Extrait Bois cordé créatif - Éditions Ulmer

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bois cordé créatif

cabanes • clôtures • murets

hôtels à insectes • ruches…

Céline Locqueville & Alain Richard
4 Préambule ................................................................. 6 LE BOIS CORDÉ, C’EST QUOI ?........... 9 Le bois cordé à travers l’Histoire 10 Des applications… place à l’imagination ! 16 LES MATÉRIAUX DU BOIS CORDÉ .... 19 Le bois ..................................................................... 20 Les ingrédients du mortier 36 Les isolants .............................................................. 40 Les bûches-bouteilles ............................................... 42 LA MISE EN ŒUVRE DES MATÉRIAUX ................................ 47 Les bons gestes 48 La préparation du mortier classique 50 Comment monter un mur droit ? ............................. 52 LES FICHES TECHNIQUES ................ 63 Fiche technique n° 1 Recettes de mortier 64 N° 2 Fabrication du mortier à la brouette ................. 66 N° 3 Fabrication d’un mortier d’argile 68 N° 4 Fondation & soubassement 73 N° 5 Angles & bouts de mur .................................... 76 N° 6 Mur en arrondi 80 N° 7 Couverture 82 N° 8 Toit végétal ...................................................... 86 N° 9 Insérer une fenêtre / Insérer une porte 91 N° 10 Réparations ................................................... 94 SOMMAIRE LES FICHES CRÉATIONS ................... 99 Fiche création n° 1 Création de motifs ................... 100 N° 2 Création d’une niche 102 N° 3 Bois croisés .................................................... 108 N° 4 Claustra 110 N° 5 Parement 112 N° 6 Ruche refuge « tout confort » ......................... 114 N° 7 Rosace 122 N° 8 Cloison en bouteilles ..................................... 124 N° 9 Comptoir ou bar ........................................... 128 N° 10 Cabane 130 N° 11 Muret à insectes........................................... 134 N° 12 Muret multi-matériaux 138 N° 13 Palissade insolite 140 N° 14 Mur de clôture ............................................ 142 N° 15 Millefeuille vanille-framboise 144 N° 16 Mur aux abeilles 148 TÉMOIGNAGE .................................... 150 ALLER PLUS LOIN ............................ 155 Liste du matériel .................................................... 158 Bibliographie & bonnes adresses 159 Remerciements ...................................................... 160 Page précédente : Composition avec une ancienne poulie en bois. Ci-contre : Mur de clôture et nichoir à insectes.

PRÉAMBULE

C’est le début du livre !

Je dois bûcher sur mon texte. Première page, feuille sans tache, pistache. Feuille blanche, feuille d’arbre, n’oublie pas, un peu de son essence subtile. Tu t’égares… Continue, ne perds pas le fil !

J’ai déjà écrit le mot « bois » en lettres majuscules, c’est un bon début. Mais voilà, maintenant je sèche, je me fais des nœuds… Je m’interroge, je tergiverse. Que pourrais-je bien débiter sur le sujet sans t’ennuyer, l’ami ?

Je vais m’y atteler sans langue de bois et pour commencer, je crois que je devrais plutôt écrire « les bois » tant la profondeur de ce mot est insondable ! Le monde végétal est tellement vaste que les humains, qui rangent tout dans des cases, en ont fait un règne à part, moins bruyant que le leur…

Ça ne parle pas, un arbre, ça bruisse, ça crisse, ça craque. Écoute la forêt… N’oublie pas que l’origine du bois commence toujours par l’arbre, sujet bien vivant, debout dans la forêt silencieuse. Sujet, ou rejet de souche parfois, dernier rejeton d’un arbre généalogique millénaire.

