CUMANANA XLIX-FRA

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Cumanana

BULLETIN VIRTUEL DE LA CULTURE PÉRUVIENNE POUR L'AFRIQUE

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PÉROU

FORTALEZA DE SÃO MIGUEL

ÉDITION DÉDIÉE À L’ANGOLA

40E ANNIVERSAIRE DE L’ÉTABLISSEMENT DES RELATIONS DIPLOMATIQUES AVEC L’ANGOLA

SECTION SPÉCIALE : ÉTENDRE L' AFRICANITÉ: DE CHANCAY À L'OCEAN INDIEN

MUAMBA DE POULET

SOMMAIRE

40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec l’Angola.

Ministre Mario Bustamante Reátegui, Chef de la Chancellerie de l’Ambassade du Pérou en Afrique du Sud

Ambassade d’Angola au Brésil

Quarante ans de fraternité sud-américano-africaine : l’établissement des relations diplomatiques entre le Pérou et l’Angola (1985-2025). La Reine Njinga a Mbande : un héritage de résistance et de leadership

D.S. María del Carmen Fuentes Dávila Fernández

Patrimoine culturel et potentiel touristique entre le Pérou et l’Angola : un regard, deux réalités

T.S. Ítalo Guillermo Loayza Román

SECTION SPÉCIALE : ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

De Chancay à l’océan Indien

Ambassadeur Jorge Raffo Carbajal, Directeur Général du Pérou pour l’Afrique, le Moyen-Orient et les Pays du Golfe

Les cloches et le canal María Angola au Pérou

T.S. Antonio José Chang Huayanca

Portrait de Nelson Mandela

José Yepez Castro, Conseiller du Service Diplomatique du Pérou

RECETTE

Muamba de poulet

40 ANNIVERSAIRE DE L’ÉTABLISSEMENT DES RELATIONS

DIPLOMATIQUES

AVEC L’ANGOLA

Ministre du service diploMatique de la répuBlique chef de la chancellerie de l’aMBassade du pérou en afrique du sud

Le 6 septembre 1985, à Luanda, capitale de l’Angola, le ministre des Affaires étrangères du Pérou de l’époque, Allan Wagner, conjointement avec son homologue angolais, Afonso Van-Dumen M’Binda, ont signé un Communiqué conjoint au nom de leurs gouvernements respectifs par lequel, outre le développement de liens d’amitié et de large coopération, « … ont décidé d’établir des relations diplomatiques conformément aux principes du droit international, et en particulier à ceux qui concernent l’égalité juridique des États, le respect mutuel de leur souveraineté, indépendance et intégrité territoriale, l’autodétermination des peuples, la non-intervention dans les affaires intérieures d’autres États, le respect des obligations découlant des traités internationaux et le règlement pacifique des différends, tout en manifestant également leur rejet du colonialisme, de l’apartheid et de toute forme de discrimination raciale ».Archives nationales des Traités. (1985).

Bien que ce soit le point de départ formel des relations diplomatiques bilatérales, il faut remonter au XVIIe siècle pour trouver les origines d’une relation entre l’Angola, alors colonie portugaise, et le vice-royaume du Pérou.

Les drapeaux du Perou et de l' Angola

Source: IA.

Certaines références historiques mentionnent que l’auteur de l’image sacrée du Seigneur des Miracles, le « Christ Noir », fait l’objet de débats. Toutefois, d’autres affirment que ce fut l’esclave angolais Pedro Dalcón, connu sous le nom de Benito, qui peignit sur un mur d’adobe l’image du Christ crucifié. L’historien Raúl Porras Barrenechea date cet événement de 1651. La peinture survécut au tremblement de terre du 13 novembre 1655 qui détruisit Lima et Callao, événement qui donna naissance à la dévotion de l’image sacrée , et à l’une des processions les plus représentatives et massives du monde catholique, aujourd’hui célébrée dans de nombreux pays.

Plus de 300 ans plus tard, et à l’occasion du 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, une nouvelle étape de la relation bilatérale a débuté avec la Première Réunion du Mécanisme de Consultations Politiques au niveau des vice-ministres des affaires étrangères.

Source : Archivo Nacional de Tratados embajador Juan Miguel Bákula Patiño. B-1574.

40 ANS DE RELATIONS DIPLOMATIQUES

Le 6 septembre 2025 marquera le 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Pérou et l’Angola. Cette année, plusieurs activités ont été organisées pour renforcer la relation bilatérale.

PRÉSENTATION DES COPIES ET DES LETTRES DE CRÉANCE DU PREMIER AMBASSADEUR DU PÉROU EN ANGOLA

L’ambassadeur Javier Augusto a présenté ses lettres de créance le 26 février 2025 en tant qu’ambassadeur concurrent auprès du gouvernement de la République d’Angola, avec résidence à Pretoria, devant le président João Manuel Gonçalves Lourenço. Il devint ainsi le premier représentant péruvien auprès du gouvernement angolais.

Quelques jours auparavant, le 24 février, il avait remis la copie de ses lettres de créance au secrétaire d’État à la Coopération internationale et aux Communautés angolaises, l’ambassadeur Domingos Custódio Vieira Lopes.

Présentation des copies des lettres de créance de l'ambassadeur du Pérou au secrétaire d'État à la Coopération internationale et aux Communautés angolaises

Source : Ambassade du Pérou en Afrique du Sud

Au cours de ces rencontres, l’ambassadeur Augusto proposa de célébrer les 40 ans de relations diplomatiques avec la tenue de la Première Réunion du Mécanisme de Consultations Politiques à Lima. Le président et le secrétaire d’État à la Coopération internationale et aux Communautés angolaises exprimèrent leur entière disposition à ce que des fonctionnaires de leur gouvernement participent à cette réunion inaugurale.

Présentation des lettres de créance de l'ambassadeur du Pérou au président de l'Angola
Source : Présidence angolaise

PREMIÈRE RÉUNION DU MÉCANISME DE CONSULTATIONS POLITIQUES

Le 25 avril 2022, un Mémorandum d’Entente pour l’établissement de Consultations Politiques entre le Pérou et l’Angola fut signé à Lima par le ministre des Affaires étrangères d’alors, César Landa, la secrétaire générale du ministère, l’ambassadrice Ana Rosa Valdivieso, et l’ambassadeur Florencio de Almeida, ambassadeur d’Angola au Pérou avec résidence au Brésil, donnant un nouveau contenu à la relation bilatérale.

La présentation des lettres de créance du premier ambassadeur péruvien en Angola en février 2025 stimula la tenue de la Première Réunion du Mécanisme de Consultations Politiques.

Cette réunion inaugurale se déroula à Lima le 9 juillet 2025 sous la présidence du vice-ministre des Affaires étrangères du Pérou, l’ambassadeur Félix Denegri Boza, et de la secrétaire d’État aux Relations extérieures de l’Angola, l’ambassadrice Esmeralda Bravo Conde da Silva Mendonça.

Un bilan de la relation bilatérale fut dressé, réaffirmant l’engagement mutuel en faveur du renforcement du

dialogue politique, de la coopération technique et d’un commerce bilatéral plus actif, tout en soulignant les convergences dans la défense de l’État de droit, la promotion de la démocratie, de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que la coopération dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et des mines.

ASPECTS IMPORTANTS DE LA IÈRE RÉUNION DU MÉCANISME DE CONSULTATIONS

POLITIQUES

Coopération bilatérale

En 1988 eut lieu le premier rapprochement entre le Pérou et l’Angola afin d’évaluer les possibilités de coopération bilatérale couvrant les domaines économique, scientifique, technique, culturel et commercial, aboutissant à la signature d’un Acte d’Entente. À cette époque, l’intérêt de l’Angola portait sur « la coopération de la part péruvienne dans les domaines de l’aviation civile, du développement industriel et de la production d’énergie hydroélectrique dans les zones rurales.»

Des années plus tard, en 2019, en collaboration avec la FAO, les deux pays – aux côtés du Honduras et de l’Uruguay – participèrent au projet « Élaboration de stratégies pour l’inclusion de la consommation de poisson dans l’alimentation scolaire»

Lors de cette réunion, une proposition d’accord de coopération interinstitutionnelle fut examinée, pouvant constituer le cadre pour la mise en œuvre de projets de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire, à travers l’Institut Camões du Portugal. L’Angola a exprimé son intérêt à inclure des domaines tels que la promotion des exportations et des investissements.

Source : Gouvernement du Pérou.

THÈMES CULTURELS

Timbre commémoratif

Sur la base des coordinations menées par l’Ambassade du Pérou au Brésil et l’Ambassade d’Angola dans ce même pays, concurrente au Pérou, il fut convenu d’émettre un timbre postal commémoratif en

mémoire des 40 ans de relations diplomatiques entre nos pays, de même qu’à l’occasion des anniversaires avec le Sénégal et la Tanzanie, avec l’appui décisif de SERPOST.

Pour l’émission avec l’Angola, le timbre représentera la Taruca (Hippocamelus antisensis) pour le Pérou, et la Palanca noire géante (Hippotragus niger variani) pour l’Angola, qui est par ailleurs le symbole national de ce pays. L’état de conservation de ces deux espèces est classé comme menacé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : la Taruca en état vulnérable et la Palanca noire géante en état critique. Cela témoigne de l’engagement des deux pays en faveur de la protection et de la préservation de ces espèces.

La présentation de ce timbre commémoratif est prévue pour le 21 octobre 2025, lors de la semaine

ASPECTS CONSULAIRES

du XVIe Jour de l’Amitié Péruano-Africaine.

D'autres activités culturelles prévues pour cette année, promues par la Direction générale de l'Afrique, du Moyen-Orient et des pays du Golfe du ministère péruvien des Affaires étrangères, comprennent la participation de l'Angola à la 49e édition du bulletin culturel « Cumanana », consacré au 40e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, ainsi que sa participation à la 16e édition de la Journée de l'amitié péruvien-africaine, le 20 octobre, et au 10e Festival du film africain, organisé ce même mois.

Il fut convenu de signer l’Accord entre la République du Pérou et la République d’Angola sur l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques, spéciaux, de service et officiels, dont la signature est prévue en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies, en septembre.

De plus, un intérêt partagé existe concernant l’ouverture de bureaux consulaires honoraires à la fois à Lima et à Luanda, reflétant l’excellent niveau des relations bilatérales et la volonté de renforcer encore davantage les liens entre nos deux pays.

Source : SERPOST

COOPÉRATION ENTRE ACADÉMIES DIPLOMATIQUES

L’intérêt de l’Angola à collaborer avec l’Académie diplomatique du Pérou n’est pas nouveau. L’Acte d’Entente de décembre 1988, mentionné précédemment, précise à son article 8 :

«8.- De plus, la délégation de la République populaire d’Angola a exprimé le souhait que l’Académie diplomatique du Pérou puisse accueillir des boursiers angolais pour suivre le cours de candidats dispensé dans ce centre d’études. La Partie péruvienne a pris bonne note de cette demande et a indiqué qu’elle en évaluerait la possibilité et transmettrait aux autorités de la République populaire d’Angola les conditions requises pour l’admission à l’Académie diplomatique du Pérou.»

Lors de la Première Réunion du Mécanisme de Consultations Politiques, il fut proposé l’organisation de conférences virtuelles sur des thèmes liés à la participation des deux pays comme membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, aux conflits en Afrique centrale, ainsi qu’aux mécanismes d’intégration économique, entre autres.

