
13 minute read
EN CHIFFRES
Traiter la spasticité avec proactivité
COLLABORATION
DR STÉPHANE CHAREST, NEUROLOGUE ET CODIRECTEUR DE LA CLINIQUE DE SPASTICITÉ DE LA MAURICIE-ET-DU-CENTRE-DU-QUÉBEC
DRE GENEVIÈVE SIROIS, PHYSIATRE SPÉCIALISÉE EN NEURO-RÉADAPTATION À L’INSTITUT DE RÉADAPTATION ET DÉFICIENCE PHYSIQUE DE QUÉBEC ET À LA CLINIQUE INTERDISCIPLINAIRE DE SPASTICITÉ DE QUÉBEC.
JUSTINE MONTMINY
Il existe peu d’études sur la prévalence de la spasticité, mais on estime qu’environ 250 000 Canadiens en souffrent, soit 1 % de la population adulte au pays1 . Or, certains patients spastiques sont laissés à eux-mêmes alors qu’une bonne prise en charge et des traitements adéquats sont primordiaux pour améliorer la qualité de vie de ceux qui en souffrent.
La spasticité se présente comme un trouble moteur caractérisé par une contraction musculaire involontaire de certains muscles ou une exagération du tonus musculaire. Elle peut également se présenter sous forme de spasmes incommodants. Cette raideur musculaire survient à la suite d’une atteinte du système nerveux central, tel qu’un accident vasculaire cérébral (AVC), une sclérose en plaques, une lésion de la moelle épinière, une lésion cérébrale acquise ou encore une infirmité motrice cérébrale.
Une revue systématique publiée en 2021 dans le Frontiers in Neurology estime le taux de spasticité des patients ayant fait un AVC à environ 25 %2. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, 20 000 personnes par année subissent un AVC au Québec, ce qui équivaudrait à 5000 nouveaux patients spastiques par année seulement pour cette pathologie.
La Fédération internationale de la sclérose en plaques évalue pour sa part le taux de spasticité à 84 % chez les patients atteints de cette maladie auto-immune.
Or, si elle n’est pas bien traitée, la spasticité peut entraîner des retombées négatives importantes dans la vie des patients. Le neurologue Stéphane Charest et la physiatre Geneviève Sirois partagent leurs pistes de solutions et leurs recommandations pour une prise en charge proactive de la spasticité en première ligne.
LES SOLUTIONS
RECONNAÎTRE LA SPASTICITÉ ET LA CONSIDÉRER COMME UNE PATHOLOGIE TRAITABLE
Afin de bien traiter la spasticité, la première étape est d’être en mesure de la reconnaître, note le Dr Charest. « Si vous avez un patient devant vous qui a une atteinte du système nerveux central, il faut savoir que ces personnes-là sont sujettes à avoir une spasticité. » Celle-ci peut se présenter de différentes façons, ajoute-t-il, mais certaines postures anormales assez classiques peuvent aider le clinicien à reconnaître la spasticité, telles que le pied en équin, le poing fermé ou encore le coude fléchi avec le bras près du corps, par exemple. L’atteinte peut être focale, multifocale, régionale ou généralisée. À l’examen clinique, il y aura une résistance musculaire excessive à un étirement lorsque le médecin tentera de faire des mouvements passifs au membre et cette hyperactivité se maintiendra tout au long de l’étirement, explique-t-il.
Si l’on confirme une spasticité chez un patient, la Dre Sirois précise qu’il y a forcément une atteinte neurologique. « Si vous ne la trouvez pas, cherchez-la », suggère la physiatre, ajoutant qu’il est important que les professionnels de la santé sachent que la spasticité est traitable. « Il existe une multitude de traitements qui visent à améliorer la condition. Le patient ne doit pas vivre avec la condition de façon résiliente, en pensant qu’il n’y a rien à faire, car en tant que professionnels, nous pouvons aider. » >
1. Cette estimation canadienne repose sur la référence suivante: Brashear A et Elovic E. Spasticity: diagnosis and management. Demos Medical Publishing. 2011. 512 pages. 2. Huangling Z, et coll. Prevalence and Risk Factors for
Spasticity After Stroke: A Systematic Review and Meta-
Analysis, Frontiers in Neurology. Janvier 2021. 3. Lundstrom E, et coll., Four-fold increase in direct costs of stroke survivors with spasticity compared with stroke survivors without spasticity: the first year after the event.
