CUMANANA XLVII-FRA

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ÉDITION DE JUILLET 2025

Cumanana

BULLETIN VIRTUEL DE LA CULTURE PÉRUVIENNE POUR L'AFRIQUE

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PÉROU

ABUJA NATIONAL MOSQUE

ÉDITION DÉDIÉE AU NIGÉRIA ET À LA CEDEAO

PÉROU ET LA CEDEAO

NIGÉRIA : CULTURE, INFLUENCE ET LIENS AVEC LE PÉROU

RECETTE ATTIÉKÉ AVEC POISSON

MIJOTÉ

Jonathan Quevedo Tello
Troisième Secrétaire Au Service Diplomatique de la République du Pérou
Abel Cárdenas Tuppia
Ministre Conseiller Au Service Diplomatique de la République du Pérou

ARTICLE 1

PÉROU ET LA CEDEAO : OPPORTUNITÉS DE COLLABORATION

AVEC LE NIGÉRIA ET LA RÉGION DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

"Let me make a solemn pledge before all of you, before the whole world and before God, that I will devote all my energy and all I possess in my power to serve the people of Nigeria and humanity".

Source: IA

Au cours des dernières années, la scène internationale a été le témoin de transformations majeures résultant de divers changements et processus qui, selon qu’ils convergent ou divergent, ont reconfiguré le paysage mondial. L’ère post-pandémie de la COVID-19, les tensions commerciales émergentes, les conflits latents et actifs dans différents contextes mondiaux, l’émergence de l’intelligence artificielle et la course technologique entre grandes puissances posent une nouvelle série de défis à relever par la communauté internationale, et en particulier par les pays du Sud global.EDans ce contexte, la nécessité de forger de nouvelles alliances stratégiques et de promouvoir les rapprochements régionaux au sein du Sud global s'impose. Cette région, marquée par la diversité de ses contextes et acteurs, voit son importance internationale croître avec le temps. C’est dans ce cadre que le Pérou, africain, identifiant la région de

l’Afrique de l’Ouest comme une zone prioritaire pour dans le cadre de sa stratégie de positionnement stratégique, porte un intérêt particulier au continent renforcer ses relations bilatérales et multilatérales.

Sur cette base, le Nigéria se distingue comme un partenaire essentiel. Avec une population dépassant les 220 millions d’habitants, une économie diversifiée et une influence culturelle notable, le pays se positionne comme une puissance régionale et un allié clé pour renforcer l’insertion du Pérou en Afrique de l’Ouest. Dans cette région, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) joue un rôle central en tant que bloc d’intégration politique, économique et sécuritaire, que le Pérou observe avec un intérêt croissant.

olusegun obasanJo, ancien président du nigéria
DRAPEAUX PÉROU - NIGERIA

Créée en 1975 par le Traité de Lagos, la CEDEAO regroupe actuellement la grande majorité des pays de l’Afrique occidentale subsaharienne. Son objectif principal est de promouvoir l’intégration économique régionale, en vue de créer un marché commun, de garantir la libre circulation des personnes, des biens et des services, et de développer des politiques communes dans des domaines comme l’agriculture, l’énergie, l’éducation et la sécurité (CEDEAO, 2023).

La CEDEAO représente l’une des communautés les plus attractives et dynamiques du continent africain, offrant au Pérou un potentiel de promotion et d’expansion commerciale. Rassemblant environ 400 millions d’habitants, disposant de ressources naturelles stratégiques et d’une classe moyenne urbaine en pleine croissance, elle se distingue également par son dynamisme démographique et culturel, avec des sociétés jeunes, en expansion et fortement présentes dans le monde numérique.

Malgré les défis de la région, la CEDEAO a démontré une grande résilience et cohésion, particulièrement dans la défense de valeurs telles que le multilatéralisme et la démocratie. Ses interventions pour résoudre des crises politiques, comme en Gambie en 2017, sa disposition constante à faciliter la transition démocratique dans certains ex-États membres tel que le Burkina Faso, le Mali ou le Niger, ses missions régulières d’observation électorale pour garantir des

: MÉCANISME D’INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE DE L’OUEST.

Source: Site officiel de la CEDEAO.

scrutins justes et transparents, ainsi que ses initiatives d’intégration financière et énergétique, illustrent son rôle de pilote dans le paysage africain contemporain (Adebajo, 2020).

C’est pour ces raisons que le Pérou aspire à devenir État observateur au sein de la CEDEAO, afin de bâtir des ponts entre son pays et le continent africain, tout en renforçant sa présence diplomatique, commerciale et culturelle en Afrique de l’Ouest.

LE NIGÉRIA COMME PARTENAIRE STRATÉGIQUE POUR LE PÉROU

Avec environ 250 millions d’habitants, le Nigeria est le pays le plus peuplé du continent africain et l’une des économies les plus diversifiées, couvrant non seulement le secteur des hydrocarbures, mais aussi les télécommunications, les services financiers, l’agriculture, la technologie et les industries créatives. Par exemple, Lagos est considérée comme la capitale culturelle de l’Afrique anglophone, grâce à l’essor du cinéma (« Nollywood »), de la musique (« afrobeats ») et de la mode.

