4 minute read

La gériatrie sociale pour améliorer la santé des aînés - décembre 2022

PAR DIANE BEAUDIN, RESPONSABLE DU MAGAZINE L’ADRESSE, RQRA

ENTRETIEN AVEC LE DOCTEUR DAVID LUSSIER, GÉRIATRE, PROFESSEUR, CHERCHEUR, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DU PROGRAMME AVANT ÂGE, DIRECTEUR ASSOCIÉ AU TRANSFERT DE CONNAISSANCES DE L’INSTITUT UNIVERSITAIRE DE GÉRIATRIE DE MONTRÉAL (IUGM) ET CONFÉRENCIER.

Le docteur Lussier porte de nombreux chapeaux au sein de divers organismes. Il joue également un rôle d’importance dans plusieurs programmes de service et de soutien qui contribuent grandement à la recherche en gériatrie. Le Dr Lussier a mis sur pied des programmes d’information sur la santé globale des aînés et qui s’adressent au grand public. Présent sur les réseaux sociaux et les plateformes électroniques, il prononce également des conférences sur la gestion de la douleur chronique chez les personnes âgées. Il propose des pistes de solutions au ralentissement du vieillissement et suggère des pratiques élaborées scientifiquement pour venir en aide aux aînés et aider les professionnels de la santé. Son parcours édifiant semble n’avoir jamais de fin.

Considérant le sujet à-propos en cette période de festivités trop souvent émotivement difficile pour certains résidents, nous avons choisi d’axer notre discussion avec le Dr Lussier sur l’isolement et la santé mentale.

Bien qu’en RPA la période des Fêtes soit très animée avec les décorations, les soirées et les activités thématiques qu’organisent les techniciens et techniciennes en loisir, cette période donne lieu à des moments émotifs pendant lesquels plusieurs personnes âgées ont tendance à s’isoler dans leurs souvenirs et à se sentir oubliées.

« On imagine souvent les RPA comme un Club Med avec des 5 à 7 tous les soirs. Mais dans la réalité, certains vivent des difficultés d’intégration et peuvent même vivre du rejet ou de l’intimidation, comme à l’école », souligne le docteur Lussier. Pour certains, le milieu de vie en communauté est un choix, mais pour d’autres, c’est une obligation due à des problèmes de santé ou de sécurité. Comment réussir à contrer la solitude en vieillissant, peu importe le milieu de vie ?

LA SOLITUDE, UN ENJEU DE SOCIÉTÉ

« Contrairement à certains pays comme l’Angleterre, le Canada n’a pas de ministère de la Solitude qui lutte contre l’isolement social et tente d’enrayer un fléau qui touche des millions de personnes », précise le docteur Lussier. La triste réalité est que la solitude chez les personnes âgées augmente, ce qui est inquiétant, surtout lorsqu’on pense aux effets néfastes que cela engendre. La solitude tue autant sinon plus que le tabac. Des études démontrent que l’isolement accentue le vieillissement et nuit à la santé globale, autant physique que psychologique. On l’a d’ailleurs récemment constaté, notamment en RPA, alors que, suite aux périodes d’isolement des résidents dans leur appartement pendant près d’un an et demi, plusieurs cas de détérioration de santé mentale et de problèmes de mobilité ont été rapportés.

En développant des programmes de gériatrie sociale, on a tout de suite compris l’importance d’inciter les personnes vieillissantes à demeurer actives dans la communauté afin de ralentir leur vieillissement.

PRÉVENIR LA PERTE DE LA RÉSERVE COGNITIVE

« Au centre de recherche, on fait de la prévention sur la réserve cognitive. On a avantage, avant de vieillir, à stimuler beaucoup notre cognition et à la garder active afin de prévenir le déclin cognitif », souligne le docteur Lussier. La mémoire qui n’est pas utilisée risque d’être perdue et d’engendrer une perte des circuits neuronaux et de la réserve cognitive.

Il est prouvé par des tests de résonance magnétique fonctionnelle que plus on apprend de choses, moins on risque une perte cognitive. On le remarque particulièrement chez les enseignants chez qui la perte de la réserve cognitive est plus lente. Plus on part de haut, plus sera longue la descente cognitive.

DÉVELOPPER DES PROJETS D’INCLUSION SOCIALE EN RPA

Afin de stimuler les résidents de RPA à participer à des activités d’apprentissage dans un objectif d’intégration sociale, les milieux de vie se doivent de demeurer ouverts sur la communauté et ont tout avantage à mettre sur pied des projets d’inclusion sociale.

Dans cette optique, des cours de langue constituent une belle proposition. « Selon les études qui ont été réalisées dans le domaine de la gériatrie sociale, il est démontré que l’apprentissage d’une nouvelle langue est sans contredit le meilleur stimulant pour le ralentissement du déclin cognitif », précise Dr Lussier. Encourager des activités d’apprentissage avec des gens de différentes origines faisant partie de la communauté ou avec des enseignants en langue retraités est une initiative qui trouverait assurément preneur auprès des résidents.

Il existe également plusieurs programmes élaborés par différents organismes en gériatrie sociale pour la stimulation cognitive des aînés et qui peuvent servir de référence aux gestionnaires de RPA. Aussi, le programme AvantÂge diffuse des conférences virtuelles sur YouTube offrant de bons outils à partager avec les résidents.

This article is from: