Cumanana XIII-FRA

AVRIL 2022

NUMÉRO 13

Cumanana BULLETIN VIRTUEL DE CULTURE PERUVIENNE POUR L'AFRIQUE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PÉROU

ZIMBABWE: Nouer des liens d’amitié

DON AMADOR BALLUMBROSIO MOSQUERA Une interview

RECETTE Saveurs péruviennes aux influences africaines

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ZIMBABWE: NOUER DES LIENS D’AMITIÉ INTRODUCTION DE L'AMBASSADEUR GUSTAVO LEMBCKE HOYLE DIRECTEUR GÉNÉRAL D'AFRIQUE, MOYEN ORIENT ET PAYS DU GOLFE Les relations diplomatiques entre le Pérou et le Zimbabwe ont été établies le 30 avril 1986. Un mois plus tard, l’ouverture de l’Ambassade du Pérou a été établie dans sa capitale, le Conseiller Luis Sándiga Cabrera a été chargé de l’ouverture de la Mission. Bien que cette Ambassade ait fermé ses portes le 4 septembre 1990, c’est le siège péruvien qui a permis le développement de trois grands événements pour l’histoire politico-diplomatique entre les deux pays : la participation du Président de la République à la VIIIe Conférence du Mouvement des non-alignés en 1986, la première commémoration de la Journée de l’amitié péruvienne-africaine en 1988 et l’établissement de l’Accord de Coopération Technique, Scientifique, Économique et Commerciale la même année.

Accompagnons donc Monsieur Luis Sándiga dans son récit de la première célébration des fêtes nationales du Pérou à Harare, occasion qui a mis en évidence les liens cordiaux que notre pays entretient depuis lors avec le Zimbabwe. _____________________

Salutations du président de la République du Zimbabwe, Canaan Sodindo Banana, à l'occasion de la fête de l'indépendance du Pérou © Ministère des Affaires étrangères, 1986

Harare, 4 août 1986 Monsieur le Ministre d’État auprès du Bureau des Relations Extérieures Lima.-

Monsieur le Ministre : J’ai le plaisir de m’adresser à vous pour informer votre Bureau des activités menées par cette Ambassade pour commémorer notre Anniversaire National.

Un avis a été publié au préalable dans le quotidien local "The Herald", faisant connaître la communauté péruvienne résidant au Zimbabwe, l’ouverture de notre Ambassade et exprimant le désir d’établir un contact avec elle. Vous trouverez, ci-joint, une copie de l’avis de presse.

Ambassadeur Luis W. Sándiga Cabrera © Amb. Luis Sándiga

Pour la célébration de l’Anniversaire de la patrie, une quarantaine d’invitations ont été adressées aux membres du Ministère des Relations Extérieures, y compris aux plus hautes autorités. Conformément aux règlements de la Chancellerie locale, la liste suggérée par cette Mission a été faite à la connaissance préalable de la Direction du Protocole. De ce fait, des invitations ont également été

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adressées aux Chefs de Mission accrédités dans cette capitale. À cela s’ajoutent les invitations adressées aux membres des institutions officielles et de la presse locale, ainsi qu’à certains membres éminents de la communauté latino-américaine résidant à Harare. Au total, les invitations ont atteint cent onze.

La réception a eu lieu dans l’un des hôtels les plus prestigieux de cette capitale (L’Hôtel Meikles). L’un des salons de cet hôtel a été spécialement aménagé pour l’occasion. Environ quatre-vingt-dix personnes y ont assisté, ce qui est à noter, étant donné que, à la même date et à la même heure (12 méridien), le Ministre de la Justice, des Affaires Juridiques et Parlementaires, avait invité les membres du Corps Diplomatique pour la "Cérémonie d’Ouverture de la Réunion des Ministres de la Justice de la Communauté Britannique".

Au nom du Chancelier Mangwende, qui n’a pas pu assister pour s’être rendu à une réunion de l’OUA à AddisAbeba, MonsieurNdondo, Vice-Ministre Permanent de la Chancellerie, était présent.

Lors du discours du Chargé d’Affaires, monsieur Luis Sándiga, il a souligné que l’ouverture de l’Ambassade du Pérou au Zimbabwe marquait le début d’une amitié et d’une coopération durables entre les deux

Gouvernements. Aussi Il a porté un toast à la santé et la prospérité du Président et du peuple zimbabwéens.

En réponse à ces paroles, Monsieur Ndondo a également souligné le rapprochement de l’Amérique latine avec l’Afrique comme signe transcendant de l’Époque actuelle. Il a également porté un toast à la santé du Président du Pérou, Monsieur Alan García Pérez, ainsi qu’au peuple péruvien.