L’Académie diplomatique Venâncio de Moura, inaugurée en 2020, est l’institution de formation des diplomates angolais. Il existe donc la possibilité de conclure un mémorandum d’entente entre les deux centres afin de renforcer leur développement.

Il convient également de rappeler la demande de longue date de l’Angola pour que l’Académie diplomatique du Pérou puisse accueillir des boursiers angolais.

COOPÉRATION DANS LA LUTTE CONTRE LE TRAFIC DE DROGUES

La lutte contre les stupéfiants est une préoccupation commune aux deux pays. L’Angola renforçant actuellement ses mécanismes de contrôle et de réponse face à ce fléau, un accord de coopération dans ce domaine pourrait être signé, permettant à l’Angola de tirer parti de l’expérience péruvienne en la matière.

RELATIONS COMMERCIALES

Le commerce bilatéral est actuellement limité et, ces dernières années, il est demeuré tributaire des fluctuations des importations de pétrole. L’Angola est le deuxième producteur de pétrole d’Afrique après le Nigéria.

Source : Préparé par la Direction de la promotion commerciale du ministère des Affaires étrangères sur la base des informations du SUNAT (2025* : janvier - mai).

De plus, selon le détail des entreprises exportatrices et importatrices avec l’Angola, en 2024 seules deux entreprises exportatrices et importatrices étaient répertoriées, tandis que pour la période de janvier à mai 2025, quatre entreprises exportatrices sont enregistrées, sans qu’aucune importation en provenance d’Angola n’ait été signalée.

En 2024, l’Angola a été le 189 |partenaire commercial du Pérou et le 40 en Afrique.

PRODUITS PÉRUVIENS À FORT POTENTIEL POUR L'ANGOLA

Source: International Trade Center (ITC)

Selon l’International Trade Center (ITC), les produits ayant le plus grand potentiel d’exportation du Pérou vers l’Angola d’ici 2029 sont : les haricots secs et écossés ; l’alcool éthylique non dénaturé, ≥80 % vol. ; et les filets à mailles nouées pour la pêche, en textile artificiel. Les laques colorantes et préparations constituent le produit exporté par le Pérou avec la plus grande capacité d’offre. Les huiles de palme et leurs fractions, transformées, représentent le produit qui fait face au plus fort potentiel de demande en Angola.

Source: International Trade Center (ITC)

De même, les meilleures options de diversification du Pérou sur le marché angolais sont l’huile de soja et ses fractions, transformées, ainsi que les morceaux et abats de coq/poule, congelés. Le Pérou dispose d’une plus grande facilité pour exporter de l’huile de soja brute ; les morceaux et abats de coq/poule congelés sont le produit qui présente le plus grand potentiel de demande en Angola.

DE LOBITOS À CHANCAY

L’une des manières d’accroître le modeste échange commercial consiste en l’organisation de séminaires virtuels afin de rapprocher les organisations professionnelles des deux pays. Il n’est pas exclu que, dans l’avenir, davantage de pétrole angolais soit acheté, compte tenu des vastes réserves dont dispose ce pays. Il existe des opportunités inexploitées qui pourraient accroître le flux commercial.

Selon les chercheurs Hassan Noorali, Colin Flint et Seyyed Abbas Ahmadi, «bien que les ports puissent sembler jouer un rôle principalement économique à l’échelle locale, ils sont également importants dans les processus mondiaux et géopolitiques. Les ports relient les espaces géographiques de la terre et de la mer en tant que sites géographiques remplissant la double fonction de portes d’entrée économiques et de nœuds de projection géostratégique». 6

Le corridor et port de Lobito constitue une importante infrastructure qui permettra de transporter des minerais stratégiques de la République démocratique du Congo et de la Zambie vers les côtes de l’Angola, ouvrant de nouvelles voies d’accès de l’Afrique centrale et australe à l’océan Atlantique, en tant qu’alternative à la route actuellement empruntée via l’océan Indien.

Source : Ministère angolais des Transports, dans Financial Times

Le Pérou peut tirer parti de l’expérience portuaire angolaise en matière de connaissance de la chaîne logistique, qui inclut des services aux entreprises de transport telles que compagnies maritimes, chemins de fer et transport routier, ainsi que des services d’entretien des navires, entre autres. Cela est d’autant plus pertinent qu’il existe la possibilité de mettre en place un corridor bio-océanique ChancaySantos, reliant les côtes du Pacifique à celles de l’Atlantique, ce qui transformerait la logistique

EN GUISE DE CONCLUSIÓN

Si, parmi les objectifs du Plan stratégique du ministère des Relations extérieures du Pérou pour l’Afrique 2024–2030, figure celui de « renforcer la présence du Pérou en Afrique, avec une attention particulière aux domaines politique et commercial, dans le but d’obtenir un meilleur positionnement et niveau d’intégration, ainsi que la diversification des relations, l’insertion du Pérou dans les marchés internationaux... », qui constitue un guide des intérêts nationaux du Pérou en Afrique, il est recommandé de consolider les liens d’amitié et de coopération avec les pays qui ont manifesté leur intérêt à renforcer ce lien. La nomination, depuis plusieurs années, d’ambassadeurs du Pérou concurrents pour l’Angola depuis le Brésil en est la preuve.

L’Angola est, en outre, important en tant que pays

régionale, renforcerait le commerce entre l’Amérique du Sud et l’Asie et générerait d’importants bénéfices économiques et sociaux.

On pourrait également proposer un jumelage de villes entre Lobitos et Chancay, cités qui devront relever des défis communs en matière d’impacts sociaux et environnementaux, de développement urbain, de sécurité et de contrôle, entre autres.

partageant avec le Pérou les mêmes intérêts concernant la défense de l’État de droit, de la démocratie et de la paix internationale, le libreéchange, la sécurité alimentaire, la défense du multilatéralisme, tout en affrontant des défis similaires tels que la pauvreté, la dégradation de l’environnement, la corruption et le trafic illicite de drogues, entre autres.

S’agissant de la participation internationale de l’Angola, celui-ci préside actuellement l’Union africaine et a récemment assuré la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Il s’agit d’organisations auxquelles le Pérou souhaite s’associer. L’Angola constituerait un excellent interlocuteur dans notre intention de renforcer les relations avec le continent africain.

Il est suggéré que, dans le cadre de ce renforcement des relations diplomatiques du Pérou avec les pays d’Afrique, soit envisagée la visite des plus hautes autorités diplomatiques péruviennes au moins une fois par quinquennat.

Plus de 13 ans se sont écoulés depuis qu’un ministre péruvien des Affaires étrangères a visité l’Afrique – le dernier fut Rafael Roncagliolo, en 2012, bien que ce déplacement ait eu pour but de promouvoir

Bibliographie

le III Sommet Amérique du Sud–Pays arabes (ASPA), organisé dans notre pays. Le moment est plus qu’opportun pour relancer notre regard vers ce continent, et quoi de mieux que de le faire en Afrique australe. Pour l’heure, le ministre angolais des Affaires étrangères a invité son homologue péruvien à effectuer une visite en Angola, invitation dont nous espérons qu’elle pourra se concrétiser prochainement.

Archivo Nacional de Tratados. (1985). Comunicado Conjunto entre el Perú y Angola sobre el establecimiento de relaciones diplomáticas (B-1574). Ministerio de Relaciones Exteriores del Perú.

https://apps.rree.gob.pe/portal/webtratados.nsf/Tratados_Bilateral.xsp?action=openDocument&documentId=48DA

Presentación de la copia de las cartas credenciales del embajador del Perú en Angola

Embajada del Perú en Sudáfrica. (2025, 24 de febrero). . [Fotografía].

Financial Times. (s.f.). Ministerio de Transporte de Angola. Mapa del corredor de Lobito.

Gobierno del Perú. (2025, 9 de julio). Aspectos importantes de la I Reunión del Mecanismo de Consultas Políticas Perú–Angola [Fotografía].

Noorali, H., Flint, C., & Ahmadi, S. A. (2023). Geopolitical significance of ports: Gateways and nodes. [Artículo académico citado en el texto].

Porras Barrenechea, R. (1951). Lima: Fondo Editorial. El Cristo de los Milagros: Tradición y devoción en Lima colonial.

Presidencia de Angola. (2025, 26 de febrero). Presentación de las cartas credenciales del embajador del Perú ante el presidente João Lourenço [Fotografía].

SERPOST. (2025). Emisión de sellos conmemorativos Perú–Angola, Senegal y Tanzania [Comunicado institucional].

SUNAT. (2025).

Estadísticas de comercio exterior Perú–Angola (enero–mayo 2025).

Dirección de Promoción Comercial del Ministerio de Relaciones Exteriores del Perú.

Notas

1. Dans « El Comercio », l'histoire de l'esclave qui peignit l'image du Seigneur des Miracles.

https://elcomercio.pe/respuestas/quien/quien-fue-el-esclavo-que-pinto-la-imagen-del-senor-de-los-milagros-esta-es-su-historia-octubre-2023-tdpe-noticia/.

Consultado el 5 de agosto de 2025.

2. L’Angola, pour sa part, a eu une plus grande présence diplomatique au Pérou.

3. B-1582. Protocole d'accord entre la République du Pérou et la République d'Angola (Annexe I, délégation, et Annexe II, projet de programme de coopération technique). 9 décembre 1988. Archives nationales des traités, Ambassadeur Juan Miguel Bákula Patiño. Prise.

4. Informations détaillées sur :

Elaboración de Estrategias para la Inclusión del Consumo de Pescado en la alimentación Escolar | INFOPESCA

5. Dans: où vous pouvez également voir la répartition de chaque élément. Export Potential Map

6. Port power: Towards a new geopolitical world order. Journal of Transport Geography. Volumen 105, décember 2022. Dans :

www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S096669232200206X

ARTICLE 2

LA REINE NJINGA À MBANDE : UN HÉRITAGE

aMBassade d’angola au Brésil

Njinga à Mbande est l’une des figures les plus héroïques et inspirantes de l’histoire de l’Afrique, en particulier de l’Angola. Née en 1582 dans le Royaume de Ndongo, dont le territoire englobait des zones correspondant aujourd’hui aux provinces de Malanje, Cuanza-Norte, Bengo, Luanda et aux régions avoisinantes, Njinga s’est distinguée comme symbole de résistance, d’intelligence politique et de talent militaire. Fille de Ngola Kiluanje Kia Samba et de Guenguela Cacombe, elle fit face à d’immenses défis, surmontant les pressions coloniales et les conflits internes pour devenir une icône de lutte et de leadership.

Njinga est rappelée pour son combat incessant en faveur de la préservation de la souveraineté du Royaume de Ndongo, même face à la brutale invasion coloniale portugaise et à la trahison d’alliances locales, telles que celle des Imbangalas. En accédant au trône, elle devint une stratège militaire et diplomatique reconnue, menant des batailles épiques et forgeant des alliances essentielles pour résister à la domination étrangère. Sous son règne, le peuple de Ndongo s’opposa aux tentatives de destruction culturelle et territoriale, marquant l’un des chapitres les plus importants de l’histoire de l’Afrique.

