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Wallis-et-Futuna
LES « ENFANTS DU LAGON » À WALLIS : CONNAÎTRE LA BIODIVERSITÉ POUR MIEUX LA PROTÉGER
Depuis 2012 sur l’île de Wallis, l’association « Les enfants du lagon » sensibilise les jeunes générations aux richesses du milieu marin et à la nécessité de préserver la biodiversité. Rencontre avec le créateur et président de cette structure dynamique, Pascal Nicomette.
L’association est principalement subventionnée par le service territorial de la Jeunesse et des Sports. Son fondateur est un photographe retraité depuis huit ans, Pascal Nicomette, et moniteur passionné de plongée sous-marine qui anime un centre de plongée à Wallis et affiche des milliers de plongées dans l’archipel, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et bien d’autres spots internationaux. Il intervient régulièrement dans les écoles pour des campagnes de sensibilisation à l’aide de vidéos et de présentations Powerpoint.
UN COMBAT À MENER
« Ce matin, je suis intervenu pendant trois heures dans une classe de 6e sur la question de la protection des tortues », nous informait début avril Pascal Nicomette.
« Les tortues sont très importantes pour l’écosystème, car ce sont de grandes nettoyeuses, mais hélas, nous sommes encore confrontés ici à du braconnage. La chefferie partage notre combat contre les braconniers. Nous sommes un des rares sites de ponte au niveau mondial de tortues imbriquées. » Autre cheval de bataille de l’association Les Enfants du Lagon : la lutte contre la pollution des plastiques. « Ces déchets viennent souvent d’autres archipels comme Samoa », dénonce Pascal Nicomette. « Nous en avons ramassé plus de 70 kg en une seule journée. »

WALLIS INDEMNE DES ÉTOILES DE MER ACANTHASTER
Mieux connaître pour mieux protéger, c’est le credo de l’association qui organise aussi des sessions d’apprentissage de la nage avec palmes, avec des cours de biologie marine. À raison d’une centaine d’enfants par an, ce sont environ 1 000 petits Wallisiens qui ont bénéficié d’une sensibilisation au milieu marin depuis 10 ans. Le lagon de Wallis présente peu de dangers : pas de poissons-pierre – ou alors rarissimes –, pas de requins bouledogues, mais quelques pointes noires, pointes blanches et requins gris.
L’île est par ailleurs indemne des étoiles de mer Acanthaster, vrai danger pour le corail puisqu’elles se nourrissent des polypes et parfois d’autres animaux comme les éponges, des mollusques et d’algues [les fameuses « taramea » à Tahiti]. Au large du récif, les Wallisiens peuvent parfois apercevoir quelques dauphins, voire même les baleines à bosse dans leur long périple annuel.
Fin avril, l’association a organisé une séance de sensibilisation à la biodiversité marine dans une école, puis une session de nage avec palmes sur l’îlot Saint-Martin, avec une classe de collège.
INTERVIEW
PASCAL NICOMETTE, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION LES ENFANTS DU LAGON, À WALLIS
Vous vivez à Wallis depuis plus de 30 ans, avez-vous observé des effets directs du dérèglement climatique ?
- Oui. Tout d’abord, on a eu un pic de température important en 2023, l’eau a été enregistrée à +32 °C à plus de 20 mètres de fond, ce qui est énorme. Beaucoup de coraux ont blanchi, mais surtout le lagon a été envahi par des cyanobactéries, sorte de fausses algues nocives qui vont s’accrocher aux coraux branchus notamment, puis les étouffer. Wallis a donc subi une perte importante de coraux, pratiquement 40 %, y compris dans certaines zones de la barrière récifale.
Mais la bonne nouvelle, c’est que depuis environ six mois, le corail repart, il trouve une solution, une résilience énorme. En particulier les coraux de type Acropora, de type branchus. J’ai eu la chance d’accueillir la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui est l’organisme mondial de contrôle des récifs coraliens. Ils ont prédit qu’au terme d’une décennie, le lagon de Wallis pourrait avoir retrouvé son état original, et c’est vrai qu’à l’extérieur les coraux sont en très bonne santé.
Des amis de Mayotte et de La Réunion m’ont envoyé des photos des coraux dans leur lagon, c’est catastrophique au niveau mortalité. Nous avons à Wallis des campagnes de bouturage de corail, ça fonctionne bien et en plus, c’est très éducatif.
Rédaction et interview : Damien Grivois
+ d’info ici : Page Facebook de l’association