle carte électorale par la CECI », accuse un responsable du CNL contacté à Murengeza. Avant d’avoir le temps d’exercer le but de leur déplacement, Fidèle et Apollinaire ont la mauvaise surprise de voir débarquer des forces de l’Ordre qui les interpellent sur-le-champ. Les deux Inyankamugayo ignorent le motif de leur arrestation. A la suite de ces deux interpellations, d’après le responsable du CNL, Jacques Ntakarutimana et Charles Ndayishimiye, chef des jeunes Inyankamugayo dans le

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Des Imbonerakure et des Inyankamugayo ont été blessés dans des affrontements dans plusieurs provinces du pays.

secteur pour le premier et militant CNL de Murengeza pour le second, sont arrêtés à leur tour. Pour lui, il n’y a aucun doute : les quatre personnes sont victimes de leur appartenance politique. Une autre source jointe ce mardi 5 mai nous précise que certains d’entre eux, auparavant militants du Cndd-Fdd à Murengeza, avaient déjà été victimes de menaces et intimidations de la part d’Imbonerakure. « Ils s’acharnaient sur eux en leur répétant, à maintes reprises, qu’ils paieront leur abandon du parti Cndd-Fdd !», témoigne M.M, un proche d’un des quatre Inyankamugayo arrêtés. Au départ, nous confie le proche contacté, les quatre hommes sont amenés dans « un lieu de détention illégal». Dans la soirée de ce lundi, ils sont transférés au cachot communal de

Kathy Kezimana a été arrêtée sur base d’une plainte de l’administrateur de la commune Mugongomanga.

Mpanda. Un des responsables du CNL à Murengeza, nous avait révélé dans la même soirée, que le mandat d’arrêt à l’encontre des quatre Inyankamugayo, aurait été délivré par le procureur de la République dans la province Bubanza. Dans la soirée de ce mercredi 6 mai, les prévenus sont transférés au commissariat provincial de Bubanza. « Ils ont eu peur que Rwasa qui tient campagne aujourd’hui à Mpanda, les fasse libérer !», nous relate M.M, dans la journée de ce jeudi 7 mai. Jean-Claude Nsengiyumva, procureur de la République de Bubanza ne nie nullement les faits lui imputés, mais tient à nuancer. « Un militant d’un parti politique n’est pas au-dessus de la loi ! C’est un citoyen comme les autres, il doit répondre des délits qu’il commet !|» Quid des motifs de ces interpellations :

« Des personnes se sont plaintes, comme quoi ces quatre hommes les avaient violentés. », raconte le procureur. Violences à caractère politiques? Le procureur de Bubanza rétorque : « Il nous importe peu de savoir si les plaignants ont été agressés pour des motifs politiques par les quatre hommes du CNL! Il n’est point de notre devoir de chercher à connaître l’affiliation politique de gens qui s’en remettent à nous !|» Concernant les preuves de ces allégations à l’encontre des quatre militants du CNL à Murengeza, le procureur nous spécifie que « les plaignants avaient leurs habits déchirés !» Pour le procureur, aucun doute, « les habits déchirés » des présumées victimes de violences sont une preuve de culpabilité contre les Inyankamugayo. « Les quatre hommes ont eux-mêmes

reconnu eux-mêmes leur forfait !|», ajoute le procureur Nsengiyumva. Ce que nient les responsables du CNL. Les arrestations sont aussi signalées en commune Nyamurenza de la province Ngozi. Les responsables du CNL parlent de 11 Inyankamugayo arrêtés depuis le début de la campagne électorale pour «des mobiles politiques». C’est ce que disent également les Inyankamugayo de la commune Kabezi de la province Bujumbura. «Nos militants sont pourchassés. Mardi dernier, la police accompagnée par des Imbonerakure a arrêté 29 militants du CNL. On vise ceux qui sont sur les listes électorales». Iwacu a tenté de joindre Renilde Ndayishimiye, administrateur de la commune Kabezi, en vain.

Le CNL dans le collimateur du pouvoir? Depuis quelques jours, plusieurs autorités administratives et policières accusent le CNL et son leader Agathon Rwasa de semer le trouble pendant la campagne électorale. Ce dernier parle de deux poids deux mesures. D’autres candidats présidentiels demandent une campagne pacifique.

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e mardi 5 mai, la police dresse, en une semaine de campagne électorale, un bilan de 2 morts et 18 blessés du côté du Cndd-Fdd ainsi qu’une disparition et 8 blessés du côté des Inyankamugayo. Selon elle, 64 présumés coupables ont été arrêtés pour des raisons d’enquêtes. Pour Pierre Nkurikiye, porte-parole de ministère de la Sécurité publique, les responsables de tous ces actes de violence sont des militants du CNL. Sans mâcher ses mots, il accuse Agathon Rwasa, le patron du CNL, et ses militants de propager des messages de haine

incitant la population à la violence. Ils sont également accusés de fraudes électorales. Une journée après, le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, tire à boulets rouges sur le CNL tout en nuançant un peu. «Nous déplorons le comportement du CNL même si tout n’est blanc dans les autres partis politiques». Selon lui, c’est une dernière mise en garde pour toutes les formations politiques en campagne. «Elles doivent se rappeler des engagements pris lors de la signature du code de conduite en période électorale le 23 décembre 2019 à Kayanza».

Pascal Barandagiye : «Nous déplorons le comportement du CNL même si tout n’est blanc dans les autres partis politiques.»

Le procureur général de la République, Sylvestre Nyandwi, quant à lui préconise la procédure de flagrance pour les militants coupable d’actes de violence. «Les

chefs de parti politique ne sont pas exemptés de poursuites durant cette période. Ils doivent s’abstenir de tout acte pouvant inciter leurs militants au recours à la violence».

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Il leur demande de se désolidariser de leurs militants qui enfreignent la loi.


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Réactions • Agathon Rwasa : «Le CNL n’a aucune intention de perturber les élections.»

• Pierre Nkurunziza : «Nous en avons assez de la guerre!»

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n campagne en province Cankuzo pour le candidat du Cndd-Fdd, ce mercredi 06 mai 2020, le président de la République, Pierre Nkurunziza, a mis en garde ceux qui veulent perturber les élections. «Nous ne tolérerons pas quiconque voudra attiser le feu de la violence. Comme nous l›avons toujours dit, le feu finit toujours là où il a été allumé». Selon le président sortant, des injonctions claires ont été données aux forces de l’ordre, l’armée et les services de renseignement. «Nous en avons assez de la guerre. Nous ne pouvons plus accepter des individus voulant nous replonger dans cet abîme».

Le leader des Inyankamugayo pense que les propos du porteparole du ministère de la Sécurité publique sont déplacés, car le CNL n’a aucune intention de perturber quoi que ce soit dans ce pays. «Plutôt, cela est un langage partisan. Il essaie de se faire l’avocat du Cndd –Fdd. C’est déplorable. Or, nous avons vu les agents de police qui arborent les uniformes du Cndd-Fdd». Agathon Rwasa pense que la situation qui prévaut maintenant devait être maîtrisée. «J’interpelle l’administration et les responsables du Cndd-Fdd pour qu’il discipline leur jeunesse. C’est inconcevable que chaque fois que

• Dieudonné Nahimana : « Nous voulons un processus pacifique » De façon globale, le candidat indépendant Dieudonné Nahimana trouve que la campagne se passe bien. Face aux violences déjà enregistrées dans différents coins du pays, M. Nahimana fait un clin d’œil aux candidats des partis politiques : « Il faut que les candidats donnent un message clair aux jeunes. Il faut leur demander de ne pas faire recours à la violence en cas d’un malentendu. » Le Candidat indépendant demande d’éviter tout ce qui peut faire retourner en arrière un processus déjà bien avancé. « Mon souhait est un processus pacifique, équitable pour tout le monde et que les résultats soient vraiment le respect des choix des Burundais. »

nous organisons nos meetings, ils essaient de se mettre sur notre chemin pour attaquer nos militants et les empêcher d’aller battre campagne». M. Rwasa révèle qu’il sait l’existence d’un plan visant à radier le CNL comme le parti MSD l’a été. «Je dois leur dire que cela n’aboutira pas. Nous accomplissons nos activités dans le respect de la loi». Et de s’interroger pourquoi Pierre Nkurikiye ne dit rien sur les exactions commises par les Imbonerakure. «Il se fait le défenseur des Imbonerakure». Agathon Rwasa indique qu’il ne peut pas soutenir quelqu’un qui enfreint la loi. «Qu’il soit puni.

Mais, je ne peux pas accepter que les victimes soient prises pour des bourreaux et ces derniers pour des innocents. Le porte-parole devait changer d’attitude ou changer de casquette». Pour ce candidat présidentiel, l’essentiel est de respecter le code électoral et la Constitution. «L’administration et les forces de l’ordre doivent être à la hauteur de leur tâche et non des militants des partis politiques».

• Pierre Claver Kazihise : « Le respect de la loi d’abord» « Je voudrais lancer un appel à tous les partenaires aux élections spécialement ceux qui font la campagne au respect de la loi en général et du code électoral en particulier », interpelle Pierre-Claver Kazihise, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Selon lui, il y a des faits qui restent punis par la loi en général pendant et après la campagne électorale. S’exprimant lors d’un point de presse ce mercredi, M. Kazihise affirme que des bagarres, des violences mêmes des crimes ont été enregistrés en dix jours de campagne. Déplorant déjà un décès, il cite aussi des diffamations, des injures, des communications violentes incitant à la haine, le fait de déchirer des affiches de certains candidats, des spécimens, des bulletins de vote que la CENI avait distribué pour aider à former les électeurs, des gens qui participent dans la campagne, munis des bâtons, etc. Pour

lui, ces exemples montrent que les consignes que la CENI et d’autres partenaires avaient données ne sont pas suivies. « La campagne ne signifie pas lancer des injures vis-à-vis des autres candidats. Ce n’est pas la diffamation, mais plutôt présenter des programmes aux électeurs », rappellet-il. Ainsi, il appelle les candidats à respecter le code de conduite, le respect mutuel. Et de souligner que la campagne électorale est menée à partir de 6 h jusqu’à 18 h. Et ce, sur les lieux déjà indiqués et acceptés. Il remercie les instances de sécurité et la justice pour les mesures déjà prises en ce qui concerne le suivi de la campagne électorale. « Il faut rester proches de la population pour éviter que la campagne ne soit ternie par des comportements inacceptables et inappropriés. »

• Francis Rohero : « Elevons notre discussion politique!» «J'ai remarqué qu›il y a un dressement entre les jeunes des partis politiques. J›ai horreur de voir que dans la plupart des messages, on parle des autres, on injurie, on critique», s’indigne Francis Rohero. Pour ce candidat indépendant à la présidentielle, les programmes devaient prendre le dessus dans les messages. «Jusqu›à ce jour, les gens continuent à faire des critiques acerbes. Certaines sont correctes, d›autres fausses. Mais, c›est ça qui domine partout dans nos communications». Nous avons connu un décès à Kirundo d’un membre d’un

parti politique, poursuit-il, nous venons de connaître un emprisonnement d’un membre d’un parti, candidat à la députation. «Tout cela à cause de l›intolérance parce qu’on est incapable de parler de programmes, car on est convaincu que son programme ne peut pas séduire les jeunes de ce pays. On préfère mettre en avant les injures. Prouver que l›autre est vraiment un animal ou qu›il est incapable. C›est ça qui vient en avant». Selon Francis Rohero, partout les gens sont pauvres, dans le chômage et sont dans l’incapacité

de s’offrir quoi que ce soit. «C’est cela qui nous rassemble comme peuple. Les jeunes du CNL, du Cndd-Fdd, comprenez que vous avez les mêmes problèmes. Discutons de ce qui peut nous sauver. Ce n’est pas un drapeau qui vous sauvera». D’après Francis Rohero, ceux qui profitent de cette situation ne sont pas nombreux. «C›est pour cela que je vous dis : élevons notre discussion politique. Comprenons-nous. Acceptons-nous tels que nous sommes. Nous voulons les mêmes choses à savoir vivre dans ce pays avec notre dignité».

