Zut Strasbourg n°51

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Festival des vins natures, de l’Est et d’ailleurs. buvable(s), naturellement. + de70 Vignerons #4 MULHOUSE MOTOCO 5-6 novembre 2022 Toutes les infos : salonbrutes.fr
3 Haguenau et alentours n° 12 Décembre Strasbourg n°52 Décembre Hors-série Racing n°3 Mi-décembre 30 ans de L’Humour des Notes Hors-série by Zut Octobre 2022 Prochaines parutions zut–magazine.com Photo Alexis Delon / Preview
Les dernières publications 01— Panorama de la musique populaire, Vincent Vanoli | chicmedias éditions 02— ZUT Hors-série, Un seul amour et pour toujours #2Racing : une passion sans limites 03— Novo, le magazine culturel du Grand Est #66 04— ZUT Strasbourg, magazine trimestriel lifestyle 100% local #51 05— ZAP, Zone d’Architecture Possible, magazine pour l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg #6 01 03 04 05 02
14, rue Sainte-Hélène - Strasbourg shop.chicmedias.com Retrouvez toutes nos parutions à La Vitrine 09 10 11 06 07 08 06— ZUT Haguenau et alentours / Alsace du Nord, le journal #11 07— PDR, le journal du Port du Rhin #4 08— ZUT Hors-série #4, L’artisanat dans l’Eurométropole de Strasbourg et en Alsace 09— Programme saison 2022/2023, Manège Maubeuge, scène nationale 10— Brochure Été, Office Tourisme du Pays de Haguenau 11— Ça va mieux, Christophe Meyer | continuum & chicmedias éditions

Contributeurs Zut team

Directeur de la publication & de la rédaction

Bruno Chibane

Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe

Rédaction en chef Cahier La Culture Bruno Chibane et Emmanuel Dosda

Directrice artistique et rédaction en chef Cahier Le Style Myriam Commot-Delon Rédaction en chef Cahier La Table Cahier Les Escapades Cahier Les Métiers Bruno Chibane et Myriam Commot-Delon

Directeur artistique brokism Coordination Fabrice Voné Secrétaire de rédaction Manon Landreau

Graphisme Séverine Voegeli

Assistante graphisme Aurélie Catroux

Chargée de projets & développement Léonor Anstett

Commercialisation

Léonor Anstett 06 87 33 24 20 Bruno Chibane 06 08 07 99 45

Laurence Kintz 06 20 16 28 49 Elisa Lombe 06 51 12 29 55

Philippe Schweyer 06 22 44 68 67

Anne Walter 06 65 30 27 34 contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com

Rédacteurs

Cécile Becker, Myriam CommotDelon, Emmanuel Dosda, Tatiana Geiselmann, Manon Landreau, Elisa Lombe, JiBé Mathieu, Emma Schneider, Pierre Jean Singer, Aurélie Vautrin, Sonia Verguet, Fabrice Voné

Styliste

Myriam Commot-Delon

Photographes

Jésus s. Baptista, Christoph de Barry, brokism, Alexis Delon / Preview, Patrick Lambin, Thomas Lang, Benoît Linder, Grégory Massat, Vincent Muller, Christophe Urbain, Sandro Weltin

Relectures

Léonor Anstett

Stagiaire graphisme Nina Chagas

Retouche numérique

Emmanuel Van Hecke / Preview

Mannequins Iana / Upmodels Paris upmodels.fr

Coiffure

Alexandre Lesmes / Avila @avilacoiffure

Make-up

Sophie Renier

Ce magazine trimestriel est édité par

chicmedias 37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com

Sàrl au capital de 47 057 euros

Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : Octobre 2022

SIRET : 509 169 280 00047 ISSN : 1969-0789

Ce magazine est entièrement conçu, réalisé et imprimé en Alsace Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa et Zut Team

Abonnements abonnement@chicmedias.com

Crédits couverture

Photo | Alexis Delon / Preview Mannequin Iana / Upmodels Paris

Paletot en lainage Alberto Biani et casquette en cuir Closed, les deux chez Marbre.

Crédits ouvertures cahiers

Photos | Alexis Delon / Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon Série | Les glanées automnales

Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr

6
Simplicité fonctionnelle, esthétique épurée, matériaux nobles & savoir-faire artisanal : ouvrons l’agencement intérieur à l’essentiel. 42 rue du Faubourg-de-Pierre 67000 Strasbourg 4 zone artisanale 68150 Ostheim Créateur & fabricant d’agencements d’intérieurs depuis 2012 en Alsace www.lcm.design

Sommaire

14 Strasbourg vu par Gilles Kempf

Catherine Prompicai

— Jean-Marie Messer Gaël Sturtz Nadia et Selena Fachinger

22 Carte blanche

Sandro Weltin. Strasbourg, dans les archives du photographe.

27 La Culture

28 Portfolio Vincent Muller.

Le photographe saisit les visages des artistes invités par les Bibliothèques idéales.

36 Zut, v’là Dosda Alice Motard. Incruste chez Alice Motard, nouvelle directrice du CEAAC, pour lui tirer les vers du nez.

40 Un apéro avec... Lola Quivoron.

Discussion autour d’une bière avec la réalisatrice du film Rodeo salué au dernier Festival de Cannes.

42 Bande dessinée Timothée Ostermann. Dans L’Artiste à mitemps, sa dernière BD, il se découvre assistant pédagogique en lycée pro.

44 Architecture

Les Journées de l’architecture.

Organisées par la MEA, les JA font un focus sur les ressources en ces temps de crise énergétique.

46 Cinéma

Augenblick.

Focus sur le festival du cinéma germanophone en compagnie de Sadia Robein, programmatrice.

48 Musique Peter Doherty & Frédéric Lo.

Le duo a écrit un bel album d’où émerge la voix d’un dandy régénéré… aux produits laitiers.

50 Rejouer Figure Imposée de Bashung.

Pascal Jacquemin, guitariste et parolier de Bashung, a monté un spectacle rejouant un album clé du chanteur.

52 La culture en bref

61 Le Style

62 La mode

Réviser ses classiques.

76 La mode homme Aller à l’essentiel.

78 Slow fashion

Se vêtir écoresponsablement.

82 News mode

Tendances et repérages.

86 News design

Intérieur et lifestyle.

8
STRASBOURG - 22 Rue de la Mésange - T 03 88 23 08 08 high-everydaycouture.com

Sommaire

93 La Table

94 La chronique

Sonia Verguet.

Un été indien… culinaire, par une designer de goût.

98 La recette

Harmonie Begon. Soyons terre à terre avec les tacos de porc effiloché de la créatrice.

100 Le test Anatomie du café.

102 Quand c’est l’heure Vendredi, 19h.

104 Dossier

Le vin nature. Il est devenu incontournable : dossier en plein dans le pif !

114 Bien boire

La Cave du Roi Dagobert.

Au Millésime.

118 Bien manger

Come a Roma. Fratelli Marmi. Le Coq en pâte.

125 Les Escapades

126 À Meisenthal

Le CIAV.

Découverte d’un site aujourd’hui totalement métamorphosé.

132 À Strasbourg

The People Hostel. La Manufacture des tabacs renaît de ses cendres.

134 Shopping

Nos essentiels de la saison pour se faire la belle.

136 Randonnée

Le circuit du Cygne. Balade en pays Rhénan commentée par un amoureux des lieux, Stéphane Brucker.

139 Les Métiers

140 Reportage

BFM Alsace. En direct des coulisses de la chaîne d’info en continu.

144 Entretien Kelly Cruz. Rencontre avec la jeune carreleuse.

146 Portrait

Yves Willman.

Il perpétue l’art de la tapisserie.

10
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Édito

Plus ou moins…

Décroissance, décarbonatation, privation, tempérance, déficit…

Je me suis résolu à ne plus emprunter l’ascenseur pour aller au bureau du second, j’échange mes piles par des dynamos, éteins tous mes radiateurs et me chauffe uniquement en faisant cramer les déchets de la poubelle jaune dans ma cheminée. J’ai débranché la télé, acheté un col roulé chez Emmaüs, regonflé les pneus de mon vélo et revendu ma bagnole, arrêté de me goinfrer de filets de poulets gonflés aux hormones et de poissons panés congelés. Je boycotte la Coupe du monde, stoppe l’arrosage de mes plants de tomates cerises. Je décide de me laver un jour sur trois, d’éviter de tirer la chasse d’eau et de me priver de jet. Octobre 2022. Contexte de crise économique et climatique : j’assume le fait d’avoir un enfant fagoté comme en 2019 (et de lui imposer cette vision anti-fashion victim), je remplace les ampoules grillées par des bougies parfumées, je recycle l’eau de ma douche pour laver mon plancher. Tout est vrai (ou presque). C’est très bien, sauf que voilà, le vocabulaire lié à l’austérité me fait grave déprimer, préférant l’ivresse à la sobriété. Ne changeons pas de camp, mais de champ – lexical – le temps d’un édito sous forme de manifeste pour moins de moins et plus de plus. J’en exige davantage : d’ambition, d’humanisation, de passion, de pulsations. Plus de belles images, de bandes dessinées, d’illustrations, de photos et portfolios. De captivantes expos qui remuent les méninges et excitent les sens, d’élégance et de style, de ciné étranger, de concerts et spectacles enflammés in real life, d’architecture raisonnée, de jobs pas bullshit et autres nobles métiers. Je veux m’en foutre jusque-là, de culture et de vin nature, d’artisanat de nos contrées et de petits plats mijotés.

Bonne lecture et zut à la frugalité !

12
Ipsae 35, quai des Bateliers Strasbourg 03 88 52 13 55

Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg.

femmes et les hommes qui font vibrer

ville nous font découvrir leur lieu préféré

Strasbourg vu par

Gilles Kempf

54 ans

Architecte et professeur de projet à la MJM

Où ? Au dernier niveau du parking Rives de l’Aar  « Ce parking a la particularité d’avoir peu de voitures, il laisse la place ouverte à autre chose, on peut imaginer une transformation, un tierslieu par exemple. »

Actu ?

« Les 25 ans de mon agence et ma 15e année de rentrée en tant que prof à la MJM ! »

Zut à qui ou à quoi ?  « Zut à la fin/faim et à la fermeture de la piscine du Wacken pendant 2 mois. »

kempf-architecte.com

Pull Isabel Benenato chez Algorithme La Loggia algorithmelaloggia.com

Les
la
. Propos
recueillis par Élisa Lombe
Photos
Jésus s.Baptista et Sandro Weltin Photo Jésus s.Baptista
15

Jean-Marie Messer

Manager chez AG2R La Mondiale Vice-président du Maillon Plus

Où ? Le Maillon

« J’adore ce cube noir réalisé par l’architecte italien Umberto Napolitano, le Maillon est une vraie fabrique de théâtre avec ses deux grandes salles, ainsi que son espace convivial à l’entrée. »

Actu ?

« Je prépare mon 16e marathon qui aura lieu à Athènes le 13 novembre prochain. Je prends également ma retraite le 1er mai, fête du Travail, un jour symbolique. »

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut aux personnes qui utilisent leur voiture plutôt que le réseau de transports à Strasbourg. »

ag2rlamondiale.fr maillon.eu

Blazer Tagliatore Chemise Eton

Les deux chez Revenge Hom revenge-hom.com

16
62 ans
Photo Sandro Weltin

Catherine Prompicai

37 ans

Directrice de développement et marketing NELSON.news

Où ?

La terrasse de l’Art Café, sur le toit du Musée d’Art moderne

« J’aime beaucoup ce lieu, c’est un lieu de passage, un lieu de vie et de rencontres.

Ici se mêlent les Strasbourgeois et les touristes. »

Actu ?

La mise en ligne de l’application Nelson, un facilitateur de lien entre les médias et les marques, les agences et les collectivités.

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut à l’heure de notre rendez-vous et Zut à tous ceux qui lèvent les yeux lorsqu’on parle de féminisme. »

nelson.news

Chemisier et pantalon Paul Smith Le tout chez Marbre marbre-strasbourg.com

18
Photo Jésus s.Baptista

Gaël Sturtz

Gérant de Gaël Sturtz Agence Immobilière

Où ? L’hôtel Graffalgar

« J’ai choisi ce lieu car il réunit mes deux passions : la musique et le street art. »

Actu ?

« Je vais organiser un apéro, un repas, avec les commerçants de mon quartier afin de renforcer le lien social. »

Zut à qui ou à quoi ?

« Il y a un Z dans mon nom de famille et dans le mot “Zut”, alors zut à la sous-représentation de cette lettre ! » agence-gaelsturtz.com

Manteau Officine Générale /Hoodie Isabel Marant Le tout chez Ultima Homme ultimamode.com

19
39 ans
Photo Sandro Weltin

Nadia et Selena Fachinger

Mère et fille, gérante et community manager de Troc Mode

Où ? Place du Marché-Gayot

Nadia : « Cette place m’est très chère émotionnellement, on venait manger ici tous les vendredis. Une place vivante, où on a vu grandir nos enfants. »

Actu ?

Selena : « Nous avons repris la boutique Troc Mode depuis quatre mois. Ma mère s’occupe des ventes et moi de la partie social media. Vous pouvez y retrouver

des articles de seconde main de luxe, des pièces rares à prix abordables. »

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut à la Fast Fashion ! »

troc-mode.com

@trocmode

Nadia : Veste Chanel et bottes Hermès

Selena : Manteau Isabel Benenato, sac Louis Vuitton

Le tout chez Troc Mode

20
55 et 23 ans
Photo Sandro Weltin
LE FUTUR GRANDEUR NATURE *Pour tout achat d’un logement dans la résidence « Avanscène » de Spiral, située à Strasbourg. Cette résidence est conforme à la réglementation RT 2012 et est certifiée NF Habitat par Cerqual. Architecte : Ket+ • Perspectiviste : MAGARCHI. Illustrations non contractuelles dues à la libre interprétation des artistes. SPIRIT IMMOBILIER, société par actions simplifiée au capital de 400 000 euros, dont le siège social est situé au 68, rue de Villiers à LEVALLOIS-PERRET (92300), immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Nanterre, sous le numéro 435 369 277. Réalisation : Agence VO – 10/2022 À Strasbourg - Wacken, devenez propriétaire dans un jardin habité en cœur de ville. ÉVÈNEMENT DU 21 AU 23 OCTOBRE INSCRIVEZ-VOUS avanscene.fr ESPACE DE VENTE 1 rue de Zurich Strasbourg Offerts 1 vélo électrique* 1 pack mobilités* 1 offre autopartage*

Strasbourg, au fil des saisons

dans les archives du photographe Sandro Weltin

22
Carte blanche

« Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. »

C’est sur cette citation d’Henri CartierBresson que je concluais mon discours, lors de l’inauguration de ma toute première exposition, Regards croisés sur l’identité, en 2005. Je ne l’avais pas prévue. Elle m’est venue à l’esprit spontanément, alors que je tremblais comme une feuille à l’idée de prononcer un discours ce jour-là. Aujourd’hui cette phrase résonne, toujours et encore en moi, dès lors que je photographie.

Sandro Weltin est photographe pour le Conseil de l’Europe. Témoin d’une Europe en mutation, il photographie pour rendre compte. sandroweltin.com @sandroweltin

24

LEÏLA KA / AURORE GRUEL / BENJAMIN DUPÉ / MATHIEU CHAMAGNE / MARINO VANNA / JEAN-BAPTISTE ANDRÉ / DIMITRI JOURDE / AMBRA SENATORE / RENAUD HERBIN / SYLVAIN RIÉJOU / THOMAS LEBRUN / SILVIA GRIBAUDI / BRUNO BELTRÃO / OUSMANE SY / AKIKO HASEGAWA / MARIE CAMBOIS / BRYANA FRITZ / BETTY TCHOMANGA / SOA RATSIFANDRIHANA / LARA BARSACQ / NACH / LENIO KAKLEA / MAUD LE PLADEC / MEYTAL BLANARU / MARTA IZQUIERDO MUÑOZ / VIA KATLEHONG / AMALA DIANOR / MARCO DA SILVA FERREIRA / EZIO SCHIAVULLI / WEN HUI / NATHALIE PERNETTE / MARCO D’AGOSTIN / SIMONE MOUSSET / SIMON FELTZ / KIYAN KHOSHOIE / FOUAD BOUSSOUF / SERGE AIMÉ COULIBALY & MAGIC MALIK /

POLE-SUD.FR +33 (0)3 88 39 23 40 1 rue de Bourgogne - F 67100 Strasbourg 22 / 23 PHOTO ©
ANNELIE VANDENDAEL
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CULTURE

Les yeux brillent, les corps frissonnent, les cœurs battent

LA
Série : Les glanées automnales, photo Alexis Delon / Studio Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon

des

idéales, Vincent Muller a saisi autour de six cents visages d’artistes, écrivains pour l’immense majorité d’entre eux. Il œuvre en coulisses, met à

saisit

Les collections littéraires

Ce qui frappe, lorsque l’on fait défiler les portraits d’écrivains patiemment collectés par Vincent Muller, c’est d’abord que seule une petite mino rité d’entre eux regarde l’objectif. La diversité des cadrages, des profils et des regards préserve la collection de la monotonie. Elle résulte d’un jeu, d’un dialogue entre les modèles et celui qui les « shoote ». Une gageure, car le photo graphe dispose de peu de temps. Les séances se déroulent en règle générale juste avant que les invités ne montent sur scène, face au public des Bibliothèques idéales. « Je m’installe dans les cou lisses, dans un couloir. Cela a démarré à l’Aubette, où j’avais pu monter un fond [une toile de fond monochrome, NDLR] avec quelques lumières », raconte Vincent Muller. Il a ensuite suivi les migrations locales de la manifestation littéraire, vers la cité de la place Dauphine et, tout récem ment, le Parlement européen.

Je scanne ce qui m’entoure En fonction de la relation qu’il peut établir – ou pas – avec les artistes et écrivains invités, Vincent Muller propose un cadre autre que le fond mono chrome. « Je scanne ce qui m’entoure, j’imagine, je place mon sujet, fais un test lumière… La séance dure entre dix secondes et trois ou quatre minutes. Face à moi, il y a tous les types de caractères. Certains, comme Frédéric Beigbeder, prennent des poses, proposent des attitudes, d’autres restent immo biles… 90 % des écrivains jouent le jeu. Quelquesuns énoncent des interdits : photographie que ce profil ! Ou alors : pas de contreplongée, à cause de mon double menton », poursuit Vincent Muller. En une séance, soit quelques minutes, il prend dix à quinze images. Et sait – privilège de l’expérience –si dans ce lot se trouvent une ou plusieurs photos satisfaisantes.

Dans l’exercice du portrait, « si tu amènes un truc cool, un moment de détente, tu as tout gagné », avance le photographe. Le modèle se détend, s’ouvre à l’expérience proposée. Vincent Muller a assimilé l’art et la technique du portrait par l’ex périence, mais aussi par l’apprentissage.

Prendre le réel

Lors de ses premiers pas photographiques, il ne se souvient pas d’avoir eu la révélation, l’ap pel d’une vocation. À la fin de l’adolescence, le jeune Vincent Muller s’oriente vers une forma tion pratique en photo, parce qu’il ne se sentait « pas très scolaire ». Il va cependant acquérir des bases techniques solides en six ans d’études. Les dernières années d’apprentissage se déroulent à Toulouse. Le déclic, le goût du métier vient en chambre noire, en apprenant le développement analogique. Et lors des premières prises de vues, au contact de personnes et de lieux. « J’ai décou vert de nombreux styles, en étant tout de suite attiré par le reportage, par le fait de prendre le réel », se souvient Vincent Muller. Il débute en Alsace, au sein d’une défunte agence de publicité stras bourgeoise. En tant que photographe de studio « maison », il assimile les ficelles du métier. Et très vite son aspect humain, relationnel.

Il y a chez Vincent Muller une gentillesse assez naturelle, une cordialité spontanée, nécessaire et utile à son activité. Installé depuis peu dans le Jura suisse, il partage son activité entre la Suisse romande et l’Alsace, entre la photogra phie d’entreprise, les manifestations culturelles et une activité journalistique. Sur son site web, Vincent Muller expose des séries thématiques non publiées, ou partiellement. Une certaine élégance relie les images, avec une prédilection pour l’étrangeté, la juxtaposition de signes en décalage, voire en opposition les uns aux autres. Ainsi de la longue série Être(s), imaginée avec le plasticien et ami Hugo Mairelle, florilège de masques créés par ce dernier à partir de frag ments végétaux, portés par des modèles nus comme aux premiers jours et perdus dans des paysages immenses.

28La Culture—Portfolio En huit éditions
Bibliothèques
l’aise ses sujets, les
puis les expose. Sélection de portraits de cette année. Par Pierre Jean Singer / Photos Vincent Muller
vincentmuller.fr

Dim.

sept.

V13

P.O.L.)

« Il était docile. Avec une certaine réserve. Un visage marqué. Quelqu’un que tu n’as pas envie de faire ch… » (Vincent Muller)

18
— Emmanuel Carrère (
,
30
Ven. 9 sept. — Lola Lafon (Quand tu écouteras cette chanson, Stock) Sam. 3 sept. — Yannick Haenel (Le Trésorier payeur, Gallimard) Sam. 3 sept. — Concert de Nicolas Comment revisitant sa propre discographie avec Milo, muse et bassiste, la chanteuse américaine Brisa Roché, et Olivier Legall De gauche à droite : Brisa Roché, Olivier Legall, Nicolas Comment et Milo.

« C’était la seconde fois que je le prenais en photo. Il s’était rappelé du dernier shooting deux ans auparavant et avait beaucoup aimé les photos. Il s’est donc de nouveau prêté au jeu et m’a demandé s’il pouvait utiliser les nouvelles images pour sa communication personnelle. C’est toujours très gratifiant d’avoir des personnalités avec un tel talent qui considèrent votre travail et vous rappellent pour demander des photos. »

Dim. 4
sept.
Enki Bilal (Bug – tome 3, Casterman)
Dim. 1 8 sept. — Blandine Rinkel (Vers la violence, Fayard)
Dim. 4
sept.
Kaouther Adimi (Au vent mauvais, Seuil) Sam. 17 sept. —Judith Henry (à gauche) et Julie Gayet (à droite) ont fait une lecture de Nous ne serions pas arrivées là si… d’Annick Cojean, Grasset / Le Monde

« Je l’ai attendue pendant deux heures, elle repoussait sans cesse le moment du shooting. (Je n’ai pas la bonne robe, je fume une clope, je vais d’abord faire les dédicaces.) La séance commencée, j’appréhendais le fait qu’elle tombe de la table basse sur laquelle je voulais la prendre en photo. Finalement, elle a tenu le temps des portraits mais on n’est pas passé loin de la chute. »

34
Sam. 17 sept. — Sonia Deviller (Les exportés, Flammarion) Dim. 11 sept. — Olivia Ruiz (Écoute la pluie tomber, JC Lattès)

« J’ai l’habitude de la prendre en photo car elle vient presque chaque année aux Bibliothèques idéales. C’est le type de personne que j’adore photographier car elle propose tout de suite des poses et des attitudes décalées. Je n’ai plus qu’à choper le bon moment.»

Sam. 10 sept. — Léopoldine HH (la
chanteuse
a
rendu
hommage à Charles
Trenet
en
compagnie
de
Gérard Daguerre, Muriel Daguerre
et
Vincent Dedienne)

La Culture Rencontre Toc toc toc ! « Qui est là ? » « C’est Dosda ! » Indiscret, en compagnie de mon acolyte photographe, à l’heure du café, je me suis incrusté chez Alice Motard, nouvelle directrice du Centre européen d’actions artistiques contemporaines (CEAAC), pour observer son charmant foyer et lui tirer les vers du nez.

Zut, v’là Dosda

Catalogues, biographies et autres livres post-ités envahissant les étagères, œuvres de toutes dimensions couvrant des pans de murs entiers, mobilier choisi avec goût, jouets jonchant le parquet trahissant une présence enfantine en la demeure… Nous fouinons. Sur la table de chevet de celle qui est entrée en fonction il y a pile un an : Cher connard de Despentes, Au bonheur des dames de Zola et La Vie sociale des choses de l’anthropologue Arjun Appadurai. Trois ouvrages qu’elle lit davantage par professionnalisme que par plaisir – même si l’un n’empêche pas l’autre. Dans le quartier de la Neustadt, le lumineux appartement au charme discrètement bourgeois d’Alice Motard offre une jolie vue sur le Jardin botanique. Tout à coup, notre hôte s’excuse et se précipite vers un ensemble de cadres aux tonali tés sombres, tranchant sur une surface blanche. La raison de ce moment de panique ? L’élégante directrice du centre d’art supporte moyennement quand ça penche, lorsque les choses ne sont pas

correctement alignées. «  Les tableaux bougent sans cesse avec les tremblements et vibrations, mais je vous rassure, je m’attelle à me maîtriser et cesser de sortir mon niveau à bulle ! » s’amuse cette femme résolument bûcheuse, fonceuse, animée par la passion de son travail.

Têtue

Pour parvenir à pénétrer, en douceur, dans son univers, nous pointons du doigt une étrange estampe : il s’agit d’une page d’atlas imprimée sur un mouchoir passé par les entrailles encrées d’une photocopieuse. Cette œuvre signée Marie Cool Fabio Balducci est un cadeau fait par le duo à celle qui l’avait invité au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux en 2019, alors qu’elle y était commissaire en chef. Presque toutes les autres œuvres « exposées » ici ont un lien direct, affectif, avec celle qui travailla au Palais de Tokyo ou au Plateau à Paris, aux centres d’art Raven Row (Londres) et Spike Island (Bristol).

