L'Appétit du Croque-mort

Page 1

(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

1


2


L’APPÉTIT DU CROQUEMORT [Sous-titre]

3


Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

4


MEL ESPELLE

L’APPETIT DU CROQUEMORT

5


Polymnie ‘Script

6


© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

7


[Dédicace]

8


[PrĂŠface]

9


Chapitre 1

Je suffoquais dans le coffre de sa voiture. Il a fini par s’arrêter. La panique me saisit. Mais que pouvaisje faire avec mes poings liés et le scotch sur ma bouche. Le coffre s’ouvrit enfin et la lumière du jour m’éblouit. Il avait cette vieille caisse, une Dodge des années 2001 à la carrosserie écaillée. Il avait tout prémédité jusqu’à cette forêt loin de toute civilisation. On marcha en direction d’u cabanon abandonné. A plusieurs reprises je manquais de tomber et lui de me retenir énergiquement par le bras. Oh Mon Dieu ! Mon Dieu ! On lira dans le journal : Corps d’une jeune femme retrouvée en foret par un garde chasse. Le corps mutilé ne permet pas d’identification possible. La panique me saisit et ma vessie se vida entre mes jambes. Je n’avais pas de chaussures aux pieds, pas de pull et encore moins un pantalon. Il était difficile de marcher sur les brindilles, ronces et écorces d’arbres. « Viens par ici ! » Pourquoi prendre le risque de me déplacer en plein jour ? C’est bien la preuve qu’il n’y avait personne à des kilomètres à la ronde. Depuis combien de temps avions-nous roulé ? Il me poussa à l’intérieur de la bâtisse et barricada la porte derrière lui. « Je suis désolée Eunice quelques précautions s’imposent ! » Il me menotta à un tuyau d’évacuation et derrière la fenêtre tirait sur sa cigarette avec nonchalance. Attendait-il quelqu’un ou quelque chose ? Puis il vint s’accroupir derrière moi après avoir mis le

10


mégot de sa cigarette dans un étui prévu à cet effet. De nouveau la panique me submergea. « Je sais que tu seras une gentille fille et que tu ne me causeras pas le moindre ennui, n’est-ce pas ? Je vais bien m’occuper de toi. » Il sortit. L’occasion pour moi de me hisser le long de la colonne et tenter d’attraper son holster posé sur la table. Il pourrait s’agir d’Eunice B. Kinsinger connue des Services sociaux et des Forces de l’Ordre des Etats du Kentucky et de la Pennsylvanie. Il revint plus vite que je ne l’aurais imaginé. Il était précautionneux et effacerait toutes les traces de notre passage ici. Il consulta sa montre. « Je vais ôter le scotch, il faut que tu boives un peu. » il mit un effervescent dans le gobelet qu’il submergea d’eau avant de le porter à mes lèvres ; Je me débattis en vain car il parvint à me faire finir le contenu du verre en plastique. « C’est parfait, tu vas faire un long dodo maintenant. Tu en as besoin. » Quand enfin mes yeux s’ouvrirent, je fus incapable de me souvenir de quoique se soit. Allongée sur une bâche en plastique recouvrant le parquet j’éprouvais des difficultés à inspirer. Lui se tenait derrière la table, lisant un bouquin de Faulkner. « As-tu bien dormi ? Tu es encore dans les vapes à ce que je vois, déclara-t-il en claquant des doigts sous mes yeux. C’est sans importance, on n’est pas pressé…. » la nausée gagna mes lèvres. Je vomis de la bile. J’espérais vraiment que les recherches aboutiraient et que mon ravisseur finirait exécuté dans une prison fédérale. Je vins à fermer l’œil et Il me fixait avec intensité. Je sais qui il est. Son nom est Donovan et il est en sixième année de médecine. Souvent il venait rendre visite à ma grand-mère logeant au-dessus de son appartement. Pas le genre de résident à faire des histoires, il est plutôt du genre discret. Il a une petite amie, également étudiante en médecine et bien qu’on ne les voie jamais ensemble on

