CUMANANA L-FRA

ÉDITION OCTOBRE 2025

NUMÉRO L

Cumanana

BUL L ETI N VI RTUEL DE LA C U LT U R E P É R U V IE N N E P O U R L' A F R IQ U E

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PÉROU

ÉDITION DÉDIÉE À LA 16e ÉDITION DE LA JOURNÉE DE L’AMITIÉ PERUANO-AFRICAINE DISCOURS D’OUVERTURE DE LA 16e ÉDITION DE LA JOURNÉE DE L’AMITIÉ PÉRUVIO-AFRICAINE

ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

RECETTE CHEVREAU AUX HARICOTS

ISSN : 3084-7702 (en ligne)

CONTENU 4

Discours d’ouverture de la 16e édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine

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Discours d’ouverture de la 16 e édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine au nom des ambassades africaines résidentes

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La diaspora africaine dans le Pérou colonial : racines historiques de l’amitié péruvio-africaine

Ambassadeur Félix Denegro Boza, vice-ministre des Relations extérieures

Ahmed Bakr, ambassadeur d’Égypte au Pérou

Raúl Eduardo Flores Rojas

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La cumanana dans le village afro-péruvien de Yapatera : identité et mémoire projetées vers les industries culturelles et le tourisme

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La visibilité du peuple afro-péruvien à travers les politiques culturelles

Samanta Hilda Calle Ruiz & Rosa Isabel Castillo Tavara

Alicia del Pilar Quevedo Canales, Ministère de la Culture du Pérou

SECTION SPÉCIALE : ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

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Les Afro-Américains napoléoniens, agents idéalistes?

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Des Andes au Maghreb : la littérature de Clorinda Matto de Turner et Assia Djebar comme miroir de sociétés en transformation

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L’héritage afro-péruvien dans le Hatajo de Negritos et Pallitas

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« Comme l’amour, la vérité est inclusive » : The Histories de Kerry James Marshall

Ambassadeur au Service diplomatique de la République, Jorge Alejandro Raffo Carbajal

Première Secrétaire au Service diplomatique de la République, Amparo María Melchor Castro

Deuxième Secrétaire au Service diplomatique de la République, Verónica Miyagusuku Ríos

Deuxième Secrétaire au Service diplomatique de la République, Jimy Trujillo Chuquihuaccha

RECETTE

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Chevreau aux haricots

INTRODUCTION

Vice-ministre des Relations extérieures du Pérou et représentants des ambassades africaines présents lors de la XVI e Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine Source: Ministère des Relations extérieures du Pérou

L

e lundi 20 octobre 2025, le Centre Culturel Inca Garcilaso du Ministère des Relations extérieures a accueilli la XVIe édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine (DAPA), une commémoration qui a réaffirmé l’engagement du Pérou en faveur du renforcement des liens d’amitié et de coopération avec les nations du continent africain.

L’événement a également permis de mettre en lumière la dimension culturelle de la relation birégionale.

Dans ce cadre, une série philatélique commémorative a été présentée à l’occasion des anniversaires des relations diplomatiques avec le Sénégal, l’Angola et la Tanzanie, symbolisant l’appréciation de l’histoire partagée et de la diversité culturelle.

La cérémonie a été présidée par le vice-ministre des Relations extérieures, Félix Denegri Boza, et par l’ambassadeur de la République arabe d’Égypte, Ahmed Hamdi Bakr Mohamed, représentant les ambassades africaines accréditées dans le pays.

L’événement a été coorganisé avec les représentations diplomatiques de l’Algérie, de l’Égypte, du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Angola, et a compté sur la présence de hautes autorités, parmi lesquelles les congressistes Heidi Juárez et Víctor Flores, le viceministre de l’Interculturalité, Percy Barranzuela, ainsi que les ambassadeurs de Belgique, de Roumanie, de Russie, du Guatemala, du Japon, de Cuba, du Panama et d’autres nations amies.

Lors de son intervention, l’ambassadeur Ahmed Hamdi Bakr Mohamed a souligné qu’l’Afrique et l’Amérique latine partagent des défis communs, tels que la nécessité de diversifier leurs économies, de réduire leur dépendance aux matières premières et de miser sur l’éducation, la technologie et la production à valeur ajoutée.

La journée s’est achevée par une exposition culturelle et gastronomique qui a permis au public d’apprécier des danses afro-péruviennes et arabes, des représentations musicales et une dégustation de plats typiques du Pérou et des pays africains participants.

Les ambassades africaines et le Ministère de la Dans son discours inaugural, l’ambassadeur Denegri Culture ont présenté des tables décoratives illustrant a mis en avant l’engagement du Pérou à renforcer la richesse et la diversité du continent africain, créant les liens d’amitié et de coopération avec les pays ainsi un précieux espace de rencontre interculturelle. africains, soulignant que l’année 2025 marque Parmi les présentations artistiques les plus la première année de mise en œuvre du Plan remarquables figuraient le festejo, l’alcatraz, le stratégique pour l’Afrique 2024–2030 du Ministère zapateo criollo et un récital de décimas animé par des Relations extérieures. Il a également salué les le maître Octavio Santa Cruz, qui ont mis en valeur progrès accomplis sur le plan politico-diplomatique, l’empreinte africaine dans l’identité culturelle notamment les réunions de consultations politiques péruvienne. tenues avec le Ghana et l’Angola, et a annoncé que ce mécanisme devrait prochainement être mis en place avec l’Afrique du Sud et l’Égypte.

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ARTICLE 1

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA 16 e ÉDITION DE LA JOURNÉE DE L’AMITIÉ PÉRUVIANO-AFRICAINE

Ambassadeur Félix Denegri Boza, vice-ministre des Relations extérieures

C

’est un honneur de présider, au nom de Monsieur le Chancelier, l’inauguration de la seizième édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine, une occasion au cours de laquelle nous célébrons les liens historiques, culturels et de coopération qui unissent le Pérou au continent africain.

L’année 2025 représente une étape importante pour nos relations avec l’Afrique. Nous achevons la première année de mise en œuvre du Plan stratégique pour l’Afrique 2024–2030, qui oriente la politique étrangère péruvienne vers une relation plus active, structurée et à long terme avec les pays africains.

Nous avons atteint des résultats significatifs. En septembre, nous avons tenu la Première Réunion de Consultations Politiques avec le Ghana, et en juillet, la Première Réunion avec l’Angola, qui a conduit à la signature d’un Accord d’Exemption de Visas pour les Passeports Diplomatiques et Officiels. Nous avons également commémoré le 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec l’Angola, une occasion de renouveler notre volonté de renforcer la coopération bilatérale.

Nous préparons également de nouvelles réunions des mécanismes de consultation avec l’Afrique du Sud et l’Égypte, partenaires stratégiques avec lesquels nous partageons une vision commune du développement durable, de la coopération technique et de la manière d’affronter ensemble les grands défis mondiaux.

Dans le domaine culturel et académique, nous avons consolidé la revue Cumanana, qui atteint ce moisci son 50 e numéro. Publiée en espagnol, anglais, portugais et français, elle est devenue un espace de référence sur l’Afrique et la diaspora africaine.

Cette année, nous avons également présenté trois nouvelles publications : Pérou et Afrique en images du XIX e siècle, Pérou–Namibie : une vision de politique et de coopération internationale, et Quand deux mondes s’embrassent. Ces ouvrages mettent en valeur les liens historiques, culturels et diplomatiques qui unissent le Pérou au continent africain et préservent la mémoire commune qui nous rapproche.

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Vice-ministre des Relations extérieures du Pérou, ambassadeur Félix Denegri Boza Source: Ministère des Relations extérieures du Pérou

Enfin, je souhaite souligner le lancement, demain, de la série philatélique commémorative à l’occasion des anniversaires des relations diplomatiques avec l’Angola, le Sénégal et la Tanzanie, élaborée en collaboration avec Services Postaux du Pérou, en tant que symbole tangible de notre fraternité avec le continent africain.

Mesdames et Messieurs, Je tiens à remercier la collaboration des ambassades d’Algérie, d’Égypte et du Maroc accréditées à Lima, coorganisatrices de cette édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine, ainsi que la présence des représentations diplomatiques concurrentes de l’Angola, de l’Afrique du Sud, du Nigeria, de la Guinée équatoriale et du Soudan, qui nous honorent de leur visite aujourd’hui.

Convaincu que l’avenir de la relation Pérou–Afrique est prometteur, je déclare inaugurée la XVIe édition de la Journée de l’Amitié Péruvio-Africaine et j’invite chacun à profiter des activités culturelles et gastronomiques que nous avons préparées pour cette agréable célébration.

Je vous remercie.

ARTICLE 2

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA 16 e ÉDITION DE LA JOURNÉE DE L’AMITIÉ PERUVIANO–AFRICAINE AU NOM DES AMBASSADES AFRICAINES RÉSIDANT AU PÉROU Ahmed Bakr, Ambassador of Egypt to Peru

Ambassadeur d’Égypte au Pérou lors de la 16 e Journée de l’Amitié Péruviano–Africaine Source: Ministère des Relations extérieures du Pérou

C’est un véritable honneur de m’adresser à vous à l’occasion de cette célébration significative de la Journée de l’Amitié Péruviano–Africaine. Cette rencontre représente une occasion de réaffirmer les liens historiques, culturels et humains profonds qui unissent l’Égypte à l’Afrique, et de regarder ensemble vers un avenir de coopération et de développement partagé.

L’Égypte fait partie intégrante de l’Afrique — non seulement par sa géographie, mais aussi par son histoire, sa culture et son destin commun. Depuis la naissance de notre civilisation sur les rives du Nil jusqu’à nos efforts actuels en faveur de l’intégration continentale, l’Égypte a toujours été liée au cœur de l’Afrique. Notre patrimoine historique et culturel constitue une part inséparable de l’identité africaine, un témoignage vivant de la créativité, de la force et de la continuité de l’esprit africain à travers les siècles.

En tant qu’Égyptien, je suis fier de représenter un pays qui n’est pas seulement un pont entre l’Afrique et le monde arabe, mais aussi une composante essentielle du continent africain.

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L’Égypte dépend à 98 % de l’eau du Nil, qui prend sa source dans les montagnes de l’Afrique de l’Est et traverse onze pays avant de se jeter dans la Méditerranée. Cette eau sacrée, source de vie et de civilisation, nous rappelle que notre existence est intimement liée à celle de nos frères africains. C’est pourquoi l’Égypte a toujours cherché à entretenir des relations de coopération et de compréhension avec les pays du bassin du Nil, fondées sur l’équité et la responsabilité partagée.

Depuis l’époque de l’Égypte ancienne, notre pays est relié au reste du continent par des liens de sang, de commerce, de culture et de savoir.

La reine Hatchepsout, l’une des figures les plus remarquables de notre histoire, renforça le commerce avec l’Afrique grâce à sa célèbre expédition vers la Terre de Pount — probablement située dans la région de la Corne de l’Afrique. Cette mission rapporta à l’Égypte des produits précieux tels que l’or, l’ébène, la myrrhe et l’encens, mais surtout, elle consolida les premiers liens diplomatiques et commerciaux du continent, fondés sur la coopération pacifique.

Ces liens ne se sont jamais rompus au fil du temps.

Au XXe siècle, l’Égypte a joué un rôle clé dans les mouvements d’indépendance africains, apportant un soutien politique, logistique et éducatif à de nombreux pays en lutte contre le colonialisme.

de ses frères africains pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 — la grande vision stratégique de l’Union Africaine qui aspire à bâtir une Afrique prospère, intégrée et en paix. Cet agenda comprend des objectifs concrets tels que le développement d’un réseau ferroviaire panafricain, l’accroissement du commerce intra-africain, l’égalité des genres et l’industrialisation durable.

Et l’Afrique avance…

Aujourd’hui, notre continent est le plus jeune de la planète, avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans. Sa population totale dépasse 1,4 milliard d’habitants et devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050. Cette croissance représente un immense potentiel humain, un marché en expansion et une source d’innovation et de créativité qui transformeront le monde. L’Égypte, par exemple, possède le deuxième PIB du continent africain, reflet de la force économique et des perspectives de développement qui caractérisent notre région.

Mes amis, le développement ne dépend pas seulement des ressources naturelles que nous possédons, mais aussi de l’investissement dans l’être humain. L’Afrique et l’Amérique latine partagent un même défi : diversifier leurs économies, réduire leur Gamal Abdel Nasser Source: Wikipedia dépendance vis-à-vis des exportations de matières premières et miser sur l’éducation, la technologie et la Le président Gamal Abdel Nasser fut l’un des production à valeur ajoutée. Si l’Afrique et l’Amérique artisans de la création de l’Organisation de l’Unité latine unissent leurs efforts, elles peuvent cesser Africaine (OUA), fondée en 1963, dont l’objectif était d’être des régions dépendantes pour devenir des de promouvoir l’unité, la solidarité et l’indépendance moteurs de croissance et d’innovation mondiales. des peuples africains. Aujourd’hui, cet héritage se poursuit à travers l’Union Africaine (UA), créée en Les deux continents possèdent: 2002 pour succéder à l’OUA, qui avait rassemblé les nations africaines de 1963 à 2002. L’Égypte • Une richesse culturelle et naturelle sans eut l’honneur de présider l’organisation en 2019, précédent. une année décisive dans le processus de réforme • Des marchés jeunes et dynamiques. institutionnelle de l’Union Africaine, visant à renforcer son rôle dans la médiation des conflits et la • Des ressources stratégiques essentielles à promotion du développement durable. l’économie mondiale, telles que le lithium, le cuivre, le cobalt ou le gaz naturel.

L’Égypte est également membre fondateur d’importantes organisations régionales africaines, telles que le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), qui regroupe 21 pays et vise à intégrer les marchés africains ; elle participe activement au Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), une initiative destinée à promouvoir l’industrialisation, la sécurité alimentaire et la connectivité numérique du continent. À travers ces plateformes, l’Égypte travaille aux côtés

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Grand Musée de Gizeh

Source: Explorandomagazine

Notre défi est de transformer cette richesse en bien-être, d’éviter la fuite des talents et de créer des opportunités pour nos peuples. L’autosuffisance ne signifie pas l’isolement, mais une coopération intelligente. Cela signifie bâtir une économie interconnectée et équitable, où l’Afrique et l’Amérique latine sont perçues non seulement comme des fournisseurs, mais comme des acteurs clés du XXIe siècle. Cette année, l’Égypte est également fière de partager avec vous trois événements qui reflètent le dynamisme culturel, historique et national de notre pays.

Tout d’abord, l’inauguration du Grand Musée de Gizeh, prévue pour le 1ernovembre, qui sera le plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation.

Ce projet monumental, situé à côté des Pyramides, abritera plus de cent mille pièces de l’Égypte ancienne, dont la collection complète des trésors de Toutankhamon. Ce sera un espace extraordinaire et fascinant à tous égards, qui non seulement préservera notre héritage millénaire, mais ouvrira également ses portes au monde comme symbole de fierté, de savoir et de dialogue entre les cultures.

l’ancien ministre du Tourisme et des Antiquités, le Dr Khaled El-Enany, au poste de directeur général de l’UNESCO, devenant ainsi le premier Égyptien à occuper cette importante fonction. Cette nomination honore l’Égypte et toute l’Afrique, réaffirmant notre engagement en faveur de l’éducation, de la science et de la protection du patrimoine culturel de l’humanité.

Enfin, je souhaite souligner le rôle de l’Égypte dans la recherche de la paix, à travers sa médiation dans les négociations conjointes qui ont conduit au cessezle-feu entre le Hamas et l’État d’Israël — une étape porteuse d’espoir destinée à soulager les souffrances et à favoriser la stabilité dans la région et dans le monde.

Voilà l’Égypte d’aujourd’hui: fière de son histoire, engagée envers son continent et optimiste quant à l’avenir.

Continuons à renforcer nos liens, à partager nos connaissances et à célébrer ce qui nous unit: l’amitié, la dignité et la détermination de nos peuples.

Merci beaucoup et bonne Journée de l’Amitié De même, l’Égypte célèbre l’élection récente de Péruviano–Africaine!

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ARTICLE 3

LA DIASPORA AFRICAINE AU PÉROU COLONIAL : RACINES HISTORIQUES DE L’AMITIÉ PERUANO–AFRICAINE

Raúl Eduardo Flores Rojas

Diaspora africaine Source: France24

1. Introduction La diaspora africaine représente l’un des chapitres les plus marquants, mais aussi l’un des plus douloureux de l’histoire moderne. Elle fut engendrée par la traite transatlantique des esclaves, qui dispersa des millions de personnes d’origine africaine à travers le monde entre les XVe et XIXe siècles. Ce phénomène, né de l’expansion coloniale européenne, impliqua la capture et la déportation forcée d’individus depuis diverses régions d’Afrique occidentale et centrale vers les Amériques, où ils furent soumis à des conditions d’esclavage destinées à soutenir des économies fondées sur l’exploitation du travail. Dans le contexte du vice-royaume du Pérou, établi en 1542 comme l’un des centres névralgiques de l’Empire espagnol en Amérique du Sud, l’arrivée des Africains réduits en esclavage commença discrètement au XVIe siècle, mais s’intensifia rapidement comme partie intégrante de ce commerce atlantique. Les premiers esclaves africains arrivèrent avec les expéditions conquérantes, telle celle menée par Francisco Pizarro en 1528, et leur présence se consolida aux XVIe et XVIIe siècles afin de répondre à la demande de maind’œuvre dans des secteurs clés comme l’agriculture.