Par Emmanuel Dosda / Photos Christophe Urbain

chez Alice Motard

Non loin du délicat mouchoir, nous remarquons un dessin dédicacé – «  With best wishes » – par l’artiste japonaise nonagénaire Takako Saito à laquelle le CAPC consacra une importante monographie (en 2019). Proche du mouvement Fluxus et notamment de George Maciunas, la plasticienne multiplie les supports d’expression et «  devient une véritable adolescente  » durant ses performances. Lors de l’une d’elles, Takako Saito fit un « lâcher » de cubes en papier parmi un public aux anges. Deux exemplaires, de tailles différentes, sont précieusement conservés sur un meuble du salon d’Alice qui a pu mener à bien l’exposition bordelaise de cette artiste déconnectée après « une longue correspondance postale », loin des arcanes du web. « Nous avons pu monter ce projet car toutes deux sommes têtues », admet la work addict autoproclamée. Et globe trotteuse assumée : ouverte sur le monde, elle va naturellement poursuivre le développement du programme d’échanges internationaux du CEAAC qui se dotera prochainement de nou veaux ateliers pour ses résidences croisées.

Enfant d’Erasmus

Le logement d’Alice Motard, comme tous les lieux où officia cette « enfant d’Erasmus », est chargé d’histoire, à quelques pas de l’Observatoire ou du Musée zoologique. « J’ai cependant vécu dans une tour, à Londres  », objecte-t-elle . «  Il s’agis sait d’une version naine du célèbre gratte-ciel de Canary Wharf, qui lui avait valu son affectueux surnom de Canary Dwarf [naine en anglais, NDLR]. » Et de poursuivre : « Raven Row opérait depuis deux boutiques ouvertes par des marchands de soie huguenots dans le quartier de Spitalfields

au xviii e siècle tandis qu’on empaquetait du thé Brooke Bond à Spike Island. Ça n’est pas un hasard, car je tiens particulièrement compte des lieux avant même de songer aux objets à y exposer, jamais hors-sol. Me pencher sur l’histoire ne signifie pas tourner le dos aux préoccupations actuelles.

Bien au contraire. » Son projet artistique pour le centre d’art strasbourgeois est traversé par les problématiques – écologiques, économiques… –de notre époque. Logique quand on sait que sa directrice, fidèle auditrice de la série de podcasts

La Poudre de Lauren Bastide, fut « biberonnée » aux questions féministes ou de genre depuis bien longtemps. Plaçant le recyclage, l’« optimisation des ressources  », sur un piédestal, l’exposition collective du moment, Au Bonheur, est largement irriguée par ces sujets, mais aussi la mémoire, le vernaculaire, le savoir-faire, l’art populaire.

38
L’élégante directrice du centre d’art supporte moyennement quand ça penche, lorsque les choses ne sont pas correctement alignées.
La Culture Rencontre

Le goût des formes pleines « J’ai un attachement profond à la forme. Certaines sont vides, mais d’autres sont pleines de sens. Selon moi, une bonne expo doit pouvoir se passer de longs discours. » Avec Au Bonheur, Alice Motard et Joël Riff, co-commissaire (membre de l’équipe du Moly-Sabata, résidence d’artistes de Sablons), nous replongent dans le récit du CEAAC, installé en ces murs depuis 1995. Style Art nouveau, fines boiseries, décors végétaux, escaliers en fer forgé et plafond peint aux motifs floraux, l’institution fut un magasin d’objets en verre, en porcelaine ou en faïence créé par Eugène Neunreiter en 1899 à la Krutenau. On y trouvait également des luminaires et autres articles utilitaires auxquels les œuvres de la vingtaine d’artistes conviés font respectueusement écho. L’entrée franchie, il faut parcourir le Moly shop, boutique éphémère qui propose à la vente une gamme d’objets en céra mique fabriqués dans la région. Du circuit court au court-circuit, il n’y a que quelques pas à faire. Ainsi, le plasticien Nicholas Vargelis, collection neur d’ampoules à incandescence à ses heures, a « hacké le système d’éclairage » afin que le public puisse choisir l’ambiance lumineuse. Tandis que Marianne Marić présente ses lumineuses jupes abat-jour, des Lamp-girls résolument électriques, Julie Béna expose des lustres à la semblance organique…

Un débordement de ravissement Frise architecturale d’Estelle Deschamp, sculp tures aux allures antiques et numériques du duo de designers La double clique, vaisselle en faïence émaillée de l’atelier Palais du Corbeau, poteries en porcelaine blanche de Camille Schpilberg… Au Bonheur « convoque l’esprit des lieux  ». D’ailleurs, Alice confie : «  Sans verser dans l’occultisme, je ne serais pas à l’aise si je devais travailler dans un ancien abattoir ! » L’exposition évoquant « le passé commercial » du bâtiment du CEAAC rend hommage à William Morris, chef de file du mouvement Art and Crafts qui prôna , au xix e siècle, «  la révolution par l’épanouisse ment dans sa vie et sa profession, en s’opposant notamment à la division du travail », explique la directrice qui s’estime « très heureuse ! » Grâce à son « métier passion  » bien sûr… Elle cède, pudiquement : « Je devrais évoquer l’amour que j’ai pour mes proches, mais là, nous entrons dans le domaine du privé ! » Ne forçons pas trop la porte de l’intime…

Au Bonheur Jusqu’au 08.01. 23 CEAAC ceaac.org

Un apéro avec Lola Quivoron

La Culture Cinéma Réalisatrice du film Rodeo salué au dernier Festival de Cannes, pourfendeuse des étiquettes et amatrice… de l’au-delà du réel. Par Cécile Becker / Photo Christophe Urbain

Elle a bu : une Meteor Pils

La journaliste a bu : un Picon « sans »

Qui a réglé la note : les cinémas Star

Propos recueillis à La Chope le 24 août, dans le cadre de l’avant-première de Rodeo aux cinémas Star.

Pourquoi tu fais des films ? Pour créer du lien avec l’autre, pour construire et greffer des choses sur le réel, pour être dans une forme de réciprocité. À l’heure où la société divise, où la pensée devient de plus en plus binaire et se construit dans la fracture, le cinéma, à travers l’émotion qui est universelle, réussit à produire des familles. Le film est une expérience collective.

As-tu la sensation de créer des familles quand tu fais des films ? Je dirais même plus, tu crées des micro-sociétés. Quand tu es réali satrice, tu as la chance de pouvoir inventer des dispositifs et c’est important de créer un dispo sitif qui soit à l’image de tes opinions et de ton inscription dans la société. Je n’aime pas parler de direction d’acteur, c’est problématique : tu di riges une banque ou une boutique mais ce n’est pas un terme artistique. C’est un terme de domi nant, de prédation et qui renvoie au capitalisme. Je veille à ce que l’esprit du collectif soit présent et à ce que l’énergie circule. Je suis très mal à l’aise quand le pouvoir est trop concentré.

Qu’est-ce que tu regardes le plus chez les gens ? Je crois que c’est les yeux. Parce que dans les yeux tu vois beaucoup de choses. L’ins tinct premier de la rencontre c’est ça : la vérité, l’âme ; c’est hyper important. Et souvent, ça me met sur la piste du gros plan, mon langage et ce qui m’intéresse le plus. Le gros plan, c’est le re gard emphatique. Le naturalisme ne m’intéresse pas, mais le cinéma est là pour amplifier, pour créer des épiphanies, de l’intensité, de l’épique, de la mythologie.

Il y a un regard amoureux sur le garage dans ton film… J’adore les garages.

Pourquoi ? J’aime bien les voitures acciden tées. La première histoire que j’ai entendue en boucle, c’est celle de l’accident de ma grandmère, opérée plus de sept fois. Elle me racontait l’accident sous toutes ses coutures, à travers ses cicatrices qui avaient chacune un nom. J’adorais quand elle me racontait ça. Elle a un corps rafis tolé, cabossé que j’ai toujours trouvé super beau, que je prenais en photo.

Tu aurais fait quoi si tu n’avais pas été réalisatrice ? J’ai honte de le dire mais j’au rais été bouchère – en plus, je suis en train de devenir végétarienne. C’est l’idée de découper de la viande, ça a un rapport avec le montage, j’aime bien la technicité du geste, j’aime bien comprendre. J’adore découper des filets, du poulet, tout ça… C’est un peu bizarre. [Rires]

Tu parles de domination, comment tu t’es déconstruite ? J’ai commencé à écrire Rodeo en 2016 à la sortie de la Fémis. Plus je construi sais le film et plus je me déconstruisais. C’est un truc d’expérience sociale le fait d’être une femme, réalisatrice, gouine, d’être tout le temps confrontée au regard masculin... Ce qui m’a déconstruite, ce sont les lectures. Paul B. Preciado m’a fait le plus de bien au moment où j’ai commencé à écrire le personnage de Julia. Ça vient certainement aussi du fait que je suis non-binaire : je suis entre les normes du mascu lin et du féminin, j’oscille, ce que je donne à voir n’est pas vraiment moi. Au début ça me faisait beaucoup souffrir… et puis ce personnage que je n’arrivais pas à caractériser : un garçon ? Une fille ? Ce qui m’a débloquée c’est Un appartement sur Uranus [de Paul B. Preciado, donc, NDLR], Elsa Dorlin et pas mal de podcasts, notamment Les Couilles sur la table avec Virginie Despentes qui parle de violence féminine. Et puis des lec tures décoloniales, un livre génial que j’ai dé couvert cet été, Rester barbare de Louisa Yousfi…

Et tu retrouves ça côté films ? Les films de Samuel Fuller que je trouve vraiment complexes sur les personnages. Le film de Ridley Scott, Thelma et Louise, un vrai film sur le regard.

Tu te considères comme affranchie ? Le problème c’est qu’on est tellement dans des rapports de domination que le seul moyen que tu peux trouver pour résister, c’est de faire un pas vers la violence. La violence est coûteuse, elle est aliénante mais elle peut être ludique, par exemple… comme les pirates. Le problème c’est qu’on vit en communauté… Mon rêve, c’est un peu de m’abstraire du monde. La société est violente et la violence est un outil de travail.

Tu arrives à être violente ? Seulement si je me défends. Et j’ai beaucoup appris pour ne pas prendre ce chemin-là. Quand je dis que c’est coûteux, par exemple, tu subis une agression, tu te défends et après tu es hantée par ta propre violence : pourquoi je ne suis pas allée plus loin ? Pourquoi j’ai pas fait ça ? Comme un fantôme. Aujourd’hui, je ne m’allume plus au simple regard de travers dans le métro, j’aborde le truc avec le rire, mais c’est dur… franchement. Faut être intelligent, mais c’est dur d’être intelligent dans une société bête, même si c’est binaire de dire ça. C’est dur de s’élever dans une société qui nous rapetisse sans cesse. On nous fait croire qu’on peut s’élever individuellement mais c’est collectivement qu’il faut s’élever…

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Tranche de vie(s) Timothée Ostermann

À 30 ans, Timothée Ostermann semble avoir déjà vécu plusieurs vies. Tour à tour employé de supermarché, en immersion dans un salon de tatouage ou encore footballeur amateur, ce des sinateur de BD a fait de son quotidien la toile de fond de ses albums. Ses récits s’inspirent d’ex périences vécues un peu malgré lui et, chaque fois qu’il se retrouve « catapulté » dans un nou vel univers, il en profite pour en croquer les cou lisses et les acteurs. Dans L’Artiste à mi-temps, son quatrième album, paru aux éditions Sarba cane, il est assistant pédagogique dans un lycée professionnel.

« Pour moi, c’était un endroit très exotique, ex plique-t-il . J’ai grandi à la campagne et étudié dans un lycée bourgeois qui n’a rien à voir avec celui où j’ai travaillé. Le public n’est pas du tout le même en lycée professionnel. C’est cette espèce de grand écart entre moi et les élèves que je trouvais

intéressant ». Pendant une année scolaire, son quotidien est rythmé par les allées et venues des élèves au CDI et les rencontres parfois lu naires qui en découlent. Se moquant tout au tant de l’hostilité des jeunes entre eux que de son propre manque d’initiative et d’autorité, il raconte aussi ses difficultés à s’adapter à cet em ploi aux antipodes de ses aspirations d’artiste. Une situation dans laquelle se reconnaîtront beaucoup de jeunes diplômés. «  En sortant d’une école d’art, quasiment 80 % des gens ont un emploi alimentaire, souligne Timothée Oster mann. De mon côté, ça va parce que je fais de l’illus tration et j’ai des moyens assez concrets de gagner de l’argent mais si tu fais de l’art contemporain, tu te retrouves vite serveur, pion ou employé dans un su permarché. Je pense qu’il y a beaucoup de gens dans ce milieu qui ont été artistes à mi-temps, et je parle par expérience. »

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La Culture Bande dessinée Timothée Ostermann a fait sa rentrée des classes. Dans L’Artiste à mi-temps, sa dernière bande dessinée parue fin août, l’auteur-dessinateur originaire de Saverne se découvre assistant pédagogique dans un lycée professionnel, entouré d’ados ingérables et confronté aux galères du monde du travail. Par Manon Landreau/ Photo Patrick Lambin

De l’autofiction à une collection d’écharpes pour le Racing

Déjà dans sa première bande dessinée, Voyage en tête de gondole (2016, Fluide Glacial), un job d’été au sein d’un hypermarché lui donnait l’occasion de raconter l’envers et les travers de la grande distribution, tout en décrivant ses rencontres les plus impro bables. Mais le dessinateur nuance : « Je ne fais pas de documen taire, je fais de l’autofiction. C’est-à-dire que je me mets en scène et je mets en scène les autres. Il y a toujours des personnages qui existent plus ou moins et d’autres qui sont inventés. » Même démarche avec Football District (2018, Fluide Glacial), alors qu’il plonge ses lec teurs au cœur du club de football de Marmoutier, créé par son grand-père et par lequel sont passés tous ses frères avant lui. Ici, pas de match épique à commenter, c’est du côté des vestiaires, des pauses clopes en guise d’échauffement et des soirées de consola tion au club-house qu’il tire ses anecdotes et exacerbe les clichés. Toujours avec humour, il met en scène ses coéquipiers et rend hommage à ceux qui font vivre le football associatif.

Car pour Timothée Ostermann, le foot, c’est l’histoire d’une vie. Abonné au Racing Club de Strasbourg « en tribune populaire » et illustrateur régulier du magazine So Foot, il a signé en 2020 l’une des onze couvertures de notre hors-série Un seul amour et pour toujours dédié au RCS. Après avoir créé des écharpes à l’ef figie du FC Marmoutier, où il vient de raccrocher les crampons, il récidive cette année en signant trois nouvelles écharpes pour le Racing.

« J’ai assez raconté ma vie »

Avec quatre albums de BD à son actif, le dessinateur a affiné son trait, fait évoluer son style et glissé vers une narration de plus en plus personnelle. À l’image de Carpe Diem , sa dernière paru tion chez Fluide Glacial en 2019, où une immersion dans un sa lon de tatouage devient une véritable quête initiatique, sur fond de rupture douloureuse et questionnements existentiels. « Dans mes premiers albums, je me plaçais en observateur mais, petit à pe tit, je révèle plus d’éléments de ma vie. C’est moins neutre qu’avant », confirme-t-il. Avec L’Artiste à mi-temps, il poursuit sur cette lancée et offre un récit qui navigue sans relâche entre dérision et intro spection.

Pourtant, il déclare vouloir se détourner de l’autofiction et présente cette nouvelle bande dessinée comme la fin d’un cycle : « Je perçois de plus en plus les limites de cette mise en scène, révèlet-il. Je l’ai fait une dernière fois pour cet album parce que ce genre d’expériences de travail me donne énormément de matière, de choses à raconter, mais je ne pense pas le refaire. J’ai assez raconté ma vie et j’ai arrêté de travailler. En ce moment, c’est la fiction pure qui m’attire. » Ça tombe bien, il est désormais artiste à plein temps.

Timothée Ostermann, L’Artiste à mi-temps, Éditions Sarbacane, 2022

La sélection de la librairie Le Tigre La HEAR à l’honneur

Violette contre Diablot1 Émilie Clarke, Biscoto

C’est la rentrée en sixième pour Violette et ses amis. Et ça fait pas mal de changements, surtout que Violette devient la star du collège grâce à ses lunettes magiques. Mais ça va partir en cacahuètes quand l’anonyme Diablot 1 lui envoie un message... Violette, aidée de ses amis, va devoir enquêter sur ce mystérieux personnage. C’est drôle, ça décomplexe et ça donne qu’une envie : devenir potes avec Violette et sa bande !

J’ai vu des vêtements sauvages

Inès Rousset et Simon Burger, Le Monte-en-l’air

Une épopée googlesque vécue par Simon qui n’est jamais allé au Japon et Inès qui y est en stage. Simon visite par procuration les îles japonaises sur Google Maps et découvre les avis traduits du japonais au français. Illustrées par Inès, ces phrases énigmatiques qui oscillent entre la poésie et le loufoque nous font voyager dans ces paysages mystérieux...

→ En dédicace à la librairie Le Tigre le 12 novembre de 15 h à 19 h

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- Rhin

Less is more

Austérité ? Sobriété !

Le festival transfrontalier qui démocratise les enjeux du bâti et du bâtir depuis 22 ans s’arrête sur un thème résonnant particulièrement dans le contexte de crise climatique que nous traversons : Architecture & ressources. « La MEA s’est fixé pour objectif de dépasser l’entre-soi et de s’adresser au grand public, de le sensibiliser à notre métier qui consiste à la réalisation de programmes qui doivent résister au moins un demi-siècle. » Claude Denu, président, admet volontiers qu’environ 50 % du public des JA est issu du milieu, mais que tous se mobilisent « en tant que confrères, pas concurrents ». « Chaque expérience de construc tion doit se faire collectivement », aime à rappeler l’équipe organisatrice d’un festival fédérateur (environ 50 000 visiteurs par an) dont le sujet s’impose comme une évidence à l’heure du

réchauffement de la planète où la « frugalité heu reuse » deviendra inévitablement une norme.

Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg, en charge de la ville résiliente, félicite les JA pour le choix d’une thématique plus que jamais d’actualité : la « réutilisation du patrimoine bâti, l’optimisation des logements vacants par leur réaménagement et leur isolation à l’aide de maté riaux biosourcés » est absolument nécessaire.

Julie Wilhelm-Muller, vice-présidente de la MEA, évoque plus de 160 rendez-vous, partout dans le Rhin supérieur, convaincue qu’« un autre monde est possible, que l’architecture peut et doit nous aider à sortir des crises que nous vi vons et qui nous attendent. » Les perspectives envisagées ? Elles seront exposées tout au long de la manifestation et notamment lors des temps forts avec conférences et rencontres.

Jusqu’au 31 octobre

Dans 26 villes du Rhin supérieur (en Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et deux cantons de Bâle en Suisse)

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La Culture Architecture Organisées par la Maison européenne de l’architecture
supérieur (MEA), Les Journées de l’architecture (JA) font un focus sur les ressources en ces temps de nécessaire serrage de ceinture quant à la consommation énergétique. Par
Emmanuel Dosda
m-ea.eu/ja22 Kiln Tower for The Brickworks Museum de Roger Boltshauser, ©Kuster & Frey
Maison Rauch de Martin Rauch,
© Beat Bühler

Décarbonisons !

Le monde change, tout comme les modes de construction, de consommation (énergétique) et la façon d’envisager l’architecture, résolument en transition, nécessitant l’innovation. Le Pôle Fibres-Energivie – du LIVING Lab. – Tiers-Lieu des Matériaux et Bâtiments durables – propose une journée de réflexions où l’humain est placé au centre. Le thème ? « Ressources… humaines ». Quelles compétences acquérir face à la décarbonation indispensable des bâtiments ? Quels métiers développer pour faciliter la rénovation, le recyclage ? Comment faire baisser la pénibilité sur les chantiers ? Pourquoi l’apprentissage est autant dévalorisé en France et quels sont les moyens de faire changer les mentalités, bouger les lignes et perspectives ? Quelles professions imaginer pour édifier le monde de demain ? Identifier la demande, saisir les besoins, créer des croisements, donner du sens aux métiers du bâtiment… Durant le colloque, le Pôle (situé à Illkirch-Graffenstaden) fera intervenir des spécialistes et organisera des rencontres, notamment lors d’un speed-dating entre professionnels et nouvelle génération. Colloque, mardi 25 octobre (11h-19h) aux salons de la SIM de Mulhouse fibres-energivie.eu

Visitons !

Dans le cadre des JA, la Ville met en valeur un certain nombre de constructions répondant aux enjeux relevés par la thématique du festival. Ainsi, Strasbourg met en lumière la reconfiguration du Stade de la Meinau dont la capacité passera de 26 000 places à 32 000 après des travaux permettant l’installation de panneaux photovoltaïques ou encore le captage de la pluie, notamment pour l’arrosage de la pelouse. Notons la visite du Centre socioculturel de l’Elsau (le 22 octobre de 10 h 30 à 12 h) mis aux normes actuelles et rééquipé, ou le restaurant scolaire Erckmann Chatrian à la Montagne verte (le 29 octobre de 10 h 30 à 12 h) redimensionné. Une exposition de l’ensemble des projets emblématiques de la cité a lieu au Barrage Vauban durant les JA. strasbourg.eu/-/architecture

C M J CM MJ CJ CMJ N

La Culture Cinéma L’invité d’honneur de la 18e édition d’Augenblick ?

Le grand maître Volker Schlöndorff. Focus sur le festival du cinéma germanophone en compagnie de Sadia Robein, programmatrice, fan de Wenders comme de…

Cours, Sadia, cours

Je me souviens avoir découvert Le Tambour (1979) de Schlöndorff très jeune et du choc provoqué par l’histoire de ce gamin qui refuse de grandir. Quel film germanophone vous a particulièrement marqué ?

D’origine polonaise, j’ai grandi à Varsovie. Adolescente, j’ai vu Les Ailes du désir de Wim Wenders qui passait sur une chaîne culturelle. Nous n’avions pas de VHS et j’attendais que le film soit rediffusé pour le revoir, en boucle, au moins une trentaine de fois ! Je me rappelle de la voix de Bruno Ganz, de l’importance des mots, omniprésents, qui m’a donné envie d’apprendre

l’allemand. Pour cette raison, je suis allée à Dresde où j’ai travaillé au sein d’une association pour la promotion de l’agriculture biologique en Europe centrale et de l’Est. Déjà un programme interculturel ! Autre œuvre cinématographique importante pour moi : Woyzeck de Werner Herzog avec Klaus Kinski. J’aime les personnages d’Herzog : ils sortent du cadre, dérapent…

Et Le Tambour, programmé cette année ?

Je l’ai découvert à la même époque. D’ail leurs, il se déroule à Dantzig, dans le nord de la Pologne, germanophone. Nous lisions Günter

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Tatort. Par Emmanuel Dosda / Portrait Benoît Linder

Grass – dont le livre éponyme a été adapté par Schlöndorff – à l’école : il fait partie de notre culture. Je garde en mémoire la scène où l’enfant qui prend la décision d’arrêter de grandir sous le régime nazi perturbe une cérémonie en frappant sur son tam bour tandis que l’orchestre joue. Schlöndorff raconte volontiers l’admiration qu’il avait pour le petit garçon interprétant Oskar. Il en parlera sans doute à l’occasion de sa venue en Alsace. Notre invité d’honneur présentera aussi Der Waldmacher, son récent documentaire militant qui suit un agronome faisant pousser de la végétation dans un milieu désertique au Niger. À 83 ans, le ci néaste reste très actif. Lors du festival, il s’exprimera dans notre langue : il a vécu en France pour fuir la génération qui le précédait et son comportement durant la guerre.

Cours, Lola, cours (1998), présenté sous forme de cinéconcert * à l’occasion du festival, ou des films plus récents comme Toni Erdmann (2016) ont-ils créé un appel d’air ?

Le cinéma germanophone est extrêmement créatif, vous allez le découvrir grâce aux films en compétition, Drii Winter de Michael Koch par exemple. C’est sans aucun doute lié à la proximité avec la frontière, mais l’engouement est fort en Alsace avec 6 000 entrées et 1 200 séances l’an passé. Il y a beaucoup de choses à inventer pour le futur : j’aimerais notamment aborder des thématiques comme la musique, très importante chez Fass binder ou Herzog. Cette année, un des documentaires sélection nés, Liebe, D-Mark und Tod de Cem Kaya, montre l’influence de la musique turque et des mélanges qui s’opèrent pour mener les mélodies folkloriques des mariages traditionnels vers d’autres territoires comme l’electro. Culture et politique sont liés dans ce film évoquant également la solidarité entre ouvriers d’origines turques et allemandes qui ont des intérêts communs à défendre.

Parmi les avant-premières, il y a Corsage de Marie Kreutzer qui revisite Sissi, mais traversant la crise de la quarantaine…

Ici, l’impératrice d’Autriche, interprétée par Vicky Krieps, refuse de se soumettre et d’être corsetée, un peu comme la MarieAntoinette de Sofia Coppola ou Lady Diana. Durant le film, la princesse fait de l’escrime avec son mari et mène le jeu. Il est per turbé car il sait qu’il n’y a pas d’égalité si ceux qui ont le pouvoir ne le lâchent pas ! Hasard ou non, beaucoup de courts de notre sélection sont l’œuvre de réalisatrices, pour la plupart avec des préoccupations féministes.

Savez-vous que notre photographe, Benoît, documente régulièrement les tournages de Tatort ?

