Déconstruire les préjugés à l'égard des migrants-2021

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Introduction 4 1. De la définition et de l’interprétation du concept 5 2. Des années 80 à nos jours : adoption de la Loi Moureaux et naissance des stéréotypes autour de la migration en Belgique 5 3. Déconstruction des préjugés et des stéréotypes : l’imaginaire collectif face à la réalité chiffrée 7 3.1. Le rôle de la communication politique et médiatique 7 3.2. La construction d’un imaginaire collectif 8 3.3. La déconstruction des idées reçues 9 3.3.1. Y a-t-il une forte augmentation des arrivées de migrants en Europe ? 9 3.3.2. Si la Belgique accueille plus de migrants que les autres pays cela ne risque-t-il pas de créer un appel d’air ? 9 3.3.3. L’immigration a-t-elle un impact négatif sur nos finances publiques ? 10 3.3.4. Les immigrés sont-ils des concurrents sur le marché de l’emploi ? 10 3.3.5. Y-a-t-il un lien avéré entre criminalité et immigration ? 11 3.3.6. Devons-nous construire des murs aux frontières pour empêcher l’arrivée de migrants ? 11 3.3.7. Le phénomène migratoire est-il majoritairement masculin ? 11 3.3.8. L’immigration est-elle une fatalité ? 12 4. Conclusion 12 SOMMAIRE

Introduction

Le 24 juin 2021, avait lieu notre quatrième webinaire des « Jeudis de l’IEV » retransmis en direct dans le cadre des quarante ans de la Loi Moureaux. Hassan Bousetta, chercheur qualifié FNRS à l’ULG, Sotieta Ngo, directrice du Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) et Jean Michel Lafleur, sociologue, politologue et coordinateur du IMISCOE, se sont retrouvés à l’IEV pour tenter de déconstruire, dans un échange constructif, les préjugés et stéréotypes auxquels sont quotidiennement confrontés les migrants. Ensemble, ils ont analysé la manière dont le racisme et la xénophobie à l’égard des migrants naissent, se développent au sein de la population et sont instrumentalisés par une certaine frange de la politique. De manière plus générale, les grands enjeux de la migration contemporaine ont été abordés et ont été mis en perspective, de 1980 à nos jours.

Les êtres humains se déplacent depuis toujours et ce sont les guerres, les violations des droits fondamentaux et la répartition inégale des richesses dans le monde qui contribuent à alimenter les phénomènes migratoires. Les migrations sont inhérentes à l’humanité et se trouvent régulièrement associées à divers sentiments (la peur, le rejet, la haine, la compassion, la colère, etc.) susceptibles d’entrainer des discriminations La xénophobie, dont les migrants sont souvent les premières victimes, est l’une des grandes sources du racisme contemporain

A l’inverse, les migrations peuvent aussi soulever de nouveaux élans humanistes, solidaires et d’accueil. C’est notamment le cas de la plateforme citoyenne « BxlRefugees ». Cet espace de rencontre, né en septembre 2015, coordonne une série d’initiatives citoyennes individuelles et collectives autour des questions migratoires

Au fil du temps, la migration s’est imposée comme un sujet d’actualité, largement documenté, par les politiques et les médias. Des hommes et femmes qui, parce qu’ils se trouvent contraints de quitter leur pays sont confrontés à des dispositifs de contrôle qui posent question sur le plan du respect de leurs droits fondamentaux et suscitent de nombreux débats au sein de nos sociétés Le fait est que tant que nous n’adresserons pas les causes profondes de la migration, les gens n’auront pas d’autre choix que de se déplacer et les débats autour de la migration continueront à occuper l’espace public 1

Ce travail tente d’analyser et de déconstruire les préjugés omniprésents dans le débat contemporain de l’immigration. Répondre au défi de l’immigration contemporaine exige que se fasse un examen approfondi du passé. En effet, nul ne peut oublier que la société dans laquelle nous évoluons aujourd’hui s’est construite au fil des rencontres et des échanges internationaux et que nous sommes tous des enfants de migrants. Comme le dit Edouard Deruelle, la migration est une « respiration naturelle de l’humanité, faite d'inspirations et d'expirations 2». Dès lors, la question à laquelle nous tentons de répondre est la suivante : quelle place nos sociétés réservent-elles à l’altérité et aux différences dans le contexte migratoire contemporain ?