Stroke, 2010.
CONNAÎTRE LES CONSÉQUENCES DE LA SPASTICITÉ
Selon la partie du corps qui est atteinte, les conséquences de la spasticité sur le quotidien du patient peuvent varier. « Si le patient a toujours le poing fermé, il va éventuellement développer des mauvaises odeurs, car il sera difficile de laver la main, les ongles vont creuser la peau, ce qui va créer de la douleur et éventuellement des infections », illustre le Dr Charest.
On traite la spasticité lorsqu’il y a un impact grave sur la vie de la personne, poursuit la Dre Sirois. « Un impact est considéré grave lorsqu’il entraîne une atteinte fonctionnelle. Ça peut aller d’une difficulté à s’habiller à une impossibilité à passer la tondeuse pour certains patients, par exemple. » Un traitement s’avère nécessaire si on anticipe une complication éventuelle bien qu’elle ne soit pas présente au moment de l’examen. « Une spasticité en flexion du coude peut se compliquer d’une plaie antécubitale ou d’une ankylose douloureuse éventuelle si on la laisse sans traitement », précise-t-elle.
Le Dr Charest explique qu’il y a beaucoup de cas de spasticité non traités dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), ce qui ajoute un fardeau supplémentaire pour le personnel. « Un patient très spastique pourrait nécessiter deux personnes pour les soins d’hygiène plutôt qu’une seule, par exemple. » Ce fardeau peut aussi être présent pour les aidants naturels. Par ailleurs, cela représente ultimement des coûts additionnels pour le système de santé. En effet, un patient spastique non traité engendre des coûts de santé quatre fois supérieurs à ceux d’une personne non spastique3 .
DIRIGER LE PATIENT EN SPÉCIALITÉ
L’idéal, selon les deux experts, est de diriger le patient spastique en clinique spécialisée, soit en spasticité ou en réadaptation, car il pourra bénéficier d’une aide multidisciplinaire auprès des ergothérapeutes et des physiothérapeutes formés dans la prise en charge de la pathologie. Or, parfois les délais en clinique de spécialité peuvent être longs, précise la Dre Sirois, d’où l’importance d’une prise en charge en première ligne en attendant que le patient soit vu par un spécialiste, si nécessaire. Le médecin pourrait également diriger le patient vers un physiothérapeute ou un ergothérapeute en CLSC.
IDENTIFIER ET TRAITER LES FACTEURS EXACERBANTS
Le degré de spasticité ainsi que l’inconfort peuvent varier dans le temps, explique le Dr Charest. Certains facteurs exacerbent les symptômes. «Lorsque le corps se sent menacé, il réagit avec des réflexes en se crispant, ce qui augmente la spasticité», dit-il. Si un patient se présente avec une augmentation soudaine de sa spasticité, il faut investiguer pour trouver un facteur pouvant l’aggraver, suggère le neurologue. Par exemple, la présence d’une infection, d’une fracture ou d’une dislocation, de la constipation ou une mauvaise position dans le lit. En traitant ces éléments, la spasticité s’améliorera.
Dr Stéphane Charest, neurologue et codirecteur de la Clinique de spasticité de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec
CONNAÎTRE LES DIFFÉRENTS TRAITEMENTS ET LEURS INDICATIONS
La Dre Sirois ajoute que les médecins en première ligne peuvent prescrire un médicament oral s’il y a une présence de spasticité plus générale ou s’il y a une urgence d’agir et que le patient n’a pas accès à une clinique de spasticité ou de réadaptation dans un temps opportun. Les deux experts recommandent entre autres le baclofène (LiorésalMD), un agent qui cible les récepteurs du GABA, comme premier traitement médicamenteux puisqu’il est habituellement assez bien toléré chez les patients et qu’il nécessite rarement de suivi de laboratoire comme c’est le cas avec la tizanidine (ZanaflexMD) ou le dantrolène (DantriumMD), qui peuvent entraîner une toxicité hépatique, par exemple. Ils précisent toutefois que le baclofène, comme la plupart des traitements oraux pour la spasticité, peut entraîner de la somnolence. De plus, il ne doit pas être cessé brusquement puisqu’il peut causer un sevrage sous forme de convulsions.
Pour les cas où la spasticité est plus focale, les médecins des cliniques spécialisées peuvent procéder à l’injection de toxine botulinique dans les muscles problématiques pour bloquer l’activité musculaire très localement. Le traitement, qui est très efficace, doit être répété aux trois mois habituellement.
