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Retour sur les conférences du congrès 2022 du RQRA
from L'Adresse - décembre 2022
by RQRA
PAR MARIA DUFAYS, RÉDACTION ET PROJETS SPÉCIAUX, RQRA
POUR CÉLÉBRER DE BELLES RETROUVAILLES APRÈS UNE PÉRIODE SI PARTICULIÈRE, LE RQRA A CONÇU UNE PROGRAMMATION EXCEPTIONNELLE AVEC DES CONFÉRENCIERS TRIÉS SUR LE VOLET ! LE CONGRÈS RQRA 2022 S’EST D’ABORD OUVERT SUR UN MOT DE BIENVENUE DE MARC FORTIN, PDG DU RQRA, PUIS DE SONIA BÉLANGER, NOUVELLE MINISTRE DÉLÉGUÉE AUX AÎNÉS ET À LA SANTÉ. TOUS DEUX ONT RAPPELÉ L’IMPORTANCE DE CRÉER DES PONTS ET TISSER DAVANTAGE DE LIENS, CE QUI N’ÉTAIT PAS SANS RAPPELER LE THÈME DU CONGRÈS « S’UNIR POUR AGIR ». LES CONFÉRENCES ONT ÉTÉ L’OCCASION D’ABORDER DES ENJEUX ACTUELS ET DES PISTES DE RÉFLEXION AFIN D’APPRÉHENDER L’AVENIR DES RPA.
DES ENJEUX VARIÉS POUR LES RPA
Au douzième jour de son entrée en fonction, Sonia Bélanger insiste sur l’urgence constatée et rappelle que le réseau de résidences pour aînés, petites ou grandes, est crucial. Elle relate avoir visité plusieurs petites résidences et y avoir senti passion, engagement, mais aussi vulnérabilité, ce qui l’a profondément touchée et a soulevé le besoin de trouver de nouvelles ressources. Les RPA contribuent de manière considérable au bien-être des aînés et leur apport dans la société est également économique si l’on en croit Jean-Pierre Lessard, associé fondateur du groupe Aviseo Conseil. Dans le continuum d’hébergement, les résidences interceptent en effet les personnes avant leur arrivée en CHSLD. En maintenant la personne à domicile le plus longtemps possible ou en offrant de services, tels que les loisirs, l’aide domestique ou les soins, les RPA retardent l’institutionnalisation.
Par ailleurs, la pénurie de main-d’oeuvre jumelée à la situation démographique à venir était en effet l’un des éléments centraux des conférences du congrès. Comme l’a bien rappelé Jean-Pierre Lessard, « la démographie, c’est comme la gravité », elle est inéluctable. Dans 20 ans, les personnes de 65 ans et plus passeront de 1,8 million à 2,5 millions. Il met donc en avant le rôle des RPA quant au soutien à domicile et le contexte difficile de pénurie de ressources alors que la tranche d’âge des personnes de 65 ans et plus augmente de manière constante. À ce sujet, Matthieu Arseneau, économiste adjoint à la Banque Nationale souligne le besoin en immigration du secteur des RPA et la nécessaire reconnaissance des diplômes étrangers pour contrer la pénurie de main d’oeuvre.

