IWACU 580

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IWACU N°580 – Vendredi 24 avril 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Uprona

Une autre scission ? Droits réservés

ÉCONOMIE

SÉCURITÉ

Banque des jeunes : un avenir prometteur ?

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Arrestation des militants du Cnl en cascade

AU COIN DU FEU P.7

Avec Joséphine Jones Nkunzimana

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LA DEUX

Vendredi, 24 avril 2020 - n°580

Editorial

En coulisse

Sur le vif

Instauration d’une amende pour toute construction illégale Campagne électorale. Pas de « tant pis au covid-19 » Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

C

’est parti. La campagne électorale débute ce 27 avril. Sept candidats passeront l’épreuve des élections présidentielles. Pendant trois semaines, les militants des partis politiques au premier chef, et par ricochet toute la population burundaise, vont vivre une ambiance électorale électrisée. L’enjeu est de taille : le 20 mai, les Burundais éliront leur futur président de la République, leurs députés et leurs conseillers communaux. Une occasion pour les candidats en course de faire connaître leur programme, leur projet de société à l’ensemble de la population. Ils vont convaincre, séduire les électeurs. Pour mettre en exergue leur attachement aux sources, la plupart des candidats débutent la campagne dans leurs provinces, communes ou collines natales. « Back to roots. » Tous vont essayer de toucher la fibre, la « sensibilité » des électeurs, à travers des messages, des discours souvent moins rationnels, la « peopolisation de la politique. » Jusque-là, on peut dire que c’est le propre de tous les meetings. Cependant, la campagne arrive dans un contexte hautement sensible avec la pandémie tant redoutée du coronavirus qui est déjà dans nos murs. Or, qui dit campagne électorale dit aussi foules, rencontres et rassemblements. Les stades et autres places publiques seront pleins de monde. Pourtant, aucun candidat, qu’il soit de la majorité ou de l’opposition, n’a jamais demandé de repousser l’échéance électorale. De même, personne n’a jamais dit «tant pis pour le covid-19 ». Mais alors, comment vont-ils procéder pour appeler les gens à la vigilance et en même temps les inviter à un grand raout ? La question est sur toutes les lèvres. Certains ont peur de la propagation de la maladie pendant cette période. Pour eux, la Commission électorale nationale indépendante devrait réglementer la campagne. Comment ? La réponse n’est pas facile. Les dés sont déjà jetés, rien ne va changer le calendrier électoral. Je compte sur le civisme et le patriotisme des candidats en lice qui, j’espère, ne cesseront de rappeler à leurs électeurs les mesures prises par les autorités sanitaires pour enrayer les risques de contagion au Covid-19.

Au titre du budget 2020-2021 par l’Assemblée nationale, une amende de 1000 BIF/m2 en province et de 3000 BIF/ m2 en mairie de Bujumbura a été instituée à l’encontre des propriétaires de parcelles pour toute construction dépassant les bornes fixées par l’administration.

Don de matériel en soutien à la lutte contre le Covid-19 Dans le cadre d’un partenariat entre l’Allemagne et l’EAC, le ministère de la Santé publique a reçu, lundi 22 avril, un don de laboratoire mobile, des véhicules et autres équipements, en vue de faire face à la pandémie de coronavirus.

Inauguration d’un réseau d’eau potable à Rumonge

En hausse

Mgr Salvator Niciteretse,

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our avoir été ordonné évêque de Bururi.

Ours Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction: Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa

En baisse

Une enseignante de commune Gashoho,

P

our avoir brûlé ses deux enfants avec un fer à béton et des sachets chauffés.

Lundi 20 avril, le ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, a inauguré, dans la province Rumonge, un réseau de renforcement de l’adduction d’eau potable. Ce dernier mesure 11 km et dispose d’un débit de 26 litres.

Annonce

Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza, Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société et Culture: Clarisse Shaka, Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Equipe technique : Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

27972 est le nombre de personnes victimes des inondations à Gatumba.

Source : Ministère de la Solidarité nationale

AVSI BURUNDI porte à la connaissance du public qu’elle ouvre la candidature pour le poste suivant: Responsable de Suivi et Evaluation. Les TDRs de ce poste sont sur le site web de NFT consult et aux différents bureaux de AVSI. Les candidats (es) intéressé(es) sont priés d’envoyer leur dossier électroniquement au : WWW.nftconsult.com ou de déposer leurs dossiers dûment rempli à NFT Consult, N°42, Boulevard de La Liberté, Rohero, Bujumbura, Burundi ET/OU aux bureaux d’AVSI-BURUNDI à Bujumbura, sis à KABONDO, AV. Mpotsa n.11 La date limite de dépôt des candidatures sont fixées comme suit : 04/05/2020 à 16h Seul(e)s les candidat(e)s présélectionné(e)s seront contacté(e)s, pour participer à la procédure de recrutement. Les dossiers ne correspondant pas au profil ci-dessus ne seront ni considérés ni remis.

Une pensée

« Ce ne sont quand même pas des loups, mais des hommes, et ils aiment l›argent. La vénalité est aux hommes ce que la charité est au bon Dieu. » Bertolt Brecht

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L'ÉVÉNEMENT

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Des Upronistes font allégeance au candidat du Cndd-Fdd L’annonce du soutien au candidat du Cndd-Fdd de la part de militants du parti Uprona continue de faire des remous. Isidore Mbayahaga, le leader de ce camp, dénonce une mauvaise gestion à la tête du parti. Ses anciens camarades l’accusent d’être instrumentalisé par le parti au pouvoir. Alliances, trahisons, repositionnements. Eclairage.

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amedi 18 avril, à Musaga, le groupe dirigé par le duo Isidore Mbayahaga, un pasteur réputé proche des hautes instances du parti présidentiel et Dieudonné Giteruzi, ancien ministre du Développement communal, affirme ne pas reconnaître Gaston Sindimwo comme candidat de l’Uprona à la présidentielle du 20 mai 2020. « Au moment où les autres partis construisent des permanences, l’Uprona est en train de vendre aux enchères les siennes. Les biens du parti sont pillés. Et d’ailleurs, le mandat des organes dirigeants du parti, de la base au sommet, a pris fin le 14 septembre 2019. Ils auraient dû être remplacés. Les décisions émanant d’organes illégaux sont sans effet » va lancer le pasteur Mbayahaga. La saga Uprona vient de commencer. Quelques heures à peine après la tenue de ce rassemblement, Willy Nyamitwe, conseiller principal à la présidence de la République, entre dans la danse. Par un tweet, il affiche son soutien en faveur du pasteur Mbayahaga. « La majeure partie des membres de l’Uprona décide de voter pour le Général Evariste Ndayishimiye en se désolidarisant avec celui qui était leur candidat, Gaston Sindimwo ». Du côté de l’Uprona, une riposte se prépare. Le lendemain, dimanche 19 avril 2020, Abel Gashatsi, président du vieux parti, dénonce

une tentative de fragiliser et de ternir le parti via ‘’certains anciens membres’’. Selon lui, ces gens seraient financés par certains cadres du parti de l’Aigle. Il se garde de les citer. Mais il tire à boulets rouges sur « un certain Mbayahaga, ancien membre du parti Uprona utilisé pour déstabiliser notre parti alors que l’Uprona a contribué à bâtir avec le parti au pouvoir des institutions fortes depuis 2015 afin de sortir le Burundi de l’impasse »

Gashatsi accuse. « De telles manœuvres visent à désorienter les Badasigana à la veille des élections. Il y a une volonté de s’en prendre à nous mais nous sommes déterminés à aller aux élections avec notre candidat Gaston Sindimwo et nous ne

« Un certain Mbayahaga, ancien membre du parti Uprona est utilisé pour déstabiliser notre parti ».

soutiendrons jamais le Cndd-Fdd, ce qui serait une trahison des idé-

« J'avais donné l’ordre que l’accès des lieux dédiés au dit rassemblement soit bloqué.»

aux de l’Uprona ». Toutefois, Abel Gashatsi semble minimiser la portée de l’initiative. « Que ce petit groupe migre et vote pour le candidat de son choix, c’est son droit ! ». Par la suite, le président de l’Uprona menace. Son parti compte porter plainte pour faux et usage de faux : « Ce n’est pas normal que des gens payés pour nuire portent notre uniforme et utilisent nos insignes alors que nous sommes un parti agréé. Nous allons les traduire en justice de même que le maire de la ville, pour l’autorisation accordée à ces détracteurs en vue de tenir une réunion en mairie de Bujumbura ».

Justement, quid du rôle de la mairie dans cette affaire ? Tout le monde sait qu’aucune réunion ne peut se tenir sans son aval. Contactée, la mairie dit qu’elle n’a pas donné son aval pour la tenue de cette réunion. Si la mairie indique n’avoir pas encore obtenu le rapport sur la tenue de cet événement, de son côté, Antoine Rumenyetso, chef de la zone Musaga, va confier à Iwacu ce mercredi 22 avril, qu’il avait « donné l’ordre que l’accès des lieux dédiés au dit rassemblement soit bloqué. » L’injonction n’a pas été respectée. « Le chef de poste de police dans cette zone s’est interposé ». Il a dit au chef de zone « avoir reçu l’ordre de laisser tenir cet événement. » « Par la suite, ma garde rapprochée m’a été retirée pour ce jour-là ! » raconte encore le chef de zone apparemment frustré. D’où est venu cet ordre pour que cette réunion se tienne, malgré l’opposition du chef de zone ? Mystère. Le chef de poste de police dans la zone Musaga ne lui a pas révélé leur identité. « Nous étions en bons termes avec ce chef de poste ! Si ce jour-là, cette collaboration a été mise à mal, c’est probablement par le fait de directives qui lui sont venues d’un haut niveau ». Alphonse Yikeze

Réactions • Trahison, repositionnement, voyage au cœur de l’embrouille Dans une interview accordée à la BBC ce lundi 20 avril, Isidore Mbayahaga va réfuter toute instrumentalisation de la part de caciques du parti Cndd-Fdd. Il dit œuvrer au contraire pour « la réhabilitation » du parti de Rwagasore. « Cela n’est qu’un concert de turpitude orchestré par le groupe Abel Gashatsi et Gaston Sindimwo. Nous agissons pour l’intérêt du parti et des Badasigana longtemps soumis à l’injustice ! » Interrogé par Iwacu, mercredi 22 avril, concernant le choix d’un candidat d’un autre parti politique comme stratégie de « réhabilitation », M. Mbayahaga déclare vouloir éviter « la politique de la chaise vide ». « Ne reconnaissant pas les résultats d’élection d’un candidat de l’Uprona soutenu par des instances illégales, nous étions sans leader pour nous représenter dans le cadre des élections prochaines. Après concertation, notre choix s’est porté sur le candidat Evariste Ndayishimiye du Cndd-Fdd ».