Le volet commercial constitue un terrain fertile et riche en opportunités pour renforcer les relations bilatérales. De nombreuses occasions de croissance et de diversification existent dans des secteurs comme le cacao, le café, le poisson, les produits

pharmaceutiques, les engrais et les manufacturiers légers, susceptibles de trouver un débouché sur les marchés des deux pays. De même, l’expérience péruvienne en matière d’exploitation minière durable, de pêche industrielle et d’agro-industrie pourrait répondre aux besoins et priorités du marché nigérian (MINCETUR, 2023).

D’autre part, en tant que pays côtier, le Nigeria abrite l’un des ports les plus importants d’Afrique de l’Ouest : le port d’Apapa à Lagos. Un rapprochement entre le Pérou et le Nigeria pourrait renforcer l’entrée des produits péruviens dans la région, notamment via un alignement stratégique avec des infrastructures portuaires péruviennes comme le mégapuerto de Chancay.

CEDEAO

Le Nigeria offre également un fort potentiel pour établir des liens académiques entre universités péruviennes et nigérianes, telles que l’Université d’Ibadan ou l’Université de Lagos, avec un accent sur des domaines tels que les sciences sociales, l’agriculture, la médecine tropicale et les études afrodescendantes. En outre, le Nigeria pourrait bénéficier de l’expertise péruvienne dans les programmes de réduction de la pauvreté, la santé communautaire ou la gestion des risques face aux catastrophes naturelles.

Sur le plan culturel, il est pertinent de souligner que l’héritage afro-descendant au Pérou est présent dans la musique, la danse, la gastronomie et l’iconographie religieuse. Renforcer les liens culturels avec le Nigeria permettrait de redonner sens à la mémoire afro-péruvienne, de créer des espaces de dialogue interculturel et de promouvoir la fierté d’une identité métisse et plurielle. Des activités comme des festivals de danse, des expositions gastronomiques conjointes et des manifestations artistiques afrodescendantes peuvent ouvrir de nouvelles voies de compréhension et de coopération.

LE PÉROU EN AFRIQUE DE L’OUEST : UNE PRÉSENCE SOLIDE ET CROISSANTE

Depuis l’ouverture de son ambassade à Accra, Ghana, en 2014, le Pérou a progressivement consolidé sa présence et son influence diplomatique, stratégique et active. En tant que membre actif et moteur de la CEDEAO et exemple de démocratie régionale depuis l’instauration de la Quatrième République, le Ghana est devenu un point d’articulation pour les relations entre le Pérou et les autres pays d’Afrique de l’Ouest. Depuis Accra, ont été menées des activités culturelles, des rencontres commerciales, des événements académiques ainsi qu’une participation à des forums

multilatéraux, africains et mondiaux.

Dans ce cadre, la diplomatie culturelle a tenu un rôle fondamental. La projection de films péruviens dans des festivals, les présentations de danses afro-péruviennes et des dégustations de cuisine péruvienne ont permis de présenter le Pérou comme une nation diverse, moderne et profondément enracinée dans son histoire afro-descendante.

Source:

AMBASSADE DU PÉROU AU GHANA
Source: Archives de l’ambassade du Pérou au Ghana
Archives de l'ambassade du Pérou au Ghana.

Adopter une approche valorisant l’apport de l’Afrique à l’identité péruvienne peut renforcer les ponts d'empathie et de coopération. L’art, la littérature et la musique, en tant qu’expressions universelles, deviennent des instruments efficaces pour rapprocher les peuples.

De même, le Pérou pourrait jouer un rôle facilitateur entre l’Afrique de l’Ouest et l’Alliance du Pacifique, en tirant parti de son appartenance à ce bloc latinoaméricain pour promouvoir des plateformes de dialogue birégional. Ce type de diplomatie offrirait au Pérou la possibilité de se positionner comme un pays capable de connecter deux régions géographiquement éloignées mais complémentaires.

MULTILATÉRALISME SUD-SUD : CEDEAO ET AMÉRIQUE LATINE

Une similitude marquante entre l’Afrique de l’Ouest et l'Amérique Latine est la construction continue de mécanismes régionaux d’intégration visant à renforcer les relations multilatérales à l’intérieur du continent. Tant la CEDEAO que la Communauté Andine (CAN), l’Alliance du Pacifique et d’autres cherchent à réaliser des objectifs tels que l’intégration économique, la mobilité des personnes, la coopération en matière de sécurité et le développement durable.

Par ailleurs, de grandes organisations régionales telles que la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens (CELAC) et l’Union Africaine poursuivent des objectifs similaires au niveau continental, visant à améliorer la qualité de vie de leurs citoyens.

Dans cette logique, favoriser le rapprochement entre ces deux régions serait clé pour renforcer les

échanges et faciliter les compréhensions mutuelles, afin de mieux affronter les défis planétaires. Parmi les outils susceptibles de contribuer à cette fin figurent la création possible de forums régionaux entre la CEDEAO et l’Amérique Latine, l’impulsion de programmes techniques de coopération triangulaire avec des organismes internationaux, l’établissement d’alliances décentralisées entre régions et villes, ainsi que la constitution de réseaux de recherche partagés, entre autres.

