1 Les fondements de l’écosocialisme
1.1 Le socialisme
1.1.1 Une histoire récente
Le socialisme a une histoire assez récente dans l’histoire de la pensée politique. On fixe son émergence aux alentours des années 1830-1850, soit le milieu du XIXe siècle, époque durant laquelle de nouvelles idéologies et courants de pensées en lien avec la révolution industrielle se développent.
Tout comme la révolution néolithique, laquelle constitue l’un des événements majeurs de l’histoire de l’Humanité qui se traduit par la prise de conscience progressive de l’homme de son aptitude à transformer la matière, la révolution industrielle va profondément métamorphoser la société et marquer une vraie rupture. En effet, jusqu’à la fin du XIXe siècle, le mode de vie des populations européennes avait très peu changé, et ce, depuis l’époque de l’Antiquité classique. C’est l’idée défendue par Jacques LE GOFF (1924-2014), historien médiéviste français, disciple de Fernand BRAUDEL (19021985), au travers du concept de « Long Moyen Âge ». Selon Le Goff, le Long Moyen Âge s’étend du IIIe siècle au XIXe siècle et comprend trois sous-périodes :
- Du IIIe siècle au Xe siècle ;
- Du Xe siècle au XVe siècle ;
- Du XVIe siècle au XIXe siècle.
Ces trois sous-catégories possèdent plusieurs points communs. Tout d’abord, le même niveau technologique (nous nous situons alors à l’ère du moulin que seule la machine supplantera au XIXe siècle). Ensuite, les famines sont récurrentes durant ce Long Moyen Âge. Un troisième critère d’unité concerne la religion : nous sommes alors dans des sociétés profondément dominées par les idées du christianisme.
1.1.2 L’émergence d’une science nouvelle : la sociologie
Tout à coup, en plein cœur du XIXe siècle, une révolution à la fois scientifique, technologique, idéologique et culturelle vient bouleverser le monde comme jamais auparavant. Ces modifications drastiques ont pour conséquences le déplacement des populations vers les villes (cf. exode rural). Les sciences sont évidemment le moteur de cette transformation Toutes les branches contribuent au changement : biologie, chimie, physique. Tous les domaines de la vie sont impactés. Ainsi, les progrès liés à l’énergie (on remplace peu à peu l’énergie et les forces humaines par des énergies fossiles) permettent l’émergence de techniques nouvelles, telles que la machine à vapeur. Tout à coup, l’humanité dispose d’une toute autre capacité de production. Le rapport de l’homme à la nature et celui de l’homme à la société changent dès lors drastiquement. Ce contexte permet également l’émergence d’une nouvelle science : la sociologie.
Ainsi, si le terme « sociologie » existait déjà depuis quelques décennies, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la discipline voit le jour. Au vu du contexte de l’époque, une science positive de la société doit en effet être créée. Ajoutons que la sociologie est un fondement important de la pensée socialiste, car sans sociologie, le socialisme se meut en incompréhension.
Là où le libéralisme est une philosophie purement normative, le socialisme prône et défend la prise en considération de données et d’analyses scientifiques afin de comprendre la société.
1.2 Les trois temps du socialisme
1.2.1 Premier temps du socialisme : l’utopie
Au début du XIXe siècle nait en France et en Angleterre un ensemble de doctrines, rassemblées sous l’étiquette de « socialisme utopique ». Incarné par des personnalités telles que SAINT-SIMON (1760-
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1835) et Charles FOURIER (1772-1837) en France ou encore Robert OWEN (1771-1858) en GrandeBretagne, ce courant – qui précède MARX et ENGELS – se caractérise par la volonté de mettre en place des communautés idéales. Effectivement, les philosophes et penseurs précédemment cités ont été frappés par l’évolution des moyens de production et encore davantage par les conséquences de tels changements sur la vie humaine. Le socialisme utopique va donc émettre les premières critiques du capitalisme et de la société industrielle.
Le socialisme utopique prône la mise en œuvre pratique et immédiate de sociétés socialistes à petite échelle. C’est le cas, par exemple, des communautés fouriéristes.
