ACTUS MARCHÉ
Vers une sortie de crise ? Après avoir perdu 11 % de leur chiffre d’affaires en 2020, les entreprises d’ingénierie s’accordent à saluer une dynamique de reprise globale sur l’ensemble des secteurs économiques au premier trimestre 2021. La relance devrait bénéficier, en cascade, aux acteurs des secteurs industriels et de la construction à court et moyen termes.
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elon Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie, la fédération professionnelle de l’ingénierie : « Pour la première fois depuis le début de la crise liée à la Covid-19, la prise de commandes des ingénieristes augmente et le taux nominal d’occupation des équipes repasse la barre des 50 %. C’est une excellente nouvelle pour notre profession, bien sûr, mais aussi un signal fort pour l’économie tout entière. Les ingénieristes sont aux avant-postes de tous les projets. Ils étudient et conçoivent les écoles, gares, hôpitaux, voitures autonomes, usines intelligentes, etc. qui seront construits demain… Pour que la reprise soit effective, il est crucial que donneurs d’ordres publics et privés poursuivent cette dynamique et qu’une attention particulière soit portée aux filières automobile et aéronautique qui restent bouleversées par la crise ». Côté construction, les marchés publics d’ingénierie ont augmenté de 17 % en volume, alors que l’on prédisait
Pierre Vierzat, au micro, lors de la clôture de la plénière en 2020 sur les engagements des entreprises signataires de la charte Climat.
Syntec Ingénierie
INGÉNIERIE
une crise économique durable. Une augmentation qui confirme la tendance déjà enclenchée au dernier trimestre 2020, où les marchés d’ingénierie avaient connu une hausse de 21 % en volume. Entre 2019 et 2020, ils avaient enregistré une baisse globale de 17 %. Si tous les secteurs de la construction sont concernés, c’est dans le bâtiment et les infrastructures que la reprise est la plus marquée. De la même façon, les ingénieristes qui interviennent auprès des décideurs industriels font preuve d’optimisme, pour la première fois depuis le début de la crise. Alors qu’il y a trois mois à peine, seuls 20 % d’entre eux déclaraient une hausse de leurs prises de commandes par rapport à la même période en 2019, ils sont désormais 78 % à voir leur activité redémarrer, selon le dernier baromètre de la profession publié par Syntec-Ingénierie. Si les perspectives s’améliorent, l’activité des ingénieristes de l’industrie tourne encore au ralenti. Seul un quart d’entre eux ont des équipes occupées à 100 %.
RÉGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE
Une procédure inapplicable La nouvelle procédure dite « Titre V » de la future réglementation environnementale RE2020 risque de freiner toute possibilité d’innover en matière de systèmes. Huit organisations professionnelles (AICVF - AIMCC - Cinov Ingenierie - Effinergie - FIEEC - IGNES – SER - Uniclima) tirent sur le signal d’alarme et appellent à la concertation. Pour rappel, la procédure dite « Titre V » ouvre des possibilités d’agrément complémentaire afin d’intégrer les spécificités d’un système innovant
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dans les modes de calcul liés à la réglementation environnementale. Afin de préparer la RE2020, un groupe dédié de quinze experts s’était déjà penché sur le sujet de la prise en compte des innovations et, à partir des retours d’expérience de la réglementation RE2012, avait soulevé un certain nombre de critiques, mais, surtout, avait avancé des propositions dont le texte qui se profile ne tient pas compte. Premier sujet d’inquiétude : la faisabilité de la nouvelle procédure. Le texte
semble indiquer qu’il serait nécessaire de fournir une déclaration environnementale pour les innovations. S’il est évidemment essentiel de justifier de l’impact environnemental de l’ensemble d’une solution, en revanche l’exigence d’une déclaration environnementale (FDES, PEP) pour chaque innovation reviendrait, de fait, à empêcher leur prise en compte dans la RE2020. Cela serait encore plus problématique pour les équipements (grands pourvoyeurs de Titre V), pour les-
quels un grand nombre de PEP sont issus de démarches collectives concernant des produits types. Sur ce point, le groupe d’experts GE14 avait proposé plusieurs pistes dont le recours à des données environnementales par défaut. Autre sujet d’inquiétude : des délais et des coûts supplémentaires considérables. En effet, la nouvelle procédure ajoute par rapport à la RE2012, une exigence d’au moins 10 projets de construction, soit 10 Titres V Opérations pour obtenir un Titre V Système. Galvano Organo - n°894 - Septembre2021