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Selon les archives historiques, la traite transatlantique des esclaves à destination du Pérou colonial provenait principalement de populations issues de royaumes africains tels que Oyo, Dahomey et d’autres États d’Afrique occidentale, où les prisonniers de guerre ou tributs étaient vendus à des intermédiaires européens. Ces individus, souvent capturés lors de conflits internes ou au moyen de réseaux commerciaux préexistants, furent transportés dans des conditions inhumaines à travers l’océan Atlantique, arrivant dans des ports comme Cartagena de Indias ou directement à Callao, d’où ils étaient ensuite répartis vers Lima, Trujillo, Arequipa et d’autres régions du vice-royaume. Des ouvrages tels que L’Esclave africain au Pérou colonial (1524–1650) de Frederick Bowser documentent qu’au milieu du XVIIe siècle, la population esclave africaine au Pérou avait considérablement augmenté, représentant une part substantielle de la main-d’œuvre dans les plantations de canne à sucre et dans la production de biens destinés à l’exportation. Dans le même sens, il est indiqué que « vers le milieu du XVIIe siècle, elle dépassait déjà les 40 000 personnes, dont environ 20 000 vivaient dans la ville de Lima » (Haro Hidalgo, 2019), ce qui montre le poids démographique atteint par cette population dans le vice-royaume.

Cette importation massive illustrait clairement la consolidation d’un système de castes raciales, où les Africains et leurs descendants étaient considérés comme la propriété de leurs maîtres, perpétuant des inégalités qui durèrent des siècles.

L’importance de ce sujet réside dans la manière dont l’héritage de la diaspora africaine a façonné l’identité multiculturelle du Pérou contemporain.

Ainsi, même si leur présence numérique fut moindre que celle des populations indigènes, la contribution des Africains dépasse le cadre quantitatif, car leur rôle de médiateurs culturels est essentiel pour comprendre la culture nationale (Arrelucea Barrantes & Cosamalón Aguilar, 2015). Dans le domaine religieux, par exemple, on observe un syncrétisme entre les croyances africaines et le catholicisme imposé, donnant naissance à des cultes où l’influence africaine se manifeste dans la vénération de certains saints.

En gastronomie, les ingrédients et techniques africaines ont contribué à des plats emblématiques, tandis que dans la langue et les comportements quotidiens, on perçoit des traces linguistiques de cet héritage. Vers 1700, Lima comptait déjà une forte présence afro-descendante, dont les apports en musique, danse et folklore allaient définir l’afropéruvianité comme un pilier de l’identité nationale.

Comme le souligne O’Toole (2017, p. 149) : « Au XVIIIe siècle, il y avait parmi les Afro-Péruviens des architectes et musiciens éminents […]. Exclus de l’université, de la médecine, de la politique et du clergé, les Afro-Péruviens ont néanmoins créé des postes publics et prestigieux au sein et au-delà de leurs propres communautés. » Cette multiculturalité enrichit non seulement le patrimoine péruvien, mais constitue aussi la base d’une diplomatie culturelle contemporaine, favorisant les liens avec les nations africaines par la reconnaissance mutuelle d’histoires partagées de résistance et d’émancipation.

Dans cette perspective, la Journée de l’Amitié Péruano–Africaine apparaît comme un pont symbolique pour revaloriser cet héritage dans le cadre diplomatique moderne. Instituée en 1986 à la suite de la mort tragique de Samora Machel, président du Mozambique et figure emblématique de la lutte anticoloniale africaine, cette date commémore l’épopée émancipatrice du continent africain et encourage la connaissance des relations historiques entre le Pérou et l’Afrique. Célébrée chaque année le 19 octobre, cette journée vise à diffuser l’influence et les contributions de la communauté africaine dans l’histoire, les traditions et les coutumes péruviennes, renforçant ainsi les liens diplomatiques avec les pays africains. Au fil de ses éditions, elle a intégré des activités culturelles mettant en valeur la présence afro au Pérou et rappelant les profonds liens interculturels qui nous unissent, forgés malgré les adversités coloniales. Cette commémoration ne rend pas seulement hommage au passé, mais stimule aussi des initiatives de coopération dans des domaines tels que l’éducation, l’art et le développement durable, en accord avec les efforts mondiaux pour l’inclusion des afro-descendants.

La diaspora africaine au Pérou colonial représente bien plus qu’un chapitre douloureux d’esclavage : elle incarne les racines profondes d’une amitié interculturelle qui, à travers la Journée de l’Amitié, peut revitaliser la diplomatie culturelle moderne entre le Pérou et l’Afrique. En explorant les aspects historiques et culturels, cet article cherche à contribuer à une compréhension plus complète de

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la manière dont le passé colonial éclaire les relations internationales actuelles, en promouvant une diplomatie inclusive qui célèbre la diversité comme moteur d’amitié et de coopération.

2. L’arrivée des Africains réduits en esclavage dans la vice-royauté du Pérou (XVIe–XVIIe siècles) L’arrivée des Africains réduits en esclavage dans la vice-royauté du Pérou aux XVIe et XVIIe siècles constitue un chapitre d’une grande importance dans l’histoire coloniale de l’Amérique du Sud, marqué par l’exploitation des populations africaines. Cette période vit la consolidation du commerce transatlantique des esclaves comme pilier économique, au cours de laquelle des milliers d’Africains furent transportés de force afin de répondre à la demande de maind’œuvre dans une région dévastée par la conquête et les épidémies. Le contexte historique de cette diaspora s’inscrit dans l’expansion impériale espagnole qui, après la conquête du Tawantinsuyo en 1532, nécessita une main-d’œuvre résistante pour exploiter des ressources comme l’argent de Potosí et les plantations côtières. Et bien que les chiffres initiaux aient été modestes, le flux augmenta de manière exponentielle, intégrant inévitablement les Africains dans une société hiérarchisée selon les castes raciales.

Samora Machel, former president of Mozambique Source: Mail & Guardian

Routes et origines africaines Les routes du commerce d’esclaves vers la viceroyauté du Pérou faisaient partie du vaste système transatlantique dominé par les Espagnols, qui monopolisaient le trafic par le biais du système des asientos, contrats passés entre la Couronne espagnole et une entité privée (Newson et Minchin, 2007). Contrairement à des destinations comme

le Brésil ou les Caraïbes, où Portugais et Hollandais jouaient un rôle direct, le flux vers le Pérou était indirect, passant par des ports intermédiaires des Caraïbes et du Panama. Les Africains partaient principalement de ports d’Afrique occidentale et centrale, traversant l’Atlantique lors de voyages brutaux de six à huit semaines appelés le “Passage du Milieu”, où la mortalité pouvait atteindre 15 à 20 % en raison des maladies, de la promiscuité et de la malnutrition (Newson et Minchin, 2007). Une fois en Europe, ils étaient redistribués depuis Séville ou Lisbonne vers l’Amérique, via Cartagena de Indias, Veracruz ou Portobelo, où se tenaient les foires aux esclaves. De là, ils traversaient l’isthme du Panama à dos de mule ou en bateau jusqu’au port du Callao, voire jusqu’à Arica pour les mines du sud.

étaient prisés pour leur supposée robustesse, tandis que les ladinos, déjà acculturés, étaient préférés pour les tâches domestiques.

Le début de cette diaspora au Pérou fut discret et directement lié aux expéditions de conquête.

Francisco Pizarro, lors de son expédition de 1526–1527, comptait déjà des Africains parmi son équipage ; deux d’entre eux, Juan García et Miguel Ruíz, participèrent à la capture d’Atahualpa à Cajamarca en 1532 (Restall, 2000). Ces premiers Africains, souvent libres ou semi-libres, agissaient comme soldats, interprètes ou serviteurs, facilitant la conquête. Restall (2000) indique également qu’au moins trente Africains armés accompagnaient Pizarro, jouant des rôles clés dans les batailles et explorations. Ainsi, dès 1540, avec l’établissement de la vice-royauté, le roi Charles V autorisa des importations limitées — jusqu’à douze esclaves par colon —, mais la demande explosa après la rébellion indigène de Manco Inca (1536–1544) et la pénurie de main-d’œuvre autochtone (Hemming, 1970). Au XVIIe siècle, avec l’essor des mines de Potosí, les accords avec des commerçants génois et portugais intensifièrent le flux, faisant du Pérou une destination secondaire mais significative du commerce atlantique. Cette route ne transportait pas seulement des corps, mais aussi des cultures : langues bantoues, religions yorubas et traditions mandingues se syncrétisèrent sur le sol péruvien, posant les bases d’une diaspora résiliente.

Black slavery in Peru

Conditions d’esclavage et rôles dans la société coloniale Les origines africaines de ces personnes réduites en

Source: Enterarse

esclavage étaient diverses, reflétant les dynamiques de capture interne en Afrique et les préférences des acheteurs espagnols. Les régions prédominantes étaient la Haute-Guinée (notamment la Sénégambie et la Sierra Leone), où des ethnies comme les Wolof, Mandingues et Peuls étaient capturées lors de guerres ou de razzias. Cela concorde avec le fait que “les générations fondatrices dans les Caraïbes, au Mexique et au Pérou provenaient massivement de la Haute-Guinée septentrionale — les ‘Rivières de Guinée’ apparaissent fréquemment dans les registres, suggérant la côte de l’actuelle GuinéeBissau” (Borucki, Eltis et Wheat, 2015, p. 445).

L’Angola et le Congo furent des sources principales au XVIIe siècle, en raison du contrôle portugais, avec des groupes bantous tels que les Kongo et Angolais ; et dans une moindre mesure, le golfe du Biafra et la région yoruba (actuels Nigeria et Bénin), avec des peuples comme les Igbo et Yoruba. Ces bozales, nom donné aux nouveaux arrivants non acculturés,

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Les conditions d’esclavage dans la vice-royauté du Pérou étaient extrêmement oppressives, marquées par une exploitation physique et psychologique qui variait selon le contexte géographique et économique.

Dans les mines, comme celles de Potosí et Huancavelica, les esclaves africains accomplissaient des travaux infernaux : ils descendaient dans des galeries profondes, exposés à des vapeurs toxiques, des éboulements et des journées de 12 à 16 heures.

Si la mita indigène fournissait la majorité de la main-d’œuvre, les Africains, considérés comme plus résistants, étaient employés à des tâches spécialisées, telles que contremaîtres ou fondeurs.

Dans les haciendas côtières, comme celles de Cañete ou Chincha, dédiées au coton, au sucre et à la vigne, les esclaves effectuaient des travaux agricoles intensifs : labour, semailles et récolte sous un soleil brûlant, surveillés par des majordomes armés de fouets.

Dans des villes comme Lima, l’esclavage urbain prédominait : les Africains servaient comme domestiques, artisans ou vendeurs ambulants. Les femmes esclaves étaient cuisinières, blanchisseuses ou repasseuses, tandis que les hommes étaient majordomes, cochers ou cuisiniers (Aguirre, 1993).

Cependant, leurs conditions de vie comprenaient malnutrition, logements précaires dans les faubourgs et une espérance de vie rarement supérieure à quarante ans. La législation coloniale, comme les Leyes de Indias, prétendait réguler leur traitement, mais dans la pratique, elle était ignorée ; les esclaves étaient traités comme des biens, vendus aux enchères publiques et marqués au fer rouge. Comme le note Aguirre (1993) : “Les maîtres insistaient constamment sur la condition d’‘objet’ de l’esclave et cherchaient à nier son humanité, du moins en ce qui concernait ses droits de propriété.”

enterrements, fêtes et collectes pour acheter leur liberté, tout en préservant des traditions africaines syncrétisées avec le catholicisme, telles que danses et rituels. En somme, bien que l’esclavage les ait réduits à une main-d’œuvre déshumanisée, les Africains forgèrent une agence collective qui influença la dynamique sociale coloniale.

Impact démographique et social

L’impact démographique de l’arrivée des Africains réduits en esclavage dans la vice-royauté du Pérou fut considérable, bien que modeste comparé à d’autres destinations atlantiques. Il modifia la composition de la population et la structure sociale.

Selon Mori Julca (2018), “dans les premières années de l’invasion espagnole, les Noirs comptaient environ 50 personnes ; vers 1550, ils étaient 3 000 ; en 1590, 20 000 à Lima et au Callao ; en 1614, 40 % de la population de Lima ; en 1791, 60 %,” reflétant Face à cette oppression, les Africains développèrent une croissance qui compensa l’effondrement des formes de résistance qui défiaient l’ordre démographique indigène (pp. 141–142). colonial. L’une des plus notables fut le cimarronaje : des fuites individuelles ou collectives vers des Au milieu du XVIe siècle, ils étaient environ 5 000, palenques, communautés fortifiées situées dans concentrés à Lima et à Potosí, mais ce nombre des zones reculées comme les yungas ou la sierra. augmenta au XVIIe siècle avec l’essor minier, Ces cimarrones, souvent armés, attaquaient les atteignant des pics dans les années 1610–1640. haciendas et les caravanes, créant des économies Cette immigration forcée compensa la chute de la autonomes basées sur l’agriculture de subsistance population autochtone — réduite de millions à des et le troc. Une autre stratégie fut celle des confréries, centaines de milliers par les maladies et l’exploitation associations religieuses afrodescendantes sous —, intégrant les Africains comme un échelon l’égide de l’Église catholique, qui fonctionnaient intermédiaire dans la pyramide raciale : en dessous comme réseaux d’entraide. O’Toole (2017) rapporte des Espagnols et des indigènes tributaires, mais au: “Les Africains et leurs descendants rejoignaient dessus grâce à leurs compétences spécialisées. également les confréries catholiques, urbaines ou rurales, regroupant ceux qui partageaient la même Sur le plan social, les Africains s’intégrèrent par origine, comme les habitants de Guinée-Bissau qui des processus de métissage et d’acculturation, participaient activement à la confrérie de San Nicolás contribuant à une société de castes où les termes “nègre”, “mulâtre” et “zambo” définissaient les de Tolentino à Trujillo.” hiérarchies. Comme le note O’Toole (2017), “dans les années 1640, ces Africains et leurs descendants constituaient environ 40 % de la population dans des villes côtières comme Lima et Trujillo.” Cette présence favorisa les unions mixtes, donnant naissance à une classe libre de pardos et morenos qui, au XVIIe siècle, dominaient les métiers artisanaux et les milices coloniales. De plus, comme le soulignent Arrelucea et Cosamalón (2015), “l’apport et la présence des Africains et Afrodescendants ne se limitent pas à la période coloniale ni aux sources qui les identifient par des catégories ethniques. Leur contribution se manifeste dans leur rôle d’intermédiaires culturels, ayant fait preuve d’une grande créativité et vitalité Blacks in Peru Source: Mundo Negro pour articuler leurs propres pratiques et valeurs avec celles des groupes avec lesquels ils interagissaient.”

Ainsi, regroupés par ethnies, ils organisaient

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Cette capacité de syncrétisme renforça la formation d’une identité péruvienne multiculturelle. Cependant, l’intégration demeurait inégale : discriminés par des lois interdisant l’accès aux charges publiques ou la possession d’armes, beaucoup recouraient à la manumission, rachetant leur liberté grâce à leurs économies ou à des testaments. Cet impact perdura, façonnant une identité péruvienne multiculturelle, quoique marginalisée jusqu’au XXe siècle.

3. Influence culturelle de la diaspora africaine au Pérou La communauté africaine, arrivée dans la Viceroyauté du Pérou entre les XVIe et XVI e siècles comme main-d’œuvre asservie, ne transforma pas seulement l’économie coloniale, mais laissa également un profond héritage dans l’identité culturelle du pays.

Malgré les oppressions et les interdictions imposées par les autorités espagnoles, les Africains et leurs descendants adaptèrent leurs traditions en les fusionnant avec des éléments indigènes et européens pour créer des expressions uniques qui perdurent encore aujourd’hui. Cette influence se manifeste particulièrement dans la musique, la danse, la religion et la gastronomie, enrichissant la diversité culturelle péruvienne et renforçant les liens historiques entre le Pérou et l’Afrique.

Musique afro-péruvienne: rythmes et fusions

(zapateo) et incorpore souvent des paroles racontant la vie quotidienne ou la lutte contre l’oppression.

Dans des régions comme Chincha et El Carmen, il est accompagné de guitare créole et de quijada de burro, un instrument fabriqué à partir d’une mâchoire d’animal produisant un son grinçant, fusionnant ainsi les influences africaines et locales. Un autre genre clé est le landó, plus lent et mélancolique, issu du lundú africain, qui exprime la nostalgie de la terre natale.

Le landó se distingue par son rythme syncopé et ses paroles poétiques, souvent interprétées avec cajón et zapateo, et a évolué pour inclure des fusions avec la valse créole.

Le zapateo, par ailleurs, n’est pas seulement un accompagnement rythmique : c’est un patrimoine culturel immatériel, car il fonctionne à la fois comme danse et comme instrument, conservant les schémas traditionnels tout en permettant l’improvisation (Chocano Paredes & Rospigliosi Navarrete, 2016).

Dans le contrapunto de zapateo, les danseurs rivalisent dans des duels rythmiques qui combinent précision et créativité. Selon le Smithsonian Folklife Festival (2015), ces rythmes se manifestaient dans des danses comme l’atajo de negritos, une danse de Noël de la côte sud-centre (notamment à Ica), où les participants dansent et chantent en l’honneur de l’Enfant Jésus, évoquant le travail agricole des esclaves à travers leurs costumes et leurs chants.

Cette tradition illustre comment l’interdiction des tambours conduisit à des innovations comme l’usage du corps et d’objets improvisés, préservant ainsi l’essence africaine.

La musique afro-péruvienne représente l’une des fusions les plus vibrantes issues de la diaspora africaine au Pérou, née de la résilience face aux restrictions coloniales. Pendant la période coloniale, les autorités espagnoles interdirent l’usage des tambours africains traditionnels, considérés comme des symboles de rébellion et de paganisme, ce qui obligea les esclaves à improviser avec des objets du quotidien. C’est ainsi que naquit le cajón péruvien, une simple caisse en bois que l’on frappe avec les mains et qui devint l’instrument emblématique de cette tradition. Cette adaptation permit non seulement de préserver les rythmes africains, mais aussi de les intégrer à des mélodies espagnoles et andines, créant Le Zapateo ainsi des genres hybrides qui capturent l’essence de Source: The Babel Flute la résistance culturelle.

