IWACU 581

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IWACU N°581 – Vendredi 1mai 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Campagne électorale 2020

Beaucoup de promesses, bâties sur des promesses

ÉCONOMIE

SYNERGIE

Recherche la Heineken et la Bock désespérément

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Synergie de la presse écrite pour la campagne électorale 2020

AU COIN DU FEU Avec Diane Kaneza

Restez informés sur l’actualité du Burundi via le site IWACU en suivant ces liens : https://www.iwacu-burundi.org ou https://iwacu.global.ssl.fastly.net/ ou https://iwacu.collateral-freedom.org/

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LA DEUX

Vendredi, 1 mai 2020 - n°581

Editorial

En coulisse

Sur le vif

En hausse

Distribution de nouvelles cartes d’électeurs

N’oubliez pas le Covid-19, SVP ! Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

L

e coup d’envoi de la campagne pour les élections présidentielles, législatives et communales, attendues le 20 mai, a eu lieu le lundi 27 avril. Tous les candidats, en signe de « démonstration de force », ont mobilisé leurs militants pour signer leur entrée en campagne. C’est par milliers que les partisans sont venus de tous les coins du pays. Que ce soit à Bugendana pour le candidat du parti au pouvoir, ou à Ngozi pour son principal opposant, c’était la liesse populaire. Leurs sympathisants étaient tous galvanisés pour dire que leur candidat est le seul en qui le peuple burundais mérite de mettre sa confiance pour que le pays aille de l’avant. Les points forts des projets de société ont été présentés. Des promesses faites, des slogans scandés : «Le changement, c’est maintenant », « Ensemble, tout devient possible », « Citoyens, prenez le pouvoir»… Le peuple semble être à l’honneur, au centre des préoccupations des candidats. Pendant trois semaines, les politiques vont parcourir le pays d’un bout à l’autre. Ils seront proches de la population, des masses populaires, dans une certaine euphorie. Tout paraît beau, du moins au niveau de la quête du pouvoir démocratiquement. Cependant, les Burundais semblent oublier que le coronavirus, ce monstre qui fait trembler toute la planète, est dans nos murs. Nos reporters ont vu des camions transporter des militants serrés comme des sardines vers les lieux des meetings. Des bus étaient pleins à craquer. Dans les lieux de rassemblement, les militants s’attroupaient, certains s’étreignaient. A la fin du meeting, les militants assoiffés ont envahi les bars pour partager un verre. Ce qui me semble grave, c’est que rien n’a été dit par les « maîtres à penser » sur cette pandémie et les mesures en vue de s’en prémunir. Sans être alarmiste, encore moins fataliste, le risque de propagation du coronavirus à un rythme vertigineux est plus que probable lors de cette campagne électorale qui va durer trois semaines. Il revient impérativement aux différents candidats de rappeler, insister sur le respect des consignes des autorités sanitaires pour lutter contre ce fléau. Aspirer à diriger, c’est aussi prévenir.

Depuis le 30 avril jusqu’au 4 mai 2020, la Ceni procède à la distribution de nouvelles cartes d’électeurs pour ceux qui se sont enrôlés lors du référendum de 2018 et les inscrits de décembre 2019. Ceux qui se sont enrôlés à l’étranger au moment du référendum et qui sont maintenant au pays récupèreront leurs nouvelles cartes au siège de la Ceni.

Trois personnes enlevées à Cankuzo Arcade Butoyi, représentant du Syndicat des Travailleurs de l’Enseignement du Burundi (STEB), un certain Alawi et une autre personne ont été kidnappés, mardi 28 avril, au Bar «Ku Kayaga» se trouvant au chef-lieu de la province Cankuzo. La police confirme ce triple enlèvement et indique que les enquêtes sont en cours.

Une rencontre chaque mois La Commission nationale Indépendante des droits de l’Homme (Cnidh) et les représentants des institutions partenaires se sont convenus de se rencontrer mensuellement. Le but est d’avoir une même compréhension des différents défis liés aux droits de l’Homme au Burundi.

Des membres de la police,

P

our s’être organisés pour déblayer la route Bugarama-Kayanza, bloquée suite aux éboulements de terrain causés par la pluie de de lundi 27 avril.

En baisse

Un agent des forces de l’ordre en commune Rugombo,

P

our avoir malmené Jackson Bahati, correspondant d’Iwacu à Cibitoke

DATE: 27/05/2020 INVITATION A SOUMISSIONNER : Nº ITB/HCR/BUJ/01/2020 APPEL D’OFFRES POUR LA FOURNITURE DE BRIQUETTES DANS LES CAMPS DE REFUGIES. DATE LIMITE DE RECEPTION DES OFFRES: 08/05/2020 12 :00 hrs

Les soumissionnaires retenus seront invités à maintenir leurs prix pour la durée du contrat. Les soumissionnaires sont tenus de soumettre toute demande de clarification à l’égard de cet appel d’offres par e-mail à l’adresse électronique suivante : teboh@unhcr.org mentionnant la référence de publication indiquée en haut de page, au moins cinq (5) jours avant la date limite de remise des offres. Les documents exigés en matière de qualification sont détaillés dans le Dossier d’Appel d’Offres et peuvent

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction: Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza, Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société et Culture: Clarisse Shaka, Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Equipe technique : Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Annonce

La Représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés au Burundi invite, par le présent Appel d’Offre, les soumissionnaires désireux à concourir pour la fourniture de briquettes combustibles dans les camps des réfugiés à présenter leurs offres sous pli fermé, dans les camps suivants :

Ours

Destination Kinama Musasa Bwagiriza Kavumu Nyankanda

Quantité 119.686 tonnes 132.808 tonnes 145.210 tonnes 402.195 tonnes 62.170 tonnes

Total

862.069 tonnes

être obtenus auprès du bureau du HCR Bujumbura les jours ouvrables de 8h00 à 16 h00. Toutes les offres doivent être déposées à l’adresse mentionnée ci-dessous au plus tard le vendredi 08/05/2020 à 12 h. Les offres reçues après ce délai accordé ne seront pas considérées. UNHCR Burundi Avenue du Large, no.78 KININDO B.P: 307 Bujumbura/ Burundi Tel contact : +257 22 223245

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Un chiffre

14665 est le nombre de centres de vote pour les élections 2020

Source : Commission Electorale Nationale Indépendante

Une pensée

« Les apparences, on ne le sait que trop, ont cette faculté d’être aussi trompeuses qu’un politicien en campagne électorale. » Jean Dion


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Campagne électorale 2020

Trois semaines pour convaincre !

Ce lundi 27 avril, s’ouvrait la campagne électorale pour les scrutins du 20 mai. Dans des ambiances souvent survoltées, les candidats des partis politiques et des indépendants à la présidentielle ont laissé entrevoir le Burundi de leurs rêves. Iwacu vous fait revivre quelques moments forts de cette première journée de propagande.

Evariste Ndayishimiye : le changement dans la continuité Lors du lancement officiel de la campagne électorale du parti Cndd-Fdd en commune Bugendana, le candidat de cette formation politique à la présidentielle, Evariste Ndayishimiye, a promis de poursuivre l’œuvre de son mentor. Quant à ce dernier, il lui a réaffirmé son soutien inébranlable.

L

undi 27 avril, la capitale politique vibre au rythme du Cndd-Fdd. Il est 7 h du matin. Tout près du «Bar Ku Ngoma» au centre-ville, la place grouille du monde. Les hommes et des femmes portent des chemises et pagnes du parti. Des slogans comme «Tora Evariste Ndayishimiye» (Votez Evariste Ndayishimiye) ou «Turi kumwe twese birashoboka» (Ensemble, tout est possible) sont visibles sur ces habits. Des voitures avec des drapeaux du parti de l’aigle, des ballons aux effigies du Cndd-Fdd, des autocollants portant la photo de «Samuragwa Evariste Ndayishimiye» (l’héritier), circulent en klaxonnant dans la ville de Gitega. 7 h 30, plusieurs véhicules convergent vers la commune Bugendana. Des minibus, des camions de marque Fuso, des pickups, des bus de transport et des camionnettes, tous arborant les couleurs du Cndd-Fdd sont t bondés. On remarque également plusieurs véhicules de l’Etat. De part et d’autre de la route Gitega-Bugendana, des troncs de bananiers ont été plantés. Certains Bagumyabanga font de l’auto-stop tout le long de la route. «Nous sommes épuisés», crient-ils à chaque passage d’un véhicule. D’autres, impatients, se dirigent à petits pas vers le lieu des festivités. Des badauds, amusés, observent la scène.

Les militants du Cndd-Fdd ont massivement répondu au rendez-vous.

chansons du parti. Certains sont là depuis l’aube. «Je suis arrivé à 3 heures du matin», confie un militant de Karusi. Les policiers ont du mal à réguler la circulation. Les véhicules de marque Fuso continuent de déposer des militants. Parfois une centaine de personnes agglutinées dans un même véhicule. Des bus de l’Otraco sont pleins à craquer. De même que les camionnettes et autres voitures. Aucune protection contre le coronavirus. Pour entrer dans la place,

c’est un parcours de combattant. Les gens se bousculent. Les gens s’entassent sur les différentes entrées. Des agents de sécurité fouillent minutieusement les gens. C’est très difficile de surveiller toutes les entrées. Des infirmiers de l’Hôpital de Mutaho ont été mobilisés. Gants et masques sur la bouche, ils sont postés sur les entrées avec des gels hydro-alcooliques. A l’intérieur, les gens se tiennent dans un mouchoir de poche. Le Coronavirus qui fait trembler le

monde a été oublié. «Le monde est confiné, mais le Burundi danse», clame sans cesse l’animateur. Certains Bagumyabanga se saluent t avec des coudes, mais d’autres s’embrassent carrément, sans se soucier de rien. Apparemment, Les gestes barrières sont le cadet de leurs soucis. «Dieu va nous protéger!». La distanciation sociale, inutile d’en parler.

Des «invités de marque» La campagne commence sous haute sécurité. Les réseaux ont été

«Le monde est confiné, mais le Burundi danse» 8 h 15, Bugendana est en vue. Plusieurs tentes ont été érigées. Les militants entonnent des

Isidore Mbayahaga (au milieu) prépare l’entrée de ses partisans.

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brouillés. Impossible d’envoyer ou de recevoir des messages. Sur le rythme des chansons, les Bagumyabanga se dirigent vers les différentes tribunes. Ils s’installent selon leurs provinces d’origine. Les organisateurs sont vite débordés. Les places assises prévues é saturées. Les retardataires sont obligés de s’asseoir par terre. Certains ambassadeurs accrédités au Burundi sont là. De même que certains activistes de la société civile. Plusieurs représentants des partis alliés du Cndd-Fdd à savoir la Coalition Copa, FNL, ADR, APDR, Sahwanya Frodebu Nyakuri, RPB Nturenganywe, FPN Imboneza, … a ont fait le déplacement. La présence à Bugendana d’Isidore Mbayahaga, chef de file d’un groupe de militants de l’Uprona opposés à Gaston Sindimwo, candidat de ce parti à la présidentielle, fait sensation. Habillé aux couleurs de l’Uprona, la photo du Prince Louis Rwagasore est bien visible sur ses habits. Isidore Mbayahaga parle constamment au téléphone. Il discute énormément avec ceux qui sont chargés de l’organisation de l’événement. Et d’un coup, un groupe d’une soixantaine de personnes fait son t entrée. Ils sont habillés aux couleurs de l’Uprona, ils avancent timidement au milieu de la foule. Certains se cachent


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Vendredi, 1 mai 2020 - n°581

Une centaine d’Upronistes, opposés à la candidature de Gaston Sindimwo, sont venus soutenir le Cndd-Fdd.

le visage avec un foulard de l’Uprona. La plupart sont des jeunes, d’autres, des personnes âgées. Un tumulte s’élève au sein de la foule des Bagumyabanga. Certains applaudissent timidement. D’autres laissent passer un petit sourire. Les arrivants sont «exposés» devant la tribune des hauts dignitaires. Durant les cérémonies, deux autres vagues des Upronistes, opposés à Gaston Sindimwo, font leur entrée. Timidement, ils dansent au rythme des chansons du parti au pouvoir.

«Nous sommes un!» Les ténors du parti de l’Aigle commencent à arriver aux environs de 10h10. L’Ombudsman de la République, Edouard Nduwimana, le 2ème vice-président de la République, Joseph Butore, le président du Sénat, Révérien Ndikuriyo et Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale. Aux environs de 11h, un brouhaha.. Les tambours résonnent Les Bagumyabanga brandissent les drapeaux et les ballons. La chanson «Nguyo Samurarwa» (voici l’héritier) déchire le ciel. Le candidat du Cndd-Fdd, le Général Major Ndayishimiye arrivé accompagné par le chef de l’Etat et président du conseil des sages au parti Cndd-Fdd, Pierre Nkurunziza. Dans son discours, le président de la République va expliquer le choix de la commune Bugendana. «C’est dans cette commune que nous avons commencé la campagne pour la nouvelle constitution de 2018. Cette dernière est spéciale, car elle a été organisée et financée par les Burundais euxmêmes». Selon lui, cette constitution n’a pas été amendée afin que Pierre Nkurunziza puisse se présenter

aux élections. «Ce jour-là, beaucoup n’étaient contents en rentrant. Cela ne fait rien, car on ne peut pas changer la volonté de Dieu». Il va souligner qu’il avait promis de ne pas se représenter et que c’est chose faite. Le président Pierre Nkurunziza va vanter les mérites de son dauphin. Ses qualités de négociateur lorsque le Cndd-Fdd était encore un mouvement rebelle, son travail dans le mécanisme de la mise en application de l’Accord de cessez-le-feu, son travail dans la mise sur pied de l’armée, de la police et du service national de renseignement (SNR) issus de cet Accord, son travail en tant que ministre de l’Intérieur et par après chef de cabinet civil à la présidence de la République. «Il a toujours été à mes côtés. Nous sommes un! En tant que président

de la République, je le soutiens à 100%. Je vais voter pour lui sans sourciller. Vous avez remarqué que je porte une chemise avec sa photo et lui porte une chemise avec ma photo. Nous sommes un!». Il exhorte les Burundais à voter pour le candidat du Cndd-Fdd. D’après lui, élire le Général Major Ndayishimiye lui ferait plaisir, car il viendra poursuivre les travaux de développement déjà entamés depuis 2005. Dans la foulée, le président Nkurunziza va remercier Pascal Nyabenda, ancien Secrétaire général du parti au pouvoir et actuel président de l’Assemblée nationale. « Il a fait un travail remarquable malgré beaucoup de difficultés. Il ne se passait pas 2 ans sans qu’il y ait des problèmes au sein de notre parti. Il a su faire face à tous ces problèmes».

