Le M@g. LECTURE PLURIELLE

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~LE M@G. ~LECTURE PLURIELLE~ Open minds hearts and doors Teacher:

M-C MATOUSSI Numéro 1, mars-avril-mai 2013

“Nous vivons, paraît-­‐il, à l’ère de l’internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais

que valent ces stupéfiantes inventions sans l’enseignement de la langue écrite et sans les livres ?” J.M.G. Le Clézio

Alberto Giacometti (1901-1966)

ART et Civilisations africaines


SOMMAIRE

LE M@g “LECTURE PLURIELLE”

No 2 MARS - AVRIL - MAI 2013 14. Le père, comme passage obligé dans la quête identitaire du fils.

12. Portrait d’un écrivain engagé JMG Le CLézio

par Yasmine __________________________

par Aminata

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2. A propos de notre projet de M@G littéraire. par Kwabena J.M.G. Le Clézio, né en 1940, Prix Nobel de Littérature 2008.

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6. Correspondances et

3. L’EDITO

analogies dans les arts visuel propices au dialogue des cultures

Le billet de la rédactrice en chef : LE STYLE, la marque d’un grand auteur.... par Aminata

4. Des attentes des lecteurs au plaisir de lire une oeuvre littéraire...une réflexion sur la manière de lire. par Fatoumata et les autres.

par Thando

_____________________ 10. Les représentations de l’Afrique dans le roman “L’Africain”. par Thando

______________________ 8. Compte-rendu de plusieurs discussions de classe. par Sarah A.

28. Lettre du jeune Le Clézio à sa grand-mère. par Doniel

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18. Le journal de la mère pendant la guerre. par Khadra

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16. Une reconnaissance posthume du fils. Lettre du fils à sa mère. par Sarah A.

_______________________ 20. Vie d’un médecin de brousse et médecine dans un hôpital colonial ? par Sam ________________________

7. L’île Maurice, pour en savoir plus....

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22. Journal intime du

par Sarah J. ________________________

père: les conséquences des années de séparation

Statuette en ivoire (détail), civilisation Edo, Nigéria

26. Guerre et emancipation de femmes en France

par Emilie

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24. Les limites de l’autorité

Journal de la mère en juin 1940. L’installation à Nice. par Sarah J.

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paternelle. par Kwabena

“L’artiste est celui qui nous montre du doignt une parcelle du monde.” JMG Le Clézio

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A propos de notre projet; créer un M@gazine littéraire à partir de nos tâches écrites ... par Kwabena Nous avons rassemblé l’ensemble de nos tâches écrites concernant le roman de JMG Le Clézio dans ce m@gazine. Pourquoi avons-nous voulu produire ce M@g. littéraire; LECTURE PLURIELLE ? Au départ, cela nous a motivés de savoir que nous allions produire un magazine à partir de nos tâches écrites. Cela a favorisé l’esprit d’équipe, la collaboration au sein de la classe. Il y avait aussi l’idée de participer à un projet avec un objectif, nous aurions un souvenir quelque-chose de tangible, un texte produit par chacun de nos camarades.

remerciement à l’auteur pour lui exprimer combien nous avions apprécié son livre, en lui précisant l’adresse de notre M@g. en ligne. Il est vrai que beaucoup de parents, beaucoup d’élèves de l’Ecole Américaine de Tunis, les amis auront la possibilité de nous lire et de s’intéresser à ce que nous avons écrit et donc étudié. D’une manière détournée, nous espérons que ce m@gazine pourrait aussi donner envie de lire la littérature francophone. Dans tous les cas, il nous permettra de renforcer nos

liens de collaboration avec l’Institut Français de Tunisie à Tunis. Enfin, notre m@gazine nous a permis d’interactiver avec nos camarades de la classe de baccalauréat de français, langue maternelle. Nous avons bénéficié de leurs questions, de leur commentaires, et cela est à mettre au bénéfice d’une collaboration fructueuse. Ce que nous avons retenu ? D’abord l’importance de la littérature, ensuite combien l’acte de lire est sélectif, et créatif.Enfin, qu’expérimenter la communication globale, a renforcé notre motivation.

Ensuite, nous avons pensé à l’expérience de la communication globale, une fois en ligne, le magazine pourrait être lu et commenté par tous ceux et celles qui s’intéressent à la littérature, à cet auteur, à ce roman en particulier. Bien sûr, nous avons pensé écrire une lettre de José Alberto Gomes Pereira MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Par Aminata Les élèves de notre classe ont choisi à l’unanimité de parler du roman “L’Africain” de JMG Le CLézio et cela sans aucune hésitation. Pour mener à bien notre travail, nous nous sommes référés à deux autres textes du même auteur, à savoir : “Eloge de la langue française”, un texte qui a paru le 7 octobre 1993 dans le magazine l’Express et pour l’autre, intitulé “Dans la forêt des paradoxes”, il s’agit du discours que JMG Le Clézio a présenté, lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la littérature, le 9 octobre 2008 à Stockohlm. Nos textes dits “créatifs” ou non, témoignent de la manière sélective de lire une oeuvre littéraire, mais aussi du désir d’approfondir une réflexion personnelle, basée sur des recherches

que ce soit par rapport au contexte historique avec la deuxième guerre mondiale, la réalité de la colonisation; pensons à l’importance des anthropologues, de la médecine coloniale britanniques au Nigéria, ou à la famille patriarcale, ses valeurs, la complexité des

La lecture est un va et vient continuel entre le monde fictionnel et le monde réel. Ainsi, chacun a lu d’une manière subjective et en conséquence, chacun a lu un livre un peu différent. Aussi loin de nous l’idée d’avoir épuisé toutes les pistes de lecture.

relations intergénérationelles.

Nous sommes tous tombés d’accord pour reconnaître l’importance du style poétique de JMG Le Clézio. Il se caractérise par beaucoup de retenue, d’autres diront une certaine pudeur. L’auteur préfère en dire peu que trop, par peur d’inventer et d’être inexact, sans doute. Cette manière d’écrire a incité notre imaginaire. Nous nous sommes supris, plus d’une fois, à lever la tête, et à laisser notre pensée vagabonder... imaginant tout ce qui avait été suggéré, entre les lignes...

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Ce livre est extrêmement riche et attachant car il se lit facilement. De plus, il est court et d’un abord facile. Le roman ouvre sur une perspetive, celle de l’approche interculturelle, du dialogue avec l’autre, qui nécessairement différent. Cette lecture nous a donné envie de nous intéresser encore plus à la littérature francophone, qui se caractérise par des racines métissées, hybrides, favorables à ce mouveau siècle de la communication globale. Merci de votre attention et bonne lecture....