L’utopie est une réponse nécessaire aux réalités de l’époque. Au XIXe siècle, le travail industriel est presté durant 16 heures, et ce, de manière quotidienne ; les conditions alimentaires sont terribles ; l’alcoolisme, la violence et l’insalubrité sont des maux courants. La société du XIXe siècle est d’une grande dureté. Mais contre cette dureté et cette violence se dresse une forme de réaction morale qui s’inscrit au travers de deux courants – l’un socialiste, l’autre chrétien –, lesquels se dressent contre le travail des enfants, la durée du temps de travail et les bas salaires. C’est de cette manière que l’on peut énoncer que le socialisme est né au jour 1 du système capitaliste1
Cette première idée du socialisme englobait un spectre très large, qui allait bien au-delà de la question du travail. Des réflexions autour du logement, de la nourriture, de la santé publique ou encore de l’éducation étaient constitutives de l’idéal socialiste. En ligne de mire se situait l’épanouissement total de l’individu ou encore le développement de « l’être générique » selon MARX (1818-1883). En effet, toujours selon MARX, l’homme est Gattungswesen (être générique) en tant qu’il se réalise comme un être universel et être vivant, ouvert sur la nature tout entière.
1.2.2 Deuxième temps du socialisme : MARX
A) Résumé de la pensée de MARX
Karl MARX (1818-1883) est un philosophe, historien, économiste allemand. D’abord philosophe matérialiste, il présente une thèse de doctorat intitulée Différencedelaphilosophiedelanaturechez DémocriteetÉpicure(1841).
La vie de MARX ne peut être résumée en quelques lignes. Il est cependant des constantes dans son œuvre : la recherche de la compréhension et de la logique du capitalisme.
La pensée de MARX peut être résumée selon certains point essentiels. En premier lieu, la matérialité de l’existence. Pour MARX, nous sommes des animaux faisant partie de la nature. Toutefois, nous sommes une espèce plus fragile, puisque nous ne devenons pas autonomes de manière aussi rapide que d’autres espèces animales. Néanmoins, l’homme a la particularité d’être l’animal le plus capable de transformer son environnement. Ces transformations successives ne se sont pas faites dans la coopération, mais dans la lutte. Ainsi, le mode de production est sans doute le concept central dans la pensée de MARX pour comprendre la dialectique de la lutte des classes. MARX détermine en effet trois temps dans les modes de production :
- le mode de production esclavagiste ou antique (cf. les rapports d’exploitation et de domination entre les maîtres et les esclaves) ;
- le mode de production féodal (cf. les rapports d’exploitation et de domination entre les seigneurs et les serfs) ;
- le mode de production capitaliste (cf. les rapports d’exploitation et de domination entre les bourgeois et les prolétaires).
Le troisième temps de cette dialectique de la lutte des classes nous intéresse davantage. Nous pouvons d’ailleurs observer que le mécanisme qui est au cœur du mode de production capitaliste est l’appropriation de la plus-value et donc l’accumulation du capital (cf. Le Capital, Livre Premier). Le
1 Karl POLANYI (1886-1964) dans son ouvrage La Grande Transformation (1944) démontre comment en Angleterre, cette logique de marchandisation génère, dès ses débuts, des poussées de réactions face à phénomène, capitalisme et socialisme devenant ainsi les versants d’une même pièce.
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capitalisme rompt, en effet, totalement avec les modes de production précédents. Désormais, l’objectif recherché est la croissance. Chaque année, il convient de produire davantage. Les excédents sont introduits dans de nouvelles forces. Il s’agit donc de plus-value. Ainsi, pour MARX, la plus-value est toute valeur que le travailleur salarié crée au-dessus de la valeur de sa force de travail. Ce travail non payé au travailleur est approprié par le système capitaliste. Le propre du système capitaliste se caractérise par cette captation de la plus-value et peut donc être désigné comme un système promouvant l’exploitation de l’homme par l’homme.