« Le mieux est la combinaison de traitements, comme la médication, l’étirement et l’utilisation d’orthèse dans certains cas. Parfois, la médication permet aussi de faciliter le travail du physiothérapeute ou de l’orthésiste », souligne la Dre Sirois.
Si la spasticité n’est pas traitée, il y a un risque de contracture, c’est-à-dire que le muscle se fige. La seule option thérapeutique, dans ce cas-ci, est souvent la chirurgie, ce que l’on veut éviter, explique le Dr Charest.
Dre Geneviève Sirois, physiatre spécialisée en neuro-réadaptation à l’Institut de réadaptation et déficience physique de Québec et à la Clinique interdisciplinaire de spasticité de Québec.
ENSEIGNER L’IMPORTANCE DES ÉTIREMENTS
Les étirements sont très importants dans le traitement de la spasticité et parfois ils sont suffisants à eux seuls, d’où l’importance de la physiothérapie. Or, les professionnels de première ligne doivent rappeler à leur patient l’importance de suivre le programme d’étirement, affirme la Dre Sirois. Ils peuvent également suggérer aux patients d’étirer le muscle spastique dans le sens contraire de la contraction. « Si le muscle est raide et en extension, il faut faire une flexion, tandis que si le muscle est en flexion, il faut l’étirer pour qu’il soit droit », précise-t-elle. La posture devrait être tenue au minimum une minute à la fois si possible pour une durée totale d’étirement de 15 à 20 minutes une à trois fois par jour. Il est important d’étirer un muscle spastique et non pas de le renforcir par la musculation, puisque cela pourrait entraîner le contraire de l’effet voulu, ajoute la physiatre. Pour conserver leurs effets bénéfiques, les étirements devraient être faits tout au long de la vie de la personne. n
MORTALITÉ PAR CANCER
Comment expliquer les disparités entre provinces?

Il existe des disparités flagrantes dans les résultats en matière de cancer à travers le pays. Pourquoi? Le Conference Board du Canada a analysé les taux de mortalité et les ratios mortalité/incidence (RMI)* de cinq cancers parmi les plus fréquents au pays (poumon, colorectal, prostate, sein et myélome multiple)** dans chacune des provinces et avance certaines explications.
GEOFFREY DIRAT
Alberta 180,3
Colombie-Britannique 180,5
Ontario 185,2
Canada 193,8
Saskatchewan 194,4
Île-du-Prince-Édouard 201,2
Manitoba 204,6
Québec 210,1
Nouveau-Brunswick 210,1
Terre-Neuve-et-Labrador 225,6
Nouvelle-Écosse 226,5
Ontario 0,32
Île-du-Prince-Édouard 0,33
Nouveau-Brunswick 0,33
Terre-Neuve-et-Labrador 0,33
Québec 0,34
Colombie-Britannique 0,35
Nouvelle-Écosse 0,35
Canada 0,36
Saskatchewan 0,40
Alberta 0,41
Manitoba 0,41
* Le taux de mortalité mesure le nombre de décès dus au cancer pour 100 000 personnes. Le ratio mortalité/incidence (RMI) – calculé en divisant le taux de mortalité par le taux d’incidence durant la même période – est quant à lui un indicateur de survie après un diagnostic de cancer. ** Ces cancers sont les plus fréquents au pays, sauf le myélome multiple qui a été inclus dans l’analyse en raison de la forte augmentation de son taux d’incidence entre 1987 et 2017.
Pour 100 personnes qui reçoivent un diagnostic de cancer en Ontario, 32 mourront éventuellement, contre 36 pour l’ensemble du Canada. Les systèmes de santé qui font bonne figure dans les classements de l’OMS ont des RMI plus faibles.
QUELQUES CONSTATS DU CONFERENCE BOARD
Les performances des provinces évaluées à l’aide du taux de mortalité ne correspondent pas nécessairement à leurs performances obtenues à l’aide du RMI.
L’Alberta affiche de faibles taux de mortalité, mais se révèle la province la moins performante en termes de résultats de survie évalués avec le RMI.
En revanche, le Québec et les provinces de l’Atlantique, qui ont des taux de mortalité plus élevés, ont de meilleures performances en termes de RMI.