1 MYRIA, « Citoyens du monde : histoire de nos migrations », dossier pédagogique, Décembre 2015, p.16. https://www.myria.be/files/Citoyens_du_Monde-DOSSIER.pdf

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2 Delruelle Edouard, Le Vif, « Le Belge, champion de l'émigration », 18/12/09

1. De la définition et de l’interprétation du concept

L’article 13 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme prévoit que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état ». Si ce principe est établi par le droit international, les migrations font l’objet de nombreux débats au sein des politiques européennes et nationales, ainsi que dans les médias et l’opinion publique.

Il n’existe pas une définition unique de la personne immigrée Les Nations Unies la définissent, par exemple, comme « vivant dans un pays dans lequel elle n’est pas née 3 ». Certains pays se réfèrent, quant à eux, au lieu de naissance pour déterminer si une personne est, ou non, « immigrée ». En revanche, d’autres nations préfèrent utiliser les statistiques relatives à la nationalité des individus résidant dans le pays. Cette absence de définition officielle de la population immigrée a pour conséquence de créer « une confusion quant aux concepts décrivant les phénomènes migratoires 4» parce que plusieurs types de données cohabitent en permanence dans les débats sur les migrations 5

Or, nous le savons, le choix d’une définition n’est jamais neutre, il contribue à influencer les représentations que l’on se fait du phénomène migratoire. Nous aurons, par exemple, parfois tendance à qualifier certaines personnes d’expatriées et d’autres d’immigrées pour distinguer les raisons de leur migration, qu’elle se fasse par choix pour les premiers ou par nécessité pour les seconds6 Ces habitudes participent à la création d’une hiérarchie entre les flux considérés comme plus ou moins désirables et contribuant, ou non, à la société7

Dans l’analyse des discours tenus par l’extrême droite de l'échiquier politique, il n’est pas rare de retrouver une référence au terme « illégal » pour désigner une personne qui n’est pas en ordre de séjour. A titre d’exemple, les partis politiques aux tendances xénophobes ont fréquemment recours à ce vocable pour justifier que, contrairement à ce que prône la déclaration universelle des droits de l’homme, tous les individus ne seraient pas égaux en droits.

Ces définitions et perceptions diffèrent selon les acteurs qui en usent, varient au fil de l’histoire et en fonction du contexte politique et économique dans lequel elles sont utilisées. Elles sont également manipulées et modifiées au fil des débats qui se développent dans la sphère politique, médiatique et publique.

2. Des années 80 à nos jours : adoption de la Loi Moureaux et naissance des stéréotypes autour de la migration en Belgique.

La loi Moureaux a été mise sur pied dans un contexte qui n’était pas celui que nous connaissons aujourd’hui. En effet, l’histoire de l’immigration en Belgique évolue au fil des époques

Après la crise pétrolière de 1973, les conjonctures économiques, globale et belge, se sont effondrées. De nombreuses entreprises ont fermé et le taux de chômage a considérablement augmenté. La pression sur le marché du travail belge a augmenté et les immigrés qui avaient rejoint la Belgique dans les années 60 sont restés sur le territoire belge Dans ce contexte, le gouvernement belge a décidé de freiner le phénomène

3 ONU, International migration report 2015, New York, OUN, 2015, p.32

4 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, « Pourquoi l’immigration ? 21 questions que se posent les Belges sur les migrations internationales au XXIe siècle », Academia-L’Harmattan,2017, p.19.

5 Ibid., p.20.

6 https://www.courrierinternational.com/article/definition-quelle-est-la-difference-entre-un-expatrie-et-un-immigrant

7 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Op. cit., p.22.

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d’immigration professionnelle considérant que seul le regroupement familial puisse désormais compter comme critère valable. Mais malgré ces nouvelles mesures, les mariages et le taux de natalité élevé au sein des communautés d’immigrés ont continué d’accroître le phénomène d’immigration intra européenne Et c’est dans les années 70 que les migrations économiques ont réellement diminué. L’obtention d’un permis de travail est alors devenue quasiment impossible, ce qui a contribué au développement d’une immigration parallèle. Seuls les demandeurs d’asile en besoin de protection étaient reconnus comme réfugiés.8

C’est en 1980, soit un an avant la naissance de la loi Moureaux, que la première loi sur le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers est votée. Dans les années 80, les demandes d’asile sont de plus en plus nombreuses et l’on observe un net durcissement des conditions d’accès des demandeurs dans notre pays. Le vote de la Loi Moureaux répond aux protestations concernant les mauvaises conditions de séjour d'étudiants étrangers Ce texte est le premier à établir "clairement" le statut des étrangers.