L’ancien chef de protocole auprès de l’ancien premier vice-président de la République, Terence Sinunguruza, va souligner que le soutien au candidat du parti présidentiel est « un votesanction » à l’endroit de l’équipe dirigeante actuelle du parti Uprona. Bizarre, diront plusieurs Upronistes. Pour sanctionner le président de son parti, on soutient son adversaire…

• « Nous ne perdrons nullement des voix à cause d’eux ! »

Du côté de Gaston Sindimwo, « un tel rassemblement n’aurait pu se tenir sans l’aval et le soutien clair des pouvoirs publics », accuse le candidat Sindimwo dans un entretien accordé ce mercredi 22 avril à Iwacu. Sur l’impact d’une telle situation, le premier vice-président Sindimwo minimise : le parti du héros de l’indépendance n’en sera nulle-

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ment affecté. « Nous ne perdrons nullement des voix à cause d’eux ! ». Sur les accusations de détournement des biens du parti, le premier vice-président indique que « Ce sera à nos successeurs à la tête du parti de nous demander des comptes. Vouloir le faire en dehors de ce cadre-là, c’est du vent ! »


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L'ÉVÉNEMENT

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• « Gaston Sindimwo avait pris du melon » Tatien Sibomana, porte-parole de la Coalition Amizero y’Abarundi et ancien membre du bureau exécutif de l’Uprona, lui, se dit peu surpris. Mercredi 22 avril, il dit à Iwacu qu’ « Isidore Mbayahaga, autant que Gaston Sindimwo, appartiennent au courant Terence Sinunguruza (dont il fut chef de protocole à la première vice-présidence), le même qui fut à l’origine du rapprochement de l’Uprona avec le Cndd-Fdd ! » Selon Sibomana, la raison de la mésentente entre le premier vice-

président et le pasteur Mbayahaga réside dans « la gestion opaque » des biens de l’Uprona. « Le clan Gaston a fait main basse sur les richesses du parti, écartant les Mbayahaga chez qui la frustration s’est installée ! » Pour le porte-parole d’Amizero y’Abarundi, l’événement du 18 avril à Musaga a signé la fin de l’idylle entre le Cndd-Fdd et Gaston Sindimwo. « Après avoir été élu candidat du parti à la présidentielle, alors qu’il avait été nommé premier viceprésident grâce au Cndd-Fdd, il avait commencé à s’en prendre au parti au pouvoir en dénonçant ses allures antidémocratiques, son monopole exercé sur la RTNB… Gaston Sindimwo avait

pris du melon et le parti présidentiel lui en fait payer le prix aujourd’hui en soutenant le pasteur Mbayahaga ! » Plus loin, Tatien Sibomana va être plus explicite. « Le Cndd-Fdd a démontré tout simplement à M. Sindimwo que s’il n’était plus disposé à jouer au courtisan, d’autres allaient prendre sa place ! » Pour l’ancien député de la Coalition Amizero y’Abarundi, Isidore Mbayahaga et le candidat Gaston Sindimwo, c’est le dragon à deux têtes. « C’est bien beau pour le pasteur Mbayahaga de pointer du doigt la voracité de Gaston Sindimwo, sauf qu’il est aussi véreux que lui ! » Sa conclusion est sans appel et amère. « Nous assistons aujourd’hui à la théorie de la décantation au sein de l’Uprona. Les mauvais éléments apparaissent tous aujourd’hui au grand jour, tous ceux qui ont mis le parti à genoux, sortent du bois ! » A.Y.

A courtisan, courtisan et demi Le rassemblement de ce samedi a mis un terme à la lune de miel entre le Premier vice-président de la République et le parti au pouvoir. Le candidat du parti de Rwagasore a pris acte de ce changement d’alliance en faveur de son rival Mbayahaga. Au micro d’Iwacu mercredi 22 avril, il a bien reconnu qu’une telle réunion, dans un pays où tout est cadenassé, n’aurait pu avoir lieu sans un fort appui du pouvoir. Le tweet empressé de Willy Nyamitwe, conseiller principal à la présidence de la République, quelques heures à peine après la tenue de la réunion du 18 avril,

POLITIQUE

vient confirmer le diagnostic établi par M. Sindimwo. Par ailleurs, toutes les sources contactées au sein du parti rouge et blanc confirment que le groupe Mbayahaga ne fait partie d’aucune instance dirigeante de l’Uprona. Toutes les expériences de ‘’Nyakurisation’’ menées dans le passé prouvent à l’envi qu’une participation active de la haute hiérarchie partisane est requise pour le succès d’une telle entreprise. A l’approche de chaque scrutin, depuis quinze ans de règne du Cndd-Fdd, l’enjeu est toujours le même pour le parti du héros de l’indépendance : la Première vice-présidence de la République.

Depuis l’accès de Martin Nduwimana à ce poste en 2005, jusqu’à Gaston Sindimwo, il y a toujours un « deal » entre la tête de l’Uprona et le Cndd-Fdd : ce poste devait toujours revenir à l’Uprona. Samedi 18 avril, cette règle non-écrite a été dévoilée au grand jour. Cet épisode aura mis en relief un aspect de la politique burundaise faite d’alliances et de trahisons : A courtisan, courtisan et demi ! Une nouvelle ère s’ouvre pour l’Uprona ?

A.Y.

Elections 2020

Trois bulletins de vote différents pour trois scrutins cumulés A l’issue de sa réunion avec les responsables des partis politiques, des coalitions et les indépendants, la Ceni a présenté des spécimens des bulletins de vote qui seront utilisés le 20 mai.

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l y a trois spécimens différents car il y a trois scrutins différents. Les bulletins pour la présidentielle seront de couleur bleu, ceux des législatives seront de couleur verte tandis que ceux des communales auront une couleur tendant vers le rouge. Chaque province ou commune dispose d’un spécimen particulier, selon le nombre de ceux qui ont présenté les candidatures», a expliqué Annonciate Niyonkuru, vice-présidente de la Ceni. Elle a fait savoir qu’après le choix opéré dans l’isoloir, le votant aura à mettre chaque bulletin dans l’une des trois urnes portant un autocollant de même couleur. « Il y aura trois urnes dont l’une pour les présidentielles, l’autre pour les législatives et le troisième pour les communales. Comme certains électeurs peuvent avoir des confusions, un agent de la Ceni sur le bureau de vote sera tout près pour les aider. L’objectif est d’éviter que

plusieurs voix soient nulles ». Après les interventions des commissaires de la Ceni, les partenaires des élections sur place ne sont pas restés indifférents. Agathon Rwasa, président du parti Cnl, s’est dit inquiet des tricheries et manipulations si les agents de la Ceni interviennent pour aider les gens à mettre les bulletins dans les urnes : « Des agents malintentionnés peuvent désorienter les votants. » Il a proposé plutôt que toute voix soit comptée sans considération de la spécificité des urnes. Jean-Anastase Hicuburundi, chargé des opérations, de l’informatique électorale à la Ceni, a balayé toutes ces critiques d’un revers de la main : «L’action de mettre les bulletins dans les urnes intervient après l’opération de vote effectuée dans l’isoloir. Pas de doute car l’étape en question va se faire en public au su et au vu de tout le monde.»

Les participants à la réunion organisée par la Ceni à l’intention des responsables des partis, des coalitions et des indépendants.

Un manque de communication de la part de la Ceni ? Pour sa part, Gabriel Banzawitonde a accusé la Ceni de manque de communication dans ce processus électoral. « La Ceni ne joint pas les actes à la parole. Le président de la Ceni et ses membres sont devenus inaccessibles. Les responsables des partis politiques ou candidats indépendants sont des partenaires des élections, mais ils ne sont pas associés. Ces spécimens devraient faire objet du débat

pour corriger certaines erreurs. En ce qui nous concerne, il y a des candidatures pourtant retenues, mais qui n’y figurent pas. Quand allonsnous faire le recours ?», s’est-il lamenté. Face à ces appréhensions du président de l’Apdr, la réponse du président de la Ceni ne s’est pas fait attendre. Il a nié ces allégations, précisant que toutes les activités de cette commission leur sont communiquées dans des rencontres. « Nous ne savons pas vos problèmes particuliers. Sinon s’il

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y a une activité en vue, nous tenons toujours des réunions. Si vous avez des appréhensions, concertezvous, mais pas de doléances d’un seul parti ». Vous saurez que les élections du 20 mai verront la participation de 7 candidats pour la présidentielle, 11 partis, 2 coalitions et 17 indépendants pour les législatives. A côté des listes des partis et des coalitions pour les communales, il y a aussi 19 indépendants. Jérémie Misago


POLITIQUE

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Chronique sur les messages de haine « Les sanctions ne devraient pas prendre en compte les affinités des auteurs avec le régime en place » Les discours déniant les problèmes réels dans la société cautionnent les erreurs et provoquent les violences. Siméon Barumwete, politologue et enseignant d’université, appelle les institutions à jouer leur rôle.

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n quoi consistent les discours déniant les problèmes réels dans la société ? Ce sont des discours qui visent à cacher, dissimuler les crimes ou abus commis. C’est le propre de certains Etas africains se comportant comme semi-autoritaires. Une fois que les responsables administratifs ou de sécurité sont les acteurs des abus commis contre certaines catégories de la population, il y a tendance à dénier la réalité. C’est pour quelle finalité ? Reconnaître les violences parfois commises par des agents de l’Etat veut dire qu’il est redevable. L’Etat essaie alors de dénier cette réalité. Une fois acceptée, peut-être que les organisations

Les sanctions ne devraient pas prendre en compte les affinités des auteurs avec le régime en place. Que l’Etat soit un protecteur de tous, faibles et forts. Cela peut renforcer sa crédibilité auprès des citoyens

de défense de droit de l’homme pourraient profiter de cette situation. Il pourrait y avoir des rapports qui ternissent l’image du pays. Quid des conséquences? Elles sont multiples. Si l’Etat continue à s’auto-glorifier alors que la réalité est connue, les victimes des abus vont dire que les autorités chargées de les protéger ne jouent pas pleinement leur rôle. C’est une perte de confiance dans les institutions. Les individus chercheront sûrement à se faire justice, la capacité de l’Etat à protéger sa population étant mise en cause. En fonction des crimes ou abus, les victimes cherchent à se protéger et répondent au mal par

le mal. On assiste alors à des scènes de violences inouïes. Il n’appartient pas aux individus de se faire justice dans un Etat qui se veut démocratique. Quelles solutions à préconiser ? Il faudrait que l’Etat soit garant

de l’application effective des lois qu’il a lui-même mises en place. Que toutes les institutions soient efficaces et fassent correctement leur rôle. Il appartient aux organes judiciaires et à l’administration de sanctionner les auteurs des violations des droits humains et tout autre crime au lieu de les couvrir.

La campagne électorale débute bientôt. Quel comportement doit adopter les acteurs politiques? Il s’agit d’une période délicate, un contexte de clivage. Si les organes dirigeants des partis ne disciplinent pas leurs militants, le risque de violence est très élevé. Chacun veut gagner, coûte que coûte. Notre pays est fragile en période électorale. Il faut que les leaders politiques soient responsables afin d’éviter que leurs militants ne versent dans la violence. Cette compétition pour la conquête du pouvoir est un jeu politique qui doit toujours se faire dans un cadre démocratique. Propos recueillis par Jérémie Misago

Elections 2020

Les candidats appelés à sortir de leur silence A un mois des élections, quelles attentes sur les nouveaux élus ? Comment sont les relations entre les électeurs et les candidats ? Quid des projets de société ? Des questions au menu de la synergie du 17 avril.

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eux organisations de la société civile pour les femmes (Afrabu) et les jeunes (REJA), un représentant des Eglises et un politologue étaient les invités de cette synergie centrée sur les prochaines élections. Frère Emmanuel Ntakarutimana, qui a représenté les Eglises, observe que bien que les candidats essaient de se faire connaître à travers les médias. « Nous avons soif de connaître ce que le candidat va apporter au pays dans les sept prochaines années. Ils ne l’ont pas encore fait». Pour cet ancien président de la Commission nationale indépen-

Des activistes de la société civile, le représentant de l’Eglise catholique et un politologue se sont exprimés sur les prochaines élections, durant la synergie.

dante des droits de l’Homme (CNIDH), le pays n’a pas besoin d’un nouveau visage à la tête du pays. Mais de ses projets, de ce qu’il apporte à la population. D’après lui, l’Eglise attend, avant tout, un élu qui saura construire une cohabitation pacifique entre les différentes couches de la population. Car aujourd’hui, cette cohabitation laisse à désirer

de par les différentes crises que le pays a traversées. Il appelle les candidats à bien montrer et démonter leurs projets de société, où ils trouveront les moyens pour les réaliser.