Ces initiatives permettraient de consolider une relation plus horizontale, fondée sur la solidarité, l’échange de connaissances et la construction de solutions communes aux défis partagés. Faciliter ces espaces constituerait un créneau intéressant pour le Pérou, élargissant et diversifiant son action diplomatique et, par conséquent, son influence.

LE PÉROU EN AFRIQUE DE L'OUEST : UNE PRÉSENCE FORTE ET CROISSANTE.
Source : Archives de l'ambassade du Pérou au Ghana.
Drapeau des pays membres et alliés de la CEDEAO. Source: elordenmundial.com

ACTIONS CONCRÈTES POUR LE PÉROU

L’éventail d’opportunités offert par le Nigeria et l’Afrique de l’Ouest renforcerait la présence péruvienne dans la région et permettrait une plus grande proximité et compréhension entre notre pays et le continent africain. À ce titre, le ministère des Affaires étrangères pourrait entreprendre des actions concrètes conformément au Plan stratégique du Ministère des Relations extérieures pour l’Afrique 2024-2030, piloté par la Direction générale de l’Afrique, du Moyen-Orient et des pays du Golfe.

La première de ces actions serait d’étendre la présence diplomatique du Pérou en Afrique de l’Ouest de manière stratégique, en renforçant l’ambassade du Pérou au Ghana et en établissant des accréditations parallèles avec des pays tels que le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun. Il pourrait également être envisagé d’ouvrir une ambassade à Abuja, Nigeria, particulièrement pertinente puisqu’elle accueille le siège de la CEDEAO.

Pour consolider les relations bilatérales, le Pérou cherchera à promouvoir la réciprocité dans la présence diplomatique. Dans le cas de l’Afrique de l’Ouest, l’ouverture d’une ambassade du Ghana à Lima serait proposée, faisant du Pérou un partenaire privilégié dans la région pacifique.

Dans le champ du commerce et des investissements, le Pérou encouragera le rapprochement entre les communautés commerciales et entrepreneuriales des deux pays afin de stimuler et augmenter les échanges commerciaux et d’investissements. Les outils clés pour cela sont notamment les séminaires de promotion du commerce et des investissements. Dans le cas de l’Afrique de l’Ouest, le IIᵉ séminaire de ce type se tiendra cette année à Accra, Ghana.

En matière d’échanges culturels, renforcer la diplomatie culturelle du Pérou avec une forte composante afro-péruvienne est essentiel. À cet égard, des expositions photographiques telles que « Es Amador » facilitent le rapprochement entre l’héritage afro-descendant du Pérou et la culture africaine.

Par ailleurs, des événements culturels comme les festivals de cinéma permettent de promouvoir la culture et l’histoire péruviennes à travers les récits portés par ces films. Des exemples significatifs incluent « Deliciosa Fruta Seca » et « Ainbo : L’esprit de l’Amazonie ».

Dans le même esprit, des activités liées à la danse et à la musique afro-péruvienne, notamment avec la présence de leaders traditionnels africains, permettent d’identifier des similitudes culturelles dans les rythmes et mouvements, reconnaissant l’incontestable parallèle entre les deux cultures. Au Ghana, l’appréciation exprimée par le Dzasetse Nii Amarkai III du peuple Ga lors du Ie Séminaire de musique et danse péruvienne à Accra fut révélatrice : « il n’y a pas de différences entre le Ghana et le Pérou, c’est la même chose », en référence aux similitudes entre le festejo péruvien et les danses traditionnelles ghanéennes.

ACTIONS CONCRÈTES POUR LE PÉROU.
Source: Archives de l’ambassade du Pérou au Ghana.
ACTIONS CONCRÈTES POUR LE PÉROU.
Source: : Archives de l’ambassade du Pérou au Ghana.

En ce qui concerne la gastronomie et les boissons spiritueuses, le potentiel d’expansion de notre gastronomie et de notre pisco est immense. En effet, dans la cuisine africaine, particulièrement ghanéenne, on observe les traces et les origines de nombreux plats péruviens traditionnels, notamment les similitudes entre le « waakye » et le « tacutacu », ce qui ouvre des possibilités culinaires encore à explorer.

De plus, le continent africain représente un terrain très prometteur pour notre pisco et le pisco sour,

CONCLUSION:

dont le potentiel d’exportation est énorme. Des activités de promotion comme des cours maîtres de pisco sour offrent non seulement l’opportunité de diffuser notre cocktail le plus emblématique, mais aussi de présenter son histoire et sa forte identité péruvienne. Au Ghana, le cours de pisco sour donné en novembre 2024 a porté ses fruits : actuellement, quatre établissements servent notre cocktail emblématique, une cave en distribue notre pisco et deux autres ont prévu de l’intégrer prochainement à leur offre.

UNE PERSPECTIVE STRATÉGIQUE ET CULTURELLE VERS UN AVENIR PARTAGÉ

Le renforcement des liens entre le Pérou et l’Afrique de l’Ouest représente non seulement une opportunité économique, mais aussi un engagement en faveur de la pluralité, du dialogue interculturel et de la construction d’un ordre international plus équitable. Dans ce processus, le Nigeria et la CEDEAO apparaissent comme des partenaires stratégiques partageant avec le Pérou des défis communs et des aspirations convergentes.