Toutefois, les modes de productions antique et féodal ont connu une fin et ce, par le biais de révolutions. Pour MARX, il n’est pas incohérent d’imaginer que le même processus s’appliquera au système capitaliste. Effectivement, les rapports de production produisent certains rapports sociaux, mais inévitablement, à partir d’un moment donné, une contradiction émerge et conduit à une succession de crises. MARX établit donc des lois de l’Histoire et du capitalisme (tout comme il en existe pour la biologie ou la physique). Par ce biais, MARX souhaite faire de la société une science aussi rigoureuse que le darwinisme. D'ailleurs, selon lui, il existe des lois du capitalisme qui expliquent sa disparition :
- La loi d’accumulation continue du capital et de concentration du capital : cela consiste en l’absorption de forces moindres par des plus grandes, de manière à avoir une hyperconcentration du capital ;
- La loi des crises de surproduction : le capitalisme induit une augmentation continue de la production. Or, avec le principe de la loi de l’offre et la demande, on observe des dysfonctionnements dans ce schéma par le biais de surproductions qui amènent à l’effondrement de certaines structures et entreprises.
B) La lutte des classes et l’effondrement du capitalisme
Le concept de lutte des classes est un concept à la fois politique et économique. La lutte des classes est une lutte dans les lieux de production où le surplus est distribué aux dominants, au détriment des dominés. Le capitalisme est l’époque ultime de l’histoire des sociétés de classes. Alors que jusqu’alors le monde se déclinait en une multitude de classes sociales (artisans, paysans, commerçants, ouvriers, etc.), le système capitaliste va petit à petit radicaliser le système en deux camps : les bourgeois vs. le prolétariat. La polarisation va être telle que le système, selon les théories de MARX – lequel analyse la société en posture de scientifique –, ne tiendra pas.
MARX a longuement analysé le capitalisme. En revanche, il n’a que très peu décrit le communisme. Les écrits à ce sujet sont davantage philosophiques et génériques. Peu d’indications claires quant au fonctionnement de la société communiste existent. Au contraire, ce que l’on connait de cette société communiste, nous vient d’éléments par la négative (cf. « la société communiste ne sera pas x »).
è Lecture conseillée : MARX, Karl. LeManifesteduparticommuniste (1848).
C) Le Parti Socialiste belge
En avril 1885, le Parti ouvrier belge (POB) voit le jour, à la suite d’une réunion tenue par 112 délégués dont la grande source d’inspiration n’est autre que MARX. La base doctrinale des socialistes belges est LaChartedeQuaregnon (1894), texte totalement inspiré par les idées marxistes. En Belgique, les coopératives ont également été intégrées au modèle d’organisation général des socialistes. Ce noyau central est plus communément appelé « Action commune ». Toutefois, MARX et ENGELS étaient assez méfiants vis-à-vis des coopératives, des mutuelles et autres. La crainte de MARX était, en effet, que ce système sociétal n’adoucisse la lutte des classes et finisse par détruire toute révolution, puisque le prolétariat s’accommoderait du capitalisme.
La question de la coopération trouve davantage ses racines dans le socialisme utopique. « Robert OWEN serait d’ailleurs le premier à avoir utilisé dans le domaine social le terme de coopérer, « travailler
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ensemble » (du latin co : « avec, ensemble » et operare : « œuvrer, travailler »)2 et apparaît, dès lors, comme l’un des penseurs généralement cités dans la question de la coopération moderne.
D) Le grand schisme : communisme vs. socialisme
Après la Seconde Guerre mondiale, le grand schisme entre communisme et socialisme survient. D’une part, il y a les défenseurs de la révolution et de la lutte des classes. D’autre part, on retrouve ceux qui déclarent être arrivés à un point de développement non-anticipé par Marx, qui s’assimile à un système certes, capitaliste, mais un système capitaliste apprivoisé. Ce second courant est d’abord incarné par les figures d’Édouard BERNSTEIN (1850-1932) et de Jean JAURÈS (1859-1914), lesquels décidèrent d’abandonner les dogmes révolutionnaires pour assumer des pratiques davantage réformistes.
L’une des caractéristiques clés du socialisme est le pluralisme politique, qui est une idée selon laquelle la construction du socialisme doit se faire via une série de voies parallèles :
- Démocratie industrielle : dans les usines, ouvriers et délégués syndicaux travaillent à améliorer les salaires et à avoir le plus de pouvoir de décision ;
- Démocratie parlementaire : dans les parlements, les élus font avancer de grandes décisions (cf. sécurité sociale, services publics, pensions, invalidité).