11


savait qu’ils se fréquentaient. Il a probablement eu pitié de ma situation ; celle d’une adolescente enfermée dans ce genre de vie peu reluisante. Il ôta sa veste pour la poser sur mes épaules et doucement me serra tout contre lui. « S’il te plait, laisses-moi m’en aller Scott, je ne dirais jamais rien à personne….Je t’ai toujours apprécié, tu sais. » Un rictus apparut à la commissure de ses lèvres, il se fiche bien de ce que j’ai à lui raconter et le nez plongé dans on bouquin il ne me calcule déjà plus. « Dis-moi ce dont tu as besoin. Ma famille n’est pas riche mais elle pourra payer. —Tu sais tu ne manqueras à personne Eunice. Avant qu’on ne se fréquente tu n’avais déjà pas d’amis alors penses bien que tu n’en auras pas d’avantage une fois que je me serais débarrassé de toi. » Cette sentence m’emplit de terreur ; cependant je devais rester forte et ne surtout pas céder à la panique. Il ferma son livre pour ouvrir son portable et faire glisser son doigt sur l’écran tactile. « j’ai envie d’aller faire pipi. —Il va falloir que tu apprennes à te retenir, tu es une grande fille plus un bébé ! Et pitié arrêtes de me parler ta voix m’insupporte bientôt tu vas te mettre à pleurer et supplier que je t’épargne. Combien de temps arriveras-tu à tenir avant de te mettre à chialer et pisse partout comme une chienne enragée ? Franchement EUnice entre toi et moi pensais-tu vraiment que je t’épargnerais ?

« Il y a quelqu’un ici ? Gerry, viens voir ! » Mon cœur s’emballa et malgré tout je fus incapable de leur répondre. « Qu’est-ce qu’il y a Chris ? Il n’y a

12


personne ici. si tu as remarqué des empreintes de roues sur le sentier, sois sûr qu’il n’y ait plus personne ici. Tu vois comme moi, ce cabanon est désert ! » Le type tenta d’ouvrir le cabanon mais en vain. Au secours ! Non, ne partez pas ! Je suis ici ! « Je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas, il y a comme quelque chose de malsain ici. C’est palpable. —Ecoutes Chris, soupira l’autre, je t’adore vraiment mais quand tu te mets à parler comme ça, tu me fais vraiment flipper tu sais. Que crois-tu qu’il y ait ici, hein ? C’est une vielle cabane de coureurs de bois, rien d’autres ! Allez maintenant on se tire ! —Chut ! Tu as entendu ? » Alors je me remis à frapper contre le bois de mon poing. Aurait-il l’idée de fouiller sous le cabanon ? « C’est un rongeur vieux, te voilà rassurer maintenant ? » Le silence retomba bien vite et désespérée je fonds en larmes. J’allais mourir ici. Que c’est con la vie ! Plus tard j’entendis un bruit. Etait-ce mon ravisseur ? Non ! Les pas semblaient plus hésitants. Le cadenas sauta et entra un homme dont je devinais la présence au-dessus de ma tête. Sa lampe torche balaya l’obscurité. Il savait que quelque chose clochait ici, mais il ignorait quoi. Pour cela il devait continuer à chercher. A bout de force, puisant mes dernières ressources je cognais lentement contre le bois. Il étudia le plancher avant d’arrêter son choix sur une latte qui ne céda par pour autant. Il devait persévérer putain de merde ! Il ne pouvait me laisser là ! Les larmes inondèrent mes yeux et le scotch sur les lèvres, je tombai en syncope. Ce qui me fit revenir à moi fut le contact de doigts contre ma jugulaire. « Non ! N’es pas peur ! Chut ! Tout va bien ! Tout va bien ! » Il défit mon bandage et affectueusement me caressa la tête avant de me hisser vers le plancher. « C’est un piège…. » Il se pencha vers moi cherchant à lire sur mes lèvres. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Je ne parvenais à discerner ses traits dans l’obscurité. « Il est ici, il vous guette…c’est un piège, parvins-je à articuler. » L’inconnu comprit et hocha la tête partagé entre l’envie d’agir et celle de se montrer prudent.