Petit à petit, l'immigration a été utilisée à des fins électorales et médiatiques Elle est venue justifier l'insécurité, l'exclusion sociale ou encore l’augmentation du chômage dans les discours de la frange d’extrême droite des partis politiques belges. Les élections nationales et européennes de 82 et 94 ont conforté l’assise politique de ces partis et le « stock de formules stéréotypées, d'explications toutes faites, mobilisées pour satisfaire les électeurs9 » s’est étoffé.

Le début des années 90 voit l’émergence du lien de cause à effet posé par certains entre « jeunesse immigrée » et « délinquance ». A titre d’exemple, c’est à ce moment que les budgets gouvernementaux sont adaptés en vue de maîtriser ce phénomène. Les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontées une partie du public immigré, semblent mettre le « problème de l’immigration » à l’agenda politique et « les immigrés sont érigés en exutoires des angoisses quotidiennes des belges 10». Les sondages de cette époque montrent que près de 40 % des Belges pensent que les étrangers sont à l'origine de l'aggravation du chômage que connaît la Belgique. Cette brèche profite à l’extrême droite qui véhicule l’idée selon laquelle les étrangers seraient de « plus en plus nombreux à venir en Belgique profiter du système social belge11». Les clivages communautaires prennent de l’ampleur et l’activisme politique violent se renforce sur fond de nationalisme flamingant.

Aujourd’hui, des millions de personnes sont en fuite dans le monde à cause de la multiplication des conflits, de violation de droits humains, de violences ou d’événements troublant sévèrement l'ordre public. Un nombre conséquent de demandes d’asile concerne aussi des personnes fuyant les persécutions de régimes totalitaires12 Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, près de 82 millions de personnes étaient déracinées à travers le monde en 2020. Au-delà des personnes en recherche de protection, près de deux tiers du public des immigrés qui arrivent chez nous sont issus de l’Union européenne et 48% des immigrés sont, en réalité, des déplacés internes13

Les conjonctures politiques, économiques et sociales ayant considérablement évoluées depuis 1980, il est temps d’aborder la loi Moureaux et ses effets sous le prisme du contexte contemporain de l’asile et de la migration. Comment répond-elle, ou ne répond-elle plus, aux problématiques contemporaines, aux phénomènes de racisme et de xénophobie qui touchent les immigrés ?

8 MYRIA, loc. cit.

9 Kagné Bonaventure, « Représentations de l'immigration en Belgique » In: Quaderni, n°36, Automne 1998. « L'immigration en débat », France, pp. 97111.

10 Ibid.

11 Ibid.

12 MYRIA, loc. cit.

13 UNHCR, Aperçu statistique, https://www.unhcr.org/fr/apercu-statistique.html

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3. Déconstruction des préjugés et des stéréotypes : l’imaginaire collectif face à la réalité chiffrée.

« Il faut leur expliquer qu’en réalité, il n’y a pas de monstre sous leur lit14».

Dans le débat contemporain autour de l’immigration, l’imaginaire collectif prend une place considérable. Et, au-delà des peurs, le phénomène NIMBY est régulièrement identifié lorsque les pouvoirs publics tentent de mettre en œuvre des politiques d’accueil dignes sur leur territoire. Les peurs, souvent réellement ressenties par une partie du public mais irrationnelles, se trouvent instrumentalisées par des partis politiques, d’ultra droite et de droite extrême, y trouvant un moyen d’assoir leur électorat et leur popularité.

C’est pourquoi l’éducation et l’information jouent un rôle primordial dans nos sociétés. De nombreuses associations s’attèlent, par exemple, à déconstruire ces préjugés, ces peurs illogiques, ces angoisses, ces stéréotypes, ces clichés, etc.

A côté de ce travail d’éducation permanente essentiel, des actions et initiatives citoyennes et des élans de solidarité remarquables voient le jour - certes, dans certains cas parce que les autorités publiques manquent à leurs devoirs d’hospitalité et d’humanité dans l’application de leurs politiques migratoires.

3.1. Le rôle de la communication politique et médiatique.

« En termes simples, le langage crée la réalité15»

Depuis des années, les citoyens belges et européens, « sont confrontés de façon récurrente aux images d’immigrés traversant la méditerranée en masse sur des embarcations de fortune 16». Les déclarations politiques et la communication médiatique qui accompagnent une « crise » migratoire sont souvent orientées et ont un impact sur l’opinion publique. Selon Jean Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, ces communications alimentent un imaginaire collectif qui visualise l’immigration sous un seul et unique prisme, celui des « flux d’individus désœuvrés provenant de pays lointains17».