Outre la question des réformes, le socialisme se distingue du communisme par le biais d’une seconde rupture philosophique. En effet, contrairement aux communistes, les socialistes (incarnés par BERNSTEIN et JAURÈS) veulent rompre avec le recours à la violence et considèrent ainsi la dictature du prolétariat comme une étape non-nécessaire à l’instauration d’une société équilibrée. Pour les socialistes, la révolution peut se faire de manière évolutionniste et réformiste et éviter toute forme de violence, violence dans laquelle un relent de servitude perdure.
1.2.3 Troisième temps du socialisme : du développement durable à l’écosocialisme
La troisième composante du socialisme actuel est liée à l’apparition, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, des préoccupations environnementales. Ces préoccupations ne sont pas neuves et trouvent leurs sources à divers moments de l’Histoire. De manière très ponctuelle, déjà à l’époque de MARX, des chercheurs s’inquiétaient du devenir de l’environnement. C’est notamment le cas de LIEBIG (1803-1873 : chimiste et agronome allemand) au XIXe siècle, lequel observait déjà un appauvrissement terrible des sols. Marx3 lui-même observait certains événements : déforestation, fertilité des sols, etc. Il recourait à des parallèles entre exploitation de l’homme et exploitation de la nature, notant que la source commune de ces abus est le capitalisme.
La réelle vague écologiste émerge dans les années 1960 et 1970, mais est davantage liée au flanc droit de l’échiquier politique. Il faut reconnaître que la Social-démocratie est vraiment passée à côté de ces combats. Dès lors, sont nés des courants politiques environnementalistes : d’abord dans la société civile, ensuite dans la sphère politique. Ce nouveau courant politique (l’écologisme) se situe à équidistance de la gauche et de la droite, considérant le capitalisme et le socialisme comme deux systèmes consuméristes et extractivistes. Socialisme et capitalisme sont donc deux variantes d’un même système productiviste.
Toutefois, les partis écologistes ont très peu investi la question sociale. Il n’existe pas de véritable sociologie de l’écologie. Pourtant, les liens entre inégalités sociales et crise écologique sont réels. Depuis 2013, des chercheurs (dont Thomas PIKETTY ou encore Gabriel ZUCMAN) ont mis en place le « World Inequality Lab » (ou « Laboratoire sur les inégalités mondiales ») qui est un organe de recherche sur la dynamique mondiale des inégalités. Des études récemment menées démontrent que la question environnementale est ancrée dans le social. Si l’on n’arrive pas à lutter contre le
2 DOHET, Julien. « Le mouvement coopératif : histoire, questions et renouveau ». in : Courrier hebdomadaire du CRISP.
n°2370-2371 Bruxelles 2018 pp. 5-58.
3 Le qualifier toutefois d’écologiste serait néanmoins exagéré et anachronique. En effet, il ne convient de parler d’écologie qu’après l’émergence du concept même », lequel n’apparaît en termes scientifiques qu’en 1866 (cf. HAECKEL (1834-1919)).
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changement climatique, c’est parce que celui-ci est la conséquence du capitalisme. Ainsi, l’écologie de l’écosocialisme doit se forger au contact d’une critique marxiste du capitalisme.