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DES ATTENTES DES LECTEURS AU PLAISIR DE lire une oeuvre OEUVRE LITTERAIRE; compte-rendu des discussions de classe.

par Sam, Sarah A., Sarah J. Thando, Aminata. La première oeuvre littéraire que nous avons étudiée, dans le cadre du programme du Baccalauréat International de Français B, niveau supérieur nous a permis de nous sensibiliser aux analogies observées entre le roman de Maupassant et les nombreux tableaux impressionnistes, ceux de Manet, Monet et Boudin. Nous avons également pris conscience de la condition de la femme, privée de tous ses droits civiques, ne pouvant exister que comme la fille d’un tel ou l’épouse de Monsieur XY. Nous avons éprouvé de la sympathie envers le personnage de Pierre, qui découvre le secret de sa mère, à savoir que son frère est un demi-frère. Pierre en perd le sommeil, il finira par quitter sa famille dont il se sent exlu. Il est possible qe ce soit la vision pessimiste de Maupassant qui nous ait détournés de ce roman. Par comparaison, le deuxième livre, le roman de J.M.G. Le CLézio, intitulé “l’Africain” paru en 2004 fut une véritable révélation pour notre classe. Ce récit qui s’inspire de la vie de l’auteur marie avec justesse le romanesque au genre autobiographique. A l’unanimité, la classe lui a donné sa préférence. Il a

séduit par son style, le thème et le message. En 2008, JMG Le CLézio a reçu le Prix Nobel de la littérature. Le jury saluait en lui, un écrivain “de la rupture, l’explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante”. Nos attentes étaient, d’autant plus fortes, que la majorité des élèves de la classe sont originaires du continent africain. Or il était précisément question de l’Afrique dans ce roman de 124 pages, paru chez Gallimard, dans la collection de poche Folio. En situation de celui qui se sent concerné par le sujet, nous avions hâte d’en apprendre plus sur l’histoire africaine. La première phrase de ce roman, nous a conquis, tel un air de musique ancien surgit de nos mémoires : “Tout être humain est le résultat d’un père et d’une mère”...(..) j’ai longtemps rêvé que ma mère était noire.... Moment de confusion, d’étonnement parmi nous, sa mère était-elle donc africaine...? L’auteur poursuit, rectifie et admet son erreur, c’était son père l’Africain et non pas, sa mère.....Il lui a fallu donc reprendre toute son histoire, c’est pourquoi il a écrit ce livre. Une séparation imposée par la guerre, des tensions familiales, se

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manifestant au niveau d’une relation père-fils difficile, dans un contexte de violence coloniale au Nigéria. Un retour imposé en France, sans avoir eu le sentiment d’accomplir ses objectifs. Puis la guerre pressentie du Biafra, là où il travaillait qu’il regarde sur son écran de télévision. Voici les faits, qui mis en mots, investis émotionnellement par l’auteur rayonnent en nous, nous interpellent, provoquent des questionnements. Nous donnent envie d’en savoir plus sur l’époque.

BRUNO CATALANO “Le grand van Gogh”. ~4~


Richmond Barthé

Par la magie de la lecture, nous nous sommes laissés emporter dans une autre vie, une autre durée. Puis, chacun s’est appliqué à analyser sa propre lecture, ce qui l’avait personnellement intéressé dans ce livre, les connaissances qu’il avait acquises, les réponses et parfois les doutes apportés à des questionnements. Ne voir dans ce roman qu’un hommage posthume de l’auteur, envers son père, serait réducteur, il y a également un regard critique, une vision portée sur le 20ème siècle, dont il faut tirer un enseignement pour aujourd’hui et demain, selon Le Clézio ? Des débats de classe ont permis de prendre mieux conscience de ce qui nous avait interpellés en cours de lecture, sachant qu’une

oeuvre littéraire est, par définition, plurisémique. Ensuite, nous avons expliqué le contexte historique et vérifié nos connaissances à partir de de documents mutimédias déposés sur notre plateforme collaborative Moodle. Peu à peu chacun a

développé une piste de lecture du roman. La consigne était de produire un texte “créatif” de 500 à 600 mots, inspiré du livre, avec un préambule de 150 mots. justifiant le type de texte choisi et donc l’objectif de communication ainsi que l’intention au niveau du message.

La couverture du livre de poche FOLIO nous rappelle le voyage de Gide au Niger en 1926.

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Correspondances et analogies dans l’art visuel Du dialogue des cultures du monde. par Thando & Emilie Le monde nous paraît d’autant plus compliqué que nous sommes quotidiennement surinformés par les médias sur beaucoup de sujets. Chaque jours, nous recevons, en temps réel les nouvelles sur ce qui se passe aux quatre coins de la planète. Or cela nécessite du temps pour trier, analyser, ces données et essayer de se faire une idée sur l'ordre ou les désordres, les dynamiques ou les blocages de notre planètevillage quand tout va si vite autour de nous. La révolution numérique, avec l’apparition d’Internet en 1993, a également changé notre perception spatiale, On n’est passé subitement du national au global. Internet a supprimé les

Tamara Adams

distances et du même coup a révélé nos différences : plus de six mille huit cent

langues seraient recencées au niveau du globe. Sachant qu’une langue induit une culture donc une manière de penser, un filtre qui altère notre perception du réel, on réalise qu’il n’y a pas une mais plusieurs réalités d’un même fait. Cette diversité nous l’avons représentée dans notre m@gazine sous la forme de nombreuses reproductions d’oeuvres d’art, qui expriment l’être humain en situation, dans une durée, qu’il n’a pas choisie mais dans laquelle il se choisit u n e i d e n ti té a ve c d e s valeurs, des rêves, des utopies, des défis, des doutes, porté par l’espoir d’un monde plus équitable. Au-delà de notre diversité, elles témoignent de nos points communs existentiels, d’une sensibilité intercultuelle.

George Velaphi Mzimba “Femme pensante”

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par Fatoumata, Emilie & Thando. ~6~


Compte-rendu de nos recherches sur L’ILE MAURICE.

par Sarah J. L'île Maurice est située dans l’Océan Indien au sud-est du continent Africain près de Madagascar et de l’île de la Réunion. De nos jour, cette île de 2 040 km2 jouit d’une stabilité économique et sociale. Sa population,

d’origine diverse; africaine, indienne, chinoise et européenne s’élève à 1,313,095 habitants. Cette île aurait été découverte par les Arabes, puis les Malai au cours du dixième siècle. Ensuite, les Hollandais, lui ont donné le nom de leur Prince “M a u r i t s v a n N a s s a u ” au17ème siècle.

à la création de la compagnie française des Indes, une initiative commerciale de Colbert, basée en Bretagne. L’île est rebaptisée “Ile de France”. Sur le chemin des Indes, elle devient une base navale très importante. Suite aux Guerres

Napoléoniennes qui voient la chute de l’Empereur, les Anglais prennent l'île en 1810 qui restera anglaise jusqu’en 1968, date de son

indépendance où elle devient une République. La famille Le Clézio prendra la nationalité britannique en 1810 et en 1850 achètera une propriété qui abrite aujourd’hui le musée de l’île. L’ancêtre paternal du J. M. Le Clezio, François Alexis Le Clézio, un Breton, s’enfuit avec sa femme et sa fille, à l'île Maurice en 1798 pendant la Revolution Française. Sa destination finale devait être les Indes, mais sur le chemin, le bateau ayant fait escale à l’île de France, la famille décide de s’y intaller. JMG Le Clézio a immortalisé la mémoire de son grand-père paternel dans un roman intitulé “Le chercheur d’or”. Le Clezio aime à rappeller qu’il est non seulement Français, mais aussi Mauricien.

Les Français en assument le contrôle en 1715, grâce Vaco Baissac

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Compte-rendu de plusieurs discussions de classe : Par Sarah A.

