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INNOVATION
MEDSÉCURE
La déprescription en un clic
Conçue au Québec, la solution informatique MedSécure est pourtant presque exclusivement utilisée en Ontario et au NouveauBrunswick. Au fil des études qui démontrent son efficacité pour optimiser la pharmacothérapie chez les aînés, le gouvernement québécois commence à s’y intéresser.
MATHIEU STE-MARIE
MedSécure est né il y a six ans à un moment où le pourcentage d’aînés québécois qui consommaient au moins dix médicaments par année atteignait un sommet. Selon une étude de l’Institut national de santé publique du Québec, ce pourcentage est passé de 26 % à 38 % entre 2000 et 2016. Ce phénomène est inquiétant, car on sait que la polypharmacie est notamment associée à une hausse des chutes, à une fragilité accrue, à des hospitalisations plus nombreuses et même à un risque de mortalité plus élevé. «J’ai vu plusieurs patients avoir d’importantes complications à cause de la prise de médicaments inappropriés lorsque je travaillais à l’urgence», raconte la cofondatrice de MedSécure et professeure agrégée au Département de médecine de l’Université McGill, la Dre Emily McDonald.
Devant cette situation alarmante, la Dre McDonald et son collègue, le Dr Todd Lee, ont mis au point cet outil numérique qui est, en fait, une interface pour la programmation d’applications (API) qui permet de «connecter» un logiciel à un autre logiciel. Intégré aux dossiers de santé électronique, MedSécure permet de croiser les codes CIM-10 (système de classification des maladies) et les DIN (numéro d’identification d’un médicament) avec des algorithmes fondés sur des données probantes. Ainsi, en un seul clic, le médecin, le pharmacien ou l’infirmière praticienne spécialisée obtiennent un rapport révélant les opportunités de déprescription, qui sont classées par ordre d’importance en fonction des dangers potentiels pour la personne et de la facilité de cessation.
En utilisant MedSécure, les professionnels de la santé peuvent donc savoir quels médicaments sont contre-indiqués selon le dossier du patient, quels sont les médicaments inutiles et quelles sont les interactions médicamenteuses potentielles. Au final, ils peuvent prendre la décision, avec le patient, d’arrêter le médicament ou de diminuer la médication de façon sécuritaire. «Pour un médecin qui n’utilise pas ce logiciel, croiser les médicaments et les conditions de santé, selon les lignes directrices, peut prendre habituellement 15 à 20 minutes. Donc, les cliniciens sauvent vraiment beaucoup de temps», explique la Dre McDonald, qui est également chercheuse au Centre universitaire de santé McGill.
Des liens vers des brochures éducatives décrivant les médicaments dangereux et la justification de la déprescription sont inclus dans le rapport qui peut être imprimé pour les résidents et leur famille.
De plus, avant de fournir le rapport, le logiciel tient aussi compte de la fragilité du patient et de son espérance de vie. «Par exemple, si la personne a une espérance de vie réduite, MedSécure ne recommandera pas de prendre des statines pour le cholestérol puisque l’effet de ce médicament est remarqué seulement cinq ans plus tard», précise l’étudiante Émilie Bortolussi-Courval qui vise à intégrer MedSécure dans cinq CHSLD dans le cadre de son doctorat en médecine expérimentale. >
: COURTOISIE PHOTO
Dre Emily McDonald, cofondatrice de MedSécure et professeure agrégée au Département de médecine de l’Université McGill
Des résultats prometteurs
Récemment, la Dre McDonald, Émilie Bortolussi-Courval et plusieurs autres chercheurs ont examiné l’effet de cet outil électronique d’aide à la déprescription sur les événements indésirables liés aux médicaments après un congé d’hôpital. Leur étude est parue dans le Journal of the American Medical Association1 en début d’année. Entre 2017 et 2020, ils ont recruté près de 6000 patients de 65 ans et plus dans 11 hôpitaux au Canada. Ces patients étaient hospitalisés et prenaient au moins cinq médicaments par jour. Les résultats se sont avérés prometteurs: dans le groupe témoin, 30 % des participants ont vu au moins un de leurs médicaments être déprescrit, alors que dans le groupe ayant profité du logiciel MedSécure, la proportion était de 55 %.
