Gazette Coubertin n°66-67 - Sport, Art et Olympisme

Page 24

Comité Coubertin La Gazette

2ème Semestre 2021

5

août 1905, au Théâtre du Peuple de Bussang, une fête sportive est organisée sous la présidence de Pierre de Coubertin. Au milieu des courses à pied, des courses d’automobiles, des concours de gymnastique et

d’escrime, le directeur du théâtre, Maurice Pottecher, le comédien Mounet-Sully et Coubertin animent un débat autour du sujet de l’alliance de l’art dramatique et du sport : comment rendre féconde cette association ? Les trois esthètes conçoivent le théâtre et le sport à l’image de deux idées distinctes, l’une appliquée à l’intelligence et à 2.500 ans d’histoire littéraire, l’autre au corps et à la nouveauté biomédicale de la performance mesurable. Les deux se rejoignent, se reconnaissent, sur le thème de la régénération. En effet, la traduction en français de “Dégénérescence (Entartung)”, du médecin Max Nordau, deux années après sa parution en 1892, avait distillé dans le public hexagonal le doute que la dégénérescence de l’art français soit

SPORT et THEÂTRE une relation féconde

symptomatique de celle de la race française. Après avoir examiné les moyens les plus divers de rendre féconde l’association du théâtre et du sport, la proposition avancée par Pottecher, Mounet-Sully et Coubertin est de couronner les fêtes sportives par l’évocation des légendes dans lesquelles rayonnent l’histoire et le génie de la race transfigurés par la poésie dramatique en une réalité nouvelle, vivante et éternelle. Aussi

par Pierre Philippe-Meden

lancèrent-ils un appel aux auteurs dramatiques pour la création d’un répertoire original à jouer dans les nouveaux théâtres du peuple, théâtres de

plein air, théâtres de nature. Des théâtres avec un cadre moins resserré pour un idéal plus vivant et plus libre. La représentation d’une comédie de Maurice Pottecher clôture la fête sportive pour réconcilier le muscle et l’esprit. Le répertoire dramatique attendu est stimulant, très resserré autour de la boxe. Édouard Pontié écrit par exemple une revue hippique en deux actes intitulée “Little Palace, c’est couru” (1908) qui documente sur les dessous du turf, caricature les propriétaires d’écuries de course, les entraîneurs et les jockeys. La pièce contient une scène dans laquelle deux boxeurs font assister aux angoisses du “swing” et du “knock out”. Un siècle plus tard, la boxe continue de tenir le haut du pavé dans le peu de littérature théâtrale qui prend le sport pour objet dramaturgique ; en témoignent entre autres “La Boxe” de Jean-Marie Piemme (2006), “Une rose rouge pour un café noir” d’Igor Futterer (2005) ou “La Croix et le ring” (l’identité fluide) d’Igor Butkovic (2009). Cependant, dès 1912, au Théâtre Sarah Bernhardt, la boxe est incarnée dans une mise en scène de “The Temperley House”, une pièce dramatique de Sir Arthur Conan Doyle, dont la création l’année précédente à l’ “Adelphi” de Londres avait remporté beaucoup de succès. Car, pour la première fois, sous la direction du professeur Mouës du Cercle Hoche, les comédiens qui représentaient des boxeurs s’entraînaient spécialement à cet art pour donner plus de vérité aux personnages. Champion de France, amateur poids légers, René Chossefoin y tenait le rôle du pugiliste Gloster Dick. Sportsman page 24

averti et fervent de la boxe, Maurice Bernhardt veilla lui-même qu’au point de vue sport tout soit parfait.

M.E. Meyerhold par Alexander Y. Golovin 1917 - © Domaine public


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Gazette Coubertin n°66-67 - Sport, Art et Olympisme by ComiteCoubertin - Issuu