Interview exclusive Professeur Julien Nimubona : « Toute manipulation des résultats sera catastrophique pour le pays » Intolérance politique grandissante, absence du fichier électoral, des « caciques » du Cndd-Fdd qui ne sont plus tête de listes, etc. A une semaine de la fin de la campagne électorale, le politologue revient sur les questions de l’heure.

B

ientôt à la fin de la 2e semaine de la campagne électorale, quel est le bilan dressez-vous?

Un bilan, plutôt positif. Tous les grands thèmes attendus ont été abordés. Bien sûr certains, plus que d’autres. Je cite,

notamment le chômage des jeunes. Un terrain, à mon avis extrêmement miné. Parce qu’il ne suffit pas d’annoncer, il faut montrer la faisabilité. Le 2e thème, c’est le développement socio-économique. Comme l’électorat de base est rural, c’est une population rurale qui vit de l’agriculture

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et de l’élevage, il suffit de voir combien tous les candidats ont rivalisé pour parler des intrants, des banques de développement. Le 3ème thème, ce sont les infrastructures. Sans oublier la grande thématique qu’est la sécurité.


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L’intolérance politique, signalée ici et là qui va crescendo. Quelle en est la cause ? C’est le « phénomène CNL ou phénomène Rwasa », qui agace. Il faut l’avouer, ce n’est plus une histoire du parti politique et son leader. C’est un mouvement massif, du jour au jour qui prend de l’ampleur. Eu égard au nombre de gens qui gagnent ses rangs, fort malheureusement, cela énerve le parti au pouvoir. C’est dans cette logique qu’il use de tous ses moyens pour les couper dans leur élan. Au vu de l’enjeu, ça ne m’étonnerait pas que ça n’aille pas plus loin, parce que nos acteurs sont habitués à ce genre de résolutions violentes. Les dernières mises en garde de certaines autorités (procureur de la République, porteparole de la Police), quel est le message derrière ? Je suis étonné par le fait que la loi commence à être dite actuellement, alors que longtemps avant la campagne, ces autorités auraient dû alerter, voire punir les fauteurs de troubles. Ici, je parle des bavures des jeunes affilés au Cndd-Fdd. Il faut se le dire, si la justice, la police, l’administration n’avaient pas été trop complaisantes à leur endroit, cette intolérance aurait diminué d’intensité. L’intolérance, c’est aussi cette déplorable manière des autorités de créer des factions des partis politiques à la veille des élections (cas Uprona Mbayahaga). Cela est contraire à la loi, au code électoral. D’où il en vient à se demander : « Qui favorisent cette intolérance politique? C’est ce que j’ai appelé, ‘’un Etat qui part en campagne électorale’’.» C’est cela le gros problème de notre pays. La Ceni n’est pas cette instance de gestion des contentieux électoraux. Il revient à la justice, à la police d’être neutre par rapport à ces partis en compétition pour la bonne tenue des élections. Or, il s’avère que ce n’est pas le cas. Agathon Rwasa déclare que ses militants se défendront en cas d’agressions. Votre commentaire ? C’est un fait nouveau dans ses discours. Jusque-là, M. Rwasa avait toujours été modéré, mesurant ses mots. Pour en venir à cette situation, je pense que dans une certaine mesure, il est dépité. Il a vu que le régulateur n’apparaît pas neutre. Et les exemples sont légion. A chaque fois que ses militants sont persécutés, la justice, la police ne se montrent pas protectrices. Ces institutions restent partisanes. Face à cette nouvelle rhétorique, le risque, c’est que si rien n’est fait

A mon humble avis, un acte totalement irresponsable. Car, je sais bien, si demain, il y a un contentieux, ça sera autour de ce document. Et, connaissant la pyramide d’âges de la population burundaise (plus de 60% de la jeunesse burundaise ont 18 ans, NDLR), c’est évident que ce fichier sera la source de tous les différends. De surcroît, les Burundais à l’extérieur, qui ne pourront pas voter suite au coronavirus, etc, nous ne savons pas combien ils sont. Est-ce que la Ceni les a-t-il soustraits de la liste? Rien que des inconnues ! dans l’immédiat, et Rwasa et les autres candidats, ils adopteront la même attitude. La suite sera l’embrasement total. La Ceni se mure dans le silence total. Quel est doit être son rôle? Son rôle, c’est de lire le code électoral. Elle doit être cette instance neutre chargée d’organiser les élections. A ce titre, elle doit interpeller la police, la justice pour qu’en cas d’éventuelles bavures, ces corps-là l’aident à remettre dans le droit chemin les leaders politiques. Malheureusement, c’est une tâche qu’elle a du mal à s’acquitter. Car, sur terrain, des cas sont rapportés de son parti pris. Nombreux observateurs craignent une gestion catastrophique des résultats des urnes .Y- a-t-il raison de s’inquiéter? Au regard du niveau d’engagement des militants, des leaders politiques d’un côté comme de l’autre, les craintes sont fondées. C’est pourquoi les gestionnaires de l’Etat doivent être hautement responsables en étant neutres, en lisant la loi, en rapportant les faits de terrain tels qu’ils sont. Bref, ils doivent faire preuve de ce qu’on appelle « la sincérité des élections ». C’est -à-dire, proclamer les résultats des élections, tels que reflétés par l’expression de la population. Sinon, toute manipulation sera catastrophique pour le pays. Pour ceux qui font le parallélisme entre les élections de 1993 et celle de 2020.Votre observation ? La donne n’est pas la même. En 1993, c’étaient des électionschocs. Un choc entre une élite au pouvoir depuis l’indépendance dominée par une minorité et une majorité démographique qui se disait exclue voire violentée. L’autre différence, c’est la dimension émotionnelle, idéologique, sentimentale ethnique de 1993 que l’on ne retrouve pas aujourd’hui. Alors que pour le prochain triple scrutin du 20 mai, on retrouve une opposition

politique et un pouvoir. La seule proximité, c’est que l’actuel pouvoir a eu à gérer des crises politiques antérieures, notamment celles de 2015. Un état de fait qui crée un clivage quasi similaire à celui de la période précédente 1993. La carte ethnique a toujours été déterminante lors des élections au Burundi. Sera-t-il le cas ? Le clivage ethnique est là. Il n’a jamais quitté le Burundi. D’ailleurs, s’il n’y avait pas eu Arusha qui a fixé les quotas ethniques représentatifs dans les institutions (repris dans les Constitutions de 2005 et 2018), je crains que les partis politiques n’eussent pas été obligés d’avoir toutes les ethnies. La preuve, il suffit de voir lorsqu’arrivent de gros enjeux au sein des partis. Il y a des groupes ethniquement homogènes qui se créent et marginalisent l’autre groupe en fonction de la majorité ethnique à côté. Et ceci est lié au phénomène appelé « les consciences sans structures ». Il y a la grande majorité des Tutsi qui s’exprimaient au sein du l’Uprona et du MSD, aujourd’hui leurs consciences ne sont pas canalisées. Partant, ils auront tendance à chercher où se frayer un chemin pour que leurs voix soient entendues (ex Tatien Sibomana, Dr Yves Sahinguvu dans la coalition Kira-Burundi). Raison de plus, depuis un bon bout de temps, sur les réseaux sociaux, des messages circulent comme quoi, Rwasa porterait en lui les Tutsi. Le fichier électoral, toujours absent. Votre commentaire? C’est un scandale. Le 1er devoir de la Ceni, avant le début de la campagne électorale, aurait été d’annoncer la liste des personnes qui voteront. Par contre, je suis étonné par le fait que les partis ou acteurs politiques aient commencé de battre campagne électorale sans pour autant connaître ce fichier.

La population burundaise, la trouvez-vous mature politiquement pour opérer un choix rationnel? Des indicateurs sont perceptibles. Récemment, la Ceni a annoncé le nombre des gens ayant retiré leurs cartes d’électeurs. Dans la mairie de Bujumbura, elles étaient à plus de 70%. Cela veut dire que les gens de la ville, des centres urbains sont distants, critiques, matures .Ce qui n’est pas le cas pour la population rurale. Elle n’a pas une culture citoyenne assez développée. Elle est dans une double culture, une culture paroissiale et subjective. C’est-àdire qu’elle fait allégeance à des personnes physiques plutôt qu’à des institutions ou à des lois. Ce faisant, elle a cette propension à voter pour tel candidat parce qu’il lui a donné quelque chose. Toutefois, malgré cette attitude,

il y a une culture, petit à petit « la rationalité en valeur » commence à s’installer .C’est-à-dire que la population sait qui leur donne satisfaction plus que qui. A cet instant, elle court moins vers celui qui a le pouvoir. Lorsque ce dernier est corrompu, elle n’hésite pas à dénoncer le malfrat. Votre pronostic? Les Burundais sont prudents, conservateurs. Ils ont peur de l’incertitude. Beaucoup votent pour leur sécurité. Il ne sera pas étonnant de voir dans les campagnes, ce vote sécuritaire remporter. Parce qu’au fond de ses habitants, ils sont convaincus que le pouvoir n’acceptera pas le résultat des urnes. Une situation aux antipodes des gens de la ville. Ce vote n’est pas fréquent. Au-delà de ce conservatisme, ce qui m’interpelle c’est le phénomène Rwasa. Très massif, une surprise reste plausible. A l’instar de 1993 et 2005, les gens peuvent dédire les pronostics et braver tous les risques et prendre acte de cette rupture. Aussi, faut-il ajouter, le grignotage de l’électorat du parti de l’Aigle par l’ancien président Domitien Ndayizeye, le candidat de la coalition Kira-Burundi, et Léonce Ngendakumana du Sahwanya Frodebu. Dans certains fiefs, ils peuvent lui causer du tort. Et s’il advient qu’il y ait un 2e tour, c’est certain, il sera en défaveur du Cndd-Fdd. Propos recueillis par Hervé Mugisha

Encadré Des « caciques » du Cnddfdd qui ne font plus partie des listes électorales. Un signe de renouvellement de la classe dirigeante du parti? Contrairement à ce que pas bon nombre de gens pensent, le politologue fait remarquer que c’est une pratique courante au sein du Cndd-Fdd. « Lorsqu’on regarde les listes législatives de 2015, elles ont été renouvelées à 20%, celles de 2020 à 12,8% ». Pour lui, il ne faut pas conclure à une exclusion de personnalités. « Si vous regardez bien, la plupart des actuels ministres n’étaient pas sur les listes de 2015 ». Comme compensation, Prof. Nimubona fait savoir qu›ils pourraient éventuellement être redéployés dans les hautes sphères des fonctions de l›exécutif ou de l’administration du parti. Par contre, cette pratique dénote un autre phénomène au sein du parti: la confusion du parti et de l’Etat, à l’instar des dirigeants du parti qui semblent supéri-

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eurs aux élus. « Ces gens qu›on appelle des «Généraux «commandent politiquement au sein du gouvernement alors qu’ils n’ont aucun mandat du peuple. Idem pour les fameux secrétaires du parti sans parler des secrétaires provinciaux, sans parler des commissaires provinciaux qui semblent prendre le dessus sur les députés ou les élus locaux. » Et de regretter la marginalisation du Parlement et du Sénat au sein de ce parti. « Depuis 2010, ces deux chambres des élus du peuple semblent avoir perdu leur force. Elles ressemblent à un espace où l’on va gratifier les simples militants au niveau local comme national ». Selon ce politologue, cela se remarque dans la non- prise en compte de leur niveau de formation. Résultat : ces gens vont voter des projets de loi sans un regard critique, diluant de facto la fonction de contrôle de l’action gouvernementale.