Le président Pierre Nkurunziza a promis de soutenir à 100% son dauphin.

Poursuivre les programmes du gouvernement «Cette journée est mémorable. Notre visionnaire permanent avait promis de venir me soutenir. Aujourd’hui, il l’a fait, car nous nous connaissons. Nous avons appris de lui beaucoup de choses. Il a témoigné que je suis un bon élève et c’est pourquoi vous avez placé votre confiance en moi. Je suis prêt à prendre le volant, car j’ai un excellent coach», lance le candidat choisi. D’après lui, le visionnaire permanent, Pierre Nkurunziza, est comme Moïse. «Dieu lui a parlé et il nous a guidés. Ceux qui se sont opposés à lui sont maintenant très loin. Nous le respecterons éternellement». Evariste va indiquer qu’il est temps de travailler dur en se basant sur les programmes déjà

Evariste Ndayishimiye : «Je vous promets d’être votre serviteur.»

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fixés par le gouvernement. «Je connais les défis qui hantent la société burundaise. Nous allons nous atteler à trouver une solution à ces problèmes. Je ne m’arrêterai pas tant qu’il y aura des Burundais qui ne mangent pas à leur faim ou qui vivent dans des habitats indécents. Moins encore des enfants qui manquent des frais de scolarité». Il met en garde ceux qui veulent manger sans avoir travaillé. Evariste Ndayishimiye focaliser ses efforts dans le développement des secteurs clés : la santé, l’agriculture, l’éducation, le commerce, le secteur minier, le tourisme, la télécommunication, la sécurité sociale, etc. Le candidat du parti de l’aigle se réjouit que 80% des partis politiques agréés soient derrière le Cndd-Fdd. «Ceux qui vont voter sont des Burundais. S’ils votent massivement pour moi, que personne ne vienne crier à la fraude». Il demande aux Bagumyabanga d’aller dans toutes les provinces, de sillonner toutes les collines, de frapper sur chaque maison afin de récolter des voix pour leur candidat. Et de souligner qu’en cas de victoire, il sera le président de tous les Burundais. «Je vous promets d’être votre serviteur». Aucun mot sur le Coronavirus dans les discours ni du chef de l’’État ni de son dauphin. A la fin du meeting, les Bagumyabanga se précipitent au chef-lieu de la commune pour partager une bière. Difficile de trouver où mettre le pied. Les bars sont bondés. Les gens s’assoient e en petits groupes pour siroter leurs boissons. Certains n’hésitent pas à partager une bouteille à plusieurs. Le Covid-19 est t très loin... Fabrice Manirakiza


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Ngozi

Cap sur le changement pour le Cnl Des dénonciations contre l’intolérance politique, des promesses… Agathon Rwasa, candidat du parti Cnl, tient son premier meeting de campagne électorale, à Ngozi. L’occasion de lancer son projet de société. Reportage.

N

gozi, au stade Muremera. Lundi 27 avril, une matinée pas comme les autres. Vers 5h, les rues de la ville sont déjà remplies de militants. Des klaxons des voitures, des motos… réveillent les gens. Impossible de prolonger le sommeil. C’est le début de la campagne électorale pour le triple scrutin du 20 mai prochain. Il va combiner les présidentielles, les législatives et les communales. Vers 7h, des militants du Cnl commencent à installer quelques drapeaux aux bords des routes de la ville de Ngozi. Entretemps, des membres du parti au pouvoir se rassemblent au rond-point devant le bureau provincial de Ngozi. Certains de leurs véhicules, avec des haut-parleurs, sillonnent les rues de Ngozi, en balançant des chansons du parti de l’Aigle. « C’est une provocation », lance un jeune militant du Cnl, en train d’installer des bananiers. Avant d’ajouter : « Normalement, aujourd’hui, c’est le Cnl qui est légalement autorisé à tenir le meeting ici à Ngozi. Mais nous n’allons pas céder à cette provocation. La retenue l’exige. » Au Vers 9h, le cortège des véhicules des militants du parti de l’Aigle prend alors la route vers Bugendana, à Gitega. Et les membres du Cnl poursuivent enfin les préparatifs plus sereins. Au stade Muremera, tout le pourtour est occupé par des drapeaux. Quelques pancartes et photos d’Agathon Rwasa. « Tora Agathon Rwasa yahariye ubuzima bwiwe bwose guharanira ubwigenge bw’Abarundi. Twubake Uburundi bwa bose » (« Votez Agathon Rwasa qui se dévoue depuis longtemps pour la liberté des Burundais. Bâtissons un Burundi pour tous »), lit-on sur une grande pancarte installée à la tribune d’honneur. Sur la même pancarte, une photo d’Agathon Rwasa jouxtant le drapeau de ce parti et le N° 23. 10 heures, des militants du Cnl en provenance d’autres communes de Ngozi telles Kiremba, Buhiga… commencent à arriver à bord des véhicules de type Fuso, des Probox et des bus. D’autres viennent à pied, à motos ou à vélos. Des membres du Cnl en provenance d’autres provinces convergent aussi vers le stade Le point de rassemblement est à l’entrée de la ville de Ngozi en

provenance de Gashikanywa. L’endroit est communément appelé ‘’ Station Kalfan’’. Certains arborent des habits du parti, d’autres exhibent des photos de leur candidat, etc. Quelques jeunes assurent la sécurité. Un petit nombre des policiers est aussi sur place. Autour de 12h, la foule est déjà constituée. Une marche vers le stade Muremera est prévue après l’arrivée du candidat, la foule semble impatiente. Les ‘’agents de sécurité’’ sont débordés. La circulation est paralysée. Entonnant des slogans, des chansons dénonçant l’injustice, la corruption, les militants prennent alors la route. Les commerçants du marché de Ngozi s’installent devant leurs kiosques pour voir le spectacle. Quelques personnes arborant les tenues du parti au pouvoir sont là aussi. « Ubu twahinduye, nugutora Rwasa. Twikureko agatotezo. Baraduhemukiye » (« Maintenant, votons pour Rwasa. Libérons-nous de la persécution. Ils nous ont trahis »), peut-on lire sur un des slogans lancés par les militants du Cnl. Des femmes, des jeunes, des adultes vont faire une marche d’environ 1 km. Et ce, après une pluie fine. Vers 13h30 qu’Agathon Rwasa arrive sur place. Il est accompagné par son épouse. Il est accueilli par des applaudissements et des

Agathon Rwasa, candidat du Cnl.

Vue partielle des militants du Cnl au stade Muremera.

tambours. Le stade Muremera est plein à claquer.

« Votez pour le changement » Devant un parterre de militants certains arborant les couleurs du parti Cnl (noir, rouge et vert), Agathon Rwasa, ouvre sa campagne électorale en insistant sur l’éradication de l’intolérance politique : « Il est temps que le Burundi redore son blason. Les Burundais doivent renouer avec le sens de l’humanité. » Dans un discours ponctué par un tonnerre d’applaudissements, le candidat du Cnl aux présidentielles du 20 mai revient sur les événements qui ont terni l’image du pays. Il évoque les montages politiques qui, d’après lui, n’ont rien apporté au pays : « Les autorités administratives utilisent leurs positions pour violer les lois et piétiner la liberté des Burundais.» M.Rwasa donnera l’exemple de ses militants incarcérés dans la

prison de Ngozi. Ils sont accusés d’avoir participé dans les activités de son parti dans une commune dont ils ne sont pas natifs. Et de hausser le ton: « Nous voulons mettre fin à l’usage de la force.» Il dénonce ce qu’il appelle des adhésions fictives. Allusion faite à certains soi-disant ressortissants de la province Ngozi qui déclareraient avoir quitté le Cnl pour le Cndd-Fdd. «Je connais ces gens. Personne n’est, ni membre du Cnl, ni ressortissant de la province Ngozi. Ce sont des montages ». Et de s’interroger : « Si quatre mille personnes ont déserté le parti, d’où est venue cette foule rassemblée ici ? » A ses militants, M.Rwasa va leur demander de ne pas céder à l’intimidation : « Nous voulons un Burundi sans injustice, sans discrimination. Nous devons le construire ensemble en respectant les lois et en nous respectant mutuellement.»

Des mises en garde M. Rwasa ne mâche pas ses mots. Il indexe les administratifs de la commune Busiga. D’après lui, ces derniers ont dit que la population ira dans les meetings après le travail. « Ils ont l’intention d’en faire une loi». Et de rappeler alors à ses militants que la campagne commence à 6h du matin pour se clôturer à 18h. Il soutient que ces administratifs veulent désorienter les militants du Cnl : « Je le dis en connaissance de cause. Demain ils vont déployer les Imbonerakure arguant que vous avez violé la loi.» Un message aussi est donné aux forces de l’ordre si d’aventure ces jeunes venaient à empêcher ses militants à battre campagne : « Je le dis et je l’assume. Mes militants ne vont pas se laisser faire. Et n’allez pas dire que les militants du Cnl sont fautifs.» Il exhorte les forces de l’ordre à appliquer équitablement la loi. M.Rwasa va épingler le langage et le comportement de certains

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hauts gradés de l’armée et de la police. Selon lui, ces derniers jurent que vaincra celui qu’ils veulent. Il fait savoir qu’ils ne parviendront pas à remettre en cause la décision du peuple. Et de leur rappeler que «Vox populi, vox Dei » (« Voix du peuple, voix de Dieu »). M. Rwasa fustige le langage du parti de l’Aigle affirmant haut et fort qu’il a déjà la victoire dans ses mains : « S’ils ont déjà la victoire pourquoi alors se battre bec et ongles pour faire adhérer de force des militants des autres formations politiques ?»

Priorité au secteur primaire « Notre projet de société couvre tous les secteurs, mais la priorité sera donnée à l’agriculture, l’élevage et la pêche ». Au moins 11 millions de Burundais, explique-t-il, évoluent dans ce secteur. S’il faut développer un pays, il faut commencer par les citoyens. « Si vous les ignorez et que vous haussez les salaires des gouvernants, bye bye le développement». Ainsi, M.Rwasa envisage redynamiser ce secteur et d’autres métiers pour augmenter la production. Il met en garde ceux qui s’enrichissent grâce à la corruption ou ne payent pas les taxes et impôts. Il dénonce les magistrats qui pratiquent un deux poids deux mesures à l’endroit de certains justiciables. Concernant le réseau routier, il projette de doter chaque province d’une machine pour l’entretien et la réparation des routes pour que les échanges commerciaux soient fructueux entre les citoyens. M. Rwasa envisage construire un chemin de fer reliant le Burundi et les pays limitrophes pour redynamiser et faciliter les échanges commerciaux transfrontaliers. D’après lui, le secteur privé doit aussi être développé pour contribuer à la diminution du taux de chômage. Dans le projet de société du Cnl,


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le domaine de la santé n’est pas en reste. « Le Cnl veut le réformer. Nous allons encourager les médecins qui sont restés à l’étranger à rentrer en leur donnant un bon salaire. » Agathon Rwasa n’oublie pas de développer le secteur touristique, potentiellement pourvoyeur des emplois. « Les lieux touristiques existent, mais ne sont pas exploités». D’après le candidat du Cnl, ce domaine sera proposé à des investisseurs pour qu’il génère plus de revenus. Il avance même une proposition d’instaurer un visa unique pour les touristes. La diplomatie est aussi une préoccupation du Cnl. M. Rwasa fait savoir que le Burundi n’est pas un îlot : « Il faut restaurer les relations amicales avec d’autres pays pour que le

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Burundi puisse en tirer profit. » A cette occasion, les bulletins de vote (pour les présidentielles, législatives et communales) sont présentés à la foule. Et des dépliants détaillant le projet de société du Cnl distribués aux militants.

Les risques de la campagne Alors que le Covid-19 est déjà présent au Burundi, on ne notera aucune référence à cette pandémie dans les discours prononcés au stade Muremera, ce lundi. Néanmoins, à l’entrée, quelques kits de lavage de mains étaient installés. Idem devant la tribune d’honneur. Et une personne procédait à la prise de température. Des mesures très insuffisantes. Le stade n’est pas clôturé et fermé, les entrées sont nombreuses. La distanciation sociale y est quasiment

Un camion de type Fuso transportant des militants du Cnl.

impossible. Ce qui est aussi valable pour la tribune d’honneur même si certains disposent des flacons de désinfectants. Il y’a

des bousculades, Muremera est une fourmilière humaine. Au risque de contamination au Covid-19 s’ajoute le problème du

transport d’un très grand nombre de militants dans des camions de Type Fuso. Félix Haburiyakira Rénovat Ndabashinze

Domitien Ndayizeye s’engage à faire fructifier l’économie burundaise A l’occasion du lancement officiel de la campagne électorale ce 27 mai, Domitien Ndayizeye, candidat présidentiel de la coalition KiraBurundi, indique qu’il va développer le secteur agropastoral et combattre les malversateurs économiques.

au-delà de leurs différences ethniques, afin de pouvoir œuvrer ensemble au développement de leurs pays. Et de les rassurer qu’avec leurs « contributions primordiales », il pourra assurer une bonne gestion et un suivi de tous les fonds publics.

