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LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES : 70 ANS D'ENGAGEMENT AU SERVICE DE LA SCIENCE ET LA BIODIVERSITÉ

Connues pour leur immense intérêt scientifique et écologique, les Terres australes et antarctiques françaises fêtent leurs 70 ans en 2025. L’occasion de faire (re)découvrir les missions de la collectivité d’outre-mer siégeant à Saint-Pierre, à La Réunion.

En Antarctique, l’année 2025 s’est ouverte sur une avancée scientifique majeure. La campagne de forage Beyond Epica, conduite par des scientifiques européens notamment issus du CNRS et de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV), a atteint de la glace datant de plus d’1,2 million d’années. Cette découverte permettra de reconstituer les évolutions du climat et la composition de l’atmosphère terrestre au-delà de 800 000 ans dans le passé.

Il s’agit là du dernier exemple en date de l’importance scientifique cruciale que revêt l’Antarctique à l’heure du dérèglement climatique et de la nécessité de s’investir dans cette région du monde très convoitée. La France compte en cela un avantage : les cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui fêtent leur 70e anniversaire.

Réunis sous une même collectivité depuis 1955, les archipels de Crozet et Kerguelen, découverts à la fin du XVIIIe siècle par des explorateurs français, la Terre Adélie, foulée par Dumont d’Urville en 1840, les îles Éparses et les îles Saint-Paul et Amsterdam offrent plus de 2 millions de km ² de zone économique exclusive (ZEE) à la France.

Cette année, les Terres australes et antarctiques françaises célèbrent leurs 70 ans ! Des Îles Éparses à la Terre adélie en passant par les îles subantarctiques françaises, l’administration supérieure des TAAF assure depuis 1955 des missions de souveraineté, de soutien à la recherche scientifique et de protection de la biodiversité exceptionnelle de ces territoires français du bout du monde.
© TAAF

NOTORIÉTÉ SCIENTIFIQUE

Ces territoires dotés d’une biodiversité unique abritent deux réserves naturelles nationales et forment la deuxième plus grande aire marine protégée au monde. Les îles Éparses abritent à elles seules plus de 3 750 espèces marines, tandis que les îles Australes – Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Asmterdam – accueillent plus de 50 millions d’oiseaux issus de 47 espèces, dont huit endémiques.

Grâce à ses stations scientifiques et météorologiques dont les premières datent des années 50, et à ses divers programmes de recherche, la France figure au premier rang mondial des publications scientifiques sur les régions subantarctiques et à la cinquième place concernant l’Antarctique. « Nos îles subantarctiques sont des lieux parfaits pour mesurer le plus justement possible, par triangulation, les mesures sismographiques de l’hémisphère Sud. Elles sont un formidable outil de suivi et de préservation de la biodiversité à travers, notamment, l’organisation de la pêche à la légine [poisson évoluant entre -300 et - 2 000 mètres] et les aires marines protégées », confirme Jimmy Pahun, député et membre du conseil consultatif des TAAF.

INVESTISSEMENTS NÉCESSAIRES

Malgré cet intérêt, les TAAF font toujours face à un déficit de notoriété. Pour mieux faire connaître ces territoires, l’administration des TAAF prévoit pour 2025 plusieurs événements, comme des expositions à La Réunion, ou encore le lancement d’une chaîne de podcasts et d’une page Instagram.

« Même si ce sont des territoires très lointains, il ne faut surtout pas que ce soient des territoires oubliés. [Je souhaiterais] qu’un jour, sur les cartes de France apprises par les enfants, figurent également les territoires des TAAF », confie Isabelle Autissier, navigatrice et présidente du conseil consultatif des TAAF.