Des artistes tels que Nicomedes Santa Cruz ont revitalisé ces rythmes avec des œuvres comme L’un des genres les plus représentatifs est le Cumanana, un genre poético-musical en quatrains festejo, un rythme joyeux et dynamique qui évoque mêlant humour et compétition, fusionnant les les célébrations et la liberté. Caractérisé par une décimas espagnoles avec des rythmes africains. percussion puissante et des mouvements corporels Santa Cruz, dans son poème A cocachos aprendí, énergiques, le festejo se danse avec des pas frappés exprime cette adaptation culturelle:

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« À coups de claques, j’ai appris / que le Noir est un être humain / qu’il a une âme et un cœur / et qu’il souffre comme moi » (Santa Cruz, 1960). De même, le tondero et la zamacueca combinent zapateo et influences indigènes, créant une tapisserie sonore qui a franchi les frontières. Aujourd’hui, le cajón est reconnu mondialement, notamment grâce à des artistes comme Susana Baca, qui l’utilise pour fusionner le landó et le jazz, démontrant la vitalité de ces rythmes. Ces fusions ont non seulement enrichi la musique péruvienne, mais symbolisent également l’amitié péruano-africaine, rappelant les racines communes de la diaspora.

Traditions et expressions culturelles Au-delà de la musique, la diaspora africaine a imprégné les traditions péruviennes d’expressions culturelles qui ont fusionné des éléments africains avec le catholicisme colonial et les visions du monde indigènes, créant un héritage immatériel de résilience et de syncrétisme. Les danses afro-péruviennes en sont des manifestations vivantes, telles que la yunsa, célébrée en février lors de la récolte du coton à El Carmen, qui inclut des danses acrobatiques, de la musique huachihualo et des rituels communautaires autour d’un arbre coupé, symbole de renouveau et de continuité culturelle. D’autres danses, comme l’alcatraz, l’inga et le son de los diablos, incorporent des mouvements festifs et sensuels qui évoquent les traditions africaines adaptées aux contextes coloniaux.

Dans le domaine religieux, la fusion est évidente dans les cofradías, confréries d’esclaves qui combinèrent des rituels africains avec le catholicisme. Ces organisations permirent de préserver les cultes ancestraux sous des formes chrétiennes, comme la vénération du Seigneur des Miracles, dont l’origine remonte à un Angolais esclave qui peignit l’image vers 1650, devenue un symbole national (Chocano Paredes & Rospigliosi Navarrete, 2016).

La procession annuelle à Lima comprend des chants aux réminiscences africaines et des habits violets, reflétant une temporalité circulaire afro-andine intégrée à la linéarité chrétienne. Saint Martín de Porres, premier saint afrodescendant des Amériques, illustre cette fusion : en tant que frère dominicain, il combina le savoir médicinal africain et andin avec les prières catholiques. Ces pratiques, analysées par Tavera (2022), montrent comment les Africains agissaient comme médiateurs culturels entre les traditions européennes, andines et africaines, unissant les cultures à travers les offrandes et les libations.

La gastronomie afro-péruvienne fait également partie de cet héritage immatériel. Préparés dans les cuisines coloniales, des plats tels que les anticuchos, le tacu tacu, la carapulcra ou la sangrecita fusionnèrent les techniques africaines avec les ingrédients locaux, introduisant des méthodes de friture et de rôtissage qui transformèrent la cuisine péruvienne. Parmi les desserts, on trouve le turrón de Doña Pepa et le ranfañote, liés aux fêtes religieuses. Comme le signalent Chocano et Rospigliosi (2016) dans Patrimonio Cultural Inmaterial Afroperuano, cette tradition culinaire « reflète la capacité des populations afro-péruviennes à combiner les éléments gastronomiques d’Afrique, d’Europe et d’Amérique pour créer une saveur nouvelle, de caractère syncrétique » (p. 24). Ainsi, ces éléments ne nourrissaient pas seulement le corps, mais renforçaient aussi les liens communautaires, préservant les mémoires orales et rituelles. Cet héritage immatériel, invisible mais profond, montre comment la diaspora africaine a enrichi la diversité péruvienne et promu des valeurs de coexistence qui inspirent aujourd’hui la diplomatie culturelle.

L’influence de la communauté africaine s’est intégrée à l’identité nationale péruvienne, reliant le passé colonial au présent grâce à des efforts de préservation. Aujourd’hui, ces traditions demeurent vivantes dans des régions comme Piura, Chincha et Cañete, où les communautés afrodescendantes organisent des festivals et ateliers pour transmettre danses et musiques aux nouvelles générations.

Nicomedes Santa Cruz Source: Wikipedia

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Dans le monde contemporain, la musique afropéruvienne s’est fusionnée à des genres mondiaux, comme dans La nueva música afroperuana, où des artistes tels qu’Araceli Poma combinent les rythmes afroandins avec le jazz depuis New York. Susana Baca, avec des albums comme Eco de Sombras, et Eva Ayllón, la « reine du landó », ont porté ces sons sur la scène internationale, remportant des prix comme le Latin Grammy et collaborant avec des figures de renom. Le Jour de la culture afro-péruvienne (4 juin) contribue à leur visibilité.

en esclavage dans la Vice-royauté du Pérou. Ces liens se sont manifestés à travers des contributions culturelles durables, comme la musique afropéruvienne et les traditions religieuses syncrétiques.

Dans un contexte de diplomatie culturelle, cette journée met en valeur la reconnaissance de l’héritage africain dans l’identité péruvienne et promeut l’inclusion de la communauté afro-péruvienne, qui représente environ 3,6 % de la population selon le recensement de 2017. Depuis sa création, elle est célébrée chaque 19 octobre à travers des événements organisés par le Ministère des Relations Comme le soulignent Arrelucea et Cosamalón (2015), Extérieures du Pérou (MRE), en collaboration avec les ces héritages ont dépassé leurs propres frontières ambassades africaines accréditées à Lima, telles que et donné naissance à un nouveau monde, riche celles d’Algérie, d’Égypte, du Maroc et d’Afrique du en manifestations culturelles qui transcendent Sud. Cette date ne se limite donc pas à commémorer la musique, les arts, le sport et la gastronomie. l’émancipation africaine : elle invite à réfléchir Cette évolution ne se contente pas de préserver sur la manière dont le passé esclavagiste peut se le legs africain, elle le revalorise à travers la transformer en base de solidarité internationale, en diplomatie culturelle, comme lors du Jour de l’Amitié favorisant le respect mutuel et la coopération dans Péruano-Africaine, favorisant les échanges qui un monde globalisé. En essence, la Journée de l’Amitié reconnaissent des racines communes et combattent Péruano-Africaine rappelle que l’histoire partagée la discrimination. Ainsi, la diaspora africaine continue peut nourrir les alliances futures, revalorisant de façonner la nation péruvienne, inspirant une l’apport africain à la diversité culturelle péruvienne et amitié durable. positionnant le Pérou comme un acteur proactif du dialogue Sud-Sud.

4. La Journée de l’Amitié Péruano-Africaine: Revaloriser l’héritage dans la diplomatie culturelle moderne Origines et signification

La Journée de l’Amitié Péruano-Africaine représente un pont symbolique entre le passé colonial et les relations contemporaines. Elle fut instituée par le Décret suprême n° 0020-86-RE en 1986, à la suite de la mort tragique du président mozambicain Samora Machel dans un accident d’avion le 19 octobre de la même année. Considéré comme le père de l’indépendance du Mozambique, Machel symbolisait la lutte pour l’émancipation africaine contre le colonialisme et l’apartheid, inspirant des dirigeants tels que Nelson Mandela et Julius Nyerere.

Sa disparition incita le gouvernement péruvien, sous la présidence d’Alan García, à instaurer cette commémoration annuelle afin d’honorer non seulement Machel, mais aussi tous les protagonistes des luttes de libération africaine qui, entre les années 1950 et 1970, permirent à plus de 50 nations de se libérer du joug européen.

La signification de cette journée dépasse l’hommage historique : elle vise à souligner les liens profonds entre le Pérou et l’Afrique, forgés durant l’époque coloniale avec l’arrivée de milliers d’Africains réduits

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Affaires étrangères

Source: Servicios al ciudadano

Journée de l'amitié péruvo-africaine Source: Affaires étrangères

Application dans la diplomatie culturelle Dans la diplomatie culturelle moderne, la Journée de l’Amitié Péruano-Africaine est devenue une plateforme stratégique pour renforcer les liens bilatéraux et multilatéraux entre le Pérou et le continent africain, en intégrant l’héritage historique africain dans des initiatives contemporaines de coopération et d’échange. Depuis sa onzième édition en 2020 — tenue virtuellement en raison de la pandémie — jusqu’à la quinzième en 2024, les célébrations ont évolué vers des événements hybrides combinant cérémonies officielles, manifestations artistiques, gastronomiques et éducatives, organisées par la Chancellerie péruvienne en collaboration avec les ambassades africaines. Par exemple, lors de la XIe édition, le Brésil fut mis à l’honneur en tant que pays invité, reconnaissant son héritage africain partagé, et des expositions documentaires sur les relations diplomatiques Pérou-Afrique furent présentées. Ces activités ne se limitent pas à commémorer le passé : elles activent le legs afro-péruvien pour dynamiser les agendas diplomatiques, notamment à travers l’ouverture de nouvelles missions péruviennes en Afrique, qui s’ajoutent à nos ambassades déjà présentes au Kenya, en Algérie, en Égypte, au Ghana, au Maroc et en Afrique du Sud. Un axe central est l’usage de la culture comme instrument diplomatique. En 2023, la XIV e édition inclut le Festival du Cinéma Africain du 23 au 27 octobre, présentant des films sur l’identité, la migration et la résilience, attirant le public péruvien et suscitant des dialogues sur le racisme et l’inclusion.

Ces événements intègrent des danses traditionnelles africaines, de la musique avec instruments tels que le djembé et des dégustations de plats comme le jollof rice ou l’injera, fusionnés avec des éléments afropéruviens tels que le cajón et le zapateo. En 2024, la XVe édition a accueilli des délégations d’Angola, d’Algérie, d’Égypte, du Maroc et d’Afrique du Sud, mettant en valeur un video mapping au Circuito Mágico del Agua qui projetait des images de la diaspora africaine au Pérou, symbolisant l’intégration

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culturelle. Ces initiatives revalorisent l’héritage afro-péruvien en le positionnant comme un atout diplomatique, favorisant les échanges artistiques qui renforcent les liens économiques et politiques.

Par exemple, les visites de délégations angolaises en 2024 et 2025 ont consolidé la coopération dans des domaines tels que les mines et l’éducation, tandis que la visite d’une délégation ghanéenne en 2025 a souligné le potentiel des alliances dans le commerce et le tourisme culturel, comme l’a mentionné l’ambassadrice du Pérou au Ghana, Rosa Gómez.

Cette mise en pratique de la diplomatie culturelle ne se limite pas à des événements annuels : elle inclut également des programmes à long terme, tels que des bourses pour les étudiants africains dans les universités péruviennes et des ateliers sur l’histoire afro-péruvienne dans les écoles diplomatiques. En revalorisant l’héritage de la diaspora africaine — de l’influence sur la gastronomie créole aux traditions religieuses comme la dévotion au Seigneur des Miracles — le Pérou positionne sa politique extérieure comme inclusive et multiculturelle. Cela favorise la coopération dans des forums internationaux tels que l’Union africaine et la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens (CELAC), où des thèmes comme le changement climatique et le développement durable sont abordés à travers une perspective historique partagée.

Perspectives futures L’héritage de la diaspora africaine dans le Pérou colonial offre une base historique solide pour renforcer les relations diplomatiques avec l’Afrique à moyen et long terme, en intégrant cet héritage partagé dans les stratégies de coopération bilatérale et multilatérale. À moyen terme, des initiatives telles que la nomination du premier ambassadeur péruvien en Angola en février 2025 et la Première Réunion de Consultations Politiques Pérou-Angola en juillet de cette année illustrent comment la reconnaissance de ces liens historiques facilite des avancées concrètes dans les domaines du commerce, de la mine et de l’éducation. Des événements comme le IV Meet the

Cet héritage, palpable dans le rythme du cajón, la dévotion au Seigneur des Miracles (Señor de los Milagros) ou encore dans les saveurs de la cuisine créole, offre une base solide aux relations contemporaines. La Journée de l’Amitié PéruvianoAfricaine, instituée en 1986, apparaît ainsi non pas comme une simple commémoration, mais comme un catalyseur stratégique transformant cet héritage partagé en un instrument de diplomatie culturelle moderne. Les éditions annuelles de cette célébration, avec leurs festivals, échanges académiques et expositions gastronomiques, constituent la preuve tangible que le passé peut devenir un pont vers la coopération future. Dans la lignée de la pensée d’O’Toole (2017), il est essentiel de reconnaître que, malgré l’exclusion historique, les communautés afrodescendantes ont créé des espaces de prestige et de contribution qui rendent aujourd’hui le dialogue À long terme, l’histoire commune de la diaspora avec les nations africaines unique. peut soutenir des alliances durables dans des domaines tels que le développement économique C’est pourquoi il est impératif que cette date dépasse et la lutte contre les défis mondiaux, y compris le cadre protocolaire et s’impose comme un moteur le changement climatique et l’équité raciale. La destiné à renforcer les échanges diplomatiques, Direction de l’Afrique du Ministère des Relations culturels, éducatifs et économiques. L’ouverture Extérieures, chargée d’évaluer les engagements récente de nouvelles ambassades et les réunions de internationaux, positionne le Pérou pour approfondir consultations politiques, telles que celles entamées les relations établies depuis 1985 avec des pays tels avec l’Angola et le Ghana, constituent des avancées que l’Angola, tout en élargissant les collaborations encourageantes qui doivent se multiplier. L’histoire avec des forums comme l’Union africaine et la CELAC. nous enseigne que la diversité, forgée même dans des Ainsi, la Journée de l’Amitié se consolide comme un contextes d’adversité, est une source inépuisable de mécanisme pour transformer l’héritage historique force et d’innovation. Regarder avec optimisme vers en outils diplomatiques durables, contribuant à une l’avenir de la relation Pérou–Afrique, c’est reconnaître que dans la richesse de notre héritage multiculturel intégration mondiale plus inclusive. réside la semence d’une amitié plus profonde, d’une 5. Conclusion collaboration plus étroite et d’un avenir partagé où la La diaspora africaine dans le Pérou colonial, loin diversité n’est pas seulement tolérée, mais célébrée de constituer seulement un épisode d’oppression, comme le lien le plus puissant d’union.

Team en juin 2025, qui promeuvent le dialogue avec les pays africains, renforcent cette tendance, tout comme la relance de l’agenda bilatéral avec l’Afrique du Sud dans le commerce, les mines et la recherche antarctique. Des publications comme Immortaliser les relations bilatérales : le Pérou et l’Afrique en images du XX e siècle (2025) du Ministère mettent en lumière comment le patrimoine culturel afropéruvien peut enrichir ces alliances, en favorisant les échanges éducatifs et culturels qui transcendent le passé colonial vers un futur de solidarité SudSud. Ces actions, ancrées dans la commémoration de la Journée de l’Amitié, permettent d’étendre la présence diplomatique péruvienne sur le continent, avec un accent sur le renforcement du commerce et de la coopération, comme en témoignent les efforts pour accroître les échanges avec l’Afrique.

représente le fondement historique d’une relation interculturelle profonde et résiliente qui soutient aujourd’hui l’amitié péruviano-africaine. Tout au long de cet article, il a été démontré que, depuis leur arrivée forcée aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, les Africains et leurs descendants n’ont pas seulement été un élément clé de l’économie coloniale, mais qu’ils ont également agi comme des agents culturels dynamiques dont l’influence a imprégné la musique, la gastronomie, la religiosité et la société péruvienne dans son ensemble. Comme le soulignent Arrelucea Barrantes et Cosamalón Aguilar (2015), leur rôle d’« intermédiaires culturels » fut essentiel à la formation de l’identité nationale, un syncrétisme qui a transcendé les barrières de l’esclavage pour créer un patrimoine vivant et vibrant.

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ARTICLE 4

LA CUMANANA DANS LE PEUPLE AFRO-PÉRUVIEN DE YAPATERA : IDENTITÉ ET MÉMOIRE PROJETÉES VERS LES INDUSTRIES CULTURELLES ET LE TOURISME 1

Samanta Hilda Calle Ruiz Université Nationale de Frontera

Faculté des Sciences Entrepreneuriales et du Tourisme scalle@unf.edu.pe

Rosa Isabel Castillo Tavara2 Université Nationale de Frontera Faculté des Sciences Entrepreneuriales et du Tourisme 2020202009@unf.edu.pe

RÉSUMÉ

L

a cumanana, expression poético-musicale afro-péruvienne originaire de Yapatera (Piura) et déclarée Patrimoine Culturel de la Nation en 2004, constitue un symbole de résistance et de mémoire collective.

Fondée sur le vers improvisé et le contrepoint, elle a servi de vecteur d’identité, de critique sociale et de transmission intergénérationnelle des savoirs afrodescendants. L’étude adopte une approche qualitative et documentaire, fondée sur la révision bibliographique, l’analyse culturelle et le diagnostic stratégique de son potentiel en tant que ressource culturelle pour le tourisme durable et les industries créatives. Les résultats mettent en évidence six axes prioritaires pour sa mise en valeur : diagnostic participatif des porteurs culturels, renforcement de l’éducation, création d’un archive numérique communautaire, organisation de festivals interrégionaux, intégration dans les circuits touristiques et élaboration de politiques publiques de soutien économique. Ces actions visent à garantir la sauvegarde du patrimoine et son articulation avec le développement local. La cumanana, au-delà d’une manifestation artistique, se révèle comme une archive orale de la mémoire afro-péruvienne et un outil de cohésion communautaire. Son intégration dans le tourisme culturel et les industries créatives permettrait de revitaliser la pratique parmi les jeunes, de diversifier l’économie locale et de consolider Yapatera comme modèle de gestion patrimoniale participative et de pont interculturel entre le Pérou et l’Afrique.