Dans un endroit spécialement aménagé pour cela, des diapositives ont été projetées avec vue sur les lieux les plus significatifs de notre Patrie, ce qui a attiré l’attention des participants.

Il convient de souligner en particulier la déférence particulière de l’assistance personnelle des Ambassadeurs de France, Grande-Bretagne, République Populaire de Chine, Suisse, Angola, Congo, Suède, Pakistan, Grèce, Égypte, Iran, Iraq, République Démocratique de Corée, Espagne, et autres fonctionnaires des Ambassades invitées.

Cette Mission estime que, compte tenu du peu de temps écoulé depuis l’ouverture de l’Ambassade du Pérou au Zimbabwe, la célébration de notre Anniversaire National a été un remarquable succès.

Que Dieu vous garde, S.M. Luis W. Sándiga Chargé d’Affaires

Communiqué de presse pour l’ouverture de l’Ambassade à Harare dans "The Herald” © Ministère des Relations Extérieures , 1986

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UNE INTERVIEW AVEC DON AMADOR BALLUMBROSIO MOSQUERA* DR. GIANCARLA DI LAURA CHERCHEUSE ET ÉCRIVAINE Don Amador Ballumbrosio Mosquera est né à El Carmen, Chincha (lea) le 26 novembre 1936. Fils de maman Isabel et papa Basilio, il a eu huit frères et sœurs. En plus d’être maçon et constructeur, Don Amador était un grand musicien – "zapateador" et violoniste - qui faisait sortir le son de la terre et du vent. Il était un grand pratiquant et fervent dévot de la "Peoncita" (petite péonne) ou Vierge du Carmel, Don Amador a vécu toute sa vie dans le district d’El Carmen et a été l’un des grands promoteurs de l’art afro-péruvien. Il a également toujours été un grand hôte car avec sa famille il a accueilli de nombreux artistes, chercheurs et musicologues nationaux et internationaux pour partager leur culture et leur musique.

Marié à Doña Adelina Guadalupe de Ballumbrosio, ils ont eu quinze enfants, qui ont tous encouragé et représenté l’art afro-péruvien. En plus d’être des artistes, des musiciens et des danseurs, ils sont aussi de grands maîtres de l’art culinaire.

Marcela, Celia et Alcisia sont celles qui font la promotion des plats dans les fêtes traditionnelles, tandis que Maria, Maribel et Lucy sont qui cultivent le plus les danses et la musique afro-péruvienne. Les frères qui vivent aux États-Unis ou en France et en Espagne sont ceux qui œuvrent à cultiver et à promouvoir la culture et jouent avec des groupes dans des centres culturels et musicaux. En 2001, Champita a eu un infarctus et à partir de ce moment - Juin - a quitté la vie publique et musicale et après avoir passé cinq mois à Chorrillos, Lima, il décide de retourner à sa terre, El Carmen.

Souhaitant à chaque fois l’arrivé du mois de juillet ou de décembre pour rendre hommage à la Vierge parce qu’il savait qu’à ces dates tous ses enfants et ses petits-enfants se réuniraient pour continuer à forger la tradition du "zapateo" [danse de claquettes] avec le "hatajo de zapateadores" [troupe de danseurs de claquettes]. Le 8 juin 2009, Don Amador est décédé à 9 heures du soir dans sa maison d’El Carmen, à Chincha.

jeté dans le canal et je ne savais pas nager. Je bougeais les pieds et les mains, quand ma tante est arrivée et m’a aidé à sortir de l’eau. Elle avait peur parce que son frère Basilio, mon père, allait lui crier dessus. Nous sommes arrivés à la maison et mon père lui a dit: "Que rien n’arrive à ton neveu".

Alors, elle est allée m’initier dans la fraternité de la Vierge du Carmel et depuis ce jour, j’ai assumé une responsabilité pour toute ma vie, de la servir et de l’aimer. Donc, s’il n’y a pas de roseau, je ne vais ni dans la rivière ni dans l’eau.

DI LAURA : D’où vient votre surnom, "Champita" ?

DI LAURA: Comment avez-vous commencé dans la musique?