Une campagne électorale « très courte » Quant au politologue Denis Banshimiyubusa, il soutient que

l’argument consistant à dire qu’il n’est pas encore temps que les candidats présentent leurs projets ne tient pas. Car aucune loi ne le précise. Ainsi tout candidat peut présenter ses projets et sa vision à n’importe quel moment. « Ni dans le code électoral, ni dans la loi qui régit les partis politiques». M. Banshimiyubusa estime, par

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ailleurs, que les trois semaines de la campagne électorale ne suffiront pas car elle se fera en trois groupes : les candidats présidentiels, législatifs et communaux. La représentante légale de l’Association des femmes rapatriées du Burundi (Afrabu), Godelieve Manirakiza, affirme aussi qu’il est difficile de définir les relations entre les électeurs et les candidats car ces derniers n’ont pas encore présenté leurs projets. « Ils ne sont donc pas connus par la population ». Mme Manirakiza affirme que les femmes attendent des élus le respect de leurs droits. Notamment le respect du quota de 30% de représentativité des femmes dans les institutions. Un quota qui n’est pas respecté dans plusieurs institutions, selon cette activiste des droits des femmes. Elle avoisinne 18% dans certaines institutions, selon des études de l’Afrabu. Cette synergie, qui réunit les radios Isanganiro, Rema FM, Izere FM, le journal Iwacu, Burundi Eco et Yaga, est organisée par l’ONG Benevolencia. ` Clarisse Shaka


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ÉCONOMIE

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Regards croisés sur la Banque des jeunes Une Banque d’Investissement des Jeunes(BIJE) a été lancée à Gitega. Elle accorde des prêts à un taux d’intérêt créditeur de 7 %. Avec ce taux, certains experts dans le domaine sont sceptiques sur la viabilité financière de cette institution. Pour d’autres, une telle banque n’était pas nécessaire, en tout cas pas dans cette forme. Il fallait passer par des structures existantes déjà expérimentées. Des moyens gaspillés, regrettent des analystes financiers. © Droits réservés

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romesse tenue. Les activités de la Banque d’Investissement des Jeunes(BIJE) ont été lancées officiellement, mercredi 15 mars 2020 à Gitega, la capitale politique. La dite banque a été promise dans la retraite gouvernementale 2017, au palais présidentiel de Gitega. Le chef de l’exécutif, Pierre Nkurunziza, l’argentier de la République, Domitien Ndihokubwayo, et Evelyne Butoyi, ministre de la Jeunesse, étaient à ce rendez-vous. Les cérémonies se sont déroulées au siège social de la BIJE érigé au quartier Musinzira dans la ville de Gitega. Dans son discours, la ministre de la Jeunesse, Evelyne Butoyi a précisé que l’objectif principal cette banque sera de réduire le chômage des jeunes. Ladite banque aidera ces jeunes

Pierre Nkurunziza : « La Banque d’Investissement des Jeunes offrira des crédits à un taux d’intérêt de 7%.»

chômeurs de créer l’emploi. « BIJE soutient des projets de développement économique initiés par les jeunes organisés en associations, en coopératives ou en entreprises de droit burundais. »

Dans son allocution, le président de la République Pierre Nkurunziza a fait savoir que l’idée de cette banque est née dans un forum des jeunes, édition 2016. La même année, lors

d’une retraite gouvernementale, il a été décidé d’exécuter le projet proposé par les jeunes. Selon le numéro un burundais, les banques commerciales exploitent leurs clients en imposant des

intérêts exorbitants. « La Banque d’Investissement des Jeunes offrira des crédits à un taux d’intérêt de 7% », a déclaré le président. Actuellement, le taux d’intérêt créditeur pratiqué par les autres banques commerciales varie entre 12 et 20% Pierre Nkurunziza a promis que deux nouvelles banques verront le jour bientôt. La première sera la banque pour les femmes et la seconde sera la banque pour l’agriculture et l’élevage. Cette banque naissante commence ses activités avec un capital social de 10 milliards BIF. La participation de l’Etat s’élève à hauteur de 15% et celle des communes à 85%. Chaque commune contribue 71 millions BIF. Pierre Claver Banyankiye

Les banquiers s’interrogent © Droits réservés

Pour certains spécialistes du domaine, cette banque naissante débute avec un petit capital alors que la demande est grande. « Selon les projections de l’ISTEEBU de 2008, actuellement, la population jeune est estimée entre 15 et 35 ans, soit à plus de 4,2 millions de personnes », indique l’un des spécialistes de l’une des banques commerciales sous couvert d’anonymat. Cette somme ne peut pas financer plus de 100 projets. D’après notre source, ces 10 milliards BIF serviront également à payer le personnel, l’achat des matériels notamment, les véhicules, les machines et à louer les bâtiments qui abriteront les agences. D’après ce banquier expérimenté, cette banque aura affaire à des clients demandant des prêts sans garantie. Normalement, tout emprunt nécessite une garantie suffisante notamment une hypothèque ou une société de cautionnement. Mais les jeunes bénéficieront des prêts sans donner aucune garantie en retour. Garantie qu’ils n’ont pas par ailleurs. Ce qui pourrait inciter des jeunes à contracter des crédits sachant qu’ils ne perdront rien même si les projets initiés ne réussissent pas. Ce banquier estime que même si les bénéficiaires des prêts seront regroupés en coopérative pour avoir l’accès aux prêts, cela ne suffit pas. En cas de défaut de remboursement d’emprunt, la banque ne pourra réduire la perte sur les prêts par la réalisation de garantie. Pour faire face à cette situation, la banque doit prévoir plus de fonds propres, ce qui réduit sa capacité à fournir de nouveaux prêts. Et Le risque des créances douteuses est très élevé. Ce qui réduira la rentabilité et posera des problèmes de survie à cette banque et ceci pourrait entamer la confiance des partenaires financiers. Cette banque jeune risque aussi de rencontrer des difficultés pour fonctionner dans un système financier où les prêts non performants sont nombreux, à savoir des prêts qui subissent des difficultés à se rembourser au niveau des intérêts ou au niveau du capital principal avec un retard dépassant un trimestre. « De mars à juin 2019, les prêts non performants ont augmenté ont augmenté de 12,9% s’établissant à 9,3%.», d’après le rapport du second trimestre 2019, produit du comité de la politique monétaire de la BRB. Autre questionnement : le taux d’intérêt créditeur de 7% ne serait pas raisonnable. « Au Burundi, même les banques commerciales les plus anciennes ne peuvent pas accorder un prêt à ce prix.», s’étonne un autre banquier interrogé par Iwacu. Ce dernier fait savoir que le capital social ne suffit pas pour accorder des prêts aux jeunes aussi nombreux. Il faut également

Siège social de la Banque d’investissement des jeunes sis à Gitega.

utiliser les dépôts à terme de ses clients. Pour le moment, les dépôts à terme sont rémunérés au taux moyen de 5%. Cela signifie que cette banque aura une marge bénéficiaire de 2 %. C’est-à-dire que les fonds déposants sont rémunérés à 5% et des prêts sont accordés à ses clients à 7%. D’après lui, d’autres banques commerciales avec une marge bénéficiaire variant de 5 à 7 % peinent à couvrir tous les risques. « Quelle sera la magie de la BIJE ? Wait and see », s’interroge-t-il D’après cet expert, la marge de 2 % ne suffit pas pour couvrir les activités bancaires et les prêts non performants. « Il faut que l’Etat subventionne cette banque commerciale. Sinon, la banque risque de fermer rapidement. »

Des voies non explorées

Ce banquier souligne qu’Etat n’avait pas besoin de créer une banque des jeunes pour les jeunes. Car, les objectifs risquent de n’être pas atteints. D’abord, avec un taux d’intérêt créditeur de 7% et l’octroi de prêts sans garantie, la banque ne pourrait pas financer ses activités et couvrir les

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pertes causées par les clients défaillants. Pour lui, il existe d’autres voies à explorer. Par exemple, l’Etat pouvait confier la gestion de l’enveloppe de 10 milliards à l’une des banques commerciales expérimentée à un taux d’intérêt débiteur de 2 %. Ainsi, cette dernière accorderait des crédits à des jeunes remplissant les conditions exigées par l’Etat à un taux de 7%. De ce fait, l’Etat aurait évité de décaisser des frais supplémentaires liés à la création de cette banque, la logistique et l’implantation des succursales, etc. Cet économiste indique que la création de la banque des femmes et la banque agricole n’est pas nécessaire. Il faudrait plutôt créer un fonds de développement des femmes et celui d’investissement au profit du secteur agricole. La gestion de ces fonds pourrait être confiée à la BNDE. Cette institution publique est expérimentée dans la gestion des portefeuilles de crédits importants et diversifiés. La gestion de ces fonds pourrait aussi être confiée à une banque commerciale locale expérimentée. Bref, les banquiers restent dubitatifs...

P.C.B.


SÉCURITÉ

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Intolérance politique

Evolution ascendante à la veille de la campagne électorale A l’approche de la campagne électorale, il s’observe des affrontements de plus en plus fréquents entre les jeunes des partis politiques. L’opposition dénonce des arrestations et le harcèlement de leurs militants dans plusieurs provinces du pays. Les Imbonerakure et l’administration sont pointés du doigt. Ce que démentent ces derniers.

D

ans la soirée de mercredi 22 avril, des échauffourées ont éclaté sur la colline Burarana, zone Bukuba de la commune Vumbi de la province Kirundo. «On rentrait tranquillement d’une réunion de préparation de la campagne électorale quand nous sommes tombés dans une embuscade des Imbonerakure des collines Burarana et Matyazo. Et pourtant, on avait essayé de leur fausser compagnie car on était au courant de leurs mauvaises intentions. Malheureusement, nous sommes tombés sur eux», raconte un Inyankamugayo blessé dans l’attaque. Selon les habitants, ces Imbonerakure avaient des gourdins. On signale plusieurs blessés dans le camp des Cnl, dont Étienne Nsabimana, Ismaili Macumi, Amédée Nsekerabandya, Astère Butoyi, Mpawenayo, Vyagowe, Karenzo, etc. « On ne sait pas si Étienne Nsabimana va survivre. Aux environs de 21h30 min, on l’a trouvé gisant dans le sang dans une plantation d’eucalyptus. Il avait perdu connaissance». Les Imbonerakure accusés d’avoir perpétré cette attaque sont : Emmanuel Mpabonye, Kengu Miburo, Jean Paul Havyarimana, Vénant Ndayishimiye, Syvestre, Ruvuri, Egide, Kadafi, Joseph, Maneko, Shakiye, Gifobogo, Muhamedi, Ntambara, Ndururutse, Higereje, Gasuku, Safari, etc. «C’est leur modus operandi, depuis quelques semaines». Iwacu a essayé de joindre le chef des Imbonerakure sur la colline Burarana, mais son téléphone était éteint. Le chef de colline Burarana confirme cet incident. «Des blessés, il y en a beaucoup. Hier, la situation était inquiétante. Je ne peux rien dire de plus. Demandez à l’administrateur communal, il est venu avec la police après l’incident». Contacté, ce dernier nous a promis de

Les personnes blessées lors des affrontements de Burarana.

s’exprimer ultérieurement, car il était dans une réunion.