Mots-clés: tourisme culturel, industries culturelles, identité culturelle, patrimoine culturel, communauté afrodescendante

Les cumananas de Yapatera Source : Ministère de la Culture

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II. ORIGINE ÉTYMOLOGIQUE ET CARACTÉRISTIQUES DE LA CUMANANA 2.1. Racines linguistiques africaines

I. INTRODUCTION

Le mot cumanana provient du kikongo, une langue africaine de la famille bantoue parlée dans la région du Congo, et sa signification approximative est « savoir » ou « réciprocité du savoir » (Panta Chunga et al., 2023). Cette racine linguistique témoigne du lien profond entre les traditions orales africaines et les expressions poétiques développées par les Afrodescendants dans le nord du Pérou, confirmant que la cumanana n’est pas simplement une adaptation créole, mais une continuité directe de pratiques culturelles africaines réélaborées dans le contexte américain, développées en syncrétisme avec les traditions culturelles côtières et andines locales.

Le Pérou abrite une riche diversité culturelle incluant d’importantes contributions des populations afrodescendantes, dont la présence remonte à la période coloniale. Malgré leur importance historique, les communautés afro-péruviennes ont fait face à des processus d’invisibilisation qui ont entravé la pleine reconnaissance de leurs apports (Valdivia et al., 2007). Dans ce contexte, les expressions artistiques et les traditions orales deviennent des espaces de résistance et d’affirmation identitaire.

Le concept de « réciprocité du savoir » implicite dans le mot révèle la nature dialogique de cette pratique : il ne s’agit pas d’une expression monologique, mais d’un échange, d’un contrepoint où deux ou plusieurs voix construisent collectivement du sens et de la connaissance. Cette dimension communautaire est caractéristique de nombreuses traditions orales africaines, où le savoir est conçu comme un patrimoine collectif qui se renouvelle et s’enrichit à chaque performance (Hampaté Bâ, 1982).

Au cœur de la province de Morropón, dans la région de Piura, se trouve le village afro-péruvien de Yapatera, reconnu pour son héritage africain et son fort sentiment d’identité communautaire. Parmi ses manifestations les plus emblématiques se distingue la cumanana, une expression poético-musicale mêlant improvisation, rythme et vers, constituant un témoignage vivant de la mémoire collective afrodescendante. Issue des Africains réduits en esclavage arrivés sur la côte nord pendant la colonie, la cumanana a évolué comme symbole de résistance culturelle et comme véhicule de transmission des valeurs, des expériences et des savoirs ancestraux (Alzamora, 2018).

D’autres auteurs soutiennent que le mot a une racine métisse et indigène côtière, avec des influences africaines et coloniales, reflétant le caractère syncrétique du processus culturel péruvien (Arrelucea, 2022). En conclusion, la cumanana représente un art de la parole qui combine vers, musique et opposition orale, dans un exercice de créativité et d’ingéniosité qui transcende les générations et qui fait aujourd’hui partie du patrimoine culturel péruvien.

Yapatera

Source: Ministry of Culture

Aujourd’hui, la cumanana se projette comme une ressource précieuse pour le développement des industries culturelles et du tourisme durable, contribuant au renforcement de l’identité yapaterane et à la diversification de l’offre culturelle du nord péruvien. Le présent article examine sa fonction sociale et culturelle, et explore son potentiel en tant qu’axe articulant des stratégies de développement local fondées sur la culture et le tourisme responsable.

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2.2. Structure et caractéristiques formelles La cumanana se caractérise par une structure de quatrains octosyllabiques à rime consonante, ce qui la rapproche formellement d’autres expressions de poésie orale hispano-américaine, comme la décima (Trapero, 2013). Cependant, sa spécificité réside dans l’élément du contrepoint ou « duel poétique », où deux chanteurs rivalisent d’ingéniosité, de vivacité d’esprit et de créativité lyrique. Cet aspect compétitif constitue un mécanisme de validation sociale du savoir et de la compétence verbale, récompensant la rapidité mentale, la capacité d’improvisation et la maîtrise du langage métaphorique.

Cumananero El Gordo Guardado Source: GIINNSOTUR (2025)

Le contrepoint cumananero aborde divers registres thématiques : amoureux, picaresque, social, normatif et existentiel. Dans chacun d’eux se manifeste la sagesse populaire du peuple afrodescendant, sa vision du monde et son sens de l’humour, souvent marqué par l’ironie. Cette diversité thématique permet à la cumanana de fonctionner simultanément comme divertissement, réflexion philosophique, critique sociale et registre historique.

III. CONTEXTE HISTORIQUE ET DÉVELOPPEMENT À YAPATERA 3.1. La cumanana pendant la période coloniale Pendant la période coloniale, les haciendas de la côte nord du Pérou — notamment à Piura et à Lambayeque — furent des espaces où les Africains réduits en esclavage et leurs descendants développèrent leurs propres formes de communication, de chant et de poésie, adaptées aux conditions du système esclavagiste (Espinoza, 2007). Dans ce contexte d’oppression, les expressions culturelles africaines fonctionnaient comme des mécanismes de résistance symbolique et des stratégies de préservation de l’identité et de la dignité humaines.

La cumanana apparut comme un moyen d’expression collective qui, à la fin de la journée de travail, transportait les Afrodescendants esclavisés vers l’univers familier de leurs origines africaines (F. Távara, communication personnelle, 9 octobre 2025). À ce moment, les vers racontaient la vie quotidienne, les relations amoureuses, les conflits interpersonnels, les injustices du système colonial et les rêves de liberté. À travers la métaphore et le langage codé, les cumananeros pouvaient formuler des critiques de l’ordre social sans s’exposer directement à des représailles, en utilisant l’humour, l’ambiguïté et la

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polysémie comme ressources de survie culturelle.

La structure en contrepoint permettait à ces improvisations de devenir des événements communautaires où toute la population participait comme auditoire actif. Ces performances faisaient partie intégrante des célébrations, des veillées funèbres, des fêtes patronales et des réunions familiales — des espaces où la communauté affirmait sa cohésion et son identité distinctive. Avec le temps, la cumanana est devenue un élément central de l’identité afro-péruvienne locale, se consolidant comme une pratique culturelle définissant la spécificité yapaterane (Alzamora, 2024).

3.2. Porteurs culturels et transmission intergénérationnelle La persistance de la cumanana à Yapatera a été rendue possible grâce aux efforts de générations de cumananeros qui ont transmis leurs connaissances oralement. Parmi les porteurs culturels les plus remarquables figure Fernando Barranzuela Zevallos, connu comme le « poète et cumananero millénaire », qui fit de la parole un instrument de réflexion et de résistance face à l’oubli historique (Espinoza, 2016).

Cumananeras Yumi et Lili au mausolée du poète Fernando Barranzuela Source: GIINNSOTUR (2025)

Dans ses compositions, Barranzuela évoquait l’arrivée de ses ancêtres africains dans la vallée de Yapatera et leur lutte pour la liberté et la dignité, construisant à travers la poésie orale un récit alternatif de l’histoire régionale qui plaçait au centre l’expérience afrodescendante. Son œuvre servit de modèle aux nouvelles générations, démontrant que la tradition orale peut être aussi puissante et durable que la culture écrite.

La disparition de maîtres cumananeros tels que Barranzuela a suscité des inquiétudes quant à la continuité de cette tradition. La perte de ces porteurs culturels implique la disparition de répertoires spécifiques, de savoir-faire techniques et de mémoires historiques non systématiquement documentés, soulignant l’urgence de mettre en œuvre des programmes de sauvegarde. Toutefois, il a été constaté sur place l’existence d’autres cultivateurs de la cumanana, parmi lesquels Alonso Rodríguez, Fernando Barranzuela fils, Lilian León, Luzmila Carrasco, ainsi que d’autres adultes et jeunes.

Simultanément, elle fonctionne comme un instrument pédagogique et de cohésion communautaire qui renforce l’identité collective. Lors des célébrations yapateranes, les duels poétiques représentent une compétition d’ingéniosité réunissant enfants, jeunes et adultes, créant un espace intergénérationnel où se transmettent valeurs, savoirs et esthétiques culturelles. La communauté se réunit pour écouter, apprendre et rire, renforçant les liens intergénérationnels et renouvelant les engagements envers une identité partagée.

4.2. Archive de mémoire collective La valeur culturelle de la cumanana réside dans sa capacité à raconter l’histoire à partir de la voix du peuple, constituant une « archive orale » de l’expérience afro-péruvienne. À travers les vers, les Yapaterans racontent leurs origines, leurs luttes et leurs espoirs, construisant une narration historique alternative aux récits officiels qui ont souvent invisibilisé l’expérience afrodescendante.

L’oralité devient ainsi une archive vivante de la mémoire afro-péruvienne — une histoire absente des documents officiels, mais préservée dans la voix des cumananeros et dans la mémoire collective. Cette forme de préservation historique, bien que vulnérable aux transformations sociales, reste démocratique et accessible à tous les membres de la communauté, quel que soit leur niveau d’alphabétisation.

Selon Ato (2019), dans les institutions éducatives de Yapatera, cette expression conserve une forte signification affective parmi les élèves. Cependant, sa pratique quotidienne a considérablement diminué chez les nouvelles générations. Restaurer son usage systématique permettrait de renforcer l’identité locale et de revitaliser la conscience afro-péruvienne chez les jeunes Yapaterans, en leur fournissant des outils culturels pour affronter les défis de discrimination qui persistent encore aujourd’hui.

Fernando Barranzuela fils déclamant des cumananas Source: GIINNSOTUR (2025)

IV. FONCTION SOCIALE ET VALEUR CULTURELLE DE LA CUMANANA 4.1. Communication et cohésion communautaire

V. PROJECTION VERS LES INDUSTRIES La cumanana remplit une fonction sociale CULTURELLES multidimensionnelle au sein de la communauté 5.1. Opportunités des industries culturelles yapaterane. Elle agit comme un moyen de communication artistique qui articule émotions, valeurs et réflexions sur la vie quotidienne, permettant d’exprimer des sentiments et des expériences difficiles à verbaliser dans le langage ordinaire. La forme poétique offre un cadre structuré pour l’expression émotionnelle, tandis que le contexte performatif crée un espace sûr pour partager des expériences personnelles et collectives.

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La projection de la cumanana vers les industries culturelles représente une opportunité stratégique de transformation sociale et économique. Le concept d’industries culturelles, promu par l’UNESCO (2018), renvoie à des activités économiques qui produisent et distribuent des biens et services fondés sur la créativité, le savoir et le patrimoine culturel.

À Yapatera, la cumanana peut devenir l’axe central audiovisuel qui préserve et promeut cette tradition. de projets de création artistique, de production audiovisuelle, d’édition littéraire et de programmes Il est essentiel que ces projets soient réalisés en étroite coordination avec la communauté de Yapatera, éducatifs. garantissant le consentement libre, préalable et Des initiatives telles que Cumananas o Kumananas, éclairé des porteurs culturels, leur participation projet littéraire de l’écrivain piuran Walter Pintado active à toutes les phases du processus créatif et Pasapera, démontrent que la littérature afro- une répartition équitable des bénéfices économiques péruvienne peut être revitalisée à partir de la et symboliques générés. L’exploitation commerciale communauté elle-même et susciter un intérêt du patrimoine culturel sans consentement ni à l’échelle nationale. La création d’ateliers de participation communautaire constitue une forme formation, de festivals régionaux, de concours d’extractivisme culturel qui perpétue des dynamiques littéraires et de résidences artistiques stimulerait coloniales. la professionnalisation des artistes locaux et la consolidation d’un réseau culturel afro-péruvien VI. LA CUMANANA COMME RESSOURCE régional.

POUR LE TOURISME CULTUREL DURABLE

6.1. Potentiel touristique et expériences vécues D’un point de vue de développement économique local, la cumanana possède un immense potentiel en tant que ressource culturelle et expérience vivante capable d’articuler des circuits de tourisme durable dans la région de Piura. Yapatera, reconnue comme le berceau de la culture afrodescendante du nord péruvien selon l’écrivain Walter Pasapera (2025), a été identifiée comme une zone prioritaire pour le développement d’un tourisme culturel valorisant l’authenticité, la participation communautaire et le respect des traditions locales.

Selon Chávez (2014), le tourisme dans le district peut être renforcé par l’inclusion de manifestations culturelles telles que la cumanana, la gastronomie afro-péruvienne, les festivités traditionnelles et les espaces de mémoire historique. L’intégration de ces éléments dans des circuits culturels cohérents pourrait générer des expériences touristiques participatives où le visiteur ne se limite pas à observer, mais interagit et apprend.

Ce modèle de tourisme expérientiel contraste avec les formes de tourisme de masse qui marchandisent Couverture du livre “Cumanana - Kumanana” Source: Fuente Propia superficiellement les manifestations culturelles. À Yapatera, la cumanana contribue à un tourisme 5.2. Produits culturels et sauvegarde fondé sur l’authenticité, l’éducation interculturelle et Le développement de produits culturels dérivés le respect, permettant aux visiteurs de comprendre —tels que disques, documentaires, livres illustrés les racines africaines de la culture péruvienne et de et contenus numériques— permettrait d’élargir réfléchir aux histoires d’esclavage, de résistance et considérablement la diffusion de cette tradition à de créativité culturelle qui définissent l’expérience l’intérieur comme à l’extérieur du Pérou. Dans la afrodescendante.

Videoteca de las Culturas du ministère de la Culture (2014) figure le documentaire Las Cumananas de Yapatera, précieux exemple d’enregistrement

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6.2. Intégration touristique et développement local

comprenant des enregistrements audiovisuels, des transcriptions et des métadonnées sur les interprètes, les occasions de performance et les Le lien entre cumanana, identité et tourisme peut significations culturelles. être observé lors des célébrations de la Journée de la Culture Afro-Péruvienne, du Festival de la Mangue ou de la Fête du Seigneur de la Pitié, où les habitants de Yapatera organisent danses, récitals poétiques, ateliers et expositions gastronomiques attirant des visiteurs de diverses régions. Ces activités génèrent des revenus économiques directs et indirects pour la Yapatera Mango communauté — à travers la restauration, la vente Festival Source: Walac d’artisanat et les services touristiques — tout en renforçant la fierté culturelle locale et en promouvant Quatrièmement, organiser des festivals et des la continuité du patrimoine immatériel. rencontres interrégionales incluant des concours Dans ce contexte, les femmes de Yapatera jouent d’improvisation, des récitals poétiques, des un rôle fondamental en tant que conteuses, conférences sur la culture afro-péruvienne et chanteuses, gestionnaires culturelles et promotrices des foires culturelles. Ces événements rendent la de la tradition orale. Leur participation active tradition visible, créent des contextes de valorisation garantit la transmission intergénérationnelle de la et peuvent devenir des attractions touristiques mémoire culturelle et élargit la représentation de la durables. communauté afro-péruvienne dans l’espace public, en défiant les stéréotypes de genre. La présence Cinquièmement, intégrer la cumanana dans centrale des femmes cumananeras contribue à des circuits touristiques durables à travers des diversifier les contenus thématiques, en incorporant expériences d’immersion culturelle combinant des perspectives spécifiquement féminines qui performances, gastronomie, visites de sites historiques, ateliers artisanaux et échanges avec les enrichissent le répertoire collectif. détenteurs culturels. Ces expériences doivent être conçues et gérées par la communauté elle-même.

VII. ORIENTATIONS STRATÉGIQUES POUR

LA MISE EN VALEUR

Afin de consolider un processus durable de valorisation de la cumanana en tant que patrimoine vivant, six orientations stratégiques sont proposées:

Sixièmement, encourager des politiques publiques reconnaissant officiellement les cumananeros comme porteurs du patrimoine culturel immatériel et leur accordant des incitations économiques ainsi que des soutiens institutionnels pour la transmission des savoirs. Ces politiques pourraient inclure des bourses pour les jeunes apprentis, des pensions pour les maîtres cumananeros et un financement pour les projets de documentation.

Premièrement, réaliser un diagnostic participatif permettant d’identifier les principaux représentants actuels, les styles locaux, les espaces de pratique et les perceptions communautaires concernant leur valeur et leur avenir. Ce diagnostic doit utiliser des méthodologies participatives reconnaissant les VIII. CONCLUSIONS habitants de Yapatera comme des acteurs actifs du La cumanana dans le village afro-péruvien de savoir.

Yapatera constitue un héritage d’une immense Deuxièmement, renforcer l’enseignement valeur historique, esthétique et sociale qui mérite systématique de la cumanana dans les établissements des efforts soutenus de sauvegarde et de promotion. éducatifs par le biais de modules pédagogiques sur Cette expression poético-musicale représente non l’oralité afro-péruvienne et l’histoire locale, intégrant seulement une manifestation artistique singulière, cette tradition dans le programme scolaire tout en mais aussi un témoignage de résistance culturelle respectant sa nature performative et communautaire. afrodescendante, une archive orale de mémoire collective, un mécanisme de cohésion communautaire Troisièmement, promouvoir la numérisation et la et une ressource potentielle pour le développement création d’un fichier communautaire documentant local durable. les cumananas traditionnelles et contemporaines,

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La préservation de la cumanana implique la reconnaissance et le renforcement d’un héritage africain toujours vivant et pertinent, qui continue à remplir des fonctions sociales fondamentales et qui peut devenir une source d’estime, d’éducation et de prospérité pour les générations futures. Son intégration stratégique dans les industries culturelles et dans les circuits de tourisme durable constitue une opportunité concrète pour renforcer l’identité afro-péruvienne, promouvoir la diversité culturelle et consolider Yapatera comme modèle de gestion patrimoniale communautaire.

Vallejo]. hdl.handle.net/20.500.12692/64085 Chávez Mezones, S. J. (2014). Turismo vivencial y la demanda turística del centro poblado Yapatera – Chulucanas, Piura [Tesis de licenciatura, Universidad César Vallejo]. hdl.handle.net/20.500.12692/129246 Espinoza León, C. (2007). El Pitingo: Cuentos y tradiciones de Yapatera (2.ª ed.). Sietevientos Editores.

Espinoza León, C. (2016). Yapatera y la historia del progreso según don Fernando Barranzuela.