BALLUMBROSIO MOSQUERA : Enfant, je passais toute la journée à la campagne, près de la nature. Je jouissais des sons du champ, du chant des oiseaux, du bruit de l’air, de l’eau qui coulait dans la rivière. Mais pour moi, jouer dans l’eau n’existait plus après qu’un jour j’ai failli me noyer. J’aidais ma tante dans le cotonnier. Nous ramassions du coton. Il faisait très chaud, il faisait vraiment chaud et mon cousin et moi avons décidé d’aller près du canal d’irrigation. Quand nous sommes arrivés, mon cousin, parce qu’il faisait le pitre, m’a

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Grâce à ma présence en tant que membre du groupe de zapateadores de la Vierge du Carmel, M. José Lurita est celui qui m’a offert mon premier violon, que j’ai baptisé "Josecito". J’aimais l’appeler par son propre nom pour qu’il ait une personnalité unique et authentique.

DI LAURA: Quel genre de travail faisiez-vous, Don Amador, pour nourrir une famille de seize ?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Contrairement à mes frères qui se sont consacrés à la campagne et au travail de récolte dans le cotonnier, très jeune j’ai été maçon de maisons et du cimetière municipal du district. J’ai construit beaucoup de maisons et j’ai affirmé à plusieurs reprises que "je n’ai jamais été, et ne serai jamais le pion de personne", je n’aimais pas travailler pour qui que ce soit.

J’étais mon propre patron. Puis, après la réforme agraire, j’ai eu une petite cabane où je travaille et où je trouve l’inspiration pour continuer à créer de la musique.

DI LAURA : Comment a été fondé le "hatajo de zapateadores"?

BALLUMBROSIO MOSQUERA : Le "hatajo de zapateadores", également connu sous le nom de "danse des petits-noires", a été fondé dans le but de célébrer la Vierge et ainsi les enfants à partir de quatre ans sont initiés à cette tradition de danse, de musique et de zapateo. À travers de mélodieuses strophes, l’harmonie du violon et du zapateo, les enfants et les Caporales manifestent et expriment leur amour pour la Vierge del Carmen.

DI LAURA: Quels sont les principaux jours de la fête de la Vierge du Carmel dans ce district?

PAGE 4 purification pour l’initié du corps et de l’âme.

De même, l’initié choisit un nom, avec lequel il est présenté et identifié dans cette nouvelle vie avec la Vierge.

DI LAURA: Quels musiciens ou artistes ont commencé à arriver chez vous à partir de la décennie des années soixante-dix ?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Beaucoup d’amis artistes venaient toujours chez moi, mais parmi ceux qui sont restés le plus longtemps à El Carmen ont été: Pititi (cajonero de Chabuca Granda), "Chocolate" Algendones, César Calvo et Miki González.

Avec eux j’ai noué une amitié fraternelle, surtout avec Miki car il s’agissait d’une relation très intense et productive.

DI LAURA: Quand Miki González apparaît-il dans El Carmen?

Don Amador Ballumbrosio Mosquera © Archives El Peruano, 1991

BALLUMBROSIO MOSQUERA : Le 16 juillet et du 24 au 28 décembre dont le point culminant est le 6 janvier, jour d’adieu et de combustion. À cette époque, il est célébré au moyen de musique noire comme le "festejo", le "landó", le "zapateo", le "panalivio" et le "contrepoint" à la patronne du village. Le hatajo de zapateadores guidés par les caporales, danse à travers des marches rythmiques et des zapateos dans tout le village et visitent diverses maisons, institutions et église. De même, ce hatajo est composé de trente enfants et jeunes, plus six caporales qui chantent, zapatean, jouent du violon et de la clochette.

DI LAURA: Comment un "petit-noir" commence-t-il à appartenir au hatajo?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Le candidat après avoir passé six mois d’entrainement dans lequel il apprend les rythmes de base du zapateo, il est conduit de sa propre volonté à l’initiation qui consiste à s’engager à zapatear pour la Vierge tout au long de son existence. Le candidat vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon sombre, une bande de couleur forte qui se croise et sur laquelle sont pendus quelques détenteurs ou de l’argent, plus la clochette et le "chicotillo" ou cordon c’est l’uniforme pour que tous les noirs soient égaux. Le jour de l’initiation, le candidat et sa marraine arrivent vers le chef du hatajo pour que celui-ci lui pose quelques questions de base. Pourquoi veut-il faire partie du groupe? Quelle est sa dévotion? Et enfin, il lui fait promettre de toujours rendre dévotion à la Vierge.

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Miki apparaît dans les années quatre-vingt. Il est venu pour connaître la musique noire. Il a voulu être avec moi pour échanger des sons. Le produit de cette relation était Akundun, le CD qui est devenu très célèbre dans les années quatre-vingt-dix.