Kelani Abass J.M.G Le Clézio est né a Nice le 13 avril 1940 ; il est originaire d'une vielle famille bretonne, émigrée à l'île Maurice au XVIII siècle. Il est considéré comme l’un des écrivains francophones majeurs, de l'époque moderne, en raison d’une oeuvre abondante et variée, dont L'Africain publié en 2004. En 2008, à 68 ans, il reçoit le prix Nobel de littérature. « L'Africain » est un roman autobiographique. Il raconte son voyage en Afrique quand il avait huit ans. Ce livre décrit et analyse la relation difficile de l’auteur avec son père, un médecin britannique à Ogoja, Cet événement est vécu comme une ouverture à d’autres MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

cultures. Il dit à propos du livre :«J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique. Je m'étais inventé une histoire, un passé, un pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre; il m'a fallu retourner en arrière, recommencer esayer de comprendre. En souvenir de cela, j’ai écrit ce petit livre. »

Kelani Abass ~ 8~

. /.


pour se sentir libre et pour transmettre ses émotions.

Lagos Pour moi, cétait la première fois qu'on évoquait l'Afrique, la vie coloniale, les autres cultures, les relations de pouvoir. “L'Africain” dénonce une époque violente et raciste; le 20ème siècle. Le leçon à en tirer, selon l’auteur, c’est de promouvoir une société interculturelle, basée sur le respect mutuel et le dialogue des cultures. Avec le numérique,les distances ont été supprimées : d’un clique, on se connecte au continent souhaité. L’“inconnu” sur Youtube fait partie désormais de notre quotidien.

origines, passent par la reconnaissance de l’importance de la langue maternelle. Le suprême lien a v e c n o t r e c u l t u r e « I l explique qu’ il a essayé d'écrire en anglais et qu’il a compris qu’on n’avait pas le choix de sa langue maternelle. S’exprimer, c’est un besoin, une nécessité

Le Clézio a révolutionné la façon de percevoir le français : il parle d'appartenance à la langue française c’est le pays qu’il se reconnaît. Nos MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

« Aujourd'hui, au lendemain de la décolonisation, la littérature est une des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d'exprimer leur identité, de revendiquer leur droit à la parole, et d'être entendus dans leur diversité. Sans leur voix, sans leur appel, nous vivrions dans un monde silencieux. » En conclusion, la voix de Le Clézio est importante, c’est celle de la francophonie. Ce prix Nobel de la littérature a mis en valeur cette littérature qui s’ouvre sur le monde, qui exige que chacun se décentre par rapport à ses représentations pour acquérir une approche interculturelle propice au dialogue des cultures.

OYERINDE OLOTU, Le vieux LAGOS, 2008, ~ 9~


La représentation de l’Afrique dans « L’Africain et la quête identitaire du narrateur. » Par THANDO Née au Zimbabwe, où j’ai passé dix jours, puis successivement en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, et maintenant en Tunisie, la question identitaire m’interpelle.

« L’Africain », a connu cette époque dont je n’ai entendu que des histoires familiales. Le Clézio s’explique « moi je n’ai pas des racines, sauf des

Pablo Picasso “Buste de femme dans un fauteuil”.

Mon attachement à ce continent me pousse à explorer cet héritage et à m’imaginer le quotidien d’une période que je n’ai pas connue : celle de mes grands-parents. J.M.G Le Clézio, l’auteur du romain autobiographique intitulé

racines imaginaires. Je ne suis attaché qu’à des souvenirs. » L’Afrique l’a marqué pour vie, et c’est manifeste, il a un style, une manière de dire et de transcender le réel. l’Afrique, ce sont des

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impressions durables celles de l’enfance. L’Afrique c’est d’abord l’apprentissage de la vérité qui s’impose aux yeux du jeune Le Clézio. Dès que ses pieds touchent le sol Africain, à Ogoja au Nigeria, alors âgé de huit ans, l’enfant subit une transformation et « de ces années date la prise de conscience des corps » (12). Le Clézio découvre le monde; il décrit son environnement de façon poétique mais aussi, dépourvu de préjugés. Il n’attend rien de ce pays qui n’est pas le sien. Il raconte, comment « l’impudeur des corps était magnifique. Elle donnait du champ de la profondeur, elle multipliait les sensations, elle tendait un réseau humain autour de moi » (13). Le Clézio expérimente une liberté jamais connue auparavant. Cette liberté de penser, c’est aussi un état d’esprit qui transparaît dans la perception de son environnement, ainsi la case devient semblable à un bateau tandis que la brousse rappelle la mer. Les enfants jouent avec d’énormes termitières, des fourmis qui ressemblent à des ~ 10 ~


père du narrateur est aussi médecin légiste et il note la violence tribale, provoquée par la pauvreté, les mauvais traitements, la corruption et les souffrances infligées par l’occupation coloniale. Respectueux de la population locale, il réprouve la logique coloniale et il sait que cette exploitation de l’homme par l’homme finira mal, il pressent que les colons devront partir bientôt. Le récit autobiographie de JMG Le Clézio nous a sensibilisés à la question identitaire. Ainsi, l’identité ne se limite ni à votre lieu de naissance, ni à votre p a s s e p o r t . L’ i d e n t i t é transcende tout cela, ce qui vous détermine au final, c’est votre tempérament, vos valeurs, vos souvenirs, vos actions, votre imaginaire, vos amis.

Paul Klee troupes de guerriers. Il y a aussi les papillons de nuit qui les attaquent à la tombée de la nuit. Toute la famille est réunie sous de la moustiquaire et il se sent protégé. Ces images et ses impressions d’Afrique le marqueront pour la vie de même que la force des orages. La nature a tous ces droits en Afrique; il ne l’avait jamais ressenti avec cette intensité avant Bien que médecin à l’hôpital colonial d’Ogoja, le père dénonce « le ridicule des

fonctionnaires” D’ailleurs, il vit mal le fait d’être “ un agent du colonialisme". Son rêve c’était Banso, un territoire annexé par les Britanniques, encore sans administrateurs coloniaux, où le père accompagné de sa femme avait pu développer une relation de confiance avec les autochtones, en particulier les notables du village, le sorcier qu’il consultait et qui était présent, lors de ses consultations comme médecin de brousse.

Grâce à ce roman, j’ai pris conscience des multiples facettes, qui nous caractérisent. L’identité est un processus dynamique qui se développe tout au long de la vie, quel que soit l’individu. J’ai aussi appris que la littérature nous apporte des connaissances qui nous aident à mieux nous comprendre

Après la guerre, médecin à l’hôpital colonial d’Ogoja, le

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~ Portrait de J.M.G Le Clézio~ par Aminata

Jean-Marie Gustave Le Clézio est un écrivain

français et mauricien que j’ai découvert en lisant L’Africain, roman dans lequel il retrace la vie de son père pour essayer de comprendre non seulement une relation père-fils difficile, mais aussi pour se construire, une identité par le récit de ses mémoires. J.M.G Le Clézio affirme que « La langue française » est son « seul pays le seul lieu où » il habite. Ta n d i s q u e d ’ a u t r e choisissent d’écrire pour ce distancer d’une réalité difficile, Le Clézio s’approprie la langue

françaises comme sa terre natale pour mieux analyser ces souffrances « par souci d’exactitude » (Dans la Forêt des paradoxes). C’est pourquoi, c’est un auteur qui par l’écriture, trouve un artifice pour résoudre c’est problèmes identitaires. Ce qui le distingue, en outre, des autres écrivains français, c’est le fait qu’il lui manque un pays d’origine dans lequel il se reconnaisse. L’auteur affirme ne pas avoir « …de racines, sauf des racines i m a g i n a i r e s . » n ’ é t a n t a t t a c h é « q u ’ a d e s

Benny Andrews, “African American Art: Harlem Renaissance. MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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indiscutable, page 21, de L’Africain et l’absence de tout artifice lui donnait une liberté«presque dangereuse » (p24) L’Afrique laissera une empreinte pour la vie à JMG Le Clézio.