Pour que cette projection soit réussie, il est essentiel Investigaciones Sociales, 20(37), 267-280. doi. que les habitants de Yapatera conservent le contrôle org/10.15381/is.v20i37.13256 et la gestion de leur patrimoine culturel, en participant Hampaté Bâ, A. (1982). La tradición viva.. París: activement à toutes les décisions relatives à son UNESCO. nyemba.unilab.edu.br/wp-content/ utilisation, sa représentation et sa commercialisation. uploads/2017/04/A-tradição-viva-AmadouAinsi, la cumanana pourra être à la fois une ressource Hampaté-Bâ-texto-basico.pdf économique, un symbole identitaire, un espace de mémoire et un pont interculturel reliant passé et Ministerio de Cultura. (2004). Resolución Directoral futur, local et global, le Pérou et l’Afrique.

Nacional N.º 1255-INC-2004: Declaratoria de la Cumanana como Patrimonio Cultural de la Nación.

Les orientations stratégiques proposées constituent Instituto Nacional de Cultura. administrativos.cultura. un cadre directeur qui doit être adapté à travers des gob.pe/intranet/dpcn/anexos/21_1.pdf?4721993 processus participatifs impliquant l’ensemble de la communauté de Yapatera. La réussite de leur mise Ministerio de Cultura. (2014). Las Cumananas de en œuvre exige une volonté politique, des ressources Yapatera [Documental]. Videoteca de las Culturas. économiques, une coordination interinstitutionnelle videoteca.cultura.pe/video/categoria/escuelas/laset, surtout, l’engagement et le rôle actif des cumananas-de-yapatera Yapateranos eux-mêmes en tant que gestionnaires de leur culture et bâtisseurs de leur avenir. Ainsi, la Panta Chunga, M. I., Mendoza Urbina, F. J., Crespo parole chantée continuera d’être l’écho résonnant Tintaya, L. M., Ampuero Joyo, J. O., & Cruzata Martínez, d’une histoire collective qui, par la voix du peuple A. (2023). El poder de Kikongo: La cumanana afrodescendant, poursuit l’écriture de l’avenir. desde la escuela para el aprendizaje intercultural.

Qantu Yachay, 3(2), 114-127. doi.org/10.51440/ IX. BIBLIOGRAPHIE qantuyachay.v3i2.198 Alzamora Arévalo, A. (2018). Voces ancestrales: Tradición oral en el Perú afroperuano. Ministerio Trapero, M. (2013). La tradición y la improvisación en de Educación del Perú. repositorio.perueduca.pe/ la poesía oral: la décima, un nuevo género poético integrador en el mundo hispánico. Anuario de recursos/libros/voces-ancestrales.pdf Estudios Atlánticos, (59), 851-896. dialnet.unirioja.

Alzamora Arévalo, A. (2024). Merienda de negros (3.ª es/servlet/articulo?codigo=4710729 ed.). Sietevientos Editores.

UNESCO. (2018). Manual para la salvaguardia del Arrelucea, M. (2022). El aporte de la cultura patrimonio cultural inmaterial. UNESCO. ich.unesco. africana en el Perú: una identidad perdida. Diálogo org/doc/src/01851-ES.pdf Andino, (67), 14-24. doi.org/10.4067/S0718Valdivia, N., Benavides, M., & Torero, M. (2007).

47272022000100014 Exclusión, identidad étnica y políticas de inclusión Ato Arias, G. F. (2019). Identidad cultural de los social en el Perú: El caso de la población indígena estudiantes de cuarto y quinto grado del nivel primario y la población afroperuana. Lima: GRADE. Institución Educativa 14619 respecto al recurso centroderecursos.cultura.pe/sites/default/files/rb/ intangible la cumanana, Centro Poblado Yapatera - pdf/EXCLUSIoN-IDENTIDAD-eTNICA-Y-POLiTICASPiura - 2019 [Tesis de licenciatura, Universidad César de-inclusion-social-en-el-Peru.pdf

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ARTICLE 5

LA VISIBILITÉ DU PEUPLE AFRO-PÉRUVIEN À TRAVERS LES POLITIQUES CULTURELLES Alicia del Pilar Quevedo Canales Direction des Politiques en faveur de la Population Afro-péruvienne – Ministère de la Culture du Pérou

Le 17 décembre 2024, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a annoncé le Deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, qui a officiellement débuté le 1er janvier 2025 et s’achèvera le 31 décembre 2034. Cette déclaration vise à concentrer les efforts des États membres sur le développement de leurs populations afrodescendantes. À cet égard, une période de dix ans est considérée comme appropriée pour mettre en œuvre un plan d’action et obtenir des résultats concrets.

voire de rendre viraux — des contenus reflétant les réalités vécues par les personnes afrodescendantes : leurs luttes contre la discrimination et le racisme structurel, mais aussi leurs contributions et expressions culturelles.

Une observation importante du bilan du HautCommissariat des Nations Unies sur la Première Décennie souligne que l’un des domaines dans lesquels le plus de progrès ont été réalisés dans le Plan d’action est la visibilité des conditions de vie des afrodescendants. Cependant, malgré ces avancées, Comme lors de la Première Décennie (du 1er janvier peu de changements ont été apportés aux situations 2015 au 31 décembre 2024), les axes qui guident le structurelles d’inégalité et de racisme dans lesquelles plan d’action sont: la reconnaissance, la justice et le vivent les afrodescendants dans différentes sociétés: développement. « Au cours de la dernière décennie, nous avons La reconnaissance implique la promotion du droit à mieux compris et rendu plus visibles les expériences l’égalité et à la non-discrimination des personnes vécues par les afrodescendants, mais il reste encore d’ascendance africaine. Elle inclut l’éducation et la beaucoup à faire pour introduire des changements sensibilisation du public, la collecte d’informations réels et positifs dans leurs vies.» .1 pertinentes sur cette population et la promotion de sa participation politique et de son inclusion sociale.

La justice se comprend comme l’accès effectif au système judiciaire, ainsi que la mise en œuvre de mesures spéciales, qu’il s’agisse d’actions affirmatives ou de mécanismes de réparation historique.

Le droit au développement englobe des stratégies visant à lutter contre la pauvreté et à améliorer l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé, au logement et à d’autres services publics, afin de réduire les inégalités sociales existantes.

Pour mettre en œuvre efficacement ces trois axes, il est essentiel de les positionner à l’agenda public des États, ce qui nécessite d’accroître la visibilité sociale des personnes afrodescendantes. Ce processus consiste à inscrire ces questions dans le débat public, à les mettre en avant dans les médias et à encourager leur discussion dans divers espaces sociaux. À l’ère numérique, cela implique également de diffuser —

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ONU

Source: Ayuda en acción

Population afro-péruvienne Source : Ministère de la Culture

Une voie depuis le Pérou

et culturelle du peuple afro-péruvien, en diffusant ses contributions historiques et contemporaines à la Dans cette perspective, le présent article propose nation. une réflexion sur les différentes manières dont les politiques de visibilité du peuple afro-péruvien ont Calendrier de la visibilité afro-péruvienne été promues par le Ministère de la Culture, dans le but d’esquisser une trajectoire dans le cadre du Deuxième L’un des principaux acquis en matière de visibilité Décennie internationale des personnes d’ascendance a été la consolidation d’un calendrier annuel de africaine, qui vise, au-delà des actions de visibilité, à commémorations afro-péruviennes, qui permet consolider des changements structurels favorisant le d’institutionnaliser des moments clés de réflexion et de célébration. Parmi les dates les plus marquantes développement des populations afrodescendantes. figurent: 2 En 2013, a été créée la Direction des Politiques pour la Population Afro-péruvienne (DAF), organe 4 juin, Journée de la culture afro-péruvienne: En du Ministère de la Culture, dont la mission est : « 2006, le Congrès de la République a déclaré, par Concevoir et mettre en œuvre des politiques, plans la loi n° 28761, le 4 juin de chaque année comme et programmes de protection, de promotion des Journée de la culture afro-péruvienne, en hommage droits et de développement de la population afro- à la naissance de Nicomedes Santa Cruz, artiste et péruvienne, garantissant son développement dans intellectuel emblématique du peuple afro-péruvien. le respect de son identité et dans un cadre d’égalité Cette journée vise à reconnaître les contributions du peuple afro-péruvien à la construction de la des droits » (Ministère de la Culture, 2013). nation dans les domaines économiques, sociaux, Pour accomplir ce mandat, la DAF a structuré son scientifiques, culturels, religieux et artistiques, entre autres. intervention autour de quatre axes de travail: 1. Politiques publiques : Conception et mise en œuvre Juin, Mois de la culture afro-péruvienne : Institué en de documents de gestion orientant l’action de l’État. 2014 par la Résolution ministérielle n° 182-2014MC, ce mois vise à offrir un espace plus large pour 2. Participation et représentation : Création d’espaces réaliser des activités qui mettent en valeur le peuple de délibération pour les organisations afro- afro-péruvien. Il s’impose progressivement comme péruviennes et promotion de leur représentation à un mois emblématique, propice à des actions tant différents niveaux de gouvernance. nationales qu’internationales. Il convient de noter que juin est également reconnu comme le Mois de la 3. Gestion de l’information : Production et analyse de fierté LGBTIQ+. données quantitatives et qualitatives pour soutenir la prise de décision en matière de politique publique.

4. Visibilité: Promotion de la reconnaissance sociale 1

Oficina del Alto Comisionado de las Naciones Unidas para los Derechos Humanos. (2024, diciembre). Second International Decade for People of African Descent renews call for recognition, justice and development [Historia]. https://www.ohchr.org/es/stories/2024/12/second-international-decade-people-african-descent-renews-call-recognition-justice

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25 juillet, Journée de la femme afro-péruvienne: En 2020, la loi n° 31049 a déclaré le 25 juillet de chaque année Journée nationale de la femme afro-péruvienne, afin de rendre visible, de reconnaître, de valoriser et de sensibiliser à la participation et à la contribution des femmes afro-péruviennes au développement social, économique, politique et culturel du Pérou. La loi confie au Ministère de la Culture et au Ministère de la Femme et des Populations Vulnérables (MIMP) la promotion d’activités destinées à renforcer cette visibilité et cette reconnaissance.

3 décembre, Journée de l’abolition de l’esclavage: En 1854, l’abolition de l’esclavage a été proclamée au Pérou. En hommage à cette date, le Ministère de la Culture organise chaque année des activités commémoratives, mettant en avant la participation politique des Afro-Péruviens, notamment à travers l’événement Rencontre nationale des organisations afro-péruviennes “Somos Familia”, qui en est cette année à sa dixième édition.

19 octobre, Journée de l’amitié péruviano-africaine: En 1986, le Décret suprême n° 0020-86-RE a instauré cette journée, célébrée chaque 19 octobre, en commémoration du décès du président et leader mozambicain Samora Machel, considéré comme le père de l’indépendance de son pays et un fervent combattant contre le régime de l’apartheid.

Outre les commémorations désormais inscrites au calendrier national comme repères pour la citoyenneté, d’autres actions de visibilité sont encouragées tout au long de l’année pour reconnaître les réussites et les contributions du peuple afropéruvien au savoir et à la culture nationale.

Autres actions de visibilité

Déclarations de “Personnalité méritante de la culture Cette date rend hommage à celles et ceux qui ont afro-péruvienne”: Il s’agit d’une reconnaissance consacré leur vie à la lutte pour l’émancipation en officielle accordée à des personnes dont les œuvres Afrique, et exprime la reconnaissance du peuple et actions ont contribué de manière significative péruvien pour le lien historique qui l’unit au continent au pays. Cet hommage favorise la diffusion de leur africain ainsi que pour la précieuse contribution de héritage, comme les déclarations de centenaires de naissance — celui de Nicomedes Santa Cruz en 2025 celui-ci à notre culture et à notre société. et celui de Victoria Santa Cruz en 2022 — ou encore l’émission de timbres commémoratifs, tels que celui dédié à Lucha Reyes en 2024.

Reconnaissance des personnalités méritantes de la culture afro-péruvienne, 2017 Source : Ministère de la Culture 2

Para mayor información sobre las efemérides, ver Anexo 1.

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Rencontre des chercheurs sur la culture afro-péruvienne, 2025, UNMSM Source: Ministère de la Culture

Déclaration du patrimoine immatériel et des sites de mémoire historique du peuple afro-péruvien: Ces déclarations sont des reconnaissances officielles attribuées à des pratiques culturelles d’origine afropéruvienne faisant partie du patrimoine culturel national. Parmi elles figurent la Fête du Seigneur des Miracles, les danses du Hatajo de Negritos et Pallas, l’usage musical du checo, la danse du tondero, ainsi que le cajón péruvien et la petite boîte rythmique afro-péruvienne.

réalisé conjointement avec l’organisation Activos Culturales Afro (ACUA) et le Fonds international de développement agricole (FIDA), recueille — à travers un travail collaboratif — des recettes et pratiques culturelles issues de diverses localités afro-péruviennes. On y retrouve des cuisinières telles que Carmen Huapaya Solano (San Luis de Cañete), Mirtha Cartagena, Angeolina Palma, Esther Cartagena et Josefina López (Chincha), ainsi que Rosa Colchado, Amelia Jiménez et Fanny Azañero (Zaña, Lambayeque), qui sont à la fois auteures De même, sont reconnus comme sites de mémoire et protagonistes du contenu. Cette publication historique des lieux marqués par une présence a récemment reçu la prestigieuse récompense afrodescendante significative, tels que Zaña, dans la Gourmand 2025, dans la catégorie des livres de région de Lambayeque, et San Luis de Cañete, à Lima. cuisine en libre accès et à distribution gratuite.

La liste présentée des actions et initiatives de visibilité menées par le Ministère de la Culture reflète l’effort déployé pour inscrire à l’agenda public tant les revendications sociales du peuple afro-péruvien que ses précieuses contributions, dans une volonté de lutter contre le racisme et la discrimination.

Cependant, l’expérience accumulée au cours de la Première Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine nous rappelle que la visibilité, Élaboration et publication d’ouvrages diffusant la à elle seule, ne suffit pas. Il est nécessaire que ces culture afro-péruvienne: Une ligne éditoriale est actions soient accompagnées de mesures concrètes en cours de développement, dédiée à la production et durables s’attaquant aux inégalités structurelles de livres de haute qualité mettant en valeur et qui touchent une grande partie de la population afropromouvant la richesse culturelle du peuple afro- descendante. Par exemple, la déclaration de péruvien. Parmi les publications les plus remarquables figure Présence afrodescendante au Pérou. XVIe– XXe siècles (2015), des historiens Maribel Arrelucea Barrantes et Jesús Cosamalón Aguilar, une œuvre offrant une précieuse reconstitution historique de la présence et des contributions des Afro-descendants dans le pays.

Rencontre des chercheurs sur la culture afropéruvienne: Lancée en 2017 et officialisée par la R.M. n° 480-2023-MC, cette rencontre réunit des chercheurs, universitaires et acteurs culturels afin de diffuser les avancées du savoir sur la culture afropéruvienne. Elle vise à influencer l’agenda public grâce à des données qui orientent les politiques et initiatives en faveur du peuple afro-péruvien.

De même, l’ouvrage Fogón afroperuano : Héritage et savoir de la cuisine afro-péruvienne de la côte,

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Personnalités méritantes de la culture doit s’accompagner de politiques garantissant des conditions de vie dignes à ces personnes et une diffusion adéquate de leurs œuvres. De même, la commémoration de la Journée de la femme afropéruvienne devrait aller au-delà du symbolique, en promouvant, par exemple, des politiques publiques réduisant effectivement la violence de genre et améliorant l’accès à un emploi décent pour les femmes afro-péruviennes La mise en œuvre de dates commémoratives, distinctions et reconnaissances constitue souvent l’une des actions les plus immédiates de la gestion publique, ce qui explique la multiplication de journées dédiées à diverses causes et collectifs. Néanmoins, le véritable défi ne réside pas dans leur création, mais dans la garantie de leur pérennité à travers des actions significatives contribuant à combler les écarts structurels qui affectent les peuples afrodescendants. En ce sens, les initiatives de visibilité sont essentielles, mais elles doivent transcender le symbolique. Pour qu’elles aient un impact réel, elles doivent être accompagnées de mécanismes efficaces de représentation et de redistribution des ressources.

Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons progresser vers une démocratie véritablement inclusive, où la reconnaissance culturelle se traduira par des améliorations tangibles de la qualité de vie et par l’exercice plein et entier des droits de la population afro-péruvienne.

Prix du livre Fogón Afroperuano aux 30e Gourmand Awards Source: Best in the World Gourmand

Bibliographie Livres Arrelucea Barrantes, M., & Cosamalón Aguilar, J. (2015). La presencia afrodescendiente en el Perú: Siglos XVI - XX. Ministerio de Cultura del Perú. centroderecursos.cultura.pe/sites/default/files/rb/ pdf/La-presencia-afrodescendiente.pdf

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Article

Annexe 1 – Calendrier des dates importantes ou commémorations du peuple afro-péruvien Source : Direction des politiques en faveur de la population afro-péruvienne

OHCHR ONU “El Segundo Decenio Internacional de los Afrodescendientes renueva el llamamiento al reconocimiento, la justicia y el desarrollo” ohchr.org/ es/stories/2024/12/second-international-decadeLégislation Ministerio de Relaciones Exteriores. (1986, 21 de octubre). Decreto Supremo N.º 0020-86-RE: Declaran el 19 de octubre de cada año como el Día de la Amistad Peruano-Africana.

Congreso de la República del Perú. (2006, 18 de junio).

Ley N.º 28761: Declaran el 4 de junio de cada año como el Día de la Cultura Afroperuana. Diario Oficial El Peruano.

