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Édito

PAR FLORENCE JEANBLANC-RISLER, PRÉFÈTE, ADMINISTRATRICE SUPÉRIEURE DES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES (TAAF)

L’année 2025 marque un jalon important dans l’histoire des Terres australes et antarctiques françaises, qui célèbrent le 70e anniversaire de leur collectivité, mais également les 30 ans du Marion Dufresne II.

Créée par la loi n ° 55-1052 du 6 août 1955, la collectivité des TAAF administre cinq districts s’étendant sur plus de 80 % de l’hémisphère Sud entre le 11 e parallèle dans les îles Éparses et le 66e parallèle en terre Adélie. Cela représente 20 % du domaine maritime français et 2,3 millions de km ² de zone économique exclusive (ZEE) qui octroient à la France la position de 2e puissance maritime mondiale.

Depuis 70 ans, ces territoires d’exception, qui abritent l’une des plus fortes concentrations et diversités d’oiseaux et mammifères marins au monde, accueillent chaque année, selon les bases, entre 40 et 100 personnels techniques, scientifiques et militaires chargés de préserver ces sanctuaires de biodiversité, de conduire des programmes scientifiques de première importance en matière de compréhension des changements globaux, et d’assurer la souveraineté de la France.

Ces dernières années ont permis de reconnaître la valeur exceptionnelle de ces territoires à l’échelle nationale et internationale avec l’inscription des Terres et mers australes sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 2019 – bien universel le plus vaste au monde depuis son extension en 2024 –, la création de la Réserve nationale naturelle des Glorieuses en 2021 ou encore l’extension de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises en 2022. Avec le projet en cours de création d’une réserve naturelle nationale à l’échelle de l’ensemble des îles Éparses, les Terres australes et antarctiques françaises seront entièrement couvertes par un statut de protection fort de l’environnement. La valeur intrinsèque de la terre Adélie est également reconnue dans le cadre du Protocole de Madrid au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement. Tout cela constitue une belle reconnaissance, mais aussi, et surtout, une grande responsabilité pour les TAAF, qui doivent garantir la protection de ces environnements exceptionnels, à travers des plans de gestion adaptés aux enjeux.

Cet anniversaire, c’est également 70 années d’aventures humaines extraordinaires qui ont laissé un patrimoine culturel riche, dont nous nous efforçons d’assurer et de valoriser la mémoire. À l’heure où nous soufflons nos 70 bougies, nous nous tournons vers les enjeux majeurs qui nous attendent pour les prochaines décennies, notamment l’adaptation de nos bases au changement climatique, qui concerne de façon très directe ces territoires : recul du trait de côte dans les îles Éparses, fonte du glacier Cook à Kerguelen à l’horizon 2100, feux de végétation... La réduction de l’impact des activités humaines dans ces territoires isolés et la décarbonation de nos moyens constituent également un enjeu fort, notamment en matière de transport maritime. Enfin, la consolidation de nos relations avec les pays du Sud de l’océan Indien et les pays signataires du Traité sur l’Antarctique permettra de garantir un cadre propice à la protection de l’environnement, à l’exploitation durable des ressources halieutiques et à la collaboration dans le domaine de la recherche scientifique.

Enfin, je saisis l’opportunité qui m’est donnée dans cet édito, pour saluer le courage des hivernants du district d’Amsterdam qui ont fait face à un violent incendie mi-janvier, et la formidable solidarité maritime qui a permis de les évacuer et les mettre à l’abri dès les premières heures de la crise.

Florence Jeanblanc-Risler
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