Si nous épluchons les titres de certains médias francophones dans le contexte de la crise afghane de l’été 2021, nous comprenons sous quels aspects les communications médiatiques jouent un rôle essentiel dans la perception que se font les citoyens de la situation : « Faut-il craindre l’émigration afghane ? » (Le Figaro) ;

« Réfugiés afghans : la France trop naïve ? » (LCI) ; « 5 Afghans rapatriés déjà sous surveillance » (BFM) ;

« Accueil des réfugiés afghans en Belgique : Théo Francken craint le rapatriement de profils dangereux » (DH) ; « l'Afghanistan et ses migrants inquiètent les pays européens, Sammy Mahdi opposé à un arrêt des retours » (RTBF) ; ou encore « Afghanistan : le profil de certains Afghans évacués questionne en Europe » (Euronews).

En contrepartie, nous trouvons aussi des initiatives de déconstruction des préjugés dans la presse et certains médias dénoncent même l’instrumentalisation du sujet par des politiques ou des confrères18

En ce qui concerne des déclarations et communications politiques, souvenons-nous, par exemple, des mots de Nicolas Sarkozy qui, dans une interview sur BFMTV, plaidait pour « stopper les différents flux

14 Sotieta Ngo lors du débat des « jeudis de l’IEV » du 24 juin 2021.

15 Mike Videler, « An alternative vocabulary for reporting on migration issues: on politics, ethics, and news media’s contested migration terminology”, in. Humanity in Action, 2017.

16 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Ibid., p.49.

17 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Ibid.

18 C’est notamment le cas de l’émission « Quotidien » du 30 août 2021 sur la chute de l’Afghanistan.

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d’immigration », du moins « pour un temps ». Il y déclarait ceci : « Naturellement que tous les immigrés ne sont pas des terroristes, c’est monstrueux d’affirmer le contraire mais en même temps beaucoup de terroristes utilisent aujourd’hui les filières de passages clandestins 19».

En parcourant la documentation et l’actualité, nous remarquons que les partis politiques d’Europe occidentale ont défendu des politiques migratoires de plus en plus restrictives au cours des quatre dernières décennies. Ce virage anti-immigration semble avoir touché les partis de droite mais également ceux de gauche. Dans son ouvrage « How to please voters without alienating friends? Advocacy Coalitions and Belief System Change in Swiss Migration Policy », Alexandre Afonso démontre que ce changement dans les positions politiques est largement documenté mais que le processus qui le sous-tend l’est beaucoup moins Bien que cette évolution ait souvent été attribuée à l'effet de contagion des partis de droite radicale, la recherche a eu tendance à minimiser cet élément comme seul facteur explicatif. Dans une étude, Bale et Partos démontrent, par exemple, que les « conservateurs britanniques ont adopté des positions dures sur l'immigration et l'intégration alors qu’il n’y avait aucune menace électorale à droite20» Notons que ces changements de position des partis politiques sont également susceptibles d’entrainer une perte de crédibilité vis-à-vis de leur électorat traditionnel et de créer une certaine dissidence interne

3.2. La construction d’un imaginaire collectif

Ces communications politiques et médiatiques alimentent les débats au sein de la société publique. Les citoyens, sensibles à ces discours, s’affrontent, agencent des éléments dans des constructions collectives, établissent des scénarios méconnus qui fondent leurs actions et élaborent de nouvelles significations. Cela donne naissance à un imaginaire collectif 21

Et dans cet imaginaire collectif se crée un lien, quasi automatique, entre immigration et insécurité, entre délinquance et origine ethnique. Pour Andrea Rea, professeur à l’ULB, « la question de l’immigration est toujours liée à celle de l’insécurité, et plutôt à la peur. Il y a une image de suspicion qui est toujours accolée à l’étranger22».

Ces stéréotypes et ces peurs irrationnelles, la plupart des hommes et des femmes qui ont un jour quitté leur pays en quête d’une vie meilleure y ont déjà été confrontés. En effet, l’arrivée de nouveaux habitants dans une société génère diverses réactions. Si certains expriment de l’hospitalité, d’autres manifestent plutôt de la peur et du rejet. « Ces inquiétudes sont bien souvent fondées sur une vision partielle de la réalité, qui se traduit par des préjugés 23».