Chômage et politique salariale ne sont pas en reste

L

orsque je compare le Burundi actuel à celui de notre époque et voir les conditions de vie dans lesquelles nous vivons, dans mon cœur je ne suis pas de me tranquille», indique l’ancien président de la République, Domitien Ndayizeye, candidat de la coalition Kira-Burundi à la présidentielle de mai prochain. Lors du lancement de sa campagne, il confie que les Burundais n’ont pas honoré leur promesse faite à Arusha de faire au mieux pour que leur pays soit développé. Domitien Ndayizeye annonce que la coalition Kira-Burundi s’engage à développer l’économie nationale. Et de confier que le secteur agro-pastoral a été placé en priorité de la liste des programmes à réaliser. « Avec une population dont 80% sont des agriculteurs et des éleveurs, si rien n’est fait, l’économie ne pourra jamais se développer ». Le candidat dit que dans un premier temps, ils vont utiliser les moyens qui sont déjà à la disposition des agriculteurs et les éleveurs. Il va faire de son mieux pour mettre à la disposition de tous les agriculteurs, l’engrais

Domitien Ndayizeye s’engage à faire fructifier l’économie nationale en développant le secteur agricole.

chimique dont ils auront besoin. Pour y arriver, Domitien Ndayizeye assure qu’il va se concerter avec les agriculteurs ainsi que les éleveurs afin de voir ensemble comment les Burundais pourront augmenter leurs récoltes et avoir assez de terres à cultiver. Par ailleurs, il déplore le comportement de certains dirigeants qui se cachent derrière leurs titres, pour s’accaparer les terrains publics. Pour lui, ces dirigeants devraient donner ces terrains aux associations des agriculteurs pour qu’ils y mettent des cultures à exporter. Et d’encourager le gouvernement à prendre des initiatives pour construire des industries capables de

transformer localement les différentes cultures.

Lutte contre les malversateurs des fonds publics Dans son discours, l’ancien président s’en prend aux malversateurs économiques. Il confie que pour que l’Etat puisse développer ses finances, il faut d’abord sanctionner toutes les personnes qui détournent les fonds publics. Et de souligner que le mauvais exemple vient des autorités. Dans cette perspective, M. Ndayizeye indique qu’il va combattre la corruption qui s’observe dans les différentes institutions étatiques. « C’est vraiment

incroyable de voir un fonctionnaire de l’Etat qui perçoit une salaire de 100 mille BIF, mais qui mène une vie de quelqu’un que l’on paie un million BIF. D’où trouve-t-il toute cette somme ? C’est cela que nous allons combattre». Le candidat de la coalition KiraBurundi, annonce qu’il va aussi lutter contre les magouilles dans le secteur minier : « L’on nous chante chaque fois que le Burundi regorge d’or, de nickel, de pétrole dans le lac. Mais on n’a jamais vu l’argent que l’on tire dans tous ces minerais. Où passe tout cet argent gagné dans la vente ? » Pour Domitien Ndayizeye, il est temps pour les Burundais d’aller

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Le candidat Ndayizeye n’oublie pas le chômage qui frappe en particulier les jeunes et la politique salariale : « Au Burundi, nous n’avons pas de problème de salaire ou de manque du travail. Nous ne savons pas comment exploiter le potentiel à notre disposition.» Il annonce la création d’emplois pour les jeunes et assure que tout jeune engagé soit payé régulièrement. Une fois élu, il promet de revoir la politique salariale : « On va se concerter avec tous les syndicats des travailleurs pour trouver une solution à ce problème.» Néanmoins, Domitien Ndayizeye confie que tant que le Burundi continuera de sousestimer ses partenaires techniques et financiers ainsi que ses pays limitrophes, il sera toujours difficile d’assister au décollage de l’économie nationale. M. Ndayizeye exhorte les Hutu, Tutsi, Twa et les Baganwa à préserver la paix et la sécurité, comme ce fut signé lors de l’Accord d’Arusha. Et de déplorer, toutefois, qu’il y a encore des gens qui pratiquent l’intolérance politique. Domitien Ndayizeye reconnaît que pour tout projet, il y a toujours des opposants. Mais il met en garde : « Quiconque fera obstacle à ces projets sera sanctionné sévèrement.» Mariette Rigumye


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Francis Rohero : « 1/10 du budget de l’Etat sera réservé à l’agriculture » Francis Rohero, candidat indépendant à la présidentielle, a lancé sa campagne électorale, mardi 28 avril. Il projette de redresser les secteurs de la santé et l’agriculture.

C

haque Burundais qui a fait des études doit avoir un emploi. Cessons de mentir, les postes sont disponibles, ceux qui ont étudié ne sont pas si nombreux. Que l’Etat cesse d’être égoïste. Il faut juste qu’il accroisse la production et adieu le chômage». C’est le message que donne la banderole de la campagne du candidat Francis Rohero. C’est dans la soirée de mardi 28 avril que ce candidat indépendant a mené sa toute première campagne, au terrain tempête, en mairie de Bujumbura. 16h, deux tribunes sont remplies de jeunes hommes et femmes, sur leur trente-et-un. Des conducteurs de taxis-vélos et d’autres jeunes sont debout, de part et d’autre des tribunes. Le mot « Iteka » (dignité) sera le slogan de la campagne : « Votez Francis Rohero, votez votre dignité. » Avant de commencer son discours, Francis Rohero demande au public de se lever et observer une minute de silence pour rendre hommage à la personne morte dans l’accident lors de la campagne électorale à Gitega. Il explique ensuite pourquoi il n’a pas choisi de faire porter l’uniforme à son équipe: « Ce n’est pas les T-shirts ou les chapeaux qui votent. Mais le cœur. Si c’étaient les voitures décorées ou l’argent qui votaient, je serais incapable de me porter candidat.»

Lancement de la campagne du candidat indépendant Francis Rohero, au terrain tempête.

Accroître la production agricole, sa priorité Francis Rohero affirme qu’il réservera 1/10 du budget national à l’agriculture, l’élevage et l’environnement. Ainsi que 1 milliard BIF à chaque commune pour soutenir les projets agricoles. Tout cela dans le but de donner la valeur aux agriculteurs et ainsi accroître la production. Il parle aussi de la distribution gratuite des engrais et du matériel pour cultiver aux agriculteurs. Ce candidat indépendant prévoit aussi un budget de 40 milliards de BIF pour offrir à toute la population un accès facile aux soins de santé. Un montant qui servira à redresser la Mutuelle de la fonction publique « qui ne sert presque plus rien aux fonctionnaires. » Côté éducation, il affirme que le prêt-bourse mensuelle des étudiants ne va plus être remboursée. Il sera par contre augmenté. Dans le secteur de l’environnement, il prévoit de rendre disponibles des décharges

publiques pour toutes les communes rurales pour qu’elles exploitent les ordures provenant des villes. « Les ordures de la capitale ne seront plus un fardeau pour les citadins. Mais une manne pour les populations rurales qui vivent de l’agriculture. » Il faudra migrer dans le système de fertilisation naturelle des sols et en finir avec les engrais chimiques qui détruisent notre environnement». M. Rohero indique qu’il va redorer l’image de la ville de

Bujumbura. A la place de l’ancien marché central de Bujumbura, il y aura la « gare du centre » pour le transport vers l’intérieur du pays. Une gare digne, comparable à l’Aéroport internationale. Elle sera la référence de la ville de Bujumbura, promet ce candidat.

Démonstration de force vs ‘’démonstration de cœur’’ Ce candidat présidentiel s’engage aussi à tout faire pour faire réparer toutes les routes abî-

mées de la mairie, durant les 7 ans au pouvoir. Il juge, par ailleurs, déplorable qu’à l’intérieur du pays, les routes restent impraticables. Pas loin d’ici à Mutambu (Bujumbura rural), explique M. Rohero, un paysan ne peut plus transporter sa banane jusqu’à la route. Pourtant, ce sont des routes en terre battue qui ne nécessitent pas beaucoup de moyens pour être réparées. « Mais pourquoi ce n’est pas fait ? Parce que beaucoup d’argent est en train d’être gaspillé dans le charroi et la confection des T-shirts et chapeaux des partis politiques pour une démonstration de force, montrer qu’ils ont beaucoup plus de militants. Nous, nous faisons la démonstration de cœur », martèlera Francis Rohero, sous les vivats du public. Ce candidat appelle ceux qui sont venus à son meeting d’aimer leur pays en votant pour quelqu’un qui donne à la population la valeur qu’elle mérite. « Je sais que tout le monde ici rêve d’un visa pour le Canada. C’està-dire que vous êtes dirigés par des gens que vous ne voulez pas». « Une autorité qui ne prévoit pas comment tu vas te faire soigner, qui ne sait pas comment tu vas étudier… ne mérite pas de gouverner ce pays. Jeunes, refusez cela. La dignité avant tout !» Francis Rohero déplore que beaucoup de jeunes n’aient pas d’emploi. « Même plusieurs d’entre vous sont chômeurs. Quel pêché avez-vous commis ? C’est parce que vous ne connaissez pas Dieu? C’est parce que vous n’allez pas dans les prières organisées ici et là ? » Il prévoit la création d’emploi pour les jeunes, budgétisé à hauteur de 5 milliards de BIF. Clarisse Shaka

Francis Rohero prévoit un budget de 1 milliard à chaque commune pour financer les projets agricoles de la population.

Le Cdp rejoint le giron du candidat du Cndd-Fdd Ce lundi 27 avril, à l’occasion du lancement de la campagne de son parti pour les législatives en mairie de Bujumbura, Anicet Niyonkuru, président du Conseil des Patriotes, à appeler ses militants et sympathisants à voter pour le candidat Evariste Ndayishimiye du Cndd-Fdd.

A

l’issue d’un meeting tenu dans la zone Ngagara de la commune Muha, le président du Cdp a expliqué les raisons qui l’ont poussé à porter son choix sur le candidat Ndayishimiye. « Il m’a rassuré à notre retour de l’étranger que notre sécurité serait assurée. Jusqu’à présent, il a tenu parole », soutient Anicet Niyonkuru. La preuve de ‘’cette promesse’’ tenue, selon lui ?

« Aucun membre de notre parti n’a été malmené nulle part ! Partout où nous sommes allés, nous n’avons eu aucun problème de sécurité». Pour celui dont le dossier de candidature aux présidentielles a été rejeté par la Ceni et la cour constitutionnelle, pas question cependant que son parti soit associé au parti CnddFdd. « Notre soutien en faveur du

Anicet Niyonkuru déclare allégeance au candidat du Cndd-Fdd.

candidat Evariste Ndayishimiye est une position de recherche de la stabilité et traduit un dévouement pour notre pays, mais nous

ne sommes pas une aile du CnddFdd ! » Et d’ajouter à l’endroit du ‘’futur président’’. « Nous lui conseillerons de mettre en pratique

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certaines de nos idées en matière de stabilité et de développement pour notre pays » Dans le cadre des élections lég-


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L'ÉVÉNEMENT

islatives, le président du Cdp précise que son parti ne dispose des listes que dans deux provinces : Bujumbura-mairie et Bururi. « Ce que le Cdp compte faire pour

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tout le Burundi, nous allons le faire pour les populations qui vont voter pour nous » M. Niyonkuru assure qu’une victoire aux législatives sera un tremplin pour les élec-

tions ultérieures : « En attendant que tout le pays vote pour nous pour les élections suivantes qui auront lieu en 2027, nous pensons que le Cdp aura bénéficié d’une assise assez

large qui lui permettra d’engranger suffisamment de voix pour accéder au pouvoir.» Alphonse Yikeze

Sahwanya Frodebu : « La dignité humaine avant tout» Le parti de Ndadaye a démarré la campagne pour la présidentielle et les législatives ce lundi à Bujumbura. Un point fort du programme : restaurer l’Accord d’Arusha.

t-shirts à l’effigie de leur candidat à la présidentielle, ils ont effectué une marche vers un terrain à Kinama, en scandant des chansons à la gloire du parti. Des tambourinaires, deux troupes de danseuses traditionnelles, dont une de petits enfants agrémentait la rencontre.

L

Le président du parti, Pierre Claver Nahimana a présenté au public les candidats à la présidentielle et aux législatives. Il a également présenté une nouvelle recrue, Festus Ntanyungu, ancien ministre de la Fonction publique, député du parti Cndd-Fdd. L’ancien président de la République, Sylvestre Ntibantunganya, a indiqué que « la victoire de 1993 a légitimé la résistance armée qui s’est engagée après l’assassinat du président Melchior Ndadaye. » Dans son discours, le candidat du Frodebu, Léonce Ngendakumana, a fait savoir qu’il veut que

e parti Sahwanya Frodebu a démarré sa campagne électorale dans l’après-midi de ce lundi 27 avril sur le terrain de football de la zone de Kinama dans la commune de Ntahangwa, au nord de la capitale économique. Vers 14 heures, les militants étaient déjà rassemblés sur la place dite « Terminus » de Kamenge. Ils attendaient le candidat Léonce Ngendakumana, le président du parti et les candidats à l’élection législative. Vêtus de vert et de blanc, des

S’il est élu président de la République, Léonce Ngendakumana révisera la nouvelle Constitution votée en 2018 pour réintégrer l’Accord d’Arusha.

Quid du programme ?

la population recouvre sa dignité : «Les droits du bas peuple avant tout.» Pour lui, il faut réviser la nouvelle Constitution votée en 2018 et réintégrer l’Accord

d’Arusha. Le candidat veut aussi rendre la justice indépendante et renforcer la démocratie. Pour rappel, le parti Sahwanya Frodebu avait remporté la prési-

dentielle du 1er juin 1993 à plus de 60% avec feu président Melchior Ndadaye. Dorine Niyungeko

POLITIQUE

Avoir le sens de l’histoire, l’essentiel

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u Jour 1 de la campagne électorale, pas de trêve dans l’intolérance politique... Des militants du parti Cnl originaires des provinces du sud en partance pour Ngozi ont été bloqués par la police à Gitega. Scénario similaire pour d’autres fidèles au leader historique des Fnl sur initiative du commissaire provincial de Kayanza. Ce dernier a aussi empêché des gérants de stations-service de fournir du carburant aux opposants désireux de se rendre à Ngozi. La police a interdit à des militants du Cnl provenant de Giteranyi et Gasorwe en province Muyinga d’accéder au stade de Muremera où se tenait le meeting du Cnl. A la faveur de cette campagne électorale, des représentants des forces de sécurité semblent avoir repris le témoin de l’intolérance politique aux Imbonerakure, ressource mobilisable et ‘’hautement rentable’’ en campagne électorale. Aujourd’hui, la moindre critique émise à l’encontre des Imbonerakure s’avère être le fruit amer d’un amour déçu. Tel celui d’un jeune homme éconduit qui n’aurait plus que des paroles

remplies de fiel à la simple évocation de celle qui naguère lui inspirait une passion amoureuse. « Les Imbonerakure n’ont jamais eu de problème avec les gens. C’étaient plutôt des gens obsédés par les Imbonerakure. Il y a des

personnes jalouses que tel parti ait un grand nombre de jeunes en son sein, qui jalousent la popularité des dits jeunes et qui aimeraient tant que ladite jeunesse adhère à leurs formations politiques. Et comme celle-ci est peu encline à le faire,

elle est pointée du doigt comme ennemie», dixit le secrétaire général du Cndd-Fdd et candidat à la présidentielle, Evariste Ndayishimiye, dimanche 29 mars 2020, lors de l’émission Ku nama sur la radio Isanganiro.