D’un point de vue diplomatique, l’enjeu est de surmonter les barrières géographiques, linguistiques et historiques, afin de bâtir des relations fondées sur le respect mutuel, la coopération horizontale et la reconnaissance d’identités partagées. D’un point de vue culturel, ce rapprochement avec l’Afrique de l’Ouest permet au Pérou de réinterpréter son héritage afro-descendant, de le valoriser comme partie intégrante de son identité nationale et de le projeter comme un pont vers l’avenir.

La diplomatie péruvienne, via son réseau et son engagement envers la diplomatie culturelle, peut jouer un rôle central dans ce processus, promouvant une nouvelle narration Sud–Sud dans laquelle le Pérou se positionne comme un acteur pertinent en Afrique, et l’Afrique comme une région clé de la politique étrangère péruvienne au XXIe siècle.

BIBLIOGRAPHIE:

Adebajo, A. (2020). The Curse of Berlin: Africa After the Cold War. Oxford University Press.

Comunidad Económica de Estados de África Occidental (CEDEAO). (2023). Sobre CEDEAO. Recuperado de https://www.ecowas.int/

Ministerio de Comercio Exterior y Turismo del Perú (MINCETUR). (2023). Mapa de oportunidades comerciales para África. Dirección General de Promoción de Exportaciones.

Actions concrètes pour le Pérou.
Source: : Archives de l’ambassade du Pérou au Ghana.

NIGÉRIA : CULTURE, INFLUENCE ET LIENS AVEC LE PÉROU

abel cárdenas tuppia

ministre conseiller au service diplomatiQue de la républiQue du pérou

La République fédérale du Nigéria, située en Afrique de l’Ouest, exerce une grande influence sur ce continent en raison de son poids économique, démographique et culturel. Avec plus de 220 millions d’habitants, c’est le pays le plus peuplé d’Afrique et le sixième du monde, ainsi que l’un des moteurs politiques et économiques de la région.

Cependant, sa richesse dépasse les simples chiffres: le Nigéria est une nation vibrante, dotée d’une diversité culturelle unique et d’une présence internationale croissante.

CULTURE NIGÉRIANE : UNE MOSAÏQUE DE TRADITIONS

Le Nigéria possède l’une des cultures les plus riches et les plus diverses du continent africain. Il compte plus de 250 groupes ethniques et langues, ce qui en fait un véritable creuset de traditions. Les trois plus grands groupes — les Haoussa, les Igbo et les Yoruba — apportent des systèmes de croyances, des gastronomies, des danses, des littératures et des musiques uniques, de plus en plus reconnues dans le monde entier.

Le lecteur a certainement déjà entendu parler de

Nollywood, ou peut-être a-t-il eu l’occasion de voir un film produit par cette grande industrie cinématographique nigériane, qui est l’une des plus importantes au monde. Elle a émergé avec l’essor du pétrole et est devenue la deuxième plus grande industrie cinématographique au monde, dépassant Hollywood et se plaçant juste derrière Bollywood, avec plus de 7000 titres produits en 13 ans. Nollywood a généré un impact culturel important sur tout le continent africain et s’est internationalisée grâce à la diaspora africaine à travers le monde.

NIGERIA ISLAM
Source: theafricareport.com

De même, sur le plan musical, le Nigéria a été qualifié de « cœur de la musique africaine ». Des genres comme le highlife (du Ghana et de la Sierra Leone) et le palm-wine ou maringa (de Sierra Leone), qui fusionnent des rythmes autochtones avec des techniques importées, ont servi de base au développement de plusieurs genres populaires nigérians comme l’apala, le fuji, le jùjú et le yo-pop. De plus, les musiciens nigérians ont créé leurs propres genres dérivés de la culture hip-hop américaine, notamment le hiplife (hip-hop nigérian), et du reggae jamaïcain (reggae nigérian). Il convient également de mentionner que des genres comme l’afrobeat ont influencé des artistes du monde entier, ce qui place de plus en plus le Nigéria sur le devant de la scène artistique mondiale.

Bien entendu, une société ne peut être pleinement comprise si l’on ne considère pas ses fondements religieux. Au Nigéria, 99,69 % de la population se déclare croyante. La religion principale est l’islam (50,8 %), pratiqué surtout dans le nord, suivi du christianisme (42 %), prédominant dans le sud. Il existe également une minorité significative qui pratique des religions traditionnelles africaines, souvent de manière syncrétique avec l’islam ou le christianisme. Il faut également souligner que les pratiques religieuses musulmanes et chrétiennes dans ce pays comportent une forte présence d’éléments syncrétiques issus des religions traditionnelles, telles que la religion yoruba, ainsi que l’identification de ses divinités (Orishas) avec des icônes ou personnages religieux propres à l’islam ou au christianisme.

Pour mieux comprendre ce que nous entendons par religions traditionnelles (également appelées tribales), il faut considérer qu’elles postulent l’existence d’un « monde mythique » (royaume spirituel), distinct du monde sensoriel, qui n’est pas altéré par le temps et partage l’espace physique de manière parallèle. C’est un espace peuplé de figures légendaires et/ou divines qui ont créé ou instauré les actes qui composent la vie quotidienne (comme chasser, se réunir, faire la guerre ou aimer).