Pas un cas isolé Des échauffourées entre les Imbonerakure et les Inyankamugayo ont aussi éclatées, dimanche 19 avril, sur la colline Gatwe de la commune Ntega en province Kirundo. On déplore des blessés des deux côtés. «Ce dimanche, les militants du Cndd-Fdd avaient une réunion sur la route Kirundo-Ntega. Les Inyankamugayo du CNL sont passés par là en provenance du cheflieu de la commune Ntega. Comme ils ne pouvaient s’asseoir dans un même endroit, les militants du CNL sont allés partager un verre sur la colline Rwimbogo», indique un habitant de la colline Gatwe. D’après les témoins, la bagarre a commencé à leur retour sur

la colline Gatwe. «Nous sommes tombés dans une embuscade d’un groupe d’Imbonerakure conduit par Rwasa Emmanuel, chef de zone Rushubije et Innocent Manirakiza, ancien directeur du Lycée communal Kibago. Ils avaient amassé des cailloux tout le long de la route et ils ont commencé à nous les lancer», témoignent des Inyankamugayo. «On a été obligé de se défendre. Deux militants du Cnl, Samuel Sayumwe et JeanMarie Ndayisaba ont été grièvement blessés ainsi que le chef de zone Rushubije». Dans la foulée, des arrestations sont opérées dans les rangs du Cnl. «Des rafles ont eu lieu sur les collines Gatwe, Rwimbogo, Nyakibingo, Kanabugiri et Rushubije. 18 Inyankamugayo ont été arretés. 21 autres se sont réfugiés au bureau du gouverneur de la province Kirundo».

Selon les témoignages, ces militants du Cnl ont été relâchés dans la soirée de lundi après une réunion organisée par le gouverneur de la province Kirundo, Alain Tribert Mutabazi. Les Inyankamugayo accusent l’administration de Ntega d’être complice des exactions commises par des Imbonerakure. L’administrateur de la commune Ntega, Philippe Ngabonziza, balaie d’un revers de la main ces accusations. «En cas de problème, chacun tire la couverture vers soi». Selon lui, ce sont des Inyankamugayo en provenance de la colline Rwimbogo qui ont agressé les Bagumyabanga qui étaient en train de danser. «Le chef de zone est intervenu pour arrêter la bagarre, mais il a été battu par les militants du Cnl». Selon lui, l’administration travaille en harmonie avec tous les partis politiques. «Nous temporisons la situation à chaque fois qu’il y a ce genre d’incidents».

Plus de 10 assassinats des membres du Cnl

Philippe Ngabonziza : «L’administration travaille en harmonie avec tous les partis politiques.»

«S’agissant des cas d’assassinats et de disparitions forcées, le Cnl en dénombre plus d’une dizaine de tués et plus de dix enlèvements et disparitions forcées», martèle Térence Manirambona, porte-parole du Cnl, lors de la conférence de presse de jeudi 23 avril. Le Cnl déplore également des attaques ciblées contre ses militants, soit dans les ménages, soit en allant ou en revenant des activités du parti. «Des destructions méchantes des biens et des maisons des CNL sont devenues monnaie courante». D’après M. Manirambona, le Cnl dénombre plus de 200 militants du parti qui sont en prison «sur fond de montages ou de complots montés de toutes pièces». Et d’ajouter que plus d’une centaine

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de permanences du Cnl ont été vandalisées. « Malheureusement, certains responsables administratifs trempent ou jouent la complicité dans cette sale besogne». Le Cnl demande la libération de tous ses militants et de sanctionner conformément à la loi les commanditaires des exactions à leur encontre. Et au parti CnddFdd d’obliger leurs militants de se soumettre aux lois et règlements du pays. Le Cnl demande à ses militants de poursuivre le combat politique et de braver la peur.

Des membres du Sahwanya-Frodebu emprisonnés Ferdinand Nibigira, responsable du parti Sahwanya-Frodebu en commune Muhuta de la province Rumonge, et le représentant de cette même formation politique sont derrière les barreaux, depuis plus d’une semaine. «Dans un premier temps, ils ont été accusés de faire une réunion à des heures avancées. Par après, on a affirmé qu’ils étaient en train de faire la propagande avant la campagne électorale», indique Phenias Nigaba, porte-parole de ce parti. D’après lui, c’est le président de la Commission électorale communale indépendante (Ceci) qui a ordonné cette arrestation. Le parti Sahwanya-Frodebu dénonce le harcèlement de ses membres. «Notre représentant est un grand mobilisateur. Il avait fait adhérer beaucoup de nouveaux membres. Cela n’a pas plu au parti au pouvoir». Pour le moment, les deux hommes ont été transférés au chef-lieu de la province Rumonge. Interrogé, l’administrateur de la commune Muhuta s’est refusé à tout commentaire : «Demandez au procureur de la République. C’est lui qui a le dossier.» Fabrice Manirakiza


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SOCIÉTÉ

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Du passé composé au futur simple

Inamujandi & Runyota : révolutionnaires ou rebelles ? En 1925, les Belges vont initier une réforme administrative. Ce qui conduit à la destruction des fondements sociaux, politiques et culturels de la société burundaise. Les identités Hutu, Tutsi et Twa deviennent biologiques. D’où des révoltes dans certains coins du pays. Cas d’Inamujandi et Runyota.

I

nvités à débattre sur les révoltés d’Inamujandi et Runyota, les jeunes de Kayanza apprécient les actions de ces deux personnages historiques. « Inamujandi était une femme courageuse, une devine de Ndora. Elle a mobilisé la population de Kayanza et Cibitoke pour résister contre les Belges », lance Yvette Nzeyimana. Et Runyota était très attaché au culte de Kubandwa. De son côté, Vincent Nzobonimpa signale que Runyota était aussi appelé Kanyarufunzo et opérait dans le centre du pays. Aux yeux des Belges, les deux étaient vus comme des rebelles. Or, commente-t-il, leur but était de résister contre les colonisateurs et leurs alliés. « En effet, les colonisateurs en collaboration avec les missionnaires avaient combattu le culte de Kubandwa, fragilisé le pouvoir monar-

Vue partielle des participants au débat de Kayanza.

chique, etc », explique Claver Hakizimana, un autre jeune de Kayanza. Pour sa part, Léonard Kabwebwe trouve que les deux Inamujandi & Runyota - étaient charismatiques, des révolutionnaires. « Ils ne toléraient pas les abus du pouvoir colonial et de leurs proches ». Pour mener leur lutte, ils vont appeler les Burundais à ne pas payer l’impôt, à boycotter les produits européens, la monnaie belge, à se rebeller contre les chefs alliés des colonisateurs, etc.

Une réforme discriminatoire Selon une recherche de l’Institut de Recherche Scientifique pour le Développement(IRSD), la réforme administrative de 1925 va entraîner des changements importants dans la vie du pays. La géographie politique se métamorphose. Ici, elle cite la disparition des domaines royaux, d’Abishikira, des Banyamabanga et la redéfinition du rôle du chef et du sous-chef sur de nouvelles bases. Elle évoque aussi la naissance de nouveaux agents

administratifs inconnus avant la colonisation. Avec cette réforme, poursuit-elle, un chef ne dirige plus deux terres situées dans des territoires différents, les chefferies ont désormais des limites naturelles, le nombre des chefferies est réduit, des chefs et souschefs sont destitués tandis que d’autres vont démissionner pour éviter l’humiliation. L’IRSD parle aussi de la promotion des chefs et des sous-chefs dévoués à la cause coloniale et des missionnaires. Les chefferies passent de 131 en 1929 à 46 en 1933,

puis de 44 en 1937 à 35 en 1945. Soit le départ d’environ un chef sur quatre. Une réforme dont les effets vont être multiples, selon cette étude. L’IRSD cite la limitation du pouvoir royal, l’augmentation du pouvoir des grands Baganwa, la promotion politique par ordre décroissant, les Baganwa Bezi et Batare et des Batutsi en défaveurs des Bahutu, la suppression de leur institution politico-religieuse, l’émergence des chefs tyrans, etc. Rénovat Ndabashinze

Éclairage Selon l’historien Emile Mworoha, Inamujandi était une sorcière aux yeux des colonisateurs. Une rebelle. Or, sa révolte était légitime et fondée. Originaire de Gitega, le chef Pierre Baranyanka, un ‘’fidèle’’ à l’administration coloniale, est à la tête de la région de Nkiko-Mugamba. Ce qui est intolérable pour Inamujandi. Car Baranyanka est venu avec ses hommes : des Tutsi et des Batware. Tous les anciens chefs, des Hutu, sont destitués. Cette femme a sa capitale Munanira, vers Rwegura. NkikoMugamba ayant été le domaine de Kilima, le fils naturel de Ntare Rugamba, la population le considérait comme un véritable roi. L’historien Mworoha dit ne pas connaître exactement les origines d’Inamujandi. Frustrée par la destruction des piliers de la monarchie comme la religion traditionnelle (le culte de Kubandwa), elle va galvaniser la population, depuis Ndora, pour résister. « Elle disait qu’il y aura un autre roi pour développer le pays et se défaire du joug colonial.» Quatre maisons de prière seront brûlées aux succursales catholiques de Gatara et Musigati. Baranyanka fait alors appel à l’armée belge pour la déloger. Des soldats (majoritairement des Congolais) vont opérer en deux groupes : le premier va entrer par Musigati et l’autre par Kayanza à Kwirabiro. « Leur but étant d’encercler Inamujandi et ses hommes retranchés à

Historien Emile Mworoha

Ndora». Face aux balles des soldats, Inamujandi disait à ses hommes : « N’amazi masa. Ni ifu y’ibiyoba.» Une façon de leur dire que ces balles ne sont pas réelles. Mais deux de ses combattants vont être tués. Le reste de ses troupes va alors réaliser que ce sont de vraies balles. Certains vont se rendre. Plus de 30 seront capturés, jugés et emprisonnés à Gitega et à Ngozi. Inamujandi sera attrapée en 1934 et conduite à la prison de Ruyigi. C’est là qu’elle finira sa vie.

Et Runyota ?

De son vrai nom Ntirwihisha, il est né à Gitega, proche de Karusi. A la mort du chef Ntarugera, ses fils vont maltraiter

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la population en commettant beaucoup de bavures. L’impôt de 5 BIF va passer à 10 BIF. Ntirwihisha prend alors le surnom de Runyota (devin de Ntare Rugamba). Il va prêcher le boycott des produits des Blancs, le refus de payer l’impôt, etc. Avec la réforme de 1925, les princes déchus vont adhérer à l’idée de Runyota. Ce résistant va chasser le Muganwa Nduwumwe jusqu’à Gitega. L’administrateur territorial de Gitega va mobiliser 100 soldats. Les administrateurs de Ruyigi et Muyinga vont se rallier à sa cause. Ils attaquent Runyota et ses hommes. Certains princes vont demander pardon, d’autres donnent des vaches comme amende ou seront emprisonnés. Vaincu, Runyota va se réfugier à Bushubi (colonie anglaise) chez le roi Nkundabagore. Il est capturé et reconduit à Gitega. Il sera condamné à la peine capitale. Son corps a été brulé vif et ses cendres jetés dans la Ruvubu. Malgré leur défaite, l’historien Emile Mworoha trouve qu’Inamujandi et Runyota étaient des leaders, des révolutionnaires. Les deux étaient tous du clan Abajiji.

