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Département de Mayotte

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LES CULTURES, L’ÉLEVAGE ET LES EXPLOITATIONS AGRICOLES APRÈS LE PASSAGE DE CHIDO

Le cyclone tropical intense Chido a causé d’immenses dégâts, tant sur les plans humain qu’environnemental et matériel. Une dure épreuve pour toute l’île et notamment pour le secteur de l’agriculture, qui a fait l’objet d’une campagne d’évaluation.

L’ensemble de Mayotte a été dévasté par Chido, qui a balayé l’île le 14 décembre. Tous les secteurs sont impactés et, parmi eux, l’agriculture, qui se distingue par son rôle clé dans l’économie locale, où elle représente 3,6 % du PIB, contre 1,8 % dans l’Hexagone. Alors que ce pan majeur de l’économie locale participe à la souveraineté alimentaire, à la préservation des paysages et des écosystèmes, et face à l’urgence de la situation, une évaluation rapide, précise et exhaustive des pertes agricoles s’est imposée comme un préalable essentiel à l’estimation des besoins « post-cyclone ».

C’est dans ce contexte que la CAPAM – Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte – avec l’engagement de ses agents, a pris l’initiative de mener une large campagne d’évaluation des impacts du cyclone Chido sur les exploitations agricoles. Cette analyse s’appuie sur des données collectées par la Chambre, en concertation avec les acteurs locaux et sur des ressources documentaires et statistiques notamment issues de la DAAF.

Le cyclone Chido, survenu le 14 décembre 2024, a infligé des pertes catastrophiques à l’agriculture de Mayotte, touchant l’ensemble des entreprises et structures agricoles du territoire. Les bananeraies à elles seules ont accumulé 59 millions d’euros de pertes.
© CAPAM

QUELS IMPACTS DE CHIDO SUR LES PRODUCTIONS AGRICOLES ?

Les pertes agricoles liées au cyclone sont estimées à 296,3 millions d’euros, réparties entre la production (154,2 millions d’euros) et les moyens de production (142,1 millions d’euros) incluant les coûts de replantation pour les cultures pérennes – cocotiers, citronniers, orangers... – et les infrastructures agricoles détruites. « Cette évaluation est une étape déterminante pour documenter les pertes, orienter efficacement les mesures de soutien aux agriculteurs, et renforcer à moyen terme la résilience du secteur agricole face aux aléas climatiques », estime la CAPAM.

D’après cette collecte de données ayant mobilisé une dizaine d’agents de la CAPAM et 14 enquêteurs terrain, les pertes de culture post-Chido s’élèvent sur toute l’île à 137 millions d’euros. Parmi elles, la banane et le manioc représentent respectivement 59 et 40 millions d’euros de pertes, recensées au sein de 4 312 exploitations. Quant aux dommages de production en élevage bovin, ils sont de l’ordre de 7,2 millions d’euros. Les volailles ont elles aussi été très fortement impactées, avec 8,85 millions d’euros de pertes. Autre chiffre marquant : un manque à gagner de 69,5 millions d’euros sur sept ans a été mis en évidence pour reconstituer le plein potentiel des cultures arboricoles de tubercules, coco, orange, papaye et citron.

Des dispositifs d’aides ont été validés, dont un forfait de 1 000 euros versé à chaque adhérent de la MSA (Mutualité sociale agricole) à Mayotte, mais aussi un soutien de 15 millions d’euros du ministère des Outre-mer pour compenser les pertes de récolte et de production, ou encore un accompagnement aux investissements dans le cadre du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

D’après cette collecte de données ayant mobilisé une dizaine d’agents de la CAPAM et 14 enquêteurs terrain, les pertes de culture post-Chido s’élèvent sur toute l’île à 137 millions d’euros. Parmi elles, la banane et le manioc représentent respectivement 59 et 40 millions d’euros de pertes, recensées au sein de 4 312 exploitations. Quant aux dommages de production en élevage bovin, ils sont de l’ordre de 7,2 millions d’euros. Les volailles ont elles aussi été très fortement impactées, avec 8,85 millions d’euros de pertes. Autre chiffre marquant : un manque à gagner de 69,5 millions d’euros sur sept ans a été mis en évidence pour reconstituer le plein potentiel des cultures arboricoles de tubercules, coco, orange, papaye et citron.

Adjibou Grimaldine, responsable du service élevage à la chambre d’agriculture de Mayotte :

L’étude initiée par la CAPAM a révélé des besoins immédiats dont, en santé animale, les traitements de parasites, soins des pieds, complémentation minérale et vitaminique... De plus, les éleveurs manquent de fourrage grossier et de luzerne déshydratée, tandis que les matériels de traite et de conservation du lait font défaut aux exploitants laitiers. Il s’avère urgent aussi d’améliorer le bien-être animal, par l’apport de citernes d’eau pour l’abreuvement et de bâches d’ombrage. En tant que coordinateur du Groupement des producteurs de bovins de Mayotte, présidé par Mouhamadi Abdou Chebani, je tâche d’apporter au quotidien mon soutien aux éleveurs de l’île.
Je salue ici l’appel à projets lancé par le Département de Mayotte [du 14 février au 15 avril 2025], pour soutenir prioritairement les filières à cycles courts – volaille et maraîchage – et la filière laitière, mais aussi aider à reconstruire nos infrastructures agricoles.

Mouhamadi Abdou Chebani, président du groupement des producteurs de bovins de Mayotte :

Rien ne tenait plus debout en termes d’agriculture et d’élevage après le cyclone, c’était le chaos. On commence tout juste à voir les fruits à pain, les jacquiers, etc. donner un peu de vert. Sur mon exploitation de 3,5 hectares à Bandraboua, j’ai perdu une vache, neuf petits ruminants et la plupart de mes pieds de vanille.
Représentante des agriculteurs mahorais, la CAPAM assiste activement ces derniers dans le montage des dossiers de demande d’aides. Pour cela, nos agents sont mobilisés à Mamoudzou, Hamjago, Coconi et Combani. Parmi les versements attendus, celui du ministère des Outre-mer, qui transite par la DAAF, va indemniser les exploitants à hauteur de 4 500 euros par hectare. Du 1er avril au 15 mai, nous allons aussi accompagner les agriculteurs dans leurs demandes auprès de la PAC. Ce soutien est fixé à 900 euros par hectare pondéré, c’est-à-dire travaillé, et à 1 000 euros pour les cultures de vanille et d’ylang.
Rédaction : Stéphanie Castre
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