Cette série policière a bien évolué depuis les années soixantedix où Nastassja Kinski a fait des apparitions ! Lorsque je vivais en Allemagne, son visionnage, dans des bars, devenait un événement collectif et festif. Comme lors de la diffusion de matchs de foot ou des soirées nanars entre copains, nous buvions des bières en regardant Tatort où parfois même Polizeiruf 110, son concurrent de l’Est !

Augenblick, festival du cinéma germanophone en Alsace

novembre dans les cinémas indépendants d’Alsace festival-augenblick.fr

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* Avec Jean-Marc Foltz (clarinette) et Eliot Foltz (batterie)

La Culture Musique Aux côtés de Frédéric Lo, Peter Doherty

assagi et arrondi dans

sens du terme. Sa rédemption

Time for heroes

Free Pete. Début 2000, le slogan s’affichait sur un t-shirt sombre où l’on pouvait percevoir la bouille de l’enfant terrible des Libertines malgré des yeux barrés d’un ruban noir. Époque survoltée où le jeune homme défraye la chronique en alimentant les tabloïds sur fond de toxicomanie, du cambrio lage de l’appart de Carl Barât, son acolyte aux sein des Libertines, et de sa relation tumultueuse avec Kate Moss. « What a waster, what a fucking waster ! («Quel bon à rien, quel putain de bon à rien !») », tournait à la manière d’un gyrophare dans les rades de Londres. À Shepherd’s Bush, on avait poussé jusqu’à Loftus Road, l’antre des Queens Park Rangers, pour déceler un semblant d’innocence renvoyant à son adolescence lorsqu’il réalisait des fanzines sur son club de cœur. En pure perte. L’aimable type préposé à la boutique déserte des Hoops nous ayant clairement indiqué la porte de sortie à l’évocation de Pete Doherty.

Forcément, celui qui s’illustra ensuite avec Babyshambles eut du mal à s’affranchir de sa propre caricature. Jusqu’à Grace/Wastelands, esca pade en solo avec l’aide de Graham Coxon, comme un début de reconnexion vers la décence. Un duo de ballerines s’invite sur scène pour des concerts acoustiques parfois bluffants de luminosité.

Progressivement, Pete redevient Peter (son prénom) et s’enracine de ce côté-ci de la Manche.

On le croise dans les rues tortueuses du centre his torique de Perpignan, du côté de Barcelone avant de le localiser à Melun. Un Brexit plus tard, il trouve son havre de paix au bord des falaises d’Étretat et au bras de Katia de Vidas, fille du producteur exé cutif de Claude Lelouch. Un homme et une femme donc, auxquels se joint Frédéric Lo pour accélérer la rédemption artistique du personnage.

Par le passé, l’auteur-compositeur avait déjà remis Daniel Darc en selle avec Crèvecœur (2004). C’est justement dans le cadre d’un albumhommage à l’ancien chanteur de Taxi Girl, décédé en 2013, que Lo contacte Doherty. Ce dernier découvre et reprend « Inutile et hors d’usage ». Comme une évidence et un préalable à une colla boration plus intense qui se matérialise avec le très classieux The Fantasy Life of Poetry and Crime, sorti au printemps. Un immense album pop d’où émerge la voix apaisée d’un dandy régénéré au brie et au camembert, ses deux nouvelles obsessions lactées. « Je le bois par pinte », affirme-t-il dans un entre tien à The Guardian, à l’occasion de la sortie de son autobiographie A Likely Lad. La pasteurisation est prévue le 5 décembre à La Laiterie.

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s’est
tous les
l’amènera à Strasbourg début décembre. Par Fabrice Voné / Photo DR
5
La Laiterie.
Hélène Alexandridis et Claude Duparfait, acteur associé, Berlin mon garçon © Jean-Louis Fernandez 03 88 24 88 24 | tns.fr | #tns2223T NS Théâtre National de Strasbourg Les spectacles Iphigénie Tiago Rodrigues | Anne Théron * 13 | 22 oct Berlin mon garçon Marie NDiaye * | Stanislas Nordey 9 | 19 nov La Septième D’après 7 de Tristan Garcia | Marie-Christine Soma 15 | 23 nov Bachelard Quartet Jeanne Bleuse, Marguerite Bordat, Noémi Boutin, Pierre Meunier 26 nov | 2 déc L’autre saison La Taïga court SPECTACLES GRATUITS DE L’ÉCOLE DU TNS 1 TEXTE, 4 MISES EN SCÈNE Sonia Chiambretto | Antoine Hespel, Timothée Israël (Groupe 46), Ivan Màrquez, Mathilde Waeber (Groupe 47) 4 | 9 nov * Artistes associées au TNS

Vestiges de l’amour

Pascal Jacquemin vit aujourd’hui dans les Vosges alsaciennes, parmi cerfs et sangliers, à 800 mètres d’altitude. Il sort du bois avec ce projet frisant la fantaisie (militaire) : reprendre sur scène l’album Figure impo s ée pour fêter les quatre décennies d’un disque dont il est le parolier. Le musicien se souvient de la première fois où il entendit Bashung lorsque, jeunot, il se faisait un peu d’argent en servant du gasoil aux automo bilistes à sec. Un petit boulot « plutôt rému nérateur », se rappelle-t-il, « surtout avec les pourboires, quand je passais un coup de chiffon sur les pare-brises. » Un jour, les avant-bras pleins d’essence, couleur bleu pétrole, la ra dio crache ces paroles : « J’ai plaqué mon job à la station-service […] Aujourd’hui, j’ai plus les mains sales. » Les mots (de Boris Berg man) résonnent encore en celui qui monta un groupe nommé Fusion, au collège, avec un certain Rodolphe Burger. Une poignée d’années plus tard, le pompiste-guitariste accompagne Bashung sur scène, lors de

sa tournée de 1981, puis écrit les textes de Figure impos ée (1983). Trois ans après « Gaby » et « Vertige de l ’amour », l’artiste a besoin de « sang neuf », de mettre de l’huile dans son moteur et échapper à son statut de tubeur en série pour revêtir sa blouse de « chercheur »… quitte à perdre quelques au diteurs en route. Dans un total respect pour « Boris », Pascal Jacquemin écrit la quasi-to talité (Bergman est l’auteur d’« Imbécile ») du disque. Dans un style propre à l’univers de Bashung, privilégiant « l’analogie, l’évo cation », il écrit « Horoscope », « Lou ravi » (« un dialogue, peut-ê tre intérieur, avec, ou d’un idiot du village », indique Pascal), « Pois son d’avril » (chanson… en anglais, comme son nom l’indique) ou encore « Nuits Hal loween », remplacée par « Spiele mich an die Wand » (de Bergman), sur la réédition de 1993, que Pascal espère faire chanter à Burger lors du concert hommage Rejouer Fi gure Imposée à L’ED&N. À l’occasion de cette réinterprétation, il y aura bien des complices

de Bashung : la muse Chloé Mons, le batteur Arnaud Dieterlen, le guitariste Yan Péchin, le bassiste Bobby Jocky, le fiston Basile Jac quemin (synthé…) ou encore Fred Poulet (chant, vidéo…). Pascal rembobine : « Sou vent, Alain », cut-upiste invétéré, « prenait la phrase d’un morceau pour la replacer dans un autre », obligeant l’auteur « à reconstruire le texte », le reboucher en creusant pour « cher cher du gravier ». La hantise des figures im posées selon Bashung.

Rejouer Figure Imposée 1er décembre L’ED&N de Sausheim eden-sausheim.com

50La Culture Musique Pascal Jacquemin,
guitariste et parolier de Bashung,
a monté un spectacle musical rejouant Figure
imposée, album clé mais
négligé du chanteur immortel. Par Emmanuel Dosda

Exposition Tomi au Palais

17 sept. → 5 jan. 2023 Musée des Arts décoratifs  musees.strasbourg.eu

Sur le parquet massif du salon des évêques, des rails de chemin de fer slaloment entre le mo bilier cossu et les statues de marbre. Dans le cabinet d ’aisance, on croise le chancelier Bis marck. Sur les murs, des dessins originaux, au pied d’un fauteuil, une voiturette à pédales… Le temps d’une exposition étonnante programmée jusque début 2023, le Musée des Arts décoratifs de Strasbourg se met aux couleurs de l’inéga lable Tomi Ungerer ! Artiste protéiforme incon testablement engagé, affichiste, illustrateur, inventeur d’objets, collectionneur, dessinateur, Ungerer est sûrement l ’un des plus importants auteurs de littérature jeunesse depuis plus d ’ un demi-siècle : l’inviter au Musée des Arts décora tifs, c’est proposer une (re)lecture surprenante des grands appartements et des communs du Palais Rohan… C’est ajouter une bonne dose d’humour, de tendresse et d’éclectisme à un lieu chargé d’histoire et de symboles. Dessins, affiches, sculptures, bijoux, jouets… Ces objets, prêtés par le Musée Tomi Ungerer, ont tous été crées, imaginés ou collectionnés par l’artiste tout au long de sa vie. Une exposition surpre nante où se côtoient deux univers diamétrale ment opposés, mais où chacun nourrit l’autre pour aller jusqu’à le réinventer.

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La Culture Actus 1

Exposition Galerie EAST

08 oct. → 26 nov.

Galerie EAST / galerieeast.com

Faire la part belle à l’art contemporain comme aux arts décoratifs, c’est la ligne directrice de la galerie EAST depuis son ouverture rue du Faubourg-de-Pierre au début de l’année. Pas de cloisonnement, pas de cases pré-définies, ici l’on prône un « Art Total » ! Si bien que l’on pour ra y voir se côtoyer deux univers très différents du 8 octobre au 26 novembre prochain : celui de Sophie Ko, une jeune artiste géorgienne, et ce lui de Nicolas Schneider, un artiste protéiforme installé à Strasbourg. Chez Sophie Ko, l’art se confronte au temps et à la matière, via l’utili sation de pigments compressés formant des strates mouvantes en perpétuelle mutation dans leurs cadres. Des Géographies temporelles qui se transforment ainsi indéfiniment, emplies de poésie, de douceur et de mystères ; à noter qu’il s’agira de la première exposition personnelle en France de l’artiste. En parallèle, la galerie EAST accueillera une œuvre spécialement conçue pour l’occasion par Nicolas Schneider : un Sur tout monumental composé d’une quinzaine de pièces en bronze dans la tradition de l’art de la table des xviie et xviiie siècles , en lien avec ses recherches sur le paysage et ses variations.

Danse In C de Sasha Waltz & Guests

Terry Riley

19 → 21 oct.

Le Maillon / maillon.eu

En 1964, Terry Riley composait une œuvre qui allait marquer à tout jamais l’histoire de la musique. Qui, un demi-siècle plus tard, conti nuerait à influencer les créateurs de tous bords, rock, pop, electro et consorts… Et tout cela sur une simple feuille A4. Car In C est composé de (seulement) 53 brefs motifs musicaux répétés à l’envi par l’orchestre, parfois pour quelques minutes, parfois pour plusieurs heures ou inver sement. Un morceau considéré depuis comme la première œuvre du courant de la musique minimaliste… Deux ans après avoir présen té Allee der Kosmonauten au Maillon, c’est la compagnie Sasha Waltz & Guests qui s’empare aujourd’hui du titre de Terry Riley, en le trans formant en une œuvre fluide et colorée en per pétuel changement au fil du temps. À partir des 53 riffs de Riley, la chorégraphe a en effet ima giné 53 enchaînements de mouvements, modu lables, mouvants, vivants, que les danseuses et les danseurs font et défont dans une composition variable et envoutante. Un processus expérimen tal, imaginé en pleine pandémie, qui interroge une nouvelle fois le dialogue entre la danse, la musique et l’espace, comme souvent chez Sasha Waltz … Une ode pop à la liberté de l’être au sein d’un tout, magnifiée par les tenues colorées des danseurs et les lumières flashy, jouant ainsi de et avec la spontanéité de la troupe. Étonnant.

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18 → 21 oct.

Par les bords

TJP Grande Scène (spectacle présenté avec Pole-Sud) pole-sud.fr

Bouger les lignes

Par les bords, Renaud Herbin

explore la notion d’exil en jouant à saute-frontière avec un spectacle musical et chorégraphique. Questions au directeur du TJP qui quitte ses fonctions fin décembre.

Avez-vous l’impression de franchir une étape avec Par les bords, qui part d’un poème que vous avez écrit et où la manipulation est absente ? J’ai en effet ressenti une nécessité de mettre des mots sur le sensible, mais déjà avec Wax (2016), je me servais de mes propres textes comme d’une matière à mouvoir, à théâ traliser. Quant à la manipulation, elle est bien présente selon moi : le corps du danseur est tenu par des fils invisibles. Je ne m’éloigne pas de ma pratique de marionnettiste car Côme Fradet est « dansé » par son environnement, musical, tex tuel ou lumineux, par la force du plateau !

Le point de départ est une expérience personnelle, liée à l’arrivée des talibans au pouvoir… J’en parle avec pudeur, de ma nière abstraite avec ce spectacle où la musique est jouée live par le oudiste Grégory Dargent et la chanteuse Sir Alice. Je travaillais sur l’idée de lois de gravité à défier lorsque je me suis retrouvé happé par cet épisode d’artistes afghans cher

chant à fuir un pays devenu hostile. J’ai modeste ment participé à la venue d’une dizaine de jeunes plasticiens ou performeurs à Strasbourg*, tout en ressentant fortement leur état émotionnel et en étant animé par le désir d’explorer la question de l’exil, du refuge, du lieu à habiter lorsque le sol se dérobe sous nos pieds et de l’équilibre à retrouver.

Durant les onze ans à la tête du TJP, vous avez cherché à abolir les frontières entre les genres, comme vous le faites avec ce spectacle… Bien sûr, c’est ma philosophie et elle transpire autant dans la direction du CDN que dans mon travail d’artiste. Je suis heureux de passer la main : c’est joyeux de laisser la place à une autre personne. L’histoire continue…

* Un des artistes afghans se produira lors du focus Espaces d’exil au Maillon (24 janvier → 4 février, programmation en cours – maillon.eu)

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Photo Benoit Schupp

Opéra Le Chercheur de trésors de Franz Schreker

28 oct. → 29 nov.

Opéra national du Rhin operanationaldurhin.eu

Pour sa nouvelle production en partenariat avec le Deutsche Oper Berlin, l’Opéra national du Rhin met en lumière Le Chercheur de trésors, une œuvre oubliée du compositeur autrichien Franz Schreker,… Un récit de quête, de désirs et de luth magique écrit pendant les affres de la Première Guerre mondiale, et qui fut considéré par la suite comme l’un des plus grands succès lyriques de la République de Weimar. Il faut

dire qu’à l’époque, Schreker était aussi célèbre que son illustre contemporain Richard Strauss – mais les méandres de l’Histoire n’eurent pas les mêmes conséquences sur l’un et l’autre : Schreker, de religion juive, vit ses composi tions interdites par le Troisième Reich et son œuvre entière tomber dans l’oubli. Ainsi, c’est aujourd’hui la première fois que Le Chercheur de trésors est présenté en France ! On y suit Elis, un ménestrel chargé de récupérer le magnifique bijou qui assurait beauté et fertilité à la reine, dé sormais perdu. Pour ce faire, il peut compter sur un luth enchanté capable de trouver les trésors cachés – mais le jeune Elis découvre très vite que le monde est empli de tentations et de cupidité… Une œuvre aux contours postromantiques, ici mise en scène par Christof Loy sous la direction de Marko Letonja, qui mérite amplement d’être redécouverte.

55La Culture Actus
Photo : Minika Rittershaus

Underground

La nouvelle saison de Jazzdor est voulue comme une invitation au voyage par Philippe Ochem, directeur, et son équipe. Entretien free. Par Emmanuel Dosda

Vous citez Peter Brook qui conseille de ne jamais s’arrêter. Avez-vous parfois envie de baisser les bras ? Ça peut arriver, mais ça ne dure jamais car la musique est plus forte ! C’est un peu définitif comme réponse, mais c’est la vérité. [Rires]

Le désir de sortir des chemins balisés reste un moteur pour Jazzdor ? Oui, notre pro grammation essaye de mener à des sentiers qui ne sont pas encore battus, d’accompagner le public vers d’autres histoires, sortant de l’ordi naire. C’est au cœur de notre philosophie : nous tissons des liens, parfois souterrains, entre des familles de musiciens à travers le monde. Le quartet multiculturel KUU!, avec la chanteuse Jelena Kuljić, (dimanche 6 novembre) mêle les

influences et refuse les étiquettes. De même pour Polonez (samedi 12 novembre), projet de Lumpeks, avec la chanteuse/percussionniste polonaise Olga Kozie ł . Comme Bartók au début du xxe siècle, le groupe, émanation du collectif Umlaut, est allé puiser dans un répertoire folklo rique pour l’actualiser. Sa musique se nourrit de sons venant d’ailleurs qu’il recycle.

Le projet Black Lives : From Generation to Generation se frotte à l’actualité… Cet en semble affirme la dimension politique de ses compositions qui puisent dans un large registre de styles : musique africaine ou rythmes des Caraïbes (vendredi 18 novembre). On peut ra conter l’état du monde en jazz, comme le fait le duo Maniucha Bikont & Ksawery Wójciński que j’ai découvert lors d’un concert au fin fond de la Pologne, avant la guerre en Ukraine. Tandis que Maniucha s’empare de chansons folkloriques de Polésie, région du Nord ukrainien, le contrebas siste lui répond en improvisant. Il ne l’accom pagne pas, il tourne autour de son chant et sa voix extraordinaire !

Nouvelle saison de Jazzdor avec trois temps forts :

→ 37e édition Festival Jazzdor à Strasbourg 04 nov. → 18 nov.

(Fossé des Treize, Espace Apollonia, Le Point d’Eau à Ostwald, Maison des Arts de Lingolsheim, La Briqueterie à Schiltigheim…)

→ 1re édition Festival Jazzdor Strasbourg/Budapest 22 → 25.03.23

→ 15e édition Festival Jazzdor Strasbourg/Berlin/Dresden 06 → 09.06.23 jazzdor.com

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Photo :
Teona Goreci

Théâtre Berlin mon garçon de Marie NDiaye

09 → 19 nov.

Théâtre national de Strasbourg tns.fr

Si le grand public la connaît surtout en tant que romancière, notamment grâce à Trois femmes puissantes (Gallimard, prix Goncourt 2009), Marie NDiaye écrit également du théâtre depuis plus de vingt ans – elle fut d’ailleurs lauréate du Prix du Théâtre de l ’Académie française pour l’ensemble de son œuvre il y a tout juste dix ans. Et c’est à la demande de Stanislas Nordey, emblématique directeur du TNS, que l’autrice a imaginé l’histoire de Marina, mère de famille partie seule à Berlin à la recherche de son fils, disparu sans laisser de traces dans la capitale allemande. Le mari, lui, est resté se morfondre dans sa librairie de Chinon, comme le symbole d’une petite bourgeoisie provinciale sous le joug d’une mère manipulatrice. Se met alors en place un va-et-vient continu entre deux pays, deux pensées, deux â mes perdues, et l’enquête, pro téiforme, n’a pas fini de bousculer son monde.

Car Berlin mon garçon cache son jeu comme la ville ses secrets. Peu à peu, l’intrigue prend des allures de conte de frayeurs à la frères Grimm, et l’aventure romanesque se change en portrait inquiétant d’un monde en crise généralisée… Le tout souligné par une mise en scène ultra styli sée et des décors soigneusement minimalistes. Une histoire de filiation, d’amour, de haine, portée par une écriture ciselée au scalpel, et où les tabous se brisent comme autant de miroirs sans tain.

Photo : Jean-Louis Fernandez

Théâtre

Ce samedi il pleuvait d’Annick Lefebvre 29 nov. → 2 déc.

Théâtre Actuel et Public de Strasbourg taps.strasbourg.eu

Chers amis de la bien-pensance, passez votre che min ! Le TAPS accueille fin novembre la nouvelle pièce d’Annick Lefebvre, autrice montréalaise bien connue pour ne garder ni sa langue ni ses poings dans sa poche. Et Ce samedi il pleuvait ne fait pas exception : ici les mots cognent comme des uppercuts en pleine bouche – et les chicots grincent comme chez un dentiste sous ecstasy. Vous avez dit aussi drôle qu’engagé ? On y suit en effet une jumelle et son jumeau en pleine crise de rébellion post-pubère, et tout y passe, la mal bouffe, la corruption en politique, la Manif pour tous, la société de surconsommation capitaliste, l’idéalisme perverti de leurs parents et la fameuse pseudo conscience écolo-humanitaire… Autant dire tous les travers de la société néolibérale qui

les a vus naître. À la fois terriblement sarcas tique et parfaitement jubilatoire, agrémenté de truculentes expressions québécoises, Ce samedi il pleuvait porte haut les couleurs de la pensée libre et de la libre pensée. Avec en prime une musique créée par le psychédélique Kalevi Uibo et le duo strasbourgeois Encore, jouée en live par les musiciens et en harmonie parfaite avec le jeu des comédiens. Un pamphlet brûlant comme de la lave en fusion qui a tout pour nous faire passer par toutes les couleurs du rire.

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La Culture Actus
Photo : Dominique Déhan
21 mai 2023 9 octobre 2022 avec la Collection Würth Un dialogue singulier Marie Bouttier, Sans titre , vers 1899, 32 x 25 cm, mine de plomb, collection privée, courtoisie galerie J.-P. Ritsch-Fisch / Design graphique : www.orikami.fr
Photo Studio 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview.fr Tirages Art print en série limitée disponibles ici �

STYLE

Un peu de tenue(s), et de design, s’il vous plait

LE
Série : Les glanées automnales, photo Alexis Delon / Studio Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon
Veste kimono matelassée en soie à dessin patchwork Pierre-Louis Mascia chez Marbre.

Photos

Delon

Réalisation

Mannequin

Post-prod

Les photos des sculptures (et détails) proviennent

l’allée des Sculptures

l’Esplanade, entre les stations de tram Observatoire et Esplanade

Delon

Le temps est revenu de réviser nos classiques : manteaux un brin oversize, pantalons sans fin et mailles moelleuses sculptent une palette hivernale piquetée de motifs graphiques.

Variations

Alexis
Studio Preview
Myriam Commot-Delon
Iana / Upmodels Paris upmodels.fr Make-up artist Sophie Renier sophierenier.com Coiffure Alexandre Lesmes / Avila 69, rue des Grandes-Arcades 03 88 23 05 43 @avilacoiffure
Emmanuel Van Hecke Studio Preview preview.fr
de
à
Photos Alexis

Top à manches courtes et pantalon Liviana Conti chez Revenge Hom. Booties Saint Laurent chez Ultima.

Veste en pure laine vierge à imprimé animalier doublée soie Tagliatore, pochette en cuir matelassé, les deux chez Revenge Hom. Béret Laulhère à la chapellerie Clerff-Fraikin. Bague Croisée en brillants et or blanc

Eric Humbert

Manteau en laine chinée, pull et pantalon, Ipsae. Sac en cuir de veau doublé de feutre de laine Pecten maximus  Iner (iner.fr) chez Ipsae. Escarpins Saint Laurent chez Ultima.

Émile Gilioli, L’ange (1947), bronze patiné, dépôt du Fonds National d’Art Contemporain.

Chemiser en soie rayée oversize et sur l’épaule, pull sans manche en maille torsadée, les deux Ipsae. Jean 501 Levi’s. Rivière de saphirs multicolores et d’or blanc, bague Croisée en brillants et or blanc Eric Humbert

Pull baja en laine blanc cassé, bottines en toile et sac porté épaule en cuir de veau satiné ice blue à boucle Triomphe ton sur ton Celine, jean Balenciaga, le tout chez Ultima.

Lucien Wercollier, Vide étreint (1961), bronze, dépôt du Musée National d’Art Moderne.

Long pull fendu côté (porté ici en robe) Isabel Benenato chez Algorithme La Loggia. Booties Saint Laurent chez Ultima.

Manteau croisé en laine et cachemire ivoire Paul Smith collection Mainline homme, dessous, mini robe bustier et, à la main, escarpins Elisabetta Franchi, le tout chez Algorithme La Loggia.

Blazer, pantalon et chemisier en soie rayée Saint Laurent chez Ultima. À droite : béret Laulhère à la chapellerie Clerff-Fraikin.

Manteau en laine et cachemire Paul Smith collection Mainline homme chez Algorithme La Loggia. Bracelets Angela Caputi chez Revenge Hom. Bague Croisée en brillants et or blanc Eric Humbert

Émile Gilioli, L’ange (1947), bronze patiné, dépôt du Fonds National d’Art Contemporain.

Pendentif en ébène sculpté main à lien de cuir (différents modèles disponibles) Marc Huffschmitt chez Ipsae.

