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AFB et formation d’apprentis, un mariage qui pourrait être heureux

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AFB ET FORMATION D’APPRENTIS,

un mariage qui pourrait être heureux

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Stephanie Hobbs est la responsable du projet au Simcoe Muskoka Workforce Board and Literacy Network à Barrie. Elle a répondu à nos questions sur les tendances en matière de formation d’apprentis en Ontario et les commentaires des fournisseurs d’AFB.

RESSENTEZ-VOUS UN CERTAIN ÉLAN POUR L’APPRENTISSAGE CES DERNIÈRES ANNÉES?

Depuis plusieurs années, il y a une pénurie continue de personnes de métier qualifiées en Ontario et au Canada. Le rapport Apprentice Demand: A 2021 Labour Market Information Report: Ontario, publié en aout 2021 par le Forum canadien sur l’apprentissage1, indique que l’Ontario aura besoin d’environ 88 960 nouveaux compagnons certifiés au cours de la prochaine décennie pour suivre le rythme de la croissance économique et la hausse des départs à la retraite, dont les deux tiers seront concentrés dans les 15 principaux métiers du Sceau rouge. Il sera nécessaire d’attirer plus de 296 350 nouveaux apprentis dans les métiers Sceau rouge à eux seuls. Ce chiffre ne tient pas compte du nombre d’apprentis qui seront nécessaires pour maintenir les niveaux de certification dans les autres métiers. Parallèlement, on constate une baisse du nombre de jeunes qui choisissent d’entrer dans les métiers spécialisés. Par conséquent, il y a un effort pour attirer et recruter de nouveaux apprentis. De nombreuses organisations de métiers, des prestataires de formation et les gouvernements fédéral et provincial font activement la promotion des métiers dans les écoles, auprès des parents et du grand public. Les gouvernements offrent également des incitatifs aux employeurs et aux apprentis potentiels.

QUELLES SONT LES GRANDES TENDANCES OU DIFFICULTÉS DU MOMENT EN ONTARIO, EN MATIÈRE D’APPRENTISSAGE?

Voici les tendances :

› Un besoin croissant de compétences en matière de littératie numérique et de technologie numérique dans de nombreux métiers, voire dans tous. De plus en plus d’emplois dans les métiers se caractérisent par une diminution du pourcentage de temps passé à utiliser des outils

manuels et une augmentation du pourcentage de temps passé à utiliser des technologies numériques. › Changements résultant du nouveau cadre pour les métiers spécialisés et l’apprentissage, y compris la création du nouvel organisme Métiers spécialisés Ontario2 .

Quelques difficultés :

› Un manque de préparation pour les activités d’apprentissage théorique qui se déroulent à l’école, ce qui fait que beaucoup de personnes se sentent dépassées ou ne réussissent pas à maitriser la théorie et les mathématiques impliquées. › Les obstacles à l’accessibilité et à l’inclusion des populations sous-représentées – les femmes et les personnes issues des communautés noires, autochtones, de couleur et LGBTQ2S.

Dans les métiers spécialisés de la construction, par exemple, les femmes ne représentent que 6 % des gens de métier en

Ontario et les chiffres de 2020 montrent que les Autochtones ne représentent que 2,7 % de la main-d’œuvre de la construction. Il est crucial que les métiers attirent davantage de personnes issues de ces communautés sous-représentées.

Pour ce faire, il faut rendre les cultures d’entreprise et les lieux de travail plus accueillants pour tous. › La réticence des employeurs à prendre des apprentis – sur la perception que d’autres entreprises les voleront; les problèmes liés au ratio compagnons/apprentis.

À la fois une difficulté et une tendance :

Il est de plus en plus nécessaire d’établir des partenariats et de veiller à ce que des aides globales soient disponibles, par exemple au niveau des fournisseurs de services en AFB et de services d’emploi, des collèges, des employeurs et des aides financières - tout le monde travaillant ensemble pour identifier les besoins des apprentis et fournir l’aide qui leur permettra de réussir.

1 Forum canadien sur l’apprentissage, (aout 2021), Apprentice Demand: A 2021 Labour Market Information Report: Ontario: https://literacynetwork.ca/wp-content/uploads/2021/08/CAF_Report_LMI-2021_ EN_Ontario_FINAL1.pdf 2 Métiers spécialisés Ontario est une nouvelle société d’État qui remplace l’Ordre des métiers de l’Ontario : https://www.skilledtradesontario.ca/fr/

Y A-T-IL DES APPRENTISSAGES EN CE MOMENT QUI VOUS SEMBLENT PARTICULIÈREMENT INTÉRESSANTS?

Nous nous intéressons aux effets que le passage aux technologies vertes aura sur certains apprentissages existants, comme les changements dans ce qu’ils devront savoir et comment la formation évoluera. Le Conference Board du Canada et le Centre des compétences futures effectuent actuellement des recherches à ce sujet. Nous nous demandons également s’il y aura de nouveaux apprentissages « cool » axés sur les technologies vertes - peut-être pour des emplois qui n’existent pas encore.