Ministerio de Cultura. (2013, 20 de junio). Decreto Supremo N.º 005-2013-MC: Aprueban el Reglamento de Organización y Funciones del Ministerio de Cultura. transparencia.cultura.gob.pe Ministerio de Cultura. (2014, 4 de junio). Resolución Ministerial N.º 182-2014-MC: Declaran el mes de junio de cada año como “Mes de la Cultura Afroperuana”. Recuperado de gob.pe/institucion Congreso de la República del Perú. (2020, 30 de setiembre). Ley N.º 31049: Declaran el 25 de julio de cada año Día Nacional de la Mujer Afroperuana. Diario Oficial El Peruano. busquedas.elperuano.pe/

Activos Culturales Afro ACUA, Fondo Internacional de Desarrollo Agrícola (FIDA) y Ministerio de Cultura del Perú. (2023). Fogón afroperuano: Herencia y saber de la cocina afroperuana [Libro electrónico]. Ministerio de Cultura del Perú. programaacua.org/wp-content/ uploads/2022/08/Libro-Fogon-Afroperuano.pdf

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Ministerio de Cultura. (2023, 19 de octubre).

Resolución Ministerial N.º 480‑2023‑MC: Institucionalizan el Encuentro de Investigadores sobre Cultura Afroperuana. Recuperado de gob.pe/ institucion/cultura/normas-legales/4875472-4802023-mc

Asamblea General de las Naciones Unidas. (2024).

Resolución A/RES/79/193 sobre el Segundo Decenio Internacional para los Afrodescendientes.

ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

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ARTICLE 6

LES AFRO-AMÉRICAINS NAPOLÉONIENS : AGENTS IDÉALISTES ?

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Ambassadeur Jorge Raffo Directeur général de l’Afrique, du Moyen-Orient et des Pays du Golfe

La Caraïbe centraméricaine, imprégnée des idées des Lumières et marquée par les principes de la Révolution française, devient le théâtre des affrontements entre les empires européens émergents et l’empire espagnol en déclin. Le territoire et ses mers sont âprement disputés dès la fin du XVIII e siècle et au début du XIXe, à travers des méthodes impliquant une forte mobilisation d’hommes en âge de combattre, ainsi qu’une définition politique des divers groupes sociaux qui devaient calibrer leur loyauté envers l’un ou l’autre camp. Bon nombre de ces décisions sociales s’appuyaient sur les critères d’identité ethnique en vigueur à cette époque (Rueda, 2009).

De nombreux Afro-descendants juridiquement « libres » — expression coloniale utilisée pour les distinguer de ceux soumis à l’esclavage — se rallièrent à la cause indépendantiste latino-américaine dans l’espoir de participer à une société plus inclusive et égalitaire. Dès 1789, les Afro-Américains de la Caraïbe centrale devinrent des agents perturbateurs de l’ordre colonial. Le rôle joué par Haïti et la Jamaïque dans les initiatives politiques visant à détacher les régions centraméricaines du contrôle de Madrid est illustré par l’aventure des frères Bocé ou Bogé.

bord du « Bruto », et Antoine Duple, mulâtre haïtien, connurent un autre sort : avec une vingtaine de marins français, ils furent condamnés à travailler « enchaînés dans les chantiers portuaires de Porto Rico » (González, 2010, cité par Puigmail, 2013). Duple parvint à s’évader de façon rocambolesque, mais fut repris lors d’une rixe — à laquelle il ne participait pas — dans la taverne où il se cachait en attendant le navire censé le conduire hors de l’île.

Les agents napoléoniens déployés dans l’HispanoAmérique agitée tirèrent d’importantes leçons des événements vécus par les Bocé et de leur échec révolutionnaire. Ils poursuivirent dès lors un double objectif : appliquer le blocus continental décrété par Paris contre les Britanniques — en utilisant des navires corsaires pour perturber le commerce anglais dans la Caraïbe centrale — et, simultanément, soutenir les forces patriotes insurgées en affaiblissant les troupes espagnoles sur le continent.

À quarante-cinq ans, Jacques Anastase Desmolards (ou Dumoulard) reçut la mission de créer et de diriger le réseau d’agents secrets au service de Napoléon.

En 1809, il s’établit à Baltimore, d’où il coordonna un vaste réseau d’espions et d’informateurs à Les frères Jean Gaspard et Agustín Bocé ou Bogé, travers les Amériques, notamment au Mexique, corsaires français mulâtres, participèrent en 1799 où plusieurs dizaines d’agents étaient sous ses à une tentative révolutionnaire à Maracaibo, au ordres. Il est considéré comme l’instigateur des Venezuela, dirigée par le patriote Francisco Javier premiers mouvements révolutionnaires à Cuba dès Pirela. Ce dernier fut capturé quelques jours avant la fin de 1809. Desmolards poursuivit ses activités la date prévue du soulèvement, ce qui permit aux d’espionnage jusqu’en 1811, date à laquelle il fut forces royales d’arrêter les deux capitaines ainsi remplacé par un autre officier napoléonien, que les soixante-dix-huit membres d’équipage des navires « Bruto », « Patrulla » et « Arlequín ». Ils furent emprisonnés au château de Panamá, où ils purgèrent plusieurs années de détention jusqu’à ce qu’en 1806, l’ambassadeur de France demande « si les frères Jean Gaspard et Agustín Bocé ont été libérés ». La réponse adressée à Talleyrand, ministre des Affaires étrangères de Napoléon Bonaparte, confirma leur libération, bien que les trois navires restassent confisqués (Manzanilla, 2011, cité par Puigmail, 2013).

Leurs seconds, Juan María Gautier, mulâtre français originaire de Port-au-Prince, Jacob Gomes, second à 3 Artículo publicado en el diario La Tribuna de Honduras en marzo 2022

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Napoleonic Empire

Source: National Geographic

Anasthase d’Amblimont, qui envoya deux de ses meilleurs agents, François Louis Delpech et Charles Demarquet, collaborer avec les patriotes de l’isthme et de la Nouvelle-Grenade. Le premier chercha à obtenir le soutien de Paris à la cause napoléonienne par le biais du Panama et tenta, en contrepartie, d’obtenir de Napoléon l’envoi de « 20 officiers d’artillerie, 6 chefs d’ateliers, 8 imprimeurs, 4 maîtres mineurs, etc. » (De Gandia, 1955), soit un total de quatrevingt-six spécialistes destinés à renforcer les forces insurgées ; le second, quant à lui, accompagna Simón Bolívar lors de sa rencontre avec le général José de San Martín, le 26 juillet 1822, à Guayaquil, où fut décidée l’intégration de la ville à la Grande Colombie.

Bolívar dira de Demarquet : « Il ne sait ni mentir ni calomnier, je le crois loyal et sincère » (Barrios, 2002, cité par Puigmail, 2013).

la Universidad de Puerto Rico.

Manzanilla, J. (2011). Revolución, corsarios y conspiraciones en el Caribe del siglo XVIII. Caracas: Academia Nacional de la Historia.

Puigmail, A. (2013). Agentes napoleónicos en Hispanoamérica: espionaje, redes y conspiraciones (1799–1822). París: Éditions de la Sorbonne.

Rueda, J. (2009). Identidades étnicas y movilización política en el Caribe colonial (1750–1820). Bogotá: Universidad Nacional de Colombia.

Zapata, C. (2009). Los afrodescendientes en la independencia hispanoamericana: sujetos y memorias.

Lima: Fondo Editorial del Congreso del Perú.

L’exemple le plus significatif de cette stratégie de déstabilisation des forces métropolitaines fut l’accord conclu en 1813 par Delpech, Fajardo et Napoléon lui-même, qui prévoyait l’envoi d’une expédition française en appui aux patriotes. Les revers de la « Grande Armée » et le premier exil de Napoléon à l’île d’Elbe empêchèrent la concrétisation de ce projet.

Considérés dans leur ensemble, les événements liés aux frères Bocé marquent le coup d’envoi de la présence de convictions révolutionnaires et napoléoniennes parmi les Afro-Américains, traduites en action.

Des études récentes (Zapata, 2009 ; Ferreira, 2009) soulignent la participation pionnière des Afro-descendants dans les mouvements d’indépendance dès la fin du XVIIIᵉ siècle. Comme le souligne Puigmail (2013) : « Il n’est donc pas surprenant de les voir impliqués dans les premiers mouvements indépendantistes aux côtés de Francisco de Miranda, soutenir Simón Bolívar lors de son exil en 1815– 1816, puis intégrer les armées libératrices. » Bibliographie

Simón Bolivar

Barrios, M. (2002). Napoleón y la independencia de América: relaciones entre Bolívar y los franceses. Madrid: Editorial Complutense.

De Gandia, E. (1955). Historia de las ideas en la América española. Buenos Aires: Editorial Kapelusz.

Ferreira, L. (2009). Afrodescendientes en la independencia de América Latina: una revisión histórica. Montevideo: Universidad de la República.

González, J. (2010). Corsarios y prisioneros: las redes del Caribe napoleónico. San Juan de Puerto Rico: Editorial de

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Source: Wikipedia

ARTICLE 7

DES ANDES AU MAGHREB : LA LITTÉRATURE DE CLORINDA MATTO DE TURNER ET ASSIA DJEBAR COMME MIROIR DES SOCIÉTÉS EN TRANSFORMATION

Amparo María Melchor Castro Première Secrétaire au Service Diplomatique de la République du Pérou

« Si l’histoire est le miroir où les générations à venir doivent contempler l’image des générations passées, le roman doit être la photographie qui stéréotype les vices et les vertus d’un peuple, avec la morale corrective correspondante pour ceux-ci et l’hommage d’admiration pour celles-ci. » - Clorinda Matto de Turner, 1889, p. 11.

Le Pérou, pays qui ouvre ses portes au monde depuis le Pacifique sud-américain, et l’Algérie, le plus grand pays du continent africain dont les côtes sont baignées par la Méditerranée, ont construit leur identité nationale à partir de la rencontre et de la tension entre héritages ancestraux et legs coloniaux. La colonisation espagnole et française vécue par ces deux nations respectivement a marqué des jalons fondamentaux qui ont défini l’identité moderne péruvienne et algérienne. Les processus d’indépendance qu’elles ont traversés, bien qu’ils se soient produits à des siècles différents — au Pérou en 1821 et en Algérie en 1962 —, sont empreints de sacrifices et de luttes collectives qui ont trouvé un écho dans de multiples expressions artistiques, de la peinture et la sculpture à la musique et la littérature.

côté, à près de dix mille kilomètres de distance, en Algérie, Assia Djebar faisait de même dans La femme sans sépulture (2002), roman historique qui retrace le sacrifice et la lutte des Algériennes, mettant en lumière le rôle essentiel de ces femmes courageuses.

Clorinda Matto de Turner : littérature et dénonciation sociale Clorinda Matto de Turner naquit à Cuzco en 1852. Écrivaine péruvienne de renommée mondiale, elle grandit à Calca, un petit village andin. Grimanesa Martina Matto Usandivaras, qui adopta plus tard le nom de Clorinda Matto, raconta dans ses œuvres les expériences rurales et l’environnement andin qui marquèrent son enfance.

La littérature a permis, au fil des années, de tisser des ponts et de découvrir des affinités entre des espaces géographiques éloignés ou anachroniques.

Les romans, par exemple, ont la capacité de raconter des histoires de douleur ou d’espérance, de raviver des souvenirs et de constituer des réservoirs de mémoire. Ce genre a représenté un espace de résistance et de sensibilité, surtout pour celles et ceux qui, à travers la plume, ont dénoncé les abus, les injustices et l’indifférence de leur époque.

Le présent article invite à explorer les parallélismes créatifs qui traversent deux grandes écrivaines, éloignées dans le temps et dans l’espace, mais unies par des thématiques similaires. Clorinda Matto de Turner, dans son œuvre Aves sin nido (1889), considérée comme le premier roman indigéniste du Pérou, dénonça les structures de discrimination, d’abus et d’exploitation dans lesquelles vivaient les communautés autochtones de son époque. De l’autre

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Portada, Aves sin Nido Source: Armaenia Editorial

commis à l’égard des indigènes, ce qui la conduisit à s’opposer à l’Église et aux hommes politiques de son temps. Ainsi, en 1895, à la suite d’une persécution politique, elle s’enfuit au Chili, puis en Argentine, où elle s’installa et vécut jusqu’en 1909, année de sa mort prématurée.

Denegri et Peluffo (2020) décrivent Matto comme une figure controversée et pionnière de l’indigénisme, dont l’œuvre valorise le quechua et s’imprègne d’une perspective féministe, à comprendre dans le contexte de son époque. Clorinda Matto se distingue par son activisme politique, dans une période où la séparation entre sphères publique (politique) et privée (domestique) restait incontestée, et où la politique comme la littérature étaient dominées par les hommes.

Un point de départ personnel On peut constater que Clorinda Matto de Turner représente, dans le Pérou du XIXᵉ siècle et encore aujourd’hui, une voix critique des structures sociales et des principes sur lesquels s’était construite la République péruvienne. Dans le même esprit de remise en question, Assia Djebar, à travers son magnifique roman La femme sans sépulture, propose une vision féminine de l’indépendance algérienne et reconstitue l’histoire d’une héroïne qui lutta pour voir son pays libre.

Clorinda Matto

Source: National Library of Peru

Dès son plus jeune âge, elle fit preuve d’un grand talent d’écriture, occupant à quatorze ans le poste de rédactrice du journal de son école. Bien qu’elle ait dû quitter l’école pour aider son père aux travaux domestiques et à l’éducation de ses frères, à la suite du décès de sa mère quelques années plus tôt, Matto ne cessa jamais d’écrire. Elle s’essaya à de multiples genres — poésie, prose, romans, légendes, traditions et théâtre. En 1889, elle devint rédactrice de El Perú Ilustrado, le magazine le plus influent de son époque, où elle publia Aves sin nido. En 1892, elle fonda l’imprimerie La Equitativa, projet non seulement géré exclusivement par des femmes, mais aussi conçu comme un espace de diffusion des œuvres d’autres écrivaines.

Selon Mary Berg (2010), les principaux thèmes mis en valeur dans l’œuvre de Matto sont l’émancipation et l’éducation des femmes ; les injustices sociales, la soumission et l’exploitation vécues par la population indigène ; ainsi que l’abolition de la corruption et des abus, tant au niveau gouvernemental qu’ecclésiastique. Clorinda Matto eut pour préoccupation centrale la question sociale et les abus

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Mural Cabaah, Argel Source: Propre

J’ai découvert Assia Djebar à la suite de mon récent voyage à Alger. En parcourant la Casbah, les ruelles de la “ville blanche”, les ruines de Tipasa et son architecture chargée d’histoire, en visitant les mosquées et les édifices coloniaux, j’ai ressenti le désir de prolonger cette expérience par la littérature algérienne.

Assia Djebar : mémoire et résistance féminine Écrire sur Assia Djebar a été une aventure qui m’a permis de mieux connaître, à travers la plume de cette illustre Algérienne, l’histoire d’un pays qui ne cesse de m’émerveiller. Fatima-Zohra Imalayene, qui adopta plus tard le nom d’Assia Djebar, naquit à Cherchell en 1936, une petite ville située à 90 kilomètres de la capitale, Alger. Elle fut la première femme algérienne à étudier à la prestigieuse École Normale Supérieure de Paris, d’où elle participa activement aux grèves étudiantes pour la cause indépendantiste de son pays.

Djebar croyait profondément au rôle transformateur de l’éducation, en particulier pour les femmes. À son époque, seulement 1 % des femmes fréquentaient l’école, et une proportion encore moindre achevait leurs études. Djebar fut professeure d’histoire, de littérature et de cinéma dans plusieurs pays — Algérie, France, Maroc et États-Unis — et devint en 2005 la première femme maghrébine à intégrer l’Académie française.

indépendante et réfléchit à la transformation de l’identité nationale. Ce travail est illustré dans plusieurs de ses livres et films — notamment celui produit en 1974 — où sont réunis les récits de dizaines de femmes partageant leurs expériences pendant les années de guerre, leurs douleurs de mères, d’épouses et de filles. Djebar y met également en lumière le rôle actif des femmes rurales algériennes durant la guerre d’indépendance (Serrano-Niza, 2020).

Tout au long de sa vie, Djebar conserva un engagement politique fort, perceptible dans ses œuvres où elle dénonça la vulnérabilité des femmes et redonna voix et mémoire à celles qui disparurent pendant la guerre. C’est le cas de La Femme sans sépulture, un roman fondé sur un fait historique et enveloppé de la créativité de l’auteure. Assia Djebar y raconte l’histoire de Zulija Udai, héroïne des guerres d’indépendance algériennes. Après l’assassinat tragique de son mari par les colons français, Zulija rejoint la résistance, contrainte de se séparer de ses enfants et de vivre dans la clandestinité, servant d’intermédiaire pour acheminer nourriture et messages entre la ville et les rebelles retranchés dans les montagnes.

Tipasa, Argelia Source: Propre

L’œuvre de Djebar est vaste : poèmes, romans historiques et autobiographiques, théâtre, cinéma et autres formes d’expression artistique. Cette créatrice algérienne se distingue par l’intégration dans ses œuvres d’événements historiques mêlés à des expériences et récits personnels, permettant au lecteur de s’immerger dans ses livres et de devenir partie prenante de l’histoire. Sa narration est particulièrement intéressante car elle aborde la transition d’un système colonial vers une république

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Couverture, La Femme sans sépulture Source: Armaenia Editorial

Place d’Armes de Lima Source: Propre

Le récit se déroule à Césarée (Cherchell), ville natale de Djebar, et relate la vie de Zulija à travers les voix de plusieurs femmes qui l’ont connue, ses deux filles Hania et Mina, son amie Doña Lionne (Lla Lbia, en arabe), sa bellesœur Zora Udai, ainsi que la voix de Zulija elle-même.

Toutes évoquent la première femme arabe diplômée, parfaitement francophone, mariée trois fois (ses deux premiers mariages s’étant soldés par un divorce et son dernier mari ayant été assassiné), résistante et martyre de l’indépendance. Les voix de ces femmes sont des témoignages de douleur et de résistance qui placent la femme au centre de l’histoire. Zulija, femme courageuse ayant organisé un groupe de résistance avec l’aide d’autres femmes, fut dépouillée de son foyer, de ses enfants, de sa famille et de sa propre vie. On refusa même à ses proches le droit de l’enterrer et de pleurer sur sa dépouille.