Aller à l’essentiel

Mais que fait l’homme moderne cet automne pour échapper aux fracas du monde ? Par Myriam Commot-Delon

Il aime l’obscurité

New / La Haine Inside Us est un vestiaire radical né à Bologne en 2017. Une fusion entre streetwear et avant-garde, uniquement composée de nuances de noirs. Photo : doudoune sans manches à sac à dos intégré. OÙ ? Algorithme La Loggia | 6, rue Gutenberg algorithmelaloggia.com

Il cultive les contrastes

Manteau en drap de laine d’esprit militaire, hoodie en coton blanc et pantalon à pattes de resserrage (pour pédaler chic), le tout Tagliatore OÙ ? Revenge Hom 4, rue du Fossédes-Tailleurs revenge-hom.com

Il arbore un lien brutaliste

Alliances en or blanc Eric Humbert. OÙ ? Eric Humbert | 46, rue des Hallebardes eric-humbert.com

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Le Style Mode homme
Photo : Alexis Delon / Preview

Il se pare d’ombres solaires

—— Chemise à manches courtes en viscose bio imprimée écologiquement et boutons en plastique recyclé. New / Blue Sky Inn est un label fondé en 2021 par un collectif de professionnels de la mode respectueux de la planète et membre du label : « 1 % for the Planet

OÙ ? Ultima Homme 16 rue de la Mésange + e-shop ultimamode.com

Il fait une pause postmoderniste

—— Fauteuil DS-707 en cuir fait main (existe également en version canapé et en cuir naturel), design Philippe Malouin pour de DeSede OÙ ? decoburo | 4, le Schlossberg à Zellenberg decoburo-store.com

Il se parfume lettré

—— Splash Cologne Kakuzô de Jardins d’Écrivains OÙ ? Le 7. Parfumerie d’Auteurs 7, rue du Sanglier @le7parfumeriedauteurs

Il préfère la ouate

—— Parka MacMillan Black Label Heritage Canada Goose OÙ ? Dôme | 24, rue du VieuxMarché-aux-Grains + e-shop boutique-dome.fr

Il se chausse 80s

Sneakers Medalist en cuir blanc Autry OÙ ? Curieux / Curieuse | 16 A, quai Kellermann / 4, quai des Bateliers curieux-store.com

——

».

Le Style Slow fashion Et si porter un pull raccommodé était le nouvel acte militant éco-responsable ? Une évidence, à l’heure où le port d’un col roulé est préconisé par le service de communication du gouvernement pour inciter les Français à plus de sobriété énergétique.

Maille à durée indéterminée

De fil en aiguille , réparer les vêtements de qualité qu’on souhaite garder longtemps re prend enfin tout son sens. Le v isible mending (ou VM), autrement dit la « réparation visible », qui magnifie les effets du temps sur les tissus en les brodant d’une multitude de petits points, ou à l’aide de patchs, est l’un des mouvements de la révolution Slow Fashion, une lame de fond qui émerge de milieux sociaux très différents. Pour la clientèle aisée qui achète désormais moins – et uniquement du « bien fait » – et la nouvelle gé nération qui prône le vintage, la seconde main et l’upcycling (le recyclage « par le haut »), l’en gagement passe par une consommation plus intelligente et l’allongement de la durée de vie des vêtements. Le hashtag #visiblemending fait aujourd’hui florès sur les réseaux sociaux, tout comme les tutos pour s’initier au raccom modage, au rapiéçage, au remaillage ou à l’art du reprisage. Œillets et points de feston n’ont désormais plus de secrets pour les Z, même les garçons tricotent et brodent sans se cacher. Pour cette génération d’ouverture, montrer ce qui est abimé – l’imperfection – n’est plus hon teux, tout comme afficher sa part de féminité ou même son manque de dextérité, qu’importe, du moment que c’est créatif. Un embellissement décomplexé également orienté vers un but éco logique, car prendre soin de ses vêtements, et les faire durer, c’est aussi prendre soin des autres et de notre planète. Une manière de retrouver tout ce que l’on avait perdu avec la déferlante Fast Fashion des vingt dernières années et la fièvre consumériste qui allait avec.

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Par
Myriam Commot-Delon
/ Photos Alexis Delon / Studio Preview

Pour Maison Claude, boutique strasbour geoise de seconde main qui revendique les vê tements traversant les époques, le ravaudage est une flagrance, du chandail bourgeois orné de coudières, au bleu de travail de l’ouvrier pa tiemment rafistolé. Les deux propriétaires, Inès et Cyril, tricotent ou brodent régulièrement cer taines pièces chinées méritant une seconde vie. Dernièrement, ils ont fait appel à Sophie Roy, rencontrée sur un marché aux puces par l’inter médiaire d’un pull joliment raccommodé par ses soins et porté par son compagnon. Sophie, qui est climatologue, ne pense pas la broderie en tant que hobby, mais comme un manifeste allant de pair avec ses convictions écologiques. « Quand on a un beau pull, ça a du sens de le ré parer, on peut vraiment prolonger la vie d’un vête ment avec la technique du visible mending. C’est ma grand-mère qui m’a appris à broder, mais l’inspiration vers plus de fantaisie est venue en sui vant le compte instagram @visiblemend. On n’est pas obligé de savoir bien broder pour se lancer, une reprise à l’arrache, ça peut avoir du chien ! Il y a quelque chose de très joyeux dans cette démarche et un attachement sentimental qui se crée avec le pull ou le jean qu’on commence à broder. Quant on investit autant de temps, on se pique à continuer, la démarche s’autoalimente, on devient vite accro. » Sophie a par la suite brodé quelques pièces pour leur boutique, dont ces deux pulls aux raccom modages dictés par ses trouvailles mercières : d’une rare petite bobine de fil dégradé, pile suf fisante pour réparer l’avant effiloché de ce pull militaire kaki, à l’enchevêtrement délicat de fils multicolores DMC patiemment chinés dans des brocantes, utilisés pour camoufler l’outrage des mites sur un indémodable pull marin. La main a ensuite œuvré, se laissant guider par l’inspi ration et le plaisir d’offrir une vie nouvelle à ces mailles délaissées.

Maison Claude 9, rue des Veaux @maisonclaude.shop

À lire, pour s’initier

——

Rapiécer, raccommoder par Kerstin Neumüller, éditions La Plage, 19,95 €

—— Le raccommodage par Hikaru Noguchi, éditions De Saxe, 19,90 €

Des hashtags

#visiblemending #mending matters #mondaymending

Deux comptes à suivre

——

@tomofholland

À Brighton, celui de l’artiste Tom van Deijnen/ Tom of Holland

——

@visiblemend

À Londres, l’historienne Kate Sekules (autrice du livre MEND!:

A Refashioning Manual and Manifesto)

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Le Style Slow fashion

Berthel

Un livre culte à chiner

—— Chic et pas cher de Caterine Milinaire et Carol Troy aux éditions Albin Michel (1977, pour la version française), dont l’idée de base est de se façonner un style personnel avec un minimum de vêtements dans lesquels on se sent bien, plutôt que posséder une armoire remplie d’affaires disparates.

Pour aller plus loin Deux techniques ancestrales de broderies japonaises qui magnifient l’imperfection.

· Le sashiko, une technique de broderie historiquement utilisée à partir de l’ère Edo pour consolider les vêtements de travail des pêcheurs et des agriculteurs. Elle consiste en une répétition de petits points avant de fil blanc, appliqués sur des toiles indigo, grises ou noires. Du patchwork upcyclé d’une infinie beauté, transmis de génération en génération, qu’on pratiquait principalement en hiver dans les milieux ruraux et dont découle le boro, un art japonais très prisé qui exalte la notion du hasard.

· Le kintsugi (ou kintsukuroi), une autre technique ancestrale, datant du xve siècle, appliquée cette fois-ci, non pas à du textile, mais à des poteries cassées, qui sont ensuite « raccommodées » à l’or pour magnifier leurs failles. Une philosophie de l’acceptation et de l’imperfection mais aussi une pratique longue et minutieuse, où l’objet réparé devient plus solide qu’avant.

À lire pour devenir imbattable sur le sujet

— Wabi-sabi à l’usage des artistes designers, poètes et philosophes par Leonard Koren, collection Le Prunier aux Éditions Sully, 16,50 €

— Kintsugi : L’art de la résilience par Céline Santini, Pocket, 7,70 €

La nouvelle boutique upcyclée associative où dénicher des créateurs locaux.

Ouverte à l’initiative de Laura Miniou, la créatrice de la marque textile Seconde Poche, c’est la boutique à rajouter illico à son carnet d’adresses locales et responsables. Derrière la belle devanture d’époque s’y débusquent les pièces à porter issues de son propre label (voir photo), chinées et upgradées d’anciens canevas, et les collections d’objets d’une vingtaine d’autres résidents. Pour n’en citer que

quelques uns ? La vaisselle chinée de Nancy Seyer @brocandgreen, les articles de puériculture de Petit Martin @petitmartin.contact (trop chou et pratique, les gants de toilette adaptés aux mains des petits minois), Les Kollants, de drôles de petits robots aimantés par Objets Déroutés @objetsderoutes, ou les broderies de Lulushka @lulushkabroderies, délicatement encadrées dans des cadres anciens.

rue des Juifs

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Accessoires

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Tout nouveau

Mode À la ligne

L’arrivée cette saison de Liviana Conti dans le dessing féminin de Revenge Hom, dynamite son impeccable vestiaire sartorial avec sa maille architecturée, ses volumes exacerbés et ses ensembles en maille all over. La fixette saisonnière ? Les pulls sans manches, à porter sur de la popeline craquante. De quoi glisser une dégaine dans l’air du temps, sous les divins manteaux androgyne de Tagliatore, le label phare de la maison, et la colonne vertébrale de son dressing masculin.

Micheline Christophe a décidément l’art de déni cher des labels luxueusement confidentiels. Cet automne, ce sont les exquises écharpes en cache mire artisanal népalais de Mirror in the Sky. Pour tous·tes ? Les modèles courts ou les étoles avec leurs ganses feutrées semblent aussi faits pour se glisser sans effort dans l’encolure des garçons. Donc, oui !

Revenge Hom 4, rue du Fossédes-Tailleurs revenge-hom.com

82Le Style News

Et toque !

La chapellerie Clerff-Fraikin fait par tie de ces institutions qui font la ville et nous chapeautent avec panache depuis 1872. L’enseigne, réinventée (sans nostalgie) par Sabine Bauer, l’actuelle propriétaire, fête cet au tomne les 150 ans de la maison en lançant sa boutique en ligne. Un seul clic sera désormais nécessaire pour se faire livrer les nombreux modèles de leurs fournisseurs histo riques, mais également pour y glaner des conseils, des accessoires et de la maroquinerie. Un savoir-faire qui se perpétue ? Une modiste officie à nouveau dans l’atelier d’origine, pour y réparer ou changer les gar nitures fatiguées de vos chapeaux fétiches, mais également pour créer des pièces uniques, à main levée ou par moulage. Quelques repérages ?

L’authentique et traditionnel parapluie de Berger en bois de châtaignier et ba leines de jonc, fabriqué par Piganiol de puis cinq générations, ou des bretelles vendues dans un emballage maison, ré alisé à partir de toile de bâche upcyclée, ainsi qu’un pléthorique service cein turier sur mesure. En tête de nos envies automnales ? Un béret ! La pièce maitresse du style à la française, adopté dernièrement par Lily Collins dans la série Emily in Paris. Ceux de chez Laul hère – un statement mode qui perdure depuis 1840 – font partie des classiques de Clerff-Fraikin. Impossible donc d’en choisir un autre, ou un seul, au vu de l’éventail des couleurs.

Clerff-Fraikin

Grand’Rue

40,
clerff-fraikin-strasbourg.com Anniversaire
Photos : Sabine Bauer par Anne Lienhart pour Media Blick

Écrin green

Tout, ici, fait envie. Après 19 ans de loyaux services, ce salon pionnier en protocoles naturels, piloté par Julie Tomasina, a fait peau neuve cet été (seule la devanture est encore en attente de son lifting couleur). S’y dévoile un nouveau décor feutré scin dé en deux univers : sur rue, place à une ambiance lumineuse, idéale pour accueillir les postes de coiffure et l’élégant packaging de leurs produits de soin bio et rechar geables. Quant à l’arrière, son atmosphère, elle, se rapproche plus d’une officine d’apothicaire contemporaine, enveloppée d’un noir profond, de touches végétales et de bocaux d’onguents, où la nature est l’unique alchimie. Argiles, pigments orga niques, acides de fruits, protéines de soie étant les seuls « bodyguards » capillaires de la maison. L’autre nouveauté ? La cabine de massage crânien et d’aromathéra pie, dédiée aux soins : une bulle olfactive et sensorielle dotée d’un lit chauffant et massant pour prendre soin de sa tête et de son esprit. Un protocole de rentrée à s’offrir ? Le Detox, un soin mixte idéal à chaque changement de saison : la natura lité s’adressant bien évidemment aux deux sexes.

Natural Concept

8, rue de la Fonderie 03 88 32 90 36 naturalconceptcoiffure.fr

84 Coiffure
Le Style News

Mode Avant-garde

Depuis ses débuts en 2007, Claire Campbell, la fondatrice de la marque High, a fait sienne la conviction moderniste selon laquelle design et technologie peuvent améliorer la vie. Son label, composé de lignes distinctes, explore saison après saison les axes du vestiaire contempo rain : High Blue est dédié aux tissus naturels et au denim dans tous les tons de bleu, High Knit se concentre à produire du tricot mixant fils natu rels et matières synthétiques avancées, High Use s’inspire des vêtements de travail et A•Gender aiguille une mode conçue de façon consciente et dépourvue de genre. Quant à la ligne High Tech (photo), elle arbore des étoffes stretch et res pirantes ne nécessitant qu’un faible entretien, développées en laboratoire en incorporant le gaufrage à chaud de la découpe laser et la couture ultrasonique. Une actu ? Parce que la portabilité, la durabilité et le confort sont essentiels, mais l’instant présent aussi, cet automne/hiver, on ne manquera pas de suivre le compte Instagram de la boutique High Strasbourg. S’y dévoileront, au fil des semaines, les humeurs vestimentaires de la conseillère en image et modèle Sophie Dorn (@mademoisellesoph), sous l’œil avisé de Michèle Moubarak, la propriétaire des lieux.

High 22, rue de la Mésange high-everydaycouture.com

@high_strasbourg

Lunettes

Irrévocablement

Se faire remarquer, mais pas trop… on devrait y arriver avec ces deux montures.

VUE Du champagne ou rien

Pour faire durer l’été, cette monture cristalline de la nou velle collection Lucide de chez Clément Lunetier. Modèle EvaLu en bio-acétate champagne et branches noires mat en acier inoxydable. PS : Tous les mo dèles sont entièrement person nalisables.

Boutique Clément Lunetier 50, rue de Zurich clementlunetier.com

SOLAIRES

Du châtaigne ou rien

Pour se promener à l’Orangerie, ce modèle mixte Malta à verres polarisés Charly Therapy, 89 €. New : Nouvelle saison, nouvelle déco ! Romain Corato a lifté sa boutique du Faubourg de Pierre : un atelier/comptoir à la façade grillagée et au mur follement moutardé, on valide !

La Lunetterie du Coin 24, rue du Faubourg-dePierre et 50, rue du bassin d’Austerlitz lalunetterieducoin.fr

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Photo Alexis Delon / Preview pour Clément Lunettier

Blanc, feu, bois, le mantra réconfortant à égrener tout au long de la saison.

Au croisement

Archi classique

Pour de belles tablées hibernales, l’iconique table à manger Il Colonnato, dessinée en 1977 par Mario Bellini, se rhabille cette saison de teck et de ciment. Le + ? Les deux nouveaux matériaux introduits par l’éditeur Kettal, qui apportent une nouvelle contemporanéité à sa structure architecturale élémentaire. Le nombre de pieds/ colonnes dépend de la surface du plateau, qu’on peut choisir en plusieurs dimensions, de forme ronde, carrée ou rectangulaire.

Home Contemporain 13, rue du 22 novembre homecontemporainstrasbourg.fr

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Le Style News design

Je(u) te veux 1

Le plus fluffy des canapés modulaires, c’est lui. Ré édité en 2020, le Camaleonda de Mario Bellini, avec son rembourrage piqueté de mousquetons, a été entièrement revu par B&B Italia pour encore plus de confort. Le regard du maître ? « Parmi tous les objets que j’ai conçus, c’est sans doute Camaleonda qui représente le mieux le concept de liberté. Les configura tions que l’on peut obtenir sont infinies. » Où ? Dans le showroom Pyramide, où il trône, face à l’Ill, tout de blanc vêtu.

Pyramide

32, quai des Bateliers

pyramide-design.com

L’exquise esquisse 2

Représentant la rigueur du geste traçant une ligne, la collection Lederam de Catellani&Smith, semble encore plus délicate et poétique dans cette version immaculée. Fabriqué à la main par des artisans, le modèle Lederam Manta CWS1 s’utilisera aussi bien en applique qu’en plafonnier. Où ? Dans le nouveau showroom LCM. Une actu ? Leur chic site internet, tout auréolé de kaki, pour découvrir leurs créations et leurs agencements intérieurs.

LCM

42, rue du Faubourg-de-Pierre lcm.design

Ramassez-moi 3

Chez la céramiste strasbourgeoise Martha Stahlkopf, dont le travail oscille entre sculptures et objets du quotidien, l’envie automnale s’est posée sur ces feuillages graphiques encrés dans la porcelaine blanche.

marthastahlkopf.com @martha.stahlkopf

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Nid plus ni moins

Avec son langage formel inspiré de la hutte – un abri primitif avec du feu en son centre – la col lection de luminaires d’extérieur La Hutte, développée par Matali Crasset pour l’entreprise du patrimoine vivant Roger Pradier, insufflera un surcroît de rêverie à votre terrasse ou votre jardin. Les déclinaisons ? Une lampe de table, une suspension et un luminaire de sol fourni avec un câble de 5 mètres pour mieux scénariser votre abri lumineux. Le tout disponible en 6 couleurs.

Salustra 91, route des Romains salustra.fr

Fire !

L’automne est là, les braseros sont de retour. Celui de chez Raumgestalt est composé d’un banc et d’un foyer en acier brut minimaliste, à utiliser aussi avec l’assiette Teppanyaki (vendue séparé ment) pour une cuisson à la flamme. Où ? Dans l’e-shop des Woodcutters, sourceurs stras bourgeois de labels à la démarche écologique, comme cette entreprise allemande, installée près de notre frontière, en Forêt-Noire.

les-woodcutters.fr Le Style News design
Une nouvelle histoire… Herno Aspesi Alberto Biani Closed Vince Gran Sasso Paul Smith Pierre Louis Mascia Vanessa Bruno 14, quai des Bateliers Strasbourg 03 88 35 28 85 Alberto Biani

On a dit ludique ?

Et Pam !

Née à Strasbourg, designée à Milan et produite au Népal, la marque cc-tapis créée par Nelcya Chamszadeh et Fa brizio Cantoni n’en finit plus de nous bluffer avec ses collaborations. Après Patricia Urquiola, Faye Toogood, India Mahdavi ou Muller Van Severen, c’est au tour du label de streetwear australien P.A.M. (Perks and Mini) de réinterpréter en tapis quatre de leurs pièces iconiques. La bonne nouvelle ? Culotte, soutiengorge, sweat-shirt et jean peuvent désor mais trainer négligemment par terre. — cc-tapis x P.A.M., P.A.M. Logo Tee, collection Floordrobe, laine tuftée main, 210 x 200 cm.

shop.cc-tapis.com perksandmini.com

Polymorphe

Pixel est plus qu’un simple cube en contre plaqué de pin brut, c’est un module flexible destiné à définir des fonctions dans l’espace. Le concept Bene, designé par Didi Lenz, offre cette entière liberté d’usage, que vous ayez besoin d’un siège, d’une table, d’un rangement ou d’installer un tableau blanc. Où ? Chez decoburo, spécialiste du bureau sous toutes ses formes, des plus tradition nelles au plus anti-conformistes. Une entre prise est en continuelle mouvance, pourquoi son mobilier ne le serait-il pas ? decoburo

4, le Schlossberg à Zellenberg decoburo-store.com
Le Style News design
C’est la rentrée, bureaux et tapis sortent du rang.
TAGLIATORE ETON TRANSIT JOHN SMEDLEY VIVIENNE WESTWOOD ZIMMERLI ALBERT THURSTON TATEOSSIAN ANGELA CAPUTI BEGG MAISON F MEILLEUR AMI TRAITS BERWICH HANCOCK PASOTTI JEFFERY WEST THE LAST CONSPIRACY LIVIANA CONTI … www.revenge-hom.com 4, rue du Fossé des Tailleurs 67000 Strasbourg 06 65 46 37 55 03 90 22 37 69

On va tous y passer, autant s’en mettre plein le gosier

LA TABLE
Série : Les glanées automnales, photo Alexis Delon / Studio Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon

chronique L’été indien peut arriver entre octobre et mi-novembre. On t’attend… Viens ! Si vous aussi vous êtes encore bloqués en août, que le tup’ longuement préparé pour aller au travail se fait moins joyeux que le pique-nique de la plage fait à la va-vite, petites astuces pour remettre du summer dans l’assiette

Oui à la désinvolture culinaire !

Sonia Verguet, designer culinaire et autrice du livre Coolglof*, investit les pages de Zut pour repenser le bien manger et réveiller nos estomacs.

soniaverguet.com rhenanie.com

L’automne est arrivé à grands pas, les tomatesmozza quotidiennes de l’été semblent déjà bien loin. Le joyeux mode aléatoire de l’heure du dé jeuner des vacances a vite été remplacé par une certaine organisation et, on peut le dire, une routine moins excitante en termes de plaisir à se mettre à table. À quoi cela tient-il ?

À chaque saison son lot pourtant équitable de saveurs et de textures exquises, les unes rem plaçant agréablement les autres : les fraises ont laissé la place aux non moins savoureux cham pignons, le juteux du melon au coulant du fro mage et le frais du pastis à la chaleur des grands cafés. L’allégresse des repas estivaux n’est donc pas qu’une affaire de goûts. Analysons alors de plus près ce plaisir particulier à manger en été, qui tend à se dissoudre quelques mois plus tard. Relève-t-il des flegmatiques dîners à rallonge, du cadre différent dans lequel nous nous trou vons, de l’humeur rêveuse des congés qui ren drait chaque figue meilleure ?

Choisissons cette année, au bureau, à la cantine ou même avec sa lunch-box de pâtes au pesto, de garder un peu de l’insouciance du « zéro programme », de la joie de déjeuner hors de chez soi, de l’émotion à se laisser surprendre, pour que le plan-plan des repas à venir ne s’ins talle pas. Petites astuces pour créer un été in dien… dans l’assiette !

L’insouciance

Savez-vous que le contenu de votre petit déjeu ner recèle les clés pour la créer ? Jouons avec la puissance des aliments ingurgités ! Eh oui, der rière chaque biscotte, confiture, café et autres plaisirs matinaux se cache la recette pour sus citer plus d’une surprise dans votre quotidien. Des études scientifiques ont prouvé l’impact de notre alimentation sur nos réactions. Ainsi, dans un documentaire diffusé sur ARTE, Com ment notre alimentation influence notre santé mentale, on apprend que plus le petit déjeuner sera riche en protéines, plus nos réactions seront tempérées. À l’inverse, plus il sera riche en glu cides, plus nous serons prompt à réagir au quart de tour ou, comme le dit le documentaire, « plus intransigeant devant les offres injustes ». La voilà donc la clé du détachement de l’été, à repro duire désormais ! Et vous qui pensiez que votre énervement contre Jean-Mi de la compta était dû à sa bêtise. Que nenni, la troisième biscotte y est pour beaucoup – la sottise accentue juste les choses. Partir (ou pas) en live face à son nouveau collègue insupportable résulte donc non pas de notre caractère propre (et du sien), mais bien du choix ou non d’un yaourt avalé à 7 h 30. Envie de cultiver une humeur pleine de surprises au bu reau ? Optez pour des petits déjeuners chaque jour variés. Et voilà votre frivolité retrouvée. Dire non à la routine émotionnelle est un choix culinaire ! Qui l’aurait cru.

94La Table—La
Photos
+ texte Sonia Verguet

La joie

Celle des repas en vacances, oui, même celle du – mauvais – sandwich triangle de l’autoroute, est un sentiment à cultiver toute l’année. Tout est question ici, non plus de liste de courses mais d’état d’esprit et de lieu. Eh non, le goût n’influe pas – beaucoup – sur le bonheur. Preuve en est, l’en-cas de station-service était vraiment mau vais, et pourtant vous étiez vraiment heureux. Dans Pourquoi mange-t-on ce que l’on mange ? (ARTE), des scientifiques ont listé plus de 14 raisons qui nous font manger pour tout autre chose que par faim : nous nous nourrissons pour nous réconforter, par convention sociale, parce qu’on est en bonne compagnie… Pio chez ce qui produit chez vous de l’exaltation, comme votre meilleure bande-son ou votre plus chouette spot pour manger seul. Plus le cadre (physique, mental ou sonore) de votre repas sera plaisant, plus le bonheur vous envahira, malgré le manque de saveur de ce risotto industriel.

L’émotion

À nouveau ici, la joie n’est pas affaire d’aliment à proprement parler. Elle ne sera pas plus grande entre un goûter sain (la pomme) et un goûter moins diététique (la barre – diabolique – choco latée de la machine). Afin de la cultiver, il faut cette fois-ci se reconnecter à l’humain et à l’en vironnement. Ce qui fera naître de l’émoi en vous est un produit dont vous connaissez la pro venance. Le savoir contribuant pour beaucoup à la séduction, une pomme n’en sera que meil leure si vous en visualisez les contours du verger, et le Twix que plus savoureux s’il provient d’hu mains palpables comme ceux du Café Bretelles !