Ces propos lunaires donnent l’impression que le parti au pouvoir et ses séides vivent leur histoire et que le reste du peuple vit la sienne. Ainsi sonne creux cette envolée lyrique du candidat à la présidentielle "révélé par Dieu" : « Je voudrais demander aux Imbonerakure partout où ils se trouvent de fréquenter les jeunes responsables des autres partis. Si tu diriges la ligue des jeunes dans une commune, cherche les responsables des autres partis, échangez, parlez-vous et engagez-vous à ne plus reproduire ce qui s’est passé, ces derniers jours. Rassurez-les et, dès lors, ils comprendront que vous êtes là pour bien gérer leur pays. Ils seront rassurés que demain, à l’issue des élections, la victoire ne te mette pas en position de leur faire du mal. » Le «Josué» du parti Cndd-Fdd, parce qu’il a connu la guerre, devrait faire montre d’une espèce de sens tragique de l’histoire lui donnant le sentiment qu’il doit avoir une vision du monde, le sens des pointillés de l’avenir. Enjeu ? Prévenir, dans un contexte de tension électorale, des lendemains de cendre. Guibert Mbonimpa

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ÉCONOMIE

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Elections 2020

Des promesses. Mais pas de chiffres La majorité des candidats en lice ne dressent pas le coût de leurs promesses électorales. Ils promettent des cadeaux aux électeurs sans montrer un budget appuyant leurs engagements.

L

undi 27 avril, la campagne électorale a commencé sur toute l’étendue du Burundi. De Gitega à Ngozi en passant par Bujumbura, les partis politiques et les coalitions des partis politiques et les indépendants haranguent les électeurs. Les lieux sont décorés de panneaux, banderoles et affiches vantant les candidats en lice. Chaque candidat y va avec son message pour convaincre les électeurs. La liste de quelques projets est présentée, mais le coût de ces projets reste inconnu. Dieudonné Nahimana, le candidat indépendant, promet de résoudre le chômage de masse des jeunes. Il envisage la réforme de l’enseignement afin que l’école permette la création de l’emploi. Une fois élu, ce candidat déclare que son gouvernement « financera des stages professionnels pour que les jeunes diplômés acquièrent des compétences indispensables sur le marché du travail. » Dans ses projets, le candidat du parti de l’Aigle, Evariste Ndayishimiye annonce que ses priorités seront la santé de la population, le développement de l’agriculture et l’élevage ainsi que les secteurs contribuant à accroître l’économie nationale, en particulier le secteur minier, le tourisme ainsi que la télécommunication. Et de marteler : « Il est temps que les fonctionnaires voient qu’il y a aussi un bon avenir dans la retraite.» Dans son discours, le candidat du CNL, Agathon Rwasa dévoile son projet de société : « Notre programme couvre tous les secteurs, mais la priorité sera donnée à l’agriculture, l’élevage et la pêche ». Au moins 11 millions de Burundais, explique-t-il, évoluent dans ces secteurs. M. Rwasa envisage construire un chemin de fer reliant le Burundi et les pays limitrophes pour redynamiser et faciliter les échanges commerciaux avec ces pays. Il entend développer le secteur privé pour contribuer à la diminution du chômage. Gaston Sindimwo, le candidat de l’Uprona, promet la création de l’emploi des jeunes. Une fois

élu, il réhabilitera le marché central de Bujumbura endéans 100 jours dès la prise du pouvoir. Pour Francis Rohero, le 1/ 10 du budget national sera alloué au secteur agropastoral et à la protection de l’environnement. Ce candidat indépendant détaille : « Chaque commune recevra un budget de 1 milliard alloué aux projets agricoles. » Dans le domaine de la santé, il prévoit injecter 40 milliards BIF dans la mutuelle de la Fonction publique pour permettre à tout citoyen d’accéder aux soins de santé.

Des programmes qui ne sont pas chiffrés Pour certains analystes, l’inconnu reste le coût de ces promesses électorales et son impact. Les faits sont têtus. Excepté un seul indépendant, Francis Rohero, d’autres candidats n’ont pas chiffré leur programme ou n’ont pas fait des projections à court ou à long terme. Des questions qui restent sans réponse. Combien coûtentils ? Quel est leur impact sur la croissance, le portefeuille des ménages, la dette publique, déficit budgétaire ?… Les programmes des candidats sont là. Et personne ne sait comment ils comptent y parvenir. Aucun candidat ne présente des projections pour l’ensemble du mandat, ou pour une seule année. Ce qui pose la question de leur crédibilité.

Francis Rohero : « Chaque commune recevra un budget de 1 milliard alloué aux projets agricoles. »

Pour d’autres analystes, cette campagne électorale est un véritable brouillard économique. La majorité des candidats promettent des cadeaux aux électeurs sans montrer un budget appuyant leurs engagements. Pour l’instant, les électeurs ne sont pas informés quant à la faisabilité des projets annoncés par les candidats avant qu’ils ne se rendent aux urnes. Ainsi, il est quasiment impossible aux électeurs de comparer les engagements économiques des candidats. Il sera également

compliqué d’évaluer leur réalisation à la fin de leur mandat. C’est indéniable. Plusieurs promesses électorales ont des grands impacts financiers. Pour le moment, même les journalistes et les analystes font face à la difficulté d’évaluer leur faisabilité et d’en informer le public. Normalement, les candidats rivalisent sur les chiffres et les données statistiques. Sous d’autres cieux, les candidats doivent dévoiler le plan global du budget: les revenus attendus, les dépenses à engager et la dette

publique. Cela crédibilise leurs projets de société. . Bref, c’est le moment opportun pour ces bâtisseurs de montrer les outils et leurs devis pour convaincre et séduire les électeurs.

Certains enjeux économiques oubliés Les meilleurs visionnaires dressent des programmes chiffrés. En outre, c’est la valeur économique des promesses des candidats qui prime. Un programme sérieux est d’abord économiquement sérieux. Pour d’autres encore, l’analyse économique de cette campagne est impossible. Car elle doit se baser sur le coût des projets pour les finances publiques, leur impact sur l’augmentation de la richesse nationale(PIB), leur capacité à augmenter le portefeuille des ménages, ne pas exiger trop la hausse des impôts… Un autre enjeu de taille. Certains grands enjeux économiques sont absents dans les promesses des candidats aspirant à former le prochain gouvernement. La croissance morose, couplée à l’inflation et au chômage, en passant par le niveau de l’endettement public insoutenable aurait dû interpeller les candidats dans cette campagne. Aucun candidat n’apporte aujourd’hui une réflexion sérieuse sur ces questions alors que celles-ci devraient être des thèmes phares de la campagne électorale. Pierre Claver Banyankiye

Evariste Ndayishimiye : « Il est temps que les fonctionnaires voient qu’il y a aussi un bon avenir dans la retraite.»

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ÉCONOMIE

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Au bar on pleure la Heineken et la Bock © Droits réservés

Les amateurs de la « sainte mousse » déplorent la hausse du prix de la Heineken et de l’Amstel. L’Abuco, Association burundaise des Consommateurs accuse la Brarudi d’être passive face à cette hausse illégale. L’Abuco demande au gouvernement de protéger les consommateurs.

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ous avons droit à la protection comme tous les autres consommateurs. Le gouvernement doit se ressaisir », se lamente un consommateur de la bière Heineken, rencontré à Bujumbura, lundi 26 avril. Remonté, cet amateur de la bière fait savoir que depuis le mois de décembre 2019, les cabaretiers n’arrêtent pas de leur demander le prix fort. Les commerçants de la Heineken 33 cl font de la spéculation à l’outrance. « En quatre mois, c’est frustrant de constater que le prix de la bière a augmenté de plus de 50% », déplore-t-il. Son prix est passé de 4000 BIF à 6000 ou 7000 BIF selon les bars. D’après lui, cette hausse du prix est exagérée et non justifiée. Dans la municipalité de Bujumbura, il est difficile de trouver une bouteille de Heineken 33 cl dans les bistrots. D’autres consommateurs déplorent le silence du ministre du Commerce chargé de réguler les prix. Le gouvernement devrait s’assurer que les commerçants respectent la marge bénéficiaire définie par la loi. Mais les commerçants ont une autre explication. Sous couvert d’anonymat, un tenancier d’un bar à Gihosha nous dit que « les fournisseurs ont augmenté les prix ». Ce détaillant accuse les grossistes d’avoir augmenté les prix. En passant, il souligne que cette pénurie n’est pas causée par la pandémie de Covid-19. Elle a débuté au mois de décembre 2019. « Une caisse de 24 bouteilles est passée de 75 000 à 120000 BIF. Nous sommes obligés d’augmenter le prix d’une bouteille pour garder notre marge bénéficiaire». D’après notre source, c’est à prendre ou à laisser. Les grossistes jouissent d’un monopole. Un groupe de 5 personnes détient une licence d’importation. « Vous comprenez pourquoi ils font la pluie et le beau temps». Par ailleurs, ce commerçant indique que la pénurie et la hausse de prix influent négativement sur son bénéfice : « Notre

Les bouteilles de la Heineken et l’Amstel bock qui se font rares.

clientèle a fortement baissé. C’est une grande perte. Avant, je pouvais facilement écouler 300 caisses par semaine.» Mais depuis janvier jusqu’au début février, il n’a vendu que 50 caisses. Depuis fin février, il peut passer trois semaines sans avoir aucune caisse de Heineken en stock. Depuis le début de cette année, son chiffre d’affaires a diminué de plus 60 %. Pour le moment, ce commerçant confie qu’il travaille à perte. Cette bière lui rapportait le gros du bénéfice.

Les importateurs se dédouanent Face à ces lamentations, Melchiade Niyonzima, un responsable de DIGITI, l’une des sociétés détenant une licence d’importation de cette bière fait savoir que son entreprise n’a pas augmenté les

prix : « Nous vendons la caisse à pénurie de l’Amstel bock. Dans 76.000 BIF.» la ville de Bujumbura, il est difCe dernier ficile de trouver « Il est difficile de confie que cette une bouteille société vend la trouver une bouteille d’Amstel bock bière en toute les bistrots. d’Amstel bock dans les dans transparence. « Cette pénurie bistrots. » Nous transmetest fortement tons la liste et les perceptible à factures des clients servis au minis- Bujumbura depuis le début de tre du Commerce ». Et de préciser l’année 2020. que le rôle de surveiller si ces derAmstel bock est niers respectent les prix revient inaccessible au ministre du Commerce. M. Niyonzima fait remarLà où cette bière est disponible, quer que depuis le mois de jan- elle est chère Le prix de l’Amstel vier, cette société enregistre des bock disponible sur le marché, retards de livraison à cause de la varie selon les bistrots. Le prix pandémie de Covid-19. Parfois, officiel qui était de 1200 BIF est les frontières sont fermées ou revu à la hausse dans presque leurs fournisseurs augmentent tous les cabarets. Dans les bisles délais de livraison. trots visités ce lundi soir, il variait Outre la hausse du prix de la entre 2000 et 3.000 BIF. Heineken, il y a également une Les consommateurs se plaig-

nent. « C’est une honte. Les commerçants augmentent le prix plus de 150% au vu et au su des délègues commerciaux», se lamente un amateur de cette bière produite au Burundi. Ce jeune homme se demande où sont passés les inspecteurs du ministère du Commerce assurant le respect des prix des biens vendus.

L’Abuco dénonce d’inaction la Brarudi Même constat chez l’Association Burundaise des Consommateurs. « Les commerçants font monter les prix de la Heineken et l’Amstel bock comme bon leur semble », dénonce Pierre Nduwayo, président de l’Abuco. Ce représentant déplore la mauvaise communication de la Brarudi. Elle assiste silencieusement à la hausse illégale de l’Amstel bock. «La Brarudi est au courant de ces spéculations. Ses délégués commerciaux sont dans ces bistrots violant sciemment les prix fixés. » Et d’appeler cette entreprise à punir les commerçants qui ne respectent pas les prix et ses délégués impliqués dans cette affaire. M. Nduwayo appelle les consommateurs à dénoncer les commerçants qui ne respectent pas les prix fixés par la Brarudi. Ce représentant de consommateurs lance un cri d’alarme : « Il faut que le ministère du Commerce se ressaisisse pour protéger les consommateurs contre la spéculation de certains commerçants. » Interrogé, Rémy Ndayishimiye, porte-parole de la Brarudi, s’est refusé à tout commentaire. Pierre Claver Banyankiye

Pierre Nduwayo : «La Brarudi est au courant de ces spéculations.»

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AU COIN DU FEU

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Avec Diane Kaneza Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Diane Kaneza.

V

otre qualité principale ?

Votre chanson préférée ? J’en ai beaucoup ! Mais celle qui est toujours présente, c’est Roule de Soprano.

Je pense que je suis quelqu’un de sociable avec un grand cœur. Et croyez-moi, j’ai dû faire un sondage pour répondre à cette question (rires).

Quelle radio écoutez-vous ? Aucune.

Votre défaut principal ? Je suis têtue, parfois naïve aussi.

Avez-vous une devise ? A la fin du film « Act of valor » de Mike McCoy et Scott Waugh, il y a ce poème de Tecumseh (Grand chef Shawnee) et plus particulièrement ces quelques vers : « Aime ta vie, perfectionne ta vie, embellis toute chose de ta vie. Cherche à rendre ta vie longue et mets-la au service des autres. »

La qualité que vous préférez chez les autres ? La bienveillance. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’hypocrisie. La femme que vous admirez le plus ? Ma mère biologique et ma mère adoptive. La première durant le peu de temps que j’ai passé avec elle, elle m’a transmis l’indépendance, la fierté, et la joie de vivre. La seconde l’a complétée avec l’amour et l’humilité. Avec ces deux femmes, j’ai appris que l’échec est fatal quand on n’a pas le courage et la force de se relever. Tomber, recommencer, toujours recommencer, essayer encore, tomber de nouveau, se relever et marcher avec dignité. L’homme que vous admirez le plus ? Nelson Mandela, pour son combat et la lutte contre l’Apartheid. Votre plus beau souvenir ? Les grandes vacances de mon enfance ! horo, kange, les billes, la corde…. (Les adolescentes de ma génération en savent quelque chose) ! Je me rappelle une anecdote en particulier. Nous avions un citronnier à la maison. Mes copines et moi avons décidé d’aller vendre (vente en gros) au marché pour avoir de l’argent pour acheter des cache-cache, ipipi et autres … On l’a fait une fois , deux fois. Mais le troisième jour, une des mamans du quartier n’était pas allée au bureau, alors on s’est croisé. Mon Dieu, quelle raclée avons-nous reçue! Nous avons

Votre souvenir du 1er juin 1993 (le jour où le président Ndadaye a été élu) ? A cette époque, j’avais dix ans et deux mois. D’un côté, j’ai le souvenir d’une foule chantant et dansant sur le Boulevard d’Afrique, descendant vers le marché de Ngagara. De l’autre, la déception totale dans nos maisons.

bien été corrigées d’abord par cette maman et par nos mères respectives dès qu’elles ont été mises au courant.

redeviendrait ce « pays du lait et du miel ».