H.M.


POLITIQUE

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Chronique sur les messages de haine « La revendication de la victoire avant le scrutin peut engendrer contestation et violence au vu des résultats» Dans une campagne électorale, certains revendiquent la victoire avant le scrutin. Denis Banshimiyubusa, politologue, alerte sur le danger que représentent ces discours sur le processus et la société.

D

ans les discours de campagne électorale, chaque parti revendique la victoire. Ils disent parfois que les élections sont terminées, qu’il ne reste que le comptage des voix. Pour d’autre, le changement est atteint, il ne reste qu’à attendre la date butoir du 20 mai ainsi que d’autres discours du genre». Tels sont les discours d’anticipation de la victoire relevés par le politologue Denis Banshimiyubusa. Dans un premier temps, il affirme que ces discours devraient être appréhendés sous un aspect positif : « Ils visent à mobiliser l’électorat. Non seulement les partisans, mais aussi l’ensemble des électeurs.» Ainsi dire que tel candidat

a été désigné par Dieu, après une longue séance de prière, est une manière de faire croire aux électeurs que c’est le candidat légitime capable de diriger le pays. Denis Banshimiyubusa relève aussi les conséquences néfastes qu’engendre ce genre de discours. « Si la partie qui a remporté les élections est celle qui célébrait la victoire avant le scrutin, la partie adverse aura du mal à reconnaître sa défaite », explique-t-il, avant d’ajouter : « La revendication de la victoire avant le scrutin peut engendrer contestation et violence au vu des résultats.» Il observe que cette situation atteint son paroxysme avec des violences de masse :« Des affrontements violents. Parfois, pas de justice indépendante et les

Denis Banshimiyubusa : « La partie lésée aura tendance à ne pas reconnaître la victoire de son adversaire.»

organes chargés des élections se montrent complaisants.» Pour éviter l’irréparable, ce professeur appelle chaque acteur à prendre ses responsabilités. Il invite les compétiteurs à respecter la règle du jeu et à soigner leur langage pour ne pas embraser la société.

Il interpelle aussi les organes chargés de la régulation des élections, la police et la justice à faire leur travail sans complaisance. Le travail ainsi accompli avec impartialité permettrait d’assainir le climat politique et de préparer l’apaisement de la période postélectorale.

Les militants des partis politiques ne sont pas en reste. Ils sont appelés à avoir un esprit de discernement et d’éviter l’excès de zèle. « S’il y a des troubles ou violences, ils sont les premières victimes», conclut-il. Jérémie Misago

Chronique sur les messages de haine « Les discours dévalorisant, au bout du compte, dégénèrent en violence de masse» Certains discours tenus par les leaders politiques peuvent embraser la société. Denise Mugugu, présidente de la maison de la Presse, nous éclaire sur les discours dévalorisant souvent utilisés en période électorale.

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enise Mugugu, présidente de la maison de la Presse, explique que les discours dévalorisant en période électorale consistent en une communication qui déshonore, met en cause la dignité humaine, le caractère humain des membres d’un groupe donné. « Ce langage se caractérise par un vocabulaire qui n’est pas propre à l’humanité. Ainsi, dans le passé, des gens ou groupes d’individus ont été considérés comme des serpents, des oiseaux de mauvais augure etc. » Mme Mugugu fait savoir que cette forme de communication

Denise Mugugu : « Celui qui cherche toujours le côté négatif pour indexer son adversaire n’a pas le temps de se concentrer sur son programme politique.»

se manifeste essentiellement, lors des compétitions politiques ou en cas de conflit entre groupes. « Parfois, ce sont des discours politiques qui dévalorisent les concur-

rents. Ils pensent que sans ternir l’image des autres, ces derniers risquent de s’emparer de ce dont ils ont besoin». Pour elle, un tel langage a des

répercussions sur la cohésion sociale. « Quand les gens sont déshumanisés, ils cherchent à se défendre, à recouvrer leur dignité. Cela peut se faire par le discours

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ou la force. Ces discours créent l’inimitié au niveau des communautés qui, au bout du compte, dégénèrent en violence de masse. Des pertes de vie de personnes ordinaires sont enregistrées alors qu’elles ne sont pas responsables de ces agissements ». Denise Mugugu rappelle que, dans la culture burundaise, il est bon que l’on prononce des discours qui mettent en valeur la dignité humaine. L’homme est censé s’exprimer dans un langage de dignité. Ainsi la dignité de soi doit tenir compte de celle du prochain. Elle appelle les acteurs politiques à se concentrer sur l’utile : « Celui qui cherche toujours le côté négatif pour indexer son adversaire n’a pas le temps de se concentrer sur son programme politique pouvant aider le pays à se relever économiquement.» A la population, elle recommande la retenue pour éviter toute forme de violence : « Il faut être les partisans et apôtres de la paix pour bâtir une société juste.» Jérémie Misago


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POLITIQUE

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Du passé composé au futur simple

L’indépendance du Burundi : (in)opportune ? Presqu’environ 60 ans sous le joug colonial, le Burundi va recouvrer sa souveraineté le 1er juillet 1962. Néanmoins, cette date ne faisait pas l’unanimité de tous les acteurs : ‘’Précoce’’ pour les uns, ‘’tardive’’ pour les autres. Qu’en pensent les jeunes de Cankuzo ? Débat.

I

l était vraiment temps que le Burundi soit indépendant. Les Burundais étaient fatigués de la maltraitance, de la chicotte », confie Godelieve Ndabagoye, une jeune fille de Cankuzo. Invitée au débat sur le recouvrement de l’indépendance du Burundi, elle ne trouve aucune réalisation positive des colonisateurs. « Les conséquences de leur politique de diviser pour régner restent catastrophiques. L’exclusion, le favoritisme. » Anicet Niyonkuru, un autre participant au débat, abonde dans le même sens : « Les Burundais vivaient dans un situation de servage. Les œufs, le beurre… étaient destinés aux Blancs.» Ce qui va finalement pousser les Burundais à lutter pour l’indépendance, selon Jean-Marie Ntungwanayo. Et ce, pour trois raisons principales. D’abord, la soif de recouvrer leur liberté perdue en 1903 avec le Traité de Kiganda. « Leur dignité humaine n’était pas respectée». Aussi, le Burundi va être motivé par ce courant d’indépendance en Afrique et en Asie. De son côté, Léonard Ndayishimiye trouve que la colonisation n’était même pas nécessaire : « Grand merci à ceux qui se sont sacrifiés pour l’indépendance. Ils ont redonné l’honneur au pays, aux Burundais. » Ce qui ne convainc pas Divine Muhoza, une autre jeune fille invitée à ce débat. Pour elle, la colonisation a eu certains aspects positifs. Elle cite les écoles, les hôpitaux, les routes, etc. Elle juge que la chicotte était aussi un mal nécessaire, une façon de

contraindre les Burundais au travail, à l’école, au développement. Idem pour Francis Ngabirano, un autre jeune : « N’eût-été la colonisation, les Burundais s’habilleraient en ficus, vivraient de la chasse et de la cueillette en 2020.» D’après lui, la colonisation était nécessaire. Ce contact a permis aux Burundais, explique-t-il, de se développer, d’évoluer. C e p e n d a n t , ce s d e u x jeunes reconnaissent que l’indépendance était une nécessité. « Mais à condition que les Blancs ne soient pas chassés. Qu’ils restent au pays dans le cadre de la coopération », glisse M.Ngabirano. Il donne l’exemple de l’Afrique du Sud : « Je suis convaincu que si les Noirs avaient chassé tous les Blancs après la fin de l’Apartheid, ce pays aurait régressé. » Un autre son de cloche. Albert Bimenyimana, un autre participant au débat, rappelle qu’avant l’arrivée des colonisateurs, le Burundi était un des rares royaumes bien organisés administrativement, économiquement, militairement, etc. Les Burundais fabriquaient des houes, des machettes, des flèches, des habits en ficus, etc. Des Intore (les soldats du roi) étaient là pour protéger et défendre le pays. « Je ne doute pas que cette technicité aurait progressé».

Des acteurs et des obstacles Selon Emile Mworoha, l’indépendance sera d’abord une affaire des intellectuels. Il y

Vue partielle des participants dans le débat.

a les lauréats du Groupe Scolaire d’Astrida, dont des assistants agronomes, des vétérinaires et des administratifs et des séminaristes. Le deuxième groupe comprend des chefs Bezi et Batare. Les autres acteurs sont l’ONU et la Belgique. Cependant, leurs positions sont divergentes. Pour l’historien Mworoha, les Belges ne voulaient pas que le Burundi soit indépendant. « Ils y ont été obligés». Et avec la Deuxième guerre mondiale, deux superpuissances vont émerger: USA et URSS. Au moment où les Belges avaient comme principe ‘’ pas d’élites, pas d’ennuis’’, les deux puissances vont plaider pour l’autodétermination des peuples colonisés. Pr Mworoha évoque aussi la Conférence de Bandoeng en 1955 en Indonésie. Cette

dernière va rassembler 29 pays africains et asiatiques nouvellement indépendants. Les Belges vont tenter de faire obstacle à l’Uprona, un parti rassembleur fondé par Paul Mirerekano, un agronome. On y trouve toutes les catégories sociales (les Bahutu, les Batutsi, les Baganwa, les Baswahili, les protestants et des catholiques). Pour l’Uprona et ses fidèles, il faut une indépendance immédiate. Les Belges vont soutenir les adeptes de l’indépendance tardive. D’où la fondation du Parti DémocrateChrétien (PDC) par le chef Pierre Baranyanka. Pour ce parti, il faut l’indépendance au moins en 1980. Ainsi en 1960, les élections communales vont être truquées et remportées par le Front commun : PDC, PDR (Parti Démocra-

Éclairage Les Blancs ne sont pas venus pour développer l’Afrique. Ils avaient un triple objectif : coloniser, civiliser et christianiser. Le but ultime était le pillage de l’Afrique de ses richesses minières, sa main d’œuvre pour aller développer l’Europe. L’historien Emile Mworoha donne l’exemple de la Belgique dont son développement est tributaire du cuivre pillé au Katanga en RDC. Insistant sur le Burundi, il montre qu’en 1962, le Burundi ne comptait pas trois licenciés. Il y avait seulement deux lycées complets et 30 km de route macadamisée. M.Mworoha se rappelle qu’à son retour des études en France, il recevait une indemnité de rareté. Or, les colonisateurs

venaient de passer au moins 60 ans au Burundi. « C’est après l’indépendance que les Burundais sont allés faire des études dans les universités européennes, asiatiques, etc.» Pour lui, l’indépendance a débloqué la coopération et le développement. « Elle a permis une collaboration dans le respect mutuel, une intégration internationale». A ceux qui disent que les Blancs sont partis, cet historien rétorque : « Ils sont encore là. Ils ont seulement changé de stratégies, de méthodes.»