Son héritage est éternel. En Angola, le nom de Njinga est célébré de diverses manières : depuis les monuments érigés en son honneur jusqu’aux rues, écoles et institutions qui portent son nom. Son visage figure sur la pièce de 20 kwanzas et elle est devenue un symbole de fierté nationale. De plus, son histoire a inspiré des films, des séries, des livres et a été mise en avant dans des publications telles que les manuels de l’UNESCO sur les femmes africaines historiques et dans la série de Netflix consacrée aux reines africaines, narrée par la chanteuse et femme d’affaires américaine Jada Pinkett Smith. Elle a inspiré des ouvrages écrits par plusieurs personnalités, parmi lesquelles se distinguent : Linda Heywood, José Eduardo Agualusa, Manuel Pedro Pacavira, ainsi que l’écrivain pour enfants Otchaly présenté par l’Ambassade d’Angola au Sénat fédéral à Brasilia.

DE RÉSISTANCE ET DE LEADERSHIP

Njinga à Mbande est plus qu’une reine ; elle est un exemple de lutte pour la souveraineté, la dignité et l’intégrité du peuple angolais. Son héritage nourrit l’engagement envers la Nation et la défense de la liberté et de l’identité culturelle.

Njinga à Mbande
Source : Ambassade d'Angola au Brésil

Malgré sa grandeur, la vie de Njinga fut marquée par des tragédies et des conflits familiaux. Après la mort de son père en 1617, son frère, Ngola Mbandi, monta sur le trône. Cependant, craignant le potentiel de Jinga, il ordonna la mort de son fils nouveau-né et sa stérilisation.

Dès l’enfance, Njinga fut préparée à affronter des défis extraordinaires. Bien qu’elle ne fût pas l’héritière directe du trône, elle reçut une grande attention de la part de son père, qui reconnut son potentiel. Elle fut formée aux arts militaires et diplomatiques, et instruite à la lecture et à l’écriture par des missionnaires portugais. Ces circonstances firent d’elle une dirigeante capable de faire face aussi bien aux conflits internes qu’aux menaces externes.

La jeunesse de Njinga coïncida avec l’augmentation de la pression coloniale portugaise, qui exploitait la région depuis le XVe siècle. En 1571, sur ordre du roi Sébastien du Portugal, les Portugais intensifièrent leur campagne de conquête, recourant à une alliance avec les guerriers nomades Imbangala. C’est dans ce contexte d’adversité que Jinga forgea sa force et sa détermination.

Poursuivie, elle trouva refuge dans le Royaume de Matamba, où elle puisa la force de se relever. En 1621, elle fut rappelee au royaume pour agir comme ambassadrice à Luanda. C'etait l'occasion dont la Reine avait besoin pour demontrer son habilete incomparable en diplomatie.

À Luanda, Njinga fit preuve de son génie diplomatique. Lors d’une rencontre historique avec le gouverneur portugais João Correia de Sousa, elle refusa de se soumettre, s’asseyant à égalité avec lui en utilisant l’un de ses serviteurs comme siège, dans un geste qui symbolisait sa personnalité de force et d’égalité lors de l’événement. Dans ce contexte, elle négocia la souveraineté du Ndongo et des accords commerciaux profitant à son royaume. Convertie au christianisme pour des raisons stratégiques, elle adopta le nom d’Ana de Sousa, mais n’abandonna jamais les valeurs, la culture et les traditions de son peuple.

Njinga à Mbande, la Reine Guerrière, demeure un symbole vivant de la lutte de l’Afrique contre l’oppression et pour la liberté. Son exemple transcende les frontières et inspire des générations. Plus qu’une figure historique noire, elle est un phare de courage et de résistance pour toute l’humanité.

La reine Njinga à la forteresse de São Miguel, à Luanda Source: bbc.com/mundo/noticias-44075042

QUARANTE ANS DE FRATERNITÉ SUD-AMÉRICAINE ET AFRICAINE :

L’ÉTABLISSEMENT DES RELATIONS DIPLOMATIQUES

ENTRE LE PÉROU ET L’ANGOLA (1985-2025)

María del carMen fuentes dávila fernández deuxièMe secrétaire du service diploMatique du pérou

"La diplomatie est l'art d´amener les autres à faire ce que vous voulez qu´ils fassent, en croyant que c´est ce qu´ils veulent faire"

RÉSUMÉ

Le 6 septembre 1985, à Luanda, les ministres des Affaires étrangères Allan Wagner et Afonso Van-Dúnem M’Binda signèrent le document qui inaugurerait une relation diplomatique importante entre les républiques sœurs du Pérou et de l’Angola. Le Communiqué de Luanda n’établit pas seulement des liens formels entre les deux pays, mais constitua également un jalon de la coopération Sud-Sud et du renforcement des principes d’autodétermination et de non-ingérence dans le contexte postcolonial.

Quarante ans après sa signature, et à la suite de la première réunion de Consultations Politiques Bilatérales, le 9 juillet 2025, cette analyse examine le contexte historique, le contenu substantiel de l’accord et les opportunités extraordinaires qui s’ouvrent pour une coopération bilatérale qui, malgré son potentiel, enregistre un échange commercial d’à peine 28 000 USD annuels.

Les drapeaux du Perou et de l'Angola

I. LES DÉBUTS D’UNE RELATION : CONTEXTE HISTORIQUE ET ANTÉCÉDENTS

1. Les années quatre-vingt : un monde en transformation

La décennie 1980 fut une période fondamentale dans la reconfiguration de l’ordre mondial (Rojas Aravena, 2000). En pleine Guerre froide, alors qu’elle traversait l’une de ses phases les plus intenses, les pays de l’hémisphère Sud cherchaient des espaces d’autonomie et de collaboration entre eux afin de former leurs propres systèmes de développement politique et économique.

D’une part, l’Angola était plongé dans une guerre civile qui allait durer jusqu’en 2002 (Hodges, 2004), bien qu’il eût acquis son indépendance du Portugal seulement dix ans auparavant, en 1975. Ce pays africain, riche en diamants et en pétrole, affrontait l’intervention de puissances étrangères qui soutenaient diverses factions, tout en s’efforçant d’établir sa souveraineté nationale sous la direction du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) (Malaquias, 2007).

D’autre part, le Pérou traversait une époque de profondes transformations sociales et politiques. Après le retour de la démocratie en 1980, le gouvernement du président Alan García Pérez (1985-1990) mit en pratique une politique étrangère de « non-alignement actif », avec l’intention d’élargir les relations internationales et de renforcer les liens avec les pays du Tiers Monde (Ferrero Costa, 2001).

L'Angola accueille le Forum parlementaire de la SADC

Source: gga.org/angola-jose-eduardo-dos-santos/

2. La vision d’Allan Wagner : ouverture vers l’Afrique

La décision d’établir des relations diplomatiques entre le Pérou et l’Angola ne fut pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une convergence de facteurs opportuns (Wheeler & Pélissier, 1971). En tant que pays en développement, les deux nations partageaient des expériences similaires, avec des économies basées sur la vente de matières premières et des sociétés caractérisées par leur diversité culturelle et ethnique.

Dans les années quatre-vingt, la politique étrangère péruvienne, dirigée par le chancelier Allan Wagner Tizón, se distingua par son ouverture envers le continent africain et son engagement envers les luttes de libération nationale (García Montufar, 2015). Cette approche coïncidait avec les efforts de l’Angola pour obtenir un soutien

dans son processus de reconstruction nationale et son nécessaire rayonnement international (Pinheiro, 2005).

Congrès de la République du Pérou
Source: grupocasalima.com/
Allan Wagner Tizón, diplomate péruvien Source: dw.com/es

II. LES PILIERS DOCTRINAUX DU COMMUNIQUÉ DE LUANDA

1. Principes fondateurs

Le Communiqué de Luanda, bien que bref, est extraordinairement riche en contenu normatif. Les rédacteurs du document ne se limitèrent pas aux formalités protocolaires, mais établissent des principes qui reflètent une compréhension mûre du droit international et des aspirations des nations émergentes.Le premier principe est l’égalité juridique des États, consistant à admettre que le Pérou et l’Angola, quelles que soient leurs différences de taille,

de population ou de développement économique, entretiendraient une relation sur un pied d’égalité complète. Le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale constitue un aspect essentiel qui témoigne de la sensibilité des deux nations face à toute intervention extérieure, à la lumière de leurs propres expériences historiques (Ferrero Costa, 2001).

Les drapeaux du Perou et de l' Angola

Source: IA.

2. L’autodétermination : cœur de l’accord

L’un des aspects les plus significatifs du document est la mention explicite du « droit à l’autodétermination des peuples ». Ce principe, développé au XXe siècle et consacré dans la Charte des Nations Unies, revêt une importance particulière dans le contexte péruano-angolais. Pour l’Angola, l’autodétermination signifiait valider sa lutte pour l’indépendance contre le colonialisme portugais et, ensuite, protéger son droit de décider librement de son système politique et économique sans ingérence extérieure (Hodges, 2004). Après des

siècles de domination coloniale, le pays africain avait subi les effets de la négation de ce principe (Malaquias, 2007). Au Pérou, l’autodétermination s’inscrivait dans la tradition diplomatique nationale de défense de la non-ingérence, principe qui guidait la politique étrangère du pays depuis le XIXe siècle (Rojas Aravena, 2000). L’inclusion de ce concept dans le Communiqué de Luanda démontrait que le Pérou s’engageait en faveur du droit des peuples à décider de leur propre avenir sans pressions extérieures.

Le document présente également une déclaration claire de désapprobation de l’Apartheid, du colonialisme et de « toute forme de discrimination raciale ». Cette inclusion n’était pas seulement rhétorique, mais reflétait le contexte politique des années 1980, lorsque le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud fonctionnait encore et que l’Angola faisait face à l’intervention militaire sud-africaine sur son territoire (Pinheiro, 2005).

III. RADIOGRAPHIE ÉCONOMIQUE CONTEMPORAINE : OPPORTUNITÉS ET DÉFIS

Selon la Banque Centrale de Réserve du Pérou (2025), le Pérou a consolidé sa place comme puissance régionale en matière d’exportations. Ainsi, le pays a atteint en 2024 un record d’exportations de 75,9 milliards USD, ce qui représente une augmentation de 12,4 % par rapport à l’année précédente et a généré un excédent commercial de 23,8 milliards USD (PROMPERU, 2025). Ce chiffre place le Pérou au quatrième rang des exportateurs d’Amérique latine, derrière le Mexique, le Brésil et l’Argentine. La structure exportatrice du Pérou se distingue par sa diversité : les exportations traditionnelles (notamment minières) constituent 73 % du total, avec une valeur de 55,2 milliards USD ; tandis que les exportations non traditionnelles atteignent 20,7 milliards USD (BCRP, 2025). Les secteurs agricole, textile, halieutique et sidérurgique se révèlent particulièrement remarquables, car le Pérou y a consolidé des avantages compétitifs à l’échelle mondiale (PROMPERU, 2025).