*100 Coolglofs. Cuisiner le kouglof autrement,

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Kéribus éditions, 2021 La Table—La chronique

Playlist nutritive

Transformation instantanée de tout repas moyen en un souvenir plaisant  Dj La Pompe Moderne Laisse-moi kiffer la vibe

Effacement immédiat du sentiment de solitude Phoenix, Trying to Be Cool

Sable entre les pieds, illico Brigitte Bardot, La Madrague

Routine oubliée Katerine, La Banane

Pour zéro coup de soleil et beaucoup de rondeurs Tout du groupe Cream

Soignons le froid par le froid Vanilla Ice, Ice Ice Baby

Plein pot

Harmonie Begon, l’illustratrice et designer qui a signé Piaf, la boule de Noël de l’édition 2021 de Meisenthal (et qui était l’invitée de notre vitrine Chicmédias en décembre dernier), continue sa célébration des savoir-faire et de la transmis sion avec son livre Cuisiner autour du pot aux Éditions Ulmer (spécialisés en beaux livres pra tiques et ouvrages de référence accompagnant les évolutions de notre époque et nous reliant à la nature). Préfacé par l’anthropologue et histo rien Thierry Bonnot, l’autrice y a mijoté et pho tographié une soixante de recettes : des « vrais » tacos appris durant une expérience au Mexique à la terrine de son grand-père, on y redécouvre la joie de cuisiner dans ces plats en terre arti sanaux, transmis, chinés ou issus de quatre po teries disséminées aux quatre coins du terroir français. En exclusivité, et avant sa sortie en li brairie le 3 novembre, elle nous livre sa recette de tacos au porc confit dans la bière (un petit « plus » emprunté à un ami), cuit dans une po terie de chez Wehrling père et fille. Un vrai « pot à partager », mariage d’amour entre le terroir alsacien et mexicain.

Actus

Soyons terre à terre : c’est bien dans les vieux pots qu’on fait les meilleures popotes.

TACOS DE PORC EFFILOCHÉ

Pour 4 personnes

Viande

· 1,5 kg d’échine de porc

· Huile de tournesol

· 75 cl de bière (ou jus de pomme, jus d’orange)

· 5 c. à s. de miel

· Paprika

· Piment en poudre

· 1 c. à c. de harissa

· 15 cl de sauce soja

Tortillas

· 250 g de masa (ou 125 g de farine de maïs et 125 g de farine de blé)

· 15 cl d’eau tiède

· Sel

---> La viande

Préchauffer le four à 140 °C en chaleur tour nante. Saler la viande et la saisir dans une grande sauteuse, avec un peu d’huile de tournesol.

Quand la viande a pris une belle coloration, la retirer de la sauteuse pour la placer dans la cocotte. Déglacer le fond de la sauteuse en ver sant la bière (ou le jus de fruits). Ajouter le miel et continuer de chauffer pour bien le mélanger à la bière. Ajouter ensuite les épices. Verser ce mé lange sur la viande, placer sur la viande 3 feuilles de laurier. Fermer le couvercle et enfourner 2 h, en retournant toutes les heures. Ajouter alors la harissa et la sauce soja dans le plat. Poursuivre la cuisson encore 2 h minimum, en retournant et en arrosant la viande régulièrement. À la fin de la cuisson, à l’aide d’une fourchette, effilocher le porc dans la cocotte.

RECETTE PICKLES

· 3 gros oignons rouges (ou 10 petits)

· 8 citrons verts

· 3 c. à s. de vinaigre de cidre

· Piment · Origan

· Sel

Couper finement à l’aide d’une mandoline les oignons rouges (ou une dizaine de petits), et les placer dans le pot. Verser dessus le jus des citrons verts et le vinaigre de cidre. Le mélange doit couvrir les oignons, rajouter du vinaigre si besoin. Assaisonner avec le sel, le piment et l’origan. Laisser mariner au moins une nuit. Déguster dans la semaine.

98La Table—La recette
Pot digoin
Livre Cuisiner autour du pot par Harmonie Begon, 256 pages, Éditions Ulmer. editions-ulmer.fr
Haguenau | 19 nov. Rencontre et dédicaces, à la Librairie La Marge – la-marge.fr Strasbourg | 26 nov. Après midi de dédicaces à la librairie Quai des Brumes, de 15 h à 17 h –quaidesbrumes.com harmoniebegon.com | @harmonie.begon

---> Les tortillas

Mettre la farine dans un saladier, ajouter une pincée ou deux de sel fin, et peu à peu, verser de l’eau tiède. Il en faudra environ 15 cl. Verser petit à petit en mélangeant à la main et arrêter de verser lorsque la pâte est lisse, homogène, ne colle pas et ne s’effrite pas.

Laisser reposer un peu la pâte, une vingtaine de minutes, couverte d’un torchon. Former des petites boules de pâte bien lisse, en les roulant entre vos mains. Elles doivent faire environ la taille d’une noix.

Conseil : Si vous ne possédez pas de presse à tortilla, pas de problème ! Voici ma technique : après avoir fariné le plan de travail, je place une petite boule de pâte et je l’écrase d’un coup avec le dessous d’une assiette. Ensuite, j’affine la tortilla en l’étalant au rouleau. Elle doit faire moins d’1 mm d’épaisseur. Si je veux qu’elles soient bien rondes, je place un bol retourné sur la pâte étalée et j’en découpe proprement les contours. Je farine toujours les tortillas légèrement à la fin pour éviter qu’elles collent au plan de travail.

—— La cuisson Faire chauffer une poêle, placer la tortilla dans la poêle bien chaude, 1 min de chaque côté, elle ne doit pas être croustillante, mais rester bien souple. Placer les tortillas directement dans un torchon propre, en les superposant. Quand tout est cuit, replier le torchon pour garder les tortillas au chaud. La chaleur les conservera souples le temps de servir, c’est pourquoi, en général, on ne mange jamais la tortilla du dessus, elle reste là pour conserver correctement les autres. Pour garder les tortillas jusqu’au lendemain, emballez ce torchon dans un sac plastique et fermez-le. Pour les conserver plus longtemps, le mieux est de les congeler.

—— Pour déguster

Placer une tortilla dans votre assiette et déposer la viande au centre en longueur. Ajouter ensuite des pickles d’oignons et de la coriandre fraîche (vous pouvez également ajouter ce que vous voulez, des légumes râpés marinés, du fromage, du guacamole...). Bien remplir votre tortilla car Taco que cierra no es taco (proverbe disant qu’un taco qui se ferme n’en est pas un).

Enfin, presser du bout des doigts le jus d’un quart de citron vert, plier votre taco en deux et savourez le goût de Mexico.

Poterie
G. Wehrling & fille

test Carburant basique

les un·es ou simple plaisir pour les autres, le café s’est, au fil des années et à force d’une exigence toujours accrue des palais, fait une place de choix sur les tables gastronomiques. À Strasbourg, les maisons de torréfaction se sont multipliées. Tour d’horizon des cafés torréfiés ici, tous achetés en grains, fraîchement moulus et testés à la cafetière

Anatomie du café

100La Table—Le
pour
à piston… Par Cécile Becker / Photos brokism
01 04 02 05 03 06

01 — Omnino Adhafera (Kenya)

Lorsqu’on a versé l’eau chaude sur le café juste moulu, de très jolies bulles sont apparues : amples, colorées et bourrées d’arômes. Casser la croûte du marc remonté à la surface a révélé des saveurs marquées, douces et légèrement boisées. À la dégustation, on a aimé son côté léger et un tantinet crémeux. Un café sans acidité, parfait pour le matin.

+ d’infos Omnino a été créé en 2017 à Strasbourg avec un rêve croisant la passion de l’équipe pour les anciens véhicules : réhabiliter un Citroën HY pour aller faire découvrir le café de spécialité aux Alsacien·nes. Aujourd’hui, Omnino est installé de manière permanente rue des Drapiers, au Kiosque (notre préféré) place Saint-Pierre-le-Vieux et rue du RenardPrêchant avec deux adresses supplémentaires à Mulhouse.

→ 10,90 € / 250 g omnino.fr

02 — Cafés Sati bio Moka Sidamo (Éthiopie)

Une odeur assez douce à l’ouverture du paquet et plutôt « verte » à la mouture des grains. À la tasse, une légère acidité, une petite amertume et des saveurs relativement courtes en bouche. Un café qui fait ce qu’on lui demande, grand public et efficace.

+ d’infos L’entreprise emblématique du Port du Rhin, presque centenaire, emploie 47 personnes à Strasbourg et s’est engagée sur la piste des cafés bio il y a 20 ans (on le sait moins). Ce qui est intéressant, c’est ce fonctionnement presque familial (hérité de l’ADN de la marque) et des engagements vertueux avec les Jardins de la Montagne Verte et l’association Libre Objet par exemple. → 8,59 € / 500 g cafesati.com

03 — Cafés Henri bio blend (mélange)

À l’ouverture du paquet, nous avons été saisis par l’odeur, bien plus « serrée » que celle offerte par les paquets des petites torréfactions du coin. Les grains, comme le café, sont aussi plus noirs : la torréfaction a donc et en toute logique, duré plus longtemps.

+ d’infos En 1949, la torréfaction se faisait « à l’ombre de la cathédrale », rue des Hallebardes, depuis transférée à Oberhausbergen où l’on torréfie 750 kg de café par heure. La marque dispose de magasins d’usine (et donc d’usines) à Oberhausbergen, Hoerdt et Neuves Maisons. Le plus ? Des capsules compatibles Nespresso. → 5,95 € / 250 g cafeshenri.fr

04— Mokxa São Silvestre (Brésil)

Une fermentation longue (84 heures) et un séchage de 30 jours avant de partir pour la torréfaction à Strasbourg. Au contact de l’eau chaude, le café moulu apparaît plus compact que son prédécesseur, toujours cette très belle odeur du café de spécialité bien torréfié qui se dégage lors de la préparation. À la dégustation, c’est complexe avec un léger goût liquoreux et tirant vers l’amertume, sans pour autant être inaccessible. On en boirait des litres ! + d’infos Tout commence avec l’ouverture du Café Bretelles à la Krutenau (puis à la Petite France) qui se fournit en cafés Mokxa, alors basé à Lyon. Début 2017, les Bretelles s’associent avec Mokxa et ouvrent leur première torré à Strasbourg. Si la torré a depuis déménagé à la Meinau, le principe reste le même avec une grande attention portée à la culture du café et à son acheminement. → 10 € / 250 g cafemokxa.com

06 Balzac Café

Mélange de Belloy (Guatemala, Honduras, Mexique)

Un café tout simple, assez rond, avec un côté un tout petit peu sucré qu’on avait décelé au nez, des saveurs discrètes mais le goût y est. C’est d’ailleurs le café que l’on boit au quotidien chez Zut et pour varier les plaisirs, l’équipe commande des cafés de diverses origines.

+ d’infos Le plus discret des torréfacteurs du coin qui a débuté en 2017 et s’est structuré en famille. Le café est torréfié au Neuhof, testé, retesté et livré à Strasbourg, c’est-àdire qu’on peut acheter ce café chez Naturalia rue d’Austerlitz ou au Coffee s’cool rue des Pontonniers, sinon, il faut appeler pour se faire livrer par la sémillante Daniele. → 8,50 € / 250 g

balzac-cafe.com Conclusion

Les cafés de spécialité torréfiés artisanalement et avec attention se taillent clairement la part du lion, en tout cas du côté des papilles averties… et des porte – monnaies bien fournis – tout le monde ne peut pas se le permettre. On réalise à la dégustation qu’il est difficile de comparer des cafés dont les procédés de fabrication divergent autant et on reste très attachés à l’accessibilité des Reck / Henri / Sati.

Du bon usage d’une cafetière à piston (ou French press)

05 — Cafés Reck Mélange (Salvador,d’automne Colombie, Éthiopie)

Un emballage qui a du chien, franchement, au nez, un peu d’amertume, en bouche, c’est plus rugueux. Le café typique de fin de repas. + d’infos C’est la plus ancienne maison du cru puisque c’est Emma Reck (oh, une femme !) qui rachète l’entreprise en 1884 et l’installe au Port du Rhin. Aujourd’hui, l’équipe Reck jouit d’une belle réputation et a intégré la torréfactrice Daniela Capuano dans ses équipes, Meilleure Ouvrière de France (oh, une autre femme et pour le coup, la première à avoir été saluée par le titre MOF dans cette catégorie…) → 6,75 € / 250 g reck.fr

Percolateur, cafetière à filtre, moka (cafetière italienne), aeropress, V60, Chemex… les techniques et outils ne manquent pas pour se préparer un bon café. La différence ? C’est une affaire de goût, mais il faut toujours préciser l’outil que vous utilisez lors de l’achat de votre café, car il aura une incidence sur la mouture du café et donc sur le goût – les fifous et fifolles disposent souvent d’un moulin à domicile, à régler donc en fonction de l’outil choisi. La mouture va permettre à l’eau de s’écouler plus ou moins rapidement. La French press a de nombreux avantages : elle est simple d’utilisation, se nettoie facilement, est rapide et se dépatouille plutôt pas mal sur les aromatiques. Le cœur de l’autrice bat pour la French press… On mout le café, on verse de l’eau à 95 °C, on attend une minute (pour libérer les gaz – les « pros » versent l’eau en deux fois) puis on casse la croûte. Casser la croûte c’est briser l’épaisseur. Ensuite, on laisse infuser quelques minutes – cela dépend de vos goûts, encore une fois.

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Vendredi → 19h

€ l’apéro

Tartinade de feta aux olives vertes

4,90 €

Bière artisanale

Pale Ale

4,30

Gressins artisanaux crétois aux céréales

6,40 €

Art de la table Un drink ?

Shot, cocktail, vin, champagne, décanteur, seau à glace… Il convient de choisir avec soin les verres et les accessoires adéquats à chaque breuvage. Qu’ils soient en plus résistants aux chocs, soufflés bouche en Europe et d’un gris légèrement fumé comme ceux de la collection Puck de Tom Dixon conçue en collaboration avec l’équipe de son res taurant londonien Coal Office ne pourra que bonifier l’expérience de la dégustation.

Home Contemporain / 13, rue du 22 Novembre homecontemporainstrasbourg.fr

Pistaches de l’Île d’Égine

5,90 €

30, rue Geiler e.shop : poupadou.com

102 30
Un peu d’hellénités, pour éterniser l’été.  Épicerie Poupadou
Par Myriam Commot-DelonLa Table Quand c’est l’heure
180 g —
250 g —
200 g —
Kirki
330 ml —

QG Pause cocktail dans un lieu chargé d’histoire

01

The Drunky Stork Social Club

24, rue du Vieux-Marché-aux-Vins

thedrunkystorksocialclub.com

@thedrunkystorksocialclub

Le pitch ? L’incarnation du pub contem porain, avec DJ le week-end et espaces privatisables, dans l’immeuble le plus hallucinant de la ville, abritant jadis la Strassburger Bank.

On y reste ? Jusqu’à 1 h, tous les jours. Côté tchin-tchin ? Une carte de cock tails bien troussée dont l’Extra Pimm’s (en happy hours de 17 h à 19 h), mais aussi un coquet choix de mocktails pour les abstèmes : le Cherry Bomb à base

de purée de griotte, gingembre, citron vert et blanc d’œuf est parfait pour faire bombance sans finir pompette. Et pour le miam ? Des plats éclec tiques, à partager… ou pas ! Petite pen sée égoïste pour leur hot-dog de confit d’agneau.

02 Le Léonor

11, rue de la Nuée-Bleue leonor-hotel.com

@leonorhotel

Le pitch ? Un hôtel particulier du xixe siècle devenu Hôtel de Police, avant une seconde résurrection en hôtel quatre étoiles signé par l’architecte designer star Jean-Philippe Nuel.

On s’y rend ? Le vendredi et le samedi entre 17 h et minuit, pour se jucher le long de leur spectaculaire comptoir brutaliste ou se lover dans des fauteuils cosy en dégustant quelques liquidités signature valorisant les produits locaux, parmi lesquelles : La Joie imprévue, à base de l’amer bière alsacien Instant Velours

et de crémant d’Alsace, et Ange Pur, une mixion de gin strasbourgeois Rosa, de chartreuse, d’eau de concombre et de fruits rouges.

Et côté lèche-doigts ? Dans leur carte Anytime (disponible à partir de midi), du crac qui claque avec les crevettes crispy sauce gribiche et les petits radis alsa ciens à caresser de beurre de livèche.

La Table—Dossier De confidentiel il y a un peu plus d’une dizaine d’années, le vin nature est devenu un incontournable de la table. Côté vignes, la nouvelle génération s’inspire des pionniers et perpétue un mode de production inscrit dans la lenteur et le respect de la biodiversité, dans une constante remise en question des pratiques. Plébiscité par les cavistes, leur jus au naturel est maintenant mis à l’honneur dans des salons dédiés, pour permettre à chacun de tester  et accéder à une qualité qui fait toute la différence. Par Cécile Becker et Tatiana Geiselmann / Photos Christophe Urbain

En dansplein le pif

Patrick Meyer Chef de file

À la genèse du vin nature en Alsace, il y a Patrick Meyer. Dès les années 1980, le vigneron a fait le pari d’une production sans additifs puis s’est rangé du côté de la biodynamie, une folie pour certains. 40 ans plus tard, ses vinifications au naturel incarnent un modèle à suivre.

Lui même se présente comme un «  paysanvigneron », ses confrères le considèrent surtout comme un « pionnier  ». Installé autour du vil lage de Nothalten, au nord de Sélestat, Patrick Meyer vient de fêter ses 40 années à la tête du domaine Julien Meyer. Un domaine familial qu’il reprend en 1982, à seulement 19 ans. « Mon père est décédé lorsque j’en avais 5, donc contrairement à la plupart des vignerons, qui doivent vivre une vingtaine d’années de cohabitation difficile avec leurs parents, moi, quand j’ai repris l’exploitation, il n’y avait aucun frein à ce que je conduise les vignes autrement. » Ce sera donc en bio, dès le tournant des années 80 à 90, sans produits de synthèse, en ayant de moins en moins recours au soufre, puis finalement en biodynamie dès 1998. « Au début, on nous traitait de fous », se souvient le vigneron, désormais âgé de 60 ans.

Une quête de saveurs authentiques

Ignorant les critiques, Patrick Meyer continue d’avancer à sa façon, sans concession : il sup prime totalement les sulfites, bannit les levures indigènes, ne filtre que très légèrement ses vins, élève ses blancs en cuve, ses rouges en barrique, bref, produit des vins naturels. « Aujourd’hui, on est habitué à des vins qui “pètent” en bouche, qui sont gras, qui correspondent à une image idéale », déplore le viticulteur, « e t pour atteindre cela, on utilise des tonnes de produits vraiment mau vais pour la santé. Dans le vin naturel, c’est tout l’inverse : on ne traite rien, on cherche des saveurs authentiques. » Des saveurs proches du terroir et donc très minérales, en ce qui concerne ses propres cuvées, à l’image du sol de gneiss, d’ar gile, de schiste et de sable sur lequel poussent ses raisins, plantés à 250 mètres d’altitude.

À chaque parcelle son caractère

Le jusqu’au-boutiste va d’ailleurs jusqu’à vinifier séparément chacune de ses parcelles. « Les vins nature n’ont plus la caractéristique de leur cépage, mais celle de leur lieu de naissance  », justifie le vigneron. Sur les étiquettes de ses bouteilles, les appellations type « Riesling » ou « Sylvaner »

sont donc toujours complétées d’un repère géographique, « Zellberg », « Muenchberg ». « Quand on a dix pinots noirs, on a dix mondes différents », estime le sexagénaire, qui cultive sur son domaine les sept cépages alsaciens. « Notre objectif, c’est d’atteindre une fluidité qui s’approche de l’eau. » Pour cela, il conseille de laisser vieillir ses vins, qui perdront, au fil des années, le carac tère oxydatif de leur jeunesse. « Ils ont besoin de plusieurs années pour atteindre leur pureté. » Une pureté, que l’on retrouve cependant déjà dans chacune de ses cuvées, grâce aux 40 ans d’expé rience du viticulteur.

Domaine Julien Meyer 14, route du Vin à Nothalten 03 88 92 60 15

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Jusqu’au-boutiste

On a traversé le vignoble de Reichsfeld, pris un chemin puis un autre, sans rien comprendre à la géographie du lieu. Et puis, au détour d’un sen tier, encore un, on a aperçu une tiny house plan tée au milieu d’un terrain paradisiaque à flanc de coteau. Bienvenue au domaine de Jeanne Gaston-Breton.

Ton parcours ?

J’ai fait des études en infographie, j’ai mis long temps à me rendre compte que l’extérieur me manquait. Mes parents avaient leur domaine, en négoce, mais ont mis du temps à accepter que je le reprenne. En 2010, j’ai intégré le BPREA, puis j’ai fait mes propres expériences jusqu’en 2016. Ça a été déterminant car le formateur, Jean Schaetzel, était à l’époque très impliqué dans la bio. Il a créé l’association Vignes Vivantes avec André Ostertag en 1997, pionnière sur la question de la transition douce des vignes vers la bio. Il a vraiment tiré l’Alsace et ses vins vers le haut. Ça a été très très enrichissant mais à la fois difficile de convaincre mes parents de l’intérêt de passer en

bio, alors que ma mère a des connaissances din gues en matière de plantes. Depuis, elle a fait une formation en biodynamie, et aujourd’hui on fait des tisanes, des décoctions ou du purin à base de plantes : achillée, pissenlit, prêle, saule, orties et reine des prés. On voit vraiment la différence : les vignes se portent mieux. En 2016, on a commen cé par appliquer les traitements bio et le passage s’est fait en trois ans. Ma première cuvée officielle est sortie en 2020, 1 500 bouteilles vinifiées dans la cave de mes parents à quelques mètres d’ici. Nous sommes en train de construire une grange qui accueillera la cave.

Ton domaine ?

Il s’étend sur 8 hectares et on fait presque tout manuellement. Comme mes parents, je fais du négoce en revendant à des copains dont la philoso phie correspond à la mienne, qui valorisent bien le raisin et le terroir : Yannick Meckert, Soil Therapy ou encore Moritz Prado. Je vinifie 50 ares, je vais passer à 1 hectare cette année et j’augmenterai au fur et à mesure lorsque j’aurai ma cave.

Ta philosophie ?

Je m’inscris dans une vision globale de l’agri culture. Mon idéal, ce serait de faire du vin, de la bière, du fromage, du pain et de vendre nos

produits dans les villages alentours. Ici, on a l’es pace pour. J’ai décidé d’aller au bout des choses en m’installant directement sur le terrain avec mon compagnon, dans une tiny house qu’on a trouvée en 2019. Le fait de vivre dans 20 m 2 nous a forcé à drastiquement revoir notre manière de consom mer : quand ce que tu consommes est rejeté dans la nature, tu fais forcément autrement et ça implique de vivre avec la nature. Tu t’adaptes et tu réalises que le confort est ailleurs. Et puis, rentrer chez soi le soir en étant heureuse de la manière dont je travaille et vis, ça me comble.

La Ferme des 9 chemins

Lieu-dit Taubental à Reichsfeld fermedes9chemins.fr

Anaïs Fanti La timide

Par Cécile Becker

On arrive comme des fleurs à Ammer schwihr, et c’est Mamie Fine (la fameuse !) qui nous accueille, la tête à la fenêtre : « Sonnez-donc ! »

On sourit. Anaïs Fanti vient nous ouvrir et plante d’emblée le décor : ici, nous sommes chez sa

grand-mère où son grand-père avait à l’époque aménagé la cave qu’Anaïs a entièrement retapée avec son père, son « bras droit ». C’est petit, sans chichi et ça lui permet d’y aller tout doux, d’expé rimenter sans se perdre. L’histoire, en revanche, est délicate : dans les années 1980, son grandpère stoppe son activité et décide de laisser ses 3 hectares dans la famille. La mère d’Anaïs Fanti se montre intéressée pour reprendre une part : « Il a refusé parce que c’était une femme. » L’oncle hérite de tout, mais épuisé, finit par laisser sa part à la mère d’Anaïs, louant le reste « à des gars du village ». La mère agrandit sa parcelle et la fait passer à 1,6 hectare, qu’Anaïs Fanti a repris en 2020, passant d’infirmière à vigneronne. L’envie de faire du vin, elle la fomentait depuis presque dix ans, ses voyages « à droite à gauche » l’y ont aidée. Alors que sa mère s’approche de la retraite en 2018, Anaïs Fanti suit un an de BPREA (où elle croisera d’ailleurs Lambert Spielmann) et part un an plus tard en Géorgie pour découvrir une autre manière de faire, notamment un joli travail autour des macérations. Cette technique sera la base de ses deux premières cuvées en 2020 : deux macérations de gewurztraminer, l’une de deux semaines, l’autre de huit mois. Elle voulait tra vailler ses vignes en bio et en biodynamie mais un passage par le domaine La Grange de l’Oncle Charles la convaincra de pousser « le vice » jusqu’à la vinification et donc de s’attaquer aux vins natures. Elle fonctionne à l’instinct : « Le côté création se fait vraiment à la cave, mais c’est une fois dans l’année, alors faut pas que tu te loupes. Sauf qu’au moment de la vinification tu as plein de choix qui s’offrent à toi : grappes entières ou dégrap pées ? Tu tries ou tries pas les raisins ? Presse longue ou presse courte ? Soutirer ou pas ? Je me tourne vers mes collègues mais je me rends compte que tu peux potentiellement te perdre dans les conseils. Il faut donc se faire confiance, ce qui n’est pas simple. » Elle tâtonne, essaye, doute beaucoup (trop ?) mais reste sûre d’elle sur les angles qui fondent sa pensée et sur cette philosophie qu’elle partage avec ses amis : « Favoriser la biodiversité dans les vignes, on le fait tous un peu. Et puis on n’a pas cette folie des grandeurs. Je crois qu’il faut en laisser un peu aux autres, il y a pleins de jeunes qui veulent s’installer ! »

Anaïs Fanti 7, rue des Trois-Épis à Ammerschwihr @vinsafanti

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Ça roule pour Brut(es)

Direction Mulhouse, samedi 5 et dimanche 6 novembre, pour partir à la découverte de Brut(es), le salon du vin nature. Plus de 75 vignerons et vigneronnes issus de toute la France (avec un ancrage particulier à l’Est) mais aussi d’Allemagne, de Suisse ou de Hongrie proposent à la dé gustation et à la vente leurs toutes dernières cuvées nature. Rencontre avec Jean-François Hurth, un des co-fondateurs du salon.