R.N. Historien Emile Mworoha

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tique Rural) et PP (Parti Populaire). Et l’Uprona va contester cette victoire. De nouvelles élections au suffrage universel vont être organisées sous la supervision de l’ONU. Un scrutin remporté par l’Uprona. Les Belges vont aussi essayer d’exploiter le conflit Bezi-Batare. Surpris par la popularité et le charisme du Prince Rwagasore, Paul Harroy, le gouverneur, va demander à Ntidendereza, Joseph Birori et Baranyanka de ne pas accepter l’indépendance immédiate : « Il ne faut pas accepter qu’un fils du roi participe dans la vie politique. » Une façon d’empêcher Rwagasore de participer dans la vie politique. Rénovat Ndabashinze


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ÉCONOMIE

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Budget 2020/2021

Des innovations pour accroître les recettes intérieures mais… Le budget de l’Etat 2020/2021 renferme plusieurs innovations pour accroître les recettes publiques. Mais la Cour des comptes se dit incapable de vérifier son impact, faute d’informations.

A

u mois d’avril dernier, les élus du peuple ont voté le budget général de l’Etat 2020/2021. Selon ladite loi, les recettes et les dons s’élèvent à 1422, 8 milliards BIF contre 1327,08 milliards de BIF pour le précédent exercice budgétaire. Elles augmentent de 7,21%. A la lecture du tableau des produits fiscaux, le prix de permis de conduire a augmenté (57,5%), la taxe sur les carburants (fonds stocks stratégiques) (1154%), l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers (130,8%), la taxe de consommation sur les vins spiritueux (77,6%), le permis de coupe de bois (75,4%). Les dépenses publiques ont également augmenté. Elles se chiffrent à 1576,03 BIF dans le budget de l’Etat. Pour l’année budgétaire 2019/2020, les dépenses publiques étaient estimées à 1 516,4 milliards de BIF. Soit un accroissement de 3,9%. Selon de loi budgétaire 20202021, le déficit global s’élève à 153,2 milliards de BIF contre 189,3 milliards de BIF en 20192020. Le déficit budgétaire a diminué de 36,1 milliards de BIF, soit une différence de 19%. De nouvelles taxes instaurées A partir du 31 juin prochain, tout importateur de la soude caustique destinée à la revente payera une taxe de 20%. Une autre nouvelle mesure fiscale frappe toute construction dépassant les limites fixées par le cadastre. Cette loi des Finances fixe l’amende de 1000 BIF et 3000 BIF par mètre carré respectivement à l’intérieur du pays et en Mairie de Bujumbura. En son article 100, cette loi des finances 2020/2021 instaure le référentiel de plafond des prix pour la mise en œuvre des procédures d’exécution des marchés publics. « Nous avons constaté que les prix des biens et services relatifs aux marchés publics passés et exécutés sur financement du budget de l’Etat ne cessent d’augmenter d’une année budgétaire à l’autre », révèle Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, lors des ques-

sabilisation dans la chaîne de gestion des finances ». M. Ndihokubwayo fait savoir qu’il a constaté des malversations des fonds publics : « Les comptables volent les fonds destinés à organiser certains évènements et activités et quittent le pays. » Ainsi le ministère des Finances prévoit de mettre en place un outil électronique en collaboration avec la BRB, les banques commerciales et les institutions financières afin de limiter la manipulation des fonds publics par ces comptables. Désormais, les fonds publics seront décaissés au profit des bénéficiaires auprès des banques, soit à Bujumbura, soit en province. Ce projet coûtera plus 2 250 000 000 BIF. Insertion des lauréats des écoles d’excellence dans l’enseignement supérieur est aussi une nouvelle rubrique créée au compte du ministère de l’Enseignement supérieur. Une enveloppe de 700 000 000 BIF est destinée à la Domitien Ndihokubwayo : « Les comptables volent les fonds création d’un pôle d’excellence destinés à organiser certains évènements et activités et quittent le universitaire, l’achat des équipepays. » ments moderne, la mise en place tions orales au palais des congrès créée sur le compte de la pré- des facultés d’excellence (TIC, sidence. Ce budget financera la Agronomie, la médecine…), et de Kigobe. au paiement des Bien que les prix du marché construction d’un rémunèrent le titulaire du marché, abri des agents de « Le gouvernement salaires du personnel pour accompaexplique l’argentier de l’Etat, nous sécurité et les visprésumons une éventuelle surfac- iteurs membres prévoit une somme gner les étudiants ayant fréquenté les turation des biens et services. du gouvernement, de 600 000 000 écoles d’excellence. D’après lui, ce référentiel des une salle d’accueil BIF pour la Pour participer prix permettra la gestion effi- des demandeurs reconstitution du à la reconstitucace et efficiente des dépenses de services, une des marchés et le renforcement salle pour unité Fonds mondial. » tion du Fonds mondial, le goudu contrôle et la maîtrise des des soins médidépenses publiques liées aux biens caux et celle pour la restauration vernement prévoit une somme et services achetés. des employés du palais Ntare de 600 000 000 BIF. Ce nouveau budget est logé au compte du Rushatsi. Nouvelles ministère de la Santé publique Pour protéger les fonds publics, rubriques le ministère des Finances a unifié sous la rubrique « Participation Une rubrique d’un montant de une nouvelle rubrique « projet de du gouvernement à la reconstituplus de 1 milliard de BIF a été traçabilité, transparence, respon- tion du Fonds mondial ».

Elysé Ndaye : « La Cour des comptes se trouve dans l’impossibilité d’apprécier l’impact des mesures visant accroître les ressources intérieures.»

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D’après le ministre des Finances, cette participation procure au Burundi deux avantages. Le Burundi sera mieux coté selon le classement du Fonds mondial. En plus, la subvention accordée au Burundi sera revue à la hausse passant de 72 à 108 milliards de BIF. En outre, le ministère de l’Environnement, l’Agriculture et l’Elevage est parmi ceux qui ont de nouveaux projets. Deux nouvelles rubriques s’ajoutent à son budget. La première est celle des frais de fonctionnement de l’Agence Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire. Cette administration personnalisée chargée d’assurer la gestion des infrastructures et les équipements de stockage existant a reçu 29 000 000 BIF. La deuxième est celle des frais de fonctionnement de l’Office pour le Développement du Café du Burundi(ODCA). Cet organe est doté d’un montant de 3 milliards BIF. Ce budget servira au paiement de salaires et à financer le fonctionnement des stations de lavage du café et l’usine de démarchage du café de Buterere. Par ailleurs, le tableau B relatif au budget de fonctionnement et d’investissement sur les ressources naturelles montre qu’il y a la création d’une nouvelle rubrique au sein du ministère des Transports et des Travaux publics. Un budget de 4 000 000 000 BIF est prévu pour indemniser les acquéreurs des parcelles au site Kinyinya-Ruhogo de la commune Mutimbuzi.

La Cour des comptes n’est pas convaincue D’après Elysé Ndaye, président de la Cour des comptes, le ministre des Finances annonce des mesures pour accroître les recettes intérieures, mais il ne donne pas d’informations sur l’impact de ces mesures. « La Cour des comptes se trouve dans l’impossibilité d’apprécier l’impact des mesures visant à accroître les ressources intérieures». Selon ce juriste, la cour n’a pas pu accéder aux données en rapport avec la situation des tirages sur les emprunts extérieurs. Par conséquent, elle n’est pas en mesure d’apprécier la sincérité des données enregistrées ou le niveau du projet de loi des Finances et du réalisme des prévisions. Elysé Ndaye déplore que le ministre ne produise pas des documents d’information. Ce qui prive le Parlement d’outils importants d’analyse du projet de loi des financements du projet. Pierre Claver Banyankiye


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JUSTICE

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Burundi/Médias : L’affaire des 4 journalistes d’Iwacu en délibéré Dans la journée du 6 mai, les quatre reporters du Journal Iwacu ont comparu devant la Cour d’Appel de Ntahangwa dans une salle des audiences du Tribunal de Grande Instance de Bubanza. Après de longs débats, la cour a décidé de mettre le jugement en délibéré, le verdict va tomber dans 30 jours.

E

mprisonnés depuis six mois, pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana et Térence Mponzezi, tous journalistes d’Iwacu, ont comparu, mercredi 6 mai, devant la Cour d’Appel de Ntahangwa, siégeant en itinérance à Bubanza. Avant cette première comparution en appel, ces quatre journalistes d’Iwacu sont arrivés dans la salle d’audience sous bonne escorte policière par la piste menant vers la prison de Bubanza. Ils étaient en tenue verte de prisonnier. Malgré les six mois passés derrière les barreaux, ces 4 journalistes étaient détendus et souriants, saluant au passage leurs avocats, les confrères dont le directeur du Journal Iwacu, les défenseurs des droits de l’Homme, des observateurs de l’Union africaine, tous venus suivre ce procès.

Au cours de l’audience qui a duré plus de deux heures, les journalistes ont tous rejeté, les charges retenues contre eux. Ils ont également fait savoir que la requalification de l'infraction a été faite sans leur défense, d’où leur demande de faire appel auprès de la Cour d’Appel de Ntahangwa. Rappelons, qu’avant d’être condamnés à une peine de deux ans et demie de prison et d’une amende d’un million chacun, pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, le 30 janvier dernier, par le Tribunal de grande d’instance de Bubanza (TGI-Bubanza), la même instance avait accusé les quatre journalistes de ’’Complicité à l’atteinte de la sûreté intérieure de l’Etat’’, le 26 octobre 2019. Partant d’un message échangé entre la journaliste Ndirubusa et un journaliste de la VOA (la Voix de l’Amérique), le procureur a

indiqué que la requalification de l’inculpation a été faite sur base de cette communication. Il a fait remarquer que même si le message est venu de l’un d’eux, l'infraction est sur tous, en équipe. Mais à tout cela, les journalistes ont réfuté toutes ces accusations avancées par le ministère public. Agnès Ndirubusa a expliqué que le message qu’elle a échangé avec son collègue de la VOA était de l’humour noir. Et de demander à la cour de les libérer, elle et ses trois collègues et que l’accusation portée contre eux soit annulée.

L’affaire mise en délibéré Me Clément Retirakiza, l’un des avocats des quatre journalistes, a expliqué que l’interjection d’appel a été consécutive à la décision des juges du TGI de Bubanza qui se sont arrogé le droit de requalifier l'infraction sans rouvrir le débat. « Il y a eu

Les quatre reporters d’Iwacu saluant leurs confrères.

violation du droit au procès équitable ». Me Retirakiza demande à la Cour d’Appel de Ntahangwa d’annuler le jugement porté contre ses clients afin qu’ils retrouvent leur liberté. Et de confier que vu le déroulement de ce procès, il y a un espoir que les journalistes pourront être acquittés. « Le ministère public n’a pas été en mesure de fournir assez de preuves convaincantes ». Après un long débat de plus de deux heures, la Cour d’Appel de Ntahangwa a décidé de mettre cette affaire en délibéré, le verdict est attendu dans 30 jours.