Segun Adesanya

Pour cette raison, les romans de Le Clézio offrent une critique qui transcende les barrières culturelles. Il reste un observateur qui, à la d i ff é r e n c e d e s a u t r e s écrivains de la période coloniale, ne cherche pas à façonner les autochtones à l’image de l’Europe. Au contraire, Le Clézio s’appuie sur la tendance africaine à vivre de manière transparente

pour critiquer la société européenne qui lui semble “ridicule”. En voyant une femme au buste dénudé ou encore la vieillesse exposée d’une autre, l’auteur se confronte à la vie vécue à découvert. Il oppose cette réalité à celle de l’Europe où tout est dissimulé. En Afrique tout est révélé, que ce soit la violence. où les corps, L’écrivain note; la « violence était générale,

Le Clézio n’est pas celui qui cherche à embellir la réalité. Il affirme “Dans la forêt des paradoxes” :”la guerre ne se caractérise pas par les moments historiques, mais par le vécu des civils et « s u r t o u t c e l u i d e s enfants ». C’est l’humain qui l’intéresse, associé à ses actions, porteuses de valeurs, comme on le v o i t d a n s L’ A f r i c a i n quand il cherche à comprendre son père en dépit de la distance qui les sépare. J’ai appris, en lisant son livre qu’une quête identitaire ne s’achève pas avec la découverte du pays où l’on est né. De fait, le père de Le Clézio est Africain, non pas par la couleur de sa peau ni par l’hérédité, mais par l’affinité qu’il éprouve aux valeurs et idiomes de L’Afrique. Nos racines ne sont non pas physiques mais spirituelles, attachées aux souvenirs dont certains sont réels tandis que d'autres se confondent avec la réalité.

Par Aminata Bitter cola (Nigeria) MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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le père comme passage obligé dans la construction identitaire du fils. par Jasmine L'Africain est associée pour JMG Le CLézio à la figure de l’Africain, le père du narrateur.

vivait en marge de la société coloniale comme de la société africaine, un citoyen britannique d ’ o r i g i n e

Cet homme avait dû s’exiler à l’âge de 18 ans, de son île, suite à une dispute familiale. l’origine

En 1948, Le jeune Le Clézio, après avoir passé plusieurs années de guerre enfermé dans un appartement à Nice, entreprend à l’âge de 8 ans, accompagné de sa mère et de son frère, un voyage qui le marquera pour la vie. Il va rejoindre son père, médecin britannique à l’hôpital colonial d’Ogoja au Nigéria. Cette première rencontre sera un choc. Dès la descente du bateau, à Port Harcourt, la rencontre se passe mal, l’enfant refuse ce père qu’il considère comme un étranger. Plus tard, en raison des règles strictes de vie que le père a instaurées, il lui apparaît comme une menace, un ennemi; les enfants se liguent contre lui et lui jouent des mauvais tours. Ils ont droit à des corrections corporelles. Ce roman inspiré de ses souvenirs de jeunesse peut être lu comme une quête identitaire, qui passe par la réhabilitation de la mémoire de ce père qu’il a mal mené dans sa jeunesse. Ce père, n’était pas un personnage facile, certes. c’était un aventurier qui

Lucian Freud mauricienne qui ne s’était pas reconnu dans la société anglaise. D’ailleurs, il avait choisi, d’être le médecin des Indiens sur un fleuve en Guyanne anglaise, plutôt que de soigner des rhumes et autres maladies bénines en Angleterre. A son retour, d’Amérique du Sud, il avait choisi le Nigéria qui lui paraissait plus approprié pour lui.

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de son exil. Depuis, il n’aura de cesse de retrouver ce paradis perdu. Il pense, d’ailleurs qu’il l’avoir découvert au Nigéria. L’héritage d’un tel père pour JMG Le CLézio, c’est d’abord ce continent africain, puis c’est le mépris à l’égard du colonialisme et de la société coloniale.

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A sa retraite, fin des années 50, le père revient habiter avec sa famille à Nice. La guerre du Biafra a commencé, il en suit les événements à la télévision. Ça le rend encore plus silencieux. Dans le même temps, il perd sa nationalité britannique puisque l’île Maurice est devenue une République indépendante; il est désormais Mauricien. A Nice, le père garde ses habitudes africaines, il fraternise avec les Maghrébins, à régler leurs problèmes administratifs, fidèle à lui-même, au service des faibles, et de ceux dont la voix ne compte pas. L e r o m a n “ L’ A f r i c a i n ” pourrait être celui d’un auteur engagé. Non

John Minton (1917-1957) seulement, il porte un regard critique sur le 20ème siècle, mais aussi il suggère une piste pour prévenir la violence que produit les rapports de force; il propose l’approche intercultrelle. A l’exemple du père cela consiste à s’engager dans la communauté, là où l’on vit, de mettre ses compétences au service du mieux vivre ensemble, afin de promouvoir une société plus solidaire, plus inclusive.

George Velaphi Mzimba

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JMG Le CLézio se montre favorable à une société qui encourage une sensibilité interculturelle où chacun peut faire entendre sa voix, dialoguer... ~ 15 ~


Lettre de de J.M.G. Le CLEZIO à sa mère; une fiction imaginée... Par Sarah A. ??????, le 23 février 2003 Chère maman, Comment vas-­‐ tu? J’espère bien ? As-­‐tu parlé avec mon frère ? Ça fait longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. Il m’avait demandé une photo, dis-­‐lui que je l’ai trouvée.

Donc, j’ai décidé d’écrire au sujet de papa, bien qu’il s’agisse aussi de parler de moi, d’une façon détournée. Parce que maintenant, maman, j’ai compris que papa fait partie de moi, qu'il existe dans tout ce que je fais, dans l'air que je respire, au fond de mon cœur. J’ai d’ailleurs l’intention de lui dédier ce nouveau roman, le plus autobiographique que j’aie jamais écrit. Quand j’étais jeune, sais-­‐tu que j’ai toujours pensé que papa était très autoritaire et qu’il ne voulait pas perdre de temps avec moi : il ne me laissait jamais jouer avec les autres enfants, il n’acceptait pas qu’on lui fasse des farces, qu’on se moque de lui. Souvient-­‐toi, parfois, il devenait même violent. Te rappelles-­‐ tu de cette fois où il avait mis le feu à une femelle scorpion qui transportait sa progéniture sur son dos ? Aujourd'hui encore, je m'étonne de cette violence de ce geste, la froideur avec laquelle papa avait mis fin à la vie de ces pauvres créatures.