D’où vous est venue l’idée de créer Brut(es) ?

Brut(es), à la base, c’est une bande de copains, une « bande de brutes », Eric, Bruno et moimême, qui avons décidé de créer un salon dédié au vin nature, parce qu’on s’est rendu compte que ça n’existait pas à Mulhouse. On a ensuite trouvé un lieu en phase avec les vins qu’on voulait proposer, Motoco, et désormais on en est à notre quatrième édition.

Pourquoi se centrer sur le vin nature ?

Parce que c’est bon pour la santé ! C’est la même démarche que de manger des légumes bio. Pour produire du vin nature, à la base, il faut du raisin bio ou en biody namie. Ensuite, il n’y a pas de bricolage en cave, pas d’ajout de levures, pas d’ajout de sulfites (ou très peu). Avant que les vigne rons ne viennent au salon, on leur demande d’ailleurs de remplir une charte, pour qu’ils

soient transparents sur leurs pratiques. Après, comme pour les aliments bios, les vins natures coûtent parfois plus chers que les produits plus industrialisés, donc on leur demande aussi de présenter au moins une cuvée à 13 euros. Même si cela représente déjà une certaine somme, ça permet de rendre le vin nature un peu plus accessible.

108La Table—Dossier
Illustration Anne-Sophie Tschiegg

Justement, quels types de vins et de vignerons seront présents au salon ?

La première chose à savoir c’est qu’on accueille uniquement des vignerons qui sont engagés à 100 % dans leur démarche, pas des vignerons qui ne font qu’une ou deux cuvées en vin nature. Ensuite, un des marqueurs de notre identité, c’est notre ancrage à l’Est. Un tiers de nos vignerons viennent de l’Est, donc évidem ment d’Alsace, où la scène vin nature grandit de manière expo nentielle, mais aussi du Jura, de Lorraine, de Savoie, ou encore d’Allemagne ou d’Autriche, où beaucoup de jeunes vignerons se lancent dans le vin nature. C’est d’ailleurs une autre spécificité de Brut(es), on donne leur chance à des jeunes qui n’ont parfois qu’une à deux années d’expérience et qui vont pouvoir exposer aux côtés de certains pionniers. On rencontre aussi des vigne rons différents sur chaque édition, il y a par exemple 25 nouveaux cette année. Et puis on essaye d’avoir un spectre assez large, qui couvre toute la France, avec des choses assez barrées, comme il peut y en avoir dans le vin nature, mais aussi des choses plus ancrées dans la tradition du terroir, pour que chacun y trouve son compte. Le seul critère, c’est que les vignerons aient des bouteilles à vendre et ne fassent pas juste de la dégustation. Le but c’est que les gens goûtent, aiment, emportent.

À part du vin, qu’est-ce-qu’on va pouvoir emporter d’autre en repartant de Brut(es) ?

De la bonne humeur ! On a de la musique, une petite librairie avec des dédicaces, des stands où se restaurer jusqu’à 21 h. On a aussi sept à huit exposants qui ne font pas de vin, mais d’autres boissons fermentées, comme du saké nature, du cidre, des bières assez étonnantes, avec des assemblages raisin-houblon ou pomme-houblon, du vieillissement en fût, du kéfir, du kom bucha, du pétillant naturel de fruit, etc. En fait, ce qu’on cherche, c’est créer une communion entre le lieu, ce qu’on y vend et les gens qui sont là, et ça fonctionne super bien.

Brut(es), salon de vins nature d’Est et d’ailleurs

5 + 6.11 à Motoco à Mulhouse salonbrutes.com

Le Tigre, c’est une librairie indépendante, underground et libertaire spécialisée en BD, en roman graphique, en micro édition où tu trouveras des dédicaces, des expos, des showcases et bien plus encore !

Du mardi au samedi de 10h à 19h 36, quai des Bateliers | Strasbourg

Retrouvez-nous sur les réseaux pour connaître notre actu ! Librairie Le Tigre @librairieletigre

Dans l'ancienne manufacture de tabac, une auberge de jeunesse hybride, un lieu évolutif mêlant partage et convivialité

Soirées concerts • Théâtre d’impro • Jams sessions • Privatisation de salles pour événements ... et encore plein de surprises !

Jean-François Hurth, Eric Bazard et Bruno Schaller
7, rue de la Krutenau à Strasbourg 09 78 36 20 27 www.thepeoplehostel.com thepeoplestrasbourg

Démystifier le vin nature

Considéré comme la lubie de quelques hérétiques à ses débuts, le vin nature se fraye progressivement une place respectée dans le monde viticole. Une place qui dérive cependant vers un certain élitisme selon Jean Walch, le patron de l’incontournable cave Au fil du vin libre, quai des Bateliers à Strasbourg.

« Les cuvées deviennent de plus en plus pointues, plus chères aussi, et on est en train de rentrer dans une sorte d’entonnoir, avec un public qui se limite à des bobos fortunés », déplore Jean Walch. Une ten dance qui s’explique aussi par les prix du marché, car c’est vrai, les vins naturels coûtent souvent plus chers que leurs cousins conventionnels, ils sont très dépendants des aléas climatiques, nécessitent un travail manuel, s’étendent sur des surfaces agricoles moins importantes, bref sont moins rentables à la production et donc plus coûteux. Sauf que pour le caviste, « le vin nature, c’est comme le bon pain, ça devrait être accessible à tous ».

Bien vivre et bien manger

Pour repopulariser ces vins produits sans intrants, quasi sans sulfites et sans levures indigènes, le passionné a donc décidé de monter, en collabora tion avec Marcus et Phare Citadelle, un nouveau salon du vin nature du 17 au 19 novembre, le «  Phare ô vins  ». Un événement pensé avant tout comme une célébration du bien vivre et du bien manger, « pour ne pas rester coincer dans un côté un peu monolithique autour du vin ». En plus de la trentaine de vignerons présents sur trois jours pour faire déguster leurs dernières cuvées, des animations gastronomiques seront donc

proposées : ateliers cuisine, dégustation d'huitres fraiches, restauration, etc. Des animations seront organisées pour les enfants, des conférences pour les adultes, des soirées DJ-set pour les fêtards.

« L'idée, c'est que ce soit un événement populaire, où on vient goûter du vin, mais aussi se détendre, manger, faire la fête. »

Les premières cuvées de l’année

La date n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard : le troisième jeudi du mois de novembre, jour des primeurs, les toutes premières bouteilles du vin de l’année, rendu célèbre par les festivités autour du Beaujolais nouveau. « Ce sera le thème du jeudi », précise Jean Walch, « avec des primeurs de Touraine, d’Alsace, de la vallée du Rhône. » Les jours suivants, vignerons chevronnés et nouveaux arrivés s'alterneront, pour proposer un vaste panel de vins nature, de la bouteille à 10 euros à celle atteignant les 50. « L’offre sera différente tous les jours, c’est un petit peu à la carte. » Un salon sans chichi et sans prétention, pour s'initier au vin nature en toute décontraction.

Au fil du vin libre 26, quai des Bateliers aufilduvinlibre-strasbourg.com

Phare ô vins Festival, vins nature, DJ sets 17 → 19 nov.

Phare Citadelle / 13, rue de Nantes

La Table—Dossier
ATELIER S SOPXE CINÉMA MUSIQUEER N CONTRES espacedjango.euToute la programmation sur STRASBOURG NEUHOF SEPT. DÉC. 2022 ORCHESTRA BAOBAB FURAX BARBAROSSA LES FRÈRES TIMAL KLÔ PELGAG DAVODKA ARKA’N ASRAFOKOR BAB’L BLUZ CKRAFT M. PÉLICAN BD-CONCERT FABCARO PAR TOTORRO NHFLOW AVEC KAY THE PRODIGY ET ALLOCROCO CONCERT À LA BONNE HEURE AVEC L’OPS TU MUES, TU MEURS TOURNÉE DES RÉCRÉS AVEC BAKA TRIO KARAOKÉ LIVE RAIDS URBAINS ÉCOUTE DE PROG APARTÉ CINÉDJANGO… J E UNEPUBLIC CRÉATION LÉOPARD DAVINCI & JEAN-MARC FERDINAND Illustration : Icinori. Graphisme : Rebeka Aginako 19 novembre 2022 26 février 2023 2 expositions au Musée Tomi Ungerer Illustr’Al ice Lewis Carroll et les surréalistes au MAMCS #surrealice Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture / Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État

Le vin, c’est d’abord une émotion !

L’étiquette

Contre-pied, c’est d’abord un nom qui dénote une envie de s’affranchir des cadres, à com mencer par ceux de la profession : « Beaucoup de gens, surtout des femmes, hésitent à pousser la porte des cavistes », se chagrine Thomas. « L’atmosph ère est souvent roots ou alors intimi dante… » Dans sa boutique de la rue de la NuéeBleue, le néo- caviste propose donc un espace lumineux et épuré, presque minimaliste, avec une offre de vins « pas trop envahissante », rangés par moments de dégustation plutôt que par

appellations : à l’apéro ; on passe à table ; bulles festives ; idée cadeau… À l’entrée de la boutique, une banquette et quelques livres pour occuper les enfants, afin que l’exp érience soit agréable, de l’achat de la bouteille au moment où on l ’ou vre… « Peu importe les mots utilisés, le vin, c’est d’abord une émotion. Je voulais proposer des vins abordables dans tous les sens du terme.

La bouteille

Contre-pied fait aussi référence aux vignerons avec lesquels Thomas s’acoquine. Des travailleurs de la terre qui œuvrent en bio, en biodynamie ou proposent des vins nature, car le caviste en est convaincu, l’impact du vin doit prendre sa part dans le monde de demain. « J’essaye de constituer quelque chose de cohérent, de logique… et d’acces sible. » En termes de prix comme de plaisir.

Et si le fond de la boutique accueille bulles, bières issues de micro-brasseries et spiritueux, un petit rayon d’épicerie fine vient compléter l’offre : la conserverie Clac d’Auvergne qui tra vaille avec des partenaires locaux, que ce soit pour les légumes, les herbes ou le fromage, et propose des tartinades pour l’apéro qui s’ac cordent à merveille avec les vins. Idem pour les bocaux de Jean de Luz, pêcherie artisanale près de Bayonne ou les biscuits salés anti gaspi d ’In Extremis réalisés à partir d ’invendus de pain et de son de blé…

Le goût

« Le contact avec le client c’est d’abord du plaisir. Parler de vin, de ce qu’ils vont manger le week-end… Cela me va ! Depuis l’ouverture, en juin, je vois beaucoup de femmes qui me complimentent sur la boutique. Avec Contre-pied, j’ai dédramatisé l’ap proche. Les hommes ont souvent tendance à faire les spécialistes, alors que les femmes sont beaucoup plus décomplexées, elles n’hésitent pas à demander conseil. Et à faire confiance. »

Contre-pied, caviste engagé 22, rue de la Nuée-Bleue contre-pied-caviste.com

112
»
Contre-pied. Un nom à sens multiple que Thomas Lhuillier, jeune caviste de 40 ans nous décortique « sans se prendre la tête », mais en sachant où il va.
Par JiBé Mathieu / Photos Alexis Delon — Preview La Table—Dossier

Les choix de Thomas

« Côtes-du-rhône nature réalisé par un jeune vigneron passionné et passionnant installé sur un joli terroir. » Un vin d ’apéritif léger et fruité d’une belle richesse.

« L’aligoté c’est comme le sylvaner, un cépage dénigré un temps qui produit pourtant des choses intéressantes. Julien a basculé le domaine qui n’a jamais connu la chimie en biodynamie.

Fruit, fraîcheur et profondeur

Vin rouge de la Drôme provençale par un chantre de la cosmoculture. « Un vin d’une belle énergie et d’une super complexité qui me fait penser à un morceau des Pink Floyd. » À boire avec une poêlée de champignons.

Le Chercheur de trésors

Direction musicale

Marko Letonja

Mise en scène

Christof Loy

Chœur de l’Opéra national du Rhin Orchestre philharmonique de Strasbourg

Strasbourg (Opéra)

(La Filature)

oct.-8 nov. 2022

nov. 2022

»
au rendez-vous. T’as poussé le bouchon trop loin Lori Haon ---> 10 € Cuvée Renais sance 2017, Philippe Viret ---> 16 € Aligo Rythm 2020, Julien Guillot ---> 30 €
Franz Schreker
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Mulhouse
27&29
Conception graphique Twice studio Illustration Laura Junger

Aux racines d’une coopérative

La Table Bien boire La Cave du Roi Dagobert, coopérative installée entre Traenheim et Scharrachbergheim, a fêté cet été son 70e anniversaire. Son directeur, Christophe Botté, évoque le passé et les perspectives d’une solide entreprise, produisant sept millions de bouteilles par an et forte de deux cent trente membres. Par Pierre Jean Singer / Photos Pascal Bastien

Au moment où se déroule cet entretien, les dernières remorques chargées de raisin sont réceptionnées. Comment se présente la récolte 2022 ?

Nous avons récolté 65 000 hectolitres d’une très belle qualité. Nous sommes sur des terroirs riches, qui souffrent peu de la sécheresse. Et entre mai et septembre, nous avons eu la séche resse, mais avec des pluies au bon moment. Résultat : une bonne qualité et de bons volumes.

La cave vient de célébrer son soixantedixième anniversaire. Elle a été fondée en mai 1951 par deux cents viticulteurs, sous le nom de « Cave coopérative vinicole de la région de Molsheim ». Les surfaces dédiées représentaient alors soixante-dix hectares (alors qu’aujourd’hui, les coopérateurs de la Cave du Roi Dagobert détiennent mille hectares de vigne). Revenons aux origines… Il faut se transporter dans l’après-guerre. Après le deuxième conflit mondial, le monde agricole doit se restructurer. Dans la vallée de la Mossig [cours d’eau qui passe tout près du siège de la cave, NDLR] et dans le Kochersberg, la place de la vigne est réduite. Une partie du vignoble a été endommagée, les locaux de production sont parfois détruits, il n’y a plus de débouchés. La profession se réorganise, les viticulteurs du sec teur mettent leurs récoltes en commun, achètent un pressoir, vont faire évoluer la viticulture. La mise en commun des ressources, c’est l’origine de notre coopérative et d’autres structures simi laires… Il reste aujourd’hui dix entreprises viti coles coopératives en Alsace.

Quelles valeurs porte votre coopérative ?

Des valeurs égalitaires et de proximité : la coo pérative compte deux cent trente membres, dont deux cents pluriactifs et trente professionnels. Mais chacun dispose d’une voix, au moment d’élire les dix-huit conseillers qui forment le conseil d’administration. C’est quelque chose de fort, au niveau de la gouvernance. Ensuite, la coo pérative restitue à 100 % les bénéfices aux viti culteurs, en fonction de leurs apports. La valeur ajoutée de la production reste ici. Cela irrigue le territoire, car les viticulteurs sont répartis sur une dizaine de communes du secteur.

Un livre* retraçant l’histoire de l’entreprise relève que c’est en 2007 que se met en place la filière de production de vins biologiques de la Cave du Roi Dagobert. Comment ces vins ont-ils trouvé leur place dans votre gamme ?

Nous disposons aujourd’hui de cent trente hec tares certifiés bio [sur mille hectares au total, NDLR]. La démarche vers la production de vins biologiques avait en fait débuté dans les années 1990, avec une analyse de l’empreinte environ nementale de notre production. En 2010, la cave a lancé sa première gamme bio. Aujourd’hui, cela représente 200 000 bouteilles en bio, sur un total de sept millions de bouteilles par an en moyenne. Cela évolue peu ; la consommation de vins bio est freinée par leur coût. Pour autant, vins bio et naturels sont intégrés à notre stratégie d’entreprise.

La production bio est regroupée sous l’ap pellation Jardin de Trebogad [nom formé à partir de la lecture en sens inverse de Dagobert, NDLR] et Trebogad seul pour les vins naturels. Produits de récoltes à la main, sans intrants et sans levures, les vins nature forment une microniche, soit 10 000 bouteilles par an. Nous allons leur ajouter un pétillant naturel – Pet’nat – de muscat, début 2023.

Quelles perspectives vous fixez-vous à court terme ?

Élever la qualité de nos pinots noirs, continuer d’installer les marques Dagobert et Trebogad, les faire mieux connaître encore de la clientèle locale…

* Guy Trendel, Cave du Roi Dagobert : chronique

aventure collective, I.D. l’Édition, 2012.

115
d’une

amateurs de grands crus aux palais les plus aventureux, la cave indépendante Au Millésime met tout le monde d’accord. En misant sur la variété de l’offre sans lésiner sur l’expertise du conseil, elle n’a eu de cesse d’élargir son cercle d’habitués, jusqu’à afficher une longévité record à Strasbourg.

Maison de confiance

Née avenue de la Marseillaise, la cave Au Millésime cultive le goût du vin depuis… 1975 ! Ce qui en fait le plus vieux caviste indépendant encore en activité à Strasbourg. « En ce tempslà, nous étions deux », rappelle non sans malice Emmanuel Maire, directeur de l’enseigne. « Aujourd’hui, nous sommes une soixantaine ! »

Voyage au verre C’est en 1996 que la cave du Millésime est rache tée par Michel Falck. Issu d’une grande famille de commerçants strasbourgeois, l’homme se

12e Salon du vin

5 novembre / 10 h à 20 h L’équipe du Millésime organise son 12e salon du vin au Bistrot du Maillon (BIM).

→ 1, bd de Dresde / Strasbourg → Entrée : 10 €

Une trentaine de vignerons seront invités. Rencontres, dégustations et tarif préférentiel sur place.

116La Table—Bien boire Des
Par

lance dans le vin par passion après des études à l’école hôtelière de Strasbourg-Illkirch et plusieurs séjours à l’étranger. En 1998, la boutique transhume vers son adresse actuelle rue du TempleNeuf, au cœur du Carré d’Or strasbourgeois. La clientèle de la pre mière heure est alors composée d’amateurs aux connaissances affirmées. En ce temps-là, Monsieur, il convenait de sonner avant de pénétrer dans le saint des saints ! Autre temps, autres mœurs : au fil des décennies, le goût du vin se démocratisant, le caviste suit le mouvement, laisse sa porte grande ouverte pour accueillir une clientèle plus large, avide de goûts nouveaux dont le palais s’affine avec le temps.

« Nous avons l’habitude de dire que nous sommes un caviste généraliste. » Le Millésime propose ainsi tous types de vins. À tous les prix. Mais aussi des whiskies de tous âges et de toutes provenances, pour ne citer qu’eux, puisque les spiritueux représentent un tiers du chiffre d’affaires de la vénérable maison. Seuls les vins du Nouveau Monde sont absents des rayons depuis 20 ans. « Pour des raisons écologiques, d’abord. Pourquoi faire venir des vins d’Amérique latine alors que nous en avons si près de chez nous ? » Et puis, à l’autre bout du monde, le lien avec le vigneron est impossible à cultiver. Or, la force du Millésime repose précisément dans ces échanges que les professionnels de la cave entretiennent avec ceux qui élaborent le vin. Une proximité qui participe à leur image de « maison de confiance », tant auprès des producteurs que de la clientèle.

Marchands de saveurs

En 2008, le caviste strasbourgeois ouvre en parallèle le Comptoir du Millésime, dans la zone commerciale nord de Vendenheim. Une extension avant tout dictée par un besoin d’espace. « Nous avons six caves voûtées sous le magasin strasbourgeois, mais d’un point de vue logistique, cela devenait compliqué. » Car l’autre atout du Millésime, c’est bien sûr son stock. « Afin d’être en mesure de vous servir soixante bouteilles de champagne pour le soir même ! » Pas donné à tout le monde.

Si la clientèle diffère d’une adresse à l’autre, l’offre de jus est sensiblement la même. « Une fois la gamme en place, nous la faisons progresser par petites touches… » Au gré des rencontres et des affi nités. « Plus de 50 % de nos vins sont désormais en bio ou en biodyna mie. Et nous faisons régulièrement entrer de nouvelles choses. » Ainsi des bières issues de micro-brasseries ou, à Strasbourg, un rayon d’épicerie fine. « Nous sommes sans doute l’un des plus gros vendeurs de caviar Petrossian de la place ! »

Nombre d’acheteurs en quête d’accords mets et vins viennent avec le libellé du menu pour se faire conseiller. Ils sont assurés de trouver à qui parler. La cave du Millésime dispose en effet d’une équipe composée exclusivement de sommeliers. « À part un, mais il a une mémoire telle qu’il est en mesure de se souvenir du vin qu’il a gouté un dimanche, au déjeuner, il y a 20 ans », assure le directeur, ajoutant : « Nous avons su instaurer un climat de confiance avec nos clients. L’équipe entretient une relation qui va au-delà du simple ser vice. » Et qui passe avant tout par le plaisir du travail bien fait.

Au Millésime

7, rue du Temple-Neuf aumillesime.com

choix ! Du bon ! Des conseils ! goût ! On veut : du local ! Du! Du choix ! Du bon ! Des conseils ! Du goût ! On veut : du localDu bio ! Du choix ! Du bon ! conseils ! Du goût ! On veut :local ! Du bio ! Du choix ! Du ! Des conseils ! Du goût ! On veut: du local ! Du bio ! Du choix Du bon ! Des conseils ! Du goûtOn veut : du local ! Du bio ! Du choix ! Du bon ! Des conseils ! goût ! On veut : du local ! Du! Du choix ! Du bon ! Des conseils ! Du goût ! On veut : du localDu bio ! Du choix ! Du bon ! conseils ! Du goût !
WWW.CAVE-DAGOBERT.COM L’ abus d ’ a L coo L est dangereux pour L a santé c onsommez avec modération 67310 TRAENHEIM

La Table—Bien manger Come a Roma, cela signifie « Comme à Rome ». Appliqué à l’alimentation italienne, sur le pouce et hors de la casa, cela peut vouloir dire manger de la pizza a taglio, autrement dit, à la part. Et pas n’importe lesquelles. Le chef Federico Bartoloni, alias Kiko, a en la matière des exigences de qualité.

Fais comme les Romains

Come a Roma 1, rue Stimmer

Avant Come a Roma II, il y eut Come a Roma I. Un établissement qui marqua les papilles d’une clientèle diverse et fidèle, entre 2006 et 2018. Un peu plus petit, un peu plus rustique, le premier Come a Roma se nichait dans l’ellipse insulaire de Strasbourg. La seconde version du restaurant s’en est éloignée, migrant au 1, rue Stimmer, près du boulevard de la Marne. Le patron a jeté son dévolu sur un lieu spacieux, aux grandes baies vitrées, qui permet de dresser une quarantaine de couverts à l’intérieur et autant en terrasse. « Je voulais enrichir le quartier où j’habite, ouvrir un bar-brasserie (à l’italienne), dans un coin où il

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Par Pierre Jean Singer / Photos Alexis Delon — Preview
comearoma.com

est facile de se garer », explique Federico. Il y attire une clien tèle de proximité, qui peut y déguster des pizzas à la coupe et bientôt d’autres plats italiens, sept jours sur sept. « À Rome, la pizza a taglio se mange toute la journée, du petit déjeuner à la soirée », raconte Federico.

Petit-déjeuner à l’italienne

À Strasbourg, les clients matinaux de Come a Roma peuvent même siroter un espresso corsé accompagné d’un cornetto ou, pourquoi pas, une excellente part de tarte-pizza à la prune et à la pistache.

En fin de matinée, la vitrine devant laquelle les clients choi sissent leurs parts se garnit d’une dizaine de sortes de pizzas. Toutes les pâtes sont à base de farine bio complète et quand elles sont « rouges », la pulpe de tomates utilisée est aussi bio. Généreusement garnies, carnées ou végétariennes, les parts de pizzas sont belles à voir et colorées. La « Margherita gial la », ornée de tomates cerise jaunes et de basilic, vous fait de l’œil ; la crème de potiron/gorgonzola resplendit. « La pizza, c’est comme une toile de peintre », confie Kiko. De l’har monie des ingrédients naît l’harmonie des couleurs.

Déjà dégustée au temps du premier Come a Roma, la pizza chocolatée reste fidèle au poste, dans une version plus digeste. En dehors de la pizza a taglio, le chef Kiko propose une salade à l’espadon fumé. Il confectionne aussi dans la cuisine ou verte des arancini à la romaine [des boules de riz frit fourrées au fromage, à la viande ou au poisson, NDLR]. Dans les prochains mois, le patron envisage d’introduire des plats de pâtes, un par jour de la semaine.

Pavés, pochoirs et Vespa Plus vaste et plus cosy, la nouvelle version de Come a Roma re prend quelques-uns des traits de la déco de son ancienne ver sion. Rue Stimmer, on trouve des pavés au sol et, sur les murs, une teinte terre de Sienne et des dessins au pochoir. Un décor italien, sans chichi et sans clichés. Au fond du restaurant, une authentique Vespa Lambretta, posée sur sa béquille, attend un hypothétique voyage.

