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Île de La Réunion
LES SCOUTS DE LA RÉUNION À L’ASSAUT DE L’OCÉAN
Malgré sa situation dans l’océan Indien entre Maurice et Madagascar, La Réunion ne s’est jamais tournée pleinement vers le grand bleu. C’est ce qu’ont constaté les Scouts de France de l’ouest de l’île, seuls scouts des outre-mer français à ne pas exercer d’activités maritimes et nautiques. Une tribu marine en train de grandir « ti pas, ti pas ».
Tout commence il y a deux ans quand Tony Pipard, enseignant d’arts appliqués au Port, s’est rendu aux portes ouvertes du mouvement. « J’ai toujours voulu être scout, mais cela n’a pas été possible pour moi. J’avais donc fait les démarches pour y inscrire mes deux filles, mais faute de chef scout, on nous a mis sur liste d’attente. Je me suis porté volontaire et ma femme Josette m’a emboîté le pas quelque temps après. »

« SENSIBILISER LES JEUNES RÉUNIONNAIS AU MONDE DE L’OCÉAN »
Breton et petit-fils de pêcheur, Tony Pipard a eu envie de créer cette tribu de scouts marins. « Le but est d’abord de sensibiliser au monde de l’océan, c’est pour cela que l’on a organisé un tour de l’île sur le patrimoine marin de La Réunion ».
Reboisement des plages pour favoriser le retour des tortues marines avec l’aide du centre Kélonia de Saint-Leu, initiation à la pêche, kayak... Les jeunes ont également été immergés dans l’histoire de leur île, avec notamment la visite du Lazaret de La Grande Chaloupe, lieu de quarantaine érigé au XIXe siècle afin d’éviter la propagation d’épidémies, et où étaient isolés les engagés venus travailler sur l’île après l’abolition de l’esclavage. « Sur les 37 jeunes qui étaient présents, seulement sept connaissaient cette partie de leur histoire. »

Camps en bord de mer, brevet de natation, certificat d’aisance aquatique et sauvetage en eaux vives, tel est le programme pour préparer au mieux les futurs matelots avant de les confronter à l’océan. Le souhait de Tony Pipard est d’organiser deux à trois sorties à voile par mois cette année, mais cela a un coût : « Il nous faut trouver des partenaires et, par ailleurs, des accompagnants pouvant former les jeunes de la mécanique à la navigation. L’idée, c’est aussi d’acheter des kayaks pour rendre cette activité accessible à tous. On a estimé à 10 000 euros le budget nécessaire, dans un premier temps, pour véritablement réussir à lancer notre activité. »

FORMER LES CITOYENS DE DEMAIN
Selon Josette Séraphin Pipard, également chef scout et enseignante, cette nouvelle tribu de scouts marins est surtout un prétexte pour accompagner au mieux des jeunes de tous milieux. « Le service militaire offrait l’opportunité aux jeunes d’acquérir une certaine autonomie vis-à-vis de leur famille, tout en assurant la mixité sociale. Le scoutisme peut permettre cela. On forme également ces jeunes pour qu’ils puissent décrocher le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA), puis devenir directeurs de camps et, enfin, chefs scouts. Dans le scoutisme, un jeune est formé à devenir un citoyen. »

Xavier est un scout de 12 ans, collégien à La Possession. D’année en année, il a fait tomber les clichés sur ce mouvement auprès de ses camarades. « J’étais le seul scout du collège ; au début, ils voyaient les scouts comme un truc de zoreils [gens venus de métropole, NDLR] alors qu’il y a de tout, des Blancs, des Malgaches, des Chinois, des Malbars [descendants d’engagés venus de l’Inde, NDLR] à l’image de La Réunion. On devient débrouillard, autonome. Maintenant, je sais faire à manger pour toute la tribu et j’adore passer des moments avec eux en pleine nature. » Et les activités ne manquent pas. Par exemple, le 30 mars, les scouts encadreront le Trail de la trisomie 21. Puis ils participeront au reboisement de la réserve du Maïdo, l’un des sommets les plus emblématiques de l’île.

Rédaction : Pierre-Yves Fouché