R.N.


AU COIN DU FEU

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Avec

Joséphine Jones Nkunzimana Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Joséphine Jones Nkunzimana.

V

otre qualité principale ? Je suis généreuse.

chantaient. Etant dans la maison, avec la lumière éteinte, on suivait ce qui se passait à travers la fenêtre. J’avais 11 ans, mais je n’avais aucune idée de ce que c›était exactement.

Votre défaut principal ? Je suis parfois naïve. Mais rassurez-vous, je compte m’en défaire.

Votre définition de l’indépendance ? Il faudra qu’elle soit matérielle et intellectuelle pour rompre avec la soumission et ainsi ne rendre compte à personne, sauf au peuple.

La qualité que vous préférez chez les autres ? L’honnêteté. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Le mensonge.

Votre définition de la démocratie ? Un Etat qui respecte les principes d’un Etat de droit, d’équilibre et de justice, donc qui respecte la Constitution, l’opposition, les minorités, et les pouvoirs en place... Mais est-ce qu’elle peut exister réellement? Il faut y travailler. Le chemin est encore long globalement en Afrique.

La femme que vous admirez le plus ? Ma mère. Depuis que mon père n’est plus. Je l’admire de plus en plus. Je me rends compte que c’est elle le pilier de la famille. Et je n’ose pas penser à ma vie sans elle! L’homme que vous admirez le plus ? Mon père. Parti de chez lui à ses 16 ans, il est devenu un selfmade-man qui a fait parler de son bar, de ses fameux verres propres et brochettes. Votre plus beau souvenir ? Le jour de la présentation de mon mémoire de fin d’études universitaires, je suis allée voir mon père malade dans sa chambre pour qu’il me donne sa bénédiction. De retour de la soutenance, il m’a dit : « Continue avec les études, mais n’oublie pas de transmettre tout ce que tu sais aux autres! » Je voyais dans ses yeux qu’il était fier de moi! Et il n’a jamais arrêté de me rappeler d’apprendre à l’Université. A chaque fois que je me rappelle cet instant, je pleure. C’était si intense! Votre plus triste souvenir ? 2014. Mon père est décédé le 13 août 2014, le jour de son anniversaire. J’étais à Kampala et je ne l’ai su que le jour suivant. Je n’ai pas pu pleurer parce que, selon moi, il ne pouvait pas mourir. Mon père était immortel! Je n’ai pas versé une larme jusqu’à ce que je le voie dans le cercueil... Triste!

Votre définition de la justice ? Rendre à César ce qui est à César et que tous soient égaux devant la loi.

Quel serait votre plus grand malheur ? Mourir sans avoir des enfants.

parce que nous étions sur le bon chemin de la démocratie.

Le métier que vous Le plus haut auriez aimé faire ? « Ils ne sont pas fait de l’histoire Enseignante. assez préparés. burundaise ? Notre indépen- Ils se rencontrent Votre passe-temps dance. Même si préféré ? aujourd’hui, Dormir. aujourd’hui le demain ils se colon a été remmarient. » placé par nos Votre lieu préféré au Burundi ? propres frères. Bugarama sans hésitation. Hélas, c’est la colonisation du Burundais par le Burundais qui continue. Le pays où vous aimeriez vivre ? Burundi, mais à certaines condiLa plus belle date de l’histoire tions. burundaise ? L’Accord d’Arusha signé le 28 Le voyage que vous aimeriez août 2000. Les groupes armés faire ? regagnaient le bercail bien qu’ils La Chine. Chaque fois que j’ai n’avaient jamais occupé un voulu y aller, il y avait toujours petit quartier de la ville. quelque chose qui m’en empêchait. La plus terrible ? L’assassinat du président Ndadaye. Le début d’une tragédie

Votre rêve de bonheur ? J’ai rêvé d’avoir une maison, et des enfants à 30 ans pour me sen-

Avez-vous une devise ? Servir d’abord! Normal, je suis une PHF! (Paul Harris Fellow . Ce membre du Rotary Club International est devenu illustre grâce à son sens de servir autrui, NDLR).

La femme burundaise, la trouvez-vous suffisamment représentée dans les instances de prise de décision ? Pas du tout, on parle du fameux quota de 30% de représentativité des femmes dans les institutions alors que nous représentons plus de la moitié de la population burundaise. Même celles qui peuvent prendre des décisions, je ne sens pas leur impact. Par exemple, jusqu’aujourd’hui, aucune décision claire sur le droit de succession de la fille burundaise. Est-ce parce qu’au Parlement, il n’y a pas assez de femmes pour présenter cette loi? Nous avons besoin de sentir davantage la présence de nos représentantes dans les instances de prise de décision.

Votre souvenir du 1er juin 1993 (le jour où le président Ndadaye a été élu) ? Tard dans la soirée, une foule était en train de courir dans la rue pour exprimer leur joie. Ils

Selon vous, la dot, faut-il la supprimer ? Jamais! Enfin pas encore... Faudra attendre que la mienne soit versée d’abord (rires)! En plus, je serai chère! Alors...

tir accomplie. J’attends pour mes 40 ans! Sinon, je vis à 200 km à l’heure, tout le temps! Donc, c’est du bonheur! Votre plat préféré ? Le pilao accompagné du sombé. Miam miam ! Votre chanson préférée ? Je n’en ai aucune! Quelle radio écoutez-vous ? Aucune! Et ça fait des années.

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AU COIN DU FEU

De plus en plus de divorces chez les jeunes couples citadins, selon vous, qu’elle en est la cause ? Ils ne sont pas assez préparés. Ils se rencontrent aujourd’hui, demain ils se marient. Dans la plupart des cas, ils n’acceptent pas de compromis. Jeunes, ils n’ont pas encore compris le sens de la responsabilité. En plus de cela, chacun vient avec son rêve du mariage, vu à la télé ou lu dans les livres... Sur le terrain, c’est autre chose. C’est un des engagements les plus sérieux! Pas de blague! D’ailleurs, je suis une partisane de la cohabitation avant le mariage. Pour vivre la vie réelle du couple. C’est trop moderne, mais si c’est pour sauver les couples, pourquoi pas?

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Un mari idéal, comment doit-il être ? Responsable, aimant, attentionné, avec des valeurs morales, humaines et sociales qu’il peut transmettre pour mieux éduquer et aimer ses enfants. Si vous étiez ministre de la Communication, quelles seraient vos deux premières mesures ? - Rouvrir et permettre à tous les médias de travailler librement. - Libérer tous les journalistes emprisonnés. Si vous étiez ministre de la Jeunesse et de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ? - Mettre en place des plateformes permettant l’épanouissement de la jeunesse au niveau intellectuel, technique et matériel.

- Développer le potentiel de l’industrie culturelle à travers le développement des facultés créatrices humaines. Croyez-vous à la bonté humaine ? Oui! Même si je pense que souvent l’humain change, selon son environnement. Pensez-vous à la mort ? Ah oui, souvent! Ça me fait tellement peur que quand j’ai juste des maux de tête, je me fais soigner tout de suite. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Je lui ferai un grand « yambi » et lui dirai merci, mon Dieu. J’attendais de te rencontrer! On partage une bière? Propos recueillis par

Bio express

B

logueuse à ses heures perdues, Jones se définit comme une femme indépendante. Ancienne journaliste et responsable en charge de la communication et des relations publiques dans quelques ONG locales, elle est née le 12 décembre 1982. En 2016, elle a créé Powerful and Perfect Women(PPW), un groupe WhatsApp pour filles « pour apprendre aux jeunes filles à prendre en main leur vie ». La même année, sa liberté de penser, de dénoncer tout haut les injustices de ses compatriotes l’a poussé à l’exil. Titulaire d’une licence en communication pour le développement à l’Université Lumière de Bujumbura, elle rêve d’enseigner la Communication et les Relations Publiques quand elle rentrera au bercail.

Hervé Mugisha

SANTÉ

Covid-19 : la gestion des cas contact, un casse-tête Avec quatre patients guéris et cinq cas positifs, en train d’être soignés, le Burundi semble maîtriser la situation. Si l’on tient compte de la prise en charge des cas contact, c’est un leurre, déplore un épidémiologiste.

Les dépistages réguliers des cas contact sont recommandés

E

n partant du postulat selon lequel le ratio de reproduction vaut environ deux, c’est-à-dire qu’une personne infectée en infectera deux autres, le Burundi passe pour un bon élève. En témoigne la dernière mise au point du ministre de la Santé. Sur les 198 personnescontacts testées, seules cinq ont été testées positives au Covid-

19. « Au regard des conditions de vie de certaines gens, parfois peu propices à la distanciation physique, ce sont des affirmations à prendre avec des pincettes », fait savoir un épidémiologiste. Quand bien même, explique-til, ces personnes contact seraient bien portantes, ces chiffres varieraient autrement. Il observe que sur plus d’une vingtaine

du personnel de l’hôpital Kira ayant admis le patient positif au covid-19, finalement « décédé des suites d’autres pathologies », peu restent en quarantaine. Selon des témoignages concordants, hormis leur poste d’attache, ils continueraient de vaquer à leurs occupations quotidiennes, participant même à des fêtes. « En plus de la virulence

de contagion, un grand risque quand nous savons que la période d’incubation peut parfois dépasser 14 jours ». Pour cet expert, c’est une preuve qu’il persiste un laxisme sans nom à tous les niveaux. De quoi encore s’inquiéter avec les récents cas positifs qui ne cessent d’être dépistés à l’imprimerie PACOBU. Face à cette situation, notre source

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estime que, au risque d’être pris au dépourvu, le ministère devrait élargir son champ d’action. « Pousser loin ses investigations pour ainsi éviter, dans la mesure du possible, que les ménages de ces cas contact soient les foyers de la maladie ». Hervé Mugisha


ENVIRONNEMENT

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Les ponts Gikoma, Murago et Muzazi en piteux état Ces ponts se trouvant sur la RN9 BujumburaBubanza sont sur le point de s’écrouler, suite aux fortes pluies. Les usagers de cette route lancent un cri d’alarme.

I

l est 14h. Sous un soleil de plomb, nous sommes sur la RN9, au pont Gikoma, une rivière séparant la ville de Bujumbura et la province de Bujumbura. Des piétons, cyclistes, véhicules de toutes sortes se croisent sur ce pont. De part et d’autre, les murs de soutènement continuent à se fissurer. Les gabions ont été emportés par les eaux. Les berges continuent de s’élargir suite à la forte pression des eaux de pluie. Les infrastructures environnantes sont menacées. Les propriétaires dorment la peur au ventre. Les usagers de cette route sont préoccupés et ne cachent pas leurs inquiétudes. Ils assistent impuissamment à cette situation. « Le pont risque de s’effondrer. Si rien n’est fait dans l’immédiat, l’irréparable pointe à l’horizon», alerte Jean Nsavyimana, un taxivélo rencontré à cet endroit. Il lance un appel aux services habilités pour qu’ils réhabilitent cette infrastructure. « Au cas contraire, les échanges commerciaux entre la ville de Bujumbura et les centres de négoce de la province de Bubanza seront arrêtés ». Même alerte du côté des propriétaires des maisons environnantes qui demandent au gouvernement d’intervenir dans les plus brefs délais. Anatole Sindimwo, est en train de cultiver près du pont. Il craint pour ses cultures : « Les rives s’écroulent. Les alluvions sédimentaires obstruent le passage des eaux. Même les canaux d’irrigation sont bouchés.»