Pour rappel, les quatre journalistes d’Iwacu ont été arrêtés le 22 octobre 2019, lorsqu’ils se rendaient à Musigati, dans la province Bubanza pour faire un reportage sur les affrontements qui avaient été signalés dans une localité de cette commune. Soulignons également que, dans une pétition lancée ce 6 mai, Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités burundaises à prononcer la libération immédiate de ces quatre reporters ainsi que l’abandon de la charge qui pèse sur eux. Mariette Rigumye

SOCIÉTÉ

Gatumba : la misère des sinistrés Plus de deux semaines après les inondations dans la zone Gatumba, les victimes vivent dans la misère totale. Ils se sont installés sur les terrains vides des alentours. Pas d’eau ni de latrines.

Q

uartier Kigaramango, avant d’atteindre le pont de Gatumba qui traverse la rivière Rusizi, un vaste terrain vide abrite un grand nombre des victimes du débordement de la rivière Rusizi, le 19 avril. Mardi 5 mai, il est 10h dans ce site qui abrite plus de 5.000 personnes. Ces victimes n’ont pas de toit. Chaque famille a monté une tente de fortune à partir d’un assemblage de bois couvert par une vieille moustiquaire ou de vieux vêtements… ou pas couvert du tout. Certains n’ayant pas de nappe ou pagne dorment à même le sol. Toute une famille, conjoints et enfants, doit se partager cette petite tente. Aucune latrine dans ce site. Ces 5.000 personnes se soulagent dans les forêts des environs.

Gatumba, le site de Kigaramango qui abrite plus de 5.000 victimes des inondations.

Ces victimes affirment, de surcroît, ne rien avoir à manger. Elles n’ont reçu aucune assistance en vivres, depuis qu’elles sont dans ce site, il y a près d’une semaine. Sauf quelques centaines de bâches offertes par une organisation onusienne et religieuse, d’après le chef collinaire vivant dans ce site, Augustin Hakizimana. Une mère portant son bébé au dos déambule au milieu des tentes. Sachet plastique vide dans les mains, elle confie devoir fuir ses enfants qui ne cessent de lui réclamer de quoi manger. « Je n’ai

rien à leur donner. Je ne supporte pas leurs regards affamés». Avec ce sachet, elle simule qu’elle va leur chercher quelque chose. « Je vais à Gatumba, je reviens le soir», lance cette mère. A l’entrée de ce site, deux jeunes infirmières sont installées dans une tribune. Par terre, un petit sac à dos « qui contient quelques médicaments ». Aucun autre matériel médical n’est visible. C’est leur première journée. L’une d’elles confie avoir reçu, cet avant-midi-là, une dizaine de cas de diarrhées, de toux sévère ou d’infections cutanées.

Quand les inondations se transforment en gagne-pain A quelques mètres de ce site, les quartiers Kiyange I et II, les plus touchés par les inondations, restent submergés par les eaux de la rivière Rusizi. Sur le bord de la RN4 Bujumbura-Gatumba, un groupe d’une dizaine de jeunes s’aperçoit en train de pêcher, à l’aide de moustiquaires, de petits poissons dans ces eaux qui inondent les maisons. Justin, 16 ans, un de ces pêcheurs, affirme que la pêche fait vivre sa famille qui n’a plus rien,

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depuis la catastrophe. « Nous pouvons gagner de 10 à 18 mille BIF par jour». Ces pêcheurs sont pour la plupart des élèves qui ne peuvent plus aller à l’école, leurs établissements ayant été détruits. A environ 1 km, un autre site abrite plus de 1.000 victimes. Des tentes en bâche ont été érigées, chacune séparée en deux compartiments pour les conjoints et les enfants. Mais les sinistrés dorment par terre. Un grand problème persiste : il n’y a pas d’eau. Les familles doivent parcourir des kilomètres pour s’en procurer. En outre, le site ne comporte que quatre latrines pour plus de 1.000 personnes. Ces victimes indiquent qu’elles n’ont plus rien. Tout a été emporté par les eaux. Le chef de ce site indique que le ministère en charge de la gestion des catastrophes leur a une fois octroyé des vivres, mais en quantité très insuffisante. Les victimes parlent de 1kg de riz, 3 kg de haricots, 2 kg de farine et une moustiquaire, pour chaque ménage. Nous avons essayé de contacter ledit ministère, sans succès. Clarisse Shaka


AU COIN DU FEU

Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

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Avec

Mgr Antoine Pierre Madaraga Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Antoine Pierre Madaraga.

V

otre qualité principale ? La modération, la recherche de l’équité et de la justice, la recherche de la bonne entente.

Votre définition de l’indépendance ? C’est quand une nation est responsable de sa propre destinée. Certes, les pressions tant intérieures qu’extérieures ne manquent pas. Pour moi, c’est un passage obligé qui révèle le degré de maturité de ses hommes.

Votre défaut principal ? Je suis un peu naïf. Parfois, je fais trop confiance aux gens. La qualité que vous préférez chez les autres? La sincérité dans les rapports, le souci de l’autre, la non-violence.

Votre définition de la démocratie ? Equité dans le partage de la chose publique, transparence dans sa gestion.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? La violence, la médisance, l’égoïsme, les gens qui travestissent la vérité. La femme que vous admirez le plus ? Le type de femmes prêtes à se sacrifier pour l’honneur de leur famille. Le genre de femmes qui parlent peu, qui ont de bons rapports avec leurs voisins. L’homme que vous admirez le plus ? Un homme discret qui prend des initiatives constructrices pour sa famille et la société. Votre plus beau souvenir ? Le 14 juillet 1979, jour de mon ordination sacerdotale. J’ai senti que je suis aimé par Dieu et bien accueilli comme prêtre au service du peuple. Votre plus triste souvenir ? La perte de mes deux frères et ma sœur en 1981. Ils ont été empoisonnés pour finalement mourir le 3 et 5 juin. Aussi, je garde un amer souvenir des atrocités de 1972. J’ai vu mourir des pères à cause de leur ethnie. A cette époque, je ne connaissais pas encore la mienne. J’ai commencé à être étiqueté après la mort de mon père. Quel serait votre plus grand malheur Trahir mes idéaux et ne plus vivre comme un prêtre du Seigneur. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? L’indépendance du Burundi.

Votre définition de la justice ? L’égalité de tous devant la loi.

La plus belle date de l’histoire Le voyage que vous aimeriez burundaise ? faire ? Revisiter l’Europe, particulièreToujours l’indépendance du ment les pays où j’ai Burundi, malgré les hauts et les bas que « Tout ce que parfait mes études. nous connaissons. je désire, c’est Votre rêve de bonune mort heur ? La plus terrible ? digne et Vivre décemment Le 21 octobre : jusqu’à la fin de ma l’assassinat du présisainte.» vie. dent Ndadaye dont les conséquences Votre chanson restent vivaces. préférée ? Toutes les chansons d’action de Le métier que vous auriez aimé grâce, particulièrement celle-ci : faire ? « Oya ntayindi Mana je nzotamJe suis bien dans ma peau en tant bira. » que prêtre du Seigneur. Votre passe-temps préféré ? La prière. Votre plat préféré ? C’est variable. J’aime tout ce qui est léger. Mais faut-il que cela soit aussi complet. Votre lieu préféré au Burundi ? Il y en a deux : Ngozi où j’ai le plus vécu. Et Buta, mon 1er lieu d’affectation en tant que prêtre burundais. J’ai remplacé un père blanc. Il était recteur de ce petit séminaire. Le pays où vous aimeriez vivre ? Le Burundi.

Quelle radio écoutez- vous ? Pour avoir une information riche et diversifiée, j’en écoute plusieurs. Avez-vous une devise ? « Je t’appartiens Seigneur, dispose-moi selon ta volonté ». Votre souvenir du 1er juin 1993 ? J’étais le président du Groupe d’Observateurs Indépendants(GOI). Il était composé par des personnalités d’origines diverses (société civile, confessions, des étrangers, etc). Investi de ce rôle, j’ai eu le privilège d’annoncer aux Burundais les résultats des élections.

Comme ancien membre de la CVR, croyez-vous que la commission actuelle fait correctement son travail ? L’objectif de la CVR est la réconciliation. Si la vérité actuelle conduit à la réconciliation, la mission de la CVR aura réussi. Il faut pour cela que la commission actuelle s’auto-évalue en vue de bien poursuivre les missions lui assignées par la loi. Dans tous les cas, l’unité de la société burundaise dans sa diversité ethnique doit être et rester l’objectif fondamental de la CVR. Si vous redeveniez jeune fraîchement sorti du petit séminaire, orienteriez-vous votre vie dans la prêtrise ? Sans hésitation, oui !

Si vous deveniez conseiller du Pape, quelles seraient vos deux propositions au sujet de la pédophilie ? Je trouve qu’il faut briser le silence pour éradiquer ce mal qui gangrène la société. Pour ce faire, je juge utiles des séances de formation et d’information ouvertes à l’endroit des grands séminaristes et des prêtres. Pensez-vous que l’Eglise catholique aura un pape noir ? Je le souhaite et je pense que cela arrivera un jour. Pensez-vous que l’Eglise pourra autoriser un jour le mariage des prêtres ? Depuis sa croissance, l’Eglise a intégré le célibat sacerdotal comme discipline. L’esprit qui guidait les apôtres en ce moment est toujours présent, à l’œuvre. Si tel est le cas, pourquoi ne pas laisser cet esprit continuer à guider les apôtres actuels. Croyez-vous à la bonté humaine ? Absolument. Pensez-vous à la mort ? Que j’y pense pas ou non, elle finit par venir. Tout ce que je désire, c’est une mort digne et sainte. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Comme l’a si bien dit le Seigneur, je dirais : « Reçois mon esprit ». Propos recueillis par Alain-Majesté Barenga

Bio express

A

ncien vicaire du diocèse de Ngozi (1989-2014), Mgr Antoine Pierre Madaraga est né en 1953 à Masanga, dans la commune Muhanga de la province Kayanza. Ancien recteur du Buta (1983-1986), grâce à son sens du dialogue, il a participé à plusieurs commissions nationales. Tour à tour, membre de la commission chargée d’élaborer la charte de l’Unité nationale (1992), président du GOI (Groupe d’observateurs

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Indépendants), lors des élections de 1993. Mgr Madaraga est l’un des émissaires choisis par la Conférence des Evêques(CECAB) en 2008 pour négocier le retour au bercail des rebelles des FNL. Membre de la CVR (20142018), il est aujourd’hui curé de la paroisse universitaire de Ngozi. Il est aussi président du conseil d’administration de l’Université de Ngozi, dont il est un des membres fondateurs.


ENVIRONNEMENT

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Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

Zone Gihosha Presque plus de trait d’union entre les quartiers Nyabagere et Muyaga Plus d’une vingtaine de maisons fissurées. De petits ponts reliant les deux quartiers tombent l’un après l’autre. Tels sont les dégâts causés par le glissement des berges de la rivière Nyabagere. Les riverains demandent la protection de ces berges.