La plus belle date de l’histoire burundaise ? Votre plus Le 1er juillet 1962 : triste souvenir ? « Si en chacun de le jour où le drapeau L’enterrement nous, il y avait un du colonisateur a de mon père. été remplacé par le soupçon de courage drapeau burundais. Quel serait et d’amour pareil J’aurais bien voulu votre plus grand pour la patrie... » avoir une machine malheur ? à remonter le Ne pas rire aux temps pour aller éclats. Une journée sans rire est vers le passé et vivre l’émotion resperdue. sentie par les Burundais, ce jour-là. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? Le sacrifice de Bihome pour sauver la nation (il a troqué ses habits contre ceux du roi Mwezi Gisabo afin que ce dernier échappe aux Allemands, ndlr). Si en chacun de nous, il y avait un soupçon de courage et d’amour pareil pour la patrie, peu importe le secteur d’activité, je suis sûre que le Burundi

La plus terrible ? Le 13 octobre 1961, le jour de la mort de Rwagasore. Je pense que si le Prince avait eu le temps de réaliser son rêve (« Un Burundi paisible, heureux et prospère »), les mères ne pleureraient pas leurs enfants. Le métier que vous auriez aimé faire ? Archéologue.

Votre passe-temps préféré ? Regarder un bon film ou un programme télé. Toute image qui bouge, comme aiment tant le dire mes amis. Votre lieu préféré au Burundi ? Les paysages époustouflants d’Ijenda, chez grand-mère. Le pays où vous aimeriez vivre ? On n’est jamais mieux que chez soi, le Burundi bien sûr ! Le voyage que vous aimeriez faire ? L’Egypte pour ses pyramides et ses pharaons mais également son cinéma. Votre rêve de bonheur ? Je n’en ai pas parce que, pour moi, le bonheur c’est l’instant présent. Là et maintenant ! Parce que demain, il peut être trop tard ! Votre plat préféré ? Une bonne brochette de chèvre avec en accompagnement soit du riz aux légumes soit des pommes de terre sautées.

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Votre définition de l’indépendance ? On a longtemps dicté, mâché à l’Afrique sa façon d’être ou de paraître. Pour moi, l’indépendance, c’est la liberté de penser, la possibilité de juger par soi-même. Votre définition de la démocratie ? C’est être libre d’exprimer son opinion, libre d’adhérer à un groupe de votre choix qui épouse votre pensée ou opinion. Votre définition de la justice ? L’égalité de tous devant la loi. La femme burundaise, la trouvez-vous suffisamment représentée dans les instances de prise de décision ? Oui et non. Oui, parce que nous avons aujourd’hui des femmes dans des postes clés au niveau politique, dans les structures étatiques ou privées. Non, parce que je pense qu’il est plus que temps de prendre le pouvoir (nous sommes plus


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AU COIN DU FEU

nombreuses) pour défendre des positions qui nous font avancer en tant que femme. La place du 7e art au Burundi. Quelles sont les embûches à son essor? Il y en a beaucoup. Au-delà de l’incompréhension du secteur, s’ajoute le manque des moyens de production ou de fonds d’aide pour faire vivre le cinéma burundais. Sans oublier le manque d’un cadre légal clair et précis régissant le 7e art. Et ce manque met en danger le métier du cinéma au Burundi. Les jeunes sont-ils investis ? Le train est en marche. Dans les quartiers, nombreux sont les jeunes qui produisent des films avec leurs maigres moyens. Et peu importe la qualité, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Il est impératif de soutenir cette jeunesse qui ne demande qu’à s’exprimer par l’image. Et il est de notre devoir, en tant que soi-disant aînés, de partager avec eux nos expériences et nos connaissances. Si nous ne les aidons pas, nous aurons failli à notre mission. Heureusement, il existe des structures comme le

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COPRODAC qui a cela à cœur. Et par des formations de courte durée, elle essaie de transmettre les connaissances. Mais il faut plus que cela ! Comme cinéaste, avez-vous l’intention de porter à l’écran l’histoire politique tant mouvementée du Burundi ? A mon humble avis, il est de notre devoir de raconter notre histoire avec notre point de vue et notre regard de Burundais. Si vous étiez ministre de la Communication, quelles seraient vos deux premières mesures ? La seule et l’unique mesure serait de dissocier le cinéma et les médias classiques ou nouveaux. Si vous étiez ministre de la Jeunesse et de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ? -Faire construire un centre culturel burundais où se rencontrerait tous les arts existant au Burundi (salle d’exposition – salle de cinéma – salle de répétition ou de cours…) et mettre en place une bibliothèque nationale sur la culture Rundi.

-Donner du poids à l’Office burundais des droits d’auteurs dont le seul but serait de reconnaître le travail de chaque artiste. Croyez-vous à la bonté humaine ? Oui, il faut toujours voir le bon (le meilleur) en l’autre. Pensez-vous à la mort ? Oui, j’y pense. C’est pour cela je reviens sur ses vers de Tecumseh : « Quand vient l’heure de mourir, ne sois pas comme ceux dont le cœur est rempli par la peur de la mort, qui lorsque leur heure arrive, pleurent et prient pour avoir un peu plus de temps afin de revivre leur vie de façon différente. Chante ton chant du cygne et meurs héroïquement, tu rentres chez toi. » Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Merci Papa, pour tous les bienfaits, ils m’ont rendue heureuse ! Merci pour les obstacles qui m’ont permis de devenir meilleure. Ils m’ont rappelé que je ne suis que poussière. Je suis heureuse de rentrer !

Propos recueillis par

Bio express

D

iane Kaneza est née en 1983 à Ngagara.Réalisatrice et productrice, Mme Kaneza enseigne aussi à l’Université Lumière de Bujumbura dans la faculté des sciences de la communication, option communication et conception audiovisuelle. Elle détient un Master 2 en réalisation documentaire de création à l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Cofondatrice et directrice de l’agence de communication MIKADIE Production, cette ancienne journaliste de la RTNB (2006- 2011) est auteure de nombreux documentaires comme Eau potable, eaux usées diffusé dans Reflet Sud sur TV5 Monde Afrique en 2009, Abattage et Environnement peuvent-ils rimer? (Prix du Meilleur film Documentaire au FESTICAB 2009). Directrice du Festicab en 2016 (festival du film international burundais), son dernier film Mon identité a été nominé dans plusieurs festivals internationaux et a reçu le prix Spécial du Jury au Young African filmmakers awards / Afrika filmfestival (2018, Belgique).

Hervé Mugisha

ACP Région Ouest

Cibitoke

Les agriculteurs réclament l’engrais chimique Cinq mois sans engrais chimiques, ils craignent une famine. Le bureau provincial de l’environnement, agriculture et élevage rassure. De notre correspondant Jackson Bahati

D

es champs de cultures sans engrais chimiques. C’est la situation qui prévaut pour le moment dans toutes les communes de la province de Cibitoke. La majorité de la population dit avoir déjà payé les frais pour l’achat de ces engrais à la demande du gouvernement. Mais actuellement, ils ne savent pas sur quel pied danser. Certains quittent déjà le pays par peur de la famine. Ou tout simplement, de peur d’être arrêtés pour ne pas avoir remboursé les dettes contractées. « Mes enfants ne vont plus à l’école à cause du manque de frais de scolarité », se plaint Innocent Nduwayo, un trentenaire de la commune Rugombo dont la vie dépend entièrement du riz. Selon ce père de 8 enfants, la récolte ne sera pas abondante.

Les cultivateurs estiment que la récolte sera mauvaise suite au manque d'engrais chimique

Appel au calme Un agriculteur de la commune Buganda a cultivé une rizière de plus de 10 hectares. Suite à ce manque d’engrais chimiques observé depuis le début de la saison culturale B, les champs se dégradent. Ces cultivateurs

estiment qu’il serait préférable pour l’État de ne pas percevoir les frais d’achat d’engrais chimique sans que ce dernier ne soit déjà disponible. Cela leur permettrait d’utiliser cet argent pour acheter d’autres biens familiaux. Suite à cette situation,

ils demandent à la direction provinciale de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage de mettre ce produit à leur disposition. La directrice provinciale de ce département appelle au calme. Mme Nyabenda reconnaît que si la situation persiste, les

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efforts de ces agriculteurs seront vains. Toutefois, elle demande à cette population d’être patiente car l’Etat est déjà conscient de ce problème. Elle espère que bientôt, le problème sera résolu.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

Ils s’insurgent contre le porte à porte Le gens qui n’ont pas de préférence politique vivent une période difficile où ils doivent subir des assauts des militants des partis politiques pour les persuader de rejoindre leurs camps. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

L

es candidats de la majorité ou de l’opposition sont tous sur les routes pour battre campagne. Si les partis politiques parviennent à mobiliser massivement leurs militants, certaines démarches inquiètent plus d’un. Pique à peine voilée contre les membres des partis CNDD-FDD et le CNL, qui mènent quelques fois une campagne du porte à porte. Matin, midi soir, ce sont des groupes de deux, trois voire cinq qui toquent à la porte pour expliquer comment voter leurs candidats, convaincre les occupants de la maison à rejoindre leur camp. Pour la population, cette méthode peut cacher d’autres motivations. « Je sais

Région Sud

Campagne électorale du parti CNDD-FDD au quartier Yoba ce mardi 28 avril

lire et écrire, je n’ai pas besoin que des gens parfois illettrés viennent chez moi pour m’apprendre comment voter », déplore Salvator de Yoba. Pour lui, cette démarche de ces militants peut cacher d’autres motivations surtout que certains membres des partis politiques ne tolèrent pas qu’il y ait d’autres voix divergentes.

Violation du domicile…. « Chaque camp connaît ses membres, il n’est pas alors nécessaire de perturber les gens à leur apprendre comment voter comme si c’est la première fois que les élections ont lieu au Burundi », clame Margueritte. D’après cette dame, si elle n’avait pas connu des péri-

odes troubles durant les élections antérieures, elle aurait approuvé cette pratique mais pour le moment elle assimile cette quête des voix à la violation du domicile. Cette mère de famille se demande si ce n’est pas un recensement voilé des membres des autres partis. Abdallah qui clame haut et fort n’appartenir

à aucun parti politique indique qu’il a peur pour sa famille. « Je n’ai pas confiance en ces personnes qui sillonnent rues et quartiers pour nous casser les oreilles en nous vantant des qualités et les promesses de leurs candidats. »

Rumonge

La gestion des terres préoccupe la population Au moment où la campagne électorale bat son plein, la population demande aux futurs gestionnaires du pays de proposer des solutions durables et concrètes à certains défis dont la gestion des terres des réfugiés. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

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tampari, un habitant de la colline Gashasha, commune Rumonge, indique que la gestion des biens des réfugiés et des résidents n’a pas encore trouvé une issue favorable depuis la mise en place de la première commission dit « Mandi » en 1976. « On est à la troisième commission mais des problèmes perdurent. Beaucoup de dossiers relatifs à ce contentieux restent en suspens et en mars 2021 la commission des terres et autres biens va clôturer ses activités. » Il demande aux futurs gestionnaires du pays de proposer des solutions durables qui tiennent compte des intérêts des réfugiés et des résidents. Il regrette que

depuis la gestion des biens des réfugiés et des résidents ait pris des dimensions politiques et cela n’a pas permis aux réfugiés et aux résidents d' aboutir à une vraie réconciliation. Ces propos sont confirmés par Bareke, membre du conseil communal de Rumonge. Il demande au gouvernement de donner une nouvelle orientation à cette commission pour plus d’équité.

Des promesses irréalisables La population dénonce les discours des politiciens qui indiquent qu’ils vont mettre un accent sur le domaine de l’élevage et l’agriculture sans toutes fois montrer comment ils vont concrètement mettre en œuvre cette politique. Il en est de même que le combat contre le chômage des jeunes, la trans-

Pour lea population de Rumonge les candidats devraient trouver une solution quant à la gestion des terres

formation agro-alimentaire et le développement du secteur du tourisme. Selon la population,

ceux qui battent campagne font beaucoup de promesses mais le problème se trouve dans la mise

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en œuvre de ces politiques et la manière de les évaluer.


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Elections 2020 : Le CNJB appelle les jeunes à œuvrer pour la paix et la sécurité

Sous le patronage du ministère de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information, le Conseil National de la Jeunesse a initié, en collaboration avec l’Association Tugenderubuntu pour la Consolidation de la Paix, des activités de sensibilisation à la tolérance politique et à la cohabitation pacifique auprès des jeunes dans toutes les provinces du Burundi. Le rapport de ces activités a été présenté ce vendredi 17 avril à Bujumbura, en présence de la ministre de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information, Evelyne Butoyi.

