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LE BOIS CORDÉ À TRAVERS L’HISTOIRE

Le seau théoricien récite : « Bûches de bois, isolant, mortier : trois matériaux de base composent le mur de bois cordé. La longueur de la bûche fait l’épaisseur du mur, autrement dit, elle est mise perpendiculairement à la longueur du mur. Le mortier est disposé aux extrémités des bûches, sur environ 7 à 12 cm selon les cas, c’est-à-dire sur les côtés du mur. L’isolant est mis entre les bûches et les boudins de mortier, dans la partie médiane du mur. »

En réalité, ce n’est pas si compliqué et très amusant !

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MAIS, OÙ SONT LES CORDES ?

Tu auras beau chercher partout, regarder dans tous les coins, tu ne trouveras rien ! Pas de cordes dans le mur cordé… Ce sont des cordes in-vi-sibles ! La corde de bois est simplement une unité de mesure du bois.

Et le seau théoricien de poursuivre : « Au Québec, la corde de chauffage fait 4 pieds par 8 pieds par 16 pouces ; la “petite corde de chauffage”, 4 pieds par 8 pieds par 12 pouces. C’est la plus utilisée pour le commerce du bois de chauffage. Elle équivaut presque à un stère.

L’expression “corde” reste encore utilisée dans certaines régions de France, au Luxembourg ou en Belgique. Le bois de chauffage se conditionne et se commercialise aujourd’hui plus généralement en stères, ce qui représente un tas de bois de 1 m x 1 m x 1 m. »

LE PISÉ, LE TORCHIS, LA BRIQUE CRUE

En une centaine d’années seulement, le béton s’est imposé partout, à tel point qu’on a oublié que la terre était, auparavant, le matériau universel ; le plus utilisé pour construire, dans toutes les parties du monde et à toutes les époques !

La terre est un matériau accessible, souple et malléable, dans lequel il est aisé de créer une ouverture, puis de la reboucher pour adapter l’habitat à de nouveaux besoins. Les réfections régulières sont autant d’occasions d’améliorer ou de modifier le bâti, qui peut évoluer au cours du temps, à l’échelle d’une ou plusieurs générations, exactement comme le font les hirondelles au retour de leur voyage. Leurs constructions solides sont une formidable source d’inspiration.

Les techniques de mise en œuvre de la terre les plus connues sont : le pisé, le torchis et la brique crue (moulée ou non).

- Le pisé est composé de terre souvent enrichie de graviers, mise en place dans un état légèrement humide et compactée dans un coffrage que l’on appelle « banchée ».

Au Moyen Âge, les murs (appelés « parets ») se composaient d’une terre incluant des déchets de l’activité humaine, comme des tessons de poteries, du charbon, des os, du verre, du métal, etc. Des lits de végétaux (le plus souvent des branchettes de bruyère, quasiment imputrescibles), intercalés à intervalles réguliers, fonctionnaient comme des poumons permettant à l’humidité du mur de s’évacuer afin d’éviter que le mur ne se fissure.

Paillebard Et Bouzillage

C’est ainsi qu’on nommait autrefois une espèce de pisé maintenu par de la paille hachée. Ces « bouzillages » étaient des ouvrages très variables, laissés à l’initiative des bouzilleurs qui les construisaient et auxquels on reconnaissait une solidité étonnante. Ces murs de paille permettaient d’édifier des habitations modestes, mais aussi de clôturer jardins, vignes et ruchers.

- Le torchis est un mode de construction où la terre est appliquée sur une armature végétale (clayonnage), sorte de tressage en lattes de bois ou en branches plus ou moins serrées. Ceux de l’époque romaine comprenaient d’abondantes inclusions et des fibres végétales, comme de la paille.

- La brique crue.

La Composition Des Mortiers

Les mortiers utilisés dans le passé étaient essentiellement composés d’argile et de toutes sortes d’inclusions végétales (bruyère, paille, sciure de bois, aiguilles de pins, cônes de sapins, anas de lin ou de chanvre, étoupe, tourbe, tiges de pavot, colza, pois, haricots ou maïs, broussailles…) ou animales (poils et peaux de bovins, bouse de vache, crottin de cheval…), avec parfois du sable, de la chaux, ou même du goudron ou de la mélasse pour colmater l’ensemble.

La terre jouait essentiellement un rôle de liant, tandis que la paille et les autres végétaux assuraient celui de structuration, d’isolation et de respiration des murs, tout en empêchant la terre de se déformer.

LA TECHNIQUE DES BOIS DISPOSÉS EN CROIX ET RECOUVERTS D’ENDUIT

Dans de nombreuses régions d’Europe s’est développée, à partir des années 1800, une technique de construction consistant à ériger les murs avec des rondins de bois disposés en diagonale.

L’argile versée était tassée dans un coffrage à la manière du pisé. À l’aide d’un marteau, on plaçait et enfonçait les bâtons dans l’argile. Une nouvelle couche d’argile, puis les bois étaient posés dans le sens inverse comme les lettres XXX. Disposées l’une après l’autre, ces couches formaient un croisement étroit et solide.

Partout où la bruyère (Calluna vulgaris) se trouvait en abondance, il était conseillé de l’utiliser pour la construction des granges et des cabanes des paysans, en raison de ses nombreuses qualités, dont celle de résister au feu. « Cette technique peut être introduite partout où la bruyère et l’argile ne manquent pas, à la fois pour sauver l’arbre et pour la sécurité en matière d’incendie1 »

On remplaça ensuite la bruyère par d’autres essences de bois secs telles que le bouleau arbustif (Betula fruticosa), le bouleau commun (Betula pendula), le genêt à balai (Cytisus scoparius), le rhododendron palustre (Ledum palustre), le saule à feuilles de romarin (Salix rosmarinifolia), le saule rocailleux (Salix incubacea), ou même de petites sections de peuplier d’Italie, pin, sapin, genévrier, noisetier, aulne, roseaux, taillés de longueur égale.

L’ÉVOLUTION DES CONSTRUCTIONS EN TERRE

À l’origine, terre + paille → remplacement de la paille par des rameaux de bruyère → remplacement de la bruyère par diverses broussailles → remplacement des broussailles par du bois scié et fendu à la hache

La terre est versée dans un coffrage.

La terre est tassée et les bois sont placés en diagonale sur le lit d’argile, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pour former un X.

Le coffrage est relevé pour continuer l’élévation du mur.