Pour lutter contre les idées reçues et les préjugés et montrer que l’immigration est d’abord une opportunité pour nos sociétés, de nombreuses organisations, chercheurs, acteurs, effectuent un travail essentiel de communication et d’éducation autour de l’immigration24. Et à côté de ces organisations, des chercheurs, universitaires, journalistes engagés ou encore politiques, unissent leurs forces pour informer la population et fournir des données, qui sont en phase avec la réalité, pour déconstruire les idées reçues Ces démarches sont d’autant nécessaires que les réseaux sociaux, s’ils présentent un aspect positif dans la diffusion de l’information, participent activement à la diffusion de nombreuses « fake news » Et les algorithmes auxquels ils répondent contribuent à fermer l’angle d’information de leurs utilisateurs et favorisent le phénomène du

19 https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/quotidien-premiere-partie-du-30-avril-2021-19808188.html

20 Alexandre Afonso, « How to please voters without alienating friends? Advocacy Coalitions and Belief System Change in Swiss Migration Policy », 2014

21 Florence Giust-Desprairies, « L’imaginaire collectif », Eres, 2012, p. 12.

22 Rea Andrea, La Libre, « Immigration insécurité et peurs liées », Février 2011

23 Ciré absl., « réfugiés et étrangers, petit guide anti-préjugés », p.5

24 Pour n’en citer que quelques-unes : Amnesty international, Ciré, OIM, Unia, Myria, UNHCR, Fedasil, CNDC,

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« biais de confirmation » selon lequel « tout individu évite de se confronter (et accorde moins d’importance) aux arguments qui viennent contredire une opinion préalablement établie25».

3.3. La déconstruction des idées reçues

Lors de notre Webinaire du 25 juin 2021, Sotieta Ngo soulignait l’importance du dialogue et de l’écoute dans le processus de déconstruction des préjugés à l’égard des migrants : « Il faut écouter, dialoguer. La peur est sincère. Ces propos ne sont pas nouveaux, ils ont déjà été tenus par le passé. Avec des explications, des informations, de la communication nous pouvons leur dire qu’en fait, il n’y a pas de monstre sous leur lit ». Si la métaphore est osée, comparer les peurs du public à l’égard des migrants à celles d’un enfant à l’égard d’un monstre revient à souligner le caractère à la fois irrationnel mais sincère de ces craintes.

Ainsi, les acteurs compétents doivent accorder du temps à l’écoute et informer le public en s’appuyant, autant que possible, sur des faits chiffrés et vérifiables. De nombreux exemples de déconstruction d’idées préconçues apparaissent dans la documentation26 et nous permettent de répondre, de la manière la plus didactique possible, aux nombreuse questions - parfois polémiques - que se posent les citoyens :

3.3.1. Y a-t-il une forte augmentation des arrivées de migrants en Europe ?

L’un des préjugés fréquemment véhiculés dans l’opinion public est celui d’une « invasion » de migrants dans nos pays occidentaux. Pourtant, 86 % des 21 millions de réfugiés identifiés par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (UNHCR) se trouvent dans les pays en développement, voisins des pays en crise. En 2015, l’Union européenne a proposé de réinstaller à peine 22 504 réfugiés en deux ans, soit « une goutte d’eau » par rapport aux millions de réfugiés qui doivent être réinstallés à travers le monde27 Cela signifie que l’essentiel de notre immigration est régionale et frontalière.

3.3.2. Si la Belgique accueille plus de migrants que les autres pays cela ne risquet-il pas de créer un appel d’air ?

Depuis une dizaine d’années, les politiques ont de plus en plus souvent recours à la théorie de « l’appel d’air » pour contrer les initiatives d’accueil et d’encadrement des demandeurs d’asile. Cependant, plusieurs éléments factuels nous permettent de remettre en cause cet argument : En 2015, l’Office des étrangers (OE) a enregistré 35.476 demandes d’asile en Belgique tandis qu’en 2000, il en enregistrait 42 000 (Kosovo)28. Pourtant, en 2000, le vocable utilisé n’était ni celui de l’appel d’air, ni celui de ”crise des réfugiés”29. En effet, les adeptes de la théorie de « l’appel d’air » semblent considérer l’attitude plus ou moins accueillante d’un pays comme seul facteur pris en compte par les migrants lorsqu’ils frappent à nos portes. Or, la langue, la proximité géographique, les liens familiaux, les possibilités d’emploi ou encore le regroupement familial, sont autant d’autres facteurs dont il faut tenir compte30. En outre, ces personnes sont, dans la plupart des cas, originaires de pays en guerre et viennent donc chercher une protection.

25 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Op. cit., p.18.

26 Amnesty international, Myria, Unia, le Ciré, … sont autant d’organisations qui se sont attelées à mettre en place des outils pédagogiques de sensibilisation à la migration.

27 Selon Amnesty international, ce sont 1,2 millions de réfugiés qui devaient être réinstallés à travers le monde en 2017.