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ans son allocution, le président du Conseil National de la Jeunesse, Eraste Nzosaba, s’est félicité de l’évolution de la jeunesse burundaise. « La jeunesse d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle qui l’a précédée, elle a changé d’optique et s’inscrit dans un avenir d’autonomie ». Et de souligner l’harmonie qui la caractérise dans toutes ses actions. « Cette jeunesse-là a uni ses forces pour faire œuvre commune. Et a décidé de lutter contre tous ceux et toutes celles qui agissent dans l’ombre pour la pervertir ». Selon Eraste Nzosaba, ce conseil est composé de jeunes d’horizons divers : des jeunes issus d’associations sans but lucratif, de partis politiques et d’autres exerçant dans différents secteurs de la vie nationale. « C’est dans un but d’unité que notre conseil s’est déployé dans différentes provinces pour aller à la rencontre des jeunes, recueillir leurs doléances, les défis auxquels ils font face pour atteindre leurs objectifs », a soutenu le dirigeant du CNJB. Et de vanter un dialogue avec la jeunesse associative, la jeunesse partisane, la jeunesse issue de diverses confessions religieuses et la jeunesse scolaire. « Nous avons remarqué une jeunesse intègre, qui cohabite harmonieusement et agissant en faveur du développement, cela pouvant la sortir du chômage et de la précarité », a fait remarquer M. Nzosaba. Et de défendre que « les élections arrivent dans un contexte de cohabitation pacifique entre jeunes ». Plus importants encore pour le président du Conseil National de la Jeunesse, les conseils des adultes. « On a fait nôtre vos conseils Mme la ministre, ceux nous prodigués par nos différents gouvernants, ceux nous prodigués par nos parents, sans oublier ceux de notre Président de la République, qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour mettre la jeunesse sur les rails du progrès ». Enfin, le leader du CNJB a adressé ses remerciements à l’ensemble de ses partenaires dont l’Association Tugenderubuntu pour la Consolidation de la Paix, représentée par son président Saturnin Coyiremeye, pour avoir soutenu techniquement et financièrement

Au milieu, la ministre de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l'Information, Evelyne Butoyi. A gauche, Eraste Nzosaba, président du Conseil national de la Jeunesse

ses actions. « Enfin, nous sommes reconnaissants envers la ministre pour son rôle auprès de la jeunesse et lui demandons son perpétuel soutien pour que le Conseil National de la Jeunesse soit le porte-parole et au service de toute la jeunesse. » Dans son interview accordée à la presse, la ministre ayant la Jeunesse dans ses attributions, Evelyne Butoyi, a précisé l’objectif assigné à l’échange organisé ce vendredi 17 avril. « C’était une réunion de clôture des activités organisées dans toutes les provinces du Burundi par le Conseil National de la Jeunesse, en collaboration avec le ministère de la jeunesse que je préside ». La ministre Evelyne Butoyi a indiqué que tout en vaquant à leurs activités quotidiennes, les jeunes ont été amenés à dialoguer sur la meilleure façon de se conduire avant, pendant et après les élections. « Il est évident, au vu de l’affluence juvénile observée lors de ces rencontres, avec la bénédiction des autorités locales, que la jeunesse burundaise aspire à la paix. », a fait observer la ministre. Pour elle, le dépliant relatant les engagements pris et relayé auprès de la jeunesse de toutes les provinces, l’atteste assez largement. « La jeunesse a pris la voie de la sauvegarde de la paix et la sécurité après avoir tiré des leçons d’actions mauvaises orchestrées dans le passé, notamment lors des événements de 2015. Aujourd’hui, les jeunes disent vouloir aller de l’avant, prendre soin de leur pays, sauvegarder la paix et par conséquent, faire advenir le développement », a ajouté également la ministre. Et de conclure ainsi son propos.

« Les jeunes sont fiers que, pour la toute première fois, ils aient contribué pour la tenue des élections comme les autres Burundais et par conséquent, se disent prêts à y participer unis et sereins, afin de se préparer à être de bons leaders demain ». Marcel Ndindamihigo,

représentant du Conseil National des Jeunes à Ngozi, est intervenu pour témoigner des bienfaits des activités de dialogue et de partage initiées par le CNJB dans cette province du nord. « Grâce aux actions du conseil, la cohabitation entre jeunes de différents partis politiques s’est largement amélio-

Saturnin Coyiremeye, président de l'Association Tugenderubuntu pour la Consolidation de la Paix

Vue partielle des participants

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rée. Il en veut pour preuve la création de la Coopérative des Jeunes pour le Développement Intégral (CJDI) regroupant des jeunes de différentes formations politiques dans la province Ngozi ». Et le témoin de souligner faire partie du comité de surveillance de cette coopérative. Ndindamihigo a enfin rapporté que la dite coopérative œuvre dans les secteurs de l’agriculture et l’élevage. A l’issue de cette journée, un dépliant établissant le rapport des activités a été présenté et adopté à l’unanimité par l’assemblée présente. Ce rapport est un corpus d’entente entre les jeunes de tous horizons ayant pris part à ces activités de dialogue et partage initiées par la CNJB. Il repose entre autres sur les éléments suivants : • Prier pour le pays afin que Dieu soit le garant d’élections paisibles et sereines • Sensibiliser les autres jeunes sur le sens de la démocratie qui est basée sur une bataille électorale consacrant la victoire d’un candidat parmi plusieurs • Présenter les projets de société de divers partis politiques en toute quiétude • Lutter contre le mensonge et ignorer ceux et celles qui voudraient inciter les jeunes à mettre en danger la paix et la sécurité • Sensibiliser la jeunesse à l’humanisme et au respect des opinions adverses • Eviter la calomnie en période de campagne électorale • Respecter la loi civile et les règles fixées par le code électoral • Conserver minutieusement sa carte électorale et inciter les jeunes à élire et se faire élire pour s’assurer une représentation au sein des institutions • Encourager particulièrement les filles à élire et se faire élire • Dire du bien de son pays natal • Eviter les rumeurs et intox • Prévenir sur toute action pouvant saboter le scrutin • Soutenir de diverses manières les dirigeants élus


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Merankabandi : un projet qui change la vie des bénéficiaires Elevage, nouvelles maisons, scolarisation des enfants… le projet d’appui aux filets sociaux « Merankabandi » est en train de changer des vies. A la rencontre des familles, Batwa surtout, de la province Gitega, qui ont su améliorer leurs conditions de vie grâce à une somme de 40 mille BIF tous les deux mois, depuis environ deux ans.

M

ercredi 22 avril, nous sommes dans le site des batwa de la colline Zege, commune Gitega. Une maison bâtie en murs cimentés avec un toit en tôles s’aperçoit au milieu des champs verdoyants. A côté, se trouve un champ de légumes, basé sur la nouvelle approche champ école paysan, de choux, carottes…tous légumes confondus. Aux alentours, les bananiers entourent la maison. C’est le domicile de Beate Bavumiragiye, 29 ans, l’une des bénéficiaires du projet Merankabandi (sois comme les autres) dans cette commune. Cette mère de la communauté Batwa de quatre enfants affirme que ce projet a sauvé sa famille. « Avant, nous vivions dans la misère. Je devais contracter des dettes pour subvenir aux besoins de mes enfants. Nous dormions à même le sol», raconte cette jeune maman. Bénéficiaire du projet depuis son début en 2018, elle a d’abord acheté des matelas pour offrir à la famille un logement digne. Elle s’est ensuite lancée dans l’élevage de chèvres. Et puis, la famille a acheté les terres pour cultiver. Elle exploite aujourd’hui les champs de bananes, de haricots, de légumes, etc. Aujourd’hui, Beate donne l’air d’une femme comblée. Tous ses enfants vont désormais à l’école grâce au projet. « Avant, seulement deux enfants étaient scolarisés ». A côté de cette somme d’argent, Béate Bavumiragiye affirme que grâce à la formation complémentaire sur les techniques agricoles modernes, la production a augmenté. « La famille se nourrit des légumes de mon champ. Je ne dépense plus de l’argent pour cela ». Elle peut aussi faire le commerce d’une partie des légumes pour subvenir à d’autres besoins.

Béate Bavumiragiye, bénéficiaire twa du site Zege, dans son champ moderne de légumes

à acheter les semences et engrais pour cultiver. Cette maman confie qu’avant le projet, elle était maltraitée par son mari. Ce dernier l’avait même chassée, la traitant d’une « moins que rien ». Elle affirme qu’elle a passé plus de 4 ans en dehors de son foyer. Dès qu’elle commence à toucher le montant offert par le projet, (la somme du projet), elle revient au foyer. Aujourd’hui, elle affirme que la vie familiale s’est améliorée énormément. « Regardez, les enfants s’habillent bien. Ils vont à l’école, ils mangent à leur faim », lance-t-elle, avec fierté. Elle a quatre champs de haricots et une bonne production, grâce au projet Merankabandi. Cette maman de l’ethnie twa fait aussi le commerce de légumes, de l’huile, de farine, etc. Elle loue les

terres à cultiver grâce à la somme mensuelle qu’elle perçoit du projet. Avant le projet, elle affirme que seul un enfant sur quatre était scolarisé. « Il a lui-même failli abandonner, car j’avais du mal à le nourrir et il n’avait pas de quoi s’habiller », témoigne-t-elle. Aujourd’hui, tous les enfants sont sur le banc de l’école. A côté de l’agriculture et de l’élevage, d’autres ont construit des maisons. C’est le cas de Xavier Sindayihebura, 35 ans, toujours dans la commune Gitega. Ce père twa de quatre enfants de la colline Rugari, zone Gitega rural, confie qu’avant le projet, il vivait sous le toit de sa belle-mère. « Mais depuis que ma femme touche l’argent mensuel du projet, nous avons pu nous acheter un

terrain et nous avons construit une maison ». La famille fait aussi l’élevage de porcs. « Les enfants s’habillent bien. Ils mangent à satiété. Ils ont vraiment bonne mine », se félicite ce jeune papa.

De l’agriculture au commerce… Bugendana est une autre commune de la province Gitega bénéficiaire de ce projet. Nous sommes sur la colline Gaterama, zone Bitare. Sur ce petit centre urbain, l’activité économique est plus ou moins développée. Plusieurs boutiques sont visibles ici et là. Bénéficiaire du projet Merankabandi, Christine Mateso, mère de six enfants, vient d’ouvrir une boutique sur la route principale de cette colline. Elle vend des vêtements pour enfants, savons,

produits alimentaires, sel, huile, etc. Une activité génératrice de revenus qu’elle a créée grâce au montant de 40 mille BIF que la famille perçoit tous les deux mois. Portant un bébé dans le dos, Madame Mateso sert les clients avec enthousiasme, fière de la nouvelle vie qu’elle a commencée grâce au projet. Cette mère de la communauté Batwa affirme que cette boutique fait vivre sa famille. A côté du commerce, Christine a pu aussi investir dans l’élevage des lapins, des porcs et des poules. Avec le transfert monétaire, elle s’est acheté des houes pour cultiver. Pendant la saison culturale, elle ne peine plus à chercher de l’argent pour les semences qui sont chers. Un kilo de semences d’arachides par exemple se vend à 5.000 BIF. « Aujourd’hui, mes champs sont magnifiques. Tous mes enfants vont à l’école », déclare Madame Mateso. D’après elle, ce projet leur a ouvert les yeux. « L’on dit que les Batwa ne peuvent rien faire, ne peuvent pas se développer. Avec les différentes formations qui accompagnent le projet, nous avons ouvert les yeux ». Son mari se dit comblé. Il s’est acheté une moto qui aide dans l’approvisionnement des marchandises pour la boutique. Ce père confie qu’avant le projet, sa famille vivait dans une maisonnette, sans toit. Aujourd’hui, la famille loue une maison moderne. « Nous payons le loyer régulièrement, nous n’avons aucun problème avec le bailleur ».

Plus de violences conjugales ! Dans ce même site des Batwa de Zege, Marie Nshimirimana, 45 ans, est une autre bénéficiaire du projet. Mère de quatre enfants, elle a investi dans l’élevage de porcs et de chèvres. A côté de sa maison, une petite porcherie abrite des porcs qu’elle élève depuis qu’elle est bénéficiaire du projet Merankabandi. Se laver, s’habiller, nourrir les enfants… la vie était un cassetête pour sa famille avant le projet. Elle n’arrivait même pas

Christine Mateso, bénéficiaire Mutwa de la commune Bugendana, tient une boutique.

Marie Nshimirimana, bénéficiaire de la commune Gitega, s’est lancée dans l’élevage de porcs, grâce au projet.

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Merankabandi : l’administration se frotte les mains Les cas de vol et la mendicité qui vont decrescendo, l’accès facile à l’éducation et aux soins de santé… L’administration provinciale de Gitega se montre déjà satisfaite des résultats du projet.

L

e projet Merankabandi soutient aussi d’autres familles vulnérables qui ne sont pas de la communauté Batwa. Concilie Sabushimike, 37 ans, de la commune Itaba, zone Gihamagara est l’une de ces bénéficiaires. Mère de cinq enfants, elle a investi dans l’élevage de chèvres, de porcs, de moutons et de poules. Elle a investi aussi dans l’agriculture d’éleusine et de maïs. C’est l’odeur de ces deux produits agricoles qui nous accueille chez elle. A l’extérieur de sa maison, le sol est tout couvert d’éleusine, étendue pour séchage. A l’intérieur, la maison est remplie de sacs d’éleusine et de maïs. La récolte a été bonne apparemment. Concilie affirme que la production agricole a beaucoup augmenté depuis qu’elle est bénéficiaire du projet. Car elle se procure facilement du fumier pour fertiliser ses champs, grâce à l’élevage. Elle a de surcroît lancé une activité génératrice de revenus. Ses champs de bananiers lui procurent de la bière de banane dont elle fait le commerce.

Concilie Sabushimike, bénéficiaire de la commune Itaba a investi dans l’élevage de chèvres et de moutons.

pas à satisfaire ses besoins fondamentaux. Mais depuis quelques temps, la donne a changé. En effet, plusieurs familles bénéficiaires ont vu leurs conditions de vie s’améliorer. « Aucun enfant ne meurt de faim. Ils vont tous à l’école et ont accès aux soins de santé ». Le gouverneur de la province Gitega, Venant Manirambona, affirme quant à lui qu’un pas très

important est déjà franchi dans le développement de la population surtout bénéficiaire. Ils ont changé de mentalité et de comportement. « Et nous savons que le développement commence par le changement de mentalité. Ils ont compris l’importance de scolariser les enfants ». Avant la mise en place du projet, explique le gouverneur, les familles bénéficiaires étaient

très démunies. Les demandes d’assistance à l’administration étaient plus nombreuses, d’après le gouverneur. Mais avec le projet, l’effectif a diminué ; « Car les bénéficiaires du projet ne sont plus des mendiants. Ils ont un capital et des activités génératrices de revenus ». M. Manirambona reconnaît que cet argent du projet est d’une grande importance non

seulement pour la population bénéficiaire, mais aussi pour toute la province. Grâce au projet Merankabandi, la production agricole a augmenté. En effet, les bénéficiaires n’ont plus de problèmes pour l’achat des engrais et des semences. Ils adoptent de surcroît les techniques modernes d’agriculture grâce aux formations complémentaires qu’ils reçoivent du projet. Pour le gouverneur, les formations complémentaires sont aussi très importantes pour ces familles, qui sauront désormais gérer l’argent en faisant des épargnes, et ainsi pérenniser les acquis après le projet. Le projet va aussi contribuer à l’amélioration de la santé de la population, a dit le gouverneur de Gitega. Selon lui, les ménages bénéficiaires ont un accès facile à une alimentation équilibrée et à un abri sain. « Nous ne doutons point du développement des familles, de la province et de tout le pays ; car une partie de l’argent qu’ils reçoivent doit être réservée à une activité génératrice de revenus. D’ici peu, plusieurs familles vont émerger et devenir de grands commerçants, pourquoi pas, a martelé M. Manirambona ! ».

