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Sur le parcours comme sur le practice

Le phénomène est bien connu: toutes les balles volent d’une manière parfaitement rectiligne sur le driving range et le joueur se présente plein de confiance, détendu sur le premier tee, où la transformation est quasi immédiate! Ce n’est pas seulement un changement du langage du corps, mais aussi une modification de la trajectoire de balle que la crispation et la peur provoquent dans la perte de la relaxation initiale. Qu’est-ce qui est à l’origine de cette évolution négative? C’est simple: le joueur est mal placé par rapport à la balle – une position médiocre!

Le job de Marcus Knight est d’amener le golfeur à frapper la balle avec la plus grande vitesse de tête de club possible, selon une trajectoire idéale, en direction de l’objectif. Dans la pratique, nous avons tous des capacités individuelles physiques avec plus ou moins de puissance. Par ailleurs, produire l’effet désiré n’implique pas forcément d’avoir une technique parfaite, car la balle ne reconnaît pas le swing (!), mais la coque synthétique réagit simplement à la manière dont elle est contactée.

Une grande vitesse de tête de club est liée à la décontraction. Une crispation, c’est un peu comme quand on roule avec le frein à main serré. Qui aimerait jouer au golf ainsi? Contracté, anxieux, en avançant sur le parcours d’une manière défensive, avec la peur de faire une erreur. Alors qu’ils n’existent pas sur le driving range, tous les dangers représentés par les obstacles sont en jeu sur le parcours, lieu par excellence qui nécessite une attitude libre, courageuse et offensive.

La pression des 36 points

Est-ce qu’on a commencé le golf pour pratiquer un loisir dans lequel on lutte en permanence avec ses angoisses? Estce que le plaisir sur le parcours correspond à celui que l’on a lorsque l’on organise un barbecue dans le jardin avec des amis? Il suffit de regarder un golfeur pour avoir la réponse à ces deux questions!

Si l’on observe les juniors, qui montent trop le club et qui se tendent sur les pointes de pieds à l’impact, avec une souplesse et un relâchement complets, on remarque qu’ils font des coups exceptionnels. «On aurait dû commencer le golf plus tôt»: c’est une phrase qu’on entend souvent et qui touche plusieurs aspects du problème. Plus tôt pour mieux jouer, pour avoir une meilleure technique, pour ne pas avoir conscience de ce que l’on fait. Car c’est bien là que les jeunes sont très forts,: ils ne pensent pas aux conséquences de leurs gestes, mais se contentent de swinguer le club librement. Il ne s’agit donc pas de technique, mais bien des pensées qui nous traversent l’esprit pendant le jeu. Le résultat magique de 36 points stableford est, pour Marcus Knight, l’exemple même de la voie à ne pas suivre, car elle conduit à des attentes qui ne récompensent qu’une minorité de joueurs dans chaque tournoi. Et qui poussent à faire des calculs d’épicier. Cela correspond à la peur de voir son handicap remonter de 0,1 point. «33 points avec trois trous tracés», voilà le commentaire du joueur qui finit sa compétition avec un sentiment général de satisfaction. Mais pas un mot sur le fait qu’il a frappé toute la journée en crispant ses doigts sur le grip, avec la peur de faire une erreur à chaque swing. Est-ce bien lui qui impressionnait ses partenaires au practice en balançant des drives gigantesques? Est-ce le même joueur qui s’appliquait, décontracté, à enfiler des putts difficiles sur le putting green? Pour finir sur le parcours par exprimer bruyamment sa colère après une série de trois putts…

Pourquoi alors la plupart des golfeurs ne parviennent-ils pas à produire sur le parcours le jeu qu’ils sont capables de faire au practice? Pourquoi n’essaient-ils pas de produire le meilleur coup possible plutôt que de se contenter de swings imparfaits qui, en vérité, les frustrent et leur enlèvent le plaisir de jouer?