N

ous éprouvons des difficultés pour traverser cette rivière. Parfois, nous sommes obligés de contourner », se lamentent les habitants des quartiers Nyabagere et Muyaga, zone Gihosha en commune de Ntahangwa. Les pluies diluviennes continuent à élargir les berges de la rivière Nyabagere. Il est difficile pour les habitants de passer d’un quartier à un autre. Un seul pont reste fonctionnel, mais est en piteux état. « Nous faisons un long trajet pour arriver à l’école. De temps à autre, nous arrivons même en retard », s’alarment les élèves fréquentant le lycée municipal de Gihosha. Le danger reste imminent, si les ponts effondrés ne sont pas reconstruits. Pour éviter le retard, certains écoliers et élèves passent dans la rivière avec un risque de noyade. Olivier Ndayisaba fréquente l’Eole fondamentale de Gasenyi I. Il ne cache pas sa peur : « J’ai des frissons quand je passe sur ce pont. Quand il a plu abondamment, j’hésite à le traverser. J’ai des vertiges.».

prévisibles, notamment pour les écoliers qui traversent quotidiennement cette rivière. « Il faut que les services concernés interviennent pour protéger les berges de cette rivière Nyabagere».

Des maisons menacées d’effondrement Pour certains habitants, le plus grand problème ne concerne pas le long trajet pour aller dans un autre quartier. C’est plutôt le glissement des rives de la rivière Nyabagere qui s’observe tous les jours. Certains riverains de cette rivière sont dans le désarroi. Leurs maisons courent le risque de s’écrouler. « Les berges de cette rivière s’élargissent et se fragilisent du jour au lendemain, suite aux crues de la rivière Nyabagere. Les eaux risquent d’emporter nos maisons», alerte Léonard, un habitant du quartier Muyaga ayant érigé sa maison près des berges de cette rivière. Toutes les constructions restent exposées au danger, suite aux eaux de ruissellement provenant

Le seul pont fonctionnel reliant les quartiers de Nyabagere et Muyaga.

des montagnes surplombant la capitale de Bujumbura. Les pluies diluviennes viennent avec pression et emportent tout sur leur passage, y compris les berges de cette rivière. Certains de ces habitants cherchent à déménager vers un autre endroit plus sûr. D’autres disent qu’ils en sont incapables, faute de moyens. « Des fissures s’observent au niveau de la fondation de ma maison. Une maison construite grâce à une dette contractée auprès d’une banque. Où irai-je en cas d’effondrement ?», s’alarme Simon, un habitant du quartier Nyabagere. Même cri d’alarme du côté de Samuel, un habitant du quartier Muyaga : « Ma maison est au

Ces élèves demandent la réhabilitation des ponts effondrés pour éviter l’irréparable. « Il est grand temps qu’on construise des ponts solides pour que les échanges de biens et de personnes soient facilités dans les deux quartiers », suggère Ndikumana Séverin, un habitant du quartier Muyaga. Selon lui, les échanges commerciaux sont au ralenti. Il regrette que les autorités soient venues faire le constat, mais que rien n’ait été fait jusqu’à présent. Et de prévenir que d’éventuels accidents sont

bord de l’effondrement. Je reste sur le qui-vive.» Selon lui, les dégâts seront énormes, si les services habilités ne prennent pas les choses en mains. Et de prévenir : « Si rien n’est fait pour limiter l’élargissement de cette rivière, ma maison va s’écrouler.» D’autres habitants dénoncent les constructions anarchiques. Des riverains enfreignent le code de l’environnement. «Nul n’ignore que la responsabilité des riverains y est pour beaucoup. Si des personnes se permettent de construire des maisons sur les rives de la rivière, ils peuvent s’attendre à tout ». Pour eux, chacun doit alors comprendre que le respect des normes de construction profite à tout le monde. « Avant de construire des maisons, les gens devraient respecter le code de l’environnement. Et les services concernés devraient également intervenir pour faire respecter la loi », fait observer G.N., un habitant du quartier Muyaga.

L’extraction du moellon en est aussi la cause

Une des maisons menacées d’effondrement sur les rives de la rivière Nyabagere.

Selon les riverains, les extracteurs des matériaux de construction ajoutent le drame au drame. «L’extraction du moellon, sable et gravier agrandit le lit de la rivière. D’où les berges sont menacées», fait observer N.V., un des riverains. Selon lui, l’extraction se fait d’une façon abusive et anarchique, ce qui rend les rives très fragiles. Ils

interpellent l’administration à sensibiliser ces extracteurs au respect des normes. Du côté de l’administration, l’on se dit préoccupé, mais l’on tranquillise. Didace Nibizi, chef de quartier Nyabagere, reconnaît que les riverains de cette rivière sont menacés par les glissements de terrain. Plus de 20 maisons riveraines de cette rivière présentent des fissures. Il estime que la protection des rives de cette rivière devrait se faire d’abord en amont. Toutefois, il promet la réhabilitation des petits ponts effondrés. « Dans un proche avenir, nous allons construire d’autres ponts pour que les relations et les échanges entre les deux quartiers reprennent ». Mais, constate-t-il, le travail va exiger des sommes colossales. « Nous serons obligés de construire des colonnes en béton pour rendre les ponts plus solides ». Il interpelle les habitants des deux quartiers à collaborer dans cette activité. Par ailleurs, il les exhorte à respecter le code de l’environnement. En outre, cette autorité administrative indique qu’il a alerté les services techniques du ministère de l’Aménagement du territoire. Du côté dudit ministère, une source sous couvert d’anonymat indique qu’on a déjà fait le constat. Mais il ne précise pas quand ils vont intervenir pour stabiliser les berges de cette rivière. Félix Haburiyakira

ANNONCE

Appel à manifestation d’intérêt pour fourniture NFI (No Food Item)

Dans le cadre du Projet Kura Kibondo : Projet de Prévention de la malnutrition des enfants de moins de 5 ans au niveau communautaire dans les Provinces de l’ouest au Burundi (XM-DAC7-PPR-4000001255), financé par l’Ambassade de Pays Bas, le GVC lance

un Appel d’Offre National Ouvert (Réf : DAO 001/KK/2020/GVC), pour fourniture NFI : • Lot1 – Ustensiles de cuisine • Lot2 – Matériel en plastique Le soumissionnaire éligible et intéressé

par le présent avis peut retirer le dossier d’appel d’offre dans les locaux de GVC Burundi : Avenue du Ravin n. 13, Quartier Gatoke, Bujumbura Tél : 22 24 17 65

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

Le dossier complet de l’appel d’offre sera disponible à l’adresse indiqué ci-dessus à partir du 11 Mai 2020. Les horaires d’ouverture du bureau sont du lundi au vendredi de 08h30 à 16h00.


SANTÉ

Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

Les sages-femmes face au chômage Au moment où le monde vient de célébrer la journée internationale des sages-femmes (5 mai), une grande partie de ces « donneuses de vie » restent sans emploi au Burundi. Seulement 28%, sur un total de 1400 diplômées, sont employées.

S

ur un total de 1400 sagesfemmes diplômées au Burundi, 400 sont employées. Un grand défi relevé par la présidente de l’Association burundaise des sages-femmes (Abusafe), Bernadette Nkanira. Outre le chômage, les sagesfemmes font face à de nombreux défis. L’insuffisance d’équipements pour certaines pratiques clés, l’absence d’un organe de régulation de la profession, le manque de formation continue, etc. Une sage-femme exerçant à l’hôpital Makamba ajoute que les sages-femmes ne sont pas appréciées à leur juste valeur, dans leurs structures sanitaires. « On dirait que c’est un métier qui peut être accompli par n’importe quel infirmier». Or, elle soutient qu’il y a des tâches importantes qu’ils ne peuvent pas faire. Elle cite les césariennes, quelques

soins pour les fausses couches, etc. Cela entraîne une médiocre collaboration entre les médecins, les infirmiers et les sages-femmes, assure-t-elle. L’ignorance de la population, surtout rurale, sur les signes de danger ou de complication chez la femme enceinte, est un autre défi évoqué par cette « donneuse de vie ». « Parfois, une patiente arrive trop tard, dans un état grave et il s’avère qu’il est trop tard pour la sauver». Cette sage-femme, qui exerce depuis plus de 20 ans, dénonce aussi un manque criant de matériel nécessaire pour certaines complications liées à la grossesse. Elle cite notamment le matériel pour arrêter l’hémorragie. Il faut noter que cette complication est la première cause de mortalité chez les femmes enceintes au Burundi, selon l’Etude démographique et de santé (EDS)

Bernadette Nkanira : « 400 sages-femmes sont employées, sur 1.400 diplômés. »

2017. Elle parle aussi des appareils de monitorage et d’échographie pour surveiller l’état du bébé, qui font défaut dans la plupart des hôpitaux burundais.

Un pas déjà franchi Le ratio de mortalité maternelle est de 334 décès sur 100 mille

naissances, selon l’EDS 2017. Il a diminué, passant de 500 décès sur 100 mille naissances vivantes en 2010 à 334 décès en 2016-2017. En 1994, la mortalité maternelle était de 1.950 décès sur 100 mille naissances. Le Burundi enregistre 372 décès maternels qui surviennent dans les structures de santé, selon le bilan annuel 2017 du Pro-

gramme national de la santé de la reproduction (PNSR). D’après Mme Nkanira, la mortalité néonatale s’élève aujourd’hui à 25 pour 1000 nouveau-nés. 14% de Burundaises accouchent encore à domicile, d’après la présidente de l’Abusafe. A l’occasion de cette journée, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, a déclaré que plus d’une sage-femme africaine sur deux (53 %) a déclaré ne pas se sentir respectée par ses collègues dans le cadre de son travail. « Nous devons en faire plus pour apprécier à sa juste valeur la contribution précieuse que les sagesfemmes apportent aux équipes chargées de dispenser les soins de santé». Entre 2000 et 2017, la mortalité maternelle et néonatale a diminué de 40 % dans la région africaine, en grande partie grâce à la détermination des sagesfemmes qui œuvrent de concert avec d’autres professionnels de santé, selon Dr Moeti. Clarisse Shaka

ANNONCE

AVIS DU MARCHE POUR LA FOURNITURE DE DEUX (2) VEHICULES NEUFS PICK-UP 4X4 DOUBLE CABINE TROPICALISES ET UN (1) VEHICULE NEUF TYPE « JEEP » 4X4 TROPICALISE COMPACT

PREAMBULE : Dans le cadre de la mise en œuvre du projet RENOUVE Burundi - Energies Renouvelables pour le Burundi (contrat de subvention : FED/2019/412-996), l’ONG italienne LVIA lance un Appel d’Offre National Ouvert pour la fourniture de : - deux (2) véhicules neufs, PICK-UP 4X4 double cabine tropicalisés - un (1) véhicule neuf jeep 4x4 Tropicalisé compact ARTICLE 1 : adresse de lvia BURUNDI : SIEGE DE BUJUMBURA : avenue Muyinga N° 17, Rohero 1 Bujumbura (BURUNDI ) Tel +257 71 210 670. B.P. 198 Bujumbura ARTICLE 2 : TYPE DE MARCHE ET FOURNITURES Fourniture de deux (2) véhicules neufs, PICK-UP

4X4 double cabine tropicalisés et un (1) véhicule neuf jeep 4x4 Tropicalisé compact Numéro de référence de l’appel d’offre pour la Fourniture de véhicules : « RENOUVE/ EU/2019/01 RENOUVE » ARTICLE 3 : Forme DE LA CONSULTATION Le présent marché est passé sous la forme d’un appel d’offre national ouvert 1.