Les administratifs louent un projet novateur Le chef de colline Gaterama, commune Bugendana, Ronald Habonimana, reconnaît que le projet Merankabandi a sauvé des ménages bénéficiaires de cette colline qui étaient très pauvres, surtout les familles Batwa. « Ils n’avaient pas de toits. Aujourd’hui, ils ont un abri. Ils font de l’élevage ». Ce chef collinaire affirme qu’avant ce projet, il y’avait beaucoup de cas de vol sur cette colline car la population ne parvenait

Révocate Nshimirimana devant sa maison qu’elle a construite grâce au projet.

Le gouverneur de la province Gitega loue un projet qui a mis fin à la misère de la population bénéficiaire.

A la découverte du projet Merankabandi Merankabandi est un projet d’appui aux filets sociaux, qui soutient les familles les plus pauvres, d’après Thérèse Igirukwigomba, Responsable provinciale des opérations (RPO) à Gitega. Ce projet du gouvernement, appuyé par la Banque mondiale, s’intéresse aux familles qui ont des enfants de 0 à 12 ans. Il intervient dans quatre provinces : Gitega, Karusi, Ruyigi et Kirundo. Dans la province Gitega, quatre communes sont bénéficiaires : Gitega, Bugendana, Itaba et Buraza

avec plus de 12 mille ménages bénéficiaires. Ce projet, qui s’étend sur 36 mois, depuis 2018, soutient plus de 56 mille ménages au niveau national. En plus du transfert monétaire, les ménages bénéficiaires participent à des séances mensuelles portant sur la santé maternelle et infantile, le développement du jeune enfant, la nutrition, la scolarisation, l’éducation financière et les activités génératrices de revenus. Ces activités complé-

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mentaires aident les ménages à investir dans leur capital humain. Les résultats sont déjà louables. Les conditions de vie des bénéficiaires se sont nettement améliorées, selon Mme Igirukwigomba, Représentant provincial des opérations à Gitega. L’impact est aussi visible à travers les fonds qui entrent dans les communes bénéficiaires. « Les recettes ont augmenté, certainement. Car cet argent est consommé dans la même commune », estime-t-elle.


SYNERGIE

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Campagne électorale: Et c’est parti pour 21 jours

Le 27 avril marquait le lancement de la campagne électorale. A cet effet, des medias ont joint leurs forces pour faire vivre au public cet événement. Dans ce numéro, Iwacu, en collaboration avec d'autres médias, revient sur les quelques grands moments de cette journée.

Gitega Evariste Ndayishimiye : « Je serai le commandant du développement.» Le Cndd-Fdd avait choisi Bugendana, une des communes de la province de Gitega pour démarrer sa campagne électorale. Une occasion pour le candidat de ce parti à la présidentielle de présenter son projet de société.

T

out ce que ce parti au pouvoir compte comme cadres et ténors dans toutes les provinces et toutes les communes du pays convergent vers Bugendana. A partir de 7 heures et demie du matin, le terrain préparé pour accueillir les cérémonies est déjà noir de monde. Des drapeaux rouge-vert-blanc frappés de l’aigle au milieu, flottent tout autour du terrain orné aux couleurs de ce parti. Plusieurs véhicules, voitures, pickups, bus, camions et motos, tous portant des ballons et des fanions aux couleurs de ce parti sont mobilisés pour le transport des militants conviés à ce grand rassemblement. Ces Bagumyabanga arborent tous des habits à l’effigie de leur candidat Evariste Ndayishimiye, ses portraits géants sont disposés sur les façades de toutes les tribunes, de même que les autocollants personnalisés portant sa photo. Sur ce terrain, des baffles balancent à pleins décibels, du haut du podium, des chansons de ce parti surtout la chanson, ’’Ng’uyo Samuragwa’’, (Voici l’héritier, le candidat à la présidentielle). Elle est reprise en boucle. C’est d’ailleurs ce tube de ralliement qui l’accueille sur ce terrain. Surprise, il n’est pas seul, comme annoncé par le maître des cérémonies. Evariste Ndayishimiye est avec le président de la République, ils marchent côte à côte, jusque dans la tribune d’honneur, sous les applaudissements des milliers de ’’Bagumyabanga’’. Ils agitent par milliers des ballons et des fanions aux couleurs de leur parti. Petit détail : Evariste Ndayishimiye porte une chemise à l’effigie

« Comme vous me faites honneur d’être devant vous, pour être votre candidat à la présidentielle, j’aimerai vous annoncer que je suis prêt à prendre le volant, parce qu’il s’agit de vos desiderata », poursuit ce candidat à la présidentielle.

« Je suis un bon élève »

Le mentor et son poulain.

du chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza et ce dernier arbore des habits à l’effigie de ce candidat du Cndd-Fdd à la présidentielle.

« Je le soutiens à 100% » Dans son discours, le président de la République le mentionne. Il rappellera la promesse faite de soutenir Evariste Ndayishimiye. Du haut de la tribune, le chef de l’Etat dira que ce candidat a été pendant longtemps préparé d’abord comme négociateur avec le dernier mouvement rebelle, officier supérieur à l’Etat-major de l’armé, ministre de l’Intérieur, chef du cabinet civil et enfin secrétaire général du parti. « En tant que chef de cabinet civil, il aura l’occasion de connaître tous les dossiers du pays, il n’y a pas de secret pour lui. Nous avons souffert

ensemble et nous avons échappé à la mort ensemble, nous sommes intimement liés », a-t-il révélé avant de déclarer qu’Evariste Ndayishimiye est la personne qu’il faut à la place qu’il faut. « Notre candidat à la présidentielle, je le soutiens à 100%. Mis à part mon appui, je voterai pour lui, les yeux fermés. Je suis venu vous le présenter pour que vous ayez confiance en lui et que vous puissiez l’élire. Il est digne de confiance, il faut qu’il soit notre guide et poursuive notre œuvre », plaide le président Nkurunziza. Et de poursuivre : « Evariste Ndayishimiye est chanceux, courageux et c’est un croyant. Nous avons une même vision. Nous avons partagé la même lutte pour la restauration de la démocratie. Voter pour lui est un bon choix, c’est la continuité

pour le développement. Il a toujours été à mes côtés, à mon tour de lui rendre la pareille. J’ai prié pour lui et c’est le seul », révélera le chef de l’Etat. Quand, il monte à la tribune, Evariste Ndayishimiye, annonce déjà qu’il sera le commandant du développement. « Tous les secteurs porteurs de croissance comme l’agriculture et l’élevage, l’énergie, l’enseignement technique, le tourisme, les ressources naturelles, la télécommunication, le commerce, seront développés. Nous avons une belle base laissée par notre leader, il nous faut mettre la pierre à l’édifice. C’est le moment de retrousser les manches et de s’atteler au travail. Nous allons manger à la sueur de nos fronts », annonce Evariste Ndayishimiye.

Les partisans d’Isidore Mbayahaga à Bugendana.

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Et d’appeler ses partisans à battre campagne pour le Cndd-Fdd: « Maintenant vous avez mon aval, allez partout dans le pays, dans toutes les provinces, sur toutes les collines, maison par maison et demandez qu’ils votent pour le Cndd-Fdd. Si tous les Burundais votent pour le Cndd-Fdd, cela ne veut pas dire que c’est le retour au monopartisme, loin de là, les partis auront fait la compétition et les Burundais auront fait leur choix. Que les gens ne commencent pas crier à la fraude ». Il mentionnera à plusieurs reprises que le président Nkurunziza est son mentor : « Je suis très proche de lui, je suis un bon élève, notre guide vient de vous le dire. Je suis commandant et je viens prendre la relève du grand commandant. J’ai eu un bon coach. J’ai eu le temps d’écouter les Burundais, à tous les échelons, surtout le petit peuple, le temps est venu pour moi de répondre à leurs doléances ». Plusieurs délégués des partis politiques, amis du Cndd-Fdd feront le déplacement. Il faut noter la présence très remarquée et marquée d’Isidore Mbayahaga, chef de file d’un groupe de militants de l’Uprona opposés à Gaston Sindimwo, candidat de ce parti à la présidentielle. Il est à la tête d’une forte délégation de ses partisans, au moins une centaine. Ils portent tous soit des foulards rouge-blanc, soit des habits aux couleurs de l’Uprona. Ils viendront par petits groupes, leur chef assure de temps en temps le protocole. Ces Upronistes resteront assis devant la tribune d’honneur, se levant de temps en temps pour se dégourdir les jambes en esquissant quelques pas de danse et reprenant timidement les refrains des chansons scandées par les militants du Cndd-Fdd. Abbas Mbazumutima, Iwacu pour la Synergie des médias


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SYNERGIE

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Mairie/ Kinama

Cankuzo

Le parti SAHWANYAFRODEBU a dévoilé son projet de société

Léonce Ngendakumana: « Oeuvrer à tout prix pour redonner les lettres de noblesse à l'éducation».

L

e vice-président du parti Sahwanya-Frodebu et candidat de cette formation politique à la présidentielle du 20 mai 2020, Léonce Ngendakumana, a dévoilé lundi soir en zone urbaine de Kinama relevant de la commune de Ntahangwa (nord de Bujumbura-Mairie), le projet de société de cette formation politique en matière politique, économique et sociale. En matière politique, M. Ngendakumana a déclaré que son parti va axer la priorité sur la promotion de la dignité humaine et de la protection des droits de la personne humaine. Toujours dans le domaine politique, il a indiqué que si jamais les Burundais lui faisaient confiance en portant le choix sur lui comme prochain président de la république, il réhabiliterait l’Accord d’Arusha pour la Paix

et la Réconciliation au Burundi du 28 août 2000. Dans le domaine économique, il a affirmé que son parti mettrait en avant le développement de diverses infrastructures avec un accent particulier sur le secteur routier. Dans le domaine social, « œuvrer à tout prix pour redonner les lettres de noblesse à l'éducation, une valeur ajoutée aux secteurs de l›éducation et de la santé, particulièrement en ce qui concerne la qualité des prestations fournies ». Auparavant, le président du parti, Pierre-Claver Nahimana avait présenté les candidats députés du parti Sahwanya-Frodebu aux élections législatives dans la Mairie de Bujumbura. Dismas Doweri, ABP infos pour la synergie des medias

Les compétiteurs ont brillé par leur absence

La population vaquant à ses occupations

L

es activités marquant le lancement de la campagne électorale pour la présidentielle de 2020 n’ont pas eu lieu dans cette province Dans toute la province de Cankuzo, aucun signe n’indique le début de la campagne électorale. Les gens vaquent tranquillement à leurs occupations. Avec une pointe de dérision, certains disent même n’avoir appris le lancement de la campagne électorale que par radio. Cependant, les attentes ne manquent pas. Toutes les personnes rencontrées au chef-lieu de la province Cankuzo, n’aspirent qu’à une chose. « Répondre à leurs doléances .Notamment, une bonne gouvernance ».Elles demandent également le bitumage de la route CankuzoGahumo, passant par Mishiha. Casse-tête, ces habitants également l’adduction d’eau potable et la multiplication des écoles et des hôpitaux. Les jeunes rencontrés sur place aimeraient par ailleurs que le prochain fasse feu de tout bois pour lutter contre le chômage et rouvre la formation pédagogique.

Selon la présidente de la CEPI Cankuzo, Valérie Serushahu, les partis politiques en lice pour les présidentielles de 2020 sont au nombre de quatre à savoir le CNDD-FDD, le CNL, Sahwanya Frodebu, UPRONA et un indépendant, Francis Rohero. Pour les législatives, six partis politiques seront en compétions notamment le CNDDFDD, le CNL, Sahwanya Frodebu, UPRONA, le FNL et le RPB Nturenganywe. Concernant les élections communales en province Cankuzo, six partis politiques seront en compétition. Il s’agit du CNDD-FDD, de l’UPRONA, du CNL qui seront présents dans toutes les communes, le parti Sahwanya Frodebu Nyakuri dans une commune, RPB Nturenganywe dans une commune tandis que le parti FNL sera présent dans quatre communes. Eric Ndayihaya (Urumuri News) et Dieudonné Nyandwi (Infonet) pour la synergie des medias

Mairie

Jour 1.Dieudonné Nahimana : « Je suis le plus jeune de tous les candidats » Lundi 27 avril, le candidat indépendant, Dieudonné Nahimana, a lancé sa campagne électorale en mairie de Bujumbura. Une occasion de dévoiler son projet de société axé sur la jeunesse et l’égalité sociale.