Nevah Nxumalo

Tu ne devineras jamais où je me trouve au moment où je t’écris cette lettre ! Depuis un certain temps j’avais envie d’écrire un livre, mais il me manquait un signal extérieur déclencheur. J’ai bien réfléchi, et finalement je suis venu ici, d’où je t’écris cette lettre et où j’ai découvert un nouveau sens à ma vie. Sans doute, la nature sauvage et le sens de liberté que j’éprouve ici m’ont aidé à découvrir plus en moi certaines émotions.

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Papa était sévère, strict, c’est vrai, mais il m’a aussi bien protégé, il a tout fait pour que je ne parte pas en Algérie, alors que la guerre d’Indépendance avait déjà commencé, seulement à cette époque on parlait des événement en Algérie. Surtout, il m’a enseigné les valeurs de la famille. Je n’avais pas compris cet héritage, en ce temps-­‐là, je n’avais pas réalisé l’importance des valeurs qu’il me transmettait, trop aveuglé par mon égoïsme d'enfant... Il m’a transmis une vision pacifique du monde que j’ai appris à cultiver au fil des années...Mais La famille c’était fondamental, c’était sacré, il la considérait comme un abri, mais le problème r é s i d a i t d a n s s o n incapacité à nous communiquer ses sentiments, on ne connaissait de lui que ses colères. ~ 16 ~


Je sais maintenant pourquoi il était si secret : il ne savait pas comme compenser sa perte de confiance. Il réalisait combien son rêve africain était compromis. La réalité des évènements ne lui laissait aucune chance : la guerre mondiale et la fin du colonialisme en Afrique représentaient des obstacles insurmontables. Il devait aussi s'occuper de sa famille et faire des sacrifices pour nous. ll nous a enseigné le respect des autres cultures, par l’exemple. Il avait choisi d'aider les faibles, de parfaits inconnus, qu'il n'a jamais revus par la suite, mais avec lesquels il voulait construire un monde meilleur.... Ça aurait pu réussir, si tout le monde avait respecté les mêmes règles de conduite que lui. Je constate que ce sens de la fraternité, que j'ai éprouvé dans mes années en Nigeria, me manque. Nous jouions avec des enfants sans arrières pensées alors que nous ne connaissions même pas la langue et pourtant nous nous sentions complices avec eux. J’ai encore de

nombreux souvenirs qui reviennent à mon esprit, ceux d’une liberté absolue!!! Alors maman, je pense que tu as deviné là où je me trouve non ? Oui, tu l’a deviné, à Ogoja, au Nigéria ! La ville par où tout à commencer ! Tout a bien changé, je n’ai pas trouvé trace de notre case... Donc je sens que le moment est arrivé pour rendre hommage à papa , j’ai fini par comprendre..... Bien sûr, je reconnais qu’il m'a aidé à devenir ce qui je suis aujourd'hui. Et c’est pourquoi, je trouve que la meilleure façon est de lui dédier ce roman que je viens de commencer aujourd’hui. Ce livre portera le titre suivant :« L'Africain » et je profiterai d’insérer les photos de papa, qu’il avait prises en Afrique, de sorte qu’il fera partie du projet. J’ai hâte d’avoir de tes nouvelles. Je t’embrasse affectueusement, ton fils, Jean

Marie Gustave

Victor Ekpuk

Art africain contemporain (Nigeria) MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Le journal intime de la mère ; texte créatif imaginé.....

par Khadra

Pont-l’Abbé, le 22 juin 1940 Cher Journal, J’ai commencé ce journal parce que nous vivons ici des événements historiques. A peine arrivés, il nous faut quitter la Bretagne. C’est ce que nous venons de lire sur les affiches collées aux murs du village; comme réfugiés, nous devons partir mais pour aller où ? Aujourd’hui, Pétain, le héros de la Grande Guerre a signé l’armistice, une convention avec le 3ème Reich pour mettre fin aux hostilités. La France sera divisée en deux avec une zone occupée et une zone libre. Les premiers soldats allemands sont arrivés ce matin....Maman préconise de partir le plutôt possible avec la voiture avant qu’elle ne soit réquisitionnée....Il faut qu’on rejoigne la zone libre, avec un mari anglais, je risque des ennuis.. On n’a même plus le temps d’avoir des états d’âme, il faut que j’en parle à maman. D’ailleurs beaucoup de civils sont sur la route de l’exil.....la plupart à pied. Nous sommes des privilégiés avec notre vieille Dion Bouton, c’est ce que je me répète....

Les enfants ne peuvent pas aller jouer dans le petit jardin de l’immeuble, cela rend notre vie compliquée. Heureusement, maman a toujours une réponse à tout, elle capte leur attention, c’est une véritable conteuse....Elle a même acheté de l’éther à la pharmacie... D’ailleurs, l’autre jour, Jean-Marie a eu une crise de nerfs, on a craint le pire, il voulait sauter par la fenêtre. Nous lui avons administré un mouchoir d’éther sur le visage et il a fini par s’endormir.

Nice, août 1941 Cher Journal, L’appartement que maman a trouvé à Nice, grâce à ses relations est convenable. Nous habitons au sixième étage d’un bel immeuble. Nous voyons la plage de nos fenêtres.

La clé des champs de R. Magritte

L’autre jour, nous avons pu observer les Allemands voler les roues de notre vieille Dion Bouton !Nous vivons dans la peur d’un coup de sonnette.... et les rations alimentaires sont de plus en plus minces. R. Magritte MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Nice, le 25 décembre 1944

Nice, le 15 juin 1948 Cher Journal,

Cher Journal, Grâce à la radio de papa, nous avons écouté le discours du Général de Gaulle, adressés aux enfants de France à la BBC. Mes chers enfants de France, leur at-t-il dit, “...vous avez faim, parce que l'ennemi mange notre pain et notre viande. Vous avez froid, parce que l'ennemi vole notre bois et notre charbon, vous souffrez, parce que l'ennemi vous dit et vous fait dire que vous êtes des fils et des filles de vaincus. Eh bien ! moi, je vais vous faire une promesse, une promesse de Noël. Chers enfants de France, vous recevrez bientôt une visite, la visite de la Victoire. Ah ! comme elle sera belle, vous verrez !...”

Ça va être dur de dire au revoir à mes parents, je leur dois tant. Il me reste quelques affaires à mettre dans nos malles. Les passeports et les billets sont à côté de moi. Il faut que je les voie..... Tout le monde dort, je vais essayer de me reposer. Demain, c’est le grand voyage... Après ce que nous venons de vivre, partir au Nigéria permettra aux enfants d’oublier cette peur et cette faim qui ne nous a pas quittés pendant toutes ces années de guerre...! Cela tournera la page de ces années noires. Une aventure nouvelle commence...Zut ! Il est bientôt minuit, il faut que je dorme.