13


« Ok, dis-moi seulement comment tu t’appelles et si par hasard tu connaissais l’identité de ton kidnappeur ! Non, non ! Ne t’endors pas toute de suite ! Il faut que tu m’aide sur ce coup-là ! Dis-moi comment tu t’appelles ! —Halley B. Whyte….il est inspecteur de police. Il s’appelle Hauser…. » Et je m’évanouis sur ces révélations. Je sentis qu’on me souleva hors de terre et sur l’épaule de Chris je reprenais peu à peu mes esprits. « Relâches-la ! Un conseil, relâche-la immédiatement et main sur la tête ! Vous avez le doit de garder le silence et tout ce qui sera dit pourra être utilisé contre vous dans un tribunal ! A terre ! Et surtout restes bien tranquille ! » Il menotta le type et le mit dans le véhicule, après quoi il s’occupa de moi. Il m’installa devant et recouvrit mes épaules d’une couverture polaire. Il avait un suspect et un parfait alibi justifiant le fait qu’il vienne à le descendre si les choses tourneraient mal. Il s’occuperait de Chris et avec difficulté je tournai la tête pour tenter de l’apercevoir. Il se tenait droit comme un « i » la tête basculant à l’arrière, encapuchonnée sous un sac de jute. Il ouvrit le portefeuille de Chris. « Christian Burgess….New Jersey…Tue s un peu loin de ta base, dis-moi! Tu craignais qu’Halley manque de compagnie c’est ça ? —Ouais c’est exactement ça ! Je me suis dis qu’il serait regrettable que tu te la tape seule Maintenant je me fiche de savoir ce que tu vas faire de moi, inspecteur. La seule certitude que j’ai c’est celle que je ne finirais jamais dans une prison fédérale. Par contre….j’aimerais savoir ce que tu comptes faire d’Halley. Elle sait que je ne lui ferais rien de mal….je lui ai proposé mon aide. Mais toi…. —Fermes-la un peu veux-tu ? C’est dans ton intérêt. —Et pas dans le tien Superflic ? Moi je sais qui tu es et ce secret je ne l’enterrerai pas dans la tombe. Tout finira par se savoir, alors ne te crois pas supérieur à

14


tes collègues de la crim je suis devenu un témoin gênant n’est-ce pas, alors je suis d’avis que tu m’abattes maintenant. Fais-le qu’on en finisse ! » Il le regarda dans le rétroviseur sans desserrer ses lèvres. On roula jusqu’à l’aube et on se rendit dans un village au milieu de nulle part. Rutledge City, un truc comme ça. Il sortit Chris de la banquette arrière et m’enferma dans la voiture, une fois arrivée au poste du sheriff. Il me fallait fuir. Il me fallait lutter contre cette envie irrépressible de dormir et cette sensation de soif permanente. Il revint plus tard, serein et souriant. « ce type est un dur à cuir mais maintenant que nous en sommes débarrasser, tout ira pour le mieux. » Il me caressa la tête, ce qui eut pour effet de me terrifier. Je comprends pour quelle raison il a changé le vieux pick up pour cette voiture de location. La police si enquête il y a, chercherait la vieille Dodge…. Je m’endormis pour me réveiller dans une chambre de motel. Le lit y était moelleux ma le couvre-lit un peu usé. Debout près du lit, il fouillait dans son sac, posé près de moi une boite de préservatif, de la vaseline et des gants à usage unique. Je cherchais à me lever mais il m’en dissuada puis m’aida à me rallonger sur le lit, calmement et avec délicatesse. « On est un charmant petit couple. Demain on sera au Canada, ma chérie et on commencera une nouvelle existence. Tu n’auras plus à t’occuper de rien. » Le Canada. Je ne pouvais y croire. Le Canada. Voilà pourquoi il n’avait pas tué Chris ; il se fichait pas mal de ce qu’on pouvait penser de lui. il savait que personne ne prendrait au sérieux la déposition de Chris et avant que la vérité n’éclate au grand jour on sera déjà loin. Arrivés à la frontière, un officier s’avança lentement vers nous, attrapa les passeports tendus par mon ravisseur. Il nous étudia avec attention. « Ok ! Tout est en règle ! Bien venue chez vous ! » Quoi ? C’est tout ? Il aurait pu nous faire descendre du véhicule, fouillé le coffre, m’interroger….rien de tout

15


cela. Merde ! Merde ! On roula pendant deux heures avant d’arriver devant une baraque, tout ce qu’il y a de plus rustique dans cette région, je suppose. « C’est là qu’on va vivre ma chérie. C’est ta nouvelle maison ! » Je sentis le sol se dérober sous mes pas. il avait acheté une nouvelle bagnole et des vêtements à la frontière, de la bouffe et quantité de choses pour démarrer une nouvelle existence ici. Il m’avait kidnappé et il agissait comme si rien ne s’était produit. Il me dorlota, il faisait ce qu’il fallait pour étouffer tout sentiment d’animosité à son égard. Il savait que je ne fuirais pas ; j’étais « officiellement » son épouse et me faisait passer pour une déséquilibrée mentale. Il me fallait ma dose de pilule quotidienne afin d’atténuer mes troubles bipolaires. Du moins fit-il courir le bruit au village de Know City.

16


[Epilogue]

17


Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

18


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.