J

e suis le plus jeune de tous les candidats en lice pour cette présidentielle », lance le candidat Nahimana au stade de football du quartier Kibenga dans la commune Muha, face à une centaine de militants et

d’habitants des environs. Le candidat rappelle d’emblée son parcours et son rôle auprès de la jeunesse. « Depuis plus de vingt ans, à travers différents organismes que j’ai créés - New Generation, l’Association Reja que j’ai cofon-

dée, sans oublier Dieudonné Nahimana foundation qui œuvre en faveur de l’autonomie des jeunes – nous avons essayé d’agir pour faire émerger une jeunesse visionnaire, progressiste et humaniste ». Dieudonné Nahimana appelle à l’égalité sociale : « Certains sont méprisés du fait qu’ils sont analphabètes, d’autres comme employés de maison, cultivateurs, maçons, veilleurs de nuit … comme s’ils n’avaient pas les mêmes droits offerts par la nation.» Et de sou-

ligner que beaucoup de dirigeants, à la faveur d’élections, connaissent une ascension sociale hors-norme tout en oubliant ceux et celles qui les ont élus. Le candidat indépendant se montre particulièrement soucieux de l’avenir de la jeunesse. « Il est impensable aujourd’hui pour un jeune ayant un emploi de se construire un chez-soi, de mettre en place une épargne de 100, 200 millions pouvant lui permettre de s’offrir un logement ! » Et de

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plaider pour « des crédits-logement » accessibles à tous. Le candidat-pasteur se dit préoccupé du chômage de masse des jeunes et affirme ensuite être en faveur d’une école qui incite au « self-employment ». « Beaucoup de jeunes fêtent l’obtention de leurs diplômes de fin d’études mais passent quatre ou cinq ans à dire qu’ils ont déposé ici ou là sans obtenir d’emploi ! Nous voulons une école qui incite à l’autoemploi ! » Et d’enchaîner. « L’Etat


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doit en outre financer les stages professionnels pour que les bénéficiaires acquiescent des compétences qui les rendront indispensables sur le marché du travail » En tant que candidat indépendant, Dieudonné déclare que sa victoire serait celle de tous les partis politiques. « Toutes les formations politiques pourront librement s’exprimer, sans aucune mise à l’écart ! » Pour Nahimana, sa jeunesse d’âge et son inexpérience politique sont des atouts. « De tous les candidats en lice pour la présidentielle, je suis le plus jeune d’entre eux ! Et contrairement à

Le candidat Dieudonné Nahimana en meeting devant le marché de la zone Ruziba.

eux, je n’ai jamais adhéré à aucun parti politique, non pas parce que

je déteste les partis, mais parce que je me suis longtemps vu comme

médiateur de tous les Burundais ! »

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Notons que la campagne de ce candidat avait démarré au marché de Kinindo pour se terminer au stade de Kibenga dans la zone Kinindo en étant passée par la zone Ruziba où s’est tenu un premier meeting devant le marché de cette localité, la zone Musaga où un autre meeting s’est tenu sur la RN7 et enfin aux abords du magasin Bata, sur le boulevard du 1er novembre, une artère très fréquentée en plein centre-ville de Bujumbura. Alphonse Yikeze, Iwacu pour la synergie des medias

Ngozi

Agathon Rwasa appelle ses militants à voter pour son parti Le Congrès national pour la liberté (CNL) a procédé au lancement officiel de la campagne électorale 2020 au stade de football de Muremera, au chef lieu de cette province.

L

es cérémonies ont débuté par une longue marche des militants de ce parti. Depuis la barrière située sur la route qui mène vers la province de Muyinga jusqu’au stade Muremera. Au cours de cette marche, les militants du CNL se saluaient avec ceux d’autres formations politiques en l’occurrence ceux du CNDD-FDD. Un comportement, vivement apprécié par l’ensemble des deux camps. Un point positif : en plus des gens qui détenaient des thermoflashes pour mesurer la température des gens au stade, des seaux avec des savons se trouvaient à l’entrée pour se laver les mains. Des gestes barrière idoines

pour lutter contre le Covid-19. Dans son discours de circonstance, le président du parti CNL, Agathon Rwasa, a d’abord remercié tous ceux qui ont fait de leur mieux pour pouvoir arriver au lieu des cérémonies. « Le moment tant attendu pour le choix de nouveaux dirigeants est arrivé ». Le moment choisi d’appeler la population présente à voter pour ce parti lors du prochain scrutin du 2020. Aux militants du parti CNL, M. Rwasa a invité d’éviter toute forme de divisions et de mensonge. Le président du parti CNL a fait savoir qu’il reste convaincu d’une possible victoire aux élections. Une fois gagnées les élections, M. Rwasa a promis que le CNL dirigera le pays tout en garantissant la paix et la sécurité pour tous les citoyens burundais et étrangers vivant sur le territoire national. Et d’interpeller les candidats aux prochaines élections de respecter les résultats qui sortiront des urnes. « Au vainqueur, nous lui demandons de bien gouverner pour l’intérêt de tout Burundais sans aucune distinction ».

Les militants avaient répondu présent en grand nombre

Des projets tous azimuts Le parti CNL promet de mettre une machine dans chaque province pour assainir les routes. Le projet de société du CNL, a dit M. Rwasa, concerne tous les domaines de la vie du pays. Selon lui, dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et bien d’autres. Une fois au pouvoir, M. Rwasa

a promis d’œuvrer pour que la gratuité de soins des femmes enceintes, celles qui accouchent et les enfants de moins de 5 ans soit effective. Pour désenclaver le pays, la construction d’un chemin de fer reliant le Burundi et la Tanzanie est prioritaire. Pour renforcer le développement du pays, M .Rwasa a promis d’augmenter la quantité du courant électrique. Le début de la campagne

a été une occasion de montrer, à l’aide des cartes d’électeurs, comment se déroulera le vote. Il n’a pas manqué de rappeler aux militants du parti CNL que les activités de la campagne électorale commencent à 6h du matin pour se clôturer à 18h, selon le code électoral en vigueur. Martin Karabagega, le Renouveau pour la synergie des medias

Mwaro

Uprona : Le parti promet des changements dans tous les secteurs Le parti Uprona a procédé à l’ouverture officielle de la campagne électorale, lundi 27 avril 2020.C’est la commune Gisozi de la province Mwaro qui avait été choisie pour rehausser les activités.

M

oment choisi pour montrer aux membres du parti le candidat qui va les représenter à l’élection présidentielle, les activités ont débuté par une prière. Différentes confessions religieuses (catholique, protestante et musulmane) se sont relayées avant que l’assemblée présente entonne l’hymne national et celui du parti Uprona. Dans son

mot de bienvenu Abel Gashatsi, président du parti a indiqué qu’ils attendaient de pied ferme le rendez-vous. « Nous nous sommes préparés depuis la fin des élections de 2015 » .Preuve de leur détermination, il a fait savoir que pour ce triple scrutin le parti partira seul. « Nous n’avons pas voulu d’alliance ». Et d’annoncer à l’assemblée présente que dans son programme, l’Uprona a fait

de son cheval de bataille la lutte contre le chômage.

Diriger le pays pour l’intérêt de tous les Burundais M. Gashatsi s’inscrit en faux contre les membres de ce parti qui ont voulu déstabiliser les organes du parti. Pour lui, ils ne sont plus des leurs. A cet effet, il appelle les Badasigana à la tolérance pendant la campagne électorale et

à respecter le résultat des urnes. Le président de l’Uprona a enfin montré ceux qui seront candidats pour représenter ce parti dans les législatives et les conseillers communaux. Dans son programme, le candidat à la présidentielle pour le compte du parti Uprona, Gaston Sindimwo a indiqué qu’une fois élu, il va diriger le pays pour l’intérêt de tous les Burundais

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et non pas pour les membres de l’Uprona. Il a promis d’opérer des changements dans les différents secteurs de la vie nationale. Gaston Sindimwo demande aux candidats de ce parti à différents scrutins d’entrer dans cette course électorale en toute tranquillité. Pour lui, chaque province aura un membre au niveau du gouvernement. L’économie, la justice, la santé


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SYNERGIE POLITIQUE

et le social, l’autre priorité Dans le secteur de l’économie, il va promouvoir les activités agro-pastorales surtout les cultures industrielles comme le thé et le café. En outre, M. Sindimwo a promis la libéralisation de l’économie nationale pour qu’il y ait une compétition. Aussi, il y aura l’instauration des mesures visant à baisser les taux d’intérêt

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imposés par les banques. Au niveau de la justice, le candidat à la présidentielle du parti Uprona va lutter contre la corruption et permettre une justice indépendante. Au niveau social, il va instaurer la gratuité scolaire jusqu’à 16 ans et quant aux retraités, ils vont bénéficier des soins de santé. M. Sindimwo a aussi pré-

cisé que les corps de défense et de sécurité seront dotés de moyens suffisants pour mieux s’acquitter de leur tâche. Avant d’ajouter : « En cas de victoire, un gouvernement d’union nationale sera formé ».

Gaston Sindimwo: "Nous allons restaurer les menaces visant à baisser les taux d'intérêts imposés par les banques".

Yvette Irambona, le Renouveau pour la synergie des medias

Muramvya Kira –Burundi : Pour le bien être de la jeunesse, revoir la politique de l’éducation Le candidat à la présidence de la coalition KiraBurundi aux élections de 2020, Domitien Ndayizeye a procédé, lundi 27 avril 2020, au lancement de la campagne électorale. Les activités se sont déroulées au chef-lieu de la province de Muramvya.

D

ans son discours de circonstance, Domitien Ndayizeye, le candidat à la présidence de la coalition Kira- Burundi a indiqué que pour développer le pays, il faut commencer par l’agriculture et l’élevage et se focaliser aussi sur le développement des infrastructures routières et la lutte contre la pauvreté. « Mais pour y arriver, faut-il que la lutte contre la corruption soit un impératif. Tout comme, la hausse les salaires des fonctionnaires ». Secteur clé du développement, une fois élu président de la République, M. Ndayizeye fait savoir qu’il ferait de l’agriculture le fer de lance de l’économie nationale : « Mais, pour la rentabiliser, faut-il qu’il y ait des fertilisants suffisants.» A cet effet, il

indique qu’il prévoit de créer des usines augmenter la production des fertilisants. «A ce moment, on pourrait créer des sociétés de transformation des produits récoltés. Ces derniers pourraient être conservés plus longtemps voire les exporter dans d’autres pays», a-t-il dit. Déplorant le fait que les gens avec un niveau d’études universitaires ne trouvent pas d’emploi facilement et qu’ils finissent par être des veilleurs ou encore par être des conducteurs de taxis motos suite au chômage prolongé. Pour en finir avec cette spirale, M. Ndayizeye a fait savoir qu’il reverrait la politique de l’éducation pour le bien être de la jeunesse. Dans cette optique, il compte collaborer avec les confessions reli-

Les thenors de la coalition Kira en pleine compagne

gieuses ainsi que le secteur privé. Dans le secteur de la santé, M. Ndayizeye prévoit l’augmentation des hôpitaux et d’autres infrastructures sanitaires. Parcours du combattant, lorsque vient le moment de se faire soigner, afin de donner des chances égales à tout le monde, « la mise en place d’un centre de distribution de médicaments aux gens qui souffrent des maladies

infectieuses est une nécessité ». Le candidat Ndayizeye a promis aux membres de la coalition Kira-Burundi en particulier, ainsi que tous les Burundais en général, mettre en avant le dialogue social dans différents secteurs de la vie. « Au lieu de se disputer, les associations des travailleurs devraient collaborer avec le gouvernement. Les Burundais devraient être unis afin d’œuvrer

Makamba

pour le développement du pays ». Dans son mot d’accueil, Aloys Baricako, président de la coalition Kira-Burundi a fait savoir que les couleurs et le symbole du drapeau de la coalition KiraBurundi symbolisent la paix. C’est la couleur bleu ainsi que le dessin de la Colombe. M. Baricako a rappelé aux membres de la Coalition Kira-Burundi que leur candidat Domitien Ndayizeye a déjà été à la tête du pays, il y a quelques années. Il a cédé le pouvoir en 2005 en toute tranquillité. « Un espoir des lendemains qui chantent ». Pour le triple scrutin 179 636 électeurs sont attendus dans 524 bureaux de vote répartis dans toutes les communes. Les partis politique en compétition sont au nombre de cinq à savoir le CNDD-FDD, l’Uprona, Le CNL, le Frodebu et la coalition KiraBurundi. Il y a également un candidat indépendant aux élections des conseillers communaux, Calixte Kubwimana. Lucie Ngoyagoye, le Renouveau pour la synergie des medias

La campagne n’était pas au rendez-vous Hormis la permanence communale du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri Iragi Rya Ndadaye, dans la commune Makamba, aucun parti politique n’a lancé la campagne électorale, lundi 27 avril 2020.

A

u chef-lieu, lors de notre passage à cet endroit, un calme absolu y règne. Aucun signe n’indique qu’il y a des activités de la campagne électorale qui vont s’y dérouler. Comme à l’accoutumée, la population vaque à ses activités quotidiennes. Le temps de se diriger

Les compétiteurs ont brillé par leur abscence

entre autres le CNDD-FDD, l’UPRONA, le SAHWANYA FRODEBU, le SAHWANYA FRODEBU NYAKURI et le CNL. Ce responsable fait remarquer que la province Makamba compte au total 856 bureaux de vote. La commune Kayogoro a 175 bureaux de vote, la commune Kibago 83, la commune Makamba 174, la commune Mabanda 115 et la commune Vugizo 84.

au siège de la commission électorale provinciale (CEPI) pour voir si nous pouvons glaner le peu d’informations en rapport avec le triple scrutin à venir. Dieudonné Nahabandi, président de la Cepi Makamba fait savoir qu’au niveau de sa province tous les sept candidats en lice pour les présidentielles sont présents. Pour les élections législatives, les

Il précise aussi que cette province dispose de 294 089 électeurs. Et d’ajouter que la CEPI en collaboration avec les représentants provinciaux ont organisé pas mal de réunions avec les représentants des partis politiques pour les inviter à ne jamais oublier de rappeler à leurs militants de se

partis politiques en compétition dans la province Makamba sont CNDD-FDD, UPRONA, CNL, SAHWANYA FRODEBU, SAHWANYA FRODEBU NYAKURI IRAGI RYA NDADAYE, FNL et la candidate Mme Prisca. Selon toujours M. Nahabandi, les partis politiques en compétition pour les élections des conseillers communaux sont

294 089 électeurs inscrits à Makamba

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protéger contre le Covid-19 qui fait rage dans le monde entier. Vers 15 h 30, c’est là où on s’est rendu sur la colline Gisenyi de la commune Makamba, province Makamba. A cet endroit, la permanence communale du parti SAHWANYA FRODEBU NYAKURI IRAGI RYA NDADAYE a organisé les activités de la campagne électorale. Vénuste Nyanzira, représentant communal de ce parti indique que les militants de ce parti attendent de ces élections en préparation des dirigeants qui ont le souci de développer le Burundi. Ils ont besoin d’élus qui prônent la justice et l’équité pour tous. Notons que la campagne électorale se clôturera le 17 mai 2020 Jean Marie Vianney Niyongabo, Burundi Eco pour la synergie des medias


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