Matthieu Arseneau, conférencier

Talk Show avec Luc Maurice, Jean-Pierre Lessard, Michel Clair et Joanne Castonguay.
En termes de choix de milieu de vie, il est évident que chacun préfère rester chez soi, ou dans un milieu tel que les RPA, comme le précise Jean-Pierre Lessard. Les futures générations d’aînés sont portées vers le sentiment de sécurité et souhaitent vivre dans un milieu lumineux, bien aménagé et doté d’une offre alimentaire attrayante. C’est ce qui est ressorti de l’étude de Christian Bourque, Vice-président exécutif et associé de Léger, concernant les comportements des futures générations de résidents.
Pour le reste, la pandémie a révélé certains dysfonctionnements structurels, mais a également créé une occasion pour refonder le système de santé et des services sociaux. C’est ce qu’a mis en avant Michel Clair lors de sa conférence portant sur la refondation du système de santé et sécurité sociale. Avocat à la retraite aux multiples mandats, Michel Clair dénonce le sous-investissement frappant du domaine. Il met en garde également contre la démonisation du secteur privé en santé, sans doute, selon lui, dans une volonté de masquer l’échec d’un système inefficace.
Outre ces enjeux démographiques et sociopolitiques, Matthieu Arseneau, chef économique adjoint à la Banque Nationale, a analysé le contexte économique actuel, précisant que l’inflation est omniprésente, mais qu’il faut rester optimiste. En effet, selon lui, le Québec fait preuve d’une véritable résilience économique. En revanche, le gel actuel de l’embauche sur le marché canadien et la diminution des hausses salariales a des répercussions directes sur le consommateur à cause de l’inflation augmentant plus vite que les salaires. L’économiste ne prédit toutefois pas de récession pour le Canada, mais un ralentissement important de l’économie. Il précise toutefois que le secteur des RPA n’étant pas cyclique, il est moins sensible à la conjoncture, contrairement aux autres secteurs.
L’INNOVATION COMME MOTEUR DE CHANGEMENT
Lors de ce congrès, les conférenciers semblaient unanimes, l’innovation est la réponse à une grande partie des enjeux du domaine des résidences privées pour aînés. Celle-ci revêt cependant plusieurs formes et peut se manifester comme une innovation technologique ou un changement de vision sociale. La ministre Sonia Bélanger a ainsi manifesté son souhait de transformer la vision sociale des aînés et aimerait « qu’on travaille ensemble pour améliorer les services » et développer une « vision positive du vieillissement ». En effet, poursuit-elle, « plus de 1,7 million de Québécois ont plus de 65 ans et c’est quelque chose de positif ». La ministre ajoute vouloir travailler sur le volet prévention au bien-être et organiser un grand rendez-vous avec tous les acteurs du domaine des aînés afin de trouver des solutions aux défis qui nous attendent. Elle dit avoir déjà rencontré des acteurs du secteur tels que Marc Fortin, PDG du RQRA et souhaite travailler sur un plan d’action afin de consolider le réseau.
Michel Clair a quant à lui alerté sur l’urgence à changer de paradigme et refonder le système de santé et services sociaux, pour endiguer le statu quo grâce. Selon lui, le changement doit être axé autour de quelques principes et valeurs humanistes portant l’idée d’un système de santé universel, solidaire et respectueux. Il prône avant tout une séparation du pouvoir politique de la gestion opérationnelle des services de santé et services sociaux ainsi qu’une décentralisation du pouvoir.
Les panélistes s’accordent à dire qu’il est crucial de collaborer et de s’entraider dans notre secteur. C’est ce que prône également l’avocate et spécialiste Me Miriam Morissette lorsqu’elle exhorte les parties prenantes à développer des groupes de meilleures pratiques et à partager, échanger afin que le domaine des RPA soit un gage de qualité. Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay a abordé l’innovation sous un angle stratégique, arguant qu’il était temps de développer de nouveaux modèles de financement.

Miriam Morissette, conférencière
L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE AU SERVICE DES RPA
L’innovation technologique peut être un moyen de trouver des solutions à divers problèmes liés aux RPA. Pour Keaven Martin, co-fondateur d’Evey, l’automatisation, qu’elle soit technologique ou de processus, est le seul moyen de résoudre le problème de main-d’oeuvre auquel on fait face. De nouvelles technologies émergent également, telles que le robot de service pouvant distribuer des repas ou des technologies en prévention de dégât des eaux. Ces technologies pourraient augmenter l’autonomie de nos aînés. Des dispositifs d’alertes de chutes non intrusifs existent déjà pour les résidents autonomes, ou encore des systèmes de chauffage ou éclairage intelligent qui représente un gain opérationnel et monétaire également. Il existe ainsi un écosystème entier de technologies à déployer en RPA et il convient de discuter avec des spécialistes, car les avantages à les utiliser sont nombreux et peuvent décupler l’efficacité et la satisfaction du personnel. Keaven Martin est persuadé qu’il faut agir vite, car « plus on attend et pire ce sera ».
Philippe Voyer partage également cet avis et estime que l’innovation peut par exemple parer au problème de pénurie de main-d’oeuvre, notamment grâce à certaines technologies. Des objets connectés et certains logiciels peuvent en effet optimiser la surveillance de nuit, diminuer la lourdeur bureaucratique et améliorer le suivi des résidents par exemple. Il est également envisageable, grâce à des logiciels de facturation, de soutenir le personnel soignant et ainsi le libérer de certaines tâches, permettant de passer davantage de temps de qualité avec les résidents. La technologie peut également permettre de mieux communiquer avec les proches, accroître la justesse des interventions, prévenir certaines chutes, les enjeux d’incontinence ou encore le surdosage de médicaments.
Comme l’ont souligné plusieurs panélistes, certains sont réfractaires à l’innovation, d’autres manquent de ressources financières ou de temps et certains n’y voient pas d’intérêt. Mais, selon les conférenciers, le prix à payer pour l’inaction est supérieur. Les RPA constituent de plus un « laboratoire intéressant » de nouvelles idées en termes d’innovation comme l’a mentionné Philippe Voyer. Sylvain Charlebois quant à lui est favorable à la mise en place d’une culture d’innovation et argue que celle-ci peut être simple. La partie conférence du congrès s’est achevée sur trois sessions d’échanges simultanées ayant permis d’entériner et partager les enseignements importants pour la suite de notre travail ensemble.

Panel de discussion avec Philippe Voyer, Keaven Martin et Sylvain Charlebois.
REMERCIEMENTS À NOS COMMANDITAIRES
