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ÉDITORIAL

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CAPSULES RX

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Des visions opposées, mais un but commun

L’élection provinciale du 3 octobre approche à grands pas. Même si les sondages laissent présager une victoire facile de la Coalition avenir Québec (CAQ), les Québécois ont encore la possibilité de changer d’avis.

CHRISTIAN LEDUC, RÉDACTEUR EN CHEF

Des visions diamétralement opposées des soins de santé émergent, notamment avec la montée en popularité de Québec solidaire (QS) et du Parti conservateur du Québec (PCQ) ces dernières années.

D’un côté du spectre politique, Québec solidaire aimerait que l’on redonne ses lettres de noblesse aux centres locaux de services communautaires (CLSC), afin que ceux-ci puissent jouer un plus grand rôle en première ligne.

De l’autre côté, le PCQ voudrait que les Québécois puissent choisir leur dispensateur de soins, privé ou public, en particulier pour les services spécialisés. Dans la même foulée, le PCQ souhaiterait que les médecins puissent exercer à la fois dans le réseau public et le réseau privé.

Davantage au centre d’un point de vue politique, les autres formations y vont de solutions hybrides afin d’améliorer l’offre de services et l’accès à ceux-ci. Le Parti libéral du Québec (PLQ) propose notamment de transformer les différents types de groupes de médecine familiale (GMF) en «Équipes accès santé», dans le but de mettre davantage de l’avant leur caractère interdisciplinaire. Ces équipes auraient une responsabilité territoriale et des incitatifs seraient rattachés à la baisse des listes d’attente.

Quant à la CAQ, elle se trouve dans une position où elle doit à la fois défendre son bilan et faire valoir de nouvelles propositions. Parmi celles-ci, la formation politique de François Legault promet entre autres de créer une agence appelée Santé Québec. Cette agence, réclamée par différents intervenants depuis des années, aurait comme objectif de coordonner les opérations du système de santé, alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux se concentrerait sur son rôle de planification, d’orientation, de mesure de la performance et du budget du réseau.

Quel que soit le résultat de l’élection, le prochain gouvernement aura du pain sur la planche. Il devra s’attaquer rapidement à un défi de taille: trouver des solutions durables aux pénuries de personnel qui affligent le système de santé et compromettent l’accès aux soins.

Durant la pandémie, un pas de géant a été accompli en permettant notamment

«QUEL QUE SOIT LE RÉSULTAT DE L’ÉLECTION, LE PROCHAIN GOUVERNEMENT DEVRA […] TROUVER DES SOLUTIONS DURABLES AUX PÉNURIES DE PERSONNEL QUI AFFLIGENT LE SYSTÈME DE SANTÉ ET COMPROMETTENT L’ACCÈS AUX SOINS.»

aux pharmaciens et aux infirmières praticiennes spécialisées de poser des actes cliniques avec davantage d’autonomie. Les physiothérapeutes, les inhalothérapeutes et d’autres professionnels ont aussi vu leur champ professionnel s’élargir.

La plus récente entente signée entre le gouvernement de François Legault et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) vient d’ailleurs concrétiser le caractère incontournable de l’interdisciplinarité puisque les objectifs de prise en charge des GMF relèvent désormais de l’équipe entière et non pas juste des médecins.

Or, les professionnels – en particulier les infirmières – sont en nombre insuffisant pour répondre à la demande, si bien que des cliniques médicales sont contraintes de fermer leurs portes.

La réorganisation de la première ligne passera inéluctablement par une refonte des modes de financement. Par exemple, le gouvernement devra s’entendre avec l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) afin de mettre en place des mécanismes de rémunération plus appropriés aux activités cliniques que l’on attend aujourd’hui des pharmaciens communautaires, telles que la vaccination, le renouvellement d’ordonnances, la prescription de certaines molécules et une prise en charge plus grande de certaines pathologies.

Comme le mentionne le pharmacien Jean-François Bussières en entrevue (voir la page 12), l’autonomie grandissante de divers professionnels représente une occasion en or d’offrir aux Québécois un meilleur accès aux soins de première ligne, mais il y a un risque que des silos se créent. Des efforts devront donc être consentis pour assurer une cohésion dans les soins offerts à la population. Ce sera bientôt à vous de déterminer quelle formation politique saura répondre à ces enjeux! n

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