
5 minute read
LE “GREEN GAP” TRAVERSE LES FRONTIÈRES
Les personnes interrogées en Suède étaient les moins averties sur les recommandations alimentaires nationales (54 %) et les recommandations alimentaires de l’OMS (18%). En Finlande, parmi ceux qui avaient entendu parler des directives de l’OMS, 44% ont donné la mauvaise réponse de 500 g de fruits et légumes par jour et en Allemagne, près de deux sur cinq (37%) n’ont même pas essayé de répondre à la question. Près de tous les Français interrogés avaient entendu parler des recommandations alimentaires nationales (94%) qui chutent à un peu moins de la moitié (49%) pour les recommandations alimentaires de l’OMS. Il y a donc un point commun, tous les pays montrent une meilleure connaissance de leurs directives alimentaires nationales par rapport à celles de l’OMS.
MOINS D’UN SUR CINQ PEUT IDENTIFIER LES DIRECTIVES QUOTIDIENNES DE L’OMS
Seuls 18% des bénéficiaires pouvaient identifier correctement la quantité quotidienne de fruits et légumes recommandée par l’OMS. Moins d’un adulte sur cinq, un constat qui laisse pantois. Cette fois, c’est un manque de connaissances, pas un problème de pays, de génération ou de genre, avec moins de 22% dans les sept pays identifiant correctement la bonne réponse de 400g.
Seul un cinquième (20%) des Millennials et de la Gen Z (1834 ans) qui avaient entendu parler des directives de l’OMS ont correctement identifié la bonne réponse, un chiffre qui n’a baissé que de 6% chez les 45-65 ans. Entre les hommes et les femmes, la différence était également insignifiante (3%). Mais alors, si le problème de l’éducation est global, est-ce de notre faute ou devrions-nous chercher ailleurs ?
Q: Avez-vous entendu parler des directives alimentaires nationales concernant la quantité de fruits et de légumes à manger par jour ?
Q: Un étiquetage plus clair vous encouragerait-il à faire des choix alimentaires plus sains dans les magasins ?
DR. P.K. NEWBY est l’amie autoproclamée de la salade. Elle est également scientifique et auteure, se consacrant à la recherche et à la communication de ce que nous mangeons et en quoi c’est important, du champ à la fourchette. C’est une experte de renommée internationale et une conférencière inspirante sur les régimes à base de plantes et la prévention des maladies chroniques. Elle apporte des preuves (et de l’humour) aux conversations actuelles sur la nutrition avec sa deuxième entreprise : “Food Matters Media”.
P.K détient un doctorat de Harvard et deux masters de Columbia. Elle a exercé dans les facultés de Tufts, de l’Université de Boston et de Harvard.
Pourquoi pensez-vous que, même lorsque les pays sont plus conscients des initiatives environnementales, cela n’affecte pas directement nos assiettes ?
Étude après étude, il est clair que les principaux facteurs qui déterminent le comportement alimentaire sont le goût, le coût et la commodité, un tiercé gagnant qui a un impact sur ce que nous mangeons, comment et où, jour après jour. Des valeurs telles que la santé et la durabilité influencent également nos choix alimentaires, mais doivent toujours s’intégrer dans les régimes alimentaires quotidiens de façon à garder le goût au premier plan. Les repas doivent être savoureux tout en respectant les budgets et les habitudes alimentaires. Près de la moitié des répondants (49%) ont déclaré ne pas manger plus vert à cause du coût, tandis que 26% n’aimaient pas le goût ou trouvaient ça trop complexe à entreprendre (14%). Il y a encore du travail pour montrer aux consommateurs que cuisiner plus vert à un prix abordable, sans faire l’impasse sur le goût, est tout à fait envisageable.
Pourquoi pensez-vous que si peu de répondants mangent vert, lorsqu’il s’agit de prise de décision durable ?
Il convient de noter qu’environ un répondant sur quatre a déclaré que des conseils et des informations plus clairs sur les avantages à manger plus vert “les inciteraient à manger des aliments plus durables”. Bien que la connaissance seule entraîne rarement des changements durables de comportement alimentaire, elle fournit une base pour guider la prise de décision en matière de repas. L’alimentation durable est un concept relativement nouveau pour beaucoup et il reste une confusion quant aux aliments qui sont plus (ou moins) durables, comme le suggèrent certaines conclusions du rapport.
De plus, tout le monde ne comprend pas la complexité de ce qui rend un aliment (ou un régime) plus ou moins durable. Par exemple, 66% des personnes interrogées ont déclaré que les aliments durables signifiaient “produits localement”, ce qui n’est pas exact. En fait, le lieu de production des aliments a un impact relativement faible sur l’empreinte carbone globale d’un consommateur. Le plus important, c’est ce qu’ils mangent : calorie pour calorie, les aliments et les régimes à base de plantes émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre, quel que soit l’endroit où ils sont produits. Manger local a des avantages incroyables et offre des saveurs inégalées : super pour l’agriculture communautaire ! Mais la chose la plus écologique qu’un mangeur puisse faire pour l’environnement est de consommer plus de plantes et moins d’animaux ou de produits d’origine animale.
Les répondants parlent d’un manque de priorisation comme principal obstacle à une alimentation saine (34% des personnes dans le monde ne mangent pas 400 g de fruits ou de légumes par jour pour cette raison). Comment pouvons-nous aider les consommateurs à comprendre pourquoi c’est en effet une priorité ?
Il n’est pas surprenant qu’environ un participant sur trois ne mette pas les fruits et les légumes au premier plan compte tenu du stress quotidien dans un monde post-pandémique. Je note que 28% ont déclaré que le manque d’inspiration était un obstacle à la consommation d’aliments plus sains et plus durables, y compris les fruits et légumes. Aussi, environ un quart des répondants ont cité le temps et la complexité comme obstacles. Il faut donc aider nos mangeurs à préparer rapidement et facilement de somptueux plats à base de plantes depuis leur cuisine. Rendre la restauration rapide plus abordable et accessible est également important, étant donné que de nombreuses personnes comptent sur les restaurants pendant la semaine ; un environnement alimentaire sain et durable est essentiel. Si le “green gap” des connaissances existe indépendamment du lieu, du genre ou de l’âge, est-ce la responsabilité des consommateurs de s’éduquer, ou à nos gouvernements d’en faire plus ?
Cela fait plusieurs décennies que je parle de régimes à base de plantes et d’alimentation durable, et je suis ravie que les consommateurs commencent enfin à comprendre l’impact des choix alimentaires quotidiens sur le changement climatique et l’environnement. Il était temps ! Alors que les régimes alimentaires durables sont un nouveau concept pour beaucoup, en particulier les personnes âgées trop habituées à la viande, c’est rassurant de voir une Gen Z plus encline à l’écologie. La connaissance est importante en matière de nutrition, mais elle n’est pas suffisante pour changer les comportements. Notre alimentation est façonnée par un éventail de facteurs internes, comme les préférences gustatives et les traditions culturelles, et de facteurs externes, comme les environnements alimentaires à la maison, à l’école, dans les entreprises et les institutions.
Pourtant, il y a des faits indispensables que tous les mangeurs devraient comprendre afin de prévenir les maladies, de vivre plus longtemps et de protéger la planète. Mais, en ce qui concerne les changements à grande échelle que nous devons voir dans le monde, comme la réduction des maladies chroniques évitables et la lutte contre le changement climatique, les gouvernements et l’industrie alimentaire ont un plus grand rôle à jouer. Leur mission est de produire et de fournir un approvisionnement alimentaire sain et durable pour soutenir la survie de notre espèce sur terre.