28 CGRA, ” STATISTIQUES D’ASILE

BILAN 2015“ , https://www.cgra.be/fr/actualite/statistiques-dasile-bilan-2015

29 ”Amnesty International, « 10 préjugés sur la migration, arrêtons de croire n’importe quoi ! », Jan 2017.

30 Ciré absl., op. cit., p.13

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3.3.3. L’immigration a-t-elle un impact négatif sur nos finances publiques ?

Dans l’opinion publique, nous remarquons une crainte manifeste de l’utilisation du système de protection sociale par les immigrés. Plusieurs études démontrent que les personnes qui pensent que l’immigration a une incidence fiscale positive sont également celles qui sont plus favorables à ce qu’elle se poursuive. Donc, même si l’impact fiscal n’est pas le déterminant principal de la perception de l’immigration, il existe bel et bien un « lien entre la perception de cet impact et l’acceptationparlapopulationdenouvellesentrées31 ».

D’après l’OCDE, contrairement aux idées reçues, l’immigration « rapporterait » en moyenne près de 3 500 euros de rentrées fiscales annuelles par individu. De son côté, la Banque nationale de Belgique démontre que les surcoûts engendrés par l’accueil des réfugiés dans notre pays s’amortissent et génèrent même une croissance supplémentaire. Sur ce dernier point, Le FMI (Fonds monétaire international) rejoint aussi le raisonnement32. La Banque nationale belge démontre même que l’immigration belge fait baisser la proportion de personnes retraitées dans le pays d’accueil. En effet, les personnes migrantes sont majoritairement jeunes et instruites, ce qui « boost » également la créativité et l’innovation au sein du pays d’accueil.

Outre le positionnement de ces différentes instances, la sécurisation et le blocage des frontières coûtent extrêmement cher à la société. Les montants alloués par Frontex et l’UE au contrôle et au renforcement des frontières sont faramineux (Frontex33 : 460 millions d’euros en 2020 ; UE : 3 milliards en 2017)34

Soulignons tout de même que pour optimiser les effets positifs de l’immigration, il est impératif que les gouvernements poursuivent leurs efforts sur l’accès au travail et aux formations des personnes en attente d’un titre de séjour. Il s’agit donc de faire évoluer les mentalités et les législations pour envisager les bénéfices de l’immigration sur le long terme plutôt qu’à court terme35

3.3.4. Les immigrés sont-ils des concurrents sur le marché de l’emploi ?

Dans leur ouvrage, Jean Michel Lafleur et d’Abdelslam Marfouk, se réfèrent à des données extraites de « l’European Social Survey : ESS ». Cette enquête montre que près de quatre belges sur dix pensent que les immigrés prennent les emplois des travailleurs natifs, soit 38%36. Pourtant, de nombreux travaux de recherche montrent qu’il n’y a aucun lien direct entre l’immigration et le chômage.

Premièrement, cette idée repose sur une conception erronée du volume d’emplois dans un pays. En effet, les immigrés, une fois intégrés, deviennent des consommateurs, ce qui génère une plus grande création d’emplois. L’image d’un « gâteau », dont il faut se partager les parts, est régulièrement utilisée par les associations d’éducation permanente pour expliquer le concept selon lequel plus il y a de consommateurs, plus le gâteau grossit.

Deuxièmement, « pendant la période d’analyse de la demande d’asile, la personne n’a droit qu’à une aide matérielle, à savoir l’hébergement, la nourriture et l’accompagnement. En outre, à moins que cette période n’excède les quatre mois, elle n’a pas d’accès légal au marché du travail. Une fois le statut de réfugié ou de protection subsidiaire reconnu, la personne a un droit au séjour, à un accès au marché du travail et à l’aide financière du CPAS. Les réfugiés n’ont donc pas plus de droits que les Belges37

31 OCDE, « L’impact fiscal de l’immigration dans les pays de l’OCDE », perspectives des migrations

32 Ciré absl., op. cit., p.17

internationales 2013, p. 134.

33 Le budget de l’Agence Frontex ne fait qu’exploser : de 19 millions d’euros en 2006, il représentait 460 millions d’euros en 2020 et à compter du cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027, il devrait atteindre 900 millions d’euros/an et employer à horizon 2027, 10.000 agents publics.

34 Amnesty International, Op. cit.

35 Ciré absl., Op. cit., p.17

36 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, op. cit., p.85.

37 Amnesty International, Op. cit.

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Troisièmement, les migrants occupent majoritairement des emplois pénibles, en pénurie ou peu qualifiés qui sont souvent laissés vacants par les Belges (informatique, technologies de pointe, construction, nettoyage, aide aux personnes, …). Nous pouvons, dès-lors, considérer que lorsqu’ils travaillent, ils représentent une véritable plus-value pour la société parce qu’ils participent à notre économie en payant des impôts et offrent une solution au problème de vieillissement de notre population.