DI LAURA: Quel était le projet musical suivant?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Après avoir joué avec Miki González, mes enfants Cochecho, Filomeno, Chebo, Camilo, Miguel, José, César, Beto et moi avons formé un groupe qui s’appelait "Los hermanos Ballumbrosio". C’était un très beau spectacle de musique, de danse et de zapateo. Quelque chose de différent qui n’avait jamais été vu auparavant à Lima car en plein spectacle, nous avons offert un numéro de contrepoint de zapateo, que les gens adoraient. Nous jouions toutes les semaines à Barranco et ailleurs à Lima. Nous sommes également allés à Cuzco et à la forêt amazonienne.

DI LAURA: D’autres anecdotes à partager?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Je me souvenais seulement quand une musicologue américaine est venue et elle voulait connaître chaque mouvement de moi. Puis très tôt, nous sommes allés à la ferme, et la fille avait mis un short et une chemise, les échassiers l’ont piqué partout. Ce jour-là, la musicologue apprit la chanson "Zancudito" (petit échassier) qui est un thème qui traite des piqûres des échassiers.

DI LAURA: Que porte l’initié?

DI LAURA: Champita, qu’est-ce que vous souhaitez le plus dans cette vie?

BALLUMBROSIO MOSQUERA: L’initié apporte une fleur, ce qui signifie que la bonne odeur l’accompagnera dans sa danse, et une poignée de sel qui est remise à l’initiateur et qui sert de

BALLUMBROSIO MOSQUERA: Rythme! Que l’on continue à cultiver le zapateo, que l’on continue le hatajo des petitsnoirs, et qu’ils célèbrent toujours la Vierge du Carmel.

* Cette interview a été réalisée le 8 juin 2006, à El Carmen, Chincha et publiée à l’origine dans Callaloo, Vol. 34, No. 2 (Printemps 2011), pp. 662-665.

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RECETTE : EMPANADAS (CHAUSSONS SALÉS) PÉRUVIENNES Selon Ruperto de Nola, les empanadas (chaussons salés) sont apparues en Espagne pour la première fois avec l’arrivée des Arabes d’Afrique du Nord dans la péninsule ibérique en 1520, dans le but de maintenir la viande en bon état pour aussi longtemps que possible.

Ce savoir est venu en Amérique dans la période coloniale et a généré autant de versions que les régions sont comptées sur le continent. Cette recette correspond à l’une des nombreuses versions péruviennes.

INGRÉDIENTS Pâte 1 kilo de farine non préparée 1 œuf 100 grammes de sucre 1 cuillère à café de levure 1 cuillère à café de sel 500 grammes de beurre 300 millilitres d’eau tiède

Farce : ½ kilo de viande de bœuf hachée 2 oignons rouges hachés 1 ail haché 2 cuillères à soupe de pâte de piment rouge (péruvien) 1 cuillère à soupe de pâte de piment jaune (péruvien) Persil haché au goût 3 œufs durs 8 unités d’olives noires 1 œuf pour badigeonner les chaussons Huile végétale (quantité nécessaire) Sel, poivre et cumin selon le goût

Décoration 20 grammes de sucre glace Citron en tranches

PRÉPARATION Pâte Placer la farine dans un bol au centre de celui-ci, verser l’œuf, le sucre, le sel et le beurre. Intégrer tous les ingrédients secs, puis rajouter l’eau peu à peu jusqu’à obtenir une pâte maniable. Placer la pâte sur le plan de travail et pétrir légèrement. Couvrir avec un film et porter au réfrigérateur pendant 1 heure.

Farce Chauffer une poêle avec un filet d’huile. Ajouter l’oignon, une pincée de sel, poivre et cumin. Laisser cuire jusqu’à ce que l’oignon devienne transparent. Puis, ajouter la pâte de piment rouge, la pâte de piment jaune et faire revenir pendant 5 minutes. Ajouter ensuite la viande hachée. Remuer et laisser cuire pendant 5 minutes supplémentaires. Rectifier l’assaisonnement. Retirer du feu et ajouter le persil. Réfrigérer.

Farcir les chaussons Sortir la pâte du réfrigérateur et saisir une portion. Travailler la pâte sur une table saupoudrée de farine. Étirer la pâte jusqu’à ce qu’elle soit bien fine. Presser avec un moule circulaire. Ajouter la farce de viande, œuf cuit et olives au goût.

Badigeonner les bords avec du blanc d’œuf ou de l’eau. Fermez les chaussons en appuyant à l’aide d’une fourchette.

Une fois que vous avez fini d’assembler les chaussons, les badigeonner d’un jaune d’œuf et porter au four préchauffé à 180 °C pendant 15 - 20 minutes. Laisser reposer pendant 3 minutes.

Servir saupoudré de sucre glace. Ajouter des tranches de citron.