Notons également que plus une société est inégalitaire, plus elle surconsomme, notamment parce que les super-riches consomment des quantités abyssales. Ainsi, à titre d’exemple, les 1% les plus riches de la population mondiale sont responsables de plus du double des émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité (voir l’analyse Oxfam Confronting Carbon Inequality). Ajoutons que le nombre de milliardaires a été multiplié par 5 en 20 ans (538 en 2001 ; 2775 en 20214). Mais plus inquiétant encore, 1% de la population accapare la moitié des richesses mondiales. On peut dès lors aisément imaginer les conséquences d’une telle réalité sur la société, l’économie et la planète. Cette surconsommation est prise dans une logique de distinction : les riches souhaitent se distinguer du reste de la population, lesquels, au contraire, veulent imiter les plus riches. Ainsi, le niveau de confort des uns et des autres augmente à chaque fois, ce qui explique pourquoi certains qui vivent dans un confort relativement faible aujourd’hui vivent pourtant dans de meilleures conditions qu’il y a deux générations. Le système actuel est donc pris dans une boucle infernale et épuise chaque fois davantage les ressources de la planète. Il est donc impossible de lutter durablement contre le réchauffement climatique, si l’on ne remet pas en cause le capitalisme
è Un cas concret : pour atteindre l’objectif de réduction de 60% des émissions actuelles d’ici 2030, il faudrait que chaque Français ne dépasse pas l’émission de 5 tonnes de gaz à effet de serre annuellement. Aujourd’hui déjà la moitié de la population française est en ordre. Or, l’autre moitié produit beaucoup plus (dans cette même logique de « plus on possède, plus on consomme »).
Aujourd’hui, la question fondamentale concerne la survie de l’humanité. Bruno Latour (sociologue et anthropologue des sciences et des techniques) énonce même que « l’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes »5. Cette pensée est fondamentalement vraie : la manière dont nous transformons le monde est intrinsèquement liée à la structure des inégalités et au mode de production capitaliste. C’est cette prise en considération des inégalités qui nous distingue des écologistes.
Nous vivons à une ère où il est socialement acceptable de restreindre l’accès au tabac, à l’alcool, aux armes ou encore aux jouets dangereux, tout cela, sous couvert de protection de la santé. À quand les restrictions collectives – et non pas individuelles – au nom de l’environnement ?
Le Parti Socialiste s’inscrit résolument dans la constitution d’un socialisme écologique, incluant aux préoccupations sociales et économiques les problématiques soulevées par l’épuisement des ressources de la planète.
2 Conclusion
Le système capitaliste – synonyme, nous l’avons vu, de concentration des richesses et du pouvoir dans les mains de quelques privilégiés – représente, en l’état, une réelle menace pour nos démocraties. La notion d’écosocialisme a permis de mettre en exergue un élément nouveau dans la conception du capitalisme : l’idée que ce système, au-delà du principe d’ « exploitation », repose également sur le concept de « destruction ».
Pour lutter contre les dérives capitalistes et favoriser le bien-être social et écologique, des alternatives réalisables doivent être mises en place rapidement. En ce sens, l’écosocialisme offre des solutions. Conscient des dérives capitalistes – telles que l’exploitation de l’énergie humaine ou encore l’exploitation des ressources naturelles –, l’écosocialisme s’érige contre le système purement productiviste. Dépassant le clivage entre les concepts de croissance et de décroissance , qui ont en
4 GORE, Tim. ConfrontingCarbonInequality. 21 septembre 2020. Article disponible en ligne : https://www.oxfam.org/fr/publications/combattre-les-inegalites-des-emissions-de-co2
5 Voir TRUONG, Nicolas. « Entretien avec Bruno Latour ». in Le Monde. 10 décembre 2021. Article disponible en ligne : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/10/bruno-latour-l-ecologie-c-est-la-nouvelle-lutte-desclasses_6105547_3232.html
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commun la prise en considération du caractère purement quantitatif des forces de production, l’écosocialisme souhaite aller plus loin et adopter un nouveau paradigme, à savoir une vision qualitative du développement.
Le réel défi pour le Parti Socialiste réside désormais dans la mise en œuvre concrète et rapide de politiques écosocialistes. Si la neutralité carbone doit être atteinte avant 2050, un horizon de solutions immédiates doit être visible. Le modèle dessiné par Murray BOOKCHIN6 (1921 – 2006), fondateur de l’écologie sociale, est certes inspirant pour des pratiques locales, mais loin de suffire pour des transformations davantage englobantes ou encore institutionnelles. Il existe, en tous les cas, une certitude : une démocratie renouvelée laisserait davantage de places aux enjeux climatiques.
6 Pour les lecteurs avides d’en savoir davantage sur le modèle de l’écologie sociale, nous vous conseillons l’ouvrage suivant : BOOKCHIN, Murray. L’écologiesociale. Paris : Wildproject. 2020.
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