Ibilka #13

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PORT

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t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e s S a n t i a g o Yaniz Aramendia

LEKEITIO, MUNDU BATEKO MUTUREKO PORTUA

Lekeitio le port du bout d’un monde

Nahiz eta adituek dioten orain duela 30 000 urte Kristo aurretik hasi zela gizakia bizitzen lur zati honetan, aro garaikidea edo kasik, interesatuko zaigu.

Envolez-vous « La mer, la mer, toujours recommencée ! » écrivait Valéry et même quand le vent ne se lève pas, à Lekeitio on est toujours tenté de vivre.

I

l ne faudra pas compter sur l’autoroute, pas plus que sur une confortable route de pays pour gagner Lekeitio (Bizkaia), qu’on se le dise ! Peu s’en faudrait pour que le très évocateur terme de port de bout du monde ne lui aille comme un roman de Francisco Coloane. À deux heures d’Iparralde et presque autant de Bilbo, nous tempérerons nos affirmations en évoquant plutôt un port du bout d’un monde, tant pour la petite expédition que requiert cette incursion biscayenne que pour une époque presque révolue que Lekeitio reflète.

Nous aurons choisi le dépouillement de la basse saison, de préférence après des journées qu’auront tourmentées ces grains qui plongent le Golfe dans d’anthracites épaisseurs marines. Quand, enfin presque débarbouillé, le ciel s’illumine de lumières hollandaises, ne plus hésiter à emprunter depuis Deba (Gipuzkoa), la funambulesque route de la corniche, une savoureuse mise en bouche pour qui veut déchiffrer les ports cantabriques. Flexueuse et parfois cahoteuse, pour peu qu’un coup de tabac ait écorné son goudron, elle va ourler les contours d’une géographie sentimentale, tantôt à fleur de rivage, tantôt, après s’être fourvoyée dans le fouillis des pins, à touche échine de falaises cariées par le boutoir atlantique. Le kilomètre ne faisant plus rien à l’affaire, il faudra compter plutôt en virages si l’on tient à se référer à un temps désormais peu horloger. À peine ce virage contourne-t-il acrobatiquement un caprice rocheux enveloppé d’une possessive végétation où, plus odorifique qu’odorant, le morne eucalyptus se taille la part belle, que celui-là semble se défenestrer vers une soudaine trouée maritime s’ouvrant en majesté sur une mer où le cobalt le dispute à l’émeraude. Passés Mutriku (Gipuzkoa) et Ondarroa (Bizkaia), alors que le regard s’habitue aux incommensurables lointains cantabriques,


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