Source: mundonegro.es
Source: andina.pe
1. Un commerce bilatéral encore limité

2. Angola : un géant africain en pleine reprise

En 2024, l’Angola a enregistré sa plus forte croissance économique depuis 2014, avec un PIB en hausse de 4,4 %, grâce à la relance de l’industrie pétrolière et à l’essor d’autres industries non pétrolières telles que la pêche, les services commerciaux et l’exploitation diamantifère (World Bank Group, 2025). Le pays africain, qui compte 38 millions d’habitants, est la troisième économie d’Afrique subsaharienne (Fonds Monétaire International, 2025). Son économie reste majoritairement pétrolière : le secteur des hydrocarbures représente 30 % du PIB, génère 70 % des recettes publiques et constitue 90 % des exportations nationales (African Development Bank, 2024). En 2024, la production moyenne de pétrole s’est élevée à 1,134 million de barils par jour, faisant de l’Angola le deuxième producteur africain de cette ressource (World Bank Group, 2025). Le pays est également un important producteur de diamants (troisième d’Afrique), avec une production en 2024 atteignant le niveau le plus élevé jamais enregistré (African Development Bank, 2024). Les réserves minérales comprennent plus de 50 minerais essentiels, tels que l’or, le fer, la bauxite et les phosphates, ce qui constitue des opportunités majeures pour une collaboration avec les entreprises minières péruviennes (Hodges, 2004).

3. Le paradoxe des échanges actuels : un dynamisme limité

Malgré le potentiel économique des deux pays, les chiffres officiels du commerce bilatéral révèlent une réalité surprenante : les exportations du Pérou vers l’Angola ont atteint en 2023 seulement 27 970 USD, un montant bien inférieur au volume commercial que le Pérou entretient avec d’autres partenaires africains comme l’Afrique du Sud (45 millions USD) ou l’Égypte (180 millions USD) (Trading Economics, 2025). Ce chiffre, représentant moins de 0,00004

% du total des exportations péruviennes, met en évidence un potentiel commercial encore presque inexploité (International Trade Centre, 2024). Selon Trading Economics (2025), les petites manufactures et les produits agro-industriels constituent la base des exportations péruviennes vers l’Angola, tandis que les importations en provenance de ce pays demeurent marginales.

Source: kokargo.com/puerto-de-luanda

Source: granma.cuh

1. Secteur minier-énergétique :

l’expertise péruvienne au service du progrès angolais

La plus grande opportunité de collaboration bilatérale réside dans le secteur minier (Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou, 2025). Le Pérou a développé une industrie de services miniers de niveau mondial, étant le deuxième producteur de cuivre au monde et le premier pour le zinc, l’argent et d’autres minerais. Hochschild Mining, Volcan Compañía Minera et Milpo ont démontré leur capacité à opérer dans des conditions complexes, similaires à celles de l’Angola (PROMPERU, 2025). L’Angola dispose de gisements importants de manganèse, de cuivre et d’or, ainsi que de réserves inexploitées de fer estimées à 3 milliards de tonnes (Hodges, 2004). Selon

l’African Development Bank (2024), le transfert de technologie minière péruvienne, notamment en matière de gestion environnementale et de traitement des minerais, pourrait accélérer la valorisation de ces ressources. Bien que l’Angola soit principalement pétrolier dans le secteur énergétique, il s’est fixé des objectifs ambitieux de diversification vers les énergies renouvelables (World Bank Group, 2025). Les acquis du Pérou dans l’énergie solaire et hydroélectrique pourraient contribuer à l’atteinte de ces objectifs.

2. Exportation agricole : du désert péruvien à la savane angolaise

En matière d’agriculture d’exportation, le Pérou a mené une véritable révolution. Il est devenu le premier exportateur mondial de quinoa et le deuxième exportateur d’asperges (PROMPERU, 2025). Il est aussi leader mondial pour les myrtilles fraîches. Cette expérience est déterminante pour l’Angola, dont le gouvernement fait de l’agriculture une priorité pour réduire la dépendance au pétrole (World Bank Group, 2025). Selon la Banque Africaine de Développement (2024), l’Angola importe près de 50 % de ses denrées alimentaires,

ce qui représente un marché potentiel de 2 milliards USD par an. Les produits péruviens les plus prometteurs sont les conserves de poisson, l’amarante (kiwicha), le quinoa, le cacao fin et les fruits déshydratés (Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou, 2025). De plus, le transfert de technologies en irrigation technifiée et agriculture de précision pourrait transformer les provinces agricoles angolaises de Malanje, Huambo et Bié (World Bank Group, 2025).

3. Construction et infrastructures : l’expertise péruvienne dans la reconstruction

Avec des entreprises telles que Graña y Montero, Cosapi et JJC Contratistas Generales, le secteur péruvien de la construction a acquis une expérience significative sur les marchés africains (PROMPERU, 2025). Graña y Montero a réalisé des projets en Angola pour une valeur de 120 millions USD entre 2015 et 2020, notamment dans la construction de bâtiments publics et d’infrastructures routières (Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou, 2025). On estime que l’Angola a besoin de 100 milliards USD d’investissements pour reconstruire

son infrastructure après le conflit (World Bank Group, 2025). Les besoins incluent des hôpitaux, des aéroports, des routes (dont seulement 30 % sont asphaltées), des ports et des logements sociaux (African Development Bank, 2024). L’expérience du Pérou en gestion de projets complexes, en ingénierie financière et en construction antisismique lui confère des avantages compétitifs majeurs.

4. Tourisme : un patrimoine naturel et culturel partagé

Les deux pays disposent de patrimoines culturels et naturels exceptionnels. Le Pérou a accueilli 4,4 millions de touristes étrangers en 2024, générant 4,8 milliards USD de recettes (PROMPERU, 2025). L’Angola, avec 1 650 km de côtes atlantiques, ses parcs nationaux et son héritage colonial lusophone, possède le potentiel pour développer une industrie touristique de premier plan (World Bank Group, 2025). La coopération bilatérale pourrait inclure l’échange d’expériences en tourisme communautaire, où le Pérou est une référence mondiale, la création de circuits touristiques intégrés et la formation en gastronomie et hôtellerie (Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou, 2025). Le corridor touristique « Andes-Angola » pourrait attirer les amateurs de tourisme culturel et d’aventure.

Source: |expedia.com/es/Angola.dx5

5. Coopération culturelle et éducative : des liens humains

La présence de populations afro-descendantes au Pérou, notamment dans les provinces de Lima, Ica et Piura, constitue un lien naturel avec l’Angola. Les rythmes afro-péruviens, comme la marinera, le festejo et le landó, présentent des similitudes avec les traditions musicales angolaises telles que le kuduro, la kizomba et le semba (García Montufar, 2015). La promotion d’initiatives telles que le Festival Afro-péruvien-Angolais, des échanges artistiques et des documentaires sur la diaspora africaine en Amérique, pourrait renforcer ces liens culturels et forger une identité commune entre les deux nations.

Par ailleurs, l’Université Agostinho Neto et l’Université Catholique d’Angola comptent parmi les institutions angolaises avec lesquelles des universités péruviennes comme la Pontificia

Universidad Católica del Perú, l’Universidad Nacional de Ingeniería et l’Universidad Nacional Mayor de San Marcos ont manifesté un intérêt à développer des programmes d’échange. Le Programme d’Échange Sud-Sud Caminos Africanos – Éditions Pérou, Angola et République Dominicaine 2025, est mis en œuvre en collaboration avec le Ministère de l’Égalité Raciale (MIR, Brésil), l’Universidad Nacional Mayor de San Marcos, l’Université Agostinho Neto et la Faculté Latino-américaine des Sciences Sociales (FLACSO) de République Dominicaine. Il s’agit d’un programme d’échanges de courte durée pour enseignants et étudiants, visant à promouvoir la coopération académique, la recherche et l’échange de connaissances sur la lutte contre le racisme et la promotion de l’égalité raciale.

6. Coopération environnementale : une durabilité partagée

Les deux pays affrontent des défis similaires dans la gestion durable des ressources naturelles. Pour l’Angola, qui vise à développer durablement ses ressources forestières (African Development Bank, 2024), l’expérience péruvienne en gestion d’écosystèmes vulnérables, notamment la conservation de la biodiversité amazonienne, est pertinente. Avec 58 millions d’hectares de forêts (soit 47 % du territoire national), l’Angola s’impose comme un acteur clé des stratégies mondiales d’atténuation du changement climatique (World Bank Group, 2025). La coopération dans la conservation de la biodiversité, la gestion durable des forêts et les techniques de reboisement pourrait donner lieu à des projets communs dans le cadre des mécanismes

REDD+ de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

De plus, le Pérou, avec ses 3 079 km de côte pacifique, a acquis une expérience notable en pêche durable, aquaculture et conservation marine (PROMPERU, 2025). L’Angola, qui dispose de 1 650 km de côte atlantique, cherche à développer son potentiel maritime au-delà de l’extraction pétrolière offshore (World Bank Group, 2025). Selon la Banque Africaine de Développement (2024), la coopération entre les deux pays pourrait inclure le développement de l’aquaculture marine, la création de zones marines protégées, le transfert de technologies halieutiques et la gestion intégrée des zones côtières.

V. DIMENSION GÉOPOLITIQUE : INTÉGRATION AUX CORRIDORS MONDIAUX

1. Le corridor Lobito-Dar : une opportunité transcontinentale

L’initiative du corridor Lobito-Dar es Salaam, reliant le port de Lobito en Angola au port de Dar es Salaam en Tanzanie via la Zambie et la République Démocratique du Congo, représente une opportunité exceptionnelle pour l’insertion du Pérou en Afrique (World Bank Group, 2025).

Ce corridor, bénéficiant d’un financement partiel de l’Alliance pour les Infrastructures Globales et l’Investissement (PGII) des pays du G7, générera

des investissements supérieurs à 10 milliards USD (African Development Bank, 2024). L’implication d’entreprises péruviennes dans des domaines spécifiques tels que la construction de ponts, la signalisation routière et la gestion portuaire pourrait créer des opportunités commerciales dans quatre pays africains à la fois (Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou, 2025).

Source: andina.pe

2. Connectivité bio-océanique : le Pérou, un pont vers le Pacifique

Le port de Chancay, en devenant un hub régional et en se connectant au Brésil par voie océanique, crée des synergies avec le corridor africain. L’Angola pourrait utiliser les infrastructures pacifiques péruviennes pour accéder aux marchés asiatiques ; le Pérou, pour sa part, pourrait accéder au marché

atlantique africain grâce aux installations angolaises (Rojas Aravena, 2000). Cette complémentarité géographique élève la relation bilatérale au-delà de l’échange conventionnel, la transformant en un pilier stratégique de la connectivité mondiale (García Montufar, 2015).

Source: thelogisticsworld.com/

VI. RÉFLEXIONS FINALES : HÉRITAGE DE QUATRE DÉCENNIES ET PERSPECTIVES

1. Le jalon du 9 juillet 2025 : un nouvel élan bilatéral

La première réunion de Consultations Politiques entre le Pérou et l’Angola, réalisée dans le cadre des célébrations du 40 anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, a permis d’évaluer les succès obtenus et de fixer de nouveaux objectifs de coopération pour l’avenir. Lors de cette rencontre historique, les deux nations ont convenu de collaborer dans cinq domaines prioritaires : (1) faciliter les affaires et échanger des produits, (2) coopération technique dans l’agriculture et l’exploitation minière, (3) développement des infrastructures et de la connectivité, (4) échanges culturels et éducatifs, et (5) coopération interinstitutionnelle.