Et puis, vient l’irrémédiable tempête dans la vie de l’arbre, grand chambardement, jour d’éclaircie qui couche la grume au sol, les oiseaux ayant précipitamment quitté le houppier. Il sait, ou peut-être non, qu’une nouvelle vie commence pour lui, qu’il va voyager loin de sa forêt natale pour devenir planche ou poutre dans l’atelier d’un charpentier, buffet d’un ébéniste, épinette d’un luthier, fusaïole d’un tourneur ou encore ronde-bosse d’un sculpteur, manche de pioche, tavaillon, éclisse d’un vannier, feuille de papier d’un poète, minuscule cure-dent, allumette… Connais-tu son nom de naissance ? Hêtre ou merisier, acacia ou mélèze, chêne, érable, frêne, peuplier ou pin ? Tant d’essences, de rugosité, de fibres, de résines, de senteurs, de chaleur à venir…

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De quels bois parle ton livre au juste ? Échalas, volige, bardeau ?

Tu chauffes…

Bâton, piquet, cagette ?

Tu brûles…

Oublie la cagette. Le mot qui colle juste, c’est la bûche ! Même s’il y a bûche et bûche, car jamais aucune n’est identique à une autre. Regarde-les bien, chacune est unique et le dessin révélé par la lame est son sceau, son estampille, sa marque sans pareille, comme les empreintes de tes pouces. Vois la veinure délicate, l’image blanche, brune, ocre ou rosée, tantôt médaillon porte-bonheur en fer à cheval ou cœur brisé, tantôt chapeau de gendarme, symbole mystérieux, visage ou labyrinthe. Si elle n’est pas piquée des vers, cette bûche au cœur vigoureux, alors… fichtre, je ne la mettrai pas au feu ! Elle sera l’heureuse élue qui trouvera bientôt sa place auprès d’autres dans le mur cordé sans cordes. Tant de bûches charmantes que c’est un vrai dilemme. Et crois-moi, que je m’efforcerai devant certaines de fermer les yeux, sinon, l’hiver prochain je devrai me contenter de maigres flambées et empiler les pull-overs en laine épaisse !

Comme moi, la plupart des boiscordistes sont piqués, passionnés, un peu fêlés en apparence. Car comme tu sais, quand on aime, on ne compte pas. En plus des bois, nous aimons récolter de belles pierres, des silex, des tuiles et des briques anciennes, sans parler des bouteilles colorées, en prévision des créations à venir.

Tous ces trésors me font penser aux enfants qui s’émerveillent d’un rien, s’inventent des châteaux avec quelques brindilles, une poignée de cailloux, un bouquet de plumes et des glands.

Tu as raison… et n’oublions pas qu’un gland est un concentré de vitalité, il est un roi de la forêt en devenir. Aujourd’hui, il tient dans la poche, mais dans quelques années, il sera peut-être beaucoup plus grand et robuste que toi et moi, si toutefois un sanglier ne passe pas par là…

Tu sais, parfois, je ressemble un peu à un arbre, immobile et serein, lorsqu’à la fin de la journée, j’ôte mes gants et que je reste planté là, figé, à contempler ce bout de mur, étonné et ravi que ce soit ma propre création. Je m’émerveille devant l’harmonie des bûches qui dansent, celle des couleurs et des dessins. Et comme ton chêne qui a grandi à partir du gland, je crois bien que, moi aussi, j’ai grandi grâce à cette cabane que je suis en train de terminer. Je me sens heureux de pouvoir construire de mes mains avec les matériaux de la nature.

Je ne ressens pas la fatigue, j’ai l’impression d’avoir dansé moi aussi en mettant le mortier et les bûches, rien n’a été trop lourd ni pénible. Quel plaisir j’ai à peaufiner en lissant les joints et en brossant les bûches pour que l’ouvrage révèle toute sa beauté ! Et toi ami, toi qui as la chance d’avoir un espace de jardin, oseras-tu créer ton coin de mur ?

Je fais un vœu que oui et que chaque « œuvrière » et « œuvrier » expérimente, innove, diversifie et magnifie le bois cordé ! Tu ressentiras ton cœur nourri par la fantaisie, les rondeurs, le doux, le malléable, le perfectible, l’organique, le poétique. Suis-moi, je vais te montrer comment faire…

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LE BOIS CORDÉ, C’EST QUOI ?