On sent la patte et le regard du patron, passé dans les années quatre-vingt-dix par les Arts Décoratifs de Strasbourg, la future HEAR, en option communication visuelle.

Le parcours de Federico, alias Kiko, mérite largement d’être raconté. Franco-italien, bilingue, il a grandi à Rome, débar quant en France en 1992, passant par Paris, puis Strasbourg, avant de repartir à Rome en 1996, nostalgique de la pizza a ta glio. Il passe de l’autre côté du comptoir en apprenant là-bas l’art de confectionner de belles et bonnes pizzas. Cela commence par la pâte : « Au début des années quatre-vingt-dix, de nouvelles techniques de fabrication sont apparues, destinées à rendre la pâte à pizza plus digeste. Le monde de la pizza a commencé à changer » Après une formation de quatre mois, il travaille pour plusieurs pizzerias italiennes avant de revenir en Alsace et d’ouvrir une agence de communication, puis Come a Roma I. Entre 2018, année de la fermeture et 2022, année de la résurrection, passe la période Covid, peu propice au commerce de bouche. Mais adaptée, en revanche, aux travaux d’aménagement et de déco ration, tels que ceux qui ont précédé l’avènement, rue Stimmer, du nouveau Come a Roma.

Au Fil de l’Eau

l’Esprit du Vin libre et joyeux

26, quai des Bateliers I Strasbourg

88 35 12 09

LE GAVEUR DU KOCHERSBERG

FERME NONNENMACHER

Produits du Terroir & Foie Gras d’Alsace

Producteur de foie gras de canard, éleveur passionné

Vente à la ferme

Du lundi au samedi

dimanches avant Noël

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www.aufilduvinlibre-strasbourg.com
de 8h30 à 12h et de 13h à 19h sauf lundi 18h30 et samedi 17h Les 3
10h à 12h et 14h à 18h 14 route de Hochfelden | 67370 Woellenheim +33 (0)3 88 69 90 77 | gaveur-kochersberg.fr

La Table—Bien manger L’épicerie fine et traiteur Fratelli Marmi, la réjouissante enclave italienne neudorfoise, ouvre cet automne son Marmi Atelier, un nouveau lieu dédié à des évènements liés à la gastronomie et l’œnologie transalpine.

préfère vous prévenir, ça va débotter.

Le sens des italianités

À celles et ceux qui râleraient, à leur première venue, qu’ils sont installés trop loin du centre-ville, Maurizio et son ami Massimiliano rétorquent : « Pour vivre heureux, vivons Marmi ! » Puis à la seconde visite, ça parle produits, passion, terroir et ça se termine en rendez-vous quotidien au Neudorf. Le Marmi Atelier n’y déroge pas. Niché dans un grand appartement non loin de l’épicerie, Maurizio explique avec son franc-parler qu’il l’a voulu volontairement caché, tout en confidentia lité : « On n’est pas un magasin de tourisme, il faut donner du sens à ce qu’on mange. Je veux faire de Marmi une référence nationale et promouvoir ma région, la Basilicate. Chez nous, 80 % des produits sont sans intermédiaires, sauf le vin.  » Souvent d’ailleurs, les clients ont des idées préconçues sur le vin italien, ce qu’il trouve limite insultant : « L’Italie est tout de même la patrie de la Slow Food ! Et certaines de mes bouteilles, comme le Bolgheri Sassicaia, sont des vins exceptionnels qui vont jusqu’à 500 €. C’est un budget conséquent, mais cela fait partie de l’éducation que je cherche à prodiguer, en proposant des cépages autochtones de différents terroirs. Pour l’épicerie, c’est pareil. Ici, pas de sauce tomate industrielle mais des produits fa çonnés dans les règles de l’art, avec des ingré dients bruts : « Ce litre de passata a nécéssité trois kilos de tomates et ce jambon cuit, sans conserva teurs, requiert quatre ans d’élevage et cinq ans de maturatio n. Alors, oui, parfois il y a de l’attente, mais je l’assume ».

Promouvoir son terroir

L’authentique made in Italy, les petits produc teurs, c’est la mission de Maurizio, parce que la gastronomie permet de faire passer beaucoup

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On
Par Myriam Commot-Delon/ Photos Alexis Delon — Preview

de messages. Comme le fait la très médiatique Alessandra Pierini, qui promeut la culture food italienne et l’a reperé. « Avec le Marmi Atelier nous voulons optimiser tout ce travail de recherche réalisé avec l’épicerie en présentant des artisans reconnus sur la scène gastronomique italienne. Les ateliers débuteront en octobre, il y aura des cours de cui sine, des masterclass et des conférences avec des producteurs – des thématiques sur la cucina pove ra , par exemple – des clubs d’œnologie sur les vins, des accords vin/fromages ou vin/charcuterie, des diners privés… » L’ambition est là, le temps passé à tout organiser est certainement chronophage, mais quand on est habité par une passion… Alors quand Maurizio glisse, mine de rien, qu’il a géré en 2019 sa crise de la trentaine en créant avec un ami le Plato Comedy Club, une scène de stand-up strasbourgeoise, vous comprenez illico qu’on ne s’arrête jamais chez les Fratelli et que l’humour fait aussi partie de l’ADN Marmi.

Fratelli Marmi 29, rue Saint-Aloise 03 88 55 03 72

@fratellimarmi

Deux collabs ?

---> Une bière | Bendorf x Bibine & Pinard x Fratelli Marmi Née pendant le confinement, pour se rappeler cette période difficile pour leurs entreprises respectives, leur Keller Bier est disponible en édition limitée et uniquement au Neudorf chez les trois compères ! brasserie-bendorf.fr bibineetpinard.com

---> Une huile d’olive | Antico Frantoio Di Perna x Fratelli Marmi Estampillées Marmi (la fierté), ces huiles de montagne joliment enflaconnées en Basilicata sont uniquement vendues en France, chez eux et… à la Grande Épicerie de Paris. frantoiodiperna.it

Quelques suggestions

Pour un cadeau full produtti ? Leurs paniers (très bien) garnis d’une sélection de provisions aux petits oignons, suivant les dési dératas et le budget de victimes consentantes. Leur laisser la main, c’est bien aussi : faire découvrir, c’est leur grande passion !

Pour l’aperitivo  ?

L’incontournable plateau de fromages et de charcuterie, uniquement sur mesure et sur commande. Parce que trancher sans fin, ce n’est pas le but de leur vie, ils préfèrent promouvoir leurs produits bien castés et échanger avec leur clientèle plutôt que de faire des plateaux minute à la chaine. À escorter d’une focaccia de compète et d’une quille d’Italie sans chimie.

Pour taquiner des pâtes ?

Si vous goutez à leurs pâtes Miskiglio, c’est la pasta addiction assurée. Avec ? Juste un filet d’huile d’olive, du parmesan, et basta !

Pour une estocade finale ?

Leurs plats traiteur, cuisinés sur place à partir de produits frais et bruts. Arancini, cannelloni, lasagnes… se dévoilent chaque semaine via leurs réseaux sociaux, et sont garantis 100 % capitulation.

L’autre passion de Maurizio ?

Le PCC, le Plato Comedy Club, sa scène de stand-up créée avec son ami Zohar, qui accueille une fois par mois de jeunes humoristes, avec en prime, un guest de notoriété pour clôturer la soirée. Leur programmation c’est ici : leplatocomedyclub.com et ça se passe au Fat Bar, 3, rue Klein à la Krutenau.

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La Table—Actu aux alentours C’est tout chaud, ça vient d’ouvrir à Haguenau.

Le Coq en pâte est sorti du four ! Tel un retour aux sources pour le chef Jaimes

Madeira qui a commencé, dès ses dix-huit ans, par mettre le feu derrière la sono d’une boite de nuit réputée. Beaucoup de chemin parcouru avant de passer en coulisses, derrière les pianos.

Le Coq en pâte

Le Coq en pâte 29, place du Marchéaux-Bestiaux à Haguenau 09 51 21 99 89 restaurant-le-coqen-pate.com

C’est un remplacement de cuisinier au pied levé lors d’un mariage où il était venu pour assurer l’ambiance qui lui ouvre les portes… des cui sines. Celles du Conseil de l’Europe d’abord, dans lesquelles il passe sept ans à se former et à servir de la cuisine gastronomico- diplomatique avant d’enchainer sur sept autres années au ser vice qualité du groupe Accor. « Le week-end, je continuais à faire de l’événementiel avec les copains, puis du traiteur », raconte Jaimes Madeira. Une affaire qu’il développe ensuite en créant Dujardin Traiteur, comme une évidence. « Lorsque j’étais invité, les autres ramenaient des fleurs, moi c’était des légumes ! » Par ce biais, ce chef dans l’âme a servi de nombreux grands de ce monde, de Jacques Chirac à la reine d’Angleterre en passant par le pape orthodoxe, avant que ne lui vienne l’envie d’ouvrir son pre mier restaurant. Ce sera Le 15, à Ostwald. Nou velle poêle à sa rutilante batterie, le tout jeune Coq en pâte, à Haguenau, a pour ambition d’in carner dans l’assiette toute la philosophie du chef, disciple d’Auguste Escoffier et désormais membre de la prestigieuse Académie culinaire de France.

Nectar au verre

À l’extérieur, la maison est authentiquement al sacienne. En dedans, le cadre est contemporain et intimiste. Trente-huit couverts pour mettre en valeur les compétences d’une équipe resser rée. Car fidèle aux principes de transmission d’Auguste Escoffier, Jaimes Madeira a à cœur de toujours former ses équipes, de l’apprenti au plus capé, pour en faire de véritables profession nels, de la cuisine jusqu’au service en passant par la sommellerie. Non content de proposer de très belles bouteilles à la carte de son restau rant, Jaimes Madeira se fait aussi fort de servir au verre ses sauternes, monbazillac, chablis, viognier, pouilly, sancerre, saint-Joseph, pome rol ou chassagne-montrachet. « À l’intérieur de chaque appellation, il faut trouver les bons ! », prévient cet amateur de jus qui sait compter sur l’amitié de sommeliers de renom pour lui ouvrir quelques portes. En plus, « Le Coq en pâte pos sède une très belle cave voutée. » À bon enten deur…

Plats à partager

La carte déploie quant à elle une cuisine bistro nomique décomplexée à base de produits frais. Jaimes Madeira ne fait « ni pizza, ni choucroute, ni hamburger… À chacun son rayon ! » Ses re cettes, le chef les décline en quatre volets avec une formule du midi configurable sur mesure et une carte composée de cinq entrées, plats et desserts. On y trouve par exemple un foie gras cuit au torchon, fait maison à l’ancienne, une vo laille fondante et juteuse inspirée d’une recette de Paul Bocuse, un demi-magret de canard rosé, une pièce de bœuf en cuisson douce, mais aussi du poisson (dos de cabillaud ou saumon) et même un plat végétarien (pastillas de légumes) accom pagnés, selon les jours, d’un écrasé de pomme de terre à la truffe ou d’un wok de légumes par fumés. Bref, de quoi saliver à satiété. La surprise du chef réside dans ses « plats à partager » qui résument si bien la philosophie épicurienne et généreuse de la maison : côte de bœuf d’un kilo minimum pour deux, ribs de cochons à la texane ou ribs de bœuf toujours accompagnés de salade à volonté et de frites à la belges. « Les gens qui viennent chez moi viennent pour se faire plaisir, affirme-t-il. Ils viennent pour passer un bon mo ment, pas juste pour manger. » Qu’on se le dise, en plus de la cuisine servie du mardi au samedi, midi et soir, Le Coq en pâte propose également ses services traiteurs. De quoi prolonger le plaisir de la table sans même quitter la maison.

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Le Parc

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LES

ESCAPADES

Raccourcis ou chemins de traverse, l’art de la fugue Série : Les glanées automnales, photo Alexis Delon / Studio Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon

NOUVELLE

VAGUE Les escapades Meisenthal
Photos Christoph de Barry Photo : @ CloudyProd → 1 h en voiture depuis Strasbourg

Nous pourrions parler de second nouveau souffle : le site de l’ancienne Verrerie de Meisenthal (1704-1969), réactivée en 1992 par le Centre International d’Art Verrier (CIAV), est aujourd’hui métamorphosé. Visite guidée d’un bijou patrimonial du Bitcherland qui sait valoriser son passé tout en fixant l’horizon et imaginant les possibles offerts par les créateurs contemporains.

Découvrir la nouvelle configuration du Site Ver rier de Meisenthal, situé au plus profond du Parc naturel régional des Vosges du Nord, débute par la vision d’une sinueuse vague vraiment bé ton qui marque le lien entre l’histoire ouvrière du territoire et l’inventivité d’aujourd’hui. La gracieuse enveloppe créée l’union, la fusion du récent espace boutique-accueil-billetterie, du Musée du Verre revisité, du CIAV augmenté et de la Halle verrière rééquipée. Un nouvel envol, après un chantier de quatre ans, qui n’aurait pas été possible sans l’investissement et l’engage ment de la Communauté de Communes du Pays de Bitche et de la créativité dont fait preuve le CIAV. Yann Grienenberger, son directeur, in siste sur l’étendue des types de réalisations, qui ne laisse pas de place au ronronnement dans les ateliers de Meisenthal où les souffleurs sont amenés quotidiennement à changer de mode de travail, à se réinventer et réaliser les projets les plus fous. « Comme des musiciens, ils doivent bien connaître leurs instruments et les gammes avant d’improviser, expérimenter, changer de partition », par exemple lorsqu’ils accompagnent des artistes pour la création des inventives et attendues boules de Noël aux formes les plus insensées.

La tour de Pise

Au centre du site, dans la cour intérieure, nous sommes amusés par la « tour de Pise locale » une cheminée penchée, mais renforcée, n’ayant visiblement pas apprécié tout le remueménage de ces dernières années –, puis séduits par le Jardin pour la Liberté faisant des clins d’œil végétaux à Émile Gallé et Antoine Maas, visionnaire ayant racheté la verrerie en 1936. Valérie Wagner, médiatrice, guide notre regard vers les « faux jumeaux », deux bâtisses récentes reprenant l’aspect de l’ancien portique dans le plus grand respect pour le bâti d’avant. Un des édifices siamois abrite la cantine et des bureaux administratifs tandis que l’autre est une exten sion de l’atelier des verriers. Passage obligé sous la vague, par « le poste d’aiguillage », comme l’ap pelle Anne Marchand, directrice de la billetterie du site faisant également office de boutique bien plus vaste que celle d’avant travaux.

Souffler le chaud et le froid

Caroline Duchamp, récente directrice du Musée du Verre, est heureuse du rapprochement entre la structure dont elle se charge et le CIAV, sa chant que depuis 2019, la collection constituée par l’association de passionnés qui la gérait a été transférée à la collectivité. Au troisième niveau du musée est reconstitué un atelier avec ses outils « identiques à ceux utilisés aujourd’hui ». Nous découvrons le travail à chaud – soufflage, façonnage… – et à froid – taille, gravure à la roue, satinage, argenture, émaillage… – avant de poursuivre la visite de cette structure totalement rénovée. Durant le parcours, Caro line Duchamp explique : « Le verre est une ma tière fascinante, voire magique, nécessitant une maîtrise technique exigeante, et pourtant mal léable. » Nous voici au second niveau, consacré aux ustensiles de production industrielle (bou teilles, coquetiers…) ou pièces précieuses issues des nombreuses verreries régionales : Lemberg, Saint-Louis, Lalique (qui a récemment fêté ses 100 ans), Baccarat… La dernière salle expose des merveilles fabriquées à Meisenthal et conçues par des artistes d’hier et d’aujourd’hui : du mou vement Studio Glass des nineties à l’alphabet miniature en langage des signes de Michel Pay sant (Handsigns). Après l’observation d’un bol « bullé » de Daum de 1925, nous contemplons un des joyaux historiques de la collection : le Vase à la carpe d’Émile Gallé qui œuvra ici de 1867 à 1894. La directrice du Musée décrit cette œuvre exceptionnelle de 1878, du maître de l’Art nou veau, où le « mouvement de l’eau est donné par la technique des côtes vénitiennes qui consiste à lacé rer les bords de l’objet avant soufflage. Il s’agit d’un beau témoignage de la phase “recherche et expéri mentation” de Gallé, avant ses envies de grande production et l’École de Nancy. »

Un cordon ombilical

Il faut traverser 20 mètres sur une gracieuse passerelle, que Yann considère comme « un cor don ombilical », pour passer du Musée au CIAV.

Au niveau de l’ancienne boutique (aujourd’hui située au creux de la vague), une salle d’ex position permanente dévoile tout ce qu’il est

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Les escapades

La nouvelle spacieuse boutique du CIAV

possible de réaliser, g râce à de multiples varia tions techniques, avec un seul moule. La Mou lothèque (fermée au public) en conserve environ 2 000, en bois ou en métal ! Les artistes hôtes du CIAV sont régulièrement conviés à y puiser leur inspiration. Suite du parcours dans la Galerie qui présente Sillages (jusqu’au 23 octobre), ensemble de créations récentes de Nicolas Verschaeve à partir d’un moule qu’il a créé en compagnie des artisans verriers. Le clou du spectacle ? Ras surez-vous, il demeure identique depuis 1997. La chaleur monte, les fours tournent à plein ré gime et la matière entre en fusion : nous voici sur la mezzanine de démonstration. Il suffit de baisser les yeux pour observer les verriers souf fler et façonner des objets en commentant avec plaisir leurs faits et gestes précis. Curieux, nous osons nous aventurer en bas, là où ça chauffe ! Nathalie Nierengarten, directrice artistique du CIAV depuis 2020, nous présente les élèves de l’université HBKsaar de Sarrebruck, présents le jour de notre visite. Ils vivent une immersion au CIAV et s’apprêtent à présenter le fruit de leurs questionnements sur le thème Sweet Dreams  : une ingénieuse coupe de glace ou un sextoy à la semblance d’une chenille. Nathalie pousse les

Meisenthal

jeunes créateurs dans leurs retranchements, leur implorant d’« essayer d’aller au-delà des limites. »

Une cathédrale industrielle Après avoir traversé les « faux jumeaux », la vi site se termine dans l’immense Halle verrière. Cette usine de 1813 à la charpente métallique, véritable « cathédrale industrielle », comme on la nomme avec révérence, accueille expositions (des œuvres monumentales des stars de l’art contemporain, Georges Rousse, Daniel Buren, Jan Fabre ou Stephan Balkenhol qui a son atelier à Meisenthal), événements circassiens, festivals ou concerts ayant lieu dans la Boîte noire (et son gradin rétractable) récemment installée ou dans la Halle elle-même pour des shows de plus grande envergure, grâce à sa capacité de 3 000 personnes. L’équipe du Cadhame qui gère le lieu de 2 400 m 2 se réjouit bien sûr elle aussi de la vaste opération architecturale sur le site, aven ture humaine hors du commun : « Nous avançons tous dans le même sens !

»

Ouverture du Site Verrier

1er mai → 23 oct. (mardi au dimanche 13 h 30 à 18 h)

Réouverture pour la saison hivernale 17 nov. → 30 déc. puis à partir du 1er avril 2023 site-verrier-meisenthal.fr

Les ateliers du CIAV : attention, ça chauffe → La Halle verrière : expos et concerts ↓

En

à Meisenthal

Rêver

Il y a plus d’une vingtaine d’années, une troupe théâtrale a créé un espace utopique où des artistes pratiquent de nombreuses disciplines – arts plastiques ou vivants – dans une friche réhabilitée, l’ancienne orfèvrerie Manulor, rachetée par le célèbre sculpteur Stephan Balkenhol. ARToPie est un centre de création artistique qui propose spectacles et concerts dans la « salle multifonctionnelle », ateliers de théâtre, stages de clown, expositions collectives, résidences d’artistes ou salons, comme Bazartopie, défendant l’économie créative et solidaire de créateurs indépendants.

Bazartopie, marché de Noël artistique et alternatif, 3 → 18 dé cembre artopie-meisenthal.org

S’émerveiller

Comme un aimant, Meisenthal attire bien des artistes : Balkenhol, bien sûr, mais aussi Damien Deroubaix qui s’y était installé durant quelques années (après une résidence au CIAV) et de nombreux autres plasticiens fourmillant dans leurs ateliers. Un petit air berlinois plane sur Meisenthal… Depuis peu, une joyeuse bande de créatrices et créateurs a pris ses quartiers en « son petit coin de paradis », le Chalet de Saupferch retapé par les membres du collectif Bitchissime : jardin en permaculture et terrasse avec vue sur la vallée, pièces à vivre, ateliers partagés… Des portes ouvertes et événements culturels sont organis és dans cette charmante habitation éco-citoyenne et solidaire, permettant de découvrir les peintures et dessins de Thomas Rebischung, les céramiques de Mélodie Meslet-Tourneux, les photos de Manya ou l’incroyable travail verrier de Simon Perot… « À ma sortie du Bastion, impossible de trouver un atelier à Strasbourg ! Nous avons eu l’opportunité de monter ce projet, dans un cadre naturel où il y a une belle dynamique », témoigne Mélodie Meslet, les mains dans la terre. Cerise sur le gâteau vosgien, les habitants semblent ravis de la présence du collectif dans le village : « Beaucoup nous témoignent leur sympathie en disant “Nous sommes venus nous rencontrer en voisins et repartons en amis.”

Se loger / se sustenter

Séjourner à Meisenthal ? L’Auberge des Mésanges est le lieu idéal pour poser ses valises et se délasser dans la quiétude de la nuit mosellane après avoir dégusté une tarte flambée ou des légumes de saison « façon baeckeoffe » en son restaurant. Pour une ambiance plus royale, rendez-vous au Château Hochberg, merveilleuse maison de maître décorée de manière cristalline par Lalique Interior Design Studio, faisant face au Musée de Wingen-surModer. À quelques pas seulement du Site Verrier, pour un plat du jour entre collègues ou un dîner entre amis, une assiette de grumberknepfles aux lardons ou une blanquette de veau à l’ancienne, Le Meisenthal est le resto qu’il vous faut. Climat sympathique et cuisine authentique, une bonne adresse testée et approuvée par notre équipe. aubergedesmesanges.fr

chateauhochberg.com

Le Meisenthal (03 72 29 06 98)

Visiter, sabots aux pieds

Le cadre idyllique du Parc naturel régional des Vosges du Nord est une invitation à la balade et de nombreux sentiers forestiers permettent d’aller randonner sur les pas des verriers et des sabotiers. Une visite du Musée du Sabotier à Soucht permet de se familiariser avec l’artisanat local de la fabrication de souliers de bois. Cet art d’antan se découvre grâce à un espace ludique avec la reconstitution d’un atelier manuel, un équipement mécanique et une collection de modèles venant du monde entier. museedusabotier.fr

Aller verre la voie lactée

Les Étoiles terrestres ? Une invitation à cheminer au cœur du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Un riche parcours à la découverte de l’épopée verrière de la région, l’incroyable patrimoine industriel et artistique propre à cette réserve mondiale de la biosphère, classée par l’Unesco. Les Étoiles terrestres, c’est une constellation de trois sites dédiés aux métiers du verre et du cristal : le Site Verrier de Meisenthal, le Musée Lalique de Wingen-sur-Moder (plus de 650 œuvres retraçant la carrière de René Lalique et ses successeurs) et le Musée du Cristal de SaintLouis (2 000 pièces anciennes !). Un bond de cinq siècles dans le temps et deux actualités : Petites Histoires des Vosges du Nord (série de rencontres avec sept conteurs et conteuses, en différents lieux, jusqu’au 23 octobre) et l’exposition 100 ans de Lalique en Alsace au Musée Lalique jusqu’au 6 novembre.

etoiles-terrestres.fr

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Les escapades Meisenthal
» 24, rue de Bitche à Meisenthal
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POWER TO THE PEOPLE

Usine de production de tabac puis de cigares aux xixe et xxe siècles, la Manufacture renaît de ses cendres. Avec majesté. Premier lieu à forte circulation ouvert sur ce site, The People Hostel propose 264 lits, un restaurant, un bar et des animations régulières sur une surface totale de 2 900 m

Les possibilités de circuler sont encore très limi tées au sein de la Manufacture des tabacs, entre les différentes parties d’un futur ensemble de plus de 20 000 m 2 . Les chantiers des futurs pôles dédiés à l’enseignement supérieur redoublent d’activité : d’un côté, une extension de la HEAR, de l’autre, le regroupement de deux écoles d’in génieurs. Théoriquement, les premiers à inté grer les lieux seront les élèves ingénieurs, en mars prochain.

Une future clientèle de choix pour The People

Hostel, veilleur et sentinelle de la nouvelle Ma nufacture des tabacs. Un lieu extrêmement bien placé, qui ne désemplit pas depuis l’été dernier. Un établissement dont l’opérateur privé s’ap pelle Grape Hospitality, qui détient des « people hostels » dans une demi-douzaine d’autres villes françaises.

Point de chute pour les étudiants

Une petite partie des étudiants strasbourgeois en recherche d’hébergement a trouvé en sep tembre un point de chute temporaire dans les dortoirs ou les grandes chambres de The People.

En cette après-midi de fin septembre, certains étudient aux tables du bar-restaurant. « Durant le reste de l’année, la clientèle étudiante est présente en nombre au bar et pour nos événements, puisque nous sommes situés à proximité des universités. Mais dans la structure de notre clientèle hôtelière,

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Les escapades Strasbourg
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Par Pierre Jean Singer / Photos DR → 15 min à pied depuis la gare de Strasbourg

il y a aussi des groupes en voyages touristiques, en voyages scolaires, des backpackers (voyageurs à sacs à dos) ou des familles », détaille Jennifer Bonfadini, la « general manager » du lieu.