Retour de l’île des Pétrels en Terre adélie. Les TAAF, qui célèbrent cette année 70 ans de vie en milieu isolé, représentent des terres de recherche scientifique, d’aventures humaines et de protection de l’environnement, pour les futures générations.
© Adrien Colomb

Sur le terrain, l’ambition française fait aussi face à plusieurs défis, auxquels le One Planet - Polar Summit de novembre 2023, a apporté quelques réponses. Emmanuel Macron y a multiplié les annonces, dont notamment la reconstruction de la très vétuste station antarctique Dumont d’Urville (DDU), ouverte en 1956, et la rénovation de celle de Concordia, cogérée avec l’Italie, mais aussi la construction d’un nouveau navire de recherche océanographique ou encore une hausse du budget français dédié à la recherche polaire.

Celui-ci devrait passer à un milliard d’euros d’ici 2030, soit deux fois plus que les 500 millions dépensés entre 2017 et 2023. Une mesure on ne peut plus nécessaire après des années de déficit chronique. En 2021, un rapport parlementaire alertait sur le budget de l’IPEV, de 16 millions d’euros par an jugé « beaucoup trop faible », au regard de la concurrence. Son homologue, l’Australian Antarctic Division étant, par exemple, doté de 88 millions d’euros par an. À ce jour, ces mesures n’ont toutefois pas été financées concrètement.

Les grandes dates de l'histoire des TAAF.
© TAAF

Enfin, un autre chantier majeur viendra modifier le paysage austral dans les prochaines années : le remplacement attendu du Marion Dufresne II, célèbre ravitailleur des districts qui fête cette année ses 30 ans, faisant à double titre, de 2025, une année symbolique pour les TAAF.

+ d’info ici : Le dossier de presse complet des 70 ans des TAAF (mise en ligne sur le site des TAAF prévue à compter de mi-mars)

Rédaction : Enzo Dubesset

UNE ACTUALITÉ MARQUÉE PAR L’INCENDIE QUI A RAVAGÉ L’ÎLE D’AMSTERDAM

L’après-midi du 15 janvier, l’incendie, dont l’origine reste inconnue, s’est déclaré à 2,5 kilomètres de la base Martin-de-Viviès près de la Pointe Bénédicte, dite « Pointe B », où est implantée l’une des stations de mesure de gaz à effet de serre les plus renommées au monde, la deuxième plus ancienne après Hawaï.

À Amsterdam, sur cette île parmi les plus isolées de la planète, réputée pour détenir des records de pureté de l’air, les flammes se sont rapidement propagées en direction de la base scientifique et sont devenues hors de contrôle. Faute des moyens nécessaires pour circonscrire les flammes, la décision s’est imposée d’évacuer toutes les personnes présentes sur place.

En campagne de pêche dans les eaux de Saint-Paul et Amsterdam, le caseyeur langoustier Austral a été dérouté à la demande de la préfète, administratrice supérieure des TAAF. Les 31 personnes qui travaillaient sur l’île d’Amsterdam ont pu être embarquées à son bord le 16 janvier à l’aube, avant de rejoindre le Marion Dufresne, lui-même dérouté pour prêter main forte à l’opération de secours.

Attisé par des vents violents, ce feu de végétation qui s’est déclaré le 15 janvier 2025 a menacé les bâtiments de la base Martin-de-Viviès.
© TAAF

LES FEUX, D’UNE AMPLEUR INÉDITE, AURAIENT RÉDUIT EN CENDRES PLUS DE LA MOITIÉ DE L’ÎLE

Selon un premier bilan de l’administration des TAAF, qui s’appuie sur des images satellites, 55 % de l’île – de 58 km2 – aurait été décimé. Plusieurs espèces endémiques sont menacées. L’île héberge notamment 65 % de la population mondiale d’albatros à bec jaune, ainsi que l’albatros d’Amsterdam, en danger d’extinction avec 63 couples reproducteurs dénombrés et qui allait entrer en période de reproduction. Amsterdam abrite aussi le Phylica arborea, seul arbre des Terres australes françaises, dont la précieuse pépinière est partie en fumée.

Le 7 février, une mission de reconnaissance a quitté La Réunion sur le Floréal, frégate de la Marine, afin d’estimer les dégâts de l’incendie, d’enquêter sur ses causes et d’envisager la réouverture de la base.

+ d’info ici : Reportage de TF1 du 14 février 2025

Rédaction : Stéphanie Castre
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