Un autre aspect important pour comprendre l’imaginaire collectif dans cette région du monde est la notion du temps des peuples africains. Il ne s’agit ni d’une conception linéaire, ni d’un cycle, mais d’un « éternel présent », centré davantage sur une séquence causale que chronologique, car le passé représente une approche de la source originelle. En ce sens, les êtres humains sont classés selon leur proximité à cette source : ainsi, les premiers créés ont la prééminence sur les derniers. C’est pourquoi ces peuples ont un profond respect pour leurs anciens.

NOLLYWOOD
Source:
NIGERIA HIGHLIFE
Source: nairaland.com

LE NIGÉRIA ET SON RÔLE EN AFRIQUE

Le Nigéria est considéré comme le « géant de l’Afrique », car il s’agit de l’une des plus grandes économies du continent, grâce à ses réserves de pétrole, de gaz naturel et à un secteur technologique en pleine expansion. Il est aussi un acteur clé au sein de l’Union africaine et des organisations régionales comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest).

En outre, il est devenu un centre intellectuel africain de référence, avec des figures comme Chinua Achebe (auteur de Le monde s’effondre) et Wole Soyinka, premier Africain à recevoir le Prix Nobel de littérature.

LE NIGÉRIA ET LE PÉROU : DES LIENS CROISSANTS

Bien que géographiquement éloignés, le Nigéria et le Pérou ont développé des relations diplomatiques et commerciales. Les relations bilatérales ont débuté en 1971, par un échange de notes, et depuis, elles n’ont cessé de se renforcer au fil du temps.

Ces dernières années, on a observé un intérêt renouvelé pour le renforcement des liens entre nos deux pays, à travers des échanges culturels, la coopération Sud-Sud et des opportunités commerciales.

Dans le volet culturel, l’étude des racines africaines au Pérou, en particulier sur la côte péruvienne, a suscité un regain d’intérêt pour les cultures africaines, y compris la culture nigériane. En ce sens, le Nigéria représente un point clé pour comprendre l’héritage de la diaspora africaine en Amérique latine.

De plus, le Pérou considère le Nigéria comme un marché stratégique en Afrique pour l’exportation de produits agricoles, pharmaceutiques et de services,

tandis que le Nigéria s’intéresse au savoir-faire péruvien en matière de pêche, agriculture de haute altitude et gastronomie.

Le Nigéria n’est pas simplement un pays africain de plus : c’est une puissance culturelle, économique et politique qui incarne l’esprit résilient et diversifié du continent. Son influence dépasse ses frontières et atteint même le Pérou, avec lequel il partage des intérêts en matière de développement, de culture et de coopération. Avec le renforcement de ces liens, les deux pays ont beaucoup à gagner, tant sur le plan bilatéral que dans la construction d’un dialogue SudSud plus solide.

Pour que tout cela soit possible, il est nécessaire de mieux comprendre l’imaginaire collectif du peuple nigérian, qui va au-delà de ses traditions et de sa culture, et qui plonge dans l’esprit qui l’anime, lui donne du sens, et constitue la base de ses goûts et de ses besoins.

CHINUA ACHEBE
Source: bard.edu
WOLE SOYINKA
Source: tfana.org

ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

DES PONTS D’AUTONOMISATION POUR LES FEMMES D’AFRIQUE DE L’OUEST ET DU PÉROU

La protection des droits des femmes et leur autonomisation sont des sujets de haute priorité à l’agenda international. Divers pays et organisations internationales promeuvent activement des initiatives visant à améliorer les conditions de vie des femmes, en particulier celles issues de secteurs vulnérables. Cette préoccupation prend une importance accrue dans les régions du Sud global, où les femmes font souvent face à des inégalités structurelles et socio-économiques plus marquées, limitant leur accès aux ressources, aux services et aux opportunités de développement.

Dans ce contexte, les stratégies d’autonomisation économique des femmes ne représentent pas seulement une réponse à ces écarts, mais constituent également des plateformes de coopération. L’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest, régions diverses mais confrontées à des problématiques sociales similaires, ont développé des efforts significatifs pour promouvoir le rôle central des femmes, notamment dans les zones rurales.

En Afrique de l’Ouest, l’un des programmes les plus représentatifs en ce sens est le Business Incubator for African Women Entrepreneurs (BIAWE), promu par la Economic Community of West African States (ECOWAS), en collaboration avec l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID, sigle en espagnol) et le Nouveau partenariat

pour le développement de l’Afrique (NEPAD, sigle en espagnol).

Entre 2018 et 2020, ce projet a favorisé la création de centres d’incubation d’entreprises dans les zones rurales du Burkina Faso et de la Sierra Leone, qui ont offert aux femmes une formation à l’égalité des sexes, un accès aux marchés, la transformation de produits locaux comme les céréales, le manioc, le poisson, l’huile de palme et la volaille, ainsi que des microcrédits pour développer de petites entreprises. Dans des contextes où les familles dépendent majoritairement de l’agriculture de subsistance, la transition vers des modèles d’agrobusiness a également été encouragée (CEDEAO, 2018, 2020).