On accède pour l’instant à l’hôtel par la rue de la Krutenau, en passant par la cour de la Ma nufacture sans aller plus loin que la terrasse de l’établissement. Des panneaux rappelant l’his toire du lieu délimitent le territoire des clients. Au-delà des barrières se poursuivent les multi ples chantiers de transformation du site.

Un bâtiment historique réinvesti Depuis la terrasse, on entre dans un vaste bar doublé d’un restaurant comptant cent cinquante places assises. L’ensemble se situe sous un pla fond très haut, étayé de colonnes repeintes en bleu et orange. Les murs de ce secteur de l’éta blissement s’ornent de fresques néo-constructi vistes bleues, orange et noires.

À la carte, on trouve des snacks, des plats du jour faits maison ainsi que des ardoises de charcuteries et de fromages locaux. Des plats à arroser de huit bières pression, de brasseurs ré gionaux surtout. Une grande salle privatisable attenante au bar-restaurant sert de cadre à des fêtes et des événements divers, sans compter les ateliers de yoga, de pratique artistique, les concerts et DJ sets que l’établissement accueille régulièrement.

La Manufacture des tabacs est classée depuis 2016 à l’inventaire des monuments historiques. L’aménagement de The People a donc respecté certaines règles, dont le fait de préserver et de souligner certains éléments architecturaux in térieurs de l’ancienne friche, des colonnes aux fenêtres. Le résultat ? Un design industriel et coloré qui se réapproprie le bâtiment d’origine, pour une ambiance moderne et cosmopolite.

The People Hostel

7, rue de la Krutenau

Facebook : The People Hostel Strasbourg

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du
au 29 octobre pour les 2-12 ans Place du Château Place Gutenberg Place Saint-Thomas parcours aventure mur d'escalade tyroliennes

BALUCHON

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Nos essentiels de la saison pour se faire la belle. 01 02 04 06 07 08 05 03 Par Myriam Commot-Delon Les escapades Shopping

01 Dot-Drops va vous faire voyager et ça va durer.

Cette marque de bagagerie positive, éco-conçue à Molsheim, est réparable à l’infini, garantie 20 ans (recyclage inclus) et disponible en 4 formats, 6 couleurs pour la valise et 5 pour les pochettes internes. À partir de 239 €. dotdrops.fr

02 Vous connaissez la communauté des Blunnies ?

Pour en faire partie, il faut chausser ces bottines unisexes et tout terrain de la marque australienne Blundstone. Essayez, vous comprendrez. Modèle 562, 185 € Au Vieux Campeur. auvieuxcampeur.fr

03 Qui n’a pas encore La Musette de chez Manivelle ?

Mi-banane, mi-sacoche de guidon, elle est disponible en 12 couleurs et fabriquée en matériaux de récupération dans un atelier de réinsertion strasbourgeois, 99 €. cyclesmanivelle.com

04 On y va ?

Livre Guebwiller, une histoire, photos de Dorian Rollin, préfacé par l’historien alsacien Georges Bischoff, Médiapop Éditions, 25 €. mediapop-editions.fr

05 Pour bivouaquer design

L’iconique fauteuil Penta des designers Jean-Paul Barray et Kim Moltzer, enfin réédité. Le brief initial ? Faire rentrer dans le coffre d’une 2 CV quatre fauteuils et une table (fabriqués à l’origine par l’entreprise Caddie). Penta 1970, 630 €. Galerie Fou du Roi, 4, rue du Faisan. fouduroi.eu - penta1970.fr

06 Quitter la ville pour la campagne et réussir sa « countryfication » ?

Pour comprendre ce phénomène et sauter le pas, on s’inspire de l’ouvrage collectif Campagne. Pour un nouvel art de vivre, par Estelle Marandon, Charlotte Huguet et Gesa Hansen aux Éditions Flammarion, 24,90 €. Librairie Kleber, 1, rue des Francs-Bourgeois. librairie-kleber.com

07 Idéale pour les liquides en tout genre

Gourde de voyage isotherme Bioloco Loop, Chic.Mic, diffé rents modèles à partir de 29,50 €. Le Bazar de Suzanne et Émile, 115, route du Polygone. @le_bazar_de_suzanne_et_emile - @chic.mic

08 Dans vos oreilles

Nouveau, l’album de Nicolas Comment & Eric Elvis Simonet en hommage au poète Germain Nouveau – précurseur du surréalisme – qui « prit la route avant l’heure, en quête de la fameuse “liberté libre” chère à son ami Arthur Rimbaud avec lequel il rédigea en 1874 les mythiques Illuminations ». Coffret composé d’un vinyle, d’une carte de téléchargement et d’un livret de photographies de Nicolas Comment accompagnées d’un texte de Yannick Haenel. Médiapop Records, 37 €. mediapop-records.fr

SALUT, TOI

Aussi à l’aise en ville que sur les chemins de traverse pour s’échapper un peu du centre-ville, la version revisitée du Lundi 27, le tout premier vélo électrique dessiné par Moustache, nous donne des ailes avec ses couleurs pimpantes : bleu céladon, jaune qui claque ou ce rouille qui va si bien avec la saison. Ses atouts ? Un cadre ouvert pour l’enjamber facilement, des pneus anti-crevaison et assez larges pour ne pas se coincer dans les rails du tram, une autonomie jusqu’à 114 km, un guidon haut pour bien voir le paysage, des fixations pratiques pour y adjoindre une sacoche, un panier, un porte-bébé et un antivol intégré pour les stops emplettes.

À partir de 2999 € / moustachebikes.com

Revendeurs à Strasbourg : strasbourg-etoile.cyclable.com espritcycles.com cityzen-bike.com

BISOU LA PLUIE

Avec leurs motifs réjouissants et leur fabrication responsable en PET (du polyester 100 % recyclé), les ponchos de pluie Rainkiss se plient en quatre pour nous emballer avec panache les jours mouillés. Leurs supers pouvoirs ? Une taille unique, des modèles unisexes et des imprimés qui dépotent.

79 € / rainkiss.com

Chez Curieuse / 4, quai des Bateliers @curieux_store

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Pour nous initier à la beauté très nature du Pays Rhénan , nous sommes partis en balade à Drusenheim avec Stéphane Brucker, passionné de randonnées. Ce circuit du Cygne, commenté par un amoureux des lieux, passe des bords du Rhin à la forêt rhénane et invite aux rencontres avec les « habitants » du coin.

LA JUNGLE RHÉNANE

Le point de départ du sentier, à deux pas du bac de Drusenheim, donnerait presque envie d’une mini-croisière pour gagner l’autre rive du Rhin… mais le sentier nous mène sur la digue pour observer les péniches lourdement chargées, qui naviguent vers Bâle ou la Hollande. Après quelques minutes, le long du fleuve, à la borne kilométrique 317, le regard est attiré à droite par une vaste étendue d’eau, le Rossmoerder (le tueur de chevaux). Ce biotope protégé abrite une foule d’oiseaux aquatiques : cygnes, ai grettes blanches, hérons, cormorans, que l’on observe sans les déranger.

Mais l’appel de la forêt se fait pressant, le chemin descend pour traverser le contre canal et s’enfoncer dans la végétation luxuriante de la forêt alluviale. Lianes, saules têtards, peupliers noirs et arbrisseaux emmêlés rapprochent la forêt d’Offendorf d’une sorte de jungle. Clas sée réserve naturelle intégrale, celle-ci ne tolère

aucun visiteur, pour laisser en paix les animaux qui la peuplent et dont les traces se perdent entre jungle et roselières. Un petit pont de bois traverse cette mer de verdure, à la moiteur tro picale, toujours plus dense et plus profonde. Pre nons garde à ne pas effrayer ce chevreuil surpris par notre passage.

Encore quelques méandres et l’eau prend une couleur cristalline, qui mérite une pause photo et permet l’observation de colonies de moules d’eau douce et de poissons. Le point bleu élec trique d’un martin pêcheur nous confirme que les fonds sont poissonneux ! Amarrées dans le dernier bras du Rossmoerder, quelques barques à fond plat achèvent de dessiner cette aquarelle de carte postale. Il est temps de remonter sur la digue Tulla, qui protégeait les villages des grandes crues du Rhin, avant la rectification du cours du fleuve. Les deux heures de balade s’achèvent entre paysages agricoles, blockhaus et petit étang, que l’on contourne sur la gauche pour revenir à notre point de départ, totalement ressourcés et émerveillés.

Carte du Pays Rhénan

Sentier des Potiers, circuit de la Pomme, découverte du Ried… pour partir à la découverte des paysages, des villages et du patrimoine du Pays Rhénan, son office de tourisme a réuni sur une carte 20 itinéraires balisés pour s’adonner à la randonnée en famille ou de façon plus sportive. Un côté carte pour visualiser les circuits (essentiellement des boucles avec retour au point de départ), et au verso, une description détaillée de chaque parcours avec sa durée, son dénivelé (toujours raisonnable), ses points d’intérêt.

Disponible dans les bureaux d’infos touristiques de : Soufflenheim, Gambsheim et Roppenheim

Circuit du Cygne

Ou en commande gratuite sur le site visitpaysrhenan.alsace

136Les escapades Randonnée
Par Corinne Maix
Distance 7,1 km Durée 2 h Dénivelé ↗ + 46 m Dénivelé ↘ - 46 m Départ Parking le long du Rhin, près du bac. Retrouvez la trace GPS de l’itinéraire du circuit du Cygne sur : visitpaysrhenan.alsace → 1 h30 à vélo depuis Strasbourg
DEUX MAGAZINES GRAND FORMAT Une collection de hors-séries sur le Racing UN SEUL AMOUR ET POUR TOUJOURS Un seul amour et pour toujours #1 avec 11 couvertures au choix 1979-2019 : de Gilbert Gress à Jérémy Grimm, 40 ans de ferveur. Reportages, entretiens, portraits... Sortie : été 2020 436 pages - 37€ (au lieu de 47€) Un seul amour et pour toujours #2 Racing : une passion sans limites D’une saison dans le vide au nouveau cycle entamé avec Julien Stéphan, focus sur les nouvelles ambitions du Racing... Sortie : hiver 2021 204 pages - 22€ 47 € UN SEUL AMOUR ET POUR TOUJOURS 37 € sur le site shop.chicmedias.com à la Vitrine Chicmedias 14 rue Sainte-Hélène à Strasbourg (derrière les Galeries Lafayette) EN VENTE

LES MÉTIERS

Avec ceux qui font, entreprennent et transmettent

Série : Les glanées automnales, photo Alexis Delon / Studio Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon

Les métiers Reportage La chaîne d’info en continu a commencé à émettre sur le canal 30 de la TNT depuis le 28 juin et les anciens locaux d’Alsace 20. Le 25 octobre, BFM Alsace basculera dans sa configuration définitive en réalisant cinq heures de direct chaque jour.

Dans les coulisses de BFM Alsace

Information, service et proximité. Depuis le 28 juin, BFM Alsace occupe le canal 30 de la TNT en lieu et place d’Alsace 20, rachetée en début d’année par le groupe Altice. Le propriétaire de la célèbre chaîne d’info en continu ainsi que de RMC en a fait sa neuvième station locale avant le lancement de BFM Normandie en septembre. « Il y a eu des opportunités couplées à l’envie du groupe d’accélérer notre développement », indique Philippe Antoine, directeur des rédactions de BFM Régions.

À Strasbourg, la nouvelle entité a pu s’ap puyer sur l’existant en investissant notamment les locaux d’Alsace 20, situés avenue de Colmar. « Il y avait déjà des fondations, ce terreau et ce goût pour l’actualité. On partait de quelque chose, ce qui n’est pas le cas de toutes les chaînes qu ’ on a rachet ées », se félicite Philippe Antoine. Une majeure partie de l’équipe a été conservée dont Anna Britz, cheffe de bureau de BFM Alsace après avoir été en poste à Alsace 20 durant une dizaine d’années (lire aussi p.143). Épaulée par Emmanuel Daeschler, chef info, elle se retrouve à la tête d’une équipe de 18 journalistes dont la plupart sont alsaciens. « On a recruté des éléments

qui ont du potentiel et du talent mais aussi un cer tain état d’esprit face à l’info. Le troisième critère, important à mes yeux, c’est l’attachement au terri toire et sa connaissance. Souvent quand on arrive dans une région, on a une image qui est parisienne, ce qui n’est pas le cas puisqu’on a ici des journalistes qui savent de quoi ils parlent », souligne le direc teur des rédactions de BFM Régions. Passée par France Info, Olivia Chandioux en a ainsi profité pour revenir aux sources et présenter Bonsoir l’Alsace en fin de journée avant de récupérer la matinale à la fin du mois.

En dehors de la météo, du site internet de la chaîne et de l’administration, tout est réalisé sur place. Les journalistes filment léger et en solo avec des iPhone. « Cela nous permet d’être mobiles et rapides », assure Coralie, une pigiste.

Racing, environnement, emploi et transfrontalier

Toujours en phase de rodage après quelques tra vaux dans ses locaux, BFM Alsace va basculer dans sa configuration définitive le 25 octobre avec cinq heures de direct assurées depuis ses studios, dont une grande place accordée à l’info-service

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Par Fabrice Voné / Photos Grégory Massat

comme la qualité de l’air, le trafic en temps réel, l’état des transports en commun… La semaine est également découpée selon différentes thé matiques , comme l’environnement le lundi avec Planète locale, et Kop Racing qui débriefe les per formances des coéquipiers de Dimitri Liénard. L’économie, l’emploi en partenariat avec Top Music qui intervient également sur la régie pub, l’Europe et les questions transfrontalières, la politique et l’agenda culturel, en collaboration avec Coze, figurent en bonne place sur la grille de la chaîne locale qui se consacre au tourisme et la gastronomie chaque week-end avec Routes d’Alsace.

À terme, Anna Britz aimerait « développer des émissions spé ciales  » et « délocaliser l’an tenne afin de ne pas tout faire en plateau ». Côté chiffres, BFM Alsace ambitionne « a minima de tripler, voire de quadrupler » son audience. « C’est ce qu’on a réalisé avec nos chaînes du sud de la France », révèle Philippe Antoine, ce qui signifierait toucher 100 000 téléspectateurs au

quotidien pour un chiffre d’affaires annuel de deux millions d’euros.

« En Alsace, on voit dans nos différents contacts qu’il y avait une envie de donner plus de visibilité à une région, des villes, des entreprises, des institu tions et des personnalités qui en avaient peut-être besoin. Quand on a cette demande qui correspond à la nôtre, cela donne une résonance supplémen taire », poursuit-il. Cette quête d’audience et de visibilité passe, selon lui, par des opportunités « de travailler main dans la main avec des acteurs locaux pour être vraiment ancrés dans le terri toire ». Des discussions ont été nouées avec les Dernières Nouvelles d’Alsace mais sans résultat tangible pour l’heure. « Je pense qu’on pourra aboutir un jour. On ne considère pas les autres médias comme concurrents. C’est une approche assez rare car ce n’est pas forcément le cas d’autres télévisions. »

bfmtv.com/alsace

« On est des gens d’ici »

Cheffe du bureau de BFM Alsace, Anna Britz faisait partie d’Alsace 20 depuis une dizaine d’années. Elle raconte la mutation de la chaîne dont les moyens humains ont été multipliés par trois au sein de la rédaction.

a une volonté de franchir une marche supplé mentaire en faisant de l’info en continu alors qu’Alsace 20 était davantage sur du magazine que de l’actualité chaude. Là, c’est du direct avec la possibilité de pouvoir casser la grille. On ai merait que les Alsaciens prennent le réflexe de regarder la chaîne dès lors qu’il se passe quelque chose en Alsace. La différence aussi, c’est forcé ment les moyens. Ne seraient-ce que les moyens humains puisque la rédaction a plus que triplé. En tout, il y a une trentaine de salariés.

Comment se porte BFM Alsace depuis son lancement le 28 juin ? Bien. À mon niveau, je suis assez surprise et étonné du nombre de retours qu’on a et qui sont assez positifs. Il y a beaucoup de téléspectateurs qui nous appellent, pour nous donner leur avis et on est pas mal sollicités pour des interviews ou des reportages. On est encore en période de rodage. Le rachat de la chaîne a été effectif dé but janvier. On est passés de cinq journalistes à 18 aujourd’hui en vue de la formule définitive le 25 octobre.

Quelles sont les différences entre Alsace 20 et BFM Alsace ?

L’ambition dans le sens où l’on sait qu’on a une image de marque. Et l’exigence car on se doit d’avoir des informations qui sont vérifiées, im portantes ou intéressantes pour le public. Il y

On a pu assister en France à l’hostilité de certains mouvements comme les gilets jaunes et les anti-pass à l’égard des médias, comment êtes-vous perçus sur le terrain ? Pour l’instant, on n’a pas été confrontés à ce genre de problèmes. Avant le lancement, cela re venait sur les réseaux sociaux d’Alsace 20. Un de nos reporters a eu droit à une réflexion, mais on essaye d’expliquer qu’on est une chaine régionale et qu’on est des gens d’ici. Comme tout le monde, on sait qu’on a de la pédagogie à faire et l’on es saye d’être le plus proche possible des gens.

→ Anna Britz, cheffe de bureau, Emmanuel Daeschler, chef info, et Olivia Chandioux, présentatrice de BFM Alsace, feront le point sur les nouveautés de la chaîne le mardi 18 octobre de 12 h 30 à 13 h 45 au Club de la presse Strasbourg Europe.

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Les métiers Entretien La jeune carreleuse Kelly Cruz, native de Strasbourg, cartonne sur les réseaux sociaux. À travers des vidéos la montrant dans son environnement de travail, elle s’engage à combattre les clichés qui ont la vie dure.

Run the World (Girls)

Comment est née ton envie de travailler dans le bâtiment ?

J’ai toujours aimer bricoler, je n’étais pas du genre à jouer avec des barbies, mais plutôt à construire des cabanes. Je me suis d’abord orientée en coif fure car j’aimais l’aspect concours, le fait de pou voir être créative, mais je m’ennuyais beaucoup dans le quotidien des salons. Mon frère, comme mon père, était carreleur et me parlait sans arrêt de son métier. Mais après un accident, il a dû arrêter, alors je me suis lancée pour reprendre l’entreprise familiale montée par mon père.

Ton premier souvenir sur un chantier ?

C’était pendant mon premier jour de stage. Mon père ne voulait pas que je sois carreleuse et fasse partie de ce milieu. En espérant me dégoûter, il m’a fait décharger une palette de colle. Je me rappellerai toute ma vie de ce jour, et du lende main matin, où chaque partie de mon corps me faisait mal. Mais je ne me suis pas plainte, et j’ai continué à me lever chaque matin pour aller travailler.

Ta plus grande fierté ?

Mon oncle, qui travaille aussi dans l’entreprise, a vraiment pris le temps de m’apprendre le métier, sans jamais me rabaisser. Un jour, alors que nous étions sur un chantier, il m’a regardée fièrement et m’a dit : « Kelly, je vais faire de toi une grande carreleuse. » Quand je vois où j’en suis arrivée, ça me fait sourire de repenser à cette phrase. Il avait raison, il a fait ce qu’il fallait pour, et je l’en remercie.

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Par Lucie Chevron / Photo Christophe Urbain

Ton outil favori ?

La disqueuse, sans elle, on ne fait rien.

224k sur Instagram, 1.5M sur TikTok ! Quels avantages tires-tu des réseaux sociaux ?

Au-delà de la publicité, j’ai réussi à créer grâce aux réseaux une petite communauté de femmes qui travaillent dans ce milieu. Elles me donnent beaucoup de force, et je leur rends. Ça nous fait du bien à toutes d’échanger. Bien sûr, j’ai la tête sur les épaules et je sais que cette popularité peut être éphémère. Donc tant que ça fonctionne, j’en profite.

Comment, en tant que femme, faire sa place dans ce milieu ?

Contrairement aux hommes, on doit toutes constamment prouver qu’on a aussi notre place dans le monde du bâtiment. Il m’est quelques fois arrivé que des clients soient sceptiques en me voyant. Mais je suis d’autant plus fière lorsqu’à la fin du chantier, ils réalisent qu’ils ont eu tort de penser ainsi. Par contre, lorsque je suis face à des clientes femmes, je sais qu’elles apprécient toujours. On partage le souci du détail.

Des désillusions ?

Le premier jour de mon BP Carreleuse, en cours, le professeur m’a regardé et m’a dit qu’une fille n’avait rien à faire dans sa classe. C’était la pre mière fois que je me confrontais directement à ce type de réaction, mais ce n’était pas la dernière. Heureusement pour moi, j’ai un tempérament à ne pas me laisser marcher sur les pieds. Ce genre de commentaire m’encourage à me battre encore plus.

Une dernière anecdote ?

Il y a peu de temps, j’ai contacté le CFA dans lequel j’ai réalisé mon CAP. Ils m’ont félicitée car grâce à mes vidéos, de plus en plus de femmes s’inscrivent dans leur section. Ce travail que je fais sur les réseaux permet aux femmes qui ont peur de se lancer, de foncer. Il permet aussi à cer tains hommes d’entendre que nous avons aussi notre place ici. Avoir un effet sur les mentalités, c’est quelque chose qui me rend très fière.

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Huile de coude et talent

Les métiers

Portrait

Depuis 1998, Yves Willmann perpétue dans sa boutique-atelier Maison Palissandre l’art millénaire de la tapisserie. Fervent adepte des méthodes traditionnelles et formé aux côtés des plus grands, il restaure et crée à la demande garnitures de fauteuils, rideaux et tentures murales.

À l’image des voltaires, crapauds, bergères et autres commodités de la conversation qu’il restaure, Yves Willmann recèle d’his toires à raconter. À quatorze ans, inspiré par son oncle tapissier-décorateur et soucieux de gagner son pain, il arrête ses études afin de débuter un apprentissage auprès de Rémy Schneider, maître tapissier Meilleur ouvrier de France installé rue des Frères. « J’ai été à une école très dure et rigoureuse, mais c’était un bon maître. Il ne sortait que des bons éléments. » À une époque où le métier a le vent en poupe, Yves sort premier de sa promo et se voit embaucher par la maison Blanchard, tapissier par excellence rue des Juifs. À 19 ans, il se lance à son compte, achète une camionnette à trois francs six sous – « il pleuvait à l’intérieur » – et fait le

tour des antiquaires qui lui fournissent du travail. « Adolescent, j’ai eu une machine à coudre avant d’avoir une mobylette. Mais grâce à cette machine j’ai pu m’offrir beau coup plus », confie-t-il. Au fil du temps, Yves roule sa bosse, les sillons sur ses paumes en témoignent, il a travaillé dur pour en arriver là. Depuis 1998, sa boutique-atelier Palissandre apparaît comme le fruit d’un parcours où huile de coude, débrouillar dise et talent n’ont jamais cessé d’être. Dans un vaste espace lumineux, Hélène, responsable et décoratrice offre un conseil personnalisé, dévoilant une sélection de lins, mailles, filets, satins et velours unis ou à motifs, des gammes londonienne Designers Guild et allemande JAB. Au fond du magasin, Yves s’affaire dans son

atelier, confectionnant des rideaux sur mesure ou redonnant vie à des héritages du passé. Attaché à l’art et aux techniques traditionnelles de garnitures, il manie avec dextérité carcasses, crin de cheval, sangles et ressorts. Un savoir-faire qui lui a valu de travailler pour le musée Grévin et le Palais Rohan. « C’est un métier magni fique lié à l’histoire de France, une vie entière à apprendre, à se remettre en question. » Fort d’une expérience de 45 ans, Yves transmet à son tour le métier à de jeunes apprenti(e)s, avec l’espoir de pérenniser un art ancestral qui a illustré toute sa vie.

Maison Palissandre

26, rue des Bouchers

@palissandrestrasbourg

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Collection et prix à la demande 46 rue des Hallebardes 67000 Strasbourg 03 88 32 43 05 www.eric-humbert.com

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3min
pages 134-135

Entretien Kelly Cruz.

3min
pages 144-145

Reportage BFM Alsace.

5min
pages 140-143

Portrait Yves Willman.

2min
pages 146-148

Randonnée Le circuit du Cygne.

2min
pages 136-139

À Strasbourg The People Hostel.

2min
pages 132-133

À Meisenthal Le CIAV.

9min
pages 126-131

La mode homme Aller à l’essentiel.

1min
pages 76-77

Bien manger Come a Roma. Fratelli Marmi. Le Coq en pâte.

11min
pages 118-125

La chronique Sonia Verguet.

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pages 94-97

La recette Harmonie Begon.

5min
pages 98-99

Dossier Le vin nature.

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pages 104-113

Le test Anatomie du café.

5min
pages 100-101

Bien boire La Cave du Roi Dagobert. Au Millésime.

7min
pages 114-117

La culture en bref

11min
pages 52-61

Zut, v’là Dosda Alice Motard.

5min
pages 36-39

Cinéma Augenblick.

3min
pages 46-47

Un apéro avec Lola Quivoron.

4min
pages 40-41

Strasbourg vu par

3min
pages 14-21

Bande dessinée Timothée Ostermann.

5min
pages 42-43

Rejouer Figure Imposée

2min
pages 50-51

Portfolio Vincent Muller.

5min
pages 28-35

Musique Peter Doherty & Frédéric Lo.

2min
pages 48-49
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