

éric angenot renouer avec le vivant
SOMMAIRE
page 7 : renouer avec le vivant
page 23 : éveiller ses sens en forêt
page 43 : expérimenter les types de forêts
page 55 : vivre grâce à la lumière et à l’eau
page 67: comprendre les cycles de vie
page 87 : marcher en forêt
page 99 : s’arrêter en forêt
page 111:
lire les traces et indices
page 125 : agir pour les forêts
page 137 : aller plus loin
renouer avec le vivant
préambule :
il n’y a pas d’extériorité.
Nos corps sont peuplés d’une myriade de bactéries sans lesquelles nous ne pouvons vivre. nous devons l’air que nous respirons aux plantes. Notre nourriture dépend de l’équilibre complexe entre animaux et végétaux, qui permet aux plantes de se développer et aux animaux de vivre.
le vivant, faut faire avec !
Nous, êtres humains, ne sommes pas seuls : les interactions complexes qui constituent ce monde de liens et permettent nos vies sont souvent invisibilisées dans les milieux urbains. et ça participe du fait que nous pouvons vivre tranquillement sans nous préoccuper de prendre en compte le reste du vivant dans nos sociétés, sinon pour l’exploiter.
mais sans ces interactions inter-espèces, pas de vie possible.
tout l’espace est conçu par et pour une seule espèce : la nôtre. Mais quand on entre en forêt, on se retrouve dans un espace généré par des milliers d’espèces qui interagissent entre elles, et ont chacune leur mode d’existence particulier.
dans un environnement urbain en forêt
nous partageons l’espace avec d’autres êtres vivants, fondamentalement différents de nous, et qui vivent, souffrent, collaborent, luttent, se nourrissent, se reproduisent, meurent, c’est-à-dire interagissent, selon des modalités multiples. c’est un milieu façonné par
les relations inter-spécifiques.
la forêt peut nous amener à sentir ce que nous ne sentons pas au cœur des villes, à développer une attention et une sensibilité à ces dimensions incontournables de la vie, c’est-à-dire l’appartenance à : un commun élargi
à l ensemble du vivant.
NATURE VS
Dans l’histoire occidentale, le terme nature s’est construit dans une opposition nature/culture, laissant penser que l’être humain était à part.
bOuleversements
Les bouleversements écologiques et climatiques qui nous impactent durement aujourd’hui découlent directement de ces conceptions dans lesquelles l’ensemble de la planète et des espèces vivantes sont considérées
comme des matières inertes, exploitables à l’envi.
,
sortir de la binarite
nature /
le terme vivant permet d’échapper un peu à cette binarité
nature/culture qui nous colle aux bottes et qui place l’être humain
INTERDEPENDANCES
Le terme vivant est un terme inclusif qui ne sort pas les êtres humains de l’ensemble des autres êtres.
C’est un terme qui inclut davantage
à part des autres espèces. c’est pourquoi ce terme vivant est davantage utilisé dans ce livre que le terme nature. les interdépendances essentielles à la vie.
éveiller ses sens en forêt
SORTIR DU PAYSAGE
le paysage s’est imposé comme une forme dominante de notre lien culturel à la « nature ».
Le paysage a donné des chefs-d’œuvre et continue à nourrir nos imaginaires (comme le montre la pratique du selfie dans des environnements naturels).
mais cette notion repose sur des présupposés qui doivent être questionnés si on veut transformer nos liens au vivant.
exclusion de ce qui n’est pas « joli » ou pittoresque
FFsélection d’un seul point de vue « idéal » et éloignement du sujet
F Fréduction de l’expérience à l’image
F
réduction de la nature à un décor pour les activités humaines maîtrise et domination de la « nature »
le paysage est issu d’une mise à distance. il suppose de s’exclure de ce que l’on regarde et de placer l’observateur en dehors de la scène. historiquement, il s’est développé parallèlement à une conception de l’humain comme étant un être à part, en dehors de la « nature ».
la forêt n’est pas un fond d’écran
sortir de cette conception du paysage où la « nature » est réduite à une image peut sembler compliqué tant cette conception est profondément ancrée culturellement. ne plus se considérer en tant qu’humain regardant la nature, mais comme faisant intrinsèquement partie d’elle. c’est un changement culturel fondamental, mais nécessaire aujourd’hui.
Questionner ceci ne veut pas dire que l’on ne peut plus s’intéresser au paysage, peindre, photographier, ou être émus par des paysages.
ça veut dire qu’il y a aussi d’autres relations au vivant qui peuvent s’inventer. mais ça veut aussi dire que ces questions de rapport au vivant ne sont pas seulement des questions de sensibilité personnelles, mais des questions culturelles, sociales et politiques
qui regardent l’ensemble de la société.
par rapport à ces questions, nous avons peu d’outils, mais on peut tenter des choses, bricoler avec des expériences existantes et tenter de travailler notre regard et notre manière d’être. Comment faire pour que la forêt soit autre
chose qu’un fond d’écran ? ou qu’un décor pour nos activités récréatives ?
Comment transformer un mode consommatoire en d’autres modalités
de connexion au vivant ?
C’est par la photosynthèse que l’atmosphère s’est chargée en oxygène et a permis à la vie telle que nous la connaissons de se constituer sur terre. l’action de transformation du CO2 en oxygène est donc une nécessité absolue pour que nous puissions continuer à vivre.
les arbres fixent le carbone de l’atmosphère par la photosynthèse.
les activités humaines liées aux énergies fossiles
une autre partie du carbone est stockée, une retourneautre dans l’atmosphère par la respiration et la décomposition. libèrent beaucoup trop de CO2 dans l’atmosphère.
MLes forêts séquestrent un tiers du carbone lié à ces combustions d’énergies fossiles et participent donc activement à la lutte contre le réchauffement climatique. mais la forêt ne peut pas tout absorber
une partie du carbone est transformée en oxygène. et la diminution des émissions de CO2 est absolument nécessaire. surtout que le réchauffement climatique attaque aussi cette capacité spécifique des forêts.
La forêt a aussi un rôle extrêmement important dans la filtration de l’air . les arbres absorbent un grand nombre de particules fines et de polluants atmosphériques.
dans un contexte où la pollution ne cesse de s’accroître et où le nombre de maladies respiratoires qui y sont liées explose, la forêt est une partenaire puissante (mais qui ne suffira évidemment pas pour régler ces problèmes).
Lutter pour la préservation des forêts, c’est aussi lutter pour l’air
que nous respirons partout…
… mais respirer en forêt, c’est aussi faire l’expérience d’un air moins pollué
qu’ailleurs, un air plus chargé en oxygène et dans lequel flottent une multitude de parfums et des particules bénéfiques générées par la végétation.


Vivre la forêt
peut nous aider à renouer avec le vivant, celui qui est autour de nous, mais aussi celui qui nous constitue.
Comment fonctionnent les forêts ?
Quelles sont leurs incidences invisibles sur nos existences ?
Comment les forêts prennent-elles soin de nous et comment prendre davantage soin d’elles ?
Et si les forêts pouvaient nous aider à retisser ces liens sensibles aux autres espèces tellement nécessaires à nos vies et nous permettre de construire un commun élargi à l’ensemble du vivant…
Un livre plein d’humus et d’espoir.