À travers cette rencontre, le Pérou a confirmé que le

Communiqué de Luanda conserve sa validité et sa pertinence après quatre décennies. Les principes du document fondateur, tels que l’égalité devant la loi, le respect de la souveraineté, l’autodétermination, la non-ingérence et le rejet de toute forme de discrimination, non seulement demeurent valables, mais ont acquis une nouvelle importance dans le contexte international contemporain. La relation entre l’Angola et le Pérou va au-delà de la simple formalité diplomatique et devient un modèle de coopération Sud-Sud fondé sur le respect mutuel et la complémentarité (Rojas Aravena, 2000). Toutefois, les chiffres actuels du commerce (Trading Economics, 2025) démontrent que le potentiel économique reste en grande partie inexploité. e

2. L’Agenda 2030 : des principes à l’action

Cette nouvelle phase de la relation bilatérale péruvienne-angolaise apporte de nouvelles priorités de coopération nécessaires pour relever les défis du XXI siècle, allant de la crise climatique à la numérisation. Les objectifs fixés pour 2030 sont ambitieux, mais réalisables : accroître les échanges commerciaux entre les deux nations jusqu’à 50 millions USD, permettre des investissements de 200 millions USD et consolider la position de l’Angola comme point d’accès des entreprises péruviennes au marché africain (PROMPERU, 2025). Cependant, la réalisation de ces objectifs exigera l’engagement du secteur privé, une volonté politique soutenue et des mécanismes institutionnels efficaces.

Bibliographie :

La coopération Sud-Sud actuelle peut beaucoup apprendre de l’expérience péruvienne-angolaise (Ferrero Costa, 2001). Les principes peuvent être maintenus s’ils reposent sur des valeurs solides, mais il est également vrai que les relations diplomatiques nécessitent des échanges humains, un contenu économique et des projets spécifiques profitant aux deux parties. La fraternité entre la savane africaine et la cordillère des Andes, née à Luanda il y a quatre décennies, a la possibilité de concrétiser, par des actions tangibles, le potentiel que représentent les deux nations, dans un monde de plus en plus interconnecté, mais aussi plus polarisé (Rojas Aravena, 2000).

African Development Bank. (2024). Angola Economic Outlook 2024. Abidjan: AfDB. Consulté sur https://www.afdb.org/en/countries/southern-africa/angola/angola-economic-outlook

Banco Central de Reserva del Perú. (2025). Memoria Anual 2024. Lima: BCRP. Consulté sur

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https://www.imf.org/en/News/Articles/2025/09/05/pr-25288-angola-imf-executive-board-concludes2025-post-financing-assessment

García Montufar, G. (2015). Historia de la Diplomacia Peruana. Lima: Universidad Nacional Mayor de San Marcos.

Hodges, T. (2004). Angola: Anatomy of an Oil State. Lysaker: Fridtjof Nansen Institute. International Trade Centre. (2024). Market Analysis: Peru-Angola Trade Statistics. Geneva: ITC. Malaquias, A. (2007). Rebels and Robbers: Violence in Post-Colonial Angola. Uppsala: Nordic Africa Institute.

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https://repositorio.promperu.gob.pe/collections/4d95bee5-e1a3-40cb-88b6-61855015907e

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https://www.worldbank.org/en/country/angola/publication/angola-economic-update-boosting-growth-with-inclusive-financial-development

PATRIMOINE CULTUREL ET POTENTIEL TOURISTIQUE ENTRE LE PÉROU ET L’ANGOLA : UN REGARD, DEUX RÉALITÉS

italo guillerMo loayza roMán troisièMe secrétaire au service diploMatique du pérou

Bien qu’ils soient séparés par près de 10 000 kilomètres de distance, le Pérou et l’Angola partagent un trait fondamental : la richesse de leur patrimoine culturel vivant et de leur biodiversité, ce qui leur confère un potentiel touristique d’une grande valeur stratégique. Ces deux caractéristiques représentent une opportunité inestimable pour l’économie et les sociétés des deux pays, d’où l’importance de mettre en lumière leurs similitudes ainsi que les perspectives de développement qui se présentent dans chaque cas.

1. Patrimoine culturel

Conformément à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003, on entend par « patrimoine culturel immatériel », ou encore « patrimoine vivant », les usages, représentations, expressions, connaissances et techniques (…) constamment recréés par les communautés et groupes en fonction de leur environnement (article

1.1 Diversité linguistique

Un premier élément à considérer, dans le cas du patrimoine culturel immatériel, est celui des traditions et expressions orales transmises à travers les langues originaires. Les deux pays possèdent une riche tradition en matière de langues autochtones et, par conséquent, de savoirs ancestraux. Dans le cas péruvien, on recense 48 langues originaires reconnues (le quechua et l’aymara étant les plus parlées, selon les résultats du XII Recensement de la Population, VII du Logement et III des Communautés Indigènes du Pérou, 2017) ; tandis que, dans le cas angolais, on dénombre plus de 40 langues originaires, parmi lesquelles se distinguent l’umbundu, le kikongo et le kimbundu, selon les résultats du Recenseamento Geral da População e da Habitação de Angola, 2014.

2.1), qui peuvent se manifester, en particulier, dans des domaines tels que : (i) les traditions et expressions orales, (ii) les arts du spectacle, (iii) les usages sociaux, rituels et actes festifs, (iv) les connaissances et usages liés à la nature et à l’univers, et (v) les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel (article 2.2).

Source: Censo 2014 e e e

Langues les plus parlées par province en Angola, selon le recensement de 2014.

La diversité linguistique dans les deux nations représente non seulement une source d’identité et de cohésion pour les communautés, mais aussi un attrait pour ceux qui recherchent des expériences authentiques et un contact direct avec des savoirs transmis de génération en génération. Le tourisme culturel trouve dans ces langues originaires une porte d’entrée vers des récits, des mythes, des chansons et des poèmes qui ont résisté à l’épreuve du temps et qui préservent l’essence vivante des peuples.

La diversité linguistique dans les deux nations représente non seulement une source d’identité et de cohésion pour les communautés, mais aussi un attrait pour ceux qui recherchent des expériences authentiques et un contact direct avec des savoirs transmis de génération en génération. Le tourisme culturel trouve dans ces langues originaires une porte d’entrée vers des récits, des mythes, des chansons et des poèmes qui ont résisté à l’épreuve du temps et qui préservent l’essence vivante des peuples.

1.2 Expressions musicales

Les opportunités ne s’épuisent pas dans la riche diversité linguistique de l’Angola ou les diverses cérémonies des différents groupes ethniques comme les Ovimbundu, les Bakongo et les Chokwe. Un deuxième aspect à mettre en valeur est celui de la musique. Des rythmes traditionnels tels que la semba, ainsi que la kizomba, le kuduro et la danse tufo, offrent de multiples possibilités de promotion qui reflètent des traditions culturelles profondes, confrontées à un immense défi en matière de préservation et de diffusion après des décennies de conflit interne dans ce pays. Ces éléments de connexion et de cohésion permettent aux communautés de renforcer leur unité, ce qui a un impact positif sur leur économie.

Comme le souligne Baratti (2022), bien qu’il ne soit pas possible d’en avoir la certitude, il est intéressant de noter l’influence qu’aurait exercée la semba dans la formation d’autres rythmes plus connus sur le continent américain, comme la « samba » brésilienne. Selon l’auteure, une explication courante du terme « samba » repose sur son étymologie bantoue, dérivée du terme kimbundu « semba », qui signifie umbigada (mouvement du nombril). Ainsi :

The etymological derivation of ‘samba’ from the Kimbundu term ‘semba’ seems to have generally prevailed over the years in the academic literature on samba (Sandroni 2001). The preference for an etymology of ‘samba’ that privileges a movement, the umbigada might have implicitly reproduced a colonial attitude that was more generally at work in the examination and classification of the cultural expressions of the African colony. This could have implied a process according to which the umbigada would have received much more attention than other elements in the description of the African dances (on the topic, cf. Lima Silva 2010) (pp. 6-7)

Source: noticiasdeangola.co.ao
Source: andina.pe
Source : Danses angolaises

Au Pérou, la musique folklorique telle que le huayno, la marinera, le festejo et le vals criollo, ainsi que des instruments traditionnels comme le charango, la quena et le cajón, sont des manifestations vivantes qui ont transcendé les frontières et les générations. Ces mélodies n’accompagnent pas seulement les festivités, elles expriment également des histoires collectives, des valeurs et la résilience de leurs peuples originaires. Les festivals de musique, les célébrations patronales et les rencontres communautaires dans différentes régions péruviennes sont devenus des espaces de préservation et de dialogue interculturel, où le tourisme joue un rôle fondamental dans la revalorisation de ces expressions artistiques.

Ces manifestations méritent et nécessitent un niveau de protection renforcé, afin de garantir leur intégrité et leur transmission dans le temps. Un exemple en est ce qui s’est produit avec la musique et la chanson créoles. Par la Résolution Viceministérielle n° 225-2022-VMPCIC/MC du 17 octobre 2022, elles ont été déclarées Patrimoine Culturel de la Nation, pour :

Cette déclaration prévoit qu’un rapport sur l’état de l’expression soit élaboré tous les cinq ans, « de manière à ce que l’enregistrement institutionnel puisse être mis à jour en ce qui concerne les changements survenus dans la manifestation, les risques susceptibles d’apparaître dans sa pérennité, et d’autres aspects pertinents ». Des exemples tels que celui mentionné ci-dessus montrent des expériences qui permettent à d’autres pays – comme pourrait l’être l’Angola – de prendre comme point de départ la création d’un registre détaillé pour la protection de leurs expressions culturelles, comme la musique.

Comme on peut le constater, la musique – en tant que manifestation culturelle de la population – démontre son importance non seulement à l’intérieur, mais aussi au-delà de ses propres frontières. Tant l’Angola que le Pérou, dans leurs multiples expressions musicales, ont non seulement le défi de la promouvoir et de la développer, mais aussi de protéger leurs propres archives historiques, permettant aux deux pays de préserver les connaissances et savoirs originaires qui ont donné naissance à des manifestations culturelles aussi importantes que celles mentionnées ci-dessus ; afin de garantir leur protection dans l’espace et dans le temps.

(…) constituer une culture musicale construite par des secteurs populaires de population métisse, afrodescendante et migrante dans les noyaux initiaux de pratique indiqués, à travers un processus historique qui s’étend de la fin du XIXᵉ siècle à tout le XXᵉ siècle ; englobant la pratique de divers genres musicaux associés tant géographiquement que symboliquement à la côte du pays, dont le cœur comprend le vals criollo, la polka et la marinera limeña ; disposant d’une vaste communauté de dépositaires dont la capacité à adapter et à incorporer de nouveaux éléments à leurs techniques et répertoires, en accord mais non assujettie aux transformations de l’industrie musicale, a permis de créer des espaces de pratique et de transmission qui ont assuré la sauvegarde et la pérennité de la musique et de la chanson créoles ; ce qui en a fait l’un des principaux éléments de l’identité musicale péruvienne. [Traduction française]

Les patrimoines culturels susmentionnés sont profondément liés au patrimoine naturel des deux pays. Les premiers s’alimentent des seconds, qui les inspirent et les soutiennent, ce qui peut être observé, par exemple, dans les danses, où perdurent des connaissances sur les plantes, les animaux et les traditions issues de la nature. En ce sens, le patrimoine culturel se nourrit du patrimoine naturel, formant une relation indissociable, dont l’intégration offre un potentiel important pour le développement du tourisme durable. Dans ce qui suit, il sera fait référence au patrimoine naturel, où se distinguent les parcs naturels et les cascades.

