Ibilka #12

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RADELAGE

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t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e s S a n t i a g o Yaniz Aramendia

ALMADIAK, OIHANAK UR GAINEAN ZEUDENEKO DENBORAN Duela erdi mende bat, Erronkariko haranean, almadia, oso ofizio zahar bat, desagertu zen. Urtero, maiatzaren lehen asteburuan, Burgitarrek tradizio horren sua berpizten dute.

Almadiak le temps où les forêts flottaient

Bois flotté Au premier samedi de mai, la vallée du Roncal ranime l'ancestrale pratique du radelage, pour le bonheur des spectateurs et pour… ne pas perdre un savoir-faire très pyrénéen.

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our leur malheur, les rivières des Pyrénées n’ont pas échappé à l’air du temps. Dans un monde allant se corsetant et contraint de baser la gestion de la nature sur l’économie et non pas sur la biologie, elles ont été les premières victimes. En ces années où on les désignait du joli nom de rivières libres, elles couraient de leur source à leur embouchure, toujours recommencées. En de subtiles noces, ces torrents spumeux : Irati, Ezka, Cinca, Ara, Esera, de la Navarre à la Catalogne, en apaisant leur course,

mêlaient leurs eaux nerveuses à celle de l’Aragon, du Sègre, de l’Ebre pour s’offrir un nouveau périple. La sapinière rejoignait l’oliveraie, les neiges de Pyrène la Méditerranée. Le XXe siècle avait déjà une cinquantaine d’années quand, versant sud, l’homme s’avisa de les dompter. Versant nord, c’était chose faite depuis les premières décades quand il se rendit compte que l’hydrographie pyrénéenne permettait aisément la conversion de l’énergie cinétique fournie naturellement par les rivières en énergie électrique. Franco, pour punir l’Aragon et la Catalogne de lui avoir résisté, en bridant, après celui des hommes, le destin des rivières, se jeta, à détestation perdue, dans l’édification de barrages dont certains ne furent pas mis en eau quand d’autres se révélèrent néfastes pour l’environnement. Ils engendrèrent un inexorable exode rural et contribuèrent aussi à mettre un point final à l’un des plus beaux offices pyrénéens qui avait cours entre Navarre et Catalogne : la almadia ou, en français, le radelage, la descente des troncs par flottage. La chose est désormais entendue : au premier samedi de mai, Burgi (Navarre), la roncalaise, rallume les feux de ce vieux métier pour ne rien perdre de cette manifestation du génie rural. Rien de plus normal, dans ce village de 230 habitants, il

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