VIctor Ekpuk

MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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la medecine coloniale : le médecin de brousse et les hôpitaux coloniaux; le regard critique du père... Par SAMUEL Préambule : Le père du n a r r a t e u r a e x e r c é l a médecine, d’abord comme médecin de brousse à Banso, puis à l’hôpital colonial d’Ogoja. Autant il se passionne pour son travail à Banso, un territoire récemment annexé et donc encore dépourvu d’administration autant, il en éprouve de l’aversion à l’hôpital. Nous analyserons les causes de ce changement d’attitude. A son retour en Angleterre après une expérience de en qualité de deux ans, médecin itinérant sur un fleuve, en Guyane anglaise, le père du narrateur, J.M.G Le Clézio, incapable de se plier au conformisme hiérarchique, de l’hôpital de

Southampton, s’enrôle comme médecin de brousse pour le Nigéria en 1928. Sa carrière comprend deux périodes distinctes. D’une part la première jusqu’en 1940. C’est une période heureuse en compagnie de sa jeune épouse, il est

responsable d’un énorme territoire pris au Cameroun allemand. Quant à la deuxieme période, de 1940 jusqu’à sa retraite, concerne son travail comme médecin à l’hôpital colonial d’Ogoja. C’est à ce moment-là que le médecin est confronté aux réalités coloniales et que son rêve africain se brise avec en plus la séparation d’avec sa famille. L’Afrique se révèle un piège. Ce qui enthousiasmait le jeune médecin à Banso, c’était ce contact instauré sur le respect réciproque avec les

civilisation nigérianne

Nnamdi Okonkwo

MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

autochtones. Malgré la barrière des langues, il communiquait avec les notables, il avait même gagné leur confiance. Le jeune médecin s’intéressait à la vie de la population, ses photos témoignent, d’ailleurs, de cette admiration. Il n’hésitait pas à faire appel au sorcier, qui par sa seule présence,

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chassait la peur dans les yeux du patient. Le médecin de brousse n’avait que peu de moyens à sa disposition, c’est pourquoi la confiance du malade était capitale.

Certes, Ahidjo, l’aidait aussi beaucoup à Banso. Il s’était i m p o s é c o m m e s o n traducteur, sans contre partie financière. De fait, l’absence de structures administratives coloniale dans ce territoire annexé, confortait le jeune médecin humaniste dans son rêve africain. Il ne voyait aucune forme de domination ni comment cette population autochtone n’était considérée q u e c o m m e u n e m a i n d’oeuvre, une force de travail.

Le père du narrateur avait eu l’occasion de constater la richesse culturelle de ses c o m m u n a u t é s d o n t i l admirait la cohésion sociale, l’esprit de solidarité. A l’hôpital d’Ogoja, le père du n a r r a t e u r d é c o u v r i t l a médecine coloniale dont l’objectif premier était la santé des troupes et celle des expatriés grâce à une veille préventive d’épidémies. Ces vaccinations menées d’une m a n i è r e v o l o n t a r i s t e , étaient mal reçues par la p o p u l a t i o n q u i t e n t a i t souvent de les éviter. Ils les redoutaient.

vraiment le développement de l’infrastructure locale.

Dans les années 60 avec l’Indépendance du pays et le départ des Anglais, la veille s’arrêta brusquement. Les h ô p i t a u x e t p l u s i e u r s cliniques étaient alors en très mauvais état car le programme n’intégrait pas

Il comprit donc à l’hôpital Ogoja que la colonisation ne pourrait être durable et qu’il ne réaliserait jamais son rêve, celui de retrouver le paradis perdu de Maurice au Nigéria pour sa famille.

Ne se voir qu’un agent du s y s t è m e c o l o n i a l q u ’ i l dénonçait était difficile à vivre pour ce médecin qui se voulait au service des faibles.

Ermius Ekube 2013 MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Le journal intime du père pendant la guerre : l’impossibilité de rejoindre sa famille en France et ses conséquences. par Emilie Préambule : Dans ce livre, le père est un personnage positif, honnête qui aime sa famille mais qui n’a pas de bonnes relations avec ses enfants. Ses enfants ne le comprenne pas. Pour corriger cela, j’ai décidé d’écrire le journal intime du père pour exprimer sa sensibilité qu’il cache par pudeur avec ses doutes et l’amour qu’il porte a sa famille. Ce livre m’a fait mieux comprendre, les rôle de mes parents puisque je suis d’une famille africaine. Dans notre culture, le père joue un rôle central, il est le chef de famille et s’impose par son autorité, tandis que la mère est généralement affectueuse et complice . A

l’exemple du roman autobiographique de Le Clézio, c’est beaucoup plus tard que les enfanta réalisent qu’ils n’ont pas connu leur « vrai » père et qu’ils aimeraient lui dire combien ils l’aiment. J’ai voulu modifier la fin du livre, afin de donner aussi bien au père qu’au fils une chance de se retrouver, de se parler, parce que comme Burundaise, je connais l’importance de ce sentiment de la famille c’est tout. C’est une grande part de notre identité.

Fort-Lamy, le 3 Novembre, 1940 Cher journal, Avant d’être un médecin de brousse, je suis un mari, un père, comment me retient-on ici. Il faut que j’aille rejoindre ma famille. Je ne peux même pas leur envoyer de l’argent ! En pleine guerre, on me demande de rester les bras croisés, d’attendre, c’est inhumain, je vais devenir fou. Les nouvelles n’arrivent pas de France. Je suis coupé du monde, de ma famille, pourtant j’ai tenté de traverser le désert. Hier, nous étions encore dans le SudAlgérien et c’est en arrivant-là, que j’ai été refoulé ? Je suis semblable à un prisonnier. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver piégé de cette manière-là! Wols, de son vrai nom Alfred Otto MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Ogoja, le 22 mars 1948 Cher Journal, Je suis fatigué, il y a trop de travail à l’hôpital. Aujourd’hui c’est un jour particulier, je retrouve enfin ma famille. Dieu merci ! J’attends ce moment depuis des années..Mais je me sens nerveux, c’est une rencontre que je redoute, un peu, un pressentiment. Comment vont réagir les enfants ? Je les ai vus descendre la passerelle, ils jouaient, ils ont failli renverser leur mère, ma femme. Oh ce qu’elle m’a manqué. Elle leur dit de se calmer, ils ne l’écoutent pas................! Je les ai accueillis, j’ai embrassé leur mère, comme elle est belle, et je me suis retourné vers les enfant. On s’est regardé dans les yeux et j’ai vu qu’ils ne me reconnaissaient pas. Je leur

apparaissais comme un étranger ! Leur maman à dû leur dire de m’embrasser, que j’étais leur père, ils se sont exécutés mais à contre coeur. Ils sont gâtés. Comment est-ce possible ? Il est vrai qu’ils ont vécu quatre ans enfermé dans un appartement avec leur mère et leur grands-mère à Nice. Ils ont dû les gâter. C’est de ma faute, les absents ont toujours tort. Il va falloir leur apprendre à obéir. Il vaut mieux qu’ils l’apprennent avec moi plutôt qu’avec les autres. La rigueur et la discipline leur permettra de devenir des hommes responsables dans ce monde. Nice, le 3 Octobre, 1963 Cher Journal, Mon fils, Jean-Marie, viens juste de publier son premier livre “Le Procèsverbal” et il est déjà reconnu comme un jeune écrivain de talent. Je suis si fière de lui, mais je ne peux le lui dire parce il y a trop de non-dits entre nous qui empêchent le dialogue. On ne se parle pas beaucoup, malheureusement, il ne m’a jamais permis d’avoir une relation complice, père-fils... Si c’était à refaire, je ferais la même chose. Mes enfants avaient besoin de cette éducation, il avait besoin que je sois autoritaire pour devenir des adultes. Jean-Marie n’a que vingt-trois ans. Je prétends que sans l’Afrique, il ne serait pas le même. Je vais lui dire que ma plus grande réussite c’est lui. Je veux aussi qu’il sache que je l’aime. Mission accomplie. Nous nous sommes bien regardés dans les yeux et nous nous sommes compris. Je suis heureux.