Cet essai clinique randomisé a également révélé que, 30 jours après le congé de l’hôpital, la même proportion de patients dans les deux groupes avait subi un événement médicamenteux indésirable.
Même si elle aurait aimé voir une diminution des effets indésirables dans le groupe qui a profité de l’outil MedSécure, Émilie Bortolussi-Courval croit qu’il faudrait effectuer un suivi dans un an pour réellement voir toutes les retombées de la déprescription réalisée grâce à l’outil.
De son côté, la Dre Emily McDonald affirme que ces retombées sont nombreuses : amélioration de la mémoire, moins de risque de chute, diminution des visites à l’urgence, économie d’argent pour l’État. «Des études montrent que la plupart des patients arrêteraient de prendre des médicaments si les médecins jugeaient que c’était sécuritaire de le faire.»
Implantation prochaine au Québec?
Les résultats de l’étude permettront-ils l’implantation de MedSécure dans les dossiers cliniques informatisés (DCI) des CHSLD? Il est encore trop tôt pour le dire, mais une chose est certaine: le logiciel attire l’attention. Après avoir présenté cet outil lors du Symposium sur les innovations du Collège québécois des médecins de famille en juin dernier, la Dre McDonald et Émilie Bortolussi-Courval ont reçu plusieurs commentaires positifs.
Selon la doctorante, il y a également un intérêt marqué du côté du Bureau de l’innovation du ministère de la Santé et des Services sociaux avec qui l’équipe de MedSécure doit s’entretenir cet automne. Pour intégrer ce logiciel, il faudrait toutefois que les CHSLD disposent de DME, ce qui est loin d’être le cas partout au Québec. «Certains centres de soins de longue durée utilisent encore le papier. Nous avons pris du retard par rapport à l’Ontario», observe la Dre Emily McDonald.
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Émilie Bortolussi-Courval, étudiante en médecine expérimentale
En effet, en Ontario, tous les établissements de soins de santé de longue durée sont équipés du même DME qui intègre MedSécure. Le logiciel est également disponible dans les CHSLD du Nouveau-Brunswick.
En Ontario, une subvention gouvernementale couvre le coût du logiciel. Au Québec, MedSécure n’a pas encore discuté avec le gouvernement quant à la possibilité d’une telle subvention. Comme moyen alternatif de financement, l’entreprise pourrait toucher une partie du profit du médicament qui est déprescrit, suggère Émilie Bortolussi-Courval.
Améliorer la vie des aînés
Avant de statuer sur la façon de financer l’entreprise, il faudra d’abord convaincre le gouvernement de la nécessité d’utiliser ce logiciel. «J’ai vraiment espoir que le gouvernement verra l’intérêt économique de la déprescription, note toutefois la doctorante. L’argent économisé pourrait ensuite être réinjecté dans les CHSLD afin d’augmenter la présence des préposées aux bénéficiaires. Celles-ci accompagneraient les résidents dans leur fin de vie et rendraient leur qualité de vie digne de tout ce qu’ils ont apporté au Québec.»
L’étudiante a pu observer la misère des aînés qui sont surmédicamentés et peu pris en charge par des employés trop peu nombreux lors d’un stage effectué en CHSLD comme infirmière. Un jour, il était 10 heures, une préposée aux bénéficiaires lui a demandé d’asseoir la résidente devant un mur jusqu’à l’heure du souper. Après avoir consommé des anxiolytiques et de la morphine, la résidente ne se rendait pas compte qu’elle regardait un mur pendant sept heures, se souvient-elle.
«À partir de ce moment, je me suis dit que j’allais tout faire pour que plus jamais cela ne se reproduise. Il n’est pas question qu’un humain vive ça!»
C’est pourquoi elle veut contribuer à l’implantation de MedSécure qui peut, selon elle, réellement améliorer la qualité de vie des aînés en réduisant le nombre de médicaments consommés. n
1. McDonald, Wu, Rashidi, et coll. The MedSafer Study-
Electronic Decision Support for Deprescribing in
Hospitalized Older Adults: A Cluster Randomized
Clinical Trial. JAMA Intern Med, 2022;182(3):265-273. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35040926
LA PRECISION LÀ OÙ ÇA COMPTE.
