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Polynésie française

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LA PERLICULTURE POLYNÉSIENNE VICTIME DE SES PROPRES DÉCHETS PLASTIQUES

Bouées, cordages, grillages, filets… Les objets en plastique ont accompagné le développement de la filière perlicole en Polynésie française, sans que le secteur s’en inquiète. Aux Tuamotu, des milliers de tonnes de déchets ont été relevés sur chaque atoll. Le point sur la situation.

En 2003, une première étude réalisée à la demande du Service de la perliculture recensait les impacts de l’activité sur l’environnement. Les résultats ont montré que le collectage et le nettoyage avaient les effets les plus négatifs. Le collectage entraîne un transfert des épibiontes – organismes qui vivent sur d’autres êtres vivants – entre atolls lors des transferts de nacres, tandis que le nettoyage favorise leur dispersion et multiplication à l’intérieur du lagon.

Dans son rapport rendu fin 2021, la Chambre territoriale des comptes examinait la politique des ressources marines conduite par la Polynésie française depuis 2015. Elle a noté que la première reconnaissance visuelle des déchets par des plongeurs professionnels et une estimation du tonnage n’ont été diligentées à Takaroa que « 12 ans après le constat de pollution du lagon par les activités de production. »

Ramassage de déchets plastiques par les bénévoles de l’association Te Hotu No Te Fenua (« le fruit de la terre »).
© Temana Tevaitai

IDENTIFIER, RÉCUPÉRER, RETRAITER…

La prise de conscience se traduit dans le budget à compter de 2016, avec des études et actions conduites soit par la collectivité, soit dans le cadre du projet RESCCUE (Résilience des écosystèmes et des sociétés face au changement climatique), cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). Une estimation à Takaroa et Takapoto montre que 82 tonnes de déchets plastiques sont théoriquement produites chaque année par les fermes perlières, ainsi que 37 tonnes de bouées et 28 tonnes de cordes en polymère. Des travaux d’identification et de cartographie des stocks de déchets ont été menés également à Manihi et Ahe. Aujourd’hui, on évoque un stock historique cumulé depuis 40 ans de plusieurs milliers de tonnes par île perlicole et une production annuelle de déchets constante estimée à plusieurs centaines de tonnes par île.

L’évaluation des conséquences environnementales n’est pas simple en raison de la grande hétérogénéité entre les îles. La Chambre territoriale des comptes évoque « une connaissance des enjeux, des obligations réglementaires, des gisements et des filières très imparfaites puisque les natures et gisements de déchets produits, et a fortiori les procédés usuels de gestion correspondants, et des coûts associés, sont totalement ignorés des perliculteurs. » La Direction des ressources marines (DRM) travaille à la réduction des impacts

négatifs des fermes perlières. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatériaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un système de collecte des déchets perlicoles a été mis en place sur différentes îles afin qu’ils soient acheminés par bateau vers un centre d’enfouissement à Tahiti.négatifs des fermes perlières. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatériaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un système de collecte des déchets perlicoles a été mis en place sur différentes îles afin qu’ils soient acheminés par bateau vers un centre d’enfouissement à Tahiti.négatifs des fermes perlières. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatériaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un système de collecte des déchets perlicoles a été mis en place sur différentes îles afin qu’ils soient acheminés par bateau vers un centre d’enfouissement à Tahiti.négatifs des fermes perlières. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatériaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un système de collecte des déchets perlicoles a été mis en place sur différentes îles afin qu’ils soient acheminés par bateau vers un centre d’enfouissement à Tahiti.

négatifs des fermes perlières. Elle recherche des entreprises qui produisent des biomatériaux pour remplacer les grillages faits de plastique et assurer un suivi environnemental. Un système de collecte des déchets perlicoles a été mis en place sur différentes îles afin qu’ils soient acheminés par bateau vers un centre d’enfouissement à Tahiti.

L’équipe de Plastic Odyssey a effectué des tests à bord du navire en broyant des déchets plastiques issus de la perliculture. Elle a ensuite fabriqué des planches en plastique recyclé pour construire un banc qui a été offert à la communauté de l’atoll d’Apataki, dans les Tuamotu.
© Plastic Odyssey

TAIVINI TEAI : « ENCOURAGER LE RÉEMPLOI, LE RECYCLAGE ET L’INNOVATION »

Taivini Teai, ministre de l’Environnement, a participé le 11 février 2025 à l’ouverture du séminaire de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) Pacifique sur le thème de l’économie circulaire dans le Pacifique francophone. Il a rappelé l’importance de repenser les modes de production, de consommation et de gestion des ressources afin de construire une économie régénérative : « Nous devons sortir d’un modèle linéaire où nous prenons, consommons et jetons. Il est impératif de bâtir une économie où chaque matière est valorisée et chaque produit a une seconde vie. »

Taivini Teai, ministre en charge notamment de l’Environnement.
© Gouvernement de la Polynésie française

Cet événement est l’occasion de valoriser des initiatives locales telles que celles de l’association Tātā’i, qui développe un réseau de recycleries, ou encore de l’entreprise Biobase, pionnière dans la création de solutions alternatives aux produits plastiques.

On estime que 93 000 à 236 000 tonnes de plastique flottent à la surface des mers dans le monde, soit 5 000 à 50 000 billions de fragments, dont environ 90 % sont des microplastiques.
© RESCCUE / CPS

Récemment, le Pays a adopté une loi visant à réduire les produits à usage unique et s’apprête à déployer son Schéma territorial de prévention et de gestion des déchets (STPGD). « Ce schéma vise à encourager le réemploi, le recyclage et l’innovation », souligne Taivini Teai. Le document prévoit notamment une réduction de 30 % des déchets à enfouir d’ici 2032, mais également une baisse de 40 % du tonnage des déchets alimentaires enfouis d’ici 2032, ou encore une augmentation du tonnage de déchets recyclables collectés de 60 % d’ici 2030.

Rédaction : Damien Grivois
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