Les deux frères Boubacar Nureddeen

MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Les limites de l’autorté partenelle : comment le dialogue, serait plus efficace et plus constructif pour le jeune garçon.

Par Kwabena Préambule : Ce livre m’a permis de comprendre l’incertitude, le doute ou le non-dit qui se cache derrière l’attitude autoritaire des pères, qu’il motive par une volonté de protection mais qui paradoxalement risque d’affaiblir la confiance du jeune en ses capacités. Cette chronique d’opinion s’adresse aux pères représentatifs de cette culture patriarcale autoritaire. J’espère les sensibiliser aux limites de l’autorité et leur démontrer les bienfaits du partage des responsabilités, des décisions qui permettent aux jeunes de construire leur propre estime d’eux-mêmes, leur identité.

En sa qualité de médecin de brousse, le père de Le Clézio a mené une vie très originale en Afrique. Élevé à Maurice, il sait l’importance d’une vie disciplinée et autoritaire. Il s’efforcera donc de transmettre ces valeurs à ses enfants, qui ont été élevés d’une manière permissive par leur mère et leur grand-mère. Séparés du père au cours de leurs jeunes années, la relation père et fils sera compromise. Ce n’est qu’une une fois le père décédé, que Le Clézio décide de rendre un hommage à se père mal mené.

cherchait inconsciemment ou non à retrouver la vie qu’il avait connue à Maurice. Les premières années seront des années de bonheur. Le couple vivra l’aventure au quotidien, une vie tout à fait extraordinaire. Ils contactent, en toute simplicité, les population autochtones avec laquelle

ils établissent une relation de confiance. Malheureusement, la deuxième guerre mondiale éclate et détruit ce projet de vie si bien commencé. Alors qu’il vient de quitter sa femme avec son nouveau-né en Breta g n e , i l a p p r e n d l’occupation rapide de la France par les Nazis.

Le père de Le Clézio a décidé de s’établir en Afrique pour exercer son m é t i e r, d ’ a u t a n t q u ’ i l e x i s t a i t un besoin de médecins. Il est fort probable, que le père Henri Sarla, autoportrait 2002 MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Sa femme, entourée de ses parents se réfugient au 6ème étage d’un immeuble à Nice, où ils vivront enfermés jusqu’à la fin de la guerre, connaissant la peur et la faim tandis qu’ Ogoja, le père se tue au travail et réalise les conséquences de son choix de l’Afrique pour la première fois.

l’accent chantant de Maurice, ou en pidgin, le dialecte mystérieux qui sonnait comme des clochettes».

En 1948 à Port Harcourt, les enfant ne reconnaissent pas leur père. à la descente du bateau « Il était trop différent de tous ceux que je connaissais, un étranger, et même plus que cela, presque un ennemi. » (p.105) Le Clézio relève que son père «parlait en français avec

Dès le premier contact, Jean-Marie et son frère se sont mesurés à lui, en versant du poivre dans sa théière. Cela leur vaudra une correction corporelle à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ils notent que leur oncle, se serait contenté d’en rire. L’auteur p r é c i s e « N o u s a v o n s

Les enfants découvrent surtout que ce père est inflexible, autoritaire, mais en même temps doux et généreux avec les Africains qui travaillaient avec lui.

appris d’un coup qu’un père pouvait être redoutable, …qu’il pouvait instituer une justice virile, qui excluait tout dialogue et toute excuse. » (p.107) S’il n’y avait pas eu la cassure de la guerre. Si son père avait suivi le lent parcours qui mène de la petite enfance à l’âge de raison au lieu d’être confronté à des enfants qui lui étaient devenus étrangers, rien de tout cela serait arrivé à savoir « cet héritage africain, l’autorité et la discipline, «jusqu’à la brutalité. » A l’autorité, il faut préférer le dialogue, plus propice à la découverte et à la connaissance mutuelle. Les relations père et fils sont d’autant plus difficiles que l’un se base principalement sur son expérience et l’autre sur l’avenir. Tous les deux auraient avantage à relever leurs points communs plutôt que leurs divergences.

Hans Holbein Le jeune 1528 «double portrait père et fils». MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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Le journal intime de la mère; la guerre et l’émancipation des femmes avec l’obtention de leurs droits civiques.

par Sarah J.

Préambule: J’ai décidé d’écrire un journal intime de la mère de J. M. G. Le Clézio parce que bien que sa présence soit discrète, on imagine bien l’importance de son rôle au sein de sa famille. J’ai choisi le format d’un journal intime parce que c’est celui qui permet d’exprimer les pensées cachées. J’ai pris la plupart de mes idées du livre mais aussi des interviews de Le Clézio. J’ai trouvé des renseignements sur sa mère et sa grand-mère, qui ont beaucoup aidé et protégé le narrateur, ne serait-ce que

Pont-l'Abbé, le 12 juin 1940 Cher journal, Aujourd’hui on a entendu à la radio que tous les non-résidents doivent quitter la

F. LEGER, La racine noire 1941 MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

pendant la guerre. C’étaient des femmes fortes, «des héroïnes sans le savoir, dans un temps où les femmes n’avaient pas de droits civiques» précise JMG Le Clézio. Je voulais aussi parler de la situation des femmes, non seulement privées de leurs droits, mais aussi comment elles les ont acquis après la guerre. J’ai réalisé que dans les pires moments, il pouvait y avoir aussi des aspects positifs.

Bretagne, alors qu’on vient d'arriver, avec mes deux enfants en bas âges sous ma responsabilité, l'aîné qui a un an et le nouveau-né de trois mois. Mes parents sont aussi avec moi, heureusement que j’ai ma mère à mes côtés Demain, on déménagera avec notre vieille voiture vers Nice, qui est en Zone Libre. On s’arrêtera à Paris pour ramasser les affaires qui restent dans l'appartement. Je suis inquiète pour notre sécurité d'autant plus que la ville est occupée par les Allemands. Et quand je pense à mon mari qui est au Nigeria. Je suis sûr qu’il a essayé de venir en France, mais qu’ils ne l’ont pas laissé partir. Même si je ne suis pas seule, grâce à mes parents, je souhaiterais que mari Raoul soit près de nous, tout serait plus facile, c’est un médecin de brousse. Pauvres femmes que nous sommes, sans droits juridiques et sans perspectives d'avenir professionnelles. Nous portons le nom de nos mari, et n’avons pas la possibilité de gérer nous-mêmes notre fortune. Partout on exige la signature du père ou du mari. Il faudra bien qu’un jour, ~ 26 ~


on nous reconnaisse nos droits juridiques de citoyennes!!! Nombreuses sont les femmes courageuses et fortes qui travaillent endehors de leur maison, car le travail n’attend pas et les hommes sont partis en Allemagne. J’ai la chance que ma famille possède encore un peu d’argent, dont cette voiture, mais la guerre nous a ruinés, comme beaucoup d’autres, nous avons vendu nos biens immobiliers. Je dis nous, bien que nous n’ayons aucun droits, ce sont les maris qui gèrent notre patrimoine. Si maman avait pu gérer sa fortune, nous ne serions pas là où nous en sommes... Papa n’a jamais eu le sens des affaires. Je suis aux côté des femmes qui se battent pour leurs droits civiques et après la guerre, il faut que ça change... Je chercherai un travail pour gagner un salaire. Les enfants ne mangent pas à leur faim; Le marché noir est cher et dangereux. Comme je regrette d'avoir quitté la Nigeria pour cette vie; vivre enfermé avec la crainte qu'on frappe à votre porte. Je