Le pont Murago n’est pas en reste A 2 km de la rivière Gikoma, se trouve la rivière Murago qui traverse les plantations de palmerais. L’état piteux du pont fait froid au dos. Les berges cèdent. Des glissements de terrain s’observent. Les ravins se créent. Les alluvions sédimentaires et les tiges des palmiers à huile qui jonchent la rivière sont à l’origine des crues. Ces dernières fragilisent le pont. Il est au bord de l’effondrement. Deux véhicules ne peuvent plus s'y croiser. La population environnante lance un cri d’alarme. « En cas de fortes pluies, les rives se fragilisent et s’élargissent », se désole Emmanuel Bigirimana de la colline Muyange, extracteur du moellon et du gravier dans la rivière Murago.

Pont Gikoma menacé d’écroulement.

Par ailleurs, fait-il remarquer, bord du gouffre car le pont est au les camions-bennes trans- bord de l’écroulement. Le business portant des matériaux de con- va s’arrêter ». struction risquent d’enfoncer Situation alarmante sur le le clou. Il estime que ce pont pont Muzazi devrait être réhabilité d’urgence. Il assure que les conséquences Situé à plus ou moins 12 km de seront nombreuses si le pont Bujumbura, sur la RN9, le pont vient à s’écrouler : « Si le pont relie la province Bujumbura à s’effondre, la circulation des biens celle de Bubanza. L’état de ce et des personnes sera perturbée. » pont est inquiétant. Sur toutes Peur panique également du les rives de la rivière Muzazi, les côté des transporteurs. Claude gabions se sont déjà écroulés. est chauffeur d’un D’autres emportés « Le lit de la minibus. Il craint par les eaux. Le lit pour lui et les pas- rivière s’élargit de la rivière s’élargit sagers. Il affirme du jour au lenddu jour au traverser le pont emain. Les murs lendemain. » de soutènement péniblement. « J’ai des frissons quand je présentent des fispasse sur ce pont. Il est au bord de sures et s’affaissent. Le pont est l’écroulement.» sur le point de céder. B. N. fait le petit commerce près « Les crues de la rivière fragilisent de ce pont. Selon elle, les berges les murs du pont et les berges », ont commencé à s’écrouler en nous confie James, un fournisjanvier, en amont du pont. Elle seur des matériaux de construcdénonce l’inaction des services tion, croisé sur ce pont. Il craint concernés. « Nous sommes au que le pont risque de s’écrouler,

ce qui entraînera de lourdes conséquences. « Si le pont cède, les échanges commerciaux entre la ville de Bujumbura, les provinces Bujumbura et Bubanza s’arrêteront ». Il précise que la RN9 est la seule voie que les commerçants empruntent pour s’approvisionner aux marchés de Bubanza. Et d’ajouter que les commerçants seront obligés de contourner en empruntant la voie de la commune Gihanga. Et comme corollaire, fait-il savoir, les commerçants vont revoir à la hausse les prix des marchandises. Les infrastructures ne sont pas épargnées. L’école fondamentale de Muyange est menacée par les crues de cette rivière. L’école est construite à proximité de la rivière, à quelques 10 m du pont. Elle est constamment inondée. Alexis Ndayishimiye, directeur de l’Ecofo Muyange, ne cache pas sa peur : « Nous avons des inquiétudes, vu la distance qui sépare cette école et la rivière. Au cours de

Un des bâtiments de l’Ecofo Muyange qui est menacé par les crues de la rivière Muzazi.

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cette année, la rivière a débordé et envahi l’école. Elle a endommagé les manuels scolaires. Maintenant, je suis à la recherche de nouveaux manuels scolaires.» Selon lui, les alluvions sédimentaires s’agglutinent et bouchent le pont. Les gabions ont été emportés et les berges se fragilisent. L’école est sous menace. Et d’alerter : «Nous demandons aux services habilités d’intervenir dans l’immédiat pour sauver ce qui reste à sauver. Sinon, l’établissement risque de fermer ses portes pour ne pas exposer les élèves.»

Les extracteurs des matériaux de construction sont pointés du doigt Selon un des fournisseurs du moellon et du gravier, les extracteurs sont à l’origine de certains dégâts. « Il est convenu qu’ils doivent exploiter l’espace se trouvant à 100 m de part et d’autre du pont. Ils violent souvent les consignes ». Ainsi, le lit des rivières s’agrandit et les ponts et les berges sont menacés. Même constat chez les riverains. Ils dénoncent l’extraction anarchique des matériaux de construction, comme le moellon, le sable et le gravier. « Ils le font en dehors de toute norme. Le lit est souvent dévié, ce qui fragilise les rives », se lamente Jean Ndimubandi, un habitant de la colline Muyange, commune Mutimbuzi. Du côté de l’Office des routes, un de ces cadres affirme que son service a déjà effectué une descente sur ces ponts pour faire le constat. Mais il ne précise pas quand les travaux de réhabilitation vont commencer. Félix Haburiyakira


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ENVIRONNEMENT

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Mutimbuzi

Plus de 27 mille déplacés en détresse Suite au débordement de la rivière Rusizi, cinq quartiers de la zone Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura sont inondés. 27.972 personnes se retrouvent sans-abris, dont 22 122 enfants. Le gouvernement appelle à la solidarité nationale.

G

Vue partielle des inondations de Gatumba.

Ce qui préoccupe les autorités burundaises et les humanitaires. D’après une évaluation des dégâts faite conjointement, ce 20 avril, par la police de la Protection Civile, la Croix-Rouge du Burundi (CRB) et OCHA, avec ces crues de la Rusizi, les latrines ont débordé, contaminant les zones inondées et les sources d’eau potable. Et de déplorer que les enfants jouent dans ces eaux, les gens défèquent à l’air libre. Ce qui fait craindre de nouvelles pathologies, dont des démangeaisons cutanées observables sur les personnes qui traversent les zones inondées sans aucune protection. Selon ce bureau onusien, les zones inondées doivent être désinfectées en permanence pour prévenir les risques sanitaires. Pire encore, Isidore signale que depuis lundi, il n’y a pas de repli des précipitations : « On passe des nuits debout sous les arbres pour se protéger contre la pluie. C’est vraiment difficile. » Sidéré, il souligne que ses enfants ne

vont plus à l’école, car tous leurs d’une dizaine d’années erre dans cahiers et uniformes ont été la rue, à moitié nu. Il croise ses emportés par les eaux. Et d’après bras au-dessus de sa tête, la mine OCHA, quatre écoles très triste. Il confie fondamentales ont avoir perdu tous « Nous été complètement ses vêtements. Et avons besoin inondées, empêchant tout son matériel plus de 1 500 élèves prioritairement scolaire. Il vient de retourner à l’école des tentes pour de passer envipour le 3e trimestre 24heures sans pouvoir abriter ron de l’année scolaire en rien mettre sous nos enfants . » la dent. Plusieurs cours. « Les enfants vivant dans les six autres enfants quartiers touchés ont perdu tout rencontrés sur cette route vivent leur matériel scolaire, ce qui rend la même misère. Il faut noter difficile la reprise des cours». que la plupart de ces familles ne vivaient que de l’agriculture. Un appel Tous les champs ont été détruau secours its. D’après OCHA, plus de 400 « Nous avons besoin prioritaire- hectares de cultures qui étaient ment des tentes pour pouvoir presque prêtes à être récoltées abriter nos enfants », lance Con- ont été inondés. Ce qui donne du stance, une mère croisée près du fil à retordre à ces familles pour pont Gatumba. Sous le choc, elle trouver quoi manger. dit n’avoir rien pu sauver dans Et Gabriel, un autre déplacé de sa maison. Elle demande aussi ces inondations, de plaider pour une assistance en vivres et en une installation dans un autre eau potable. Là, les enfants souf- site sécurisé : « Avec ces fortes frent énormément. Un garçon pluies, sans doute que les eaux

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atumba, c’est la désolation. A l’entrée de cette zone frontalière avec la RDC, sur le pont de la Rusizi, la situation est catastrophique. Les eaux de la rivière Rusizi ont envahi des maisons, des champs, etc. Beaucoup de maisons inondées, partiellement ou totalement effondrées. Des milliers d’enfants, d’hommes, des femmes dorment à la belle étoile, depuis lundi 20 avril, sur la route Bujumbura-Gatumba. « C’était dans la nuit de dimanche. Les eaux de la rivière Rusizi ont débordé. Nos maisons ont été envahies. C’était le sauve qui peut. Tous nos biens ont été emportés par les eaux. Nous n’avons plus rien », raconte une femme, la quarantaine, encore sous le choc. Elle, ses enfants et beaucoup d’autres déplacés dorment, depuis lundi 20 avril, à la belle-étoile, le long de la route Bujumbura-Gatumba (RN4). Pas de tentes, pas de quoi mettre sous la dent. Ce mercredi, certains déplacés tentent d’installer des abris de fortune au bord de la route. Des mères cuisinent un peu de riz, des patates douces… pour calmer leurs petits-enfants. « Voilà. Ils n’arrêtent de réclamer à manger. Les biscuits et le lait donnés par le ministre de la sécurité publique sont insuffisants. La situation est vraiment insupportable », se lamente une autre déplacée. Déboussolée, elle indique qu’elle se sent humiliée de ne pas pouvoir nourrir ses enfants. Cinq quartiers à savoir Kinyinya 1&2, Muyange 2, et Mushasha 1&2 se retrouvent sous les eaux.

Des risques sanitaires Isidore, une autre victime de ces crues de la Rusizi, dit craindre pour la santé de ces déplacés : « Ici, il n’y a pas de toilettes, pas d’eau potable. Ce qui multiplie les risques des maladies de mains sales telles le choléra, les maladies diarrhéiques, etc.» A cela, il ajoute le paludisme. Car, explique-t-il, ces déplacés n’ont pas de moustiquaires ou où les installer pour se protéger contre les moustiques.

Le ministre Bunyoni remettant une aide aux sinistrés.

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vont envahir d’autres parties de Gatumba. Nous demandons que le gouvernement trouve un endroit sûr pour nous.»