Le soumissionnaire éligible et intéressé par le présent avis peut retirer le dossier d’appel d’offre dans les locaux de LVIA Burundi : avenue Muyinga N° 17, Rohero 1 Bujumbura (BURUNDI ) Lors du retrait les soumissionnaires devront signer un accusé de réception de la lettre de couverture accompagnée de toute la documentation constituant le dossier d’appel d’offre. Le but de cet appel d’offre est de pouvoir signer

un contrat d’achat de deux (2) véhicules neufs, PICK-UP 4X4 double cabine tropicalisés et un (1) véhicule neuf type « jeep » 4x4 Tropicalisé compact 2. La date limite du retrait du dossier complet de l’appel d’offre est fixée au 15 Mai 2020 à 16h30 3. Les horaires d’ouverture du bureau sont : du lundi au vendredi de 08h00 à 16h30. 4. Toutes les informations et les documents requis constituant l’offre seront mentionnés dans le dossier du document de l’appel d’offre (DAO). Les candidats peuvent obtenir par téléphone les renseignements complémentaires nécessaires à la préparation de leurs offres auprès de l’Administrateur Pays : cimicheline@gmail.com; Tél : 71 210 670

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

Gitega

Le verdict est tombé

Quatre militants de parti CNL et un membre du CNDD-DD originaires de la commune Mutaho ont été condamnés pour une peine de deux mois et une amende de 200 000Fbu chacun par le TGI Gitega. Ils devaient répondre de la planification de la fraude électorale et destruction des cartes d’électeurs. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

M

ardi 5 mai. En tenue des condamnés, Elie Hakizimana, Gérard Nkeshimana, Salvator Ndayikengurukiye, Jérôme Ndimurirwo, Zacharie Nahimana, tous de la colline Nyarunazi en commune Mutaho sont arrivés au tribunal de grande instance (TGI) dans un pick-up de police. Après quelques minutes, l’audience a commencé sur les chapeaux de roue. Les premières accusations du ministère public ont été adressées à Elie Hakizimana, agent de la CECI Mutaho au centre de vote de Nyarunazi. « Nous accusons cette personne d’avoir déchiré sciemment les cartes des électeurs pour les empêcher de voter. Compte tenu des preuves, il était dans un groupe qui voulait perturber les élections et semer le désordre. Et aussi, on a trouvé sur lui une liste des personnes décédées de sa colline pour retirer leurs cartes en

Région Sud

vue de les utiliser pendant les élections », charge-t-il. Aussitôt dit, le brouhaha et des murmures dans la salle fusent. « Nakamaramaza mbega yemwe iryorementanye niryiki ? »(C’est une honte, pourquoi tout ce montage). « C’est faux », rétorque Elie Hakizimana. Et pour les quatre accusés que le ministère public a qualifiés d’un groupe qui se préparait pour perturber les élections sans pour autant clarifier sur leur appartenance politique, les actes d’accusation étaient les mêmes. Selon le ministère public ils avaient des noms des personnes mortes ou refugiées pour s’accaparer de leurs cartes et cela est puni par la loi. La réponse n’a pas tardé : « Avec mes camarades du CNL, nous avons conçu cette liste pour parer à toute fraude électorale. Nous avons peur que le CNDD-FDD ne donne ces cartes à ses membres pour tricher », répond Salvator Ndayikengurukiye au président du siège. Même réponse pour les trois autres. Ils disent qu’ils ont les noms et leurs identifications : « C’’est notre tactique pour que l’adversaire ne vote

Les condamnés dans un pick-up de la police les amenant vers la prison

pour ceux qui ne sont pas vivants et présents. En la montrant à cet Imbonerakure (Elie Hakizimana), nous voulions lui signifier que nous sommes sur nos gardes. Ce qu’il a fait en déchirant ces cartes, c’est son affaire.»

Des questions sans réponses Après la délibération, la sentence est tombée comme un couperet sur tous les accusés. Ils sont condamnés à deux mois de prison ferme et à payer deux

Elles sont accusées par la police de meurtre, affrontements, tenue de réunions nocturnes clandestines et bagarres en pleine campagne électorale. Le parti Cnl parle des arrestations arbitraires de ses membres. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

S

deux cents mille, nous vendrons un lopin de terre et vous ne mourrez pas en prison comme beaucoup le veulent », clame une parenté. Elie Hakizimana, ne cessait pas de demander pourquoi la justice et la police le taxent d’être un membre du parti CNL alors qu’il est toujours dans le parti au pouvoir. « Je le suis et je le reste malgré cette peine. Je ne me suis jamais associé ni de prés ni de loin aux gens du Cnl , ils restent mes adversaires politiques.»

ont été arrêtés et conduits au cachot de la police à Rumonge. Le responsable du parti Cnl sur la colline Gatete été arrêté par des imbonerakure puis remis à la police. Dans la nuit du 2 mai, des affrontements physiques entre jeunes du parti Cnl et ceux du parti au pouvoir ont été observés à Minago en commune de Rumonge, selon des sources administratives. La police a arrêté huit personnes pour des raisons d’enquêtes. En date du 3 mai, cinq personnes ont été arrêtées sur la colline de Mibanda dans le village Musave en zone Kizuka, commune de Rumonge pour tenue de réunions nocturnes. Six autres personnes ont été interpellées par la police en commune de Muhuta pour avoir torpillé la campagne électorale par des bagarres, tandis que trois autres ont été arrêtées en commune Bugarama.

Cnl au niveau de la province Rumonge, parle des arrestations arbitraires qui sont en train d’être opérées dans différentes localités de la province. Il indique que lors des affrontements physiques entre leurs jeunes et ceux du parti au pouvoir, seuls les jeunes de leur parti sont arrêtés. Ce qui constitue le deux poids deux mesures. Il dénonce une vingtaine d’arrestations dans leur rang depuis le début de la campagne électorale et demande leur libération. La police indique avoir ouvert une enquête pour des infractions en rapport avec la campagne électorale. « Ceux qui auront commis des infractions électorales seront punis conformément au code électoral en vigueur. » Malgré ces incidents, la campagne électorale est en train de bien se dérouler en province de Rumonge selon des sources proches de la Cepi. Les autorités administratives provinciales demandent aux responsables des partis politiques d’abandonner des messages qui incitent à la haine ou à la provocation.

Rumonge

Une vingtaine de personnes arrêtées

elon les autorités administratives et policières, sur la colline Makombe, commune Rumonge, un membre du parti au pouvoir a été tué par un membre du parti Cnl . Ces sources indiquent que le 30 avril, un certain Emile a battu son opposant du parti au pouvoir à l’aide d’un tabouret au niveau de la tête après une courte dispute. Ce dernier a succombé de suite de ses blessures le lendemain. L’auteur de ce meurtre a disparu

cents mille Fbu d’amende. Pour les condamnés, ils ont accueilli différemment ce verdict. Les quatre qui se réclament du parti CNL et leurs familles affirment qu’ils n’ont pas été surpris. L’un d’eux a même souligné qu’ils ne se laisseront pas intimidés par ces emprisonnements en cascade des membres de son parti. « Deux mois ce n’est pas la catastrophe, nous continuerons notre combat », lance Salvator après l’audience. Même son de cloche pour leurs familles : « Pour ces

Vue partielle du village de Busebwa, théâtre d'affrontements physiques entre jeunes du parti au pouvoir et ceux du parti Cnl

et deux personnes ont été arrêtées par la police pour raison d’enquête. En date du 29 avril, sur la colline de Busebwa zone Gatete, commune Rumonge, les sources administratives locales indiquent que des affrontements physiques ont opposé les jeunes du parti au pouvoir à ceux du parti Cnl.

Tout a commencé lorsque le service de renseignement a arrêté deux jeunes gens du Cnl accusés de participer à une réunion nocturne clandestine sur cette colline. Leurs camarades ont frappé un jeune du parti au pouvoir et cela a dégénéré en affrontements physiques. La police a dû intervenir, quatre membres du parti Cnl

Le CNL dénonce des arrestations arbitraires Séverin Ndabateziminwe, responsable des jeunes du parti

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AU CŒUR DU PAYS

Vendredi, 8 mai 2020 - n°582

Région Ouest

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Cibitoke

Démonstration de force du Cndd-Fdd et le Cnl imputables aux Imbonerakure et à certains éléments de la police à l’endroit de ses militants. A ces derniers, il leur a demandé de ne pas céder à la peur et aux forces de sécurité de garder la neutralité. Un spécialiste des questions politiques contacté sur place ne mâche pas ses mots. Il parle d’un duel bien engagé susceptible d’occasionner une peur panique chez une certaine opinion. Il précise que le travail de la Ceni et de ses démembrements dans la province et les communes doit être impartial.

La deuxième semaine de la campagne électorale est largement marquée par les activités de ces deux formations politiques. Des bagarres s’observent parfois entre leurs militants et sympathisants. L’administration rappelle les règles de conduite. De notre correspondant Jackson Bahati

D

es rassemblements de masse s’observent partout à travers toute la province de Cibitoke à partir de ce lundi 4 mai. Le Cndd-Fdd a déjà tenu des meetings dans toutes les communes. Le projet de société du parti de l’aigle s’articule principalement autour de la lutte contre la pauvreté. C’est aussi la continuité des projets en place.

Crainte des violences

Meeting du parti Cnl à Rugombo, le 6 mai

La lutte contre la corruption et les malversations économiques constitue la clé de voûte du parti présidentiel au cours de ces élections de 2020. Une source dans ce parti indique que des stratégies de propagande « porte à porte » sont privilégiées pour convaincre surtout les indécis. Du côté du Cnl, une source haut placée fait savoir que des rassemblements de masse et

des approches par maisons sont privilégiées pour amener tout le monde à voter pour ce parti de l’opposition. « Nous prônons le changement pour l’intérêt de toute la population », précise la même source. Agathon Rwasa en campagne électorale dans les communes de Mabayi et Rugombo ce mercredi 6 mai a vivement condamné les actes d’intimidation et de violence

Du côté de la population, des désespoirs se lisent sur les visages de certains habitants interviewés. Une vieille maman de la commune Bukinanayana, à une centaine de km du chef-lieu de la province de Cibitoke, craint la résurgence de la violence après les élections compte tenu du climat délétère qui s’observe actuellement. « Des tueries pourraient s’observer avant et après

les élections », ajoute-elle avec amertume. Même constat chez un autre habitant du chef-lieu de la commune de Rugombo qui pointe du doigt l’inaction de l’administration et de la police qui n’arrivent pas à stopper le comportement violent des jeunes des partis politiques, surtout du parti au pouvoir à l’endroit des militants de l’opposition. Ces accusations sont balayées d’un revers de la main par l’administration provinciale qui parle plutôt d’incidents mineurs qui ne peuvent pas entacher la tenue régulière des élections dans des conditions apaisées. Les autorités locales conseillent plutôt à tous les membres des partis politiques œuvrant à Cibitoke de mettre en avant la culture de la tolérance politique. Vous saurez également que la scène politique à Cibitoke est marquée par la présence de quelques partis politiques comme l’Uprona , le Fnl, le Frodebu sans oublier les indépendants visibles dans certaines localités de cette province de l’Ouest du Pays.