Source: ich.unesco.org

2. Patrimoine naturel

Comme c’est le cas au Pérou, la richesse de l’Angola ne se limite pas uniquement au domaine culturel, mais également au domaine naturel. Situé dans une position intéressante sur le continent africain (avec une zone de climat tropical dans la partie de la côte occidentale, tandis qu’à l’intérieur le pays présente une géographie diverse, allant du désert du Namib jusqu’à la province de Huíla, où se trouve le Parc national de Bicuar), l’Angola dispose de diverses opportunités à exploiter dans la promotion de son industrie touristique.

Un exemple en est le Parc national de Quiçama, situé dans la province de Luanda et couvrant une superficie d’environ 9 600 km², qui constitue l’un des plus grands joyaux naturels du pays. Le parc offre une variété d’écosystèmes, incluant savanes boisées, prairies, forêts riveraines, mangroves côtières et zones inondables, permettant ainsi l’observation d’animaux tels que les éléphants, girafes, zèbres, antilopes, lamantins, oiseaux migrateurs, tortues marines, entre autres espèces. Compte tenu de sa récupération depuis la fin du conflit interne en 2002, il constitue une destination optimale pour les safaris ainsi que pour l’observation des oiseaux.

Un autre exemple est celui des Chutes de Kalandula, situées dans la province de Malanje. Avec une hauteur de 105 mètres et une largeur de 400 mètres, elles figurent parmi les plus grandes cascades d’Afrique en volume d’eau. Leur débit atteint son apogée durant la saison des pluies (de février à avril), constituant un lieu particulièrement intéressant pour le

développement du tourisme, tant au niveau national que local. L’écotourisme et le tourisme d’aventure s’y trouvent complétés par la possibilité de randonnées, de parcours à vélo et d’expéditions permettant de découvrir la biodiversité unique de la région, où la contemplation de paysages encore inexplorés invite à la réflexion et à l’émerveillement.

Parc national de Quiçama
Source: Global National Parks
Chutes de Kalandula
Source: CNN Travel

Dans le cas du Pérou, le Parc national du Manu, créé par le Décret suprême n° 0644-73-AG du 29 mai 1973, s’étend sur 1 716 295,22 hectares et protège l’une des zones de plus grande biodiversité de la planète. Il renferme une richesse écologique comprenant des forêts alto-andines, la ceja de selva, des rivières, vallées et ravins, avec plus de 1 000

Ce dernier aspect permet de donner une plus grande visibilité, à l’échelle internationale, aux sites déclarés protégés, en facilitant des mécanismes de coopération pour leur protection et leur développement adéquat. Bien que l’Angola compte actuellement la ville de M’banza Kongo comme Patrimoine mondial de l’humanité, cette protection pourrait s’étendre à d’autres sites tels que ceux mentionnés ci-dessus. Ainsi, il ne s’agirait pas seulement d’une protection nationale (avec la mise en œuvre de normes pertinentes, de financements et d’un suivi en matière de sécurité et d’accès, entre autres), mais également de la participation d’autres États ou organismes internationaux afin d’apporter des outils pour leur sauvegarde et leur préservation.

espèces d’oiseaux et 200 espèces de mammifères, parmi lesquels se distinguent jaguars, tapirs, pécaris, cerfs, singes laineux, entre autres. Celui-ci a été déclaré Réserve de biosphère en 1977, puis Patrimoine naturel de l’humanité en 1987.

Comme on peut le constater à partir des exemples cités, l’Angola dispose de lieux importants révélant une riche biodiversité, laquelle peut, grâce à l’incorporation d’expériences non seulement locales mais aussi étrangères comme celle du Pérou, constituer l’objet d’une stratégie touristique de grande ampleur visant à la mettre en valeur et à encourager le tourisme local et international. Ce faisant, et en tenant compte de la protection de l’environnement ainsi que du tourisme écologiquement responsable et durable, l’Angola dispose des outils nécessaires pour renforcer ce secteur en explorant les diverses opportunités offertes par sa riche géographie.

3. Conclusions

Comme on l’a vu précédemment, l’Angola possède un énorme potentiel touristique fondé sur son patrimoine vivant et sa diversité naturelle, tout en affrontant divers défis en matière d’infrastructures, de gestion durable et de promotion pour libérer ce potentiel. À cet égard, l’expérience péruvienne offre de multiples enseignements : comment faire du patrimoine culturel et naturel un moteur du tourisme durable, comment intégrer les communautés locales, comment gérer des destinations écotouristiques et patrimoniales, et comment utiliser la gastronomie et les festivals comme attractions culturelles clés.

Le Pérou comme l’Angola démontrent que le patrimoine vivant et la biodiversité ne constituent pas seulement des héritages culturels, mais également des moteurs du tourisme durable. En ce sens, l’Angola peut s’inspirer de l’expérience péruvienne en

Références:

matière de gestion patrimoniale et touristique, tandis que le Pérou trouve en l’Angola un partenaire aux réalités différentes mais tout aussi précieuses pour l’échange culturel et le renforcement de leurs liens internationaux.

En conclusion, l’articulation entre patrimoine culturel et naturel permet non seulement d’envisager une attraction touristique, mais aussi de renforcer l’identité nationale, d’assurer la durabilité de l’industrie touristique et de projeter ces valeurs non seulement à l’échelle régionale, mais également mondiale. Ainsi, les deux pays, en tenant compte de la préservation des savoirs ancestraux et de la biodiversité, peuvent promouvoir un modèle de développement conciliant croissance économique et conservation de leur patrimoine, au bénéfice des générations futures.

Angolan dances (2022). Conheça o SEMBA - Angolan Dances: https://www.youtube.com/watch?v=s-MdrLd4oeI https://atem-journal.com/ATeM/article/view/4065/3291

Baratti, Nina (2022). ““Semba Dilema”: On transatlantic Musical Flows between Angola and Brazil”. Archiv fur Textmusikforschung. Atem. Nr. 7,2,2022

CNN Travel (2024). La increíble cascada “sagrada” de Angola de la que probablemente nunca hayas oído hablar

https://cnnespanol.cnn.com/2024/04/04/increible-cascada-sagrada-angola-kalandula-trax/

Diario Expansão (2025). Depois do Planagrão, Planagás, Planapescas e Planapecuária, agora vem aí o Planacult

https://expansao.co.ao/angola/detalhe/depois-do-planagrao-planagas-planapescas-e-planapecuaria-agora-vem-ai-o-planacult-65099.html

Governo de Angola (2016). Resultados definitivos do recenseamento geral da população e da habitação de Angola 2014.

https://www.ine.gov.ao/Arquivos/arquivosCarregados//Carregados/Publicacao_637981512172633350.pdf

Ministerio de Cultura del Perú. Base de Datos de Pueblos Indígenas u Originarios.

https://bdpi.cultura.gob.pe/lenguasf

Servicio Nacional de Áreas Naturales Protegidas por el Estado (2025). Parque Nacional del Manu.

https://www.gob.pe/institucion/sernanp/informes-publicaciones/1948163-parque-nacional-del-manu?utm_source=chatgpt.com

UNESCO (2003). Convención para la Salvaguardia del Patrimonio Cultural Inmaterial.

https://www.wipo.int/wipolex/es/text/594743

Viceministerio de Patrimonio Cultural e Industrias Cultuales (2022). Resolución Viceministerial N.° 25-2022-VMPCIC/MC.

https://busquedas.elperuano.pe/dispositivo/NL/2116192-1

ÉTENDRE L’AFRICANITÉ

DE CHANCAY À L’OCÉAN INDIEN

aMBassadeur jorge raffo carBajal directeur général du pérou pour l’afrique, le Moyen-orient et les pays du golfe

L’entrée en opération du port de Chancay sur la côte nord du Pérou ouvre des perspectives pour le commerce Sud-Sud et permet d’envisager, à travers un corridor multimodal latino-américain, d’atteindre l’océan Indien en utilisant le corridor ferroviaire de Lobito en Angola.

Depuis le début du XX siècle, le corridor ferroviaire et le port de Lobito en Angola ont joué un rôle fondamental comme voie de sortie des minerais de l’intérieur du continent africain vers les marchés internationaux. Des minerais tels que le cuivre et le zinc étaient transportés depuis les zones riches en ressources du sud de l’actuelle République Démocratique du Congo (RDC) et du nord de la Zambie jusqu’à la côte atlantique, consolidant Lobito comme un axe logistique clé en Afrique australe. Toutefois, après la décolonisation et les conflits armés dans la

région, cette infrastructure perdit de sa pertinence et resta sous-utilisée pendant plusieurs décennies.

Dans le contexte mondial actuel, marqué par une intense compétition pour les minéraux stratégiques, le corridor ferroviaire de Lobito a retrouvé une place centrale. Il s’agit de l’une des initiatives d’infrastructure les plus importantes du continent africain, étant la première route ferroviaire transcontinentale à accès ouvert. Sa conception relie directement les zones minières de la RDC et de la Zambie (deux pays enclavés) à ce port angolais, facilitant ainsi l’exportation de ressources minérales critiques comme le cuivre, le cobalt et le coltan. Ce dernier est particulièrement pertinent, la RDC concentrant environ 80 % de la production mondiale, ce qui fait de ce projet un axe névralgique pour les industries technologiques mondiales.

Port de Chancay Source: gestion.pe

Actuellement, le transport des produits miniers depuis la Zambie (pays voisin de l’Angola) jusqu’à l’Atlantique peut prendre jusqu’à 45 jours, en raison de la fragmentation du réseau ferroviaire et de la congestion des routes. Avec la modernisation du corridor ferroviaire angolais et son intégration efficace avec le port de Lobito, il est prévu de réduire ce délai à moins d’une semaine. Cette amélioration aura un impact significatif sur la compétitivité régionale, en réduisant les coûts logistiques, en attirant des investissements directs étrangers et en positionnant Lobito comme un nouveau hub commercial pour l’Afrique australe.

L’importance stratégique du corridor de Lobito a attiré l’attention du Pérou et d’autres acteurs internationaux majeurs. La proposition péruvienne consiste à connecter ce corridor au réseau zambien qui atteint l’océan Indien (chemin de fer TAZARA, sigle de Tanzania-Zambia Railway Authority) de sorte que les marchandises puissent sortir ou entrer par le port de Dar-es-Salaam. En 2023, l’Union européenne, les États-Unis, la Banque africaine de développement, l’Angola, la RDC et la Zambie ont signé un Mémorandum d’entente pour revitaliser l’infrastructure du corridor ferroviaire,

très affectée par une décennie de guerre civile (aujourd’hui heureusement terminée). L’un des objectifs centraux de cette alliance est, pour les États-Unis et l’Europe, d’assurer, à travers Lobito, des routes alternatives d’approvisionnement en minéraux critiques pour la transition énergétique et la production technologique. Pour le Pérou, c’est l’opportunité d’élargir ses exportations de fruits qui, au cours des quinze dernières années, ont enregistré une croissance de 122 %.

L’attention géopolitique autour du corridor ferroviaire a été mise en évidence par la visite du président Joe Biden en Angola, réalisée du 2 au 4 décembre 2024. Ce fut la première visite d’État d’un chef d’État américain en Angola et la seule sur le continent africain durant son mandat. Bien que des aspects de la relation bilatérale aient été abordés, l’accent principal fut mis sur le soutien au corridor de Lobito comme composante stratégique de la politique étrangère américaine en Afrique. Malgré le scepticisme initial concernant l’engagement financier des États-Unis, l’administration Trump a récemment réaffirmé sa volonté d’investir à travers sa représentation diplomatique à Luanda.