Fernand Léger (1881-1955) croyais que mes fils et moi serions plus en sécurité en France mais j'avais tort. Qui aurait pu penser que la France tombe dans ce chaos. Raoul me manque, mais il manque surtout aux enfants, qui ne sont pas faciles. J’admire ma mère, une femme raffinée qui, en dépit de son ulcère à la jambe, raconte des histoires aux enfants et plaisante à propre de tous nos ennuis. C’est une conteuse qui nous divertit dans les grands moments de découragement. Nice, le 4 mai 1946

René Magritte, le thérapeute

MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

Cher journal, Cela fait à peu près un mois que les femmes ont gagné le droit de vote! C'est une lumière qui brille au milieu des ténèbres!. Je pourrais commencer à prendre en mains notre avenir. Je vois tout autour de moi des femmes qui sortent de leurs maisons et qui s'activent, elles occupent des postes .... Elles se battent pour reconstruire leur pays. Je suis fière de ma mère qui une femme de grand pouvoir, comme je l'admire. Elle symbolise celles qui n'abandonnent jamais même dans les pires circonstances. En plus, elle est généreuse envers les autres et tolérante avec son mari. Sans ses efforts nous n'y serions jamais arrivés aussi bien! ~ 27 ~


Lettre fictive du jeune Le Clézio à sa grand-mère, datée de juin

1953; il lui parle de leur nouvelle vie à Ogoja, au Nigéria.

Par Doniel Préambule : Le jeune adolescent, adore sa grand-mère, il lui écrit et lui raconte sa vie ses impressions. Il veut qu’elle soit discrète sur le contenu de sa lettre. Une vieille complicité d’avant. Ogoja, le 25 octobre 1948 Chers Grand-mère, Comment vas tu ? Voilà je te donne de nos nouvelles. Nous allons tous bien. J’espère que tu te portes aussi bien ? Comment va grand-père ? Est-ce qu’il fume toujours ses cigares ? Je t’écris mes impressions et tout ce que a changé pour moi depuis notre déménagement à Ogoja, au Nigéria.

sans vêtements, mais je ne me suis jamais senti aussi libre. Mon père nous oblige à porter des chaussettes et des chaussures, Ce n’est pas pratique, il fait trop chaud. Je préférerais marcher à pieds nus ! Nous courons et explorons la brousse les après-midi, quand papa se rend à l’hôpital. Notre jeu préféré c’est d’attaquer les termitières avec des grosses branches. Faire cela nous amuse beaucoup après ces années d’enfermement on a envie de se battre. J’aime ce pays pour la liberté qu’il nous apporte. On s’amuse avec les enfants avec tout ce qu’on trouve dans la nature. Quand papa rentre du travail, nous avons des tâches à faire, il est très strict, on doit obéir sans aucune discussion. On lui joue des tours, il déteste ça, il n’est pas comme tonton Marcel qui riait des farces qu’on lui faisait, lui il nous a donné une correction corporelle, mais ça ne nous a pas fait mal...

Malangatana (Mozambique) Commençons par le début, quand je suis arrivé a Ogoja, venant de Nice, ça été un choc . C’est un changement complet dans ma vie. Il y a maintenant avant et après Ogoja. Cette ville a un hôpital colonial est c’est tout, cela ressemble à rien de ce que je connaissais. Il n’y a rien de spécial, c’est un bourg rural, avec des cases, des poules et une ou deux voitures. Les Africains marchent pieds nus, les enfants MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

Il est très sévère. Maman dit que c’est de notre faute, qu’on ne doit pas l’énerver. Avec papa, j’ai senti une présence puissante, presque écrasante. Il travaille beaucoup à l’hôpital et c’est pourquoi il est souvent de mauvaise humeur. Quand il rentre, il boit une tasse de thé. Maman est toujours de bonne humeur, elle s’efforce d’arranger tout le monde. Sais-tu que papa est plein de manies bizarres. Par exemple, ils se lavent très souvent les mains. ~ 28 ~


L’autre jour, il y avait une femelle scorpion à la cuisine, il l’a brûlée avec ses petits sur son dos. Nous avons protesté, il nous a dit qu’une seule piqûre de son dard et nous serions en danger de mort. Papa passe beaucoup de temps à vacciner, à prévenir d’éventuelles épidémies. Comme je te l’ai dit l’Afrique c’est un changement complet. La bonne nouvelle, c’est que je n’ai plus mes migraines. J’envie les Africains, papa est toujours gentil et généreux avec eux et ils portent des vêtements adaptés à cette chaleur tropicale. Avec nous, il aime nous donner des ordres, ainsi on doit manger sans poser ses mains sur la table, et surtout ne pas mâcher avec la bouche ouverte, on ne

peut pas manger de sucrerie, pas courir dans la case. Papa possède une énorme Ford modèle1948. Il l’a reçue de son prédécesseur. Elle est énorme. Quand papa sort avec ses pantalons larges et trop courts, si je devais le comparer à Tonton Marcel, je dirais qu’il n’a pas grande d’allure. Ma chère grand-mère que j’aime, tu as maintenant une idée sur ma vie. Je compte sur ta complicité habituelle. Ecris-moi , j’ai hâte de te lire. Passe le bonjour à grand-papa, sans oublier tonton Marcel. Je vous embrasse et pense bien a vous.

ton Jean Marie Gustave

Le Douanier Rousseau «La jungle» MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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TRAVAUX et oeuvres de 2 bachelières IB ART : Emilie & Thando

«Ce que j'apprécie dans le roman, c'est qu'il permet de parler de soimême sans en parler, d'énoncer des idées philosophiques sans être un philosophe.» JMG Le Clézio (interview 2008) THANDO

THANDO

«Moi, je n’ai pas de racines , sauf des racines imaginaires. Je ne suis attaché qu’à des souvenirs. JMG Le Clézio

THANDO

«L’écriture est la seule forme parfaite du temps.» JMG Le Clézio

MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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TRAVAUX et oeuvres de 2 bachelières IB ART : Emilie & Thando Ce qui me tue, dans l’écriture, c’est qu’elle est trop courte. Quand la phrase s’achève, que de choses sont restées au- dehors!» Emilie

JMG Le Clézio Emilie

THANDO MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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«Vivre, connaître la vie, c’est le plus léger, le plus subtil des apprentissage. Rien à voir avec le savoir.» J.M.G. Le Clézio

L'art est sans doute la seule forme de progrès qui utilise aussi bien les voies de la vérité que du mensonge. JMG Le Clézio

THANDO

«Le silence est l’aboutissement suprême du langage et de la conscience.» JMG Le Clézio MAGaZINE LECTURE PLURIELLE

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