LA PERFORMANCE DANS LE TRAITEMENT DE L’ACNÉ.

Le premier rétinoïde topique indiqué pour le traitement de l’acné du visage et du tronc1-3 .
• La molécule de trifarotène se lie précisément au RAR le plus pertinent dans l’acné (RAR-ɣ)1 • En ce qui a trait à l’acné du visage, les patients peuvent constater des résultats signifi catifs en quatre semaines3 • Les patients ont signalé des améliorations substantielles sur le plan de la confi ance en soi, de la vie sociale et du bien-être émotionnel4 grâce à une atténuation de leur acné
AKLIEF.ca
Indication et usage clinique :
AKLIEF® (crème de trifarotène 50 mcg/g) est indiqué pour le traitement topique de l’acné vulgaire sur le visage et/ou le tronc chez les patients de 12 ans et plus.
L’innocuité et l’effi cacité chez les patients âgés (≥ 65 ans) n’ont pas été établies.
Contre-indications :
• Eczéma ou dermatite séborrhéique • Femmes enceintes ou planifi ant une grossesse
Mises en garde et précautions les plus importantes :
• Destiné à l’usage externe seulement. Ne pas
utiliser dans les yeux.
• Femmes enceintes ou planifi ant une grossesse :
On a signalé de rares cas d’anomalies congénitales associées à l’utilisation des rétinoïdes topiques pendant la grossesse. Les femmes en âge de procréer doivent être informées des risques potentiels et utiliser des moyens contraceptifs effi caces
Autres mises en garde et précautions pertinentes :
• Cesser d’utiliser si des réactions d’allergie/ hypersensibilité se produisent • Éviter tout contact avec les yeux, les lèvres, les angles du nez, les muqueuses, les écorchures, les plaies ouvertes, les coupures, les zones eczémateuses et les coups de soleil • Éviter d’utiliser d’autres médicaments dermatologiques et produits topiques potentiellement irritants et fortement asséchants, ainsi que des produits contenant une forte concentration d’alcool, d’astringents, d’épices ou de lime • Utiliser des cosmétiques non comédogènes • La région traitée ne doit pas être recouverte de pansements ni de bandages • Les conditions météorologiques extrêmes, comme le vent ou le froid, peuvent exacerber l’irritation • Il faut éviter l’exposition excessive au soleil, lampes solaires comprises. On recommande d’utiliser un écran solaire effi cace et de porter des vêtements protecteurs • Certains signes et symptômes cutanés peuvent apparaître avec l’application du produit • Ne pas utiliser l’électrolyse, les « cires » ni les dépilatoires chimiques • Prudence lors de la prise concomitante de médicaments photosensibilisants • Éviter d’utiliser sur la poitrine pendant l’allaitement
Pour de plus amples renseignements :
Veuillez consulter la monographie d’AKLIEF® à https://pdf.hres.ca/dpd_pm/00054310.PDF pour obtenir de l’information importante sur les éléments qui ne sont pas abordés dans le présent document, notamment les eff ets indésirables, les interactions et la posologie.
Vous pouvez également obtenir la monographie de produit en nous appelant au 1 800 467-2081.
Références :
1. Monographie d’AKLIEF®, Galderma Canada Inc., 25 novembre 2019. 2. Aubert J, et al. Nonclinical and human pharmacology of the potent and selective topical retinoic acid receptor-γ agonist trifarotene. Br J Dermatol. 2018;179(2):442-456. 3. Tan J, et al. Randomized phase 3 evaluation of trifarotene 50 μg/g cream treatment of moderate facial and truncal acne. J Am Acad Dermatol. 2019;80(6):1691-1699. 4. Blume-Peytavi U, et al. Long-term safety and effi cacy of trifarotene 50 μg/g cream, a fi rst-in-class RAR-γ selective topical retinoid, in patients with moderate facial and truncal acne. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2021;34(1):166-173.
RAR-ɣ : récepteur de l’acide rétinoïque gamma.