ANNONCE

APPEL A MANIFESTATION D’INTERET POUR LE RENOUVELLEMENT DU REPERTOIRE DES FOURNISSEURS ET PRESTATAIRES DE SERVICES DE IRRI AU BURUNDI IRRI (International Rice Research Institute) est une Organisation Internationale autonome à but non lucratif ayant comme but principal l’augmentation de la quantité et la qualité du riz produit par la recherche ainsi que la formation dans tous les aspects de la production de riz, y compris les systèmes agricoles basés sur le riz à travers la coopération technique et scientifique avec les programmes nationaux et d’autres partenaires. Dans le cadre du renouvellement de son répertoire des fournisseurs de biens et prestataires de services au Burundi pour les années 2020 et 2021, IRRI lance un appel à manifestation d’intérêt général afin de permettre aux opérateurs économiques légalement installés, qui le souhaitent, de nouer une relation de partenariat avec IRRI pour les marchés suivants : Différents domaines de compétences: 1. Prestation de services - Cabinet conseil juridique et fiscal 2. Prestation de services - Cabinet d’architecte/Ingénieur conseil – conseils, plans et construction 3. Prestation de services - Gardiennage et sécurité 4. Prestation de services - Garage de mécanique automobile et machines agricoles 5. Prestation de services - Location de véhicule et/ou engins 6. Prestation de services - Travaux d’imprimerie / sérigraphie et infographie

7. 8. 9. 10. 11. 12. 13.

14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21.

22.

Prestation de services - Photographie et reportage Prestation de services - Entretien et nettoyage de bâtiments et des espaces verts Prestation de services - Soudure et/ ou peinture et/ou plomberie et/ou électricité Prestation de services - Hébergement (hôtels) Prestation de services - Location de matériel de décor Prestation de services - Traiteur Prestation de services - Maintenance informatique et assistance/ maintien des équipements de sonorisation et de vidéoconférence Prestation de services - Entretien d’équipements frigorifiques (réfrigérateurs, chambres froides, etc.) Fourniture, installation et maintenance de climatiseurs Fourniture, installation et maintenance de groupe électrogène Fourniture, installation et maintenance du système de sécurité / incendie / alarme / intrusion Fourniture, installation et maintenance (recharge) extincteurs Fourniture de produits chimiques, engrais et matériels de laboratoire Fourniture de matériels électriques Fourniture de matériels et de consommables informatiques et bureautiques (inclus onduleurs et régulateurs) Fournitures de pièces de rechange, huiles de moteur et pneus pour

véhicules 23. Fourniture de mobilier de bureau 24. Fourniture de fournitures de bureau 25. Fourniture d’articles de quincaillerie divers 26. Divers autres Le dossier de candidature doit comporter : • Les pièces administratives en cours de validité : NIF, Attestation fiscal de moins de 3 mois ; • Les nom, prénoms, raison sociale, adresse complète (téléphone, fax, adresse e-mail fonctionnelle) ; • La date de création de la structure, statut juridique ; • Le domaine d’intervention ; • L’extrait du registre du commerce ; • Les expériences dans le domaine (références et/ou attestation de bonne exécution s’il y a lieu). • Une liste des prix et tarifs s’il y a lieu Pour les fournitures, les soumissionnaires sont priés de présenter des échantillons ou à défaut des références précises. NB : Compte tenu des procédures d’achat de IRRI, il est recommandé aux soumissionnaires d’avoir une autonomie financière. IRRI Burundi rappelle aux prestataires et fournisseurs qui travaillent déjà avec elle, qu’ils ne sont pas exemptés de cette formalité et qu’ils devront produire les mêmes dossiers IRRI BURUNDI invite toutes les per-

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sonnes physiques ou morales éligibles et intéressées à produire et à lui transmettre les informations sur leur capacité et leur expérience dans la fourniture des produits ou services dont il est question. Les manifestations d’intérêt suffisamment documentées et portant la mention «Réponse à l’appel à manifestation d’intérêt pour la fourniture de ……. » devront être adressées simultanément par courrier électronique à : r.hicuburundi@irri.org ET a.lucas@irri. org ET j.bigirimana@irri.org Un dossier papier peut aussi être dépos é sous pli fermé auprès du secrétariat de IRRI INTERNATIONAL RICE RESEARCH INSTITUTE 02, Avenue de l’UNESCO, Université du Burundi, campus Mutanga, B.P 5132, Bujumbura, Burundi Tél : + 257 22 27 84 94 La date limite de soumission est fixée au. 22/05/2020 à 16H au plus tard. Une liste restreinte de fournisseurs par domaine sera établie à l’issue de l’appel à manifestation d’intérêt et leur consultation se fera conformément aux règles de passation des marchés de l’IRRI. En cas d’annulation de l’appel à manifestation d’intérêt, les soumissionnaires ne pourront prétendre à aucune indemnité. IRRI se réserve le droit de donner une suite ou non à cet avis de consultation


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FBP/gratuité des soins ciblés : la performance dans les formations sanitaires reste à désirer. En collaboration avec le ministère de la Santé publique et de la lutte contre le Sida, PMC (Population Media Center), a organisé ce jeudi 30 avril, un atelier régional à l’endroit des médecins provinciaux et les responsables des districts sanitaires de la région de l’Ouest.

A

vec l’objectif d’échanger sur les avancées, les défis et perspectives de la réforme de la politique du financement basé sur la performance (FBP) couplée à la gratuité des soins chez les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, PMC, en partenariat avec le MSPLS a organisé un atelier régional à l’endroit des médecins provinciaux et les responsables des districts sanitaires venus des provinces de l’Ouest du Burundi. Dans sa présentation, Dr Gilbert Nduwayo, conseiller à la direction générale des services de santé et de la lutte contre le Sida au MSLPS, a rappelé aux participants l’historique de la réforme FBP/gratuité des soins des femmes accouchant et les enfants de moins de cinq ans. Commencée en 2006, dans trois provinces, pilotes, la réforme a couvert tout le pays en 2010, tout en donnant des résultats favorables tels que l’amélioration des indicateurs de santé et l’implication de la population dans la résolution des problèmes de santé. Cependant, ayant pour buts d’améliorer l’utilisation et la qualité des services de santé offerts à la population et d’inciter le personnel de santé à travailler dans les structures de soins périphériques, M. Nduwayo n’a pas manqué de relever les défis auxquels fait face la réforme du FBP/ gratuité des soins ciblée pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Le retard de remboursement des formations sanitaires (FOSA), absence d’un système efficace de vérification, qui d’après Gilbert a suscité beaucoup de cas de tricheries dans plusieurs FOSA, démotivation du personnel de santé suite à la surcharge des patients et les ruptures fréquentes des stocks, ont été soulevés comme défis majeurs.

établies, en cas de tricheries voir de surfacturation. D’après lui, le MSPLS avec les médecins provinciaux, les responsables des districts sanitaires ainsi que le secteur connexe de santé, devront d’abord s’assurer de la disponibilité des documents normatifs, les protocoles de prise en charge des pathologies et aussi leur contenu utilisé au niveau de toutes les FOSA. En plus de s’assurer de la disponibilité des documents normatifs, ils devront aussi renforcer l’encadrement et la supervision des FOSA, pendant le processus de planification et la réalisation des activités planifiées, en particulier celles liées aux investissements. Et d’ajouter également le renforcement de la vérification des prestations par l’application rigoureuse du contenu des manuels des procédures (FBP clinique et communautaire) en vigueur et celui du guide de vérification et de validation. Du côté des sanctions, Dr Gilbert Nduwayo informe que les FOSA, dans lesquelles il y aura des cas de tricheries ou de surfacturation, le personnel de ces FOSA sera sanctionné par la privation des primes d’un à deux mois et quant aux BDS (bureaux des Districts Sanitaires), ils seront retirés un montant sur la prime de performance trimestrielle du BDS dont le retrait de 10% si 1 à

Les docteurs provinciaux et responsables des districts sanitaires venus de la région de l'Ouest en plein atelier

3 FOSA n’ont pas la fiche de données déclarées dans les délais impartis.

Les participants s’engagent à améliorer les services sanitaires offerts. Après les présentations faites par ce cadre du MSPLS à la direction générale des services de santé et de la lutte contre le Sida et celle de cadre de PMC chargé du suivi et évaluation, les participants ont eu l’occasion d’échanger sur les différents défis auxquels ils font face dans la mise en pratique de la réforme FBP/gratuité des soins ciblée dans leurs provinces respectives. Du côté du district sanitaire de Mabayi, le responsable de ce district confie que les cas de tricheries ne manquent pas. Et de proposer qu’en vue d’améliorer la qualité des soins offerts, il faudrait recruter un comité de valida-

tion et de vérification indépendant qui devrait arriver dans tous les CDVV (comité provincial de vérification et de validation). Joëlle Bigirimana, médecin provincial de Bubanza, explique ces surfacturations par les FOSA qui veulent s’acquitter le reste de la somme remboursée pour combler les ruptures de médicaments dans leurs pharmacies. Et de renforcer en confiant aussi que les statistiques sur lesquelles l’on se base pour faire des vérifications, sont antidatées. « Nous travaillons toujours à base des statistiques de 2008, alors que la population dès lors, n’a pas cessé d’augmenter ». Pour Dr Bigirimana, si tous les concernés dans le domaine de la santé ainsi que leurs partenaires tant financiers que techniques, se mettent en ensemble, il y a moyen de bannir toutes les tricheries et d’assurer une amélioration

meilleure de la qualité des soins offerts aux femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans et une amélioration des services des formations sanitaires. Désiré Ndayatuke chargé du suivi et évaluation à PMC, indique que de cet atelier, ils attendent de voir les FOSA, améliorer la qualité des services sanitaires. Quant à PMC, M. Ndayatuke informe qu’elle s’engage à renforcer la communication sur la réforme du FBP couplée à la gratuité des soins chez les enfants de moins de cinq et les femmes enceintes en vue de pérenniser l’amélioration de la qualité des soins offerts aux bénéficiaires. Signalons qu’à côté de cet atelier régional de l’Ouest, PMC avec le MSLPS a aussi organisé trois autres ateliers régionaux à l’endroit des cadres technico administratifs de la santé dans les provinces du Sud, Nord et Est.

Les perspectives projetées pour l’avenir À tout cela, le conseiller à la direction générale des services de santé et de la lutte contre le Sida au MSLPS, indique que des perspectives de l’avenir ont été planifiées. Et de préciser également que des pénalités ont été

Désiré Ndayatuke, chargé du suivi et évaluation à PMC, informe que la PMC s'engage à renforcer la communication sur la réforme du FBP couplée à la gratuité des soins ciblée.

Pour Joëlle Bigirimana, docteur provincial de Bubanza, si tous les concernés dans le domaine de la santé ainsi que leurs partenaires se mettent ensemble, il y a moyen d'assurer une amélioration de la qualité des soins offerts.

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