LE BOIS CORDÉ À TRAVERS L’HISTOIRE

Le seau théoricien récite : « Bûches de bois, isolant, mortier : trois matériaux de base composent le mur de bois cordé. La longueur de la bûche fait l’épaisseur du mur, autrement dit, elle est mise perpendiculairement à la longueur du mur. Le mortier est disposé aux extrémités des bûches, sur environ 7 à 12 cm selon les cas, c’est-à-dire sur les côtés du mur. L’isolant est mis entre les bûches et les boudins de mortier, dans la partie médiane du mur. »

En réalité, ce n’est pas si compliqué et très amusant !

MAIS, OÙ SONT LES CORDES ?

Tu auras beau chercher partout, regarder dans tous les coins, tu ne trouveras rien ! Pas de cordes dans le mur cordé… Ce sont des cordes in-vi-sibles ! La corde de bois est simplement une unité de mesure du bois.

Et le seau théoricien de poursuivre : « Au Québec, la corde de chauffage fait 4 pieds par 8 pieds par 16 pouces ; la “petite corde de chauffage”, 4 pieds par 8 pieds par 12 pouces. C’est la plus utilisée pour le commerce du bois de chauffage. Elle équivaut presque à un stère.

L’expression “corde” reste encore utilisée dans certaines régions de France, au Luxembourg ou en Belgique. Le bois de chauffage se conditionne et se commercialise aujourd’hui plus généralement en stères, ce qui représente un tas de bois de 1 m x 1 m x 1 m. »

LE PISÉ, LE TORCHIS, LA BRIQUE CRUE

En une centaine d’années seulement, le béton s’est imposé partout, à tel point qu’on a oublié que la terre était, auparavant, le matériau universel ; le plus utilisé pour construire, dans toutes les parties du monde et à toutes les époques !

La terre est un matériau accessible, souple et malléable, dans lequel il est aisé de créer une ouverture, puis de la reboucher pour adapter l’habitat à de nouveaux besoins. Les réfections régulières sont autant d’occasions d’améliorer ou de modifier le bâti, qui peut évoluer au cours du temps, à l’échelle d’une ou plusieurs générations, exactement comme le font les hirondelles au retour de leur voyage. Leurs constructions solides sont une formidable source d’inspiration.

Les techniques de mise en œuvre de la terre les plus connues sont : le pisé, le torchis et la brique crue (moulée ou non).

- Le pisé est composé de terre souvent enrichie de graviers, mise en place dans un état légèrement humide et compactée dans un coffrage que l’on appelle « banchée ».

Au Moyen Âge, les murs (appelés « parets ») se composaient d’une terre incluant des déchets de l’activité humaine, comme des tessons de poteries, du charbon, des os, du verre, du métal, etc. Des lits de végétaux (le plus souvent des branchettes de bruyère, quasiment imputrescibles), intercalés à intervalles réguliers, fonctionnaient comme des poumons permettant à l’humidité du mur de s’évacuer afin d’éviter que le mur ne se fissure.

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11 LE BOIS CORDÉ À TRAVERS L’HISTOIRE
Nid d’hirondelle de fenêtre dans la grange. Paret : couches de terre séparées par des lits de branchettes de bruyère pour assurer le séchage et la respiration du mur.
Bûche Mortier Isolant
Structure du bois cordé.
Soubassement

PAILLEBARD ET BOUZILLAGE

C’est ainsi qu’on nommait autrefois une espèce de pisé maintenu par de la paille hachée. Ces « bouzillages » étaient des ouvrages très variables, laissés à l’initiative des bouzilleurs qui les construisaient et auxquels on reconnaissait une solidité étonnante. Ces murs de paille permettaient d’édifier des habitations modestes, mais aussi de clôturer jardins, vignes et ruchers.

- Le torchis est un mode de construction où la terre est appliquée sur une armature végétale (clayonnage), sorte de tressage en lattes de bois ou en branches plus ou moins serrées. Ceux de l’époque romaine comprenaient d’abondantes inclusions et des fibres végétales, comme de la paille.