Prendre conscience de ces éléments contribue, non seulement à changer les mentalités, à répondre à un besoin spécifique mais également à lutter contre l’exploitation professionnelle. En effet, certains employeurs profitent des personnes qui ne sont pas ou plus autorisées au séjour en Belgique, pour les embaucher de manière non déclarée et les soumettre à de très bas salaires et à des conditions de travail précaires 38

3.3.5. Y-a-t-il un lien avéré entre criminalité et immigration ?

L’impact de l’immigration sur la criminalité et la sécurité nationale est une question omniprésente dans le débat politique belge et européen. 66% des belges pensent que les immigrés sont à l’origine des problèmes de criminalité dans leur pays.39 En outre, nombre d’entre eux opèrent un amalgame entre immigration et terrorisme oubliant que les personnes qui risquent leur vie en empruntant des routes aussi hostiles les unes que les autres, en montant par exemple à bord d’embarcations de fortune sur la Méditerranée, sont précisément « les premières victimes du terrorisme40». Cette corrélation entre terrorisme et étranger participe à alimenter un certain racisme à l’égard des étrangers et des Belges d’origine étrangère41. Les derniers faits de terrorisme ou d’actes criminels rapportésdans l’actualité belge et européenne ne sont pas plus le fait des migrants et des réfugiés que des nationaux42

3.3.6. Devons-nous construire des murs aux frontières pour empêcher l’arrivée de migrants

?

Nous sommes devant un paradoxe : pour avoir droit à l’asile, il faut avoir accès au territoire, mais l’Europe empêche l’accès à son territoire par le renforcement des frontières et la constitution d’accord avec des pays tiers pour y retenir les personnes. Ce sont les principes même de la convention de Genève qui sont mis à mal. Mais l’Europe forteresse est-elle vraiment une solution de régulation de la migration ? En réalité, la collaboration avec Frontex, les systèmes de surveillance sophistiqués, les dispositifs militaires et gardes-frontières mis en place génèrent énormément de coûts et constituent, à plusieurs égards une entrave au principe de non-refoulement et une violation des droits fondamentaux dans leur ensemble. L’édification de murs ne dissuade pas les migrants, elle les oblige simplement à prendre des routes plus dangereuses pour tenter de sauver leur vie43

3.3.7.

Le phénomène

migratoire est-il majoritairement masculin ?

Au sein de l’opinion publique, est diffusée la croyance selon laquelle une majorité des personnes immigrées est composée d’hommes qui, en plus, ne respectent pas les femmes. Ainsi, de nombreux migrants subissent les effets négatifs des stéréotypes et ce phénomène est d’autant exacerbé qu’ils sont confrontés à des discriminations croisées, en raison, à la fois, de leur sexe et de leur statut migratoire.

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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -38 Ciré absl., Op. cit., p.18 39 Données extraites de la 7ième vagues de l’Enquête sociale européenne (European Social Survey : ESS). 40 Amnesty International, Op. cit. 41 Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Op. cit., p.101. 42 Amnesty International, Op. cit. 43 Amnesty International, Op. cit.

Une enquête réalisée fin 2016 par l’Institut de recherche sur le marché du travail et les professions de Nuremberg révèle que 92 % des réfugiés questionnés sur le sujet pensent que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes droits. Ces proportions sont identiques dans la population allemande44

En 2020, les femmes représentaient 51,6% de l’ensemble des migrants internationaux en Europe45

A l’échelle mondiale, le nombre de migrantes ne cesse d‘augmenter (+41% entre 2000 et 2015), les femmes représentent près de 50% des 244 millions et des 19,6 millions de réfugiés46 Cela s’explique en partie par le fait que les femmes sont souvent les premières à répondre aux situations de crise et qu’elles jouent un rôle crucial dans leurs communautés.