En 2024, la CEDEAO a complété ces actions par la création de la Federation of Business Women Entrepreneurs (FEBWE), un espace destiné aux femmes africaines pour exposer leurs produits et élargir leurs réseaux commerciaux.

Cette même année, en collaboration avec Ecobank, a été lancé le Programme d’autonomisation des femmes commerçantes au Nigéria, qui a permis de former 400 femmes commerçantes à travers du mentorat et un accès au financement, afin de les préparer à tirer parti des opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine et de contribuer à la croissance économique régionale.

live purhuaya arauJo
EN AFRIQUE DE L'OUEST, LES FEMMES RURALES SONT LES MOTEURS DU CHANGEMENT
Source: Ifad.org

Source: hausa.libertytvradio.com

Cette initiative reflète la Vision 2025 de la CEDEAO, qui vise à promouvoir une croissance inclusive et un développement durable dans la région. Selon la Commissaire aux affaires économiques et à l’agriculture de la CEDEAO, Mme Massandjé ToureLitse, ces actions constitueraient « une manière de créer des ponts à travers la région de l’Afrique de l’Ouest en termes d’autonomisation, en préparant les femmes (…) et en développant leurs capacités, non seulement pour qu’elles soient autonomisées socialement, mais aussi économiquement ».

Ces expériences africaines trouvent un parallèle intéressant au Pérou, où le Ministère du développement agraire et de l’irrigation (MIDAGRI, sigle en espagnol), par le biais de la Direction de la promotion de la femme productrice agraire (DPMPA, sigle en espagnol) et Agroideas, met en œuvre depuis 2022 la Stratégie d’entrepreneuriat de la femme rurale et autochtone (EEMRI, sigle en espagnol), qui a soutenu les organisations de femmes rurales et autochtones par des subventions à des plans d’entrepreneuriat et d’autonomisation économique (MIDAGRI, 2025). Dans ce cadre, l’EEMRI promeut des projets dans les domaines agricoles, de l’élevage et forestiers, afin d’améliorer les revenus des femmes, renforcer leur autonomie économique et réduire les écarts de genre en milieu rural.

Par ailleurs, le Ministère de la Femme et des Populations Vulnérables (MIMP, sigle en espagnol) a présenté la Stratégie nationale de la femme entrepreneure (ENME, sigle en espagnol), dont l’objectif est de promouvoir l’autonomie économique des femmes en offrant des formations, des prêts, des réseaux de contact, des conseils sur la valorisation économique des terres et des moyens de production, en particulier pour les femmes à la tête d’entreprises ou d’associations commerciales, surtout celles vivant dans les zones rurales du Pérou.

Les initiatives développées dans des régions aussi éloignées que l’Afrique de l’Ouest et le Pérou révèlent une approche partagée qui reconnaît le développement économique comme base de l’autonomisation des femmes, promu à travers l’autonomie économique, le renforcement des capacités et la valorisation des savoirs locaux.

Les femmes participent activement aux activités productives, et leur rôle dans le développement national est fondamental. L’Union africaine souligne la contribution de la femme rurale dans la transformation des systèmes agricoles et alimentaires, tout en notant que sa charge de travail dans le secteur agricole a augmenté en raison de l’émigration masculine. En réponse, elle promeut également des programmes axés sur l’éducation et l’intégration économique à travers l’entrepreneuriat.

CEDEAO

Parmi ces efforts, on peut citer le programme Créer des opportunités pour les jeunes et les femmes en Afrique (COYWA, sigle en espagnol), développé avec l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), qui vise à renforcer les capacités, encourager l’entrepreneuriat et promouvoir l’inclusion sociale, avec un accent sur l’égalité des sexes et les droits humains.

Dans ce cadre, s’ouvre une opportunité de promouvoir une coopération Sud-Sud centrée sur l’échange de connaissances, d’expériences et de méthodologies. Un dialogue entre femmes afrodescendantes, andines, autochtones et africaines permettrait de partager les apprentissages et de renforcer les réseaux. Il pourrait aussi contribuer à rendre visible l’importance du rôle des femmes dans le développement durable, selon une perspective communautaire, interculturelle et décentralisée.

Pour le Pérou, ce type d’échange représente une manière de diversifier sa projection internationale, notamment vers des régions comme l’Afrique, avec lesquelles il partage des intérêts en matière de développement social et de sécurité alimentaire. La coopération autour de l’autonomisation des femmes peut être un point d’entrée efficace, puisqu’il s’agit d’un agenda commun, transversal et stratégique.

Les expériences d’autonomisation économique des femmes rurales en Afrique de l’Ouest et au Pérou démontrent que, malgré les différences géographiques et culturelles, il existe des chemins communs à emprunter ensemble. Des centres d’incubation au Burkina Faso et en Sierra Leone aux stratégies du MIDAGRI dans les zones rurales andines et amazoniennes, se tisse un réseau d’initiatives qui placent les femmes au centre, en tant qu’agentes de changement et de développement. Transformer ces convergences en opportunités de coopération effective dépendra de la volonté politique, de l’engagement institutionnel et, surtout, de la capacité des femmes elles-mêmes à diriger ces processus.