En outre, il existe des apprentissages relativement nouveaux dans le secteur des services. Les métiers/activités de ce secteur comprennent le commerce de détail, l’immobilier, l’éducation, la santé, le travail social, la communication et bien d’autres. Ce qui est intéressant dans le secteur des services, comme dans les autres secteurs d’apprentissage, c’est la possibilité pour les gens de gagner leur vie tout en apprenant.

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER UN PEU DES TYPES DE PROGRAMMES DE PRÉAPPRENTISSAGE OFFERTS PAR LES FOURNISSEURS D’AFB?

Le perfectionnement des compétences offert par les organismes d’AFB va du perfectionnement général en mathématiques, en communications, en utilisation de la technologie numérique, en compétences génériques et en techniques d’étude, au perfectionnement particulier offert dans le contexte d’un certain métier ou groupe de métiers. Bien que l’AFB s’associe parfois à des programmes de préapprentissage particuliers, les apprentis et les apprentis potentiels peuvent se mettre en rapport avec un fournisseur d’AFB à tout moment pour obtenir le perfectionnement dont ils ont besoin pour leur parcours.

QUE PENSEZ-VOUS DES FAIBLES TAUX D’ACHÈVEMENT?

On a beaucoup parlé des faibles taux d’achèvement en Ontario et au Canada en général. Comme l’indique le rapport susmentionné sur la demande d’apprentis3 publié par le Forum canadien sur l’apprentissage, le taux d’achèvement de l’ensemble des apprentissages en Ontario est en moyenne inférieur à 50 % par an. Le taux d’achèvement prévu pour les 10 prochaines années dans les 15 principaux métiers Sceau rouge est en moyenne de 61 %, ce qui ne permettra pas de répondre à la demande prévue de compagnons.

Il faut noter qu’en Ontario, le nombre total d’inscriptions utilisé pour le calcul de l’achèvement comprend tous les participants du Programme d’apprentissage pour les jeunes de l’Ontario (PAJO) qui ont tendance à ne pas poursuivre au niveau 2 de leur apprentissage. Par conséquent, le taux d’achèvement est probablement meilleur que ce qu’on indique généralement. Toutefois, même un taux de 65 à 70 % ne suffira probablement pas à répondre à la demande. Au fil des années, nous avons appris que les deux principales raisons pour lesquelles les apprentis abandonnent leurs études sont les suivantes :

› Un manque de compétences de base en mathématiques, en communication, en littératie numérique et d’habiletés pour étudier, sur lesquelles s’appuient les compétences techniques de niveau supérieur. › Une mauvaise compréhension des compétences techniques et des compétences génériques ou d’employabilité dont ils ont besoin pour réussir dans les métiers. Il s’agit de deux domaines dans lesquels la mise à niveau de l’AFB peut aider les apprentis à mieux réussir.

SAVEZ-VOUS SI L’APPRENTISSAGE INTÉRESSE LES NOUVEAUX ARRIVANTS?

Oui, les nouveaux arrivants sont intéressés, bien que je n’aie pas de statistiques sur le nombre d’inscriptions. Les métiers spécialisés intéressent ceux qui ont reçu une formation similaire dans leur pays d’origine et qui veulent exercer leur métier au Canada. L’adoption de la Loi de 2021 sur le travail au service des travailleurs élimine l’obligation pour les nouveaux arrivants de posséder une expérience canadienne, ce qui devrait permettre aux immigrants hautement qualifiés formés à l’étranger d’accéder plus facilement à des emplois correspondant à leurs qualifications et à leurs compétences, et de trouver du travail dans leur domaine d’expertise. Des collègues qui travaillent avec les nouveaux arrivants m’ont dit que les immigrants ont des niveaux de compréhension différents de l’apprentissage, selon leur pays d’origine et les pays dans lesquels ils ont vécu. Les immigrants originaires de pays (par exemple l’Allemagne) où l’apprentissage est bien implanté obtiennent généralement de bons résultats aux examens d’évaluation de l’apprentissage, notamment parce que les systèmes sont semblables. D’autres ont les mêmes points de vue négatifs et dépassés sur les métiers spécialisés que de nombreux Canadiens. De nombreux pays n’ont pas de programmes d’apprentissage; il est donc possible de mieux informer les nouveaux arrivants sur ces métiers et sur ce que cela signifie pour la reconnaissance des titres de compétences au Canada. Par ailleurs, l’acquisition de la langue est un autre obstacle au processus de reconnaissance des titres de compétences des apprentissages en Ontario. Les chapitres du YMCA ont collaboré à une initiative nommée Ontario Newcomer Trades Action Program (ONTAP) qui vise à informer les immigrants sur les apprentissages en Ontario et à inciter les employeurs à recruter des immigrants comme apprentis. ■

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