Le gouvernement au chevet des sinistrés Lundi 20 avril, une forte délégation du gouvernement s’est rendue sur les lieux. A sa tête, Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique et de la Gestion des catastrophes, s’est voulu rassurant : « Dans de telles situations, il faut être patient, solidaire. Nous sommes conscients de la gravité de la situation. Et nous sommes venus voir ce qui s’est passé réellement et établir la liste des besoins urgents.» Le ministre Bunyoni a demandé à l’administration locale et aux forces de l’ordre de veiller à la sécurité des déplacés et de leurs biens. En collaboration avec les partenaires, il a promis une aide en vivres. Il a, en outre, appelé à la solidarité nationale : « Comme vous avez aidé d’autres provinces, il faut qu’il y ait une collecte dans toutes les provinces pour vous assister.» Un appel à la solidarité aux sinistrés de Gatumba relayé aussi par le ministre de l’Intérieur dans sa correspondance du 21 avril, adressée à tous les gouverneurs et maire de Bujumbura. Le ministre Bunyoni a demandé aux habitants non affectés d’héberger les sinistrés qui n’ont pas pu trouver des places dans les églises, les écoles. Mardi 21 avril, accompagné par le ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye, le ministre Bunyoni a remis à ces sinistrés une aide alimentaire pour les enfants. Constituée de biscuits et du lait, cette aide a une valeur de 7 millions BIF. Rénovat Ndabashinze Clarisse Shaka


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Région Centre

AU CŒUR DU PAYS

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Gitega

Hausse des prix à la veille du ramadan A quelques jours du début de Ramadan (mois du jeûne pour les musulmans), les musulmans de Gitega restent inquiets pour les prix des denrées alimentaires qui ne cessent de monter. Ils plaident le contrôle des prix par l’administration. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

D

ans les marchés et boutiques, les denrées alimentaires de première nécessité sont remplies sur les étagères et stands. Rien ne manque, du riz jusqu’aux poireaux. Pourtant, les prix continuent à augmenter. Les prix d’autres produits tels que l’huile de coton, l’huile de palme, le sel sont à leur tour repartis à la hausse à des niveaux différents. Même le prix des légumes talonne celui des céréales. Les amarantes, les choux et curieusement du jamais vu à Gitega les feuilles de haricot sont vendues désormais à la pesée. Rares sont les ménages qui s’achètent un régime de bananes. « Qu’allons-nous devenir avec ces prix, je crois que c’est un complot des commerçants pour nous affamer », s’exclame Nusura devant un sac de riz. Selon cette maman, elle n’avait jamais connu

Région Sud

cette hausse brutale de denrées alimentaires. Condamnant cette flambée des prix, un fonctionnaire de la confession musulmane pointe un doigt accusateur à l’administration à laquelle elle reproche un discours contraire à la réalité concernant la production agricole. Elle indique que ceux qui affirment que la production agricole a doublé ne savent pas la réalité du pays. Ce constat amer est partagé par d’autre milliers de consommateurs de la ville de Gitega.

Inflation ou spéculation Selon plusieurs commerçants de Gitega, cette flambée des prix s’explique par l’érosion monétaire. « Comment pourrions-nous vendre moins cher les produits que nous avons achetés très cher ? », s’interroge Daniel, un vendeur au marché central de Gitega. D’après lui, ils ne font que suivre la loi du marché surtout que les produits alimentaires venant des pays

Produits alimentaires au marché central de Gitega

de la sous-région arrivent à compte-goutte. « Nous étions habitués d’importer le riz, le haricot et les grains de maïs d'Ouganda ou de Tanzanie mais aujourd’hui ces produits sont presque introuvables à cause de ce fléau du coronavirus. Même si on en trouve, le prix de transport est très cher! » Cette version de ce commerçant est incomprise par pas mal de consom-

mateurs. Ils estiment que les commerçants aiment spéculer en toute impunité à la moindre occasion qui se présente.« Nous sommes habitués à leurs manœuvres machiavéliques personne ne peut plus croire à leurs idioties. Aujourd’hui c’est le covid19 qui les empêche de voyager, demain ce seront les élections ou le manque des dollars. Ils ont toujours des explications », s’indigne Yussuf.

Prix des denrées alimentaires Produits Riz de moyenne qualité Haricot Petit pois sec Farine de manioc Pomme de terre Oignons rouges

Prix par kg 2 000 Fbu 1 400 Fbu 4 500 Fbu 1 200 Fbu 1 100 Fbu 2 500 Fbu

Viande

9 000 Fbu

Ndagalas

35 000 Fbu

Rumonge

Les conséquences du coronavirus se manifestent Perte d’emploi, stigmatisation des personnes qui ont été mis en quarantaine, ralentissement des échanges commerciaux, arrêt de certains commerces, chômage, peur panique d’être infecté, hausse des prix et rumeurs,.. La liste n’est pas exhaustive. Une bonne communication s’impose. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

P

lusieurs personnes qui exerçaient surtout les activités près du port de Rumonge disent avoir perdu leur emploi ou abandonner le commerce suite à la pandémie du coronavirus. Avec le ralentissement des échanges commerciaux, ceux qui tiennent des cabarets , des restaurants , des boutiques, des pharmacies près de ce port ne savent plus aujourd’hui à quel saint se vouer. Chantal Nijimbere, une veuve mère de 4 enfants, qui tenait un bistrot se demande comment elle va faire vivre ses enfants. Elle a fermé son cabaret car ses principaux clients étaient des commerçants tanzaniens et congolais.

Elle demande au gouvernement de voir comment accompagner surtout les personnes démunies qui ne vivaient que des activités au port de Rumonge. Samuel Barahinduka, qui ne vivait que du travail de chargement et du déchargement des bateaux au port de Rumonge indique qu’il n’a autre choix que de retourner dans sa famille dans la commune de Buraza en province de Gitega, mais ne sait comment il va nourrir sa famille. D’après lui, les bateaux chargés de marchandises n’accostent plus en grand nombre comme avant suite à cette pandémie. Il indique qu’il n’a plus d’emploi.

Stigmatisation Pascal Nduwarugira une personne sortie de la quarantaine de

Boutiques, restaurants, bistrots autour du port fermés à cause de l'arrêt d'activités commerciales au port

la colline Gasenyi en commune de Buyengero indique avoir été victime de la stigmatisation de la part de ses voisins. Selon ses propos, la population de sa colline n’a pas assez d’informations sur cette maladie de coronavirus. « Je ne suis pas bien vu dans ma communauté et cela me fait mal sur le plan psychologique. »

M.Nduwarugira demande aux autorités sanitaires et administratives de sensibiliser la population. D’après Célestin Nitanga, administrateur de la commune Rumonge, les autorités sanitaires et administratives ont décidé de confiner chez elles les personnes qui rentrent au pays. Alexis Nku-

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runziza, médecin chef de district sanitaire de Rumonge indique que ces personnes sont régulièrement suivies par des équipes médicales ainsi que les chefs de collines et la communauté. Ce qui réduit le problème de stigmatisation. Il évoque des cas des personnes qui contournent les postes de frontière en entrant au Burundi et qui contournent le confinement. Certains chauffeurs des bus de transport qui faisaient la liaison Bujumbura-Rumonge-Kigoma sont au chômage car les frontières sont fermées au transport des personnes. Ils ne voient pas comment faire vivre leurs familles si cette mesure de fermeture des frontières perdure car aujourd’hui ces compagnies de transport ont décidé de les mettre au chômage en attendant que le transport transfrontalier reprenne. Sachez que la porosité des frontières inquiète beaucoup de personnes qui ont peur d’être infectés du covid-19 par les personnes qui entrent par des voies non officielles.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Ouest

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Cibitoke

Ils ne passent plus la nuit dans leurs ménages Il y a une semaine que les militants du parti Congrès national pour la libération (CNL) des communes Murwi, Mugina et Buganda passent la nuit à la belle étoile craignant des attaques des «Imbonerakure» du parti au pouvoir. De notre correspondant Jackson Bahati

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’après les informations reçues sur place, les collines les plus visées sont Muyange et Mwarangabo dans la commune Mugina, Buhindo, Gisaba de la commune Murwi ainsi que Cunyu de la commune Buganda. Les militants du CNL disent qu’ils ne peuvent pas passer la nuit chez eux craignant des attaques de jeunes militants du parti Cndd-fdd qui les accusent de ne pas adhérer dans

ce parti. Ils disent qu’ils ont été menacés et arrêtés par la police plusieurs fois pour avoir pu se défendre contre les attaques des jeunes du parti au pouvoir. Ils ne comprennent pas pourquoi ces Imbonerakure ne sont pas arrêtés alors que ce sont eux qui causent des bavures. Ils donnent l’exemple de 7 militants du parti CNL en détention parce qu’ils se sont défendus contre une attaque des Imbonerakure.

Dix ménages pour la sécurité La population de ces communes déplore cette attitude des jeunes des deux partis et appelle à la bonne cohabitation politique. Elle demande aux responsables de ces deux partis politiques de trouver un terrain d’entente. Le représentant du Parti CNL dans la province de Cibitoke déplore ce comportement et demande à ces jeunes de respecter le droit de tout Burundais d’appartenir au parti de son choix. Le représentant du parti Cnddfdd balaie du revers de la main ces accusations. Albert Nsekamba-

Un des membres du CNL malmené par les jeunes du parti au pouvoir à Cibitoke

baye demande toutefois à ces jeunes de vivre en harmonie. Les autorités administratives contactées soutiennent qu’en plus des réunions d’urgence sur la sécurité, elles ont émis une

décision. Désormais, 10 ménages doivent s’organiser de manière à assurer la garde et veiller à la sécurité elle- même en attendant les forces de sécurité. Elles demandent aux deux parties qui

se regardent en chiens de faïence de se respecter et de laisser à chacun le droit de jouir de ses droits politiques.

SPORT

Loi sur le sport : des ajustements s’imposent… En vigueur depuis novembre dernier, la nouvelle loi doit réorganiser le sport en profondeur. Toutefois, pour plus d’efficacité, une grande partie du mouvement sportif burundais juge idoine la mise en place des textes d’accompagnement.

C

’est une nouvelle ère que vit le sport burundais. Du dopage en passant par les conditions requises pour former une fédération à la question du sponsoring, la nouvelle loi éclaire sur toutes ces interrogations. Plus important, se félicitent les sportifs, ladite loi vient lever les équivoques en rapport avec l’ancienne loi. « Avec deux textes en vigueur, tous promulgués par le président de la République, nous ne savions pas lequel nous régissait », fait savoir Salvator Bigirimana, expert en management du sport. De surcroît, indique-t-il, cer-

Salvator Bigirimana: « Le texte semble abstrait alors que nous voulons du concret pour le développement du sport burundais.»

tains de ces textes commencent à tomber en désuétude, notamment ceux en rapport avec la gestion, la formation des clubs, etc. Selon cet expert, certes, c’est une bonne nouvelle, mais il importe de l’accompagner par d’autres mesures pour avoir plus de résultats et apporter plus de clarté sur

certains points. Il estime que si le ministère de tutelle avait consulté préalablement toutes les parties prenantes du mouvement sportif burundais, un consensus aurait pu être dégagé. « A l’état actuel des choses, le texte semble abstrait alors que nous voulons du concret

pour le développement du sport burundais et le bon encadrement de notre jeunesse ».

Des zones d’ombre Entre autres lacunes, il évoque le volet en rapport avec les subventions qu’accorde le ministère

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de tutelle aux fédérations. D’après lui, une conséquence directe des inégalités dans la répartition du budget qui leur est alloué. « C’est flou parce qu’il ne précise pas combien telle fédération recevra ». Même cas de figure pour la formation d›une fédération, des clubs, etc. « Une erreur sans nom parce qu’aucune fédération ou équipe ne s’improvise». Aussi, souligne-t-il, leur création doit être précédée par la mise en place des infrastructures, la formation des entraîneurs, etc. D’où l’importance d’un alinéa en rapport avec les missions d’inspection. Ces dernières, explique-t-il, auraient comme rôle de s’enquérir sur la satisfaction de toutes ces conditions. Autre bémol, selon lui, la clarté de la loi sur le sponsoring. Censée procurer certains avantages, ladite loi ne précise pas à quelle hauteur ces entreprises sponsors sont déductibles d’impôts. « Des zones d’ombre à vite lever parce que nombreuses sont les entreprises, les banques, qui attendent de pied ferme la mise en application de la mesure. » Hervé Mugisha


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Un projet de société pour le redressement du Burundi A l’approche des élections de 2020, Faustin Ndikumana, expert en Economie et Gouvernance, vient de sortir un livre intitulé : «Initiative Burundi émergent pour le renouveau». Il dresse 12 préalables pour un meilleur projet de société pouvant inspirer le leadership qui sera issu de ces scrutins.