Parmi les cinq types de cancer examinés, le cancer du poumon présente les taux de mortalité et les RMI les plus élevés dans toutes les provinces. Le myélome multiple présente les taux de mortalité les plus faibles, mais des RMI particulièrement élevés. Le RMI varie en fonction de l’efficacité du dépistage ciblé du cancer, de la détection et du diagnostic précoces et de l’administration de traitements efficaces. Il dépend aussi de la performance globale du système de santé (accessibilité, ressources disponibles, etc.). Plus la taille de l’effectif médical ou l’offre d’imagerie médicale est faible, pires sont les résultats en matière de cancer.
NOUVELLE INDICATION

SHINGRIX EST MAINTENANT INDIQUÉ CHEZ LES PATIENTS ADULTES ÂGÉS DE 18 ANS ET PLUS QUI SONT OU SERONT EXPOSÉS À UN RISQUE ACCRU DE ZONA EN RAISON D’UNE IMMUNODÉFICIENCE OU D’UNE IMMUNOSUPPRESSION CAUSÉE PAR UNE MALADIE CONNUE OU UN TRAITEMENT
SHINGRIX est indiqué pour la prévention du zona chez1 : • les adultes de 50 ans ou plus; • les adultes de 18 ans et plus qui sont ou qui seront exposés à un risque accru de zona en raison d’une immunodéficience ou d’une immunosuppression causée par une maladie connue ou un traitement.
Divers facteurs de risque peuvent accroître le risque de zona chez vos patients2 .
• ≥ 90 % des Canadiens ont eu la varicelle et risquent de contracter le zona3 . • Selon les données probantes, le déclin de l’immunité lié à l’âge est le facteur de risque le plus important du zona; en effet, les deux tiers des cas se produisent chez les personnes âgées de 50 ans ou plus.
Le risque et la gravité de zona sont plus grands chez les personnes âgées1,2 . • Le risque de zona est plus élevé chez les adultes de 18 ans et plus atteints d’une immunosuppression en raison d’une maladie ou d’un traitement1 . • Le risque de nécessiter des soins hospitaliers en cas de zona (c.-à-d. consultation à l’hôpital ou au service des urgences) chez les adultes immunodéprimés était 2,9 fois supérieur à celui observé chez les adultes immunocompétents, et il était de 2,6 à 12,3 fois supérieur selon la maladie responsable de l’immunosuppression4*.
Avec cette nouvelle indication, le nombre de patients admissibles à SHINGRIX a augmenté.
Recommandez le vaccin SHINGRIX à tous vos patients admissibles et aidez-les à se protéger contre le zona. Visitez PENSEZSHINGRIX.ca pour en savoir plus.
Veuillez consulter la monographie du produit à l’adresse gsk.ca/SHINGRIX/MP pour obtenir des renseignements sur les contre-indications, les mises en garde et précautions, les effets indésirables, les interactions médicamenteuses, la posologie et l’administration. Pour obtenir une monographie de produit ou pour signaler un effet indésirable, veuillez composer le 1-800-387-7374.
* Selon un plan d’analyse de cohorte rétrospective pour estimer les taux d’incidence annuels, lesquels ont été organisés en fonction d’un exercice financier débutant en avril et se terminant en mars. L’étude a porté sur des adultes de 18 ans et plus qui se sont présentés au service des urgences ou qui ont été hospitalisés en raison du zona entre le 1er avril 2002 et le 31 août 2016 en Ontario. Seuls les résidents de l’Ontario ayant un numéro d’assurance maladie provincial valide ont été inclus dans l’étude. La Commission de l’évaluation éthique de Santé Publique Ontario a octroyé son approbation en matière d’éthique. Le paramètre d’évaluation principal était les cas de zona nécessitant des soins hospitaliers (c.-à-d. à l’hôpital ou au service des urgences)4 . Références : 1. Monographie de SHINGRIX GlaxoSmithKline Inc., 24 novembre 2021. 2. Harpaz R, Ortega-Sanchez IR, Seward JF; Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP), Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Prevention of herpes zoster: recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP). MMWR Recomm Rep 2008;57(RR-5):1-30. 3. Comité consultatif national sur l’immunisation (CCNI). Déclaration sur l’utilisation recommandée du vaccin contre le virus de l’herpès zoster. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2010;36(ACS-1):1-19. 4. Buchan SA et coll. « Incidence of hospitalizations and emergency department visits for herpes zoster in immunocompromised and immunocompetent adults in Ontario, Canada, 2002–2016. » Clin Infect Dis 2020;71(1):22-29.