Corridor de Lobito Source: embajadadeangola.com/

Les 8 et 9 juillet 2025, le Pérou et l’Angola ont tenu la première réunion du Mécanisme de Consultations Politiques, au cours de laquelle l’interconnexion portuaire multimodale comme moyen d’expansion des exportations a retenu l’attention des deux délégations. En 2024, le Pérou a enregistré une solide performance économique : le PIB a crû de 3,3 %, l’inflation est restée contenue à 1,97 % et un record historique d’exportations a été atteint avec une valeur totale de 74,664 millions de dollars US.

Le corridor de Lobito se profile donc comme une pièce fondamentale dans l’architecture logistique de l’Afrique australe et comme un instrument

géopolitique de premier ordre. Sa consolidation pourrait accélérer les exportations de minéraux, stimuler le développement des économies régionales marginalisées et générer de nouvelles synergies entre l’Afrique et ses partenaires internationaux dans le commerce Sud-Sud, comme le Pérou et l’Amérique du Sud. Néanmoins, le succès de ce corridor ferroviaire dépendra d’une mise en œuvre inclusive, durable et coordonnée, capable d’articuler les intérêts angolais avec une vision commune d’intégration avec le Pérou (fondée sur la notion d’africanité élargie) et de développement régional avec ses partenaires africains.

Le Perou et l'Angola renforcent leurrelation bilaterale avec leur première Reunion de consultations politiques
Source: gob.pe

LES CLOCHES ET LE CANAL MARÍA ANGOLA AU PÉROU

antonio josé chang huayanca deuxièMe secrétaire du service diploMatique du pérou

Dans le Diccionario histórico de la lengua española (1960-1996), le terme angola apparaît enregistré dans sa première acception comme « (…) naturel ou originaire de la région d’Angola » (Real Academia Española, 1996), accompagné de plusieurs exemples de son emploi dans des textes anciens de la langue espagnole, parmi lesquels je voudrais en souligner deux. Le premier provient d’une compilation de Boyd-Bowman liée à un écrit mexicain de 1562, dans lequel ledit vocable est associé à un nom propre : « Pedro Angola, de la terre d’Angola » (Boyd-Bowman, 1971). Le second correspond au passage suivant tiré de l’œuvre Tradiciones Peruanas de notre écrivain Ricardo Palma : « beaucoup des associations (…) parvinrent à mettre leur trésorerie dans une situation confortable. Les angolas, caravelís, mozambiques, congos, chalas et terranovas achetèrent des terrains dans les rues périphériques de la ville » (Palma, 1893/2005). Ces deux exemples illustrent comment, en espagnol, le mot angola n’a pas seulement été employé comme nom propre d’un pays, mais a également servi historiquement à désigner le nom propre d’une personne ou d’un groupe ethnique lié à cette région africaine. C’est ainsi que, dans la présente contribution, je me référerai au cas de María Angola, nom attribué à plusieurs cloches situées à travers le Pérou, ainsi qu’à un canal d’irrigation de la province de Cañete, dans le département de Lima.

Le clocher Maria Angola dans la cathedrale de Cuzco

Source: campaners.comh

La cloche peut-être la plus célèbre de tout le Pérou est la María Angola de la cathédrale de Cusco. D’innombrables légendes entourent l’origine de cette cloche, dont beaucoup ont en commun de mentionner l’existence d’une dame du même nom qui aurait fait don de ses bijoux pour financer sa fonte et sa donation ultérieure au temple cusquénien. Cette cloche fut également évoquée par l’écrivain indigéniste péruvien José María Arguedas dans son roman Los ríos profundos. Il s’agit probablement de la plus ancienne des cloches María Angola, de la plus grande en dimensions et de la seule située dans un lieu reconnu comme Patrimoine culturel de l’humanité par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), à savoir le centre historique de Cusco (1983). Il convient de souligner que cette célèbre cloche cusquénienne fut utilisée lors de la proclamation de l’américain naturalisé péruvien Robert Francis Prevost comme nouveau souverain pontife de l’Église catholique. En mai de cette année, l’Archevêché de Cusco annonça, via sa page Facebook, que « avec le retentissement imposant de la cloche María Angola, au sommet de notre vénérable Basilique Cathédrale, l’Archidiocèse de Cusco proclama le nouveau Pape Léon XIV comme Successeur de Pierre » (Arzobispado del Cusco, 2023).

Une autre cloche María Angola représentative est celle située dans le district de Zaña, sur la côte nord du Pérou, localité qui, comme dans le cas précédent, est liée à une reconnaissance de la part de l’UNESCO, plus précisément comme « site de mémoire de l’esclavage et du patrimoine culturel africain », première reconnaissance de ce type attribuée à une population afro-descendante au Pérou et dans tous les pays de la côte pacifique, selon le Ministère de la Culture. En juillet 2021, le Musée Afro-Péruvien de Zaña publia sur Facebook une note relative au « mystère de la cloche María Angola » de la paroisse locale. Cette publication souligne le caractère énigmatique du nom, concluant que « ce qui est certain, c’est qu’Angola fait référence à une ethnie ou une nation africaine », et ajoutant que, selon le chercheur Manuel Álvarez Nazario, mariangola

était « une danse d’origine africaine ». Selon ce musée, à Zaña, il ne subsiste que deux termes d’origine africaine : la rue malambo et María Angola (Museo Afroperuano de Zaña, 2021). La tradition locale rappelle l’usage de la cloche pour annoncer les messes, les enterrements et pour émettre des signaux d’alerte en cas de débordement du fleuve ou d’autres calamités. La publication mentionne même l’existence de chants locaux dédiés à la cloche María Angola et une tradition selon laquelle cet objet « volait et se déplaçait d’un lieu à un autre ». L’article en question signale à juste titre qu’il existe plusieurs cloches portant ce nom à travers le Pérou, citant les cas de Cusco, Huarochirí et Aymaraes.

Il convient de mentionner qu’au cours de la rédaction du présent texte, j’ai pu identifier une autre cloche

María Angola différente des précédentes, cette fois située dans le district de Mangas, province de Bolognesi, département d’Ancash. Selon une publication de ladite municipalité en 2023, l’église San Francisco de Mangas fut construite au milieu du XVIIᵉ siècle, déclarée Patrimoine culturel de la Nation en 2008, et c’est dans son clocher édifié en 1737 que se trouve la cloche María Angola de cette localité. Pourquoi existe-t-il tant de cloches María Angola au Pérou ? Combien y en a-t-il en tout ? María Angola fut-elle un personnage réel ? Toutes ces questions demeurent sans réponses certaines.

María Angola ne désigne pas seulement plusieurs cloches péruviennes, mais aussi un canal d’irrigation

situé dans la province de Cañete, département de Lima. Selon la thèse de l’ingénieur Richard Huatuco de l’Université Nationale d’Ingénierie, le canal María Angola débute son parcours à la prise d’eau Fortaleza sur le fleuve Cañete, et constitue la limite entre les districts d’Imperial et de San Vicente (2020). Ce canal est également lié au district de San Luis, lequel, par la Résolution Ministérielle n° 511-2018-MC du Ministère de la Culture du Pérou, fut reconnu comme « Dépôt vivant de la mémoire collective, puisqu’il constitue l’un des noyaux de la mémoire historique et artistique de la présence afro-péruvienne au Pérou, dont l’héritage a transcendé tant son époque que sa région d’origine » (Ministerio de Cultura del Perú, 2018).

Dans la cathedrale de Cuzco se trouve la cloche Maria Angola, la plus célèbre du Pérou.
Source: blog.incarail.com/

Le canal María Angola est intimement lié aux souvenirs des plus anciens habitants de Cañete. Le 9 mars de cette année, dans le média virtuel Al Día con Matices (Diario Oficial Judicial de la Corte Superior de Justicia de Cañete-Yauyos), un bref article intitulé « Les lavandières et le canal María Angola… » fut publié, rappelant comment, il y a plusieurs décennies, le canal María Angola était un espace de socialisation hebdomadaire pour les femmes et les enfants de Cañete. Selon cet article, les paysannes se préparaient dès l’aube pour se rendre en groupe au canal, portant sur le dos de grands ballots de linge sale. Elles s’installaient sur ses rives avec bassines et cuvettes et commençaient à frotter le linge contre les pierres. Une fois le linge propre, elles l’étendaient sur les roseaux et arbustes locaux pour qu’il sèche au soleil. Pendant ce temps, les enfants qui accompagnaient les femmes jouaient dans l’un des bassins naturels formés par l’eau du canal María Angola.

Ce canal conserve encore aujourd’hui son importance pour les habitants de Cañete et, ces dernières années, des améliorations de son infrastructure hydraulique ont été annoncées. En mars 2022, la Direction Régionale de l’Agriculture de Lima annonça

la pose de la première pierre pour l’exécution d’un projet d’amélioration du service de distribution d’eau destiné au système d’irrigation du canal María Angola dans les districts de San Luis et Imperial, pour une valeur supérieure à trois millions de soles. Le projet prévoyait un canal revêtu de béton d’une longueur approximative de six kilomètres, treize prises latérales en béton armé et un pont routier pour renforcer les traversées avec les vallées de la zone urbaine, au bénéfice de 2 700 agriculteurs cañetans. Par la suite, en octobre 2023, la Municipalité de San Luis, province de Cañete, annonça des travaux en cours avec la Junte des Irrigants pour récupérer un secteur du canal María Angola, lequel avait été fermé par des agriculteurs locaux, ce qui provoquait des inondations de logements dans la zone urbaine.

En ce sens, il convient de conclure que les cloches et le canal María Angola constituent une preuve concrète de la manière dont, à travers les siècles, s’est maintenu dans la mémoire des Péruviens ce lien rappelant l’arrivée et l’établissement de populations d’origine angolaise durant le vice-royaume du Pérou, entre les XVIᵉ et XIXᵉ siècles.

La Direction regionale de l' Agriculture de Lima a annonce en 2021 l'achèvement des etudes pour la construction d'un revetement en béton ||du canal María Angola, à Cañete. Source: gob.pe

Bibliographie

Arguedas, J. M. (2011). Los ríos profundos. Fondo de Cultura Económica. (Obra original publicada en 1958)

Arzobispado del Cusco. (2023, mayo). Publicación en Facebook sobre la campana María Angola.

Boyd-Bowman, P. (1971). Índice geobiográfico de más de 56,000 pobladores de la América hispánica (1493–1600). Instituto Caro y Cuervo.

Huatuco, R. (2020). Estudio hidráulico del canal María Angola en Cañete. Universidad Nacional de Ingeniería.

Ministerio de Cultura del Perú. (2018). Resolución Ministerial N° 511-2018-MC.

Municipalidad Distrital de Mangas. (2023). Nota informativa sobre la iglesia San Francisco y su campana María Angola.

Museo Afroperuano de Zaña. (2021, julio). Publicación en Facebook sobre la campana María Angola.

Palma, R. (2005). Tradiciones peruanas completas. Biblioteca Ayacucho. (Obra original publicada en 1893).

Real Academia Española. (1996). Diccionario histórico de la lengua española (1960–1996).

RAE. UNESCO. (1983). Centro histórico de Cusco. Organización de las Naciones Unidas para la Educación, la Ciencia y la Cultura.