BIBLIOGRAPHIE:

Agencia Española de Cooperación Internacional para el Desarrollo. (2024, 25 de abril). Lanzamiento del proyecto “Incubadora para mujeres empresarias” en Sierra Leona. AECID. Consulté le 16 juillet 2025, sur https://www.aecid.es/w/lanzamiento-del-proyectoincubadora-para-mujeres-empresarias-en-sierraleona

Comunidad Económica de Estados de África Occidental. (s.f.). Directorate: Gender, Youth, Sports, CSO, Employment and Drug Control. ECOWAS. Consulté le 16 juillet 2025, sur https://www. ecowas.int/directorate/gender-youth-sports-csoemployment-and-drug-control/

Comunidad Económica de Estados de África Occidental. (2024, 12 de marzo). ECOWAS to open business incubator centres for women entrepreneurs in rural areas of West Africa. ECOWAS. Consulté le 16 juillet 2025, sur https://www.ecowas.int/ecowasto-open-business-incubator-centres-for-womenentrepreneurs-in-rural-areas-of-west-africa/

Comunidad Económica de Estados de África Occidental (ECOWAS), Ecobank empower 400 women traders in Nigeria. Consulté le 16 juillet 2025, sur https://www.thisdaylive.com/2024/10/30/ecowasecobank-empower-400-women-traders-in-nigeria/

Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables del Perú. (2024). Anexo [documento institucional]. Consulté le 16 juillet 2025, sur e https://cdn.www. gob.pe/uploads/document/file/7568586/6426916anexo.pdf?v=1738429314

CRITIQUE DU LIVRE MÉMOIRES D’UN PRIMATE : LA VIE

PEU CONVENTIONNELLE D’UN NEUROSCIENTIFIQUE PARMI

LES BABOUINS (2015) DE ROBERT SAPOLSKY

Jimy truJillo

deuxième

Il est probable que le nom de Robert Sapolsky soit peu familier au lecteur non initié à la primatologie. Contrairement à d'autres domaines scientifiques qui ont été intégrés à l'imaginaire de la culture populaire, comme la physique, l'étude des primates a conservé une présence médiatique limitée. Même l’apparition d’icônes culturelles telles que Jane Goodall ou Dian Fossey a fini par associer cette discipline davantage à l’activisme et à l’écologie qu’à la vulgarisation scientifique ou à la fiction spéculative.

Cela ne devrait pourtant pas constituer un frein à la découverte de l’œuvre de Sapolsky, qui a gagné en notoriété ces dix dernières années grâce à d’importants ouvrages de vulgarisation scientifique. Fort d’une formation académique remarquable — en anthropologie biologique et en neuroendocrinologie —, ce scientifique américain a su évoluer dans des domaines aussi variés que les neurosciences (Why Zebras Don’t Get Ulcers, 1994), la biologie du comportement (Behave, 2017), et plus récemment, la philosophie de la liberté (Determined : A Science of Life Without Free Will, 2023).

Curieusement, parmi son vaste catalogue de publications, Mémoires d’un primate est sans doute son ouvrage le plus emblématique et, d’une certaine manière, le plus intime. Poussé par son intérêt pour l’étude du comportement des babouins mâles en milieu sauvage, l’Américain choisit, quelques semaines seulement après avoir obtenu son diplôme à Harvard, de quitter le confort de son laboratoire pour s’installer dans un parc national au Kenya. Ainsi, pendant plus de vingt ans, son dur labeur d’observation s’est entrelacé et, dans une certaine mesure, enrichi des dynamiques sociales, politiques et culturelles complexes de l’Afrique subsaharienne.

Le fondement du livre repose donc sur une recherche légitime sur la conduite des babouins dans leur environnement naturel. Le but scientifique du jeune Sapolsky était alors de comprendre dans quelle mesure les relations sociales entre ces primates pouvaient influencer leurs niveaux de stress. Dans cette optique, l’ouvrage résume, dans un langage dépourvu de jargon technique, des décennies de recherche de terrain, démocratisant ainsi le savoir académique d’une discipline aussi fascinante que la primatologie.

au service diplomatiQue de la républiQue du pérou MÉMOIRES D'UN PRIMATE : LA VIE ATYPIQUE D'UN NEUROSCIENTIFIQUE PARMI LES BABOUINS

Source: libreriasiglo.com

Cependant, l’auteur ne limite pas son travail à la seule vulgarisation scientifique. Car s’il est vrai que le livre synthétise un vaste ensemble de connaissances et d’anecdotes sur le comportement social des babouins, il s’attache aussi à créer un lien avec le lecteur à travers un récit personnel, partageant le processus d’apprentissage d’un jeune chercheur perdu sur un continent aussi magnifique que déroutant. Et c’est justement grâce à ce témoignage que Mémoires d’un primate peut aussi être considéré comme une sorte d’approche socio-anthropologique du tissu culturel et politique de l’Afrique de l’Est dans les années 1980.