Il est absurde de pratiquer un loisir supposé nous détendre et qui, en fait, nous amène de la peur. Comme déjà précisé, le problème ne réside pas dans l’aspect technique du golf, mais dans l’aspect mental. Marcus Knight met l’accent sur le fait qu’il a lui-même décidé d’arrêter les tournois pour se consacrer à l’enseignement en raison de sa propre expérience en la matière! Même si les résultats n’étaient pas catastrophiques, il n’était souvent pas content de son jeu, car il essayait, selon ses termes de «conduire» la balle sur le parcours pendant toute la partie, au lieu d’appliquer sa stratégie en jouant d’une manière offensive. La raison à tout ceci est que, sur le terrain – à l’inverse du driving range – beaucoup d’éléments nous détournent de l’objectif premier. Malgré une parfaite gestion du parcours, on peut tout à fait perdre sa concentration en se laissant submerger par la présence des arbres, de l’eau et des bunkers qui se trouvent à proximité de notre objectif. Et tout perdre à l’instant où il faut absolument frapper un coup avec courage et conviction.

Commitment

S’il y a un obstacle d’eau à franchir sur le driving range, en direction d’un green en île où se trouve le drapeau, on est tous motivés par le challenge que cela représente. Mais c’est très différent sur le parcours. La même situation provoque la peur et l’angoisse, même si les conditions du coup sont exactement les mêmes. La différence par rapport au driving range réside dans le fait que, sur le parcours, l’on est mal placé par rapport à la balle. Spécifiquement lorsque l’on va adresser la balle: on est crispé comme un lapin dans les phares d’une voiture, au lieu d’être détendu, relax et brave. Comment une souri fait-elle pour se transformer en lion? Pour Marcus Knight, le mot-clé pour cela se résume à «commitment», autrement dit et en français: engagement. Il s’agit donc, avant chaque coup, de signer un contrat imaginatif avec soi-même et de prendre soin de ne pas jouer sa balle comme un poltron, mais de se donner les meilleures chances de frapper un excellent coup de golf, pour atteindre l’objectif, c’est-à-dire le trou! Visualiser, prendre son engagement, frapper: accepter de suivre cette philosophie et de s’y tenir a pour conséquence de modifier positivement l’ajustement du coup et la manière de jouer, aussi bien physiquement que psychiquement. On a finalement le senti- ment de se mettre à jouer, d’être un vrai golfeur et plus un «lanceur de balles improbable». Signer cet engagement correspond à une forme de challenge. Pour les golfeurs de toute catégorie. Marcus Knight nous parlait de cela en faisant référence à son imminent départ pour le tournoi du Challenge Tour à Wylihof. Il avait déjà le dessin du No2 à l’esprit: un long par 4 avec de l’eau à droite et un long bunker sur la partie gauche à la retombée du drive, sans oublier le haut rough. La tentation de «contrôler» sa balle, de la conduire comme il dit, est grande et il est lui-même tendu en se demandant s’il pourra remplir son engagement pour chacun des quatre tours de la compétition. Jouer avec les bons ajustements – en étant offensif et courageux – apporte sans aucun doute plus de plaisir qu’en laissant la peur et le doute nous envahir, avec notamment ce spectre terrifiant des 36 points stableford. Bien entendu, cette libération de l’esprit n’est que l’un des éléments du succès et du plaisir au golf. L’autre mystère réside dans un panier plein de balles de practice. L’engagement et un entraînement efficace et régulier: avec cette combinaison, vous allez vous ouvrir de nouveaux horizons sur le parcours.

Quel drive est le plus difficile? Celui du driving range (photo en bas à gauche) ou celui du premier départ? Les deux sont comparables, simplement, sur le parcours, les arbres, les bunkers et l’eau provoquent la peur de faire une erreur. Pour ne pas trembler, c’est le moment de prendre un engagement avec soimême, comme on peut imaginer Marcus le faire sur la photo du haut.

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