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La chronique Sonia Verguet.

La Table—La chronique L’été indien peut arriver entre octobre et mi-novembre. On t’attend… Viens ! Si vous aussi vous êtes encore bloqués en août, que le tup’ longuement préparé pour aller au travail se fait moins joyeux que le pique-nique de la plage fait à la va-vite, petites astuces pour remettre du summer dans l’assiette Photos + texte Sonia Verguet

Oui à la désinvolture culinaire !

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Sonia Verguet, designer culinaire et autrice du livre Coolglof*, investit les pages de Zut pour repenser le bien manger et réveiller nos estomacs.

soniaverguet.com rhenanie.com

L’automne est arrivé à grands pas, les tomatesmozza quotidiennes de l’été semblent déjà bien loin. Le joyeux mode aléatoire de l’heure du déjeuner des vacances a vite été remplacé par une certaine organisation et, on peut le dire, une routine moins excitante en termes de plaisir à se mettre à table. À quoi cela tient-il ?

À chaque saison son lot pourtant équitable de saveurs et de textures exquises, les unes remplaçant agréablement les autres : les fraises ont laissé la place aux non moins savoureux champignons, le juteux du melon au coulant du fromage et le frais du pastis à la chaleur des grands cafés. L’allégresse des repas estivaux n’est donc pas qu’une affaire de goûts. Analysons alors de plus près ce plaisir particulier à manger en été, qui tend à se dissoudre quelques mois plus tard. Relève-t-il des flegmatiques dîners à rallonge, du cadre différent dans lequel nous nous trouvons, de l’humeur rêveuse des congés qui rendrait chaque figue meilleure ?

Choisissons cette année, au bureau, à la cantine ou même avec sa lunch-box de pâtes au pesto, de garder un peu de l’insouciance du « zéro programme », de la joie de déjeuner hors de chez soi, de l’émotion à se laisser surprendre, pour que le plan-plan des repas à venir ne s’installe pas. Petites astuces pour créer un été indien… dans l’assiette !

L’insouciance

Savez-vous que le contenu de votre petit déjeuner recèle les clés pour la créer ? Jouons avec la puissance des aliments ingurgités ! Eh oui, derrière chaque biscotte, confiture, café et autres plaisirs matinaux se cache la recette pour susciter plus d’une surprise dans votre quotidien. Des études scientifiques ont prouvé l’impact de notre alimentation sur nos réactions. Ainsi, dans un documentaire diffusé sur ARTE, Comment notre alimentation influence notre santé mentale, on apprend que plus le petit déjeuner sera riche en protéines, plus nos réactions seront tempérées. À l’inverse, plus il sera riche en glucides, plus nous serons prompt à réagir au quart de tour ou, comme le dit le documentaire, « plus intransigeant devant les offres injustes ». La voilà donc la clé du détachement de l’été, à reproduire désormais ! Et vous qui pensiez que votre énervement contre Jean-Mi de la compta était dû à sa bêtise. Que nenni, la troisième biscotte y est pour beaucoup – la sottise accentue juste les choses. Partir (ou pas) en live face à son nouveau collègue insupportable résulte donc non pas de notre caractère propre (et du sien), mais bien du choix ou non d’un yaourt avalé à 7 h 30. Envie de cultiver une humeur pleine de surprises au bureau ? Optez pour des petits déjeuners chaque jour variés. Et voilà votre frivolité retrouvée. Dire non à la routine émotionnelle est un choix culinaire ! Qui l’aurait cru.

La joie

Celle des repas en vacances, oui, même celle du – mauvais – sandwich triangle de l’autoroute, est un sentiment à cultiver toute l’année. Tout est question ici, non plus de liste de courses mais d’état d’esprit et de lieu. Eh non, le goût n’influe pas – beaucoup – sur le bonheur. Preuve en est, l’en-cas de station-service était vraiment mauvais, et pourtant vous étiez vraiment heureux. Dans Pourquoi mange-t-on ce que l’on mange ? (ARTE), des scientifiques ont listé plus de 14 raisons qui nous font manger pour tout autre chose que par faim : nous nous nourrissons pour nous réconforter, par convention sociale, parce qu’on est en bonne compagnie… Piochez ce qui produit chez vous de l’exaltation, comme votre meilleure bande-son ou votre plus chouette spot pour manger seul. Plus le cadre (physique, mental ou sonore) de votre repas sera plaisant, plus le bonheur vous envahira, malgré le manque de saveur de ce risotto industriel.

L’émotion

À nouveau ici, la joie n’est pas affaire d’aliment à proprement parler. Elle ne sera pas plus grande entre un goûter sain (la pomme) et un goûter moins diététique (la barre – diabolique – chocolatée de la machine). Afin de la cultiver, il faut cette fois-ci se reconnecter à l’humain et à l’environnement. Ce qui fera naître de l’émoi en vous est un produit dont vous connaissez la provenance. Le savoir contribuant pour beaucoup à la séduction, une pomme n’en sera que meilleure si vous en visualisez les contours du verger, et le Twix que plus savoureux s’il provient d’humains palpables comme ceux du Café Bretelles !

*100 Coolglofs. Cuisiner le kouglof autrement, Kéribus éditions, 2021

Playlist nutritive

Transformation instantanée de tout repas moyen en un souvenir plaisant  Dj La Pompe Moderne Laisse-moi kiffer la vibe

Effacement immédiat du sentiment de solitude Phoenix, Trying to Be Cool

Sable entre les pieds, illico Brigitte Bardot, La Madrague

Routine oubliée Katerine, La Banane

Pour zéro coup de soleil et beaucoup de rondeurs Tout du groupe Cream

Soignons le froid par le froid Vanilla Ice, Ice Ice Baby

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