Convergences thématiques Matto et Djebar, deux écrivaines issues de réalités différentes — le Pérou républicain de la fin du XIX e siècle et l’Algérie postcoloniale du XX e —, se rejoignent dans leurs principales préoccupations littéraires et convictions politiques : (i) elles présentent la femme comme sujet de résistance; (ii) elles écrivent sur la construction de leurs identités nationales, encore marquées par les blessures de la période coloniale.

La femme comme sujet de résistance Lucia Marín, dans l’œuvre de Clorinda Matto, incarne une femme instruite et cultivée, sensible aux malheurs des autres femmes de sa communauté, notamment à ceux de Marcela, l’épouse de Juan Yupanqui, un humble indigène. Lucia représente un esprit juste et critique face aux structures sociales, aux abus de pouvoir et à l’indolence religieuse. Elle assume un rôle actif face aux injustices subies par les Yupanqui et devient une figure de changement dans une société où la place de la femme était limitée à la sphère domestique et maternelle. Lucia

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est un symbole de sororité et de force. À l’opposé, Marcela incarne le visage de l’oppression vécue par les femmes indigènes de cette époque — une réalité malheureusement encore présente dans certains contextes contemporains. Marcela subit une double domination : en tant que femme et en tant qu’indigène.

Elle représente la douleur collective d’une époque et d’un espace où les femmes étaient privées du droit de décider de leur corps, et où leurs voix restaient sans écho dans une structure sociale qui les rendait invisibles.

Le contraste que propose Matto en nous présentant ces deux femmes permet de comprendre l’oppression sociale de cette époque et la nécessité d’aborder les inégalités sociales, raciales et de genre comme la seule voie vers la transformation sociale. La dénonciation sociale présente dans Aves sin nido invite le lecteur à développer une conscience réformatrice et présente la femme (incarnée par Lucía) comme un agent de changement disruptif pour son temps, abandonnant le rôle de victime et de soumission pour celui de critique des structures établies.

D’autre part, Djebar, dans La femme sans sépulture, présente les femmes comme des réservoirs de mémoire ayant préservé des faits historiques importants. Par exemple, Doña Lionne est qualifiée de « pure mémoire », capable de revivre le passé et de raconter la vie d’une femme rendue invisible comme Zulija. Ainsi, ce personnage joue un rôle intergénérationnel de transmission d’identité.

De même, Zulija, la protagoniste, est une femme qui rompt avec les paradigmes de son époque. Elle a su non seulement s’émouvoir de la douleur et des abus que subissaient sa ville et son peuple, mais elle a aussi choisi de rompre le silence et de devenir une militante active pendant la guerre d’indépendance algérienne. Zulija est un exemple de lutte féminine et de résilience, elle défie les stéréotypes et transforme le silence en action, devenant un symbole de résistance.

« Regardez tout cela ! — encore une fois, mon geste s’adresse à toi, spectatrice de cette scène figée, dans vingt jours ou dans vingt ans, peu importe, mon geste dénonce l’équipement ridicule de leur armée —. Regardez, mes frères, tout cela seulement pour une femme ! » (Djebar, 2020, p. 42).

femmes que l’histoire avait réduites au silence et montre le rôle qu’elles ont joué dans la formation de l’identité nationale et dans les luttes pour l’indépendance. L’écrivaine algérienne ravive la vie et la mémoire de Zulija, héroïne algérienne, afin d’intégrer la voix féminine dans la réécriture de l’histoire nationale. Bien que Zulija ait été exécutée et En conclusion, nous pouvons voir comment Matto que l’on ignore où se trouve sa sépulture, elle incarne et Djebar présentent un archétype de femme qui un symbole national de résistance. transcende le rôle maternel et domestique, se constituant en une figure sensible aux défis des « En 1956 et en 1957, Zulija se trouvait réellement au réalités qu’elles habitaient et aux transformations centre : non seulement de la lutte à Césarée, mais aussi de leurs nations en construction. Les femmes, pour des contacts à maintenir, des liens à établir entre les les deux écrivaines, incarnent la protestation sociale montagnes, avec leurs partisans, et les habitants de la et sont le soutien de leurs communautés : la sororité ville, à moitié engagés, hésitants, timorés, prudents, mais féminine y est donc bien présente. aussi pleins d’espoir, qui voyaient l’avenir s’approcher dans des secousses et des tempêtes » (Djebar, 2020, p.

Identité nationale et traces du colonialisme 138).

Matto écrivit à la fin du XIXe siècle, alors que le Pérou, formellement, était une république indépendante Ainsi, les deux écrivaines s’accordent à dire que la depuis plus d’un demi-siècle ; pourtant, la population formation de l’identité nationale est un processus en indigène vivait encore dans des conditions similaires à construction, traversé par les blessures du colonialisme et celles de la colonie. Dans Aves sin nido, Matto dénonce les luttes pour l’indépendance politique. De même, pour les abus commis envers la population indigène, exclue Matto et Djebar, l’identité nationale ne peut se bâtir sans du processus de construction républicaine. Matto une vision large et inclusive qui intègre les femmes, les élève sa voix et décrit l’identité nationale fracturée peuples autochtones et les paysans. de son époque, qui ignorait à la fois les indigènes et Réflexions finales les femmes. « Nous sommes nés Indiens, esclaves du curé, esclaves du gouverneur, esclaves du cacique, La littérature de Matto et de Djebar, bien qu’écrite esclaves de tous ceux qui tiennent le bâton du dans des contextes différents, est traversée par des commandement. » (Matto, 2019, p. 274). préoccupations communes telles que le rôle des De même, Matto relate dans son livre comment femmes, la nation et le colonialisme. Aves sin nido et l’Église et le pouvoir local représentaient des piliers La femme sans sépulture reflètent de manière critique d’oppression pour les communautés indigènes, des sociétés en transformation, où les deux écrivaines donnant naissance à de nouvelles formes de ont élevé leurs voix, affrontant persécutions et exils. domination, puisqu’ils perpétuaient les hiérarchies L’actualité de leurs idées continue de nous interpeller coloniales. L’écrivaine de Cuzco utilise sa plume pour ; c’est pourquoi ces deux femmes de lettres sont, sans refléter les vices et les vertus de la société dans aucun doute, des symboles culturels et politiques de laquelle elle a vécu, reconnaissant le rôle moral la littérature universelle. Puissent ces lignes, pleines et politique du roman. Sa dénonciation constitue d’affinités et de rencontres inattendues, inviter à un appel à l’importance d’inclure la population découvrir un peu plus le Pérou et l’Algérie à travers la indigène et les femmes dans la construction de plume de Clorinda Matto de Turner et d’Assia Djebar. l’identité nationale, tout en révélant les paradoxes du Pérou républicain du XIXe siècle, où le colonialisme trouva refuge et chercha à se justifier à travers des hiérarchies d’ethnie et de genre. Ces idées demeurent actuelles, et Clorinda Matto est considérée comme une précurseure des concepts de nation fondés sur la justice sociale et la diversité.

Pour sa part, Assia Djebar, à partir de la reconstruction de la mémoire collective, écrit sur l’identité nationale depuis le regard des femmes, depuis le « elles ».

La femme sans sépulture fait entendre les voix de

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Place d’Armes de Cusco Source: Propre

Assia Djebar Source: Times

Références: Berg, M. G. (2010). Clorinda Matto de Turner (1852-1909): Perú. Alicante: Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes.

Denegri, F., & Peluffo, A. (Eds.). (2020). Su afectísima discípula, Clorinda Matto de Turner. Cartas a Ricardo Palma, 1883-1897. Pontificia Universidad Católica del Perú, Fondo Editoria Djebar, A. (2020). La mujer sin sepultura (M. Bofill, Trad.). Madrid: Armaenia Editorial. (Trabajo original publicado en 2002).

Matto de Turner, C. (1889). Aves sin nido. Buenos Aires: Felix Lajouane Editor.

Serrano-Niza, D. (2020). Cuerpos de mujeres (des)colonizados según Assia Djebar. Revista Estudos Feministas, 28(2).

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ARTICLE 8

L’HÉRITAGE AFRO-PÉRUVIEN DANS LE HATAJO DE NEGRITOS ET DE PALLITAS

Verónica Miyagusuku Ríos Deuxième Secrétaire du Service Diplomatique de la République Manifestations de la côte sud-centre du Pérou reconnues comme Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO

Le Hatajo de Negritos et le Hatajo de Pallitas, Tompkins, l’origine du Hatajo de Negritos et du Hatajo traditions originaires de la côte sud-centre du de Pallitas remonte à la seconde moitié du XVIIIe siècle Pérou, constituent des expressions profondément dans cette région péruvienne (Tompkins, 2011). représentatives de la culture afro-andine péruvienne.

Ces traditions sont le fruit d’une rencontre historique entre la cosmovision andine, les coutumes africaines et l’influence européenne, donnant naissance à un symbole d’identité et de cohésion sociale dans la région d’Ica (Ministère de la Culture du Pérou, 2019).

En 2019, ces deux manifestations ont été inscrites, à la demande de l’État péruvien, par le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité (UNESCO, 2019). Cette reconnaissance internationale a confirmé la valeur universelle de ces traditions et leur capacité à témoigner du métissage culturel.

Le présent article explore l’origine du Hatajo de Negritos et du Hatajo de Pallitas, leurs caractéristiques distinctives, leur signification sociale et leur capacité de rayonnement sur la scène internationale, ainsi que les mesures de sauvegarde mises en œuvre par l’État péruvien afin d’assurer la continuité de ces traditions. À cet égard, il convient de souligner que ces expressions constituent un témoignage vivant de la résilience afro-andine, mettant en lumière l’amitié culturelle afro-péruvienne comme un élément essentiel de l’identité et de la diversité du Pérou.

La danse des Pallitas ou Pastoras est interprétée par des femmes au son de la guitare ou du violon, accompagnée de claquements de pieds et de chants Photographe : Antonio Rodríguez Ministère de la Culture du Pérou, 2016

La population africaine arrivée au Pérou a apporté avec elle des éléments de sa cosmovision, de sa musicalité et de ses expressions artistiques, qui se sont entremêlés avec les pratiques andines préexistantes et le catholicisme européen imposé par les colonisateurs, donnant naissance aux danses et chants collectifs que nous admirons aujourd’hui dans les Hatajos (Ministère de la Culture du Pérou, 2019).

Ces danses recréent des passages bibliques liés à l’adoration de l’Enfant Jésus par les bergers et à l’Épiphanie. Le Hatajo de Negritos est principalement I. Origine historique du Hatajo de Negritos et de exécuté par des hommes, tandis que la danse des Pallitas Pallitas est réalisée par des femmes. Dans les deux La région d’Ica, située sur la côte sud-centre du cas, les danses se déroulent au rythme des chants Pérou, abrite une importante communauté afro- et des instruments comme la guitare et le violon. Ces descendante depuis l’époque coloniale. Au cours deux expressions, reconnues comme des symboles des XVI e et XVII e siècles, des populations africaines de dévotion religieuse, réunissent jusqu’à une amenées au Pérou furent intégrées aux systèmes cinquantaine de danseurs qui se produisent dans les productifs et sociaux de la région, en particulier dans places et les églises lors des célébrations de Noël en les haciendas vitivinicoles et agricoles. Selon les décembre et janvier (Ministère de la Culture du Pérou, témoignages locaux recueillis par l’historien William 2019).

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II. Le métissage culturel dans le Hatajo de Negritos et Pallitas

L’influence andine se reconnaît dans les valeurs de vie communautaire qui soutiennent le Hatajo.

La formation de groupes, le partage des moments Le Hatajo de Negritos et Pallitas représente une de chant et de danse, ainsi que l’enseignement synthèse culturelle unique, fruit de la convergence intergénérationnel, expriment un système culturel de trois mondes : l’héritage africain, la cosmovision fondé sur la solidarité et la coopération entre voisins, andine et l’influence européenne. De ce mélange naît héritage du principe ancestral de l’ayni, qui conçoit la un espace de rencontre et de dialogue interculturel, vie sociale comme un réseau d’entraide mutuelle. qui a donné lieu à une identité collective diverse et durable au fil des siècles. Au-delà des profondes Il est pertinent de noter que le terme « pallitas » vient inégalités historiques, le Hatajo incarne une forme du quechua, et fait référence aux bergères ; ainsi, de fraternité culturelle, où l’art et la spiritualité sont même dans le nom de la danse, le composant andin devenus un langage commun parmi la diversité de est évident. De plus, les lieux où elle est interprétée ses acteurs (UNESCO, 2019). (places, maisons et temples) répondent à la logique andine de partager le sacré avec la communauté La mémoire africaine se manifeste principalement (UNESCO, 2019). dans le composant rythmique, qui constitue l’une des caractéristiques les plus distinctives de cette Ainsi, la danse et le chant sont devenus un pont manifestation. Le claquement énergique des pieds permettant aux Afro-descendants et aux Andins des Negritos et Pallitas, accompagné des grelots, de construire ensemble une spiritualité métisse, évoque les pratiques musicales et corporelles des où l’élément européen est réinterprété à partir des populations africaines arrivées sur la côte péruvienne pratiques locales (UNESCO, 2019). Ces éléments font à l’époque coloniale dans des conditions d’esclavage du Hatajo une voix vivante de résistance culturelle (Ministère de la Culture du Pérou, 2019). et un rappel que l’histoire afro-péruvienne est indissociable de la construction de l’identité nationale (Ministère de la Culture du Pérou, 2019).

III. Déclaration comme Patrimoine Culturel de la Nation en 2012 et mesures de sauvegarde

Le Ministère de la Culture du Pérou a reconnu le Hatajo de Negritos et Pallitas comme Patrimoine Culturel de la Nation en 2012 (Vice-ministère du Patrimoine Culturel et des Industries Culturelles, 2012). Cette reconnaissance a eu un impact positif sur la valorisation de l’héritage afro-péruvien, en soulignant l’importance de ces traditions dans l’identité nationale. Cet acte s’inscrit dans un Chaque groupe est dirigé par un danseur principal, dont la fonction est processus initié en 2006, lorsque le Congrès a déclaré d’enseigner la chorégraphie, les chants et les rythmes aux participants Photographe : Antonio Rodríguez Ministère de la Culture du Pérou, 2016 le 4 juin comme Journée de la Culture Afro-péruvienne (Loi N°28761), contribuant à la revalorisation du Il convient de noter que, lors des représentations, patrimoine immatériel du peuple afro-péruvien. les groupes de danseurs et chanteurs entonnent des salutations d’adoration à l’Enfant Jésus et à la Vierge Depuis lors, de nombreuses initiatives ont été mises Marie, ce qui témoigne directement de l’influence du en place pour la sauvegarde et la diffusion des catholicisme européen. La tradition se déroule dans manifestations afro-andines : documentaires tels le cadre du calendrier liturgique, reflétant comment que El Hatajo para el Niño (Ministère de la Culture, les communautés afrodescendantes et andines ont 2012), ateliers et festivals communautaires organisés resignifié les symboles chrétiens pour leur conférer par des institutions comme le Centre Culturel Afrodes significations propres (Ministère de la Culture péruvien San Daniel Comboni à Chincha, forums et du Pérou, 2012). Il faut également préciser que les symposiums organisés par la Direction déconcentrée chants ne se limitent pas aux scènes bibliques, de la Culture d’Ica, ainsi que concours et festivals mais incorporent également des références à la vie soutenus par les gouvernements locaux et régionaux agricole, montrant le lien étroit entre spiritualité et (Ministère de la Culture du Pérou, 2019). quotidien.

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Il est obligatoire pour tous les danseurs des groupes de participer à des répétitions régulières qui commencent quelques mois avant Noël Photographe : Antonio Rodríguez© Ministère de la Culture du Pérou, 2016

De plus, le Ministère de la Culture a distingué comme « Personnalités Méritantes de la Culture » les gardiens et diffuseurs essentiels des traditions afro-andines, tels que Teresa Palomino Ormeño (2012) et Dominga Elisa Milaní Daza (2013). Ces reconnaissances, ainsi que les efforts institutionnels, ont renforcé l’identité afro-péruvienne et constituent un moyen d’assurer la transmission intergénérationnelle des pratiques qui sont aujourd’hui un symbole vivant de résilience, de cohésion sociale et de contribution à la diversité culturelle du Pérou.

IV. Inscription à l’UNESCO comme Patrimoine de l’Humanité En décembre 2019, lors de la XIVe session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue à Bogota, Colombie, le Hatajo de Negritos et Pallitas a été inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO, 2019). Le processus de nomination a été mené par le Ministère de la Culture du Pérou, en coordination avec les communautés porteuses de la tradition.

Cette inscription a constitué une étape historique, le Hatajo étant le premier élément étroitement lié à la culture afro-péruvienne à être reconnu à ce niveau international (Andina, 2019). Elle a non seulement mis en lumière la richesse et la résilience

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de la population afro-descendante du Pérou, mais a également réaffirmé l’engagement du Pérou envers sa diversité culturelle et le renforcement des liens entre les peuples afro-descendants et andins.

Le plan de sauvegarde élaboré par le Ministère de la Culture pour l’inscription du Hatajo sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO comprend des actions spécifiques telles que la formation d’interprètes au violon, à la guitare et au tambour; la récupération des plantes traditionnelles utilisées dans les costumes des Pallitas ; ainsi que l’organisation de rencontres annuelles entre les groupes pour partager les connaissances. Ces mesures témoignent de l’engagement à garantir que la tradition soit non seulement préservée, mais aussi revitalisée et renforcée à chaque nouvelle génération (UNESCO, 2019).

Il est important de souligner que, dans le cadre du processus de nomination, diverses associations et autorités municipales ont participé activement à la préparation du dossier, donnant leur consentement de manière libre, préalable et éclairée (Palma Quiroz, 2015). Surtout, il convient de noter que ce sont ces communautés qui sont les protagonistes des mesures de sauvegarde proposées et qui seront les principaux acteurs de leur mise en œuvre (UNESCO, 2019).