Porté par cet esprit d’exploration inhérent, le primatologue finit par s’insérer, souvent malgré lui, dans les dynamiques complexes de l’Afrique orientale. Les voyages interminables sur des routes défoncées, sa visite risquée en Ouganda après la chute du despote Idi Amin, la traversée intrépide des montagnes Ruwenzori à la recherche de la tombe de Dian Fossey, les attaques presque fatales de fourmis guerrières, les querelles incessantes avec les gardes forestiers et, surtout, l’infinité d’arnaques dont il a été victime ne sont que quelques-unes des expériences marquantes qu’il a dû affronter pendant plus de deux décennies.

En outre, grâce à son style informel mais d’une honnêteté brutale, la plume de Sapolsky est capable de dépeindre une multiplicité complexe de personnages. En raison des conditions particulières de sa recherche, le scientifique entre en contact avec des tribus vivant sur les territoires du Kenya et de la Tanzanie. Cela lui permet de découvrir de près leurs coutumes et leur résistance face aux transformations culturelles venues de l’Occident. Par exemple, l’une de ses amies les plus proches est Rodha, une femme mimasaï, mi-kikuyu, qui encourage les enfants de son

ethnie à poursuivre leur scolarité, malgré l’opposition des anciens. D’un autre côté, Samwelly est le nom d’un jeune Kikuyu qui devient son assistant de terrain, incarnant une génération de Kényans tiraillés entre leurs traditions tribales et les opportunités du monde contemporain.

Ce qu’il faut surtout retenir de cette approche de la réalité africaine complexe, c’est l’empathie avec laquelle le récit est construit. Tout au long de l’ouvrage, l’Américain n’essaie pas de faire la leçon sur les origines des conflits en Afrique subsaharienne. Au contraire, le ton familier avec lequel il raconte ses expériences lui permet de s’insérer, curieusement, comme un personnage de plus confronté aux difficultés structurelles de cette région. Ainsi, le lecteur est invité à réfléchir à l’anthropocentrisme, à l’abandon institutionnel, à l’impact négatif du tourisme sur divers écosystèmes, à la corruption omniprésente dans presque toutes les sphères de la société, à la fragilité de l’engagement humain envers la nature et à l’indifférence généralisée envers certaines espèces animales.

En définitive, Mémoires d’un primate se présente comme une œuvre qui, à partir d’une prémisse de vulgarisation scientifique, parvient à tracer un portrait intime, quoique limité, de la réalité africaine. Même si la narration de Sapolsky part souvent d’un sentiment d’innocence, de peur ou de frustration, son approche de l’inconnu se construit toujours dans une posture profondément empathique. Loin de rechercher des vérités absolues ou des explications complexes, l’auteur propose un témoignage profondément humain, non seulement sur ses découvertes concernant le comportement des babouins, mais aussi sur sa cohabitation avec les tensions et les inégalités qui traversent les sociétés de l’Afrique orientale.

FICHE TECHNIQUE

Auteur : Robert Sapolsky | Titre original : A Primate’s Memoir: A Neuroscientist’s Unconventional Life Among the Baboons | Traduction : Josefina Ruiz Hernández

Année de publication : 2015 (2001) | Éditeur : Capitán Swing

Nombre de pages : 407

ATTIÉKÉ AVEC POISSON MIJOTÉ

INGRÉDIENTS (POUR 4 PERSONNES)

POUR LE POISSON MIJOTÉ:

- 4 poissons (dorade, tilapia ou maquereau).

- 2 gousses d’ail écrasées.

- 1 cuillère à soupe de gingembre râpé.

- 1 cuillère à soupe de moutarde.

POUR L’ATTIÉKÉ:

- 500 g d’attiéké (semoule de manioc).

- 1 oignon finement haché.

- 1 tomate coupée en dés.

- 2 cuillères à soupe d’huile végétale.

- Sel selon le goût.

PRÉPARATION:

1. Pour préparer le poisson braisé, nettoyer le poisson et faire des incisions sur les côtés pour une meilleure absorption des épices. Mélanger l’ail, le gingembre, la moutarde, l’huile, le sel, le poivre et le piment pour préparer une marinade. Enduire le poisson avec cette marinade et le laisser reposer dans un endroit frais pendant 30 minutes. Faire griller le poisson sur du charbon de bois ou au four à 200 ºC pendant environ 20 minutes, en le retournant à mi-cuisson.

- 2 cuillères à soupe d’huile végétale.

- 1 cuillère à café de piment en poudre (optionnel).

- Sel et poivre selon le goût.

POUR LA SAUCE TOMATE:

- 3 tomates frais mixés.

- 1 oignon haché.

- 1 cuillère à soupe de concentré de tomate.

- 2 cuillères à soupe d’huile.

- 1 cube de bouillon (optionnel).

- Sel et poivre.

2. Pour préparer l’attiéké, émietter l’attiéké dans un grand bol. Chauffer à la vapeur ou au micro-ondes pendant 3 à 5 minutes. Mélanger l’attiéké avec l’oignon, la tomate, l’huile et le sel. Réserver.

3. Pour préparer la sauce tomate, chauffer l’huile dans une casserole et faire revenir l’oignon haché jusqu’à ce qu’il devienne translucide. Ajouter les tomates mixées et le concentré de tomate. Laisser mijoter à feu doux pendant 10 minutes. Assaisonner avec du sel, du poivre et, si désiré, un cube de bouillon.

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