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AFD
PROTÉGER ET RESTAURER LES RIPISYLVES DE LA RIVIÈRE NÉRA DE MANIÈRE PÉRENNE
En Nouvelle-Calédonie, l’Agence française de développement (AFD) finance, grâce à l’Initiative Kiwa, un projet innovant porté par le WWF visant à protéger et restaurer les cordons boisés au bord du fleuve côtier de la Néra, dans la province Sud, en utilisant des solutions fondées sur la nature : le projet « PERENNE ».
L’Initiative Kiwa est un programme multibailleurs lancé en 2020 par l’AFD, afin de renforcer la résilience au changement climatique des États insulaires du Pacifique grâce aux solutions fondées sur la nature.
Ce programme réunit de manière inédite des contributions de l’AFD, de l’Union européenne, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, ainsi que trois partenaires clés : la Communauté du Pacifique (CPS), le Programme régional océanien pour l’environnement (PROE) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Il permet de répondre aux défis de société et propose à 18 pays et territoires du Pacifique, dont les trois territoires ultramarins français – Polynésie française, Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna – de soutenir des initiatives à l’échelle régionale ou locale, comme le projet PERENNE.

UN PROJET QUI PRÉSERVE LA BIODIVERSITÉ...
L’objectif principal de PERENNE est de préserver et d’aider à la régénération des berges boisées de la rivière Néra, qui sont sujettes à l’érosion notamment lors des pluies cycloniques. Au-delà de la perte de biodiversité terrestre, ces écoulements boueux pourraient à terme étouffer les récifs coralliens du lagon.
Œuvrer à la restauration de ces écosystèmes contribue donc à améliorer non seulement la santé des cours d’eau, mais aussi des récifs coralliens.
... ET ÉRIGE L'ARBRE EN PARTENAIRE DE L'AGRICULTURE CALÉDONIENNE
En limitant l’érosion des berges, PERENNE concourt également à limiter la perte des terres agricoles, et positionne ainsi les agriculteurs du bassin versant de la Néra comme véritable partie prenante de ce projet de protection de la biodiversité.
Après un premier volet dédié à améliorer les connaissances de ces forêts particulières, le projet PERENNE se concentre aujourd’hui sur la mise en place de neuf chantiers de restauration en partenariat avec les agriculteurs, pour tester des techniques de génie végétal. Lors des premières opérations, 2 500 arbres ont déjà été plantés, dont les racines maintiendront les rives de la Néra et de ses affluents.
Le troisième volet du projet mobilise les enfants de Bourail au chevet de leur ripisylve. Il assurera in fine la promotion des résultats obtenus avant le lancement de « PERENNE 2 », futur projet de suivi, consolidation et extension des chantiers de restauration au bénéfice également d’autres berges et bassins versants.
INTERVIEW CROISÉE
AURÉLIE AHMIM-RICHARD, CHARGÉE DE MISSION RÉGIONALE BIODIVERSITÉ ET CLIMAT À LA DIRECTION RÉGIONALE OCÉAN PACIFIQUE DE L’AFD, ET HUBERT GÉRAUX, EXPERT CONSERVATION ET PLAIDOYER AU BUREAU NOUVELLECALÉDONIE DE WWF FRANCE


• Que dire de la dimension humaine du projet, au-delà de l’aspect « restauration » ?
Hubert Géraux - PERENNE est un projet que nous coanimons avec la Chambre d’agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie et autour duquel s’est créée une vraie communauté d’action pour la nature : les agriculteurs riverains, des associations pépiniéristes comme Wa Ereteu – qui rassemble les femmes de la tribu de Gohapin – et Bwärä Tortues marines, de même que la commune, le Gouvernement, la province Sud, les instances coutumières, le Conseil de l’Eau, la ZCO, le CIE, le RSMA, des collégiens de Bourail « ambassadeurs des ripisylves »... C’est humainement très riche !
Aurélie Ahmim-Richard - Pour illustrer cet aspect fédérateur, le dernier comité de pilotage a eu lieu en septembre 2024, quelques mois après les événements qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie et, malgré le contexte que nous connaissons, pour relancer le projet, tous les acteurs se sont mobilisés. Le WWF a vraiment su créer du lien entre eux.

• Les événements sociaux n’ont donc pas remis en question le projet PERENNE ?
Aurélie Ahmim-Richard - Alors que le projet bénéficiait à l’origine d’un financement de 300 000 euros de l’Initiative Kiwa, l’AFD et l’UICN ont accordé une enveloppe additionnelle de 100 000 euros pour qu’il puisse se poursuivre, après plusieurs mois d’arrêt. Ce montant permettra de continuer les travaux engagés en faveur de la connaissance, de la restauration et de la communication diffusée quant aux solutions fondées sur la nature en Nouvelle-Calédonie.

Hubert Géraux - PERENNE a effectivement connu un coup d’arrêt en mai 2024, et nous avons dû organiser un nouvel agenda de travail. Bien que les chantiers aient été reportés, nous avons pu compter avec le soutien et la confiance de l’AFD et des autres bailleurs de l’Initiative Kiwa pour poursuivre le projet jusqu’en décembre 2025. Avec le recul et malgré les difficultés liées à cet arrêt temporaire, voir toute cette communauté d’acteurs, notamment les agriculteurs et les financeurs, désireux de poursuivre l’aventure, ça a été un des temps vraiment forts du projet !
+ d’info ici : Le projet PERENNE