Dirección Regional de Agricultura de Lima. (2022). Nota de prensa sobre el proyecto de mejoramiento del canal María Angola.

Municipalidad Distrital de San Luis. (2023). Comunicado sobre trabajos de recuperación del canal María Angola.

PORTRAIT DE NELSON MANDELA

josé yépez castro conseiller du service diploMatique du pérou

Origines : Rolihlahla le perturbateur

Le 18 juillet 1918, Nelson Mandela naquit dans un village sud-africain appelé Xhosa, en tant que membre de la maison royale thembu. Il fut baptisé sous le nom de Rolihlahla, qui signifie en langue xhosa « perturbateur » ou « fauteur de troubles ». À l’école, conformément à la pratique locale, son institutrice, Mlle Mdingane, changea son prénom en Nelson[1], afin d’en faciliter la prononciation parmi les Britanniques.

Il étudia le droit à l’Université de Fort Hare, mais ne parvint pas à y achever ses études. Mandela participa à une protestation contre la mauvaise qualité des aliments. En conséquence, il fut expulsé de cette institution. Toutefois, il réussit par la suite à obtenir son diplôme d’avocat. Peu de gens savent que parmi ses passe-temps figuraient la danse, les courses de fond et la boxe.

Années de prison : Code de prisonnier 46664

Comme on le sait, Mandela fut condamné à la réclusion à perpétuité lors du célèbre « Procès de Rivonia » en 1964, essentiellement pour sa lutte contre l’apartheid. Pendant ses vingt-sept années de détention, il conserva le numéro de prisonnier 46664, qui devint plus tard un symbole de libération non violente.

Depuis la prison, Mandela mena une résistance pacifique, devenant une figure emblématique de la lutte pour la liberté à l’échelle mondiale. L’un des épisodes les plus marquants de ces vingtsept années fut son refus d’accepter une offre de libération conditionnelle, car cela impliquait de renoncer à ses idéaux et aux principes pour lesquels il s’était battu. Finalement, le 11 février 1990, Mandela fut libéré.

"Personne ne naît en haïssant une autre personne en raison de la couleur de sa peau, de son origine ou de sa religion. "[1] Nelson Mandela
Nelson Mandela Source: nationalgeographicla.com
Nelson Mandela avec Javier Pérez de Cuéllar
Source: infobae.com

Un chemin de paix vers la fin de l’Apartheid et la reconnaissance du Prix Nobel de la Paix

Dès sa libération, Mandela entreprit des efforts internationaux pour démanteler l’apartheid. Dans son discours de libération, il affirma que cette institution n’avait aucun avenir et que seule « une Afrique du Sud démocratique, unie et non raciste constituait la voie unique vers la paix et l’harmonie raciale »[2]. Mandela et le président sud-africain de l’époque, Frederik de Klerk, entretinrent une relation tendue mais respectueuse. Tous deux provenaient de mondes opposés : Mandela, dirigeant noir ; de Klerk, chef du régime qui l’avait emprisonné. Néanmoins, ils assumèrent le rôle d’hommes d’État et partagèrent un objectif commun : mettre fin à l’apartheid.

À ce propos, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, l’ambassadeur Javier Pérez de Cuéllar, déclara que l’une de ses « expériences les plus satisfaisantes en tant que secrétaire général fut de converser avec Nelson Mandela et Frederik de Klerk et de ressentir le respect mutuel qui, depuis si peu de temps, unissait ces deux Sud-Africains, l’un noir et l’autre blanc »[3].

En 1993, le Comité Nobel norvégien décida d’attribuer conjointement le Prix Nobel de la Paix à Nelson Mandela et à Frederik de Klerk « pour leur action en faveur de la fin pacifique du régime de l’apartheid et pour avoir jeté les bases d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique »[4].

Lors de son allocution, Francis Sejersted, président du Comité Nobel norvégien, souligna l’absence d’amertume qui caractérisait Nelson Mandela depuis sa libération, rappelant que Mandela lui-même avait affirmé qu’« il aurait nourri des pensées amères s’il n’avait pas eu de travail (…) que si tous ceux qui ont tant sacrifié pour la justice pouvaient voir que leurs efforts n’ont pas été vains, cela suffirait à dissiper l’amertume de leurs cœurs »[5].

"Ne me juge pas sur mes succès, juge-moi sur le nombre de fois où je suis tombé et me suis relevé."

Source: yourclassical.org

Nelson Mandela : le premier président noir d’Afrique du Sud

Lors des élections d’avril 1994, Nelson Mandela fut élu président avec 63 % des voix, devenant ainsi le premier président noir de la République d’Afrique du Sud, à l’âge de 75 ans. Au-delà de tout changement institutionnel antérieur, l’élection d’un homme noir à la présidence signifia la fin définitive de l’apartheid et le début d’une nouvelle ère démocratique dans le pays.

Pour Mandela, la réconciliation nationale fut une priorité de son mandat, afin que la nation puisse guérir des blessures causées par tant de décennies de haine et de luttes internes. L’une des institutions les plus reconnues créées sous sa présidence fut sans doute la Commission Vérité et Réconciliation, où victimes et auteurs purent témoigner des faits survenus, pour éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir. Finalement, en 1999, Nelson Mandela quitta la présidence sans briguer de réélection ni chercher à se maintenir au pouvoir.

Source: rtve.es/

Nelson Mandela

Un héritage de paix, de pardon et de réconciliation

Nelson Mandela restera dans les mémoires comme le symbole de la lutte contre l’apartheid et de la réconciliation qui s’est ensuivie en Afrique du Sud. Dans un monde en proie aux conflits, aux inégalités et au changement climatique indéniable, ses paroles nous invitent à réfléchir : « Quand l’histoire de notre époque sera écrite, serons-nous rappelés pour avoir fait ce qui est juste ou pour avoir tourné le dos à une crise mondiale ? »[6]. La réponse est entre nos mains.

Bibliographie

Comité Nobel Noruego. (1993). The Nobel Peace Prize 1993 – Press Release. The Norwegian Nobel Committee. Recuperado de

https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1993/press-release

Pérez de Cuéllar, J. (1997). Memorias: Recados de un Secretario General, 1982-1991. Madrid: Editorial Plaza & Janés.

Sejersted, F. (1993, December 10). Nobel Peace Prize Award Ceremony Speech. The Norwegian Nobel Committee. Recuperado de

https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1993/ceremony-speech

Mandela, N. (1994). Long Walk to Freedom. Boston: Little, Brown and Company.

Mandela, N. (1990, February 11). Nelson Mandela’s Address on the Day of His Release from Prison. Cape Town: African National Congress.

Mandela, N. (2005, February 3). Speech at the Launch of the Global Campaign to Make Poverty History. London.

Notes

[1] La frase de Mandela corresponde a su Discurso de Liberación (11 de febrero de 1990) . Consulté sur :

https://www.nelsonmandela.org/biography

[2] La frase de Mandela es de una conferencia Make Poverty History), Consulté sur :

http://www.mandela.gov.za/mandela_speeches/1990/900211_release.htm

[3] Pérez de Cuéllar Book. Pilgrimage. P. 417

[4] MLA: Premio Nobel de la Paz 1993. NobelPrize.org. Divulgación del Premio Nobel 2025. Martes, 19 de agosto de 2025. Disponible sur

[6] 10 phrases de Nelson Mandela qui mettent en valeur sa lutte pour les droits humains. National Geographic Historia. Consulté sur : https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1993/ceremony-speech/ https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1993/summary/ https://historia.nationalgeographic.com.es/a/10-frases-nelson-mandela-que-resaltan-su-lucha-porderechos-humanos_21576

[5] Award ceremony speech. NobelPrize.org. Nobel Prize Outreach 2025. Tue. 19 Aug 2025 Disponible sur

MUAMBA DE POULET

La Muamba de Poulet est un savoureux ragoût de volaille considéré comme le plat national de l’Angola. L’huile de palme rouge (huile de dendê) est l’un de ses ingrédients distinctifs, ce qui lui confère un arôme et une saveur uniques. Cet ingrédient peut être difficile à trouver dans les supermarchés modernes, mais il peut être remplacé par de l’huile d’arachide avec du paprika.

La Muamba de Poulet occupe une place spéciale dans la culture angolaise. Elle est généralement préparée lors de réunions familiales, de fêtes et de célébrations culturelles. Ce plat n’est pas seulement de la nourriture ; c’est un symbole de communauté, de patrimoine et de la vie angolaise.

INGRÉDIENTS:

- Morceaux de poulet

- Huile de palme rouge

- Jus de citron

- Gousses d’ail

- Oignon

ÉTAPES DE CUISSON:

Les ingrédients eux-mêmes racontent une histoire : le gombo et la courge représentent l’agriculture africaine, tandis que l’huile de palme rouge, dérivée du palmier, symbolise les ressources naturelles du pays.

Le processus de marinade de la viande, la juste proportion d’épices et la sauce qui l’accompagne lui confèrent une saveur très appréciée par les Angolais.

Elle se déguste avec du funge (un aliment de base en Angola), préparé en cuisant de la farine de maïs avec de l’eau jusqu’à obtenir une consistance souple et élastique. Il est semblable à la polenta, mais un peu plus ferme, et constitue l’accompagnement classique de ce ragoût.

- Gombo

- Courge

- Bouillon de volaille

- Épices : paprika, piment (gindungo)

- Optionnel : tomates

1. Coupez le poulet en morceaux et faites-le mariner avec du jus de citron, 4 ou 5 gousses d’ail et un peu de sel. Laissez reposer pendant au moins 30 minutes.

2. Dans une cocotte en fonte ou une marmite, chauffez de l’huile de palme rouge ou du beurre de palme. Ajoutez les oignons et faites-les revenir jusqu’à ce qu’ils soient tendres.

3. Ajoutez les morceaux de poulet marinés dans la marmite. Faites-les cuire jusqu’à ce qu’ils soient dorés.

4. Incorporez les épices : paprika et piment. Ajoutez ensuite la courge et le gombo.

5. Versez le bouillon de volaille (ou de l’eau si vous n’avez pas de bouillon).

6. Couvrez et laissez mijoter à feu doux pendant environ 40 minutes, jusqu’à ce que le poulet soit tendre et que les saveurs se mélangent.

7. Servez chaud avec du funge.

MINISTÈRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

CUMANANA XLIX– SEPTEMBRE – 2025

Comité de rédaction

Amb. Jorge A. Raffo Carbajal

Min. Marco Antonio Santiváñez Pimentel

M.C. Eduardo F. Castañeda Garaycochea

Équipe éditoriale

Amb. Jorge A. Raffo Carbajal, Directeur général et rédacteur en chef

T.S. Berchman A. Ponce Vargas, Director de Conteúdo

T.S. Giancarlo Martínez Bravo, Responsable de l’édition en anglais

T.S. Berchman Alfonso Ponce Vargas, Responsable des éditions en française et en portugaise

Gerardo Ponce Del Mar, Maquettiste

DIRECTION GÉNÉRALE DE L'AFRIQUE, DU MOYEN-ORIENT ET DES PAYS DU GOLFE

Jr. Lampa 545, Lima, Pérou

Téléphone: +51 1 204 2400

Courriel: peruenafrica@rree.gob.pe

Dépôt Légal N.º 2025-04614

ISSN : 3084-7702 (en ligne)

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