M

onsieur Faustin Ndikumana, qu’est-ce qui vous a motivé pour écrire ce livre? A la veille des élections, nous constatons amèrement qu’il y a une absence notoire d’un débat autour des défis qui hantent la population. Ce livre vient susciter un débat profond et sincère autour de ces problèmes. A travers ce document, nous avons voulu contribuer à ce que le débat sur ces défis soit riche. Quel est son contenu? Ce livre parle d’un projet de société arc-en-ciel, idéal pour sortir le Burundi des affres de la pauvreté et de l’instabilité politique. Ce projet de société s’appelle «Initiative Burundi Emergent pour le Renouveau » en KIRUNDI KIRA BURUNDI mais qui n’a rien avoir avec la coalition politique actuelle, qui est d’ailleurs apparue après la sortie du livre». C’est un document, certes de 160 pages, mais qu’on peut résumer en une phrase : «Relance économique centrée sur une réelle cohésion nationale, une bonne gouvernance, un leadership fort transformationnel et visionnaire et de bons choix économiques stratégiques pour un Burundi émergent, stable et prospère». Le livre comporte cinq chapitres. Ces chapitres parlent de quoi ? D’abord, nous revenons sur l’histoire du Burundi. Nous parlons de l’état des lieux du leadership depuis le 1er juillet 1962 jusqu’à aujourd’hui. La qualité du leadership. Les crises répétitives qui ont endeuillé notre pays et surtout en se focalisant sur leur impact sur le développement économique. Le deuxième chapitre parle des 12 préalables qui sont des éléments fondamentaux pour mettre en application une relance économique effective. Ces 12 préalables constituent le fondement d’une Nation solide, prospère et stable. Le troisième chapitre évoque les secteurs porteurs de croissance qui doivent être la base de la création de la croissance impulsive de notre économie. Dans le quatrième chapitre, il est question d’un plan de relance. Il détaille la trajectoire à suivre pour aboutir à tel ou tel autre indicateur qui prouve l’existence réelle de cette croissance. Cinquièmement, nous parlons des dividendes du développe-

République doit faire de la lutte contre la corruption son credo. 11. Comme moteur du développement, le secteur privé doit avoir une place fondamentale. Et cela dans la philosophie et dans la pratique. Aujourd’hui, on ne peut pas identifier le secteur privé car il y a trop de chevauchements avec le secteur public. Il ne joue plus son rôle dans la lutte contre la pauvreté. 12. Et enfin, il faut un sentiment religieux mais sans mysticisme. Il faut cerner ce que Dieu nous donne et nos capacités. Les arbres sont donnés par Dieu mais une table, nous devons la fabriquer. Comment alors y arriver? Ces 12 préalables nécessitent un changement de mentalités de la part des Burundais. C’est pour cela que nous devons partir de différentes étapes pour aboutir à ce changement.

ment. La description effective d’un Burundi ayant déjà atteint son niveau d’émergence, de stabilité et de prospérité. Nous prenons en exemple des pays qui ont réussi leur développement mais qui ont des potentialités et des ressources naturelles inférieures aux nôtres. Nous aussi, nous sommes capables de réaliser ces miracles que les autres ont réalisés. Parlons-nous de ces 12 préalables. Ces derniers temps, nous avons suivi des émissions où les candidats au poste de président de la République ont présenté ce qu’ils prétendent accomplir une fois élus par le peuple. Avec le livre que je viens de sortir, j’ai voulu éclairer les Burundais sur les 12 préalables qui devraient être le fondement de chaque programme politique. 1. D’abord, il faut travailler sur le renforcement de la cohésion nationale et la stabilité politique. Le Burundi a connu des crises cycliques graves qui ont eu un impact sur son évolution. 2. Il faut un renforcement d’un leadership politique responsable faisant promouvoir et émerger des hommes politiques de qualité, compétents, intègres, patriotes et visi-

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onnaires. Il faut des balises pour empêcher les charlatans, les démagogues et les corrompus à progresser en politique. La prise de conscience nationale sur les potentialités dont dispose le pays par rapport à une situation économique aujourd’hui déplorable est aussi un préalable. « Uwuja gukira ingwara arayirata » Une valorisation de la recherche, la vision et la planification soutenues par une culture de résultats et d’évaluation à travers des statistiques fiables est aussi importante. La recherche scientifique doit être revalorisée pour qu’elle guide constamment les décisions des décideurs. Un autre préalable est l’élaboration d’une stratégie opérationnelle de mobilisation et de gestion des ressources humaines à court, moyen et long terme. De plus, il faut mettre sur pied une stratégie de mobilisation des fonds extérieurs soutenue par un partenariat international stratégique. On ne peut pas prétendre se développer avec des moyens intérieurs uniquement.

Quels sont les autres préalables? 7. La mobilisation des ressources intérieures dans un contexte de justice fiscale base du civisme fiscal. Pourquoi certains bénéficient des exonérations alors que les autres supportent le poids fiscal? Il faut un débat sur ça. 8. La transparence et la discipline dans la gestion budgétaire doivent être de mise. Comment les rapports budgétaires sortent? Comment on débate sur l’exécution budgétaire? Les mauvais gestionnaires de l’argent du contribuable ont-ils été sanctionnés? 9. Un autre préalable est le renforcement institutionnel et de la culture démocratique dans la gestion quotidienne des affaires publiques. Il faut des mécanismes pour rendre l’Etat fort : l’état de droit, une justice indépendante, un parlement fort et compètent, des institutions de contre-pouvoir fortes (ombudsman, Cnidh, liberté de la presse…), etc. 10. Il faut également une lutte contre la corruption sans complaisance. Tout candidat à la présidence de la

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Quelles sont ces étapes? Tout d’abord, la vérité. Connaître l’état des lieux de notre pays. C’est la vérité qui va sauver le Burundi. Après la vérité, il y a la conscience. Chacun doit faire son introspection par rapport à cette situation. Troisièmement, il faut arriver à prendre une décision. Il faut quitter le stade des idées et des paroles afin d’arriver à une mise en application pratique et faire une évaluation objective des résultats. A qui s’adresse ce livre? Nous avons dédié ce document au peuple burundais en général et à la jeunesse en particulier qui aspire à un avenir meilleur dans le contexte actuel. Ce livre s’adresse aussi au leadership qui sera issu des élections de 2020. Nous osons espérer, en tant qu’expert et analyste qui suit au quotidien les secteurs de la vie du pays, que ce document va impulser une dynamique de débat pour permettre aux citoyens de faire un choix consciencieux par rapport aux multiples projets de société. C’est une façon d’éclairer l’opinion davantage afin de faire des choix judicieux par rapport à cette campagne électorale qui va commencer et pouvoir exiger la redevabilité de la part des dirigeants qui seront issus de ces élections.


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ANNONCES

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AVIS DU MARCHE POUR LA FOURNITURE DE DEUX (2) VEHICULES NEUFS PICK-UP 4X4 DOUBLE CABINE TROPICALISES ET UN (1) VEHICULE NEUF TYPE « JEEP » 4X4 TROPICALISE COMPACT PREAMBULE : Dans le cadre de la mise en œuvre du projet RENOUVE Burundi - Energies Renouvelables pour le Burundi (contrat de subvention : FED/2019/412996), l’ONG italienne LVIA lance un Appel d’Offre National Ouvert pour la fourniture de : - deux (2) véhicules neufs, PICK-UP 4X4 double cabine tropicalisés - un (1) véhicule neuf jeep 4x4 Tropicalisé compact

ARTICLE 1 : adresse de lvia BURUNDI :

neuf jeep 4x4 Tropicalisé compact Numéro de référence de l’appel d’offre pour la Fourniture de véhicules : « RENOUVE/EU/2019/01 RENOUVE »

ARTICLE 3 : Forme DE LA CONSULTATION Le présent marché est passé sous la forme d’un appel d’offre national ouvert 1. Le soumissionnaire éligible et intéressé par le présent avis peut retirer le dossier d’appel d’offre dans les locaux de LVIA Burundi : avenue Muyinga N° 17, Rohero 1 Bujumbura (BURUNDI )

SIEGE DE BUJUMBURA : avenue Muyinga N° 17, Rohero 1 Bujumbura (BURUNDI ) Tel +257 71 210 670. B.P. 198 Bujumbura

ARTICLE 2 : TYPE DE MARCHE ET FOURNITURES Fourniture de deux (2) véhicules neufs, PICK-UP 4X4 double cabine tropicalisés et un (1) véhicule

Lors du retrait les soumissionnaires devront signer un accusé de réception de la lettre de couverture accompagnée de toute la documentation constituant le dossier d’appel d’offre.

Le but de cet appel d’offre est de pouvoir signer un contrat d’achat de deux (2) véhicules neufs, PICKUP 4X4 double cabine tropicalisés et un (1) véhicule neuf type « jeep » 4x4 Tropicalisé compact 2. La date limite du retrait du dossier complet de l’appel d’offre est fixée au 24 avril 2020 à 16h00 3. Les horaires d’ouverture du bureau sont : du lundi au vendredi de 08h30 à 16h30. 4. Toutes les informations et les documents requis constituant l’offre seront mentionnés dans le dossier du document de l’appel d’offre (DAO). Les candidats peuvent obtenir par téléphone les renseignements complémentaires nécessaires à la préparation de leurs offres auprès de l’Administrateur Pays : cimicheline@gmail.com; Tél : 71 210 670

External Recruitment Notice Human Resources Business Partner - Country Office Operations (Africa) Job ID: HQ01096 Location: Burundi Closing Date: 30-Apr-2020 Base Salary: 1.622.200 - 2.372.850 BIF per month About IRRI The International Rice Research Institute (IRRI) is the world’s premier research organization dedicated to reducing poverty and hunger through rice science. IRRI is an independent, nonprofit, research and educational institute, founded in 1960. The institute, headquartered in the Philippines, has offices in 17 rice-growing countries in Asia and Africa, and over 1,000 staff. The IRRI Africa Regional Office in Nairobi facilitates support for research and development projects; identifying partners and their needs; build new partnerships and maintain good relations; upgrade public awareness on agricultural innovation, food security, nutrition and health; and generate resources for research, innovation, knowledge transfer and capacity building. Job Purpose Under the general direction of the Regional Corporate Services Manager (CSM) based in Nairobi, with dotted line to HQ HR Manager and in close coordination with the host Country Representative and other Country Representatives in the region, the incumbent will administer HR policies & procedures and ensure the highest quality of services for all IRRI country offices in Africa. He/She will lead in the implementation, administration and analysis of the HR program; effectively communicate and provide training and information on HR policy, the Code of Conduct, compensation and benefits, IRRI’s Gender Strategy, career development, etc. He/She will ensure the daily delivery of high quality and timely services to all employees, while maintaining appropriate levels of confidentiality; build and maintain relationships with partners and outside stakeholders to promote smooth and timely services. He/She will Generate data and reports on issues related to human resources for the CSM, IRRI Country and Regional Representatives or project leader/manager. This position will be based in Bujumbura, Burundi and will provide professional services to IRRI Africa Regional Office (Nairobi). This may only be filled by permanent citizens of the Republic of Burundi. Any candidate who is interested in this offer and who meets the required qualifications should apply directly through jobs.irri.org The complete Terms of References can be found at the aforementioned address. If clarification is required, please send an email to Anna Junsay: a.junsay@irri.org

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