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Wallis-et-Futuna

MATILITE VALAO, UNE WALLISIENNE ENGAGÉE

Prestataire en gestion d’entreprise et gérante du gite Oceania à Wallis, la jeune femme a représenté son archipel dans le cadre de la COP29, organisée en novembre 2024 par l’Université du Québec. Rencontre.

INTERVIEW

MATILITE VALAO, CHEFFE D’ENTREPRISE ET AMBASSADRICE DE L’ENVIRONNEMENT À WALLIS

Matilite Valao

• En 2024, vous avez bénéficié d’une formation de l’ONU dédié aux peuples autochtones ?

- J’ai obtenu une bourse dans le cadre du programme du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), dont la formation aide à mieux défendre les droits des populations autochtones. J’ai ainsi eu la chance de représenter mon archipel.

Une préformation s’est déroulée pendant 15 jours à l’Université du Québec, puis j’ai suivi une formation au rythme beaucoup plus effrené, pendant un mois, à Genève. Depuis mon retour, je m’engage à partager les connaissances acquises avec ma communauté, afin de l’aider à mieux défendre ses droits.

Par exemple, à Wallis-et-Futuna, nous faisons face à des problèmes liés au foncier. En ce qui concerne l’érosion littorale notamment, des enrochements sont effectués entre les propriétés privées des habitants et l’océan, sans que ces derniers n’aient été consultés. Certes, l’action est menée en raison de l’érosion, mais je m’interroge par exemple sur le devenir des projets qu’ont ces foyers sur le littoral. Les habitants doivent faire valoir leurs droits.

L’érosion côtière est très marquée à Wallis. Face à la montée du niveau de l’océan Pacifique, des pans entiers de plages ont disparu depuis ces dernières décennies.
© Matilite Valao
• Vous avez ensuite été sollicitée pour participer à la COP29 ?

- Oui, j’ai contribué à la préparation de la COP 29, sous forme de visioconférences entre experts de tous horizons, pour échanger sur les visions de chacun.

Ouverture de la formation donnée par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, par Tovar da Silva Nunes (à l’écran), ambassadeur et représentant permanent à l’ONU.
La France comptait à Genève 11 représentants des peuples autochtones.
• Quels messages avez-vous souhaité passer ?

- Il est important d’adapter les stratégies environnementales au contexte que nous vivons ici. Le changement climatique a fortement marqué nos rivages, l’érosion côtière est fragrante à Wallis, qui est une île plate, contrairement à Futuna. Avant, la mangrove nous protégeait. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et le récif, exposé de plein fouet, blanchit. La vie marine en souffre. Alors, l’action phare que je préconise, tout comme le STE, est la replantation de nos mangroves. Nous devons nous appuyer sur les solutions connues par les peuples autochtones et, pour cela, il convient de recenser les pratiques traditionnelles.

La replantation de palétuviers apparaît, pour Matilite Valao, comme une solution pour atténuer les effets du changement climatique dans l’archipel. Il est à noter qu’une expertise est primordiale dans ce domaine : souvent, dès lors que les pressions sur les écosystèmes sont écartées ou que les connexions hydrologiques sont rétablies, les milieux se regénèrent d’eux-mêmes.

Wallis est si petite, j’ai vraiment envie de la conserver. J’ai peur, car à Wallis, la mer est notre garde-manger. C’est effrayant l’impact du changement climatique. Il fait de plus en plus chaud, il y a beaucoup trop de voitures... Dans le cadre de la gérance du gîte, en tant que simple prestataire, je laisse des consignes aux clients : limiter l’usage des climatiseurs et bien aérer les pièces, réduire l’utilisation de l’eau, faire le tri, etc. J’essaie de mettre en place de petites actions.

Rédaction et interview : Stéphanie Castre
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