- La brique crue.

LA COMPOSITION DES MORTIERS

Les mortiers utilisés dans le passé étaient essentiellement composés d’argile et de toutes sortes d’inclusions végétales (bruyère, paille, sciure de bois, aiguilles de pins, cônes de sapins, anas de lin ou de chanvre, étoupe, tourbe, tiges de pavot, colza, pois, haricots ou maïs, broussailles…) ou animales (poils et peaux de bovins, bouse de vache, crottin de cheval…), avec parfois du sable, de la chaux, ou même du goudron ou de la mélasse pour colmater l’ensemble.

La terre jouait essentiellement un rôle de liant, tandis que la paille et les autres végétaux assuraient celui de structuration, d’isolation et de respiration des murs, tout en empêchant la terre de se déformer.

LA TECHNIQUE DES BOIS DISPOSÉS EN CROIX ET RECOUVERTS D’ENDUIT

Dans de nombreuses régions d’Europe s’est développée, à partir des années 1800, une technique de construction consistant à ériger les murs avec des rondins de bois disposés en diagonale.

L’argile versée était tassée dans un coffrage à la manière du pisé. À l’aide d’un marteau, on plaçait et enfonçait les bâtons dans l’argile. Une nouvelle couche d’argile, puis les bois étaient posés dans le sens inverse comme les lettres XXX. Disposées l’une après l’autre, ces couches formaient un croisement étroit et solide.

Partout où la bruyère (Calluna vulgaris) se trouvait en abondance, il était conseillé de l’utiliser pour la construction des granges et des cabanes des paysans, en raison de ses nombreuses qualités, dont celle de résister au feu. « Cette technique peut être introduite partout où la bruyère et l’argile ne manquent pas, à la fois pour sauver l’arbre et pour la sécurité en matière d’incendie1 »

On remplaça ensuite la bruyère par d’autres essences de bois secs telles que le bouleau arbustif (Betula fruticosa), le bouleau commun (Betula pendula), le genêt à balai (Cytisus scoparius), le rhododendron palustre (Ledum palustre), le saule à feuilles de romarin (Salix rosmarinifolia), le saule rocailleux (Salix incubacea), ou même de petites sections de peuplier d’Italie, pin, sapin, genévrier, noisetier, aulne, roseaux, taillés de longueur égale.

L’ÉVOLUTION DES CONSTRUCTIONS EN TERRE

À l’origine, terre + paille → remplacement de la paille par des rameaux de bruyère → remplacement de la bruyère par diverses broussailles → remplacement des broussailles par du bois scié et fendu à la hache

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1 Krassowski K., Bâtiments agricoles en bruyère et en argile, Vilnius, 1839. Clayonnage sur lequel s’applique le torchis.

La terre est versée dans un coffrage.

La terre est tassée et les bois sont placés en diagonale sur le lit d’argile, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pour former un X.

Le coffrage est relevé pour continuer l’élévation du mur.

13 LE BOIS CORDÉ À TRAVERS L’HISTOIRE

Durable, écolo et belle : la technique ancestrale du bois cordé revient en force

Trois matériaux de base composent le mur de bois cordé : la bûche de bois, l’isolant et le mortier — eh oui, pas de corde dans le mur cordé, la corde de bois étant une unité de mesure du bois.

S’inscrivant dans une démarche d’écoconstruction, cette technique connaît aujourd’hui un regain d’intérêt.

Dans ce livre, l’accent est mis sur les bons gestes, les techniques et l’esthétisme, avec de nombreux photos, croquis et dessins. Dix fiches techniques (fabrication du mortier, fondations, angles, arrondis…) et une quinzaine de fiches de création détaillées (rosaces, parements, motifs…) nous guident dans la réalisation de murs, murets ou palissades, qui, en plus d’être écologiques et durables, sont beaux. Même les non-bricoleurs pourront donner libre cours à leur créativité !

PRIX TTC FRANCE  : 25 € ISBN  : 978-2-37922-304-4 ,!7IC3H9-ccdaee!
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