Ibilka15 ip

Page 20

interVieW

PAge 20

iNTervieW

Je suis LOin d’en AVOir Fini AVeC Les BAsQues L’écrivain américain, Craig Johnson, est l’auteur de la saga policière qui met en scène le shérif Walt Longmire. depuis Little Bird, son premier roman publié en 2005, le shérif du Wyoming a vécu douze aventures qui, à la manière d’un anthropologue, lui font rencontrer les peuples du Wyoming et visiter un monde en cours de disparition. il explique à ibiLka sa relation avec les basques du Wyoming.

Nous savions que les Basques ont été bien présents en Californie et au Nevada, grâce à vous on les découvre au Wyoming. Sont-ils toujours présents ? Comme je l’ai dit, les basques sont bien présents ici. Je me souviens quand j'étais en tournée pour death without company (Le camp des morts) on n’arrêtait pas de me demander : « Il y a des Basques dans le Wyoming ? » et puis, quand je suis allé au pays basque, on me demandait encore : « Il y a des Basques au Wyoming ? » de toute évidence, tout le monde les a oubliés… à travers les noms de vos personnages, - surtout dans Death without company, bien sûr - mais aussi par des noms de lieux, l'euskara existe dans vos romans, vous ouvrez même Death without company, par une citation en basque ; ailleurs vous évoquez les bergers basques (The Dark horse), gernika (another man's moccasins) et même eTa (hell is empty) ; comment possédez-vous cette connaissance du Pays Basque ? Ce sont mes voisins. Je les trouve intéressants, ainsi que leur histoire et leur

langue. L’Ouest américain est souvent présenté comme une terre peuplée seulement d’indiens et de cowboys mais ce n’est pas tout à fait vrai aux vues des innombrables cultures et nationalités qui sont venues s’installer dans des endroits comme le Wyoming. J’ai beaucoup lu sur les basques et j’interroge souvent mes voisins sur leur héritage. Les basques sont un trait-d’union avec l’ancien Monde et même un monde plus vieux que celui que les gens connaissent. Death without company met en scène des basques mais ces personnages ainsi que l’influence de la culture basque vont continuer à résonner dans les romans à venir. Je suis loin d’en avoir fini avec les basques. Les indiens, Crows, Lakotas, Cheyennes sont aussi des personnages essentiels de votre œuvre. On a l'impression qu'il est important pour vous de rattacher le Wyoming à toutes ses identités et ses cultures ? Comme je le dis plus haut, je pense que beaucoup de peuples de l’Ouest américain n’ont pas la place qu’ils méritent car la plupart des gens qui écrivent sur l’Ouest n’en sont pas originaires et n’ont pas une réelle connaissance de la réalité. Je vis et je travaille avec eux et ne pas inclure les basques dans mes histoires serait criminel. Les basques ont beaucoup en commun avec les Cheyennes et les Crows dans le sens où se sont des gens qui luttent pour préserve leur langue, leur culture et leur histoire face à l’assaut de la modernité et de la technologie, sur une terre particulièrement isolée avec un environnement difficile. C'est une tâche ardue, mais je ne parierais pas contre eux. Connaissez-vous le Pays basque ? y êtes-vous déjà venu ? Nous avons visité principalement le côté français voyageant à travers les montagnes et nous sommes allés près de bayonne où nous avons rencontré toutes sortes de gens formidables. J’ai eu l’occasion de manger un des meilleurs steaks de ma vie… mais surtout ne le répétez pas au Wyoming, sinon ils pourraient me foutre dehors !

>>

Le CamP DeS mOrTS Mari baroja est retrouvée morte dans sa maison de retraite. on découvre qu’elle appartenait, avec ses quatre frères, à la communauté basque du Wyoming. L’enquête de Walt Longmire mène le lecteur dans le passé d’une famille et de deux pays. un peu à la manière de tony hillerman, dans le monde des navajos, Craig Johnson nous entraîne dans des univers que l’on est heureux de découvrir encore bien vivants. Le Camp des morts. ed. Point, 7,95 €.

Dans vos romans, et pas seulement dans Le Camp des morts, les Basques sont régulièrement présents, soit à travers des personnages tel l'adjoint du shérif Longmire, Santiago Saizarbitoria, soit à travers des lieux : L'hôtel Basque par exemple. Pourquoi vous intéressez-vous à cette communauté ? ici, dans le Wyoming, les basques occupent une partie étonnamment grande. Historiquement, lorsque le gouvernement fédéral a ouvert l’accès aux terres dans les montagnes pour le pâturage, à la fin des années 1800, les autorités se sont rendu compte que ces terres n’étaient pas propices pour les bovins, elles ont donc décidé d'essayer d’y installer des moutons. Mais il n’y avait pas beaucoup de cowboys qui s’y connaissaient en moutons, du coup on a fait venir des bergers basques. il est inutile que je vous précise a quel point les basques sont résistants et entreprenants, ce n’est donc pas étonnant qu’ils aient prospéré ici dans le Wyoming et, aujourd’hui, certains des plus grands ranchs appartiennent à des descendants de basques. dans chaque culture, il y a une lutte permanente pour arriver à faire perdurer les traditions constitutives de l’identité. Les basques s’accrochent avec acharnement à leurs racines, il y a par exemple le Festival basque qui se tiens au plan national.

Comme les Cheyennes et les Crows, les basques luttent pour préserver leur identité et leur langue.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.