Actes, avril 2018

Page 4

INTERVIEW

L’INTERVIEW DU MOIS : SYLVAIN MATHIEU

“CHANGER LE REGARD SUR LA QUESTION D’ACCÈS AU LOGEMENT” Les collectivités territoriales seront les chefs de file du Logement d’abord pour créer un effet d’entraînement et permettre l’émergence d’une nouvelle manière de penser l’accès au logement. Le projet de loi ELAN devrait avoir un rôle structurant. Sylvain Mathieu, délégué interministériel de la DIHAL répond à nos questions.

Le plan Logement d’abord, c’est un changement de paradigme. On passe d’un modèle où les SDF suivent un parcours en escalier, où le travail social est centré sur l’apprentissage de l’autonomie future dans le logement à un autre, où on s’appuie sur les compétences des personnes, en faisant une priorité de leur accès rapide au logement avec un accompagnement adapté à leurs besoins. Benoist Apparu a été précurseur il y a 8 ans et nous bénéficions de son action qui a préparé les esprits, mais il n’avait pas ce corpus d’études, d’expérimentations et de débuts de mise en œuvre dans de nombreux pays. Aujourd’hui, le principe du Logement d’abord n’a plus à être prouvé, c’est un modèle à l’efficacité avérée depuis plus de 10 ans, en France comme à l’étranger. Cela dit, la tâche est rude car ce sont des méthodes à faire évoluer, de nouvelles pratiques, des formations à organiser. Une des difficultés majeures par exemple est d’adapter l’accompagnement aux besoins dans un univers très normé. Autre point, c’est une politique globale qui vise également à prévenir les ruptures c’est à la fois préventif et curatif. C’est donc fondamentalement le

regard qu’on porte sur la question d’accès au logement qui est à changer. Cela va prendre du temps mais le soutien – fort – du Président de la République et du ministre de la cohésion des territoires, est un élément clé pour cette transformation qui engage beaucoup d’acteurs. Le plan veut “mobiliser les acteurs et les territoires” en les invitant à manifester leur intérêt pour la démarche. Pourquoi cette méthode ? Sur quels critères seront retenus les quinze territoires pilotes ? Dans l’appel à territoires volontaires lancé en 2010-2011, la démarche partait beaucoup du national et mettait en avant l’Etat, ce qui était logique s’agissant d’une forte innovation. Le choix a été fait dans le nouvel appel à manifestation d’intérêt (AMI) de s’appuyer sur les collectivités territoriales en en faisant les cheffes de file de la démarche. Le Logement d’abord est bien un plan national qui concerne l’ensemble du territoire mais nous souhaitons nous appuyer aussi sur des collectivités où on agira rapidement et visiblement pour créer un effet d’entraînement. Et c’est un succès : près de 40 lettres d’intention et au final 31 candidatures ont été reçues dont 12 métropoles parfois en lien avec un département, des EPCI, des départements et grandes villes.

Actes n°487 - Avril 2018

©Jordan Chevreau et Francis Hème

En quoi le principe du Logement d’abord, réactivé via la stratégie logement du Président de la République, a-t-il plus de chances de se déployer aujourd’hui ?

C’est le signe d’une forte dynamique mais aussi de la compréhension de cette nécessité de faire autrement et de l’engagement des collectivités pour apporter des solutions. Quant à la sélection, c’est un crève-cœur de devoir choisir car les dossiers sont vraiment de grande qualité ! Les critères sont principalement le niveau des enjeux avec quand même une diversité d’échelles, l’ambition du projet bien sûr, la pertinence du territoire, le partenariat et la gouvernance – c’est très important car le logement d’abord ne peut être qu’un challenge collectif – et le suivi. Un comité de sélection a été constitué regroupant l’ensemble des représentants des principaux acteurs, y compris des différents

Sylvain MATHIEU délégué interministériel de la DIHAL

5


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.