Photographie présentée dans l’exposition « Hatajo de Negritos y Pallitas, héritage afro-andin du Pérou » Photographe : Milena Carranza UNESCO, 2025

Faire partie de cette Liste place le Hatajo de Negritos et le Hatajo de Pallitas sur la scène mondiale aux côtés d’expressions emblématiques telles que le Flamenco d’Espagne (2010), la Capoeira du Brésil (2014) ou le Candombe en Uruguay (2009), dont les inscriptions ont favorisé leur reconnaissance internationale et encouragé la mise en œuvre de politiques publiques de sauvegarde, reconnaissant leurs communautés porteuses comme des références identitaires dans leurs pays respectifs.

d’appartenance et de continuité, renforçant ainsi leur droit à l’identité culturelle. À l’échelle mondiale, cette valeur s’articule avec l’Agenda 2030 et les Objectifs de Développement Durable, soulignant que la culture constitue un pilier essentiel pour promouvoir un développement inclusif et durable (Ministère des Affaires Étrangères du Pérou, 2025).

Ainsi, le Hatajo de Negritos et Pallitas dépasse le cadre local et se consolide comme symbole de diversité culturelle et de créativité humaine. Sa Dans ce sens, l’inscription du Hatajo péruvien offre reconnaissance par l’UNESCO a réaffirmé auprès également une opportunité de projeter la valeur du des communautés porteuses de la région d’Ica que talent et des expressions culturelles péruviennes, leur héritage n’est pas seulement un patrimoine du en sensibilisant la communauté nationale et Pérou, mais également une contribution universelle internationale au rôle fondamental que jouent les au patrimoine culturel de tous les peuples (UNESCO, traditions de la communauté afro-descendante dans 2019). le développement intégral, la cohésion sociale et le Le Ministère des Affaires Étrangères du Pérou dialogue interculturel au Pérou. a promu cette expression comme emblème En conséquence, protéger et maintenir vivantes les du métissage afro-andin. Un exemple de cette danses du Hatajo permet de reconnaître comment politique culturelle extérieure a été l’organisation de les communautés ont resignifié, à travers la musique l’exposition photographique présentée au siège de et la danse, les expériences d’esclavage et de l’UNESCO à Paris, sous la direction de l’artiste Milena colonisation, les transformant en manifestations Carranza, intitulée « Hatajo de Negritos y Pallitas, artistiques de spiritualité et d’union collective héritage afro-andin du Pérou », inaugurée le 3 juin 2025 (Ministère des Affaires Étrangères du Pérou, (Ministère de la Culture du Pérou, 2019).

2025). L’exposition s’est déroulée dans le cadre de V. Valeur universelle et projection internationale la Semaine de l’Amérique Latine et des Caraïbes et Le Hatajo contribue à la réflexion mondiale sur les du Mois de la Culture Afro-péruvienne, ce qui lui a droits culturels. Sa transmission intergénérationnelle conféré une visibilité et une pertinence particulières. au sein d’un environnement communautaire assure aux filles, aux garçons et aux jeunes un fort sentiment

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Lors de l’événement, le Représentant Permanent du Pérou auprès de l’UNESCO, l’Ambassadeur Carlos Herrera Rodríguez, a souligné que cette manifestation est un témoignage vivant du métissage culturel, intégrant la cosmovision andine, le catholicisme et la mémoire africaine dans une synthèse unique. Il a également mis en avant sa valeur en tant qu’expression de résistance historique, de cohésion communautaire et de transmission intergénérationnelle du savoir, éléments qui justifient sa pertinence mondiale (Ministère des Affaires Étrangères du Pérou, 2025).

résistance historique. Il représente un modèle de la manière dont la diversité, loin de diviser, peut devenir une force cohésive et créative. À une époque où les sociétés font face à des tensions identitaires, le Hatajo, depuis Ica, rappelle à la communauté internationale que la culture est un terrain où les différences unissent et se transforment en créativité et en histoires partagées.

Par ailleurs, la coïncidence avec le Mois de la Culture Afro-péruvienne a permis de relier la tradition aux commémorations nationales, notamment au centenaire de la naissance de Nicomedes Santa Cruz, poète et décimiste symbole de l’apport afrodescendant à la culture péruvienne (Ministère des Affaires Étrangères du Pérou, 2025).

Ainsi, la présence du Hatajo de Negritos et Pallitas dans des forums tels que l’UNESCO dépasse le cadre artistique, représentant une opportunité de renforcer le dialogue interculturel à l’échelle mondiale, de valoriser la participation des communautés afro-descendantes dans les récits nationaux et internationaux et de réaffirmer que la diversité constitue un élément essentiel de notre identité.

VI. Réflexions finales Le Hatajo de Negritos et Pallitas ne doit pas être considéré uniquement comme un rituel festif de la côte sud du Pérou, mais comme une leçon sur le pouvoir transformateur du dialogue et de la diversité culturelle. La synthèse de ces trois héritages – andin, africain et européen – constitue une manifestation vivante de l’amitié culturelle entre le Pérou et l’Afrique, forgée dans l’adversité et transformée en résilience, créativité et spiritualité.

Cette richesse explique pourquoi l’UNESCO l’a inscrit en 2019 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette inscription, au-delà de la visibilité internationale, a un impact profond sur la communauté afro-péruvienne. Pendant des siècles, les contributions des populations afrodescendantes ont été invisibilisées dans les récits nationaux. La reconnaissance internationale restitue à ces communautés leur véritable importance dans notre histoire nationale.

Plus qu’une danse de Noël, le Hatajo est un symbole de métissage culturel, de dialogue, d’unité et de

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Photographie présentée dans l’exposition « Hatajo de Negritos y Pallitas, héritage afro-andin du Pérou » Photographe : Milena Carranza UNESCO, 2025

References Andina. (18 de Diciembre de 2019). Peru's diplomatic mission thanks UNESCO for recognizing AfroPeruvian dances. Bogotá, Colombia. Obtenido de https://andina.pe/ingles/noticia-perus-diplomaticm i s s i o n - t h a n k s - u n e s c o - f o r- r e c o g n i z i n g afroperuvian-dances-778660.aspx Ministerio de Cultura. (2012). El hatajo para el niño [Documental]. (c. l. Dirección de Patrimonio Inmaterial Contemporáneo, Ed., & R. Chocano, Recopilador) Lima. Obtenido de http://repositorio.cultura.gob.pe/ handle/CULTURA/1524 Ministerio de Cultura del Perú. (2019). Nomination file No. 01309: Hatajo de Negritos and Hatajo de Pallitas from the Peruvian south-central coastline (Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage, Intergovernmental Committee for the Safeguarding of the Intangible Cultura. París: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization UNESCO. Ministerio de Relaciones Exteriores del Perú. (06 de Junio de 2025). Nota Informativa 536-25: Exposición “Hatajo de Negritos y Pallitas, Herencia afro-andina del Perú”. Lima, Perú. Obtenido de https://www.gob. pe/institucion/rree/noticias/1183034-exposicionhatajo-de-negritos-y-pallitas-herencia-afroandina-del-peru-en-la-sede-de-la-unesco Palma Quiroz, T. R. (2015). Carta 0130900009 Solicitud de trámite para reconocimiento del Hatajo de Negritos y las Pallitas como Patrimonio Inmaterial de la Humanidad. El Carmen, Ica, Peru: Centro Poblado "El Guayabo". Obtenido de https://ich.unesco.org/ doc/src/35805.pdf Tompkins, W. D. (2011). Hatajo de negritos. En Las tradiciones musicales de los negros de la costa del Perú. (págs. 158-166). Lima: Centro de Música y Danza de la Pontificia Universidad Católica del Perú CEMDUC. UNESCO. (2019). Decision of the Intergovernmental Committee of the Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage: 14.COM 10.B.29.

Bogotá: Organización de las Naciones Unidas para la Educación, la Ciencia y la Cultura - UNESCO. Viceministerio de Patrimonio Cultural e Industrias Culturales. (2012). Resolución Viceministerial Nro. 035-2012-VMPCIC-MC. Lima: Ministerio de Cultura del Perú. Obtenido de https://ich.unesco.org/doc/ src/35801.pdf

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Le Hatajo des Negritos et des Pallitas Source: Truth of the People

ARTICLE 9

« COMME L’AMOUR, LA VÉRITÉ EST INCLUSIVE » : THE HISTORIES DE KERRY Jimy Trujillo Chuquihuaccha Deuxième Secrétaire au Service Diplomatique de la République

bus ségrégué. Dès lors, son enfance s’est déroulée dans le contexte du mouvement pour les droits civiques, dont l’épicentre se trouvait précisément dans cet État du Sud. En 1963, un an seulement après les émeutes de Watts, sa famille a déménagé dans ce même quartier, situé à proximité de la filiale du Black Panther Party à Los Angeles.

Kerry James Marshall Source: Thoughtco

Depuis le 20 septembre, la Royal Academy of Arts à Londres célèbre l’œuvre de Kerry James Marshall avec la plus grande rétrospective jamais consacrée à un artiste afro-américain sur le territoire européen : The Histories. L’exposition monumentale, qui réunit soixante-dix de ses œuvres les plus marquantes et vivantes, propose une lecture inclusive de la représentation de la figure noire au sein du canon artistique occidental. De l’étape brutale du Middle Passage à la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, la négritude est le protagoniste de cette narration visuelle.

Pendant sa scolarité, alors qu’il manifestait déjà un intérêt pour la peinture, il trouva dans le livre Great Negroes: Past and Present de Russell L. Adams l’inspiration qui le conduirait plus tard à relier sa vie à l’art. Dans cette publication emblématique, le chapitre consacré à l’œuvre de Charles W. White, peintre dont les fresques et dessins retracent la vie quotidienne de la communauté noire, captivait le jeune artiste.

Comme si le destin s’accomplissait, Marshall eut le privilège de suivre sa formation artistique à l’Otis Art Institute – renommé par la suite Otis College of Art and Design – où White fut à la fois mentor et ami.

Dans ce contexte particulier, il n’est pas surprenant que Marshall envisage la peinture sous une perspective audacieuse. Bien que les tendances artistiques des années 1970 se soient orientées vers le conceptualisme, avec des traces du pop art et de l’art abstrait, le peintre adopta une posture classique.

Selon le critique reconnu Eddy Frankel (2025), grâce au langage du classicisme, Marshall est capable d’élever le quotidien, le fondamentalement noir, au Le parcours symbolique retraçant près de cinq niveau des grands peintres comme Jacques-Louis décennies de carrière de cet artiste constitue David ou Diego Velázquez. une occasion unique de découvrir – et parfois de redécouvrir – un peintre dont l’engagement politique Un exemple en est le tableau De Style (1993), a évolué jusqu’à devenir un projet esthétique capable qui recourt au format monumental des artistes d’introduire l’expérience noire dans les marges pharaoniques tels que Delacroix, Rubens ou Géricault, sélectives de l’histoire de l’art. Dans ce sens, cette pour représenter une scène apparemment ordinaire : réflexion picturale met en lumière des histoires et un salon de coiffure de quartier. Marshall montre que des identités systématiquement ignorées, offrant un le quotidien afro-américain peut atteindre, par l’art dialogue entre le passé et le présent de la diaspora visuel, la grandeur symbolique des moments clés de l’histoire universelle et des passages bibliques africaine.

(Frankel, 2025). Son œuvre confère une aura Kerry James Marshall est né à Birmingham, Alabama, d’exception à ce qui est commun, élevant l’expérience en 1955, l’année où Rosa Parks fut arrêtée pour avoir noire à un niveau de reconnaissance universelle. refusé de céder sa place à un homme blanc dans un

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Cela ne serait pas possible sans l’élément unificateur de ses peintures : la négritude uniforme des personnages représentés. Pour ce faire, Marshall utilise trois types de noir : le noir de charbon, à base de suie ; le noir de Mars, dérivé de l’oxyde de fer ; et le noir ivoire, issu d’os brûlés. Ainsi, la couleur noire acquiert une valeur absolue, sans nécessité d’être mélangée au blanc. Comme l’explique Mason (2016) : « L’idée de ces peintures est que la négritude est non négociable […] Elles sont noires pour montrer que la négritude peut avoir complexité, profondeur et richesse ».

Cependant, il serait injuste de cantonner Marshall à une simple revendication esthétique, alors que son travail se projette également comme un témoignage d’inclusion historique. Tout au long de sa carrière, il a exploré les registres de la mémoire collective africaine, abordant des thèmes parfois controversés, tels que l’esclavage et les processus d’indépendance en Afrique subsaharienne. Sa peinture devient ainsi une interrogation ouverte sur la manière dont l’histoire « officielle » a été présentée.

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À ce propos, le marchand d’art David Zwirner (2025) met en avant Abduction of Olaudah and His Sister (2023), œuvre qui réinterprète l’enlèvement d’Olaudah Equiano (1745-1797) – l’un des premiers abolitionnistes et la seule personne de ce siècle à avoir relaté son expérience d’esclave dans les colonies américaines – et de sa sœur dans le village d’Essaka, aujourd’hui au Nigeria. Dans cette œuvre, l’environnement luxuriant de la jungle contraste directement avec l’acte sinistre qui s’y déroule. De manière anachronique, les ravisseurs portent des vêtements modernes, suggérant la persistance de faits similaires aujourd’hui.

De même, dans Six for One (2024), Marshall s’inspire d’une note trouvée dans le journal d’un négrier européen : « Ils donnaient 12 hommes pour un cheval. Maintenant ils veulent seulement donner 6 ». Dans cette scène, un grand cheval occupe le premier plan, vraisemblablement acquis en échange de six personnes, et est protégé du soleil ardent sous un parasol coloré, similaire à ceux figurant dans les représentations bourgeoises du XIXᵉ siècle. L’artiste aborde indirectement le thème de la traite des esclaves, mettant l’accent sur les transformations qu’elle a entraînées dans la société africaine (Zwirner, 2025).

De Style, 1993. Acrylique et collage sur toile non montée, (264,2 × 309,9 cm) Source: Artsy

Dans sa nouvelle série intitulée Africa Revisited, pièce centrale de l’exposition, l’artiste retrace les leaders et commerçants africains ayant participé au commerce transatlantique des esclaves. Bien que ce sujet ait été largement étudié par les historiens, il a été peu représenté dans les arts visuels (D’Souza, 2025). Sans chercher à provoquer, l’artiste propose une lecture objective de ces événements historiques, invitant le spectateur à réfléchir aux contradictions inhérentes à tout groupe humain.

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Abduction of Olaudah and His Sister, 2023. Acrylique sur panneau PVC Source: Davidzwirne

Six for One, 2024. Acrylique sur panneau PVC. (220,3 × 321 cm) Source: Davidzwirne

Il n’est pas exagéré d’affirmer que chaque pièce de cette exposition contribue à élargir l’histoire de l’art, intégrant la figure noire dans ses canons stricts.

The Histories consacre ainsi la carrière de l’un des grands maîtres de la peinture historique et réaffirme la pertinence de l’Afrique et de sa diaspora dans la culture universelle. L’œuvre de Kerry James Marshall rappelle que le passé, loin de se cicatriser, demeure latent dans notre parcours en tant qu’espèce humaine.

References D’Souza, A. (2025, 25 de septiembre). Kerry James Marshall on making ‘the paintings nobody else is making’. The New York Times. https://www.nytimes. com/2025/09/25/arts/design/kerry-jamesmarshall-royal-academy-london-art-museum.html Frankel, E. (2025, 22 de septiembre). ‘My paintings don’t fit the narrative’: Kerry James Marshall on why he’s depicting black enslavers. The Guardian. https://www.theguardian.com/artanddesign/2025/ sep/22/kerry-james-marshall-royal-academyblack-enslavers-america

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Mason, W. (2016, 17 de octubre). Kerry James Marshall is shifting the color of art history. The New York Times. https://www.nytimes.com/2016/10/17/ t-magazine/kerry-james-marshall-artist.html Zwirner, D. (2025). Kerry James Marshall. Africa Revisited. David Zwirner. https://www.davidzwirner. com/kerry-james-marshall-africa-revisited

CHEVREAU AUX HARICOTS INGRÉDIENTS: - Viande de chevreau (n’importe quelle partie)

- Vinaigre de chicha de jora

- Coriandre entière

- Roucou moulu (achiote)

- Oignon chinois (cébette)

- Huile végétale

- Loche râpée

Pour les haricots:

- Piment jaune (ají escabeche)

- Eau

- Gousses d’ail

- Haricots bayos ou bruns

- Poivre et sel selon le goût

- Couenne ou lard de porc

PRÉPARATION: Coupez la viande de chevreau en morceaux et faites-la mariner avec du vinaigre de chicha, du sel, du poivre, de l’ail haché, de la coriandre hachée, de l’oignon chinois haché, de la loche râpée et du piment jaune coupé. Mélangez bien et laissez reposer pendant 10 minutes.

Dans une marmite, versez un peu d’huile avec le roucou moulu, puis ajoutez la viande marinée. Laissez cuire pendant environ 45 minutes à feu doux.

Pour les haricots: Mettez-les dans une casserole avec 1 litre et demi d’eau. Lorsqu’ils sont presque cuits, ajoutez la couenne ou le lard de porc coupé en morceaux, ainsi que du sel à votre goût. Laissez mijoter pendant deux heures. À part, faites revenir de l’ail et ajoutez-le aux haricots déjà cuits. Laissez cuire à feu doux pendant encore 10 minutes. Servez le chevreau accompagné de riz et de haricots.

Recommandation : Toutes les parties du chevreau peuvent être utilisées, mais le plat est plus savoureux avec les côtes ou la cuisse.

Pour une cuisson plus rapide des haricots, laissez-les tremper la veille.

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CUMANANA 50 – OCTOBER – 2025 Comité de rédaction Amb. Jorge A. Raffo Carbajal Min. Marco Antonio Santiváñez Pimentel M.C. Eduardo F. Castañeda Garaycochea

Équipe éditoriale Amb. Jorge A. Raffo Carbajal, Directeur général et rédacteur en chef

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