3.3.8. L’immigration est-elle une fatalité ?

Quelle que soit la route vers l’Europe, les individus en quête de protection, de sécurité ou d’une vie meilleure continueront de recourir aux passeurs, à des parcours migratoires dangereux, coûteux et extrêmement longs. Cependant, la mise en œuvre de voies légales peut infléchir la courbe des fatalités meurtrières auxquelles les migrants sont confrontés pendant leur parcours. C’est également le seul moyen efficace pour lutter contre les trafiquants. Cela demande de l’audace et une réforme profonde de tous les systèmes mis en place jusqu’ici : il faut oser penser liberté de circulation. Aujourd’hui, il existe plusieurs moyens d’obtenir un visa avant son arrivée, ce qui constitue une voie légale pour le migrant. Les études, les regroupements familiaux ou encore les motifs professionnels en sont trois exemples. Le visa humanitaire est, quant à lui, octroyé sur compétence discrétionnaire du secrétaire d’état. Mais d’autres voies légales pourraient s’ouvrir. Les états pourraient, par exemple, répondre au problème de pénurie de main d’œuvre par la migration en octroyant le séjour par le travail et en réformant le système du permis unique. Ils pourraient également envisager la migration comme une stratégie positive d’adaptation aux changements climatiques (OIM). Enfin, il faudrait créer de nouveaux espaces de libre circulation propices au développement économique.

4. Conclusion

Depuis l’adoption de la Loi Moureaux, en 1981, les conjonctures sociales, politiques et économiques ont fortement évolué. Le phénomène migratoire s’est aussi modifié au fil du temps et les perceptions citoyennes ne sont certainement plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a 40 ans.

De nos jours dans nos sociétés, le racisme à l’égard des migrants est omniprésent, il l’est également à l’égard des belges issus des deuxièmes et troisièmes générations d’immigrés. Lutter contre la xénophobie, les stéréotypes, les préjugés et les peurs irrationnelles développées à l’égard de ce public doit être une priorité absolue pour les pouvoirs en place Cela implique également une lutte sans relâche contre les partis qui instrumentalisent les craintes d’une tranche de la population pour conforter leur assise électorale. C’est, en réalité, notre responsabilité collective

Cela se joue d’abord dans les urnes. Le vote étant, dans nos démocraties représentatives, le premier outil dont disposent les citoyens pour influencer les politiques publiques. Une fois en place, les pouvoirs publics sont en mesure d’agir, à court, moyen et long terme pour que la solidarité prenne le pouvoir sur le rejet de l’autre. Pour ne citer que quelques pistes, nous pourrions, par exemple, lutter contre la désinformation ; limiter les dépenses électorales des partis politiques sur les réseaux sociaux ; promouvoir la lutte contre les stéréotypes à travers l’éducation ; former le personnel des administrations publiques à la tolérance et à la

44 Office fédéral de la migration et des réfugiés, « Rapport sur la migration de l’Office fédéral de la migration et des réfugiés réalisé sur demande du gouvernement fédéral », Berlin/Nuremberg 2011, p. 37

45 https://www.un.org/development/desa/pd/content/international-migrant-stock

46 Assemblée générale des Nations Unies, 2016. In safety and dignity: addressing large movements of refugees and migrants, Report of the Secretary-General

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prévention contre le racisme ; donner des moyens supplémentaires aux services d’éducation permanente ; intégrer les citoyens dans le processus décisionnel pour leur permettre de prendre part aux projets d’intégration et, ainsi, briser leurs peurs irrationnelles ; ou encore, poursuivre la collaboration et le dialogue avec les plateformes d’entraide citoyenne.

Les médias ont également une part de responsabilité dans le choix des terminologies et les vocables utilisés pour décrire des phénomènes migratoires. Ainsi, les mots « crise migratoire » ou « illégaux » sont déterminant dans la manière dont le lecteur perçoit la réalité. Le choix des expressions et leurs utilisations répétées ont un impact direct sur les constructions sociales de la population.

Enfin, soulignons et valorisons le travail remarquable des nombreuses associations qui s’attèlent à offrir des réponses claires et chiffrées à la population pour briser les craintes et les idées préconçues véhiculées dans la société.

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Résumé

Depuis l’adoption de la Loi Moureaux, en 1981, les conjonctures sociales, politiques et économiques ont fortement évoluées. Le phénomène migratoire s’est aussi modifié au fil du temps et les perceptions citoyennes ne sont certainement plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a 40 ans.

De nos jours, le racisme à l’égard des migrants est omniprésent dans nos sociétés, il l’est également à l’égard des secondes ou troisièmes générations d’immigrés belges. Lutter contre la xénophobie, les stéréotypes, les préjugés et les peurs irrationnelles développées à l’égard de ce public doit être une priorité absolue pour les pouvoirs en place. Cela implique également une lutte sans relâche contre les partis qui instrumentalisent les craintes d’une tranche de la population pour conforter leur assise électorale. C’est, en réalité, notre responsabilité collective.

Institut Emile Vandervelde Bd de l’Empereur, 13 B-1000 Bruxelles Téléphone : +32 (0)2 548 32 11 Fax : + 32 